La nature des catégories superordonnées : caractéristiques, effets et
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La nature des catégories superordonnées : caractéristiques, effets et
La nature des catégories superordonnées : caractéristiques, effets et explications J. Frederico Marques Université de Lisbonne, Faculté de Psychologie et Centre de Recherche en Psychologie, Portugal RÉSUMÉ Le but de cet article est d’examiner l’organisation hiérarchique de la mémoire sémantique tout en analysant la nature des catégories superordonnées, leurs caractéristiques ainsi que les effets principaux qui leur sont associés : l’avantage du niveau de base chez les sujets sains et les phénomènes pathologiques de l’avantage superordonné et du déficit superordonné. Les deux premiers effets sont analysés en considérant les modèles proposés pour leur explication et leurs limitations, tout en soulignant le modèle de Rogers et Patterson (2007) comme étant le premier à fournir une explication satisfaisante de ces effets. L’effet du déficit superordonné, plus récemment observé, est analysé ensuite ainsi que son explication en termes de fonction exécutive. Dans la section finale, après avoir proposé une révision du modèle de Rogers et Patterson (2007) en ce qui concerne la nature des catégories superordonnées, nous montrons comment ce modèle révisé permet d’expliquer les trois effets. On the nature of superordinate categories: Characteristics, effects and explanations ABSTRACT The goal of this paper is to examine the hierarchical organization of semantic memory considering the nature of superordinate categories, their characteristics and their associate main effects: the basic-level advantage in healthy individuals and the pathological phenomena of the superordinate advantage and of the superordinate deficit. The first two effects are analyzed in turn, taking into account the models proposed for their explanation and their limitations, and distinguishing Rogers and Patterson (2007) model as the first one to offer a satisfactory explanation for these effects. I then analyze the more recent effect of the superordinate deficit and its’ explanation in terms of executive function. In a final section, I propose a revision of the framework of Rogers and Patterson’s (2007) model regarding the nature of superordinate categories and I show how this revised model can explain all three effects. Correspondance : J. Frederico Marques, Faculdade de Psicologia, Universidade de Lisboa, Alameda da Universidade, 1649-013 Lisboa, Portugal. E-mail : [email protected] L’année psychologique, 2011, 111, 533-548 534 J. Frederico Marques Quand nous parlons de choses, de personnes ou d’objets, nous utilisons des noms différents pour les dénommer et ces noms semblent souvent organisés hiérarchiquement. On peut dire qu’un exemplaire donné est bien Milou, un fox-terrier, un chien, un mammifère, un animal ou un être vivant. Dans cette hiérarchie, pour faire référence à un exemplaire individuel on emploie généralement un niveau moyen de dénomination (c’est-à-dire « chien » dans l’exemple donné) et, de façon plus occasionnelle, on emploie des niveaux plus bas (par ex. Fox-terrier, Milou) dépendant de notre degré de connaissance (par ex. Coley, Medin & Atran, 1997 ; Lin, Murphy & Shoben, 1997 ; Rosch, Mervis, Gray, Johnson & Boyes-Brahem, 1976 ; Tanaka & Taylor, 1991). Le niveau moyen est appelé le « niveau de base », les niveaux inférieurs sont dits « subordonnés » et les niveaux supérieurs, « superordonnés » (Rosch et al., 1976). Dans les recherches portant sur l’organisation de nos connaissances conceptuelles (la mémoire sémantique), le niveau de base est le plus étudié et aussi son organisation « horizontale » en catégories taxonomiques (Murphy, 2004). Néanmoins, la connaissance de cette organisation pour être complète doit aussi tenir compte de l’organisation hiérarchique ou « verticale » de la mémoire sémantique. Le propos de cet article est d’aborder ce dernier aspect tout en analysant la nature des catégories superordonnés, leurs caractéristiques et les effets principaux qui leur sont associés. En ce qui concerne l’organisation verticale, on parle surtout de l’avantage du niveau de base, le fait que les décisions catégorielles sont plus rapides pour le niveau de base en comparaison avec les autres niveaux et surtout avec le niveau superordonné. Cet effet est observé généralement chez les sujets sains dans les tâches de catégorisation et constitue un des