guide du visiteur - Museum aan de Stroom

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guide du visiteur
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BODY ART / MAS
Homme dassanech
Éthiopie, 1994
© MRAC, Tervuren (Photographe: Yvan Houtteman)
BODY ART / MAS
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Body Art
Notre corps est bien plus qu’une simple donnée biologique. Il sert
également de moyen de communication. Les ornementations cutanées
sont ainsi, entre autres, d’excellents messagers.
Le corps et ses atours révèlent qui on est et comment on se situe dans
le monde. Ce monde codétermine aussi l’apparence de l’ornementation.
Des influences multiples se mêlent aux critères de beauté personnels, au
souvenir, à la spiritualité…
Cette exposition est consacrée aux ornementations corporelles :
tatouages, déformations crâniennes, scarifications, implants… Pourquoi
les gens modifient-ils leur corps ? Les concepteurs de Body Art citent six
raisons. Une chose est certaine, c’est que toute personne décorée cherche
à exprimer une identité propre. Et ce besoin se cache sous la peau de
chacun d’entre nous.
Intro
Film : Go Beyond the Cover
Avec Rick Genest, alias Zombie Boy
Dermablend des Laboratoires Vichy, 2011
Durée : 3 minutes
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BODY ART / MAS
CRITIQUE DE SOCIÉTÉ
L’artiste française ORLAN exerce sa critique de la société en transformant
son propre corps en objet d’art. Elle fut la première à utiliser la
chirurgie comme moyen artistique pour entamer le débat à propos de la
malléabilité du corps.
La série Self-hybridations traite d’images stéréotypées de la beauté dans
différentes cultures et du prix que les gens paient pour répondre à ces
normes. Avec son visage chirurgicalement adapté, ORLAN crée un lien
entre les idéaux de beauté d’hier et d’aujourd’hui. L’ironie réside dans les
implants sous-cutanés à hauteur des tempes : ils contredisent justement
les conceptions dominantes de la beauté.
1. Refigurations/Self-hybridations : précolombienne
Éditions n°8, n°2, n° 35
ORLAN
Photos cibachrome
1998
Prêt de la galerie Michel Rein, Paris
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BODY ART / MAS
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1 L’INDIVIDU
La peau peut servir de support pour concrétiser les expériences de
vie. Les êtres humains aiment ainsi immortaliser un souvenir, exprimer
leur amour, rendre hommage à un évènement ou à une personne. Ou ils
traduisent un trait de caractère ou une fascination par un tatouage ou un
piercing. Ils personnalisent de cette façon leur corps.
L’inspiration vient de partout : les ‘tatouages tribaux’ (Tribals), comme les
symboles maoris, sont très populaires en Europe. Tandis que les jeunes
Maoris privilégient pour leur part les tatouages occidentaux traditionnels :
ancres, motifs floraux, têtes de mort, papillons… Les deux témoignent d’un
désir d’authenticité.
Dans nos contrées, les gens choisissent généralement eux-mêmes leur
ornementation corporelle – le nom d’un être aimé, une hirondelle, etc.
– mais dans certaines autres cultures, ce sont principalement les autres
qui caractérisent une personne. D’une manière générale, on peut dire
que toute ornementation raconte une histoire personnelle. C’est un peu
comme un journal intime.
HISTOIRE DE VIE
Les ornementations corporelles vous rendent reconnaissable en tant
que membre d’un groupe. Elles montrent à la fois qui vous êtes et
ce que vous avez vécu. En Polynésie, chez les Maoris de NouvelleZélande, par exemple, l’histoire de vie et la personnalité d’un individu
sont représentées en concertation avec la communauté. Les symboles
correspondants sont ensuite tatoués. Un chien volant ou une ligne
noire racontent ainsi votre histoire, votre caractère et le lien que vous
entretenez avec votre culture et votre famille.
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BODY ART / MAS
2. Massue avec motifs de tatouage
Îles Marquises, Polynésie
Bois
Début du XXe siècle ( ?)
Acquisition : M.L.J. Lemaire, 1960
MAS, Anvers (AE. 1960.0034.0002)
3. Statuette d’ancêtre avec ornementations
personnelles
Nouvelle-Zélande
Bois, pigment
Milieu du XXe siècle
Acquisition : Edgar Beer, 1956
MAS, Anvers (AE.1956.0004)
Cette statuette était accrochée à la paroi ou à un pilier d’une maison
(Culture) Maori, Arawa, Baie de l’Abondance,
2
de rencontre cérémonielle. L’ornementation du visage correspond
au véritable tatouage de l’ancêtre en question. La signification des
tatouages maoris dépend de la combinaison de symboles. Le statut
de la personne tatouée est également important : homme ou femme,
jeune ou âgé, prêtre ou autre autorité publique.
4.Tatouages pe’a des Samoans
Nouvelle-Zélande, 2004
Photo : Glenn Jowitt
Le pe’a se réfère à un petit motif triangulaire représentant un chien
volant, qui est un symbole protecteur. Les tatouages sur le bas du
corps traduisent la force spécifique, le statut et l’histoire personnelle
de ces hommes. Ils ont tous leur propre pe’a.
BODY ART / MAS
5. Vic Taurewa Biddle
(Culture) Maori, Nouvelle-Zélande, 2007
Photo : Clayton Cubitt
Les mokos ou tatouages faciaux de Taurewa sont liés à la forme de
son visage, à ses expériences de vie et à son ascendance familiale.
Ils témoignent de son identité maorie et symbolisent la beauté et la
force.
6.
Film : Matricule de camp, pour ne pas oublier
Durée : environ 3,5 minutes
Pendant la Seconde Guerre mondiale, Abramo Nacson a survécu
Fragment de : Numbered, Uriel Sinai et Dana Doron, Israël, 2014
à l’horreur des camps de concentration allemands. Dans ce
fragment de film, son petit-fils montre le numéro de matricule
de son grand-père. Il l’a tatoué sur son propre bras, pour lui
rendre hommage.
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BODY ART / MAS
2 LE GROUPE
Chacun de nous fait partie de plusieurs groupes. Des caractéristiques
telles que le sexe, l’âge ou la classe sociale, mais aussi le travail, les
goûts et les loisirs nous lient à d’autres personnes. L’apparence indique
également de manière visible à quel groupe on appartient. Et par
conséquent aussi celui ou ceux dont on ne fait pas partie.
Depuis la nuit des temps, les humains marquent leur peau pour
manifester leur identité sociale. En Afrique, les enfants avaient des
scarifications ornementales sur le visage; aux États-Unis, certains
étudiants se font graver le signe distinctif de leur fraternité. Jadis, les
marins et les soldats se tatouaient entre eux ; de nos jours, les supporters
de foot se peignent aux couleurs de leur équipe favorite.
Certaines jeunes femmes japonaises, adeptes de la culture Ganguro, ont
des cheveux blancs ou argentés, une peau très basanée, ainsi que le
maquillage et les tenues vestimentaires y afférents.
INITIATION
Lors de leur initiation, le passage à l’âge adulte, des motifs spéciaux sont
peints sur le visage des enfants Carajá d’Amazonie. L’instruction des filles
se fait à l’aide de jouets en terre cuite. Les figurines représentent des
situations de la vie adulte : la préparation de la nourriture, l’agriculture et
la chasse, mais aussi le sexe.
BODY ART / MAS
7. Garçon prêt à recevoir
l’enseignement
(Culture) Carajá, Amazonie, Brésil
Fin du XXe siècle
© Musée des Cultures, Bâle
(TM-M-2566)
8.Poupées
7
(Culture) Carajá, Amazonie, Brésil
Terre cuite
Avant 1960
Donation : C. Clercq, 1988
Prêt du Tropenmuseum Amsterdam
(TM-5202-3 et suivants, TM-2865-19
et suivants)
RECONNAISSABLE
Les Shipibo du Pérou se distinguent par leurs objets en terre cuite
et leurs peintures corporelles. Des objets tels que des tissus et des
cruches arborent les mêmes motifs que les personnes pendant certaines
cérémonies chamaniques spéciales. Sur des poteries précolombiennes du
Mexique, les peintures corporelles se référaient déjà à des motifs textiles
similaires.
De nos jours, on reconnaît dans les grandes villes japonaises les groupes
de jeunes à leur look spécifique. Ils protestent contre le concept
traditionnel de la beauté : la peau blanche, les cheveux noirs et le
maquillage neutre. Les Yamanbas portent des vêtements bariolés, des
extensions capillaires et un maquillage frappant.
