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Spécial immobilier Stations L’ivresse des sommets Les Alpes restent la destination privilégiée des amoureux des sports de glisse. Cette saison, ils ont été plus nombreux que prévu, particulièrement en Savoie, à investir sur les pistes SAVOIE, ISÈRE X ● LE NOUVEL OBSERVATEUR L. Giraudou / Urba Images Server S A Courchevel, des prix qui culminent… … et des chalets réservés aux plus fortunés années précédentes à 7 000 ou 8 000 euros/m2 ne trouvent même pas preneur à 5 000 euros/m2. Les acheteurs craignent le coût élevé des charges à venir, en lien avec les mises aux normes qui seront prochainement imposées. » Dans le neuf, les prix continuent de franchir des sommets : la société La Compagnie mettra très prochainement en vente le Quintessence, un chalet de 550 m2 de haut standing, avec piscine de 15 mètres, à 25,5 millions d’euros. A « Courch’ », c’est encore la clientèle étrangère ou française fortunée qui anime le marché. A La Tania, autre station du domaine des Trois-Vallées, marché de report pour ceux qui ne peuvent s’offrir Courchevel, les ventes se concluent dans une fourchette comprise entre 10 000 et 12 000 euros/m2 (pour un chalet) et de 5 000 à 9 000 euros/m2 (pour un appartement). C’est à La Tania que le groupe Pierre & Vacances a entrepris la rénovation d’une résidence qui permettra aux acquéreurs de profiter d’autant mieux de la loi Scellier que des travaux auront été effectués ; pour un 2-pièces, il faudra compter 178 000 euros. Fin février, la quasi-totalité du programme (70 appartements au total) avait été vendue. Dans la vallée des Belleville, aux Ménuires, les prix s’assagissent un peu. « Ils varient dans l’ancien entre 3 000 et 5 000 euros/m2, alors qu’à Val-Thorens ils débutent à 4 000 euros dans l’ancien pour atteindre 7 500 euros dans le neuf », précise Olivier Hudry, de L’Agence des Alpes. Tout près, à SaintMartin-de-Belleville, l’une des rares stations avec des résidents permanents, le prix de vente pour quelques-uns des petits joyaux de la commune oscille entre 8 000 et 9 000 euros/m2. Le prix moyen, sur l’ensemble du village, s’établit à 5 000 euros/m2. Ailleurs, J.-C. Pattacini / Urba Images Server elon les professionnels de la région, la saison 2009 a été exceptionnelle et le début de l’année 2010 laisse augurer de très bons résultats de fréquentation et des ventes en hausse. Pas d’excès d’optimisme, cependant : « Après une baisse très significative du nombre de transactions, tempère Guy Bannay, notaire à Bourg-Saint-Maurice, le marché a simplement retrouvé un peu de souffle au printemps 2009 », en partie grâce à des dispositions fiscales avantageuses. En cours d’année, l’amendement Censi-Bouvard a en effet aligné les avantages du dispositif Scellier sur la location meublée non professionnelle (LMNP), permettant ainsi le cumul de la réduction d’impôts et de la récupération de la TVA. Conséquence : un nouvel attrait pour ce type de produit. Le promoteur MGM, qui a lancé pendant les vacances de Noël la commercialisation de cinq nouvelles résidences, enregistrait déjà fin février, pour des biens dont le prix moyen varie entre 330 000 et 350 000 euros TTC (soit 208 000 euros hors TVA), des taux de réservation supérieurs à 40%. Plus généralement, neuf et ancien confondus, le marché des biens haut de gamme est celui qui a remporté le plus grand succès dans les stations. La situation se complique pour les biens « intermédiaires » et plus encore pour ceux qui présentent des défauts. « Le nombre de transactions portant sur des appartements de gamme moyenne s’est ralenti, et on constate des baisses de prix plus ou moins sensibles », observe Guy Bannay, avec des différences évidentes (de –5% à –20%) entre les stations de haute altitude et les autres. En tête du palmarès des prix au mètre carré, on trouve cette année encore Courchevel, où, constate Joffray Vallat, de l’agence Vallat Immobilier, « le beau chalet individuel avec prestations de standing et terrain est proposé à un prix compris entre 30 000 et 40 000 euros/m2. En revanche, pour des biens intermédiaires dans le bas de la station, où le parc comprend des constructions datant des années 60 et 70, des logements proposés les C. Lespinasse / Urba Images Server A l’Alpe-d’Huez aussi, le haut de gamme est prisé comme à l’Alpe-d’Huez ou aux Deux-Alpes, « la demande reste active pour les biens compris entre 200 000 euros et 1 million d’euros, note Anne Giverdon, de l’agence Giverdon Immobilier, et les prix sont désormais stables ». Dans ces stations sportives, le prix des appartements T2 et T3 oscille entre 3 000 et 7 000 euros/m2. Ici aussi « le haut de gamme dynamise le marché et les clients recherchent de grands appartements, dans des sites disposant de belles prestations et de services intéressants ». En montagne comme dans les vallées, la crise a rendu les acquéreurs très vigilants et exigeants ; le moindre défaut a son prix. Comme si, dans les périodes difficiles, les acteurs économiques retrouvaient tout leur discernement. C. B. HAUTE-SAVOIE L e Mont-Blanc et sa mer de Glace, Megève la très chic, Chamonix l’authentique, Avoriaz surnommée « la belle de bois »… la Haute-Savoie regorge de sites remarquables et de stations d’altitude où neige et plaisir sont toujours au rendez-vous. Sur le plan immobilier, la montagne n’a pas échappé au ralentissement de l’activité, d’autant que la clientèle anglaise, jusque-là très présente, s’est retirée avec l’arrivée des difficultés économiques, son pouvoir d’achat ayant, en raison du taux de change défavorable, diminué. Sur l’ensemble du département, les notaires font état d’une baisse des prix qui oscille entre 5% pour les appartements et 9% pour les maisons ou chalets. Des baisses beaucoup moins fortes qu’en Savoie (–10,3% pour les appartements et –13,7% pour les maisons). Le foncier, lui, reste stable, puisqu’il diminue de 1,2% seulement. En Haute-Savoie, le prix moyen du mètre carré s’établit au second semestre 2009 à 4 100 euros. Ces moyennes cachent évidemment d’importantes disparités d’une station à l’autre. Ainsi, à Megève, qui reste la star incontestée, les professionnels constatent plutôt une baisse des prix de l’ordre de 15%. Cet écart est vraisemblablement lié au décalage qui existe entre les statistiques des notaires et la réalité du moment. La baisse observée par les professionnels tend à prouver que les acquéreurs ne sont plus prêts à payer n’importe quel prix, fût-ce à Megève. Par conséquent, les biens sans défaut résistent mieux que les autres. « A Megève, le prix moyen du mètre carré s’établit à 6 500 euros », indique Bernard Bozon, agent immobilier de la Fnaim. Mais il faut compter entre 8 500 et 10 000 euros/m2, voire 12 000 euros/m2 pour le Mont-d’Arbois. La Clusaz, station également très appréciée, est plus raisonnable. A Combloux, les 2pièces, qui constituent le cœur de la demande, se négocient entre 4 000 et 7 000 euros/m2. A Samoëns, les prix, qui avaient grimpé à 6 000 euros/m2 dans l’ancien, se sont assagis, plus proches aujourd’hui de 4 000 euros/m2 en habitat collectif. Les chalets n’échappent pas à cette tendance. L’un d’eux, affiché 480 000 euros, s’est finalement négocié à 435 000 euros. Pour les acquéreurs, c’est donc le moment d’en profiter. L’intérêt de Samoëns, ☛ ● XI Spécial immobilier DR Le Nouvel Observateur. – Comment s’est comporté le marché en 2009 et comment voyez-vous l’année 2010 ? David Giraud. – Nous