Pourquoi faire l`Enaaujourd`hui?

Transcription

Pourquoi faire l`Enaaujourd`hui?
dossier
l'Ena a 70 ans
Pourquoi faire l’Ena aujourd’hui ?
P
Par Benjamin Lancar
Jean de La Fontaine 2014
Le choix de l’Ena est avant
tout un choix de sens et
d’engagement qui est
tout à fait caractéristique
des aspirations de la
génération Y à laquelle
j’appartiens. De plus, faire
l’Ena, c’est faire le choix
d’un épanouissement
personnel certain.
36
/ septembre 2015 / n°454
our le fils de rapatriés d’Algérie et de
Tunisie que je suis, faire l’Ena constituait
un rêve pour ce que l’Ena symbolise de la
méritocratie républicaine. Bien entendu,
cet argument peut et doit être nuancé. Pour
autant, on aurait tort d’oublier que l’Ena
permet à quelque 80 élèves d’accéder à un
niveau inédit d’exigence et de responsabilité
par le biais d’un concours fondé sur le
mérite. Des biais peuvent exister et doivent
être corrigés mais, malgré ces défaillances,
à mes yeux, la République peut s’enorgueillir
de ses fondements méritocratiques. Si j’ai
fait l’Ena, c’est parce que j’ai cru dans ces
principes, que je me les suis approprié
et, surtout, que j’étais convaincu que
si mon travail se révélait suffisamment
efficace, j’aurais le droit d’accéder, non
à une nouvelle noblesse de robe, mais
à une formation qui a érigé le mérite en
principe fondateur. Faire l’Ena induisait
donc de croire en l’apport bénéfique de
cette École sur la fluidité de la constitution
des élites dans notre société. Et c’est donc
confiant dans ce système que j’ai entrepris
de préparer le concours quelle qu’ait pu
être la modestie de mes origines familiales.
Mais faire l’Ena, c’est aussi faire un
choix de carrière. L’excellence des
métiers proposés à la sortie, voire leur
prestige, ne peut, à elle seule, justifier
les sacrifices que suggèrent la préparation
du concours et la scolarité. Le choix
de l’Ena est donc avant tout un choix
de sens et d’engagement qui est tout à
fait caractéristique des aspirations de
la génération Y à laquelle j’appartiens.
Faire l’Ena aujourd’hui, c’est accepter
certaines sujétions, certes, mais c’est
aussi et surtout faire le choix de métiers
qui nous accomplissent par la portée
et le sens qu’ils induisent. Au cours de
mes stages comme depuis ma prise de
fonctions, j’ai noté combien le secteur
public parvenait, encore aujourd’hui,
à attirer des personnalités diverses et
enthousiastes de servir le peuple et les
institutions de la République. Je suis
heureux, aujourd’hui, de partager cet
enthousiasme et cette fierté.
De plus, faire l’Ena, c’est faire le choix
d’un épanouissement personnel certain.
Et ce qu’il y a de plus beau est que
cet épanouissement ne me semble pas
égoïste mais s’inscrit dans une démarche
collective. De la préparation à la scolarité
à l’Ena, un élève n’est que très rarement
seul. J’ai passé 2 ans intenses au sein de
la promotion Jean de La Fontaine, et j’y
ai rencontré des amis et des camarades
au fil de tranches de vie mémorables pour
tout jeune adulte. En dépit des difficultés
inhérentes à toute expérience humaine,
chaque élève de l’Ena témoignerait ici,
mieux que moi, de ce qu’est une vie de
promo.
En rejoignant l’Ena, j’ai, enfin, fait le
choix après quatre années d’engagement
politique, d’enrichir mon parcours en
appréhendant le fonctionnement de
l’administration. Ces deux expériences,
différentes par leur nature et leurs
finalités, me semblent complémentaires et
susceptibles de s’enrichir mutuellement,
même si le sens que j’ai emprunté n’est
pas le plus courant !
Entre devenirs professionnel et personnel,
étudier à l’Ena constitue une véritable
source d’accomplissement durable. Ce
n’était pas le but initial des fondateurs
de l’École, cer tes. En revanche,
l’énergie et le souffle tirés de ces années
strasbourgeoises demeurent des atouts
pour faire de nous des agents publics
engagés et courageux. Et ainsi boucler
la boucle en répondant à la question :
pourquoi l’Ena a-t-elle voulu de nous ?■