9. Fashionista Yamamba
Japon, 2009
Photographe : Giovanni Merghetti
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BODY ART / MAS
10. Tissu
(Culture) Shipibo, Amazonie, Pérou
Textile
Fin du XXe siècle
Acquisition : Galerie Abras, 1979
Prêt du Tropenmuseum, Amsterdam (TM-4544-1)
11. Cruche
(Culture) Shipibo, Amazonie, Pérou
Terre cuite
Fin du XXe siècle.
Acquisition : M. v. Garrel, 1986
Prêt du Tropenmuseum, Amsterdam (TM-5074-3)
12. Figurine féminine peinte
Région de Chupicuaro, Mexique
Terre cuite peinte
500 avant J.-C.
Donation : Amis du Musée ethnographique d’Anvers, 1994
MAS, Anvers (AE.1994.0003.0005)
La peinture géométrique de cette figurine féminine
au crâne allongé se réfère aux motifs textiles.
13. Fillette peinte à l’occasion d’une fête
(Culture) Shipibo, Amazonie, Pérou, 2010
Photographe : Gregg Woodward
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BODY ART / MAS
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ÉLITE
À Malakula, une île de l’archipel du Vanuatu dans le Pacifique Sud, les
membres des sociétés d’hommes arborent lors d’évènements importants
leur propre peinture corporelle spécifique. Ce sont ces sociétés qui
déterminent la vie sociale et la vie rituelle au sein de la communauté.
Leurs membres ambitionnent continuellement
d’atteindre un statut plus élevé. Leur peinture
corporelle en est l’expression.
14. Figurine d’ancêtre puissant
Malakula, Vanuatu, Pacifique Sud
Fougère arborescente
Première moitié du XXe siècle
Acquisition : J. Polak, 2009
Prêt du Tropenmuseum, Amsterdam (TM-6348-1)
HOMME/FEMME
Le fait que seul le lobe de l’oreille droite
présente une ornementation indique que cette
statuette représente un homme. Les femmes
avaient les deux lobes d’oreille percés.
Les perçages d’oreille soulignent donc la différence
entre les hommes et les femmes. Le poids de la
boucle d’oreille en or révèle un statut élevé.
15. Figurine d’ancêtre à lourde et longue boucle d’oreille
Île Nias, Indonésie
Bois, or
Première moitié du XXe siècle
Acquisition : Émile Delataille, 1947
MAS, Anvers (AE.1974.0058)
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BODY ART / MAS
LOUPS DE MER ET PRINCESSES
Dans le passé en Occident, les tatouages étaient principalement liés à
des groupes bien déterminés. Les matelots, les soldats, les criminels :
leurs ornementations corporelles montraient qui ils étaient et le rang
qu'ils occupaient au sein du groupe. Bien qu’il y avait des tatoueurs
professionnels ambulants, le travail d’amateur était très présent.
Un fait surprenant est que, vers la fin du XIXe siècle, les tatouages se
retrouvent aussi dans les plus hautes classes sociales, même parmi les
membres des maisons royales. La princesse française Marie d’Orléans,
qui avait épousé le prince danois Waldemar, se fit ainsi tatouer une ancre
sur le haut du bras pour marquer son engagement à l’égard de son mari,
passionné de navigation en mer.
16. Projection de photos : Loups de mer et princesses
>
Soldat de la Légion étrangère française (1)
>
Marin écoutant la radio sur la plage de Coney Island à
New York (2)
1908, photographe inconnu, © Art Media/print Collector/Getty Images
1943-1944, photographe : Weegee (Arthur Fellig), © International Center
of Photography/Getty Images
>
Prisonnier (3)
environ 1950, photographe : Robert Doisneau, © Gamma-Rapho/Getty
Images
>
Femmes en service militaire, avec tatouages de l’artiste
tatoueuse Jessie Knight (4)
1951, photographe : Haywood Magee, © Picture Post/Getty Images
>
Quatre cuisiniers du croiseur HMS Belfast , montrent leurs tatouages (5)
1961, photographe inconnu, © Central Press/Getty Images
BODY ART / MAS
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17. Princesse Marie de Bourbon
d’Orléans (1865-1909), avec tatouage
1907
Photographe inconnu
© Illustrated London News Ltd/Mary
Evans
18. Fierté nationale pendant le match
de la Coupe du monde de football
Ghana-Uruguay
Johannesburg, Afrique du Sud, 2010
© BPI / ISI / Polaris
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GANGSTERS
« Yakuza » est un nom collectif désignant des organisations criminelles
d’origine japonaise. Ces dernières ont des codes d’honneur très stricts et
une structure hiérarchique dans laquelle un jeune a un devoir de fidélité
et de loyauté envers ses aînés. Beaucoup de leurs membres arborent un
bodysuit (irezumi) : un tatouage japonais qui crée sur le corps une sorte
de costume à même la peau, laissant vierges le cou, la tête, les mains,
les pieds et une bande centrale au milieu du torse. Ils dissimulent ainsi
au reste du monde leur adhésion à une telle organisation. Les motifs
représentés sont souvent de courageux guerriers de grandes épopées.
Nombreux sont les Yakuzas qui se font tatouer leur bodysuit par Horiyoshi
III (°1946), un maître tatoueur japonais de renommée mondiale. Ses
tatouages s'inspirent, entre autres, des estampes japonaises du Suikoden,
qui relatent les exploits de courageux héros tatoués d’un récit chinois.
14
BODY ART / MAS
19. Projection de photos : Bodysuits Yakuzas
Certains tatouages figurant sur ces dos se retrouvent sur des
estampes japonaises, comme Rôri Hakuchô Chôjun (1) et Kaoshô
Rochishin (2). La femme armée d’un poignard représente la
princesse Tamatori. Elle symbolise l’abnégation et le sacrifice
de soi, qui sont des valeurs importantes pour les Yakuzas (3).
Le tatoueur sur la photo est le célèbre Horiyoshi III (4). C’est
lui qui a tatoué les motifs de fleurs de cerisier sur le dos d’un
membre des Yakuza (5). Le tatouage manuel, tebori, est encore
couramment pratiqué (6).
>
>
Rôri Hakuchô Chôjun
Japon, 2005
Photographe : Andri Pol
Kaoshô Rochishin (2)
Japon, 2010
Photographe : Alex Reinke
>
Princesse Tamatori armée
d'un poignard
Japon, 2005
Photographe : Andri Pol
>
Tatoueur Horiyoshi III (4)
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Japon, 2009
Photographe : Matti Sedholm
>
Tatouage avec des fleurs de cerisier d’un héros du Suikoden (5)
Photographe : Matti Sedholm
>
Pratique de l’art du tatouage manuel (tebori) (6)
Photographe : Andri Pol
Japon, 2009
Japon, 2005
BODY ART / MAS
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Estampes inspirées de héros chinois
Ces estampes font partie de la série Au bord de l’eau. Cent huit héros
populaires du Suikoden. Il s’agit d’un roman chinois datant du XIVe siècle
et dont la traduction est devenue populaire au Japon au courant du XVIIe
siècle. Les différents personnages sont couverts de riches tatouages
représentant des dragons, des tigres, des lions et des serpents. Parmi
les autres symboles, plus paisibles (non représentés ici) qui étaient
également utilisés, on trouve des poissons, des fleurs et mêmes des
bâtiments.
20. Kyumonryu Shishin et Chokanko Chintatsu
Utagawa Kuniyoshi (1798-1861)
Japon
Xylographie
(environ 1827-1830)
Prêt des Musées royaux d’Art et d’Histoire, Bruxelles (2098)
Le héros combattant Shishin, dont le torse est orné d’un tatouage
représentant des dragons et des flammes, abat Chintatsu.
21. Bokuten’o Rio
Utagawa Kuniyoshi (1798-1861)
Japon
Xylographie
(environ 1827-1830)
Prêt des Musées royaux d’Art et d’Histoire, Bruxelles (2101)
Combat nocturne de Bokukô et Riô. Le dragon est un thème récurrent
dans les légendes japonaises. En tant que dieu de la mer, il est le
maître de la pluie et des vents de tempête. C’est un être ambivalent,
à la fois bienveillant et terrifiant.
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BODY ART / MAS
RICHESSE ET STATUT
Tous ces ornements – labiaux, auriculaires et nasaux – permettent de
voir de prime abord le statut de la personne qui les porte. Il va de soi
qu’un rang social élevé requiert un matériau rare : l’or est très prisé dans
le monde entier. Un stylisme raffiné contribue également à la valeur de
l’ornement – et valorise donc le statut de leur propriétaire. Pour élargir
le trou percé, on utilise des bijoux toujours plus volumineux. Leur taille
accroît proportionnellement le prestige.
