Homélie des obsèques de Pierre Dutrève – 5 novembre 2016

Transcription

Homélie des obsèques de Pierre Dutrève – 5 novembre 2016
Homélie des obsèques de Pierre Dutrève – 5 novembre 2016, église St Maurice à Reims
Personne ne choisit le moment de sa mort. C’est pourtant le jour où tous les chrétiens évoquent leurs
défunts et prient pour eux, que le Père Pierre Dutrève vient de nous quitter. Pour beaucoup qui l’ont
connu, particulièrement les prêtres de son année, c’est une grande peine. Et il est difficile et douloureux de
parler d’un ami connu depuis 1942. C’est en octobre 1942, à la rentrée au petit Séminaire en 6ème, que nous
nous sommes rencontrés. Les difficultés de la guerre ont fait que le Supérieur du Séminaire, le Père Adam,
propose aux familles des séminaristes rémois d’accueillir un ardennais aux dimanches de sortie. Les
Ardennes étaient alors zone interdite. De ce fait, je suis allé chez la famille Dutrève. J’y ai découvert une
famille accueillante et heureuse. J’y ai découvert la foi de Madame Dutrève qui promenait son fils dans les
rues de Reims, entrait facilement dans une église pour y prier quelques instants. Et Pierre, tout jeune, disait
à sa mère : « Voici une messe… entrons ! ». Ainsi vivait-il la parole de l’apôtre Paul « Si nous vivons, nous
vivons pour le Seigneur… dans notre vie comme dans notre mort, nous appartenons au Seigneur ! La foi et
les vocations sacerdotales naissent très souvent de la foi et de la prière des parents.
Il y eut pour nous, le petit et le grand Séminaire qui ont permis une belle et riche amitié, fort joyeuse, qui
permit l’épanouissement de nos vocations. Une amitié que nous avons maintenue pendant le service
militaire : en Allemagne, nous avons pu nous retrouver plusieurs fois. Cette amitié, ce souci des autres ne
sont-ils pas le vécu d’une vraie charité chrétienne ?
Prêtre en 1956, Pierre fut vicaire à la Paroisse St André de Reims pendant 5 ans. Puis il vécut 26 ans à
Charleville-Mézières, vicaire à la Paroisse Notre Dame, aujourd’hui St Remi, puis aumônier au Lycée
Sévigné, lycée de jeunes filles. C’est là qu’il lança les camps à Saint Sorlin d’Arves en Maurienne. Ces camps
prônaient un « art de vie » : vie en communauté, en partage, dans un confort sommaire. Vie dans l’effort
des sorties en montagne. Ces sorties se terminaient par l’ascension de l’Etendart (à plus de 3 000 mètres)
qu’il menait avec autorité et compétence. Les guides de montagne locaux, qui l’avaient formé, le
reconnaissaient comme « guide sérieux ».
Le voici en 1976, curé de la Paroisse St Lié, St Edmond dans le quartier de Mohon. Avec le Père Lucien
Lardenois, un grand ami, il continue de s’occuper des jeunes en Lycées, tout en créant des liens solides avec
les adultes de cette paroisse. Il sait manifester sa personnalité en prenant parfois des distances avec
certaines habitudes de l’Eglise ou certaines manières de faire du passé… Il s’engage alors dans les médias
de l’Eglise : il est l’animateur de l’émission « Dis-moi la nouvelle », émission religieuse d’une radio locale
rémoise. Le journal des Paroisses « Chez Nous » puis le « journal des paroisses de Reims » apportent les
nouvelles, les échos de l’Eglise dans bien des familles. Il fait partie des rédacteurs très actifs. Par là, il réalise
le message transmis par l’Evangéliste St Matthieu : « Allez donc, de toutes les nations, faites des disciples. »
Puis il sera nommé à Merfy. Il a la charge de curé. Il est aussi responsable de la revue bi mensuelle « Reims
Ardennes ». Il la conduit avec exactitude et sérieux, avec beaucoup de compétence, sans oublier la grande
finesse qu’on lui connaissait, son esprit d’indépendance dont il souriait volontiers. On l’a vu bien souvent
en tenue de ville, dans les cérémonies religieuses, appareil photo à la main, pour faire un reportage sur ces
cérémonies.
En cette époque, il a la peine de la mort de son beau-frère, puis de sa sœur Marie-Pierre. Heureusement sa
nièce Anne est là pour lui faire vivre un vrai climat familial.
En mars 2015, la maladie le prend et l’oblige à venir à la Résidence Nicolas Roland. Bien soigné, il se doit
d’accepter l’inactivité. Il se sent bien diminué, ce qui provoque chez lui des réactions parfois douloureuses.
Les très nombreuses personnes qui l’ont connu à Reims, à Charleville-Mézières, ne l’oublient pas. Il était un
personnage ! En cet instant, nous l’entourons de notre prière, ce sera notre Au revoir. Et nous reprenons
volontiers cette antienne du jour de sa mort, le 2 novembre : « Je suis la Résurrection et la Vie, dit le
Seigneur. Celui qui croit en moi, même s’il meurt vivra : et tout homme qui croit en moi, ne mourra
jamais. » AMEN.
Père Bernard Jeantils