Fiches techniques des bois d`intérêt écologique sur le territoire de la

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Fiches techniques des bois d`intérêt écologique sur le territoire de la
Fiches techniques des bois d’intérêt écologique
sur le territoire de la Communauté Métropolitaine de Montréal
Bois validés sur le terrain en 2002
Bois de la colline à l’île Perrot (secteur nord-ouest)
No du plan RCI : CS-07-01
Municipalités : L’Île Perrot, Notre-Dame-de-L’Île-Perrot et Pincourt
1. Localisation et délimitation du bois
Ce bois couvre les collines situées dans la partie ouest de l’île Perrot. Il est délimité par le boulevard DonQuichotte, au nord, le boulevard Perrot, au sud, l’avenue du Grand Boulevard, à l’ouest, et à l’est par les
terres agricoles.
Il touche à trois des quatre municipalités de l’île (L’Île Perrot, Notre-Dame-de-L’Île-Perrot et Pincourt).
La proportion du bois se trouvant dans les limites de la municipalité de l’île Perrot est la moins importante
(moins de 10 % du bois).
Près des deux tiers du bois ont été visités au cours de l’été 2002 (juillet). En fait, seule la partie sud-ouest
n’a pas été échantillonnée. Cette section a cependant été analysée à l’aide des orthophotos de 1999 et des
cartes écoforestières de 1994 produites par le ministère des Ressources naturelles du Québec (MRN). La
limite du bois est présentée à la fin de cette fiche et correspond à la zone optimale de conservation.
2. Données de base sur le bois
Superficie du bois: 534,63 hectares
Superficie du bois protégé par le RCI (hectares) : 242,6 hectares
Pourcentage zoné agricole : 35 %
Valeur à l’hectare en milieu agricole selon le rôle d’évaluation : 5 000$/ha
Valeur à l’hectare en zone blanche selon le rôle d’évaluation : 40 000$/ha
3. Caractéristiques écologiques du bois
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Ce bois est constitué surtout de peuplements feuillus matures. Ces derniers occupent plus de 60 %
de l’espace forestier et sont représentés principalement par les érablières.
On y retrouve une grande diversité de peuplements forestiers. Le bois se compose de plusieurs
types d’érablières (érablière sucrière à chêne rouge, érablière sucrière à frêne d’Amérique,
érablière sucrière à hêtre, érablières rouges), de frênaies (frênaies d’Amérique et frênaies rouges),
de chênaies (chênaie rouge à pruche et chênaie rouge à pin blanc) et de petites prucheraies.
Érablière sucrière à hêtre mature sur le versant nord
de la colline.
Érablière sucrière à hêtre centenaire dans la
partie sud du bois.
Érablière sucrière à chêne rouge mature sur le
versant nord de la colline.
La trille rouge, une plante typique des
érablières sucrières.
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La partie sud-est du bois est la plus jeune (à l’intérieur des limites de Notre-Dame-de-L’ÎlePerrot) et se caractérise par un réseau important de tourbières à sphaignes et à cassandre caliculé
(une plante de la famille des éricacées) se développant dans les cuvettes de grès de Postdam (zone
en rouge dans la figure ci-dessous). Ces types de tourbières se retrouvent que dans cette partie de
l’île Perrot (caractère d’unicité). Ce réseau de tourbières est entouré de peuplement mixte dominé
par le chêne rouge, la pruche et le pin blanc. La présence de ces peuplements mixtes apporte un
élément de diversité intéressante à cette forêt (au niveau floristique et faunique). Le grand pic, une
espèce peu commune, recherchant les grands massifs boisés les fréquente.
Dans la partie nord du bois, on observe un réseau de milieux humides constitués de marécages
(érablières argentées) et de marais à cypéracées. Ils constituent des habitats d’intérêt pour la
salamandre à quatre doigts (espèce susceptible d’être désignée menacée ou vulnérable), la
couleuvre à collier et la couleuvre tachetée (espèces relativement rares) et plusieurs espèces
d’anoures (notamment la grenouille des bois, la grenouille léopard et le crapaud d’Amérique).