Dans l’ancien Mexique, lorsqu’une personne perdait ses bijoux, elle
perdait en même temps son statut. Les prisonniers devaient ainsi, en
signe de soumission, échanger leurs ornements auriculaires contre des
matériaux exempts de valeur, comme le papier et la corde.
22. Ornement auriculaire raffiné
(Culture) Kenyah-Dayak, Bornéo, Indonésie
Corne
Début du XXe siècle
Acquisition : A.M. Sierevelt, 1928
Prêt du Tropenmuseum, Amsterdam (TM-444-2)
23. Homme portant un ornement auriculaire raffiné
(Culture) Kenyah-Dayak, Bornéo, Indonésie
Fin du XIXe siècle
Photographe inconnu
Donation de : H.J.T. Bijlmer
Prêt du Tropenmuseum, Amsterdam (TM-10005827)
24. Ornement auriculaire
Sumba, Polynésie
Or; début du XXe siècle
Legs : Liefkes, 2011
Prêt du Museum Volkenkunde, Leiden (Liefkes-334)
BODY ART / MAS
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25. Grand ornement auriculaire
(Culture) Karo-Batak, Sumatra, Indonésie
Laiton
Milieu du XXe siècle
Donation de : l’Institut Batak, 1920
Prêt du Tropenmuseum, Amsterdam (TM-114-26)
26. Femme avec foulard et grands
ornements auriculaires
(Culture) Karo-Batak, Sumatra,
Indonésie
1915-1925
Photographe inconnu
Prêt du Tropenmuseum, Amsterdam (TM6001220)
27. Femme avec plateau labial
26
Afrique centrale
1929-1937
Photographe : Casimir Zagourski
Prêt du Tropenmuseum, Amsterdam (TM60047922)
28. Masque avec ornement labial
Jenna Cass, (culture) Haida, Canada
Bois
Milieu du XIXe siècle
Transfert : Cabinet royal des Raretés, 1883
Prêt du Museum Volkenkunde, Leiden (RV-360-5169)
29. Ornements labiaux valorisant le statut
Éthiopie
Céramique
XXe siècle
Acquisition : Galerie de Ruijter van Santen, 2005
Prêt de l’Afrika Museum, Berg en Dal (AM-655-15, -160)
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BODY ART / MAS
30. Anneaux d’oreille, comme ceux que porte Purei
(Culture) Kenyah-Dayak, Bornéo, Indonésie
Laiton
Milieu du XIXe siècle
Acquisition : S.W. Tromp, 1887
Prêt du Museum Volkenkunde, Leiden (RV-614-98)
31. Portrait de Purei, 96 ans
(Culture) Kenyah-Dayak, Bornéo, Indonésie, 2006
Photographe : Harjono Djoyobisono
32. Figurine d’une femme noble avec ses ornements
Bali, Indonésie
Bois, or, feuille de palme
Fin du XIXe siècle
Donation de : J.W. Ijzerman, Artis, 1921
Acquisition : O. Sayers-Stern, 1950
Prêt du Tropenmuseum, Amsterdam (TM-118-11 ; TM-A-5768a/b ; TM-80973a/b).
Lorsqu’il n’y avait pas d’occasion particulière, les femmes inséraient
des feuilles de palme enroulées dans les trous de leurs lobes
d’oreille, afin de les maintenir ouverts.
33. Série de labrets pour lèvre inférieure
(Cultures) Aztèque-Mixtèque-Zapotèque, Mexique
Obsidienne, or, cristal
1450-1521
Collection Paul et Dora Janssen-Arts
Prêt de la Communauté flamande (MAS.IB.2010.017.062.09-10)
34. Série de jauges d’oreille en forme de tête de perroquet
(Culture) Maya, centre du Guatemala
Jade, coquillage
250-900
BODY ART / MAS
Collection Paul et Dora Janssen-Arts
Prêt de la Communauté flamande (MAS. IB.2010.017.079 1-2/2)
35. Série d’ornements auriculaires
(Culture) Wari, Pérou
Coquillage, différentes sortes de pierres
600-900
Collection Paul et Dora Janssen-Arts
Prêt de la Communauté flamande (MAS. IB.2010.017.301.1-2/2)
36. Ornement pectoral avec ornements nasaux et auriculaires
Panama
Or
400-900
Collection Paul et Dora Janssen-Arts
Prêt de la Communauté flamande (MAS.IB.2010.017.127)
37. Ornement nasal
(Culture) Tairona, Colombie
Alliage d’or
1000-1600
Acquisition : Borys Malkin, 1977
MAS, Anvers (AE.1977.0045)
L’ornement nasal qui cache la bouche évoque
le museau d’un jaguar.
38. Ornement nasal
(Culture) Tairona, Colombie
Alliage d’or
800-15
Acquisition : L. Hallemans, 1979
MAS, Anvers (AE.1979.0003)
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BODY ART / MAS
39. Ornement nasal représentant un tableau de chasse
(Culture) Moche, Pérou
Alliage d’or avec de l’argent
0-600
Collection Paul et Dora Janssen-Arts
Prêt de la Communauté flamande (MAS. IB.2010.017.290)
40. Offrande funéraire sous la forme d'une femme enceinte arborant des
scarifications et piercings
(Culture) Nayarit, Mexique
Terre cuite
250-100 avant J.-C.
Donation de : Missio, 2011
Prêt du Tropenmuseum, Amsterdam (TM-6424-105)
41. Ornements auriculaires de travailleurs européens : menuisier, ouvrier
couvreur et maçon
Europe
Métal précieux
XXIe siècle
MAS, Anvers
42. Figurine de femme avec piercings nasaux
(Culture) Tolita-Tumaco, zone frontalière entre l'Équateur et la Colombie
Terre cuite
600 av. J.-C. - 400 apr. J.-C.
Collection Paul et Dora Janssen-Arts
Prêt de la Communauté flamande (MAS. IB.2010.017.254)
43. Figurine de femme avec boutons d’oreille massifs en or
Bali
Bois, alliage d’or, peinture
XIXe siècle
Donation : Société du Musée de Géographie et d’Ethnologie
Prêt du Tropenmuseum, Amsterdam (TM-4154-1)
BODY ART / MAS
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TRADITION ET CHANGEMENT
Outre les tatouages et les piercings, les scarifications ornementales
constituent également un phénomène mondial.
En Allemagne, un visage balafré indiquait que l’on appartenait à une
certaine association d’étudiants. Les membres de quelques associations
d’étudiants afro-américains établissent un lien avec leurs origines
africaines par la cicatrice d’un marquage au fer rouge. Alors qu’en Afrique,
les jeunes et plusieurs autorités estiment que ces marquages prouvant
l’appartenance à un groupe ne conviennent plus à notre époque.
Certaines statuettes africaines présentent des motifs identiques à ceux
que l'on retrouve sur la peau humaine. Ils racontent à quel groupe de
population la personne appartient, quel est son statut, si elle mariée…
44. Projection de photos : Hââbré, the last generation
Abidjan, Côte d’Ivoire
2013-2014
Photographe : Joana Choumali
La disparition progressive du Hââbré, la pratique de la
scarification, est due au fait que l'on se distancie de la tradition,
entre autres, en raison de la mondialisation et aussi parce
que les gouvernements l’interdisent. Les photos montrent des
personnes dont l’identité est encore inscrite sur leur visage.
45. Figurine arborant des scarifications ornementales sur le ventre
(Culture) Mossi, Burkina Faso
Bois
XXe siècle
Acquisition : Johan Henau, 2006
MAS, Anvers (AE.2006.0031.0003)
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BODY ART / MAS
46. Figurine d’une mère avec son enfant,
où les scarifications accentuent la
féminité
Yombe/ Kongo, République démocratique
du Congo, Angola
Bois, glace polie, métal, perle
Fin du XIXe siècle
Acquisition : Henri Pareyn, 1920
MAS, Anvers (AE. 0555)
47. Chaise ayant la forme d’une ancêtre
arborant des scarifications
Atelier Kayumba, (culture) Luba,
République démocratique du Congo
46
Bois
Première moitié du XXe siècle
Acquisition : Bodes & Bode, 1964
Prêt de Afrika Museum, Berg en Dal
(AM-43-30)
48. Deux jeunes hommes avec scarifications faciales
(Culture) Sara, Afrique centrale
1929-1937
Photographe : Casimir Zagourski
Prêt du Tropenmuseum, Amsterdam (TM-60033953)
49. Masque (Gélèdé) avec scarifications faciales
(Culture) Yoruba, Nigéria
Bois
XXe siècle
Legs : Ady Van Deuren-Van Remoortere, 2003
MAS, Anvers (AE.2003.0010.0005)
BODY ART / MAS
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50. Adolf Hoffmann-Heyden, membre de l’organisation représentative
des étudiants Corps Silesia Breslau
Allemagne
aux environs de 1900
© Archiv Corps Silesia, Allemagne/Pologne
51. Bol cérémoniel gravé à usage alimentaire
Îles Salomon, Océan Pacifique
Bois
Première moitié du XXe siècle
Acquisition : G. Oudshoorn, 1973
Prêt du Tropenmuseum, Amsterdam (TM-4133-144a)
Ce bol extrêmement rare pourrait avoir été destiné aux cérémonies
de scarification ou de mariage. En Mélanésie, les filles n’étaient
nubiles que lorsqu’elles avaient des scarifications ornementales. Les
jeunes hommes avaient des scarifications pour accéder à un statut
plus élevé.
