Sous groupes compacts de GL n(R)
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Sous groupes compacts de GL n(R)
Sous groupes compacts de GLn(R) Arnaud Girand 17 juin 2012 Référence : – [Ale99], p. 141 et 160–162 Prérequis : – théorème de Caratheodory. Lemme 1 Soit V un espace vectoriel de dimension finie muni d’une norme euclidienne k.k. Soit K un compact convexe de V . Soit G un sous–groupe compact de GL(V ) tel que : ∀u ∈ G, u(K) ⊂ K Alors il existe a ∈ K tel que : ∀u ∈ G, u(a) = a Démonstration : Commençons par montrer que si v ∈ L(V ) vérifie v(K) ⊂ K, alors v admet un point fixe sur K. Fixons x0 ∈ K et posons pour k ≥ 1 : k xk := 1 X i v (x0 ) k + 1 i=0 Comme K est convexe et stable par u il est clair que ∀k ≥ 0, xk ∈ K et donc d’après le théorème de Bolzano–Weierstrass, il existe ϕ : N → N strictement croissante telle que (xϕ (k))k converge vers un point a ∈ K. Or : ! k 1 X i v (x0 ) ∀k ≥ 0, v(xk ) = v k + 1 i=0 k = 1 X i+1 v (x0 ) k + 1 i=0 = xk + 1 (v k+1 (x0 ) − x0 ) k+1 1 (v k+1 (x0 ) − x0 ) −−−−→ 0 car (v k+1 (x0 ) − x0 )k est bornée par compacité de K et continuité k→∞ k+1 de v donc en passant à la limite on obtient que v v(a) = a. Remarquons ensuite que G agit naturellement sur V via u.x := u(x). De plus comme G est compact, l’orbite G.x d’un élément x ∈ V sous cette action est compacte ce qui nous permet de définir l’application suivante : Or ν : V → R+ x 7→ max ku(x)k u∈G On montre alors que comme G ≤ GL(V ) ν est une norme sur V constante sur les orbites sous l’action de G. De plus si on se donne x, y ∈ V et u0 ∈ G tel que ν(x + y) = ku0 (x + y)k. Alors : ν(x + y) = ku0 (x + y)k ≤ ku0 (x)k + ku0 (y)k ≤ ν(x) + ν(y) 1 Si on se place dans le cas d’égalité on a alors ku0 (x) + u0 (y)k = ku0 (x)k + ku0 (y)k et donc il existe λ ≥ 0 tel que u0 (x) = λu0 (y) et donc x = λy. Pour u ∈ G on considère à présent l’ensemble suivant : Fu := {x ∈ K | u(x) = x} Cet ensemble est un fermé non vide de K. De fait, si on suppose que ∩u∈G Fu = ∅ alors la propriété de Borel–Lebesgue impose l’existence de u1 , . . . , up ∈ K tels que ∩pi=1 Fui = ∅. Posons alors : p v := 1X ui ∈ L(V ) p i=1 Alors, par convexité et G–stabilité de K, v(K) ⊂ K et donc il existe a ∈ K tel que v(a) = a. On a alors : ! p 1X ν(v(a)) = ν ui (a) ∈ L(V ) p i=1 p 1X ≤ ν(ui (a)) p i=1 p = 1X ν(a) p i=1 = ν(a) Les ui (a) sont donc positivement liés (i.e il existe a1 , . . . , ap−1 ≥ 0 tels que u1 (a) = a1 u2 (a) = . . . = ap−1 up (a)) et comme ils sont de même norme (pour ν) ils sont égaux. On a donc nécessairement ui (a) = a pour tout i ∈ [p], ce qui contredit notre hypothèse et conclut la preuve. Proposition 1 Soit G un sous–groupe compact de GLn (R). Alors il existe une forme quadratique q définie positive sur Rn telle que G ⊂ O(q) Démonstration : On munit G d’une nouvelle structure de groupe (G, ⋄) définie comme suit : ∀A, B ∈ G, A ⋄ B := BA et on considère l’application suivante : ρ : (G, ⋄) → GL(Sn (R)) A 7→ (S 7→ t ASA) On vérifie aisément que G est bien définie (on a même ρ(A)−1 = ρ(A−1 )) et qu’il s’agit d’un morphisme de groupes 1. De plus ρ est une application continue car égale à la restriction de la composée b ◦ d à G où b : (A, B) 7→ (S 7→ t ASB) est une application bilinéaire de Mn (R)2 dans L(Sn (R), Mn (R)) (continue par dimension finie) et où d : A 7→ (A, A) se passe de commentaires. Posons H := { t M M | M ∈ G}. On vérifie aisément que K est un compact non vide du convexe Sn (R) et donc par théorème de Caratheodory K := conv(H) est un compact convexe non vide de Sn (R). De plus, G := ρ(G) est un sous–groupe (car ρ est un morphisme de groupes) compact (car ρ est continue et G compact) de GL(Sn (R)). Enfin, si A ∈ G et M ∈ G on a : ρ(A)(t M M ) = t At M M A = t (AM )(AM ) ∈ K Comme ρ(A) est linéaire donc conserve les combinaisons convexes on a bien ρ(A)(K) ⊂ K et donc K est G–stable. On applique alors le lemme 1 qui nous donne l’existence de S ∈ K tel que pour tout A ∈ G on ait ρ(A)(S) = S, i.e t ASA = S. Comme de plus K ⊂ Sn+ + (R) on a bien G ⊂ O(q) où q : x 7→ t xSx est une forme quadratique définie positive. 1. Attention : n’oublions pas que nous avons modifié la structure de G ! 2 Détails supplémentaires : – Cas où le groupe G est fini. On définit le produit scalaire suivant sur Rn : Φ : (x, y) 7→ 1 X hAx, Ayi |G| A∈G Il est alors clair, la translation à droite par un élément donné de G étant bijective, que toute matrice de G est orthogonale pour Φ. – Cas d’égalité pour ν. Le lemme suivant nous permet de conclure : Lemme 2 Soient x, y ∈ V tels que kx + yk = kxk + kyk. Alors il existe λ ≥ 0 tel que x = λy (ou y = λx). Démonstration : Plaçons nous dans le cas où kxk = kyk = 1. Alors kx + yk = 2 par hypothèse et on a également kx + yk2 = 2 + 2hx, yi donc hx, yi = 1 = kxkkyk : on se trouve dans le cas d’égalité de l’inégalité de Cauchy–Schwarz. De fait, il existe t ≥ 0 tel que x = ty et comme kxk = kyk on a nécessairement t ∈ {−1, 1}. Cependant, si t = −1 alors hx, yi = −1, ce qui est absurde d’où x = y. x Dans le cas général, pour x et y non nuls 2 On applique alors la proposition précédente à kxk et y kyk , ce qui nous livre le résultat pieds et poings liés avec λ = kxk kyk . Références [Ale99] Michel Alessandri. Thèmes de géométrie. Dunod, 1999. 2. La preuve dans le cas où l’un est nul est laissée en exercice au lecteur. Ne me remerciez pas. 3