sommaire - Radio
Transcription
sommaire - Radio
1 Révision de l’ombudsman de la couverture par Radio-Canada.ca de la réaction de Jacques Parizeau aux propos du président Sarkozy SOMMAIRE Le plaignant estime que les journalistes de Radio-Canada.ca ont fait preuve d’un manque de neutralité en ne mettant pas en ligne l’allocution intégrale de l’expremier ministre du Québec, Jacques Parizeau, le 18 octobre 2008. M. Parizeau réagissait aux propos du président français Nicolas Sarkozy sur la souveraineté du Québec. Rien n’indique qu’il y a eu un manque de neutralité de la part des journalistes du Web. L’allocution intégrale de Jacques Parizeau n’était pas disponible, car ni la télévision, ni la radio ne l’avaient diffusée ce jour-là. Radio-Canada.ca obtient son contenu sonore et visuel des autres plateformes, sauf pour les dossiers spéciaux originaux. La décision de la radio et de la télévision, ce jour-là, de diffuser de courts extraits et non l’allocution intégrale de Jacques Parizeau, relève de la liberté de presse. Il n’y pas eu d’inéquité car d’autres souverainistes ont été entendus plus longuement. La plainte n’est pas fondée. Révision de la couverture par Radio-Canada.ca d’une réaction de M. Parizeau 2 LA PLAINTE Le 17 octobre 2008, en marge du Sommet de la Francophonie à Québec, le président français Nicolas Sarkozy dit, lors d’une conférence de presse, que le monde n’a pas besoin d’une « division supplémentaire ». Le 18 octobre, une pleine page de réactions est publiée dans Radio-Canada.ca à l’adresse suivante : http://www.radio-canada.ca/nouvelles/Politique/2008/10/18/001-parizeausarkozy.shtml Le 19 octobre, M. François Beaudry envoie cette plainte à mon bureau : « Je suis intéressé à voir la conférence de Jacques Parizeau sur la déclaration que Sarkozi a fait à propos du Canada uni sur le site de Radio-Canada, mais la seule information que vous me donnez c'est qu'il a mal à jambe. Vous nous bombardez d'opinion atténuante par plusieurs de vos analystes sans me donner l'option de me faire ma propre opinion, par la diffusion des déclarations divergentes. Il y a de belles grandes entrevues complètes de Jean Charest mais, pas moyen de voir la conférence de Jacques Parizeau au complet. Il peut être légitime de couper sa conférence lors d'un montage pour la diffusion télé, mais de la cacher pour ceux qui investissent votre site en quête d'information complète est anti-démocratique. Vous faites partie de l'outil démocratique, vous devez être responsable en diffusant proportionnellement les opinions ou les déclarations divergentes de manière neutre et sans intention autre que celle d'informer la population. La manière dont vous avez diffusé l'événement entourant la déclaration de Sarkozy est à l'encontre de votre mandat. » Le 15 novembre, le rédacteur en chef Information, Internet et Services numériques, M. Soleiman Mellali, envoie cette réponse au plaignant : « Malheureusement, nous ne disposons pas de l'enregistrement complet de la conférence de M. Parizeau. Et comme pour toutes les réactions à la déclaration du président Sarkozy, que ces déclarations en approuvent ou en désapprouvent le contenu, nous en rapportons l'essentiel en nous basant sur nos différentes sources : reportages radio et télévisés de nos collègues de Radio-Canada et dépêches des agences Révision de la couverture par Radio-Canada.ca d’une réaction de M. Parizeau 3 de presse. Nous avons vérifié l'information, vérifié que notre façon de vous la transmettre ne trahit pas la pensée de chacun des intervenants et avons publié l'information en tout respect de notre mandat. (…) » Le 31 décembre 2008, François Beaudry se déclare insatisfait de cette réponse : « (…) J’aimerais vous rappeler que M. Jacques Parizeau a donné sa vie au projet souverainiste, il en a une vision claire et profonde, il incarne le mouvement. Ne pas diffuser sa déclaration relève du journalisme amateur, je sais que ce n’est pas le cas, je sais que l’équipe de