52. Membre marqué au fer rouge de la fraternité Epsilon Delta, de la
confrérie étudiante Omega Psi Phi
États-Unis, 2010
Photographe : Jarrad Henderson
53. Figurine féminine sur une chaise
(Culture) Sénoufo, Koroko, Côte d’Ivoire
Bois
Acquis sur place en 1938
Donation de : Albert Maesen, 1955
MAS, Anvers (AE.1955.0030.0020)
54. Figurine masculine, probablement un ancêtre
(Culture) Sénoufo, Côte d’Ivoire
Bois
Première moitié du XXe siècle
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BODY ART / MAS
Acquisition : G. Oudshoorn, 1973
Prêt du Tropenmuseum, Amsterdam (TM-4133-30)
55. Masque ventral avec scarifications symétriques en cire d’abeille
(Culture) Makonde, Tanzanie
Bois, cire d’abeille
XXe siècle
Acquisition : Hugo J. van Woerden, 2004
MAS, Anvers (AE.2004.0007.0001)
56. Statuette de femme, avec scarifications
(Culture) Dan/Wè, Côte d’Ivoire, Libéria
Laiton
XXe siècle
Acquisition : Margriet Olbrechts-Maurissens, 1977
MAS, Anvers (AE.1977.0037.0014)
56
BODY ART / MAS
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3 MONTRER
Une peau arborant des couleurs, des motifs et des piercings est pour
le moins impressionnante. Elle attire les regards : que ce soit lors d’un
combat, à l’occasion de fêtes telles qu’Halloween ou à plus forte raison
sur scène.
Cela fait des siècles que des artistes gagnent leur vie en décorant leur
corps. Grâce à l’enthousiasme et à la curiosité des spectateurs. En tant
que mode d’expression artistique, le body art ou art corporel a également
son public attitré. Le body painting (peinture corporelle) utilise le corps
comme support pour peindre une œuvre d’art. En dehors de cela, il y a
aussi des artistes contemporains qui utilisent leur propre corps pour faire
passer un message.
IMPRESSIONNER
Comme le faisaient probablement les Pictes écossais avant notre ère, les
Papous ornent, en temps de guerre, leur corps et leur visage. Le but était
d’inspirer autant de crainte que possible à l’ennemi. De nos jours, cette
tradition est perpétuée lors de festivals annuels qui font référence aux
danses guerrières.
L’objectif principal d’Halloween est également d'effrayer. Et pour les
lutteurs de sumo (sumotori), la devise est : plus on est gros et grand, plus
on est fort et impressionnant. Pour les adversaires et pour le public.
57. Ornement nasal
(Culture) Asmat, Papouasie-Nouvelle-Guinée
Coquillage, corde; XXe siècle
Acquisition : J. Hoogerbrugge, 1970
MAS, Anvers (AE.1970.0039.0037)
26
BODY ART / MAS
58. Ornement nasal
(Culture) Asmat, Papouasie-Nouvelle-Guinée
Dent de porc(?), os ; XXe siècle
Donation de : P.A. de Weerdt, 1973
MAS, Anvers (AE.1973.0026.0007)
59. Ornement nasal
(Culture) Asmat, Papouasie-Nouvelle-Guinée
Dent de porc(?); XXe siècle
Donation de : P.A. de Weerdt, 1973
MAS, Anvers (AE.1973.0026.0008)
60. Homme se préparant au combat pendant un Festival des Arts du Pacifique
à Samoa
Cordillère centrale, Papouasie-Nouvelle-Guinée, 1996
Photo : Glenn Jowitt (TM-M-2599)
61. Photo : Lutteurs de sumo
Séoul, Corée du Sud, 2014
Photo : Lee Jin-Man/AP Photo (TM-M-2592)
62. Enfants avec des déguisements effrayants pour Halloween
Photo : Patricia van Rietbergen, 2014
Nos remerciements à Isis et Jason van der Plas
63. Double masque avec ornements nasaux
(Culture) Sepik, Papouasie-Nouvelle-Guinée
Rotin, fibre, bois, raphia
Milieu du XXe siècle
Acquisition : Raw Material Processing Company, 1963
MAS, Anvers (AE.1963.0006.0010)
64. « Pictes » ornés
Artiste et année inconnus
Photo : Getty Images/Hulton Archive
BODY ART / MAS
27
ART DE LA PEINTURE
Dans le cadre de représentations théâtrales, d’expositions ou de
festivals, le corps peint est une œuvre d’art qui invite le regard à
s’y poser. Dans les danses indiennes classiques du Kathakali, le
maquillage détaillé révèle de surcroît les couleurs de la personnalité.
Le vert incarne un personnage noble et
courageux, doté toutefois d’un côté obscur.
65. The Human Flamingo
Gesine Marwedel, Allemagne, 2011
Photographe : Thomas van de Wall
66. Interprête peint du théâtre Kathakali
Inde, 2008
Photographe : Bob Krist/Corbis
DU PAIN SUR LA PLANCHE
65
Aux alentours des années 1900, les dames entièrement tatouées qui
se produisaient dans les cirques itinérants étaient au cœur d’histoires
passionnantes. Elles auraient été enlevées et tatouées de force, par
exemple, par de féroces Indiens du Far West américain. Bien que ces
histoires relèvent majoritairement de la fiction, elles ont fortement
contribué à faire valoir les artistes de cirque auprès de la classe moyenne
croissante. Considérées d’une part comme des « curiosités », les dames
tatouées offraient aussi de la sensation : elles se montraient en effet très
dévêtues à une époque où une cheville dénudée suffisait à provoquer un
frisson ! Pour ces dames, il s’agissait d’un gagne-pain.
28
BODY ART / MAS
67. Film : Artistes du sideshow
Fragments de : Sideshow. Les films d’ici, 2014
Montré dans le cadre de l’exposition Tatoueurs, Tatoués au Musée du
quai Branly, Paris
Avec : Capt. Don (Human Volcano), The Enigma, Katzen the Tiger Lady,
Lucky Diamond Rich et The Lizardman
Durée : 3,5 minutes
En remerciant :
Human Volcano : Alan Governar/Documentary Arts, 1977
Cirque Jim Rose avec The Enigma : C&P, Cirque Jim Rose, 1993
Katzen dans « The Puzzling World of The Enigma » : James Rewucki/
Absurd Machine Films, 2006
Lucky Diamond Rich - Most Tattooed Person : Guinness World Records,
2011. Musique : Simon Morant The Lizardman : Erik Sprague/William
Darbyshire, sound/1st A.D - J Oikarinen
68. Affiche avec l’artiste de cirque Annie Frank
Allemagne
Papier
1903
Collection de la Fondation des Archives du Cirque Jaap Best (copie)
69. De « curiosité » à tatoueuse : Irene « Bobby » Libarry
Imogen Cunningham, 1976
Collection Imogen Cunningham Trust
BODY ART / MAS
29
4 ORIGINALITÉ
Certaines personnes se sentent différentes et ressentent le besoin de se
présenter de façon originale. Le message est clair : me voici !
Les gens sont continuellement à la recherche de nouvelles manières de se
distinguer des autres : lobes d’oreilles étirés, langue fourchue, implants
sous-cutanés… Ce ne sont ici que quelques exemples.
Les ornementations corporelles peuvent également être une forme de
rébellion contre les normes et les règles établies. De jeunes Iraniens
portent ainsi fièrement leurs tatouages interdits par le régime. Il y a aussi
des personnes qui se font tatouer tout le corps, sans se préoccuper du fait
que cela diminue leurs chances de succès au sein de la société.
RÉBELLION
En Iran, les tatouages gagnent en popularité parmi les jeunes, et ce, en
dépit du fait que ce soit strictement interdit par le régime islamique. Les
tatoueurs se rendent au domicile de leurs clients ou travaillent en secret
dans certains salons de beauté. Se faire tatouer peut être considéré
comme un acte d'opposition aux autorités. En dehors de cela, le choix
d’un tatouage est généralement lié à un souci d’esthétique et au désir
d’exprimer sa personnalité.