phénomènes les plus robustes dans ce domaine (par ex. Rosch et al., 1976 ; Murphy, 2004 ; Murphy & Brownell, 1985 ; Tversky & Hemenway, 1984). Mais le niveau superordonné a un intérêt particulier dans l’organisation hiérarchique des connaissances. Le niveau de base et le niveau subordonné ont en effet une même fonction de dénomination et l’emploi de l’un ou de l’autre dépend plutôt du degré de connaissance des locuteurs. Par opposition aux niveaux inférieurs, on fait préférentiellement appel au niveau superordonné d’une part pour faire allusion à une classe ou à un groupe d’exemplaires (Wiesniewski & Murphy, 1989), d’autre part pour faire des inférences (Osherson, Smith, Wilkie, Lopez, & Shafir, 1990). De plus, quoiqu’il soit moins utilisé, surtout pour la dénomination, il paraît répondre à un ensemble de connaissances plus primaires ou nucléaires, comme nous montrent les études de catégorisation avec bébés et avec patients avec des lésions cérébrales et des troubles sémantiques. Plusieurs L’année psychologique, 2011, 111, 533-548 Catégories superordonnées 535 études montrent que les bébés font d’abord des regroupements à un niveau global, des catégories taxonomiques larges, avant d’accéder à des catégories plus spécifiques (par ex. Behl-Chadha, 1996 ; Mandler & McDonough, 1993, 2000 ; Mareschal & Quinn, 2001 ; Quinn & Johnson, 2000) bien que la vraie nature de ces catégories et sa place dans le développement conceptuel soient l’objet d’un grand débat théorique (par ex. Gliga & Mareschal, 2007 ; Mandler, 2007). Plus intéressant, les patients cérebrolésés avec des troubles sémantiques associés (par ex. Démence sémantique, ou Maladie d’Alzheimer) présentent d’habitude une détérioration des connaissances qui leur rend possible la dénomination et la réponse à des questions au niveau superordonné mais pas à des niveaux inférieurs – l’avantage superordonné (par ex. Chertkow, Bub & Caplan, 1992 ; Hodges, Graham & Patterson, 1995 ; Warrington, 1975). Cet avantage superordonné a été observé dans plusieurs tâches, y compris, la dénomination, la définition d’objets, les questions sur attributs, ou la classification (Chertkow et al., 1992 ; Hodges et al., 1995 ; Warrington, 1975) et il ne peut pas s’expliquer par la familiarité ou la difficulté de la tâche. Premièrement, ces dimensions sont associées à la performance, mais l’avantage superordonné perdure quand tous ces facteurs sont contrôlés (Done & Gale, 1997). Deuxièmement, bien que très exceptionnels, quelques cas de patients avec des lésions frontales ont révélé que la dénomination peut être atteinte au niveau superordonné tout en restant presque intacte au niveau de base, un déficit disproportionné du niveau superordonné, ou simplement, un déficit superordonné (Crutch & Warrington, 2008 ; Humphreys & Forde, 2005 ; Jónsdóttir & Martin, 1996). Ces trois phénomènes ne sont pas paradoxaux car ils ne se produisent pas auprès des mêmes populations. Toutefois, ils montrent que les différences entre catégories superordonnées et catégories de niveau de base ne peuvent pas s’expliquer par une seule dimension globale (par ex. familiarité, fréquence d’utilisation, etc.). En plus, ces effets exigent une perspective de la nature des différentes catégories qui nous permet envisager l’ensemble des données. Plusieurs auteurs ont essayé d’expliquer seulement certains aspects des données, mais ces explications deviennent insatisfaisantes quand on les applique à l’ensemble des effets et que l’on essaie d’envisager la nature des catégories superordonnées. Dans cet article, j’examine à la fois l’avantage du niveau de base et celui du niveau superordonné, les modèles proposés pour les expliquer et leurs limitations. Je souligne l’intérêt du modèle de Rogers et Patterson (2007), le premier qui fournisse une explication satisfaisante de ces effets. Mon analyse porte ensuite sur l’effet plus récemment décrit du déficit superordonné et je discute son explication en termes de fonction exécutive – hypothèse L’année psychologique, 2011, 111, 533-548 536 J. Frederico Marques exécutive. Dans la section finale, je propose une révision du modèle de Rogers et Patterson (2007) en ce qui concerne la nature des différences entre catégories superordonnées et catégories de niveau de base et j’essaie de montrer comment ce modèle révisé peut expliquer tous les trois effets mentionnés. L’AVANTAGE DU NIVEAU DE BASE ET SES EXPLICATIONS Le phénomène de l’avantage du niveau de base est certainement un des effets plus