Radio-Canada est professionnelle et que ses membres ont reçu une bonne éducation, vous me poussez donc à croire que vous diffusez consciemment de l’information incomplète. Vous me répondez : « que ces déclarations en approuvent ou en désapprouvent le contenu, nous en rapportons l'essentiel ». Eh bien, cette gentille affirmation démontre que M. Parizeau, désapprouvant la déclaration de M. Sarkozy, devrait avoir sa place sur votre site, mais comme M. Parizeau est un « méchant séparatiste », ses déclarations ne sont pas essentielles. Estce que le sujet de la souveraineté est tabou chez vous? (…) » LA RÉVISION 1 Le plaignant aurait souhaité que Radio-Canada.ca diffuse la déclaration intégrale de Jacques Parizeau dans la foulée de la conférence de presse du président Sarkozy. Le rédacteur en chef de l’Information Internet, Soleiman Mellali, explique qu’il ne disposait pas de cet enregistrement. Vérification faite, c’est exact. Entre 7 h et 23 h 30, du lundi au vendredi, deux journalistes Web se relaient pour mettre en ligne dans Radio-Canada.ca les portions d’entrevues, de conférences de presse, ou les reportages qui ont déjà été diffusés à la radio et à la télévision. Ils choisissent ce qui leur semble pertinent. M. Mellali m’explique qu’il n’a pas suffisamment de personnel pour aller systématiquement chercher les dizaines de cassettes de tournage non diffusé à la télévision et les numériser dans radiocanada.ca. Dans le cas de Jacques Parizeau, la radio et la télévision ont diffusé trois courtes portions de son discours prononcé lors d’un colloque du Mouvement national des Québécois, extraits qui sont sur le Web à l’adresse suivante : http://www.radio-canada.ca/nouvelles/Politique/2008/10/18/001-parizeausarkozy.shtml 1 Annexe I : le mandat de l’ombudsman Révision de la couverture par Radio-Canada.ca d’une réaction de M. Parizeau 4 • Le court extrait en haut de la page Web du 18 octobre, intitulé « Multiples réactions aux propos de Sarkozy », dans lequel Jacques Parizeau dit qu’il va parler assis plutôt que debout afin de ménager sa jambe (Le téléjournal midi) • Un autre extrait inclus dans un reportage télévision de Josée Thibeault sur l’ensemble des réactions aux propos du président Sarkozy. Dans ce reportage, Jacques Parizeau dit : « Je ne me souviens pas d’avoir jamais vu un chef d’État dire ça pendant tous les grands débats sur la souveraineté du Québec. » Le reportage contenant cette déclaration a été mis en ligne au bas de la même page Web dans la zone audio-vidéo sous le titre suivant : « Josée Thibeault résume les réactions des souverainistes et des fédéralistes au discours du président français Nicolas Sarkozy. » • Un extrait sonore dans un reportage radio de Sébastien Perron. Jacques Parizeau : « Il faut jamais oublier que si un dirigeant français dit à un moment une énormité qu’il faut que ça change quoi que ce soit dans les rapports que nous avons avec le peuple français. » Ce reportage est en bas de la même page, dans la zone audio-vidéo sous le titre « Une journée de réactions et d’explications sur les déclarations de Nicolas Sarkozy ». Pourquoi la télévision et la radio n’ont pas diffusé l’allocution intégrale de Jacques Parizeau? Chaque jour, les responsables de l’Information font des centaines de choix éditoriaux. Le 18 octobre, il y avait une émission spéciale à la télévision sur le Sommet de la Francophonie. L’animatrice Céline Galipeau a interviewé en direct un autre leader souverainiste, l’ex-premier ministre Bernard Landry. Ces choix relèvent de la liberté éditoriale, et donc de la liberté de presse, liberté garantie par les chartes des droits et libertés. Dans la page Web du 18 octobre résumant l’ensemble des réactions, on ne peut certainement pas dire qu’on a ignoré le point de vue des souverainistes. Au contraire : c’est la réaction de l’ancien premier ministre Jacques Parizeau qui est en haut de la page, bien en vue, et le texte qui l’accompagne est substantiel. Dans la