70. Garçons iraniens montrant
leurs tatouages
Iran, 2006
Photographe : Morteza Nikoubazl
/ REUTERS
70
30
BODY ART / MAS
SE DIFFÉRENCIER DES AUTRES
Dans les années 1950, Ethel Granger figurait dans le Guinness Book
of Records comme la femme ayant la taille la plus fine officiellement
enregistrée: 33 centimètres. Elle portait également de grands ornements
auriculaires et nasaux (piercings). C’était sa façon de s’opposer aux
conceptions existantes relatives au corps.
Trois décennies plus tard, le mouvement des « primitifs modernes »
(Modern Primitives) renoue avec cette tendance. Les adeptes de ce
mouvement s’inspirent d’autres cultures pour embellir et défier leur corps.
Leur développement personnel passe par la douleur et l’entrée en transe.
Le fait qu’ils considèrent ces autres cultures comme étant « primitives » et
copient leurs usages significatifs rencontre beaucoup de critiques.
Avec sa scarification colorée en forme de cœur, l’homme sur la photo se
différencie aussi de son environnement en Papouasie. La Tattoo Barbie
visait à démontrer que les tatouages étaient entre-temps devenus aussi
incontournables que la poupée elle-même. Mais de nombreux parents ont
protesté, car ils la trouvaient trop marginale.
71. Belle et spéciale, Iska Ithil
Royaume-Uni, 2013
Photo : Ravenblakh Photography
72. Ethel Granger avec corset
Royaume-Uni
Milieu du XXe siècle
Photographe inconnu
J-C Creations
73. Jeune femme à bifurcation
71
linguale
Ukraine, 2009
Photographe : Andrey Demenyuk
BODY ART / MAS
74. Michael Armin arborant une scarification en forme de cœur
(Culture) Asmat, Papouasie-Nouvelle-Guinée, 2000
Photographe : Wim van Oijen
75. Implant crânien en métal de Samppa von Cyborg,
une autorité dans le monde des modifications corporelles
Photographe : Regis Hertrich
Allemagne, 2005
76. Série de jauges d’oreille contemporaines
Europe
Pyrex, corne, métal
XXIe siècle
Acquisition : TekTik Tattoo, Roxy, Anvers, 2015
MAS, Anvers (MAS.00156.005-006-007)
Des anneaux et des jauges toujours plus grands étirent
progressivement les lobes d’oreille.
77. Série d'implants transdermiques
Europe
Métal, verre
XXIe siècle
Acquisition : TekTik Tattoo, Roxy, Anvers, 2015
MAS, Anvers (MAS. 0156.003-004)
Des implants transdermiques sont des ornements dont la base est
sous la peau et dont le corps ouvre un passage à l’extérieur. Un
pas de vis interne permet d’y adapter divers accessoires. Il existe
également des formes en silicone (p. ex., des seins en silicone), qui
sont fixées sous la peau.
78. Paire d’ornements nasaux
Europe
Métal, verre
31
32
BODY ART / MAS
XXIe siècle
Acquisition : TekTik Tattoo, Roxy Anvers, 2015
MAS, Anvers (MAS.0156.009-010)
Le petit anneau traverse l’os nasal.
79. Bananes nombril
Europe
XXIe siècle
Acquisition : TekTik Tattoo, Roxy Anvers, 2015
MAS, Anvers (MAS.0156.008)
De petites bananes en métal ornent le nombril.
80. Barbie Tokidoki avec tatouages
Italie
Plastique
2011
Prêt du Tropenmuseum, Amsterdam (R-2555)
81. La scarification colorée de Michael Armin
(Culture) Asmat, Papouasie-Nouvelle-Guinée, 2000
Photographe : Wim van Oijen
82. Film : Make-up tutorial, Iska Ithil
Film : Iska Ithil. Royaume-Uni, 2012
Musique : Lay You Down and Rubadub (DoneKnow) de The Skints
83. Scarification ornementale (« scar ») contemporaine
Wayde Dunn, Minneapolis, États-Unis, 2014
Photo : Alex Butterfield
BODY ART / MAS
33
5 BEAUTÉ
La beauté est dans les yeux de celui qui regarde. Le spectateur détermine
lui-même ce qu’il ou elle trouve beau. Mais chaque culture et chaque
époque ont également leurs propres opinions sur ce qui est beau et ce qui
ne l’est pas. Ces idéaux de beauté codéterminent la façon dont les gens
s’exposent au monde extérieur.
De nos jours, beaucoup de femmes se maquillent de la même manière.
La chirurgie esthétique s’appuie également sur une norme mondiale. En
dehors de cela, il existe aussi des critères locaux de beauté.
Alors que de nombreuses cultures estiment que les cicatrices doivent être
dissimulées, ces dernières représentent un idéal traditionnel en Afrique et
en Océanie. Il fut un temps où les Chinois adoraient les pieds dits de lotus.
Les pieds des petites filles étaient alors déformés et bandés de façon à les
garder aussi petits que possible. Les Huns utilisaient la même technique
pour déformer leur crâne.
DÉFIGURER
Dans le nord-est de l’Inde, les femmes Apatani étaient renommées
pour leur beauté. Les guerriers des peuples voisins procédaient très
régulièrement à des enlèvements. On raconte que les hommes Apatani
tatouaient leurs femmes pour leur éviter d’être enlevées. Sous l’influence
du christianisme, la paix avec les peuples voisins a mis fin dans les années
1970 à ces pratiques d’enlaidissement incluant des tatouages faciaux et
l’insertion de pastilles en bois appelées dat dans les ailes du nez, qui
dissimulaient partiellement leur visage. On raconte une histoire similaire
concernant les femmes Chin au Myanmar (Birmanie).
34
BODY ART / MAS
84. Femme arborant des tatouages
censés dissimuler sa beauté
(Culture) Apatani, Inde, 2009
Photographe : Christo Geoghegan
84
85. Film : Tatouages faciaux protecteurs chez les Chin
Fragment de : A visit to the Chin tribal villages near Mrauk U. Jay
Tindall/Remote Lands
(Culture) Chin, Myanmar, 2012
Durée : 3 minutes
BEAUTÉS CACHÉES
De nombreuses ornementations corporelles sont destinées à demeurer
secrètes. Elles n'apparaissent qu'au moment du déshabillage. L’époux
de la reine britannique Victoria aurait eu un piercing pénien : le très
demandé PA (Prince Albert).
BODY ART / MAS
35
Les mamelons, pénis et vagins peuvent être percés de différentes
manières : afin d’accroître le plaisir sexuel, pour la sensation ou
simplement pour l’aspect esthétique. Pour les hommes Dayaks
d’Indonésie, les perçages visent également à accentuer leur virilité.
86. Tiges péniennes
(Culture) Dayak, Sarawak, Malaisie
Corne de cerf, fer
XIXe siècle
Donation de : J.W. Hilbrander, 1919
Prêt du Tropenmuseum, Amsterdam (TM-81-6a/b)
87. Tiges péniennes
(Culture) Toraja, Sulawesi central,
Indonésie
Bois
XIXe siècle
Donation de : A.W.A. Michielsen, 1937
Prêt du Tropenmuseum, Amsterdam (TM-351-2)
88. Anneau et tige péniens
Europe
Métal
Acquisition : TekTik Tattoo, Roxy, Anvers, 2015
MAS, Anvers (MAS.0156.001-002)
89. (Culture) Kenyah-Dayak, Bornéo, Indonésie
aux environs de 1920
Photographe inconnu
Prêt du Tropenmuseum, Amsterdam (TM-10005628)
86
36
BODY ART / MAS
FRAGILES ET FINS
Les pieds fins et menus avaient une forte connotation érotique dans la Chine
ancienne. Jusqu’au XVIIIe siècle, les fillettes de haut rang avaient les pieds
bandés. Tout comme les pieds bandés dits de lotus, les talons aiguilles si
présents dans la mode actuelle peuvent également être la cause de douleurs
et de problèmes de pied. Et pourtant les femmes les ont adoptés dans le
monde entier. Les corsets « à couper le souffle » permettant aux femmes
occidentales d’avoir une taille de guêpe étaient incontournables à une
certaine époque.
