Manuel pratique de tournage sur bois. Bourgeat
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Manuel pratique de tournage sur bois. Bourgeat
La bonne position de l’outil Nous sommes là dans le principe même du travail de coupe. Le copeau naîtra du point de contact entre l’outil et le bois. Mais la qualité de la coupe sera assurée par le fait que l’outil appuie sur le bois pour obtenir une bonne coupe. Si la gouge est tenue à l’horizontale et ne touche le bois que sur un point - le tranchant cela ne fait pas de copeaux mais de la sciure, et nous sommes alors en train de gratter le bois. Vous voilà rendu au départ d’une grande aventure : votre premier copeau, et quel copeau !… La bonne position de l’outil : Donc, d’une certaine manière, on peut dire que, pour avoir un bon point de coupe, il faut que l’outil touche le bois en 2 points : sur le tranchant et aussi sur le biseau. Les tourneurs disent alors que l’outil talonne. Voyons cela d’un point de vue schématique, en nous occupant de regarder les angles qui interviennent lors de la coupe. 3 angles entrent en action : • l’angle d’affûtage (). • l’angle de coupe ou d’attaque (). • l’angle de dépouille (). L’angle d’affûtage résulte du passage de l’outil sur la meule lors de l’affûtage. C’est l’angle (schéma ) déterminé par l’axe de l’outil et par le biseau. L’angle de coupe, ou d’attaque, est l’angle (schéma ), au-dessus de l’outil quand celui-ci est incliné contre le bois. Sa limite est l’horizontalité. L’angle de dépouille est l’angle du dessous de l’outil quand celui-ci est à l’horizontale (schéma ). Sa limite est la verticalité. Voilà donc l’action de couper très bien décomposée par ces 3 schémas : • Le n° montre la meilleure disposition pour couper. Nous avons un angle de coupe important, de l’ordre de 45°, et ça va donner un très bon résultat. • Le n° montre une disposition intermédiaire. Ça va couper, mais pas tant que ça ! De plus, comme nous ne sommes plus en appui sur le biseau, le mouvement sera moins sûr, et l’outil pourra plus facilement bouger lors du travail. C’est mieux si nous sommes plus inclinés. • Le N° nous montre ce qu’il ne faut pas faire si l’on veut avoir un beau résultat. C’est la situation extrême. L’angle de coupe est égal à 0° et l’outil gratte le bois. Puisque ces schémas montrent bien la marche à suivre, je compte sur vous, si vous faites des essais pour bien talonner, comme en , et surtout pour ne pas gratter, comme en . Vous verrez qu’il faut un peu s’entraîner avant que cela ne devienne automatique, mais si on arrivait à tout du 1er coup, ça n’aurait plus de charme… Le talonnage 45 Les gorges Après les tores, voici venu le temps des gorges. Toujours à découvrir en travaillant sur un bois préalablement cylindré. Voilà un mouvement qui demande de l’amplitude de déplacement pour sa réalisation… en clair, pour bien y arriver, il va falloir bouger un peu ! Quel outil ? La gouge est l’outil idéal de réalisation des gorges. Pour réaliser de jolies gorges il va falloir pivoter la gouge sur le porte-outil en se servant du point d’appui de celle-ci sur le porte-outil comme point de pivot. 58 Entraînement Pour bien s’entraîner je vous conseille de préparer plusieurs gorges sur un même morceau de bois. Comme pour les tores, il va y avoir un rapport entre la largeur d’une gorge et sa profondeur. En effet, la gorge naît, elle aussi, d’un 1/2 cercle (), et le rapport entre profondeur et largeur est toujours lié au rayon du cercle qui “crée” la gorge. MANUEL PRATIQUE DE TOURNAGE La largeur est égale à 2 rayons et la profondeur à 1 rayon. Mais il ne faut pas oublier que la profondeur se “retrouve” aussi de l’autre côté (si vous acceptez cette drôle d’image !). Donc la largeur d’une gorge est égale à la différence des diamètres : le grand diamètre - celui du fond de gorge = la largeur de la gorge (). Afin d’avoir un bon outil de vérification, il est utile de tourner un cylindre de bois d’un diamètre égal à la largeur de la gorge, avant de s’entraîner. Cela s’avérera bien utile, en son temps, pour contrôler la forme de la gorge. Une fois ces précisions données, nous pouvons préparer un cylindre de bois pour nous entraîner. Nous allons tracer quelques traits de crayon afin d’établir l’emplacement des gorges (). Je donne ici un exemple de tracé qui convient bien pour débuter (). La vue de coupe est un 1/2 cercle Il y a un rapport entre la largeur et le diamètre. Le bois est prêt pour l’exercice. Les arêtes Après avoir vu comment cylindrer un morceau de bois, et comment usiner des tores et des gorges, je vous propose d’étudier comment travailler un bois de section carrée, le tourner en partie seulement, et s’arrêter quelques instants à la liaison carré - cylindre. En clair : comment tomber les arêtes d’un morceau de bois de section carrée sans faire d’éclats… de rire ! non, de bois. Pour ne pas vous faire “peur” d’entrée de jeu, je vous conseille de vous entraîner au mouvement de la tombée des arêtes par la réalisation préalable de quelques chanfreins. C’est-àdire des formes droites, mais 62 tirées du cylindre. Comme s’il s’agissait de tores “loupés”. Vous auriez oublié de tourner votre poignet et, surtout, d’écarter votre corps afin de faire un joli arrondi torique. Donc un “tout droit” à la gouge, à la plane, voire même au bédane. Il va falloir une petite astuce : lorsque nous allons faire un “tout droit” à droite et un “tout droit” à gauche. Comment allons-nous les réunir avec une arête propre et nette ? MANUEL PRATIQUE DE TOURNAGE Les chanfreins Pour faire des chanfreins dans les meilleures conditions, il est plus facile de partir d’un cylindre. Et vous obtiendrez la meilleure coupe en travaillant à la gouge ou à la plane. Certains tourneurs n’utilisent que la plane, mais la plupart travaillent indifféremment avec les deux outils. À la gouge Il faut préparer votre cylindre de bois de telle manière que vous puissiez faire un chanfrein à droite et un chanfrein à gauche sur le même exercice. Pour cela, pratiquez des cannelures sur votre cylindre (comme pour faire les tores) et arrangezvous pour que la différence entre le gros diamètre (cylindre) et le petit (cannelures) soit égale à la largeur de l’exercice. Par exemple, 2 chanfreins d’une largeur totale de 20 mm La gouge talonne et elle est “ouverte”. Il suffit de laisser glisser droit.