répliqués dans l’étude de la catégorisation humaine (par ex. Murphy, 2004). Une contribution importante sur cet effet a été présentée par Jolicoeur Gluck et Kosslyn (1984) qui ont proposé que certains nœuds dans une organisation hiérarchique des concepts (Collins & Quillian, 1969) servent de point d’entrée pour chercher de l’information dans le système. Le niveau de base serait le point d’entrée pour la plupart des concepts, étant donné que les objets présentés sont typiques d’un concept. Dans ces cas, l’information du niveau de base serait alors plus rapidement accessible. L’information additionnelle sur le concept deviendrait accessible plus tard quand l’activation se propagerait soit vers des concepts superordonnés, soit vers des concepts subordonnés. Selon le niveau de connaissance des sujets, ou en fonction de la familiarité et de la typicité des items, ce point d’entrée pourrait aussi se déplacer au niveau subordonné, le niveau superordonné restant toujours sous la dépendance d’une activation additionnelle (Jolicoeur et al., 1984). Une autre explication importante des effets de niveau de base considère que l’avantage de ce niveau est la conséquence de ses propriétés structurelles dans un système où les représentations de tous les niveaux sont activées en parallèle (Murphy, 1991, 2001). De façon plus spécifique, les concepts de niveau de base semblent maximiser en même temps des traits distinctifs et informatifs (Murphy, 1991, 2001 ; Rosch et al., 1976). Les concepts superordonnés sont les plus distinctifs puisqu’ils ont très peu d’attributs communs mais, en même temps, ils sont peu informatifs puisque l’information de niveau superordonné est moins riche et permet peu d’inférences ou de conclusions sur les exemplaires correspondants. En opposition, les concepts de niveau de base sont moins distinctifs, car ils partagent quelques attributs, mais ils sont très informatifs, permettant des inférences sur les exemplaires et les attributs. Finalement, les concepts subordonnés sont les plus informatifs mais aussi les moins distinctifs : ils L’année psychologique, 2011, 111, 533-548 Catégories superordonnées 537 partagent énormément d’information avec d’autres concepts, ce qui fait qu’il est très difficile de les distinguer. Les caractéristiques du niveau de base expliqueraient alors son avantage du point de vue de l’accès et du traitement de l’information. En comparaison, l’accès au niveau superordonné serait plus lent parce qu’il ne fournit pas un appariement fort avec des stimuli particuliers (mais plutôt avec des stimuli divers), tandis que l’accès au niveau subordonné serait également plus lent mais parce qu’il entraîne une compétition entre plusieurs alternatives similaires (Murphy, 1991, 2001 ; Rosch et al., 1976). L’AVANTAGE SUPERORDONNÉ ET SES EXPLICATIONS Deux explications ont été avancées pour ce phénomène du point de vue de l’organisation de la mémoire sémantique. Une première explication, proposée par Warrington (1975), s’appuie sur les modèles hiérarchiques de la mémoire sémantique (Collins & Quillian, 1969). Cette explication envisage une différence qualitative entre le niveau de base et le niveau superordonné, chaque niveau représentant des informations qui sont communes à tous les exemplaires du concept. Par exemple, dans les tâches de génération de propriétés, on trouvera l’attribut « peut respirer » pour le concept superordonné « animal » (attribut commun à tous les animaux) tandis que pour le concept de niveau de base « poisson » on trouvera l’attribut « peut nager » (commun à tous les poissons) mais pas les attributs plus généraux du concept animal. De plus, Warrington (1975) propose que dans l’accès à la mémoire sémantique, le niveau superordonné serait toujours accédé premièrement. C’est-à-dire, dans un système intègre, l’individu accède d’abord à l’information superordonnée, par exemple « animal », et, si la tâche l’exige, comme c’est le cas de la dénomination, il aura accès ensuite à l’information de niveau de base, par exemple « poisson », ou même de niveau subordonné, par exemple « saumon ». Quand le système est endommagé, le sujet accède au niveau superordonné mais ne peut pas accéder aux niveaux inférieurs soit à cause d’une perte des connexions vers les niveaux inférieures, l’information étant préservée, soit parce que l’information s’est détériorée et n’existe plus. Une deuxième explication se fonde sur les modèles de réseaux sémantiques et considère que la connaissance superordonnée