90. Corset pour femme enceinte
Pays-Bas ; Coton, dentelle, métal
aux environs de 1900
Prêt du Musée central d’Utrecht (TM-ib-2015-09-1)
91. Film : Le corset
Fragment de : Quarks & Caspers : Kleidung - 7 Dinge, die Sie wissen
sollten (WDR), 2013; Durée : 2 minutes
En remerciant : akg images, Rolf Koczorek/DESIGNTREE.TV, Stefan
Döring, Interfoto, Preußischer Kulturbesitz / bpk, Ullstein Bild
92. Souliers de lotus pour dames
92
Chengde, Chine
Soie, cuir, coton
1920-1928
Donation de : M. Verbois, 1977
MAS, Anvers (AE.1977.0029.0015)
93. Chaussures Lillith, de la série : Original Sin(suality) – Garden of Eden
Amber Ambrose Aurèle, 2012
Photo : Simon Claassen
Prêt d’Amber Ambrose Aurèle, Amsterdam
BODY ART / MAS
37
DÉFORMATIONS
Cela fait des siècles qu’au nom de la beauté, les gens modifient aussi
leurs corps de façon sous-cutanée. Dans l’ancien Mexique, l’élite de la
civilisation maya comprimait la tête des nouveau-nés (au niveau du
front et de la partie arrière du crâne) afin d’obtenir un crâne de forme
oblongue. Chez les nobles Mangbetu du Congo et les Huns européens, la
ligature de la tête des bébés était également une pratique courante. De
nos jours, on conseille aux jeunes parents de tourner régulièrement leur
bébé afin de maintenir l’arrondi du crâne.
La rhinoplastie est l’intervention cosmétique la plus répandue en Iran. En
Corée, la blépharoplastie (arrondissement des yeux « à l’occidentale »)
est très populaire. En Thaïlande et au Myanmar, les femmes qui portent
des anneaux autour du cou ne souhaitent plus être abordées comme une
« curiosité touristique ». La plupart d'entre elles ont entre-temps arrêté
cette pratique.
94. Femme au crâne allongé
(Culture) Mangbetu, République
démocratique du Congo
aux environs de 1930
Photographe : Casimir Zagourski
Collection du Musée des Cultures, Bâle
95. Boîte à miel ornée d’une tête à
crâne allongé
(Culture) Mangbetu, République
démocratique du Congo
Écorce d’arbre, perles en verre, raphia,
laiton
94
Début du XXe siècle
Acquisition : Henri Pareyn, 1920
MAS, Anvers (AE. 0435) 38
BODY ART / MAS
96. Figurine d’homme au front élargi
Style Remojadas, Mexique
Terre cuite
600-800
Collection Paul et Dora Janssen-Arts
Prêt de la Communauté flamande (MAS.IB.2010.017.059)
97. Tête au crâne très allongé
(Culture) Maya, Mexique
Terre cuite, pigment
600-800
Collection Paul et Dora Janssen-Arts
Prêt de la Communauté flamande (MAS.IB.2010.017.094)
98. Anneau de cou (3 kilogrammes) et bracelets
Padaung, Myanmar
Bronze
XIXe siècle
Collection privée De Mijlpaal, Belgique
99. Figurine de fertilité au crâne allongé (ladite « pretty lady »)
(Culture) Tlatilco, Mexique
Terre cuite
1200-400 av. J.-C.
Acquisition : W. van de Vijver, 1990
100.Figurine d’homme à tête allongée et menton en galoche
(Culture) Olmèque, Mexique
Diorite
1200-400 av. J.-C.
Collection Paul et Dora Janssen-Arts
Prêt de la Communauté flamande (MAS.IB.2010.017.013)
101.Tête de femme hun
(Culture des) Huns, Asparn/Schletz, Autriche (d'où provient le crâne originel)
BODY ART / MAS
39
Reconstruction : cire époxy, plastique
aux environs de 450
Prêt du Musée historique du Palatinat en Spire, Speyer, Allemagne
La pratique de la déformation crânienne en tant qu’idéal de beauté a
été propagée en Europe centrale par les Huns à partir du IVe siècle.
102.Fillette avec et sans anneaux de cou
(Culture) Kayan Lahwi, Thaïlande
Début du XXIe siècle
Photographe : Jack Picone
103. Rhinoplastie, un idéal de beauté universel
En remerciant le Dr Peter JFM Lohuis, chirurgien oncologique de la tête et
du cou
FÉMINITÉ
En ce qui concerne les scarifications ornementales, la règle est
généralement : plus elles sont nombreuses, profondes et grandes, plus la
femme qui les a subies est forte et courageuse.
104.Femme arborant des scarifications ornementales
Leo Eland
(Culture) Marind Anim, Papouasie, Indonésie
Peinture à l’huile sur toile; environ 1920
Donation de : Héritiers L.J. Eland, 1931
Prêt du Tropenmuseum, Amsterdam (TM-704-1)
105.Figurine de femme avec scarifications
Îles Salomon, Océan Pacifique
Bois; début du XIXe siècle
Acquisition : E.P. Goodwin, 1883
Prêt du Museum Volkenkunde, Leiden (RV-350-477)
40
BODY ART / MAS
REMARQUABLE
Le visage blanc des geishas japonaises, personnes traditionnellement
confirmées dans les arts, est largement reconnu au Japon et au-delà
de ses frontières, comme un signe de distinction et de beauté. Il est
apparenté au maquillage de théâtre (comme les masques utilisés dans
le théâtre Nô traditionnel), dont les yeux peints en noir et les lèvres très
rouges contrastaient fortement, dans l’obscurité du lieu, avec les visages
blancs. Les dents noircies visibles sur le masque constituaient à l’époque
également un idéal de beauté.
106.Film : Geisha en apprentissage (Maiko) se maquillant
Fragment de : Maiko or geisha painting her face, Alan Macfarlane
(ed.), Robin Probyn (camera)/Windfall Films, 1999
Channel Four The Day the World Took Off, 2000
Durée : 3,5 minutes
107.Masque de théâtre Nô du jeune Rando
Japon
Bois de paulownia (kiri) laqué ; XVIIIe siècle
Acquisition : Langewis, 1958
MAS, Anvers (AE.1958.0030.0003)
108.Femmes se faisant belles, les mains
couvertes de henné
Début du XIXe siècle ; Donation de : P.A.H. Hotz, 1909
Prêt du Museum Volkenkunde, Leiden (RV-1688-1)
Dans les communautés musulmanes, l’utilisation du henné est très
Téhéran, Iran ; peinture à l’huile sur toile
107
répandue lors d’occasions festives. Le henné sert, par exemple, à
tatouer la mariée et le marié de superbes motifs complexes. Dans
d’autres cultures également, les gens l’utilisent pour orner leur corps
et rehausser ainsi leur beauté naturelle.
BODY ART / MAS
41
6 SPIRITUALITÉ
Pour beaucoup de gens, l'ornementation corporelle constitue un lien avec
le monde surnaturel. La douleur liée à la réalisation des tatouages et des
scarifications crée déjà en soi un lien : la douleur purifie. L’ornementation
même peut également avoir une valeur spirituelle.
Certains tatouages apportent une protection ou favorisent le bonheur,
comme un chiffre, un animal ou un signe réalisé sur ou dans la peau.
D’autres permettent d’atteindre l’Au-delà.
Dans certaines ornementations, le monde divin est visiblement présent.
Les tatouages de croix, mais aussi les scarifications visant à donner à
la peau l’apparence de celle du crocodile originel chez les Iatmuls de
Papouasie-Nouvelle-Guinée en sont des exemples.
LE MONDE INVISIBLE
Les motifs figurant sur les poinçons de tatouage montrent la relation qui
existe entre les êtres humains, la nature et le monde des esprits. Chez
les Dayaks-Kayans de Bornéo, les tatouages visent à faciliter le passage
de la terre vers le ciel. Chez les Dayaks Ot Danum, ils représentent le
cosmos : l’arbre sacré et le calao, que l’on voit sur le torse de l’homme de
la photographie, offrent vitalité et protection contre les mauvais esprits.
Les animaux tatoués au Timor occidental assurent le contact avec le
monde parallèle.
42
BODY ART / MAS
Les tatouages de « style tribal » contemporains sont fortement inspirés
des tatouages traditionnels de Bornéo. Certaines personnes accordent
beaucoup d’importance à la signification spirituelle de leurs tatouages.
D’autres utilisent les symboles sans connaître leur signification, ce que les
habitants de Bornéo peuvent interpréter comme une insulte.
109.Poinçons de tatouage
(Culture) Dayak-Kenyah/Kayan/Modang, Bornéo, Indonésie
Bois, colorant
Début du XXe siècle
Prêt du Tropenmuseum, Amsterdam (TM-391-28 et suivants)
110.Sawang Kalong arborant sur le
torse un tatouage du cosmos
(Culture) Dayak Ot Danum, Bornéo,
Indonésie
Environ 1900
Photographe inconnu
Prêt du Tropenmuseum, Amsterdam
(TM-60046429)
111.Poupée couverte de tatouages
animaliers
(Culture) Atoni/Tetun, Timor
occidental, Indonésie
110
Bois, encre
XIXe siècle
Acquisition : W.O.J. Nieuwenkamp,
1919
Prêt du Tropenmuseum, Amsterdam
(TM-77-84)
BODY ART / MAS
43
CONVICTION ET DÉVOTION
Chez les Coptes, le tatouage de la croix copte à l’intérieur du poignet droit
est un signe de foi chrétienne et de dévouement religieux.