première fenêtre vidéo, on reprend l’intervention en direct faite par la journaliste Anne-Louise Despatie dans Le téléjournal midi, au moment où l’expremier ministre parlait. Toutefois, les propos très brefs de Jacques Parizeau sur le fait qu’il va parler assis, car il a un problème de jambe, n’ajoute rien au contenu. C’est le seul extrait qui était disponible, me dit-on, en dehors des reportages. Peut-être aurait-il été préférable de ne pas le reprendre sur le Web car, en cliquant sur l’icône, les internautes s’attendent à écouter des propos Révision de la couverture par Radio-Canada.ca d’une réaction de M. Parizeau 5 significatifs. Or, il n’en est rien. La déception du plaignant est donc compréhensible. Voici, par ailleurs, le texte consacré à Jaques Parizeau sur la page Web : « L'ex-premier ministre Jacques Parizeau estime que le président français s'est aventuré là où aucun chef d'État ne l'avait fait sur la question de l'avenir politique du Québec. Dans un discours prononcé à l'occasion d'un colloque à Montréal organisé par le Mouvement national des Québécois, le leader souverainiste estime qu'en affirmant que le monde n'a pas besoin d'une « division supplémentaire », lors d'une conférence de presse, vendredi, Nicolas Sarkozy s'est immiscé indûment dans les affaires québécoises. "Ça implique un jugement très antisouveraineté du Québec. C'est dire : "Nous ne sommes pas d'accord avec la souveraineté du Québec". Je ne me souviens pas d'avoir jamais vu un chef d'État dire ça pendant tous les débats sur la souveraineté du Québec, pendant toute la campagne référendaire. Même Bill Clinton, avant le référendum, n'avait pas été jusque-là. " La déclaration de Nicolas Sarkozy, vendredi "Le Canada a toujours été un allié de la France, il est membre du G8. Et franchement, s'il y a quelqu'un qui vient me dire que le monde d'aujourd'hui a besoin d'une division supplémentaire, c'est qu'on n'a pas la même lecture du monde. " "Des pays, il y en a de plus en plus, pas de moins en moins. Toute notre époque est faite de divisions qui font naître des pays. Alors qu'il y en ait une en particulier qui soit répréhensible, une division particulière qui ne soit pas acceptée, ça c'est incompréhensible", a tempêté Jacques Parizeau. L'ex-premier ministre a ajouté que cette « énormité » du président français ne change rien aux bonnes relations qu'entretiennent les Québécois avec le peuple français. Jacques Parizeau : "Il y a des moments comme ça où il faut être en mesure de se tenir debout. " Jacques Parizeau s'inscrit ainsi en faux avec les autres membres éminents de la famille souverainiste, qui ont mis l'accent sur le contexte de la déclaration, soit une conférence de presse portant sur la crise financière, avant le discours du président français à l'Assemblée nationale. » Révision de la couverture par Radio-Canada.ca d’une réaction de M. Parizeau 6 L’internaute peut aussi écouter sur cette même page deux portions de l’allocution de M. Parizeau dans les reportages radio et télévision disponibles dans la zone audio-vidéo. Sur cette même page Web, on peut écouter des extraits d’entrevues plus substantiels de deux autres souverainistes, la chef du Parti québécois, Pauline Marois (2 minutes 24 secondes), et l’ex-premier ministre, Bernard Landry (5 minutes 12 secondes). On peut entendre également le conseiller du président français, Christian Philip, le secrétaire d’État français, Alain Joyandet, le ministre des Affaires intergouvernementales canadiennes, Benoît Pelletier, et le ministre fédéral, Lawrence Cannon. Il y a un résumé de la réaction du premier ministre Jean Charest, mais aucun extrait audio ou vidéo sur la page du 18 octobre. Finalement, l’entrevue intégrale de Pauline Marois à l’émission radio Ouvert le samedi est disponible sur cette page. M. Beaudry reproche à Radio-Canada.ca de diffuser des entrevues intégrales et/ou des discours de Jean Charest, alors qu’on fait bien peu de place à Jacques Parizeau. Le