correspond à des attributs qui ont une pertinence (ou un poids) supérieur du point L’année psychologique, 2011, 111, 533-548 538 J. Frederico Marques de vue de l’usage (ou de l’entraînement) parce qu’ils sont partagés par nombreux concepts (Hinton & Shallice, 1991 ; Hodges et al., 1995 ; Rogers et al., 2004). Dans ce cas, on envisage une différence plutôt quantitative entre le niveau de base et le niveau superordonné, les deux niveaux pouvant partager les mêmes informations. Ainsi, l’attribut « peut respirer » serait représenté à la fois dans les concepts « animal » et « poisson ». L’avantage superordonné proviendrait du fait que, les attributs des animaux étant communs à beaucoup d’autres concepts de niveau inférieur, ont une représentation relativement plus forte et résistante à la détérioration ; on considère ici que le poids des attributs a une relation inverse avec la probabilité de détérioration de cette connaissance (Hinton & Shallice, 1991). Même si l’on envisage une détérioration plus au moins aléatoire du système (comme ce pourrait être le cas pour la démence sémantique ; McClelland & Rogers, 2003) la catégorisation de niveau superordonné est toujours moins affectée, car presque tous les attributs permettent une identification d’un animal tandis que seulement quelques attributs permettent une identification de niveau de base ou de niveau subordonné. De cette façon, on pourrait expliquer pourquoi une connaissance résiduelle permettrait encore les distinctions au niveau superordonné (Hinton & Shallice, 1991 ; Hodges et al., 1995 ; Rapp & Caramazza, 1989). ARTICULER L’AVANTAGE DU NIVEAU DE BASE ET L’AVANTAGE SUPERORDONNÉ – LE MODÈLE DE ROGERS ET PATTERSON (2007) Concernant chaque phénomène, l’avantage du niveau de base et l’avantage superordonné, les modèles explicatifs proposés ont des points forts et des points faibles. Le problème le plus difficile est d’expliquer en même temps l’avantage du niveau de base observé sur les sujets sains et l’avantage superordonné observé chez les patients. En effet, aucune des perspectives présentées jusqu’ici ne nous permet pas expliquer les deux effets et envisager simultanément une même nature pour les différences entre niveau superordonné et niveau de base. Les explications de l’avantage du niveau de base ne sont pas valables pour l’avantage superordonné. Si on tient compte de l’explication du point d’entrée (Jolicoeur et al., 1989), il est difficile d’accepter que ce point puisse se déplacer au niveau superordonné. De la même façon, selon l’explication structurelle (par ex. Murphy, 1991, 2001), comment admettre que le niveau L’année psychologique, 2011, 111, 533-548 Catégories superordonnées 539 de base, tout en étant le plus facile pour les sujets sains (à cause de l’équilibre entre traits distinctifs et informatifs) soit aussi plus vulnérable à la détérioration que le niveau superordonné ? La situation inverse se produit quand on examine les explications de l’avantage superordonné. Selon Warrington (1975), si l’on considère que l’accès à l’information commence toujours par le niveau superordonné, alors comment expliquer qu’habituellement l’accès au niveau de base soit plus rapide ? Finalement, selon une explication quantitative, si l’information résiste plus parce que plus activée (par ex. Hinton & Shallice, 1991), alors comment comprendre que le niveau de base est accédé plus rapidement ? Plus récemment, Rogers et Patterson (2007) ont proposé un modèle pour expliquer les deux avantages, prenant en compte certains aspects de plusieurs théories. Dans une approche connexionniste du traitement d’information en parallèle, ces auteurs considèrent que les deux caractéristiques, les traits distinctifs et informatifs, sont à l’origine des deux avantages observées. Quand un certain stimulus visuel est présenté au sujet (par ex. une photo d’un saumon), la représentation sémantique du modèle part de l’état neutre en direction de la représentation la plus adéquate, c’est-à-dire dans le cas de la dénomination, vers le niveau de base (par ex. poisson) ou le niveau subordonné (par ex. saumon). Pour arriver à la représentation finale, le modèle propose que l’activation commence par les niveaux supérieurs, comme l’envisageait Warrington (1975). De cette façon, le niveau superordonné est le premier activé mais, comme le nom peut s’appliquer à un grand nombre d’exemplaires qui ne partagent pas beaucoup d’attributs entre eux, il n’y a pas de généralisations fondées sur la similarité