La conviction joue également un rôle important dans les tatouages faciaux
des femmes amazighes ou « Berbères » d’Afrique du Nord, ainsi que chez
les Aïnous, une culture originelle du Japon. Pour elles, ces tatouages
étaient non seulement beaux, mais ils empêchaient aussi la pénétration
de mauvaises influences dans leur corps. C’est pour cette raison qu'elles
tatouaient la zone entourant la bouche. Chez les Aïnous, cette tradition
s’est éteinte lorsque les mariages entre Aïnous et Japonais sont devenus
de plus en plus fréquents. De nos jours, aucune femme amazighe n’est
plus tatouée de cette manière.
En Inde, les participants au festival en l’honneur de la déesse protectrice
Angalamman se transforment temporairement en elle. Ils le font en
peignant leur visage.
112.Fillette copte avec croix
1992
Photo : Reza/Webistan/
Corbis
113.Photo : Femme au menton
112
tatoué
(Culture) Amazigh, Maroc
Environ 1950
Photo : photographe inconnu
Prêt du Tropenmuseum,
Amsterdam (TM-60033850)
44
BODY ART / MAS
114.Femme à bouche tatouée
(Culture) Aïnou, Japon
Environ 1880
Photographe inconnu
Acquisition : Rex Berlin, 1902
Prêt du Museum Volkenkunde, Leiden (RV-A73-103)
115.Enfant peint comme la déesse Angalamman
Inde, 2011
Photographe : Jegannathaan
HÉROS ET CROCODILES
La scarification du haut du corps fait partie des rituels que les garçons
Iatmuls de Papouasie-Nouvelle-Guinée subissent pour passer à l’âge
adulte. Dans ce contexte, la genèse du monde – le crocodile originel
formant la terre – est reproduite. Les scarifications se réfèrent aux
morsures du crocodile, qui avale symboliquement les garçons pour
ensuite les régurgiter adultes. Une fois les plaies guéries, les cicatrices
ressemblent à la peau de crocodile.
Le sang qui s’écoule lors des incisions incarne le sang
de la mère du jeune garçon : sans lui, il est un homme.
Le crocodile, qui joue un rôle clé chez les Iatmuls,
est représenté dans toutes sortes d’objets.
116.Siège de cérémonie avec « peau de
crocodile »
(Culture) Iatmul, Papouasie-Nouvelle-Guinée
Bois, coquillages
Première moitié du XXe siècle
Legs : P. Wirz, 1957
Prêt du Tropenmuseum, Amsterdam
(TM-2670-192a)
116
BODY ART / MAS
45
Ce siège dit d’orateur, utilisé lors d’importantes réunions dans la
maison des hommes, montre un ancêtre important arborant des
scarifications crocodiles.
117.Poignard ornemental taillé dans la mâchoire d’un crocodile
(Culture) Asmat, Papouasie-Nouvelle-Guinée
Os maxillaire de crocodile, corde, plumes de casoar et graines de coix
lacryma-jobi; XXe siècle
Acquisition : J. Hoogerbrugge, 1970
MAS, Anvers (AE.1970.0039.0044)
Les hommes initiés portaient le poignard ornemental sur le haut du
bras.
118.Jeunes hommes iatmuls avec scarifications crocodile
Papouasie-Nouvelle-Guinée, 2010
Photo : David Kirkland Photography (M-2602)
HOMMAGE
Les Papous communiquaient avec le monde des esprits par le biais
des crânes des défunts. Ils travaillaient les crânes avec de l’argile et
de la peinture jusqu’à obtenir un portrait ressemblant. Les ancêtres
demeuraient reconnaissables et étaient représentés au meilleur de leur
forme, dans un souci d’hommage respectueux.
Les crânes arborant des motifs blancs appartenaient
à des hommes, ceux qui présentent des motifs
noirs, à des femmes.
119.Crâne masculin remodelé
Iatmul (culture) Sepik, Papouasie-Nouvelle-Guinée
Crâne, argile, peinture, nacre, cheveux
Milieu du XXe siècle
Ex-collection Jacques Schwob, 1955
MAS, Anvers (AE.1955.0018.0005)
119
46
BODY ART / MAS
HAUTES SPHÈRES
Les êtres humains utilisent parfois leur corps pour établir un lien direct
avec le monde spirituel. Dans ce contexte, l’aide d’un médiateur, d’un
chaman, s’avère utile. Au Mexique occidental, les chamans incisaient
parfois leurs joues, afin que la douleur et l’impossibilité de manger
facilitent l’entrée en transe.
Les tatouages bouddhistes Sak Yant revêtent également une importance
spirituelle. Ces tatouages de figures et de textes sacrés et de formules
magiques – fournis par les mantras du moine tatoueur – offrent une
protection et réalisent des souhaits. Les bouddhistes thaïlandais se
réunissent une fois par an à l’occasion d’un festival où ils entrent
collectivement en transe.
Ils se transforment en un des Sak Yant tatoués sur leur corps : de tigre à
divinité. De nos jours, les symboles spirituels protecteurs se retrouvent
partout : des boxeurs thaïs à la star de cinéma Angelina Jolie.
120.Film : Yantra. The sacred ink
Bangkok, Thaïlande, 2014
Cedric Arnold
Durée : 4,5 minutes
121.Statuette d’un chaman
Mexique occidental
Terre cuite
300 av. J.-C. - 300 apr. J.-C.
Collection Paul et Dora Janssen-Arts
Prêt de la Communauté flamande (MAS.IB.2010.017.035)
BODY ART / MAS
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7 Des tatouages partout !
Issus de la culture des marins, les tatouages sont devenus pratique
courante ces dernières décennies. Un tel phénomène va de pair avec des
évolutions et des tendances de mode.
C’est par le biais des marins parcourant les Sept Mers que les tatouages
se sont répandus à partir du XVIIIe siècle. Au XXe siècle, la plupart des
villes portuaires disposaient de studios de tatouage. Grâce aux machines
électriques, aux techniques de surimpression et aux photos servant
d’exemple, on pouvait retrouver les motifs marins typiques aux quatre
coins du monde.
Les tatouages sont longtemps restés l’apanage des marins, des
prisonniers et des aristocrates excentriques. Mais au cours de ces
dernières décennies, ils sont devenus monnaie courante. Par le biais des
sous-cultures rebelles des blousons noirs, des motards et des rockeurs,
les tatouages ont fait leur apparition dans la culture populaire des
vedettes de feuilletons et de cinéma, des héros sportifs, etc. Et donc aussi
dans votre monde à vous.
Après la revitalisation des motifs classiques et la mode des tatouages
« tribaux exotiques », les artistes-tatoueurs actuels vont plus loin et
proposent des conceptions graphiques très élaborées. Le client et l’artiste
se concertent bien souvent intensément.
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BODY ART / MAS
Tatouages de marins
C’est vers la fin du XVIIIe siècle que les marins ont rapporté en Europe la
pratique du tatouage rencontrée dans les îles de l’Océan Pacifique. Ils se
tatouaient alors mutuellement avec des aiguilles, à bord de leur navire ou
dans les cafés portuaires. Au XXe siècle, cette pratique prend un caractère
commercial.
Dans bon nombre de villes portuaires, des tatoueurs professionnels
s’établissent dans certains salons de coiffure ou ouvrent leur propre
studio. Les clients choisissaient leur tatouage parmi les motifs ou flashes
affichés sur les murs du studio. Les tatouages typiques, comme les ancres,
les voiliers, les sirènes, etc., faisaient allègrement le tour du monde.
Les tatouages permettent aussi aux marins d'exhiber leurs états de
service. Ils témoignaient du fait qu'ils avaient traversé l´équateur ou
doublé le Cap de Bonne Espérance. Et enfin, les tatouages accentuent
l'image du marin un peu rustre et courageux : qui, loin de chez lui, affronte
en défiant la mort les situations les plus dangereuses.
