Contrôle de l`Impact des engrais et des des pesticides sur l
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Contrôle de l`Impact des engrais et des des pesticides sur l
Art. 2 (HTE 138) 26/05/08 15:21 Page 30 CONTROLE DE L’IMPACT DES ENGRAIS ET DES PESTICIDES SUR L’ENVIRONNEMENT DU BASSIN DU SEBOU SCET-Maroc INTRODUCTION La présente étude s’inscrit dans le cadre du Projet de Protection de l’Environnement du bassin du Sebou (PPES) confiée à la SCET-Maroc par le Secrétariat d’Etat Chargé de l’Environnement. L’étude s’est déroulée entre juin 1999 et mars 2000. Elle constitue une étude pilote qui vise à contrôler et à minimiser la pollution agricole générée par une utilisation de plus en plus accrue et irrationnelle des engrais et des pesticides. Les objectifs poursuivis sont les suivants : - Faire un diagnostic de la pollution agricole dans le périmètre du Gharb. - Collecter les informations et les données nécessaires sur le secteur agricole intensif. - Délimiter les zones critiques à risque ou touchées par la pollution agricole. - Instaurer un système de suivi pour la maîtrise et la rationalisation de l’utilisation des fertilisants et pesticides. - Mettre en place un programme de formation et de vulgarisation de bonnes pratiques de fertilisation et de traitement phytosanitaire. I. PRESENTATION DE LA ZONE D’ETUDE 1.1. Situation La zone d’étude est à cheval sur les provinces de Kénitra et de Sidi Kacem. La superficie totale irrigable du périmètre est de 250.000 ha, soit 16% du potentiel national en irrigation. Actuellement, 107.000 ha sont équipés en grande hydraulique et environ 20.000 ha irrigués par pompage privé. Le reste du périmètre est programmé d’être équipé en grande hydraulique d’ici l’horizon 2015. Il existe principalement deux zones: côtière et alluviale. 1.2. Ressources en eau de surface Le périmètre du Gharb bénéficie des apports de l’oued Sebou et de ses affluents (Ouergha et Beht) qui constitue 27% du potentiel national en ressources en eau superficielles. D’importants aménagements hydrauliques ont été réalisés pour permettre la mise en valeur intensive par l’irrigation : - le barrage Al wahda sur l’oued Ouergha avec une capacité de 3.8 milliards de m3 ; - le barrage Idriss Ier sur l’oued Inaouène et permet de régulariser 700 Mm3 par an; - le barrage El Kansera sur l’oued Beht d’une capacité de 270 Mm3; - le barrage de garde sur le Sebou à 40 km de l’embouchure. 1.3. Ressources en eau souterraine Les ressources en eau souterraine sont considérables : - la nappe profonde de la plaine avec une profondeur de plus de 100 m à l’intérieur de la plaine et de l’ordre de 30 m en bordure ; - la nappe de la zone côtière, peu profonde, à moins de 10 m de la surface du sol. Le nombre de puits privés creusés dans cette nappe dépasse les 20.000; - la nappe phréatique de la plaine, généralement inutilisable à cause de sa salinité très élevée. 1.4. Occupation des sols Tableau 1: Récapitulatif de l’occupation des sols Culture Céréales Légumineuses Fourrages Oléagineuses Culture sucrière Tournesol Maraîchage Arboriculture Riz Jachère Total assolé SAU (plein champs) Zone côtière Superficie (ha) % SAU 12 322 32 2 168 6 6 721 17 8 799 23 2 550 7 6 635 17 8 398 22 458 1 47 593 124 38 535 - Zone de plaine Superficie (ha) % SAU 82 389 39 16 722 8 15 311 7 32 955 16 27 298 13 20 364 10 21 622 10 8 310 4 224 971 107 210 133 Source : ORMVAG 30 Revue HTE N°138 • Sept. - Déc. 2007 Art. 2 (HTE 138) 26/05/08 15:21 Page 31 II. RESULTATS D’ENQUETES SUR L’UTILISATION DES ENGRAIS ET DES PESTICIDES III. RESULTATS DES ANALYSES REALISES - Les normes élémentaires des modes de manipulation et de stockage des pesticides sont quasiinexistantes. - Quant aux techniques d’application des pesticides, les agriculteurs ne disposent ni de moyens de protection et de dosage, ni d’un minimum de formation. 