des exemplaires et l’activation sera lente pour dépasser le seuil de dénomination. Ensuite, l’activation passera au niveau de base (par ex. poisson). À ce niveau, les caractéristiques de l’équilibre entre les traits distinctifs et les traits informatifs vont favoriser les généralisations et minimiser l’interférence. Comme les exemplaires de ce niveau partagent beaucoup d’attributs entre eux qui sont en même temps des attributs distincts d’autres concepts, le nom atteint le seuil d’activation plus rapidement, ce qui explique l’avantage du niveau de base. Finalement, comme le nom subordonné s’applique à une région sémantique encore plus étroite, il est le dernier activé et, même avec une accélération plus forte, son seuil d’activation est atteint en dernier. Quand il y a une détérioration du système avec perte d’information, le modèle prévoit l’avantage superordonné. Dans ce cas, le type d’activation plus dispersé du niveau superordonné le protège des déficits. En opposition, les types d’activation plus resserrés des concepts de niveaux inférieurs L’année psychologique, 2011, 111, 533-548 540 J. Frederico Marques deviennent plus vulnérables à des distorsions, ce qui implique que la dénomination du niveau de base devienne erronée ou même impossible. En outre, Rogers et Patterson (2007) ont aussi montré que dans une situation de catégorisation forcée très rapide, l’avantage du niveau de base était inversé en faveur du niveau superordonné. Ce résultat est en accord avec le décours d’activation des différents niveaux sémantiques proposée par les auteurs qui prévoit que l’activation commence par les niveaux supérieurs qui seront ainsi privilégiés dans cette situation. Le modèle de Rogers et Patterson a un intérêt supplémentaire parce qu’il propose une implémentation au niveau neuronal (Rogers et al., 2006 ; Rogers & Patterson, 2007). Le point de départ est une perspective multimodale et distribuée de la mémoire sémantique. À ce système, ils ajoutent un centre sémantique amodal ou multimodal qui serait localisé dans le lobe temporal antérieur. Ce centre serait responsable de l’activation interactive des représentations dans toutes les modalités et pour tous les concepts, favorisant des associations entre attributs. Néanmoins, l’engagement de cette région serait maximal pour les concepts plus spécifiques, de niveau de base ou subordonnés. Les auteurs s’appuient sur des données neuropsychologiques pour soutenir le rôle de ce centre sémantique, plus précisément sur l’étude des patients avec démence sémantique (lésions temporales antérolatérales), et des données de neuro-imagerie fonctionnelle en Tomographie par émission de positons (TEP, Rogers et al., 2006). Dans le premier cas, ces patients présentent des déficits de dénomination au niveau de base qui sont indépendants des modalités de réception et de production. Dans le deuxième cas, les études TEP montrent une activation supérieure de cette région quand des sujets sains doivent classifier un objet au niveau subordonné par opposition aux niveaux supérieurs. LE DÉFICIT SUPERORDONNÉ – L’HYPOTHÈSE EXÉCUTIVE Le phénomène du déficit superordonné récemment décrit (Crutch & Warrington, 2008 ; Humphreys & Forde, 2005 ; Jónsdóttir & Martin, 1996) est important car il met en question la portée des modèles antérieurs et notamment le modèle de Rogers et Patterson (2007). Il s’agit ici de patients atteints de lésions frontales et fronto-temporales d’origines diverses qui montrent une performance inférieure au niveau superordonné L’année psychologique, 2011, 111, 533-548 Catégories superordonnées 541 en comparaison avec le niveau de base dans plusieurs tâches. Tous ces cas ne peuvent pas être expliqués dans le cadre du modèle de Rogers et Patterson (2007), tel qu’on l’a présenté. En effet, le lobe temporal antérieur n’est pas atteint chez ces patients en particulier et, comme nous avons déjà vu, le modèle prévoit que cette structure soit particulièrement engagée pour des concepts plus spécifiques. Ainsi, pour ces patients, l’accès aux concepts du niveau de base est attendu. Ce que le modèle n’explique pas est le fait que le niveau superordonné soit endommagé, car il prévoit que l’activation des concepts commence par ce niveau plus général. Une explication possible pour ces résultats pourrait être cherchée dans le cadre de l’hypothèse du gradient topographique dans le cortex temporal inférieur. Celle-ci considère que les concepts plus spécifiques ont une représentation plus antérieure