Il faut débloquer le tram T1 - La Fabrique
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Il faut débloquer le tram T1 - La Fabrique
Lors de l’atelier du 15 février 2013 à la Fabrique, Patrick Petitjean m’a accusé de mensonge parce que j’évoquai le fait que le projet de prolongement du tram T1 est actuellement complètement bloqué. Voici, à titre personnel, des éléments d’information pour aider chacun à se faire une opinion sur ce point. Georges Bertrand Il faut débloquer le tram T1 ! 1. Le prolongement du tram T1 est nécessaire et urgent C’est une nécessité d’abord et avant tout parce que c’est le projet le plus avancé pour commencer à améliorer les transports dans le haut Montreuil qui n’est desservi que par des bus bondés, lents, irréguliers et pas assez fréquents.. C’est la première brique du réseau maillé formé par le prolongement de la ligne 9 en correspondance avec le tram (Aristide Briand) et avec la ligne 11 (Hôpital) que propose l’AMUTC. Mais il est aussi nécessaire pour cicatriser la balafre infligée au haut de Montreuil et aux murs à pêches par la bretelle autoroutière A186, avec son échangeur, ses passages surélevés et ses tranchées, ses voies coupées. Cela explique le très large consensus sur le projet d’avenue paysagère au niveau du terrain naturel (avec ses modestes voies latérales) tel qu’il avait été défini par la précédente municipalité et validé par le débat public de 2008. Cette avenue paysagère est indissociable du tram. Pas de tram, pas d’avenue ! Les murs à pêches coupés en deux, pour longtemps ! Réunifier les murs à pêches, multiplier les passages nord sud est un objectif écologique primordial pour le haut Montreuil. 2. Le tram est bloqué à Noisy-le-Sec Le 15 janvier Tous Montreuil titre en première page : « Six stations de tramway à Montreuil en 2017 ». Et en page 8 : « Tramway : ça roule ! ». L’article est affirmatif : « Beaucoup de gens doutaient du projet, à cause notamment de l’opposition du maire de Noisy-le-Sec, Laurent Rivoire, sur le tracé du tramway, confie Fabienne Vansteenkiste, élue déléguée aux espaces publics et aux déplacements. Mais ça y est, un accord a été trouvé ! » Pur mensonge puisqu’aucun accord n’a été trouvé et la ville le sait bien. Le conseil communautaire d’Est Ensemble, auquel participent Dominique Voynet et de nombreux élus montreuillois, a délibéré le 9 octobre 2012 sur le PDUIF et constaté que la ville de Noisy-le-Sec avait émis un avis négatif ! Aucun accord ! L’intérêt général doit prévaloir sur l’avis des noiséens déclare alors Dominique Voynet. Cela l’autorise-t-elle à distribuer à 50 000 exemplaires une très belle « lettre de la Maire » sur papier glacé annonçant que « le tramway arrive à Montreuil » et précisant que les travaux « pourraient » commencer début 2014 pour une mise en service en 2017 ? Ce conditionnel dit sans le dire que cette arrivée est loin d’être sûre. En attendant les lecteurs de cette lettre se sont réjouis ! Pas de doute le tram arrive ! C’est tromper sciemment les montreuillois quand on connaît la position de la ville de Noisy-le-Sec. C’est ainsi que Laurent Rivoire écrit le 22 janvier 2013 à Jean-Paul Huchon, président du STIF pour l’alerter sur les conséquences qu’aurait le passage du tram dans une rue commerçante trop étroite (ressemblant à la rue Dreyfus à Montreuil). Il est très clair : « Je réaffirme mon opposition ferme et définitive au passage du tramway par la rue Jean Jaurès et je vous demande, avec une certaine impatience que le passage du tramway soit étudié par la zone de la « Plaine Ouest » afin que le tramway puisse réellement prendre son essor vers l’Est Parisien ». C’est ainsi encore que Laurent Rivoire répond le 15 février à l’AMUTC, inquiète du blocage qui s’aggrave : « Pour faire suite à votre mail, je vous informe qu'aucun accord n'a été trouvé concernant le prolongement du tramway après la gare de Noisy. J'ai dit lors d'un certain nombre de réunions publiques, dans le journal municipal, dans des courriers adressés à Monsieur le préfet, Monsieur HUCHON et Monsieur SERNE ainsi que lors d'un certain nombre de réunions de travail, mon opposition totale et absolue au tracé par la rue Jean Jaurès. Ce tracé massacrerait le centre ville de Noisy (suppression d'une trentaine d'étals et de terrasses de commerçants, suppression de toutes les place de stationnement, sans compter les problèmes de pollution et sécurité par le passage sur la même voie de voitures et tramway : la liste des