avons réalisé 407 ventes en 2009, une année que nous considérons comme plutôt positive. Si nous réalisons de bons chiffres, c’est que nos acquéreurs sont à 85% français, alors qu’ils ne représentaient que 60% auparavant. Le reste des ventes est assuré par la clientèle étrangère, provenant surtout d’Europe du Nord, notamment des Anglais, des Néerlandais, des Belges. Pour 2010, nous avons programmé cinq nouveaux projets, qui s’inscriront à Tignes, à l’Alped’Huez, à Val-Cenis, à Flaine et à Bisanne. Nous cherchons aussi à développer nos activités, non seulement en hiver, mais aussi en été. N. O. – Le dispositif Scellier vous a-t-il aidé à réaliser une bonne année 2009 ? D. Giraud. – Il a effectivement eu un impact. Mais cela ne représente au maximum que 20% de nos ventes. Et, de toute façon, nous ne concevons pas nos résidences de tourisme comme des produits de défiscalisation. Nous privilégions les belles superficies, les belles prestations. Nous intégrons aussi le développement durable dans la conception de nos réalisations. Mais, en montagne, on peut difficilement atteindre des performances plus élevées que le niveau Bâtiment basse consommation (BBC). Propos recueillis par C. S. XII ● LE NOUVEL OBSERVATEUR prix se sont rajustés aussi : de 7 à 15% de baisse, soit entre 5 000 et 5 500 euros/m2 pour des logements de qualité, bien situés. « Les prix étaient tellement surévalués par la présence des Britanniques qu’il fallait que cela baisse, indique Paul Ehrhardt, de l’Agence des Drus (Imogroup), à Chamonix. Résultat, « on constate un léger A Megève, le mètre carré peut grimper à 10 000 euros mieux, mais la situac’est qu’on peut aussi y dénicher du neuf, tion reste fragile ». MGM développe de son dans une copropriété classique ou une rési- côté un programme dans le neuf en coprodence de tourisme. A la montagne, le foncier priété, où le prix d’un 3-pièces est fixé à parest rare, et ne permet que ponctuellement de tir de 556 000 euros TTC, ainsi qu’aux construire. Le promoteur MGM commercia- Houches où le même type de biens se vend à lise actuellement les appartements de La partir de 322 000 euros. Non loin de là, Les Reine des Prés, une résidence de tourisme, Gets souffrent aussi du départ des Anglais. avec entre autres avantages la réduction Avoriaz s’en tire beaucoup mieux. Comme le d’impôt de 25% sur le montant de l’investis- souligne Gérard Brémond, le P-DG de Pierre & Vacances, les Français sement et le remboursey représentent 95% des ment de la TVA. Un 3-pièces de 53 à 56 m2 À LA MONTAGNE, acheteurs. Dans la station, coûte entre 263 000 et LE FONCIER EST RARE, de nouvelles résidences de tourisme (3 et 4 étoiles) 285 000 euros HT et un 4- ET NE PERMET QUE pièces en duplex, entre PONCTUELLEMENT sont d’ailleurs commercialisées par Pierre & 432 000 et 441 000 euros. DE CONSTRUIRE MGM est également insVacances (475 appartements au total). Un projet tallé dans la station des Carroz-d’Arâches, avec des prix démarrant qui s’inscrit dans deux quartiers, les Crozats à 230 000 TTC, s’agissant cette fois d’une et la Falaise. Le tout sera complété par un copropriété classique : « On en trouve peu en vaste espace aquatique et ludique. Côté prix, montagne, reconnaît Thierry Lejeune, il faut compter entre 267 000 euros HT pour notaire à Annecy. Le marché est animé par un 2-pièces et 333 000 HT euros pour un les résidences de tourisme, qui procurent des 3-pièces. A noter que ces réalisations s’insavantages fiscaux. » crivent dans le cadre du dispositif Scellier, Du côté de Chamonix, la perte de la clien- ce qui a tendance à doper les ventes. tèle anglaise est durement ressentie et les COLETTE SABARLY Lemaire / Zeppelin / Sipa DEUX QUESTIONS À DAVID GIRAUD Président de MGM