dans le cortex temporal inférieur tandis que les concepts plus généraux ont une représentation plus postérieure (Martin & Chao, 2001). Mais la diversité de lésions temporales observées n’est pas totalement en accord avec cette hypothèse qui n’explique pas non plus de façon isolée l’avantage du niveau de base présent chez les sujets sains. Ces difficultés nous ramènent à une autre hypothèse de différenciation des niveaux hiérarchiques d’organisation de la mémoire sémantique qu’on pourrait appeler l’hypothèse exécutive. En effet, Humphreys et Forde (2005) ont avancé une explication pour ces patients, en soulignant que le déficit de niveau superordonné serait associé à des problèmes dans le contrôle exécutif impliqué dans le traitement de ce niveau d’information. De façon encore plus précise, Jefferies et Lambon Ralph (2006) ont montré, parmi les caractéristiques particulières des patients victimes d’accidents vasculaires cérébraux (comme ceux étudiés par Crutch et Warrington, 2008), des troubles relatifs aux processus exécutifs qui dirigent et contrôlent l’activation sémantique. En accord aussi avec cette hypothèse, Tyler et ses collaborateurs (2004) ont observé chez les sujets sains une activation du gyrus frontal moyen droit (BA8) pour la comparaison de la catégorisation superordonnée moins la dénomination du niveau de base. Pourquoi alors le niveau superordonné exigerait-il un engagement plus important de processus exécutifs que le niveau de base ? Une raison en ce sens est la plus grande dispersion de l’activation au niveau superordonné (parce qu’il comprend un nombre plus large et divers d’exemplaires qui ne partagent pas beaucoup d’attributs entre eux), que proposent Rogers et Patterson (2007). Cependant, comme je le discute ensuite, cette raison est insuffisante et se base sur une conception déjà dépassée des différences entre le niveau superordonné et le niveau de base. L’année psychologique, 2011, 111, 533-548 542 J. Frederico Marques LA NATURE DES CATÉGORIES SUPERORDONNÉES – UNE RÉVISION DU MODÈLE DE ROGERS ET PATTERSON (2007) Le modèle de Rogers et Patterson (2007) présuppose une différenciation plutôt qualitative des concepts des différents niveaux hiérarchiques. Comme nous l’avons déjà exposé, l’idée d’une différenciation qualitative des niveaux hiérarchiques repose sur une structure où les attributs sont spécifiques à chaque niveau hiérarchique. Dans cette perspective, le niveau superordonné est considéré comme moins informatif, plus abstrait et plus distinctif (par ex. Rosch & Mervis, 1975 ; Rosch et al., 1976 ; Tversky & Hemenway, 1984). Et c’est justement cette conception, en termes de traits distinctifs et informatifs, également à la base du modèle de Rogers et Patterson que je considère moins adéquate. Examinons successivement chacune de ces caractéristiques. La conclusion selon laquelle le niveau superordonné est moins informatif se base sur l’idée que les attributs d’un concept donné correspondent aux attributs qui sont partagés par tous ses membres. D’un point de vue empirique, elle s’appuie aussi sur les résultats d’études de génération d’attributs qui semblent montrer des difficultés croissantes pour cette tâche au niveau superordonné, c’est-à-dire, les citations d’attributs à ce niveau sont moins nombreuses (par ex. McRae, Cree, Seidenberg & McNorgan, 2007 ; Rosch et al., 1976 ; Tversky & Hemenway, 1984). Cette proposition et ces résultats n’ont pas toutefois de véritable fondement. L’idée que les attributs d’un certain concept sont partagés par tous ses membres peut seulement se comprendre dans une approche classique des concepts où un certain nombre d’attributs sera nécessaire et suffisant pour la définition du concept (attributs définissants). Pourtant cette approche a été remise en cause par les travaux de Rosch et collaborateurs qui ont montré que les attributs des concepts sont seulement caractéristiques (non-définissants) et appartiennent davantage aux exemplaires les plus typiques (Rosch, 1975 ; Rosch et al., 1976 ; Rosch & Mervis, 1975). En outre, la production d’un nombre inférieur d’attributs n’est pas spécifique aux concepts superordonnés. En effet, les rares études de normes d’attributs incluant le niveau superordonné et le niveau de base (Ashcraft, 1978 ; Marques, 2007) montrent que ce n’est pas toujours le cas. Au contraire, le taux de génération d’attributs semble plutôt associé au degré de familiarité des concepts, indépendamment de son niveau hiérarchique. L’année psychologique, 