points négatifs est trop longue pour la reprendre ici). J'ai demandé une étude par la plaine ouest (Carrefour de la folie, rue du parc puis place Carnot), secteur de la ville en plein développement avec la construction de plusieurs centaines de logements) ». Voilà : une opposition « ferme et définitive », « totale et absolue » au tracé proposé par la rue Jean-Jaurès et la proposition d’un autre tracé. Peut-on être plus clair ? Et pourtant Tous Montreuil l’affirme : « un accord a été trouvé ! »… 3. Peut-on passer en force ? Oui, dit Patrick Petitjean, mais le maire de Noisy-le-Sec sera bien forcé de s’incliner si le projet est déclaré d’utilité publique ! Tout d’abord on admirera la conversion légaliste de l’élu vert. Une DUP ne suffit pas à décourager les personnes dont le cadre de vie est menacé. Voir Notre Dame des Landes. Patrick Petitjean compte sans doute sur les CRS pour ramener à la raison les édiles et les citoyens qui s’opposeraient au massacre de leur centre ville ? On reconnaîtra d’ailleurs cette méthode du passage en force qu’affectionne la municipalité et qu’illustre la tentative en cours de démolition de dix années de travail remarquable de l’équipe du Méliès. Mais surtout la DUP est loin d’être acquise ! L’enquête publique, si elle a lieu, commencera en mai. Il va y avoir la contestation massive du tracé par la rue Jean Jaurès. Il va y avoir la contestation massive du projet de SMR sur les murs à pêches. Il va y avoir la contestation massive de la suppression, à la demande de la ville, des voies latérales prévues entre Mozinor et les Ruffins. Le projet actuel de SMR est en effet véritablement désastreux ! - Dans un premier temps la municipalité n’a pas su négocier une localisation acceptable, en dehors des murs à pêches. Autant elle est dure avec les montreuillois, autant elle manque de fermeté avec ses partenaires. - Dans un second temps la municipalité n’a pas sur obtenir une insertion correcte du bâtiment, qui va défigurer l’entrée ouest des MAP par sa masse imposante construite sur un socle de plusieurs mètres, tout en haut de la rue de Rosny. Cela fait beaucoup ! On comprend que Montreuil Environnement ait lancé une pétition contre le projet de SMR. Pour sa part le Conseil de Quartier des Ruffins est mobilisé comme jamais en faveur du respect du projet d’avenue paysagère et d’autres conseils de quartier pourraient le rejoindre. Ces actions ne sont pas dirigées contre le tram mais contre les dérives du projet depuis 2008, sous la houlette de la municipalité actuelle. Le résultat est que le projet est fortement fragilisé, que les oppositions vont sortir légitimées de l’enquête publique et que le STIF pourrait se décourager et transférer les crédits à des opérations moins conflictuelles… Quand à passer en force dans ces conditions, c’est une vue de l’esprit. D’ailleurs si le tram a été bloqué en 2001 lors de la victoire de Madame Rivoire, c’est bien parce que l’idée d’un passage en force est vraiment incongrue. De ce point de vue les choses ne se sont pas améliorées bien au contraire : l’opposition des noiséens grandit à mesure que le projet se précise, d’autant plus qu’un autre tracé est possible. Lors de la réunion de lancement de la concertation sur le projet de ligne orange, le 12 février à Bobigny, JeanPaul Huchon n’a pas caché qu’il comptait sur un nouveau changement de municipalité en 2014 ! C’est très probablement du rêve et il n’est pas certain qu’une nouvelle équipe éventuelle soit plus souple que l’actuelle. Bref, on perd un temps précieux, le tram prend du retard, le tram est en danger et, avec lui, l’avenir même des murs à pêches est en cause. 4. Il faut négocier, maintenant ! Le Conseil Général refuse le tracé proposé par la ville parce qu’il est un peu plus long (moins direct) donc un peu plus cher. Mais ce tracé desservirait de nouveaux quartiers (logements et emplois) en cours de développement. Tout cela doit être mis sur la table, en tenant compte de l’attente des usagers et de la ville de Montreuil, qui ont un besoin urgent du tram. J’espère en conséquence que l’enquête sera différée, le temps d’arriver à un consensus, avec un nouveau dossier d’enquête intégrant un tracé acceptable à Noisy-le-Sec, une meilleure localisation du SMR et l’intégralité de l’avenue paysagère. Il faut savoir prendre un peu plus de temps pour éviter un nouveau blocage qui durerait des années et, surtout, pour éviter l’abandon pur et simple d’un projet aujourd’hui très mal fichu.