Adjectifs dits « substantivés » et noms composés : quel continuum

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Adjectifs dits « substantivés » et noms composés : quel continuum
Journée d’Etude Spéciale Concours. Université Jean Moulin – Lyon 3 – 14/12/2007
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Laure Gardelle
Université Jean Moulin – Lyon 3
EA 1663 CEL
Adjectifs dits « substantivés » et noms composés :
quel continuum entre adjectif et nom ?
Parmi les grandes problématiques liées à l’adjectif se trouve la question de sa définition,
plus particulièrement celle des limites de la classe des adjectifs par rapport aux autres parties
du discours – les déterminants et les adverbes par exemple, mais aussi et surtout les noms, car
bien qu’aujourd’hui, il nous semble évident qu’adjectifs et noms appartiennent à deux classes
différentes, cette distinction n’a été admise qu’au cours des cent dernières années.
Auparavant, les grammairiens se sont inscrits dans la lignée des théoriciens de l’Antiquité,
notamment Aristote (4e siècle av. J.-C.), pour qui il existait principalement deux grandes
parties du discours : le verbe (rhema) et le nom (onoma, certains désignant une substance,
d’autres une qualité). Certes, au XIVe siècle, Thomas d’Erfurt propose de diviser la classe des
noms en deux sous-ensembles (noms substantifs et noms adjectifs), mais il faut attendre le
XVIIIe siècle pour que certains tentent de faire de l’adjectif une catégorie du discours
indépendante de celle du nom (notamment l’abbé Girard en France, 1747), et le XXe siècle
pour que cette nouvelle catégorisation soit communément admise. Il semble donc exister une
affinité particulière entre adjectif et nom (pris ici au sens de substantif et non d’élément
nominal) ; d’ailleurs, la langue de tous les jours le confirme :
– d’une part, des adjectifs peuvent occuper une fonction typiquement instanciée par des
noms : ce sont les adjectifs dits substantivés (the poor, the deceased, …)
– à l’inverse, de nombreux noms peuvent occuper la place d’adjectifs épithètes
classifiants : ce sont les N2 des noms composés de type N2-N1.
La question sous-jacente à ces deux cas est celle du continuum entre nom et adjectif1.
Pourquoi existe-t-il une telle affinité entre ces deux parties du discours, et à l’inverse, qu’estce qui les distingue au point qu’on les considère aujourd’hui comme deux classes distinctes ?
I. Adjectifs dits ‘substantivés’ :
L’étiquette d’adjectif substantivé est aujourd’hui remise en question parce qu’elle est
ambiguë : ‘adjectif’ et ‘substantif’ désignent des parties du discours, donc décrivent la nature
des mots, ce qui pourrait donner à penser que l’adjectif devient un nom lorsque l’on dit the
rich par exemple. En réalité, le plus souvent, il n’y a pas conversion, c’est-à-dire pas de
changement de classe grammaticale, mais seulement une utilisation de l’adjectif dans une
fonction atypique : il est employé comme tête de syntagme nominal. La remise en cause de
cette appellation traditionnelle soulève quelques questions :
– du point de vue de leur nature, certains peuvent-ils malgré tout être considérés comme
des noms ? Selon quels critères ? Quel continuum existe entre adjectif et nom ?
– d’un point de vue sémantique, quelles modifications la position de tête de SN engendret-elle ?
Pour répondre, il est nécessaire de distinguer deux sous-ensembles d’adjectifs dits
substantivés : ceux qui dénotent des notions abstraites (the impossible) et ceux qui dénotent
des humains (the rich).
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Tous les exemples cités ici sont extraits du British National Corpus.
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1. Les notions abstraites :
Ex. the impossible, the mystical, the unknown.
• Ils se rapprochent des noms :
– d’abord par leur détermination – the le plus souvent, mais parfois le possessif (I’ll do my
best) ou encore Ø ou a dans certaines expressions figées : in short, from bad to worse, all of a
sudden.
– sémantiquement : l’adjectif ne dénote plus seulement une qualité (ex. pour impossible, le
fait d’être impossible), mais une notion, c’est-à-dire une classe – au sème /+impossible/
s’ajoute celui de /+entité abstraite/ –, si bien que l’ensemble déterminant + adjectif
‘substantivé’ désigne un référent, c’est-à-dire un élément du monde extralinguistique.
• Mais ces termes issus de la classe des adjectifs sont-ils pour autant devenus des noms
à part entière ? L’Oxford English Dictionary par exemple les classe comme noms, et
cette thèse n’est pas impossible à soutenir – on ne peut pas savoir par exemple s’ils
accepteraient la flexion du pluriel puisqu’ils dénotent des entités continues,
indénombrables ; le test du génitif est impossible aussi puisqu’il s’agit d’inanimés ;
enfin, la détermination est le plus souvent restreinte à the, mais c’est le cas de certains
noms également, comme (the) police. Cependant, tout locuteur a conscience que le
terme employé en tête de SN est issu de l’adjectif – en d’autres termes que l’adjectif
est premier par rapport au nom –, et le supposé ‘nom’ ajoute tellement peu de sèmes
par rapport à l’adjectif qu’il semble plus satisfaisant de considérer ces termes malgré
tout comme des adjectifs, comme la majorité des autres adjectifs employés en tête de
SN.
On examine à présent cette seconde classe, plus importante en nombre et en fréquence
d’utilisation.
2. Références à des personnes :
Cet ensemble révèle un véritable continuum entre adjectif et nom, et malgré l’étiquette
homogène d’adjectifs ‘substantivés’, les adjectifs ne se situent pas tous au même point sur ce
continuum :
a) au plus loin des noms, on trouve les adjectifs du type the poor, the rich / the English : ils
ont en commun de ne pouvoir désigner qu’une classe entière (*most poor, *3 English).
• ils se rapprochent de la classe des noms : - de par leur détermination
- sémantiquement, ils signifient une notion
et plus une qualité ; on ajoute notamment le trait /+Humain/. Comme pour les notions
abstraites, placer l’adj. en fonction de tête de SN s’accompagne donc d’une modification
de son intension.
- enfin, certains adjectifs peuvent être
qualifiés eux-mêmes par un autre adjectif ; ainsi the poor aged deaf (19). Il s’agit d’une
caractéristique nominale, puisqu’un adjectif est typiquement modifié par un adverbe (cf.
incredibly rich).
• MAIS les adjectifs du type rich ne sont pas devenus des noms, ils restent des adjectifs
du point de vue de leur nature :
- l’ensemble det. + N doit référer à l’ensemble de la classe
- ils ne prennent pas la flexion du pluriel (the rich_) ni le génitif, contrairement à
la plupart des noms
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même si certains adjectifs en tête de SN peuvent être modifiés par un adjectif,
la plupart sont modifiés par des adverbes ou autres éléments reflétant leur
classe d’origine : the very poor, the discriminated-against (préposition trace du
participe passé d’un verbe en diathèse passive).
b) type injured / unemployed : sur le continuum entre adjectifs et noms, ils sont plus proches
des noms, car ils acceptent un numéral : 7 million unemployed. Comme les