La partie sud-ouest du bois comprend également des milieux humides constitués de marais, étangs
et marécages.
Les marais et les marécages répertoriés
correspondent aux polygones oranges.
La zone de tourbières à sphaignes et à éricacées
(polygone rouge) se développant dans les cuvettes de
grès de Postdam.
Petite tourbière à sphaignes et à éricacées dans une
cuvette la zone de grès de Postdam.
La fougère Woodwardie de Virginie.
4. Activités humaines
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Cet espace forestier est menacé par les projets de développement domiciliaire et un golf, surtout
les parties nord et sud-ouest qui se trouvent dans la municipalité de Pincourt. La ville de Pincourt
est propriétaire de la partie nord du bois.
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Le bois est accessible à partir de plusieurs entrées par le réseau routier local et le corridor
électrique.
On note la présence de plusieurs sentiers à usages multiples (ski de fond, randonnée pédestre,
bicyclette et motoneige).
Une coupe à blanc a été faite dans un corridor d’environ 50 m de largeur sur le versant nord de la
colline pour l’implantation d’un futur boulevard à partir de la 5e avenue.
Coupe dans le versant nord du bois pour l’implantation
d’un boulevard.
5. Évaluation des 3 critères d’analyse pour la sélection des bois
L’évaluation ci-dessous porte sur les deux tiers du bois qui ont été validés sur le terrain.
Critères utilisés
par le Comité interministériel
Concordance des critères avec la
validation sur le terrain
Critère 1
Âge des peuplements
5 %
Critère 2
Diversité des peuplements
100 %
Critère 3
Variété des habitats
5 %
La validation sur le terrain nous a permis de constater que les données utilisées par le comité
interministériel pour ce bois sont peu fiables pour les critères concernant l’âge des peuplements forestiers
et la variété des habitats. Les données du comité indiquent que ce bois comprendrait seulement 2
peuplements matures alors que 50 % des polygones des peuplements forestiers (17 sur 35) sont matures et
correspondent à des peuplements de plus de 70 ans. Ces peuplements correspondent sur les cartes
écoforestières à des peuplements jeunes inéquiens (Jin) avec des indices de densité/hauteur A2 et B2.
De plus, la base de données du comité interministériel ne fait pas mention de la présence de milieux
humides et de cours d’eau dans ce bois. Or, on a identifié un nombre important de marais et de marécages
ainsi qu’une zone de tourbières. Ces milieux offrent une grande variété d’habitats pour la faune. Les petits
cours d’eau de la partie sud-est du bois ne sont pas indiqués dans les données du comité.
Le critère diversité des peuplements est exact puisque le bois se compose d’au moins une dizaine de
peuplements forestiers distincts.
6. Commentaires spécifiques sur le bois
1. L’importance des milieux humides et des peuplements matures dans ce bois est beaucoup plus
accentuée que ne le laissait voir l’analyse cartographique du comité interministériel. En intégrant
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ces nouvelles connaissances, on constate que ce bois possède globalement une valeur écologique
très élevée car l’ensemble des polygones forestiers répondent à 2 ou 3 critères écologiques.
2. Tel que proposé, le projet de règlement de contrôle intérimaire (RCI) permettrait de préserver
45% du bois. La partie du bois protégée par ce règlement comprend une section de la zone de
tourbière, mais n’inclue pas les érablières matures du versant nord et les milieux humides de ce
secteur ainsi que les peuplements matures.
3. Il serait souhaitable que ce bois soit relié par un corridor vert aux autres bois sur l’île.
4. Le bois de la colline est le plus important en superficie (plus de 500 hectares) de l’île Perrot et le
plus diversifié.
Note : Ce document a été réalisé par le Secrétariat métropolitain de mise en valeur des espaces bleus et verts, avec la collaboration
de M. Claude Thiffault, consultant en environnement.
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