2.1. Les engrais 227 exploitations agricoles ont été enquêtées sur la consommation des engrais azotés, phosphatés et de potasse, les résultats sont résumés dans le tableau cidessous: Pour les arbres fruitiers, on trouve aussi l’acide nitrique, l’acide phosphorique et le MAP en fertigation ainsi que les superphosphates simple et triple. 3.1. Eaux souterraines 38 échantillons d’eaux souterraines ont été analysés. - Dans la zone côtière, les teneurs en nitrates varient entre 43 mg/l et 234 mg/l. Quant aux orthophosphorés, ils restent dans les limites tolérables (<1 mg/l). Bilan d’azote : azote potentiellement lixiviable L’excès d’azote est de près de 27,2% et de 17,3% des quantités totales d’azote apportées sous forme d’engrais minéraux respectivement dans la zone côtière et la zone de plaine. Dans l’ensemble, la moyenne d’azote potentiellement lixiviable est de 53 kg/ha. Cependant, dans les zones de serres, ce potentiel est de l’ordre de 230 kg/ha. - Dans la zone de plaine, les valeurs en nitrates sont très faibles et largement en dessous du seuil de potabilité de 50 mg/l. Les teneurs en orthophosphorés sont inférieures au seuil de 1mg/l. Par contre, la salinité de la nappe est relativement élevée en comparaison avec celle de la zone côtière, mais cette salinité n’est pas d’origine agricole. Gain économique généré par une fertilisation rationnelle Le gain moyen est de 250 DH/ha mais il est de plus de 1000 DH/ha pour les cultures maraîchères. Le taux de réduction de la fertilisation azotée est évalué à 20% et 27% respectivement pour la zone côtière et la zone de plaine. Celui des phosphates est de l’ordre de 20% et 45% respectivement pour la zone côtière et la zone de plaine. 2.2. Les pesticides La consommation globale de pesticides est estimée à 1466 tonnes avec 56% dans la plaine (insecticides 49%, huiles et hormones 22% et fongicides 18%) et 44% dans la zone côtière (insecticides 20%, nématicides 51% et fongicides 19%). - Les analyses des résidus des pesticides (37 prélèvements) ont montré la présence de traces d’endrine dans certains puits de la zone côtière dépassant les normes. 3.2. Eaux superficielles Les analyses sont effectuées sur 20 prélèvements dans les principaux cours d’eau et dans les points névralgiques du réseau d’assainissement. • Teneurs en nitrates relativement faibles, maximum: 38 mg/l, moyenne: 15 mg/l. Tableau 2: Consommation des engrais au niveau de la zone d’étude Azote Zone Phosphore Potassium Tonnes d’azote Moyenne kg/ha Tonnes de P 2O5 Moyenne kg/ha Tonnes de K2O Moyenne Kg/ha Zone côtière 7 689 159 4 018 83 3 138 44 389 410 306 323 167 176 Zone de plaine 29 572 156 10 768 56 5 822 30 Total zone d’étude 37 650 151 15 092 60 8 127 Cultures sous serre 33 Source : ORMVAG Tableau 3: Récapitulatif des résultats d’analyses des eaux de surface Analyse pH Conductivité électrique en mmhos/cm Résidu sec g/l NO3- mg/l 3- Ortho-phosphate PO4 mg/l Minimum 8,01 0,57 0,36 2 0,26 Maximum Moyenne 8,84 8,47 8,01 2,99 5,13 1,91 38 15 1,08 0,55 31 Revue HTE N°138 • Sept. - Déc. 2007 Art. 2 (HTE 138) 26/05/08 15:21 Page 32 • Teneurs en orthophosphates moyennes à faibles ne dépassant pas le seuil de 1 mg/l. • Les eaux de drainage sont surtout caractérisées par des salinités très élevées. Pour ce qui concerne les résidus des pesticides, les analyses (20 prélèvements) ont montré la présence de l’endrine, de méthoxychlore, de l’heptachlore et du HCB dans 7 prélèvements. Ces produits qui sont tous des organochlorés interdits au Maroc depuis 1984 révèlent une forte contamination des eaux superficielles due à leur longue persistance dans le sol. Cette situation exige la prise de mesures urgentes pour protéger l’environnement du bas bassin du Sebou et pour en particulier sauvegarder les ressources en eau souterraines de la zone côtière déjà touchée par la pollution nitrique. V. RECOMMANDATIONS 5.1. Système de suivi proposé Ce système comprend : • Un réseau de suivi de la qualité des eaux souterraines tenant compte des cartes de vulnérabilité et des systèmes de culture. Il a consisté à ajuster les points de suivi existants de l’ORMVAG. • Un réseau de suivi de la qualité des eaux de surface, basé sur celui de l’ORMVAG et complété de 12 nouveaux points et qui porte à 38, le nombre total de points de suivi. • Un réseau de suivi de la qualité des sols constitué de 25 points. La Merja Zerga, débouché du canal Nador semble le plus touché. 