plaignant fait sans doute référence aux discours de la veille à l’Assemblée nationale disponibles sur cette page Web : http://www.radio-canada.ca/nouvelles/Politique/2008/10/17/003-sarkozydiscours-assemblee.shtml La déclaration du premier ministre Jean Charest était disponible parce qu‘elle a été diffusée à la télévision. Ce jour-là, Jacques Parizeau était absent de l’actualité; ce n’est que le lendemain qu’il a parlé. Donc, il est impossible de comparer l’espace consacré à chacun des deux hommes politiques dans deux nouvelles bien différentes. Soleiman Mellali précise par ailleurs que c’est mal connaître le site de RadioCanada.ca que de penser un seul instant que M. Parizeau et la question de la souveraineté ne trouvent pas leur place dans le traitement de l’information. Voici les liens qu’il propose au plaignant : - Le dossier « Point de rupture » : http://www.radiocanada.ca/nouvelles/dossiers/PointDeRupture/ - Référendum 1980: l'avenir du Québec en question : http://archives.radiocanada.ca/fr/IDD-0-17-1294/politique_economie/referendum_1980/ - Référendum 1995 : le Québec face à son destin : http://archives.radiocanada.ca/politique/provincial_territorial/dossiers/1796/ Révision de la couverture par Radio-Canada.ca d’une réaction de M. Parizeau - Jacques Parizeau, homme de conviction : http://www.radiocanada.ca/nouvelles/enProfondeur/?q=souveraineté&idCategorie - Jacques Parizeau: « J'vous parle de l'homme » : http://www.radiocanada.ca/nouvelles/dossiers/parizeau/ 7 Conclusion Rien n’indique que les journalistes Internet ont manqué de neutralité envers l’ancien premier ministre Jacques Parizeau, le 18 octobre 2008. Je comprends que le plaignant aurait souhaité visionner toute l’allocution de Jacques Parizeau sur Radio-Canada.ca le 18 octobre. Toutefois, cette allocution n’était pas disponible, car ni la télévision, ni la radio ne l’avaient diffusée intégralement ce jour-là. Sauf exception, Radio-Canada.ca obtient son contenu sonore et visuel des autres plateformes. La décision de la radio et de la télévision ce jour-là de diffuser de courts extraits et non l’allocution intégrale de Jacques Parizeau relève de la liberté éditoriale. Il n’y a pas eu d’inéquité car le point de vue d’autres souverainistes a été entendu plus longuement. La plainte n’est pas fondée. Julie Miville-Dechêne Ombudsman, Services français Société Radio-Canada 2009-01-26 ANNEXE 1 : Le mandat de l’ombudsman Le mandat de l’ombudsman consiste à : …juger si la démarche journalistique ou l’information diffusée qui fait l’objet de la plainte enfreint les dispositions de la politique journalistique de RadioCanada… aussi appelée Normes et pratiques journalistiques (NPJ, accessible à l’adresse Web suivante : www.radio-canada.ca/ombudsman). Cette politique s’appuie sur trois principes fondamentaux : l’exactitude, l’intégrité et l’équité. L’exactitude : L’information est fidèle à la réalité, en aucune façon fausse ou trompeuse. Cela exige non seulement une recherche attentive et complète, mais une langue châtiée et des techniques de présentation sûres, y compris pour les éléments visuels. L’intégrité : L’information est véridique, sans déformation visant à justifier une conclusion particulière. Les professionnels de l’information ne tirent pas profit de leur situation avantageuse pour faire valoir des idées personnelles. L’équité : L’information rapporte les faits pertinents, reflète impartialement les points de vue significatifs et traite avec justice et dignité les personnes, les institutions, les problèmes et les événements. (NPJ, III,2) La politique journalistique est un ensemble de règles que la Société RadioCanada s’est données au fil des ans. Ces règles, qui visent à développer un journalisme d’excellence, vont bien au-delà des prescriptions de la Loi; elles proposent un idéal difficile à atteindre, mais vers lequel tous les artisans doivent tendre. Une description détaillée du mandat de l’ombudsman se trouve à la même adresse Web.