PARIS MÔMES Plier une feuille de papier pour l
Transcription
PARIS MÔMES Plier une feuille de papier pour l
PARIS MÔMES Plier une feuille de papier pour l’envoyer voler comme un avion c’est déjà raconter une histoire….Avant la Chute de la compagnie Amoros et Augustin en raconte plein- par l’expressivité malicieuse des interprètes. Le percussionniste Emmanuel Rack et le danseur Stéfane Marquez s’interpellent, se répondent et s’interrogent dans un dialogue muet finement nourri de musique et de gestes. Evoluant dans un espace sobre pareil à un mobile géant, d’où chutent par moment des objets de papier, l’un et l’autre tissent une poésie simple, drôle et évocatrice autour de la naissance, l’envol et la chute où l’imaginaire de chacun, y compris des plus petits, pourra se frayer un chemin à soi. Jeux d’ombres et de cache-cache burlesques qui s’achèvent par une touche de peinture et de danse japonisante joliment elliptique. Maïa Bouteillet FIGAROSCOPE Voler ? Désir fou ou projet raisonnable ? Dans un décor minimaliste, unn personnage lunaire et tenace tente l’expérience. Il entreprend d’abord les pliages d’avions qui souffrent malheureusement de sérieux problèmes d’aérodynamisme. Un tas de papiers froissés témoigne d’une multitude d’essai ratés. Contrarié, boudeur, il se mure dans son échec, jusqu’à ce qu’un percussionniste, par sa musique le stimule et le libère. Ensemble, comme deux enfants, joueurs et complices, ils explorent, l’un au travers d’une installation sonore de fortune, l’autre avec les mouvements de son corps, des pistes qui pourraient leur permettre de décoller. Et les idées, et les images jaillissent, magiques. Il suffisait d’un rien, juste un ou plusieurs fils à tirer. Au propre comme au figuré. Suspendus au-dessus de leurs têtes, ils sont porteurs de « cadeaux » qui nourrissent leur imaginaire. Tombe un panier, puis un œuf, du papier, des ailes découpées. Progressivement, le danseur s’en saisit, et en jouant avec l’ombre et la lumière, il devient locataire de l’œuf, puis oiseau qui déploie ses ailes avant de …chuter inévitablement Mais un autre fil lui offre un nouveau cadeau qui le conduit vers une autre exploration. Azinsi, tout en dansant avec bonheur, au rythme des percussions, il se métamorphose en chrysalide et devient chenille plaquée immanquablement au sol. Mais le désir n’est jamais altéré : après avoir, semble-t-il, tout tenté, il se résout à tracer une piste d’envol, sur laquelle il peint, par empreintes successives des pattes d’oiseau imaginaire. En avant , décollage ! Avant la chute est le fruit du savoir faire de Michèle Augustin, metteur en scène qui est passé maître dans l’art de créer des images par le métissage de la danse, du théâtre d’ombres et de la peinture. Elle a imaginé un spectacle burlesque, inspiré du merveilleux des contes de fée, qui encourage les enfants à ne jamais démissionner de leurs rêves : qu’importe la finalité, la beauté du projet réside dans le cheminement parcouru et les surprises infinies qu’il dévoile. D.D. www.theatre-enfants.com Un homme, par terre, tente de faire s’envoler loin,, très loin, des avions en papier, l’air rêveur,déçu de les voir retomber si vite…Quand débarque sur la scène un second personnage affublé de baguettes et qui ne peut s’empêcher de rompre le silence en jouant de tout ce qu’il trouve avec. On devine l’agacement du premier, troublé dans ses songes d’envol par cet autre, trop ancré dans le sol et qui utilise la réalité autour de lui sans chercher à la fuir. Petit à petit, une complicité s’installe : l’apprenti oiseau poursuit sa quête, défiant le musicien mais cherchant aussi à se faire aider par lui, qui maîtrise si bien la réalité autour…Cette matérialité, scéniquement, est constituée par un quadrillage suspendu, d’où tombent (manié par le musicien bricoleur) mille et un trucs qui vont servir les différents tableaux, les métamorphoses subies par l’aspirant à l’air, au ciel. Tour à tout poussin, ombre chinoise geisha, cet Icare danseur se brûle les ailes à ses désirs, et tournoyant sur le plateau, ne cesse de retomber, rythmé par l’infatigable percussionniste dont on ne sait plus s’il aide à l’envol ou provoque la chute. Le danseur dépend de lui parce que ce lui, c’est le monde, qui l’aspire irrémédiablement. Dès que la lumière s’allume, on est séduit par le décor léger, épuré, qui laisse entrevoir la liberté grâce à la poésie dont il est pourvu, et donne l’illusion d’un envol possible : les avions et papiers, les instruments, le bric-à-brac suspendu autant d’éléments qui séduisent les petits et les grands spectateurs,et permettent de s’abandonner immédiatement au rythme imposé par les deux compères (Stéphane Marquez et Emmanuel Rack). La force de ce spectacle réside en effet avant tout dans ce rapport entre les deux hommes, touchant parfois vraiment drôle, de temps en temps désespéré. Un instant de grâce suspendu. Céline Derouet Avant la chute Rêver, s’envoler, tomber... Une poésie de l’épure tout en images, en mouvements, en lumières et en musique. © Compagnie Amoros et Augustin La naissance, toutes les naissances du monde… De l’œuf à son éclosion, de la croissance à l’envol, jusqu’à la chute inéluctable. Cette ode à la nature est signée Michèle Augustin. Dans ce poème sans paroles, elle a voulu célébrer la beauté des formes et la magie des métamorphoses, un appel à la sérénité au milieu de la grouillante agitation des hommes. Connue pour ses recherches plastiques, la compagnie strasbourgeoise poursuit là ce qui fait sa force depuis ses débuts, une poésie de l’épure au service d’un théâtre d’ombres sobre et inspiré, tout en images, en mouvements, en lumières et en musique. Un musicien et un danseur se rencontrent sur le plateau, complices dans leurs gestes. Puis, ils se séparent. Le premier, sédentaire, choisit l’ombre, s’accrochant avec malice à ses baguettes pour mieux tirer les ficelles. Le second, plus libre, poursuit une impossible quête, tentant la voie la plus périlleuse, celle de l’envol. L’un trop ancré dans le sol, l’autre aux ailes brûlées de désirs inassouvis Le plafond encombré de ficelles tendues et de papiers translucides nargue le plateau nu. Tout converge vers ce ciel accueillant. Il attire en vain les rêves d’un homme qui ne peut rien contre l’apesanteur et s’entête à y faire voler des avions de papier. La force du spectacle se noue dans le rapport entre les deux hommes, l’un trop ancré dans le sol, l’autre aux ailes brûlées de désirs inassouvis. L’un qui tire les ficelles et dont on ne sait plus s’il aide à l’envol ou provoque la chute. Une relation touchante, drôle et désespérée à la fois, toute de légèreté et de philosophie. « Le plus aérien volatile, nous dit Michèle Augustin, finit toujours par laisser, sur le sable, l’empreinte spongieuse de son poids. » Peut-on lever le pied sans être aussitôt forcé de le reposer ? Et pour autant, doit-on démissionner devant ses rêves ? Avant la chute, dans le souffle tendu de la poésie qu’il distille, est un moment de grâce. Quelques pistes L’apesanteur comme philosophie ou comment garder à la fois ses rêves et les pieds au sol, se vouloir dans la lumière sans nier sa part d’ombre. La liberté n’est-elle pas toute relative ? Voici les questions que pose très simplement ce long poème visuel et musical. De 4 à 7 ans. Anne Quentin