3.3. Résultats d’analyse des sols Les analyses des échantillons de sols (12 prélèvements) montrent l’existence des traces des organochlorés détectées dans les échantillons d’eau de surface. IV. DETERMINATION DES ZONES A RISQUE Trois zones à risque ont été distinguées au niveau de la zone d’étude : Les principales mesures d’accompagnement du système de suivi sont : • Zone 1 à grand risque, touchée : sol très perméable avec nappe entre 0 et 20 m. Ce sont des zones de cultures maraîchères intensives. La nappe est déjà touchée par une pollution nitrique généralisée avec des concentrations élevées presque toujours supérieures au seuil de 50 mg/l. Certains puits notent la présence de résidus de pesticides. • Zone 2 à risque possible : sol peu perméable sur sous sol plus ou moins perméable avec nappe de 20 à plus de 40 m. • Zones 3 à faible risque: sol très peu perméable sur sous sol très peu perméable avec nappe à plus de 40 m. - renforcement de l'équipe de l'ORMVAG par un spécialiste en environnement et en gestion de Système d'Information Géographique (SIG) et 2 véhicules tout terrain; - mise en place d'un SIG et de sa mise à jour régulière; - diffusion des résultats de suivi à tous les organismes et services concernés par des rapports périodiques. CONCLUSION Les analyses réalisées sur les ressources (eaux et sol) du périmètre du Gharb ont montré : 5.2. Mesures d'atténuation de l'impact des engrais et des pesticides sur l'environnement La lutte contre la pollution agricole diffuse repose sur des mesures préventives car les mesures curatives (distillation, osmose inverse, échange d'ions) sont difficiles à appliquer et onéreuses. Les mesures proposées comprennent: Les pesticides • Une contamination quasi généralisée par les nitrates de la nappe de la zone côtière ; • Une contamination ponctuelle par les résidus de pesticides dans la nappe de la zone côtière due probablement aux déversements directs lors des préparations des bouillies ; • Pas de contamination de la nappe profonde de la plaine par les engrais et pesticides ; • Les eaux des canaux d’assainissement et de drainage sont contaminées par les résidus de pesticides ; • La Merja Zerga serait la plus touchée par la contamination des eaux de surface par les résidus de pesticides. • Création d'un Comité National d'Homologation. • Réglementation de la distribution et du stockage des pesticides. • Publication d'un index phytosanitaire. • Constitution d'une base de données. • Mise en place d'un programme d'éducation et de vulgarisation. • Sensibilisation à l'impact des produits agrochimiques sur l'environnement. • Suivi des résidus de pesticides dans les produits alimentaires. • Restriction de l'utilisation des pesticides toxiques et à fort pouvoir de lessivage. 32 Revue HTE N°138 • Sept. - Déc. 2007 Art. 2 (HTE 138) 26/05/08 15:21 Page 33 • Création d'un système d'avertissement agricole. • Mesures de sécurité concernant l'usage des produits phytosanitaires. • Elimination des pesticides et leur emballage après usage. • Promouvoir la lutte intégrée. • Fractionnement de l'apport d'azote. • Encourager les travaux de recherche sur la fertilisation et élaboration de normes. • Essais de démonstration • Utilisation du compost • Promouvoir l'irrigation localisée dans la zone côtière Les engrais • Promouvoir l'analyse des sols pour l'établissement des plans de fumure. 33 Revue HTE N°138 • Sept. - Déc. 2007