2011, 111, 533-548 Catégories superordonnées 543 La proposition selon laquelle le niveau superordonné serait plus abstrait est, quant à elle, étroitement liée à la proposition antérieure concernant l’aspect informatif. Elle tient compte du fait que le petit nombre d’attributs partagés par tous les exemplaires au niveau superordonné a une nature plus abstraite, c’est-à-dire non sensorielle. Cette nature plus abstraite du niveau superordonné serait aussi responsable des erreurs communément effectuées par les sujets sains dans la tâche de génération en nommant des exemplaires au lieu des attributs. En ce qui concerne le premier aspect, des études plus récentes ont montré qu’une forte proportion d’attributs non sensoriels peut aussi être produite au niveau de base (par ex. Garrard, Lambon Ralph, Hodges & Patterson, 2001 ; McRae et al., 2005 ; Zannino, Perri, Pasqualetti, Caltagirone & Carlesimo, 2006) et ne diffère pas de celle générée au niveau superordonné (Marques, 2007). En ce qui concerne le deuxième aspect, produire des exemplaires plutôt que des attributs, on peut noter que ce type d’erreurs survient aussi au niveau de base. Certains auteurs proposent que ces erreurs soient le produit d’une stratégie de réponse spécifique à cette tâche qui correspond à penser ou simuler des exemplaires pour parvenir à citer des attributs (Anderson et al., 1976 ; Murphy & Smith, 1982). Finalement, affirmer que le niveau superordonné est plus distinctif s’avère peut-être excessif au moins pour deux raisons. Premièrement, le trait distinctif du niveau superordonné a été évalué globalement et d’une façon indirecte, en tenant compte du petit nombre d’attributs partagés à ce niveau (Markman & Wiesniewski, 1997 ; Rosch et al., 1976 ; Tversky & Hemenway, 1984). On a déjà discuté le problème de ces résultats. En outre, au niveau de base, cette caractéristique est évaluée pour chaque attribut et non globalement (par ex. McRae et al., 2005 ; Garrard et al, 2001) ce qui peut avoir contribué à sa surestimation. Deuxièmement, la mesure individuelle de ce trait généralement utilisée au niveau de base (l’inverse du nombre de concepts ou l’attribut est mentionné) peut aussi biaiser les conclusions concernant le niveau superordonné. Cette mesure dépend en effet du nombre de concepts qui est toujours inférieur au niveau superordonné et peut donc biaiser les comparaisons avec le niveau de base. Cette mesure présuppose aussi qu’un symbole abstrait commun peut résumer ce qui sont peut-être des attributs très différents. Comme Solomon et Barsalou (2001) l’ont démontré, un même mot (par exemple queue) renvoie souvent à des attributs très différents (par ex. la queue d’un chat ou la queue d’un crocodile). Plus récemment, j’ai pu vérifier que, si l’on tient compte ses aspects méthodologiques et que l ‘on analyse le trait distinctif des attributs avec une mesure comparable pour le niveau superordonné et le niveau de base (jugement de l’aspect distinctif de chaque attribut sur une L’année psychologique, 2011, 111, 533-548 544 J. Frederico Marques échelle de 7 points), on n’observe pas non plus de différences significatives dans cette dimension (Marques, 2007). Si la considération du niveau de base et du niveau superordonné comme différents en ce qui concerne les aspects informatif, distinctif ou plus ou moins abstrait de ses attributs n’est pas sans problème, quelle est alors la dimension qui permet de mieux comprendre les différences observées entre les deux niveaux et les trois effets décrits ? Solomon et Barsalou (2001) ont proposé qu’il serait important d’évaluer aussi dans quelle mesure les attributs sont partagés par les membres du concept. J’ai considéré que dans ce cas, on pourrait s’attendre à des différences entre le niveau superordonné et le niveau de base. De plus, ces différences pourraient aussi être mises en rapport avec des différences d’exigence en termes de traitement exécutif, permettant alors expliquer les trois effets. Dans l’étude mentionnée (Marques, 2007), le caractère partagé a été mesuré en demandant aux participants d’évaluer sur une échelle en 7 points (1 – attribut observé dans un seule membre de ce concept ; 7 – attribut observé dans tous les membres de ce concept) le trait commun de chaque paire concept-attribut des normes d’attributs préalablement recueillies au niveau superordonné et au niveau de base (par ex. animal – est petit ; chien – a une queue). En opposition avec les aspects informatif, distinctif et plus ou