122.Cinq cartons remplis de motifs de tatouage provenant du studio de
Joe Pancho
Anvers
Carton, encre, aquarelle
Première moitié du XXe siècle
Donation de : J. Vertommen, 1976
MAS, Anvers (AS.1976.046.001 - .005)
123.Carton contenant des motifs de tatouage de femmes nues
Daley
Lieu inconnu; carton, aquarelle
1900-1918
Donation de : J. Vertommen, 1967
MAS, Anvers (AS.1967.001.005)
BODY ART / MAS
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124.Radiographies d’une reproduction d’une sirène ou « Jenny Hanivers »
A.A.G. De Laey
Anvers
Film radiographique; 1961
Donation de : A.A.G De Laey, 1961
MAS, Anvers (AS.1961.079.023 jusqu’à 028 y compris)
Au cours du XIXe siècle, il était à la mode d'exhiber des sirènes
empaillées vendues comme des « étrangetés ». Généralement
fabriquées en Asie du Sud-Est, elles arrivaient au port d’Anvers pour
être ensuite commercialisées. C’est d’ailleurs à cette ville qu'elles
doivent leur nom : « Jeune d’Anvers » ou « Jenny Hanivers ». Cet
exemplaire est mi-singe, mi-poisson.
125.Carreaux de Delft représentant une femme-sirène et un
homme-sirène
Delft, Pays-Bas
XVIIIe siècle
Céramique
Origine : Le musée Vleeshuis, 1966
MAS, Anvers (AS.1966.051.001 et .002)
126.Moulages de parties du corps couvertes de tatouages
Anonyme
Europe
Plâtre; datation inconnue
MAS, Anvers (AF.05239-05243)
127.Représentations d’un homme et d’une femme, les signes du zodiaque
et leur influence sur le corps
Anonyme
Plâtre
Fin du XIXe – début du XXe siècle
Donation de: Association pour la conservation des légendes flamandes, 1907
MAS, Anvers (AF.04934 et AF.04935)
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BODY ART / MAS
Un flash du MAS sur votre peau ?
Ces flashes ont été conçus à la demande du MAS. Ils sont inspirés de la
collection du musée. Vous pouvez également les trouver sur le site Web
du MAS. Chaque flash n’est vendu et tatoué qu’une seule fois. Il demeure
ainsi véritablement exclusif.
Vous réservez votre flash auprès de l'artiste et un rendez-vous est ensuite
fixé. Le tatouage même est effectué au MAS.
128.Sacré Cœur
Petit assemblage anonyme
Europe
Divers matériaux
XIXe siècle
Acquisition : Octavie Du Caju, 1964
MAS, Anvers (MFA.1964.076.8892)
129.Sacré Cœur
Petit assemblage anonyme
Europe
Divers matériaux
XIXe siècle
Donation de : J. Meyer, 1958
MAS, Anvers (MFA.1958.022.A)
130.Sacré Cœur
Petit assemblage anonyme
Europe
Divers matériaux
XIXe siècle
MAS, Anvers (CDM.2007.010)
BODY ART / MAS
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131.Livret de conceptions de tatouages marins
Réalisateur : Tom Schmidt
Europe
Papier
1904-1918
Donation de : Frank Hol, 1961
MAS, Anvers (A.11.606)
Joe Pancho
Joe Pancho fut le tout premier tatoueur d’Anvers. Né à Vorselaar sous le nom de
Jozef Vertommen (1927-1986), il parcourut le monde et apprit l’art du tatouage au
Canada, pendant la Seconde Guerre mondiale, dans l’environnement du fameux
Doc Forbes (1900-1977).
Il s’établit en 1943 à Anvers, dans le quartier des bateliers (Schipperskwartier). Il y
ouvrit le premier véritable studio de tatouage de Belgique. Pancho se fit également
appelé « doc », « professor » ou même « Painless Pancho ». Ce fut un « freerider » qui voyageait beaucoup et qui entretenait un certain mystère quant à son
ascendance. Il ferma son studio en 1976.
132.Machine électrique de tatouage de Joe Pancho
Joe Pancho
Anvers
1950-1953
Donation de : Jozef Vertommen alias Joe Pancho, 1967
MAS, Anvers (AS.1967.001.001)
Grâce à l’invention de la machine électrique de tatouage, il devint
possible de tatouer rapidement et avec une grande précision. Les
tatoueurs assemblaient eux-mêmes leurs machines. De nos jours,
elles sont toujours réalisées manuellement.
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BODY ART / MAS
133.Aiguilles de Joe Pancho pour tatouage manuel
Europe
Acier et liège
Années 1940
Donation de : Jozef Vertommen, 1967
MAS, Anvers (AS.1967.001.002 et 003)
134.Encrier utilisé par Joe Pancho
1960-1967
Verre
Donation de : Jozef Vertommen, 1967
MAS, Anvers (AS.1967.001.004)
135.Reportage photo du studio de tatouage de Joe Pancho
Schippersstraat 49, Anvers
Papier positif
1976
Donation du : Service photo d’Anvers, 1976
MAS, Anvers (AS.1976.047.001 tot 017)
136.Cigare avec bague de cigare de Joe Pancho
Anvers
XXe siècle
Donation de : Tattoo Ronny, 2014
MAS, Anvers (MAS.0109)
137.Reportage photo sur les studios de tatouage situés dans le quartier
des bateliers (Schipperskwartier) à Anvers
Jules Van Beylen
Anvers
Papier
Acquis en 1968
MAS, Anvers (AS.1968.059.003, 0054, 005, 010)
BODY ART / MAS
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138.Reportage photo sur les studios de
tatouage situés dans le quartier
des bateliers (Schipperskwartier)
à Anvers
Jules Van Beylen
Anvers
Papier
Aquis en 1971
MAS, Anvers (1971.034.001, 002, 003,
005, 006)
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139.Photos de personnes tatouées, provenant du studio de tatouage de
Joe Pancho
Anvers
Anonyme
Papier
Environ 1945-1965
Donation de : Mortelmans-De Mayer, 1968
MAS, Anvers (AS. 1968.043.001 tot 004)
140.Photos de personnes tatouées, provenant du studio de tatouage de
Joe Pancho
Anvers
Anonyme
Papier
Environ 1945-1965
Prêt de Luc van Coolput, Anvers
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BODY ART / MAS
141.Photos de personnes tatouées, provenant du studio de tatouage de
Joe Pancho
Anvers
Anonyme
Papier
Environ 1945-1965
Prêt de J. Vertommen, Herentals
Ces photos ont été reproduites à grande échelle et distribuées parmi
les tatoueurs.
142.Stewed, Screwed and tattooed
Diorama de l’intérieur de l’atelier de Tattoo Willy, dans le quartier portuaire
de Katendrecht à Rotterdam.
Henk Schiffmacher, Jasper Lenderink
Rotterdam, 2002
Prêt du Musée maritime (Rotterdam) et du Musée de Rotterdam
Tattoo Willy travaillait entre 1955 et 1985 dans le quartier portuaire de
Katendrecht à Rotterdam. Le présent diorama a été réalisé en 2002 à
l’aide de l’inventaire de son studio de tatouage.
Joe Pancho
Mas, Anvers
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BODY ART / MAS
Crédits photographiques
© Jan Opdekamp (cover photo, pp. 56, 57)
© ORLAN: n° 1
MAS, Anvers: n° 2, 12, 37, 38, 92, 107, 119 (foto’s Hugo Maertens)
MAS, Anvers: n° 122
Musea & Erfgoed, Anvers: n° 46, 56, 92
Museum der Kulturen, Bâle: n° 7, 94
Tropenmuseum, Amsterdam: n° 14, 26, 110, 113, 116, n° 85: © Jay Tindal
Concept
Nationaal Museum voor Wereldculturen
Tropenmuseum, Amsterdam
MAS | Museum aan de Stroom, Anvers (2016)
Textes
Tropenmuseum Amsterdam
avec des contributions d’Els De Palmenaer et de Jef Vrelust (MAS)
Graphisme
Yellow submarine (Anvers)
Traduction
Oneliner Translation
Le colophon se trouve dans la salle d’exposition et sur notre site internet www.mas.be
Editeur responsable : Marieke van Bommel
Avez-vous des ornementations corporelles que
vous aimeriez partager avec le MAS ?
Postez votre photo sur instagram sous #bodyartMAS
et faites partie de l’exposition.
Exposition
18.02.2016 au 17.04.2016
Le MAS présente, selon un concept du Tropenmuseum d’Amsterdam, une
exposition consacrée aux ornementations corporelles dans le sens le
plus large du terme : du maquillage et des tatouages aux implants sous-
cutanés et modifications chirurgicales. À travers le temps et les cultures. La
question clé est : pourquoi les êtres humains modifient-ils leur corps ?
MAS | Museum aan de Stroom
Hanzestedenplaats 1
B - 2000 Anvers
www.mas.be
tel. +32(0)3 338 44 00
D/2016/0306/14

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