moins abstrait des attributs où l’on n’observe pas de différences entre le niveau superordonné et le niveau de base, les résultats ont montré des différences significatives dans la direction prévue, c’est-à-dire, les attributs sont moins partagés entre les membres des concepts superordonnés qu’entre ceux du niveau de base. Cet effet est aussi très net quand on observe les pourcentages d’attributs classés dans les différents intervalles de la mesure du trait commun par groupe de concept (échelle 1-7 ; 7 pour les attributs le plus partagés). Les attributs du niveau de base sont concentrés davantage dans les deux intervalles supérieurs (les attributs sont partagés par presque tous les membres du concept), tandis que les attributs de niveau superordonné sont concentrés dans les intervalles plus proches de la moyenne (les attributs sont partagés par la moitié des membres du concept). Cette différence a d’importantes implications qui nous permettent d’expliquer aussi la complexité des différences observés pour l’ensemble des sujets : sujets sains, patients avec démence sémantique et patients avec des lésions frontales. Chez les sujets sains, l’avantage plus fréquent du niveau de base en catégorisation peut s’expliquer par un ralentissement de l’activation des concepts superordonnés dû aux processus exécutifs additionnels nécessaires pour coordonner une information plus hétérogène. De même, chez ces L’année psychologique, 2011, 111, 533-548 Catégories superordonnées 545 personnes sans déficit, l’avantage superordonné observé dans quelques situations de catégorisation rapide serait, selon Rogers et Patterson (2007), lié au temps d’activation. Nos résultats présentent un facteur additionnel : le fait que les attributs les plus fréquents sont aussi les plus partagés par les membres du concept. Ce fait est également important pour expliquer l’avantage superordonné observé chez les patients avec démence sémantique. Ces personnes semblent produire les attributs dans la mesure où ils sont plus communs entre les membres du concept. Le fait que les concepts superordonnés ont plus de membres et plus diversifiés rend alors les attributs plus partagés plus résistants à la détérioration. Finalement, le fait que la catégorisation de niveau superordonné a besoin de processus exécutifs additionnels pour coordonner une information moins partagée parmi ses exemplaires expliquerait les cas de l’inversion de déficit superordonné chez des patients avec lésions frontales (Crutch & Warrington, 2008 ; Humphreys & Forde, 2005 ; Jónsdóttir & Martin, 1996). CONCLUSIONS Le propos de cet article était d’aborder l’organisation hiérarchique ou « verticale » de la mémoire sémantique tout en analysant la nature des catégories superordonnés, leurs caractéristiques et les effets principaux qui leur sont associés : l’avantage du niveau de base, l’avantage superordonné, et le déficit superordonné. L’analyse critique de la littérature, des modèles théoriques et données empiriques, nous amène en premier lieu à une nouvelle perspective sur les concepts superordonnés en comparaison avec les concepts du niveau de base. Cette perspective prend comme point de départ une approche probabiliste de la catégorisation où les attributs des concepts sont seulement caractéristiques (Rosch, 1975 ; Rosch et al., 1976 ; Rosch & Mervis, 1975). Dans ce cadre, on considère alors que la différence entre les concepts superordonnés et les concepts du niveau de base est quantitative. De façon cruciale les concepts superordonnés se distinguent par le fait que leurs attributs sont moins partagés par leurs membres en comparaison avec les concepts du niveau de base. Cette caractéristique permet compléter les modèles plus récents de l’organisation verticale de la mémoire sémantique, comme celui de Rogers et Patterson (2007) et, comme j’ai présenté, envisager une explication pour l’ensemble des trois effets décrits. De plus, je crois que ça nous L’année psychologique, 2011, 111, 533-548 546 J. Frederico Marques donne un point de départ suffisamment riche pour comprendre à la fois l’organisation sémantique chez les individus sans atteinte neurologique et la détérioration des connaissances conceptuelles chez les cérébrolésés. Reçu le 24 janvier 2010. Révision acceptée le 25 septembre 2010. BIBLIOGRAPHIE Anderson, R. C., Pichert, J. W., Goetz, E. T., Schallert, D. L., Stevens, K. V., & Trollip, S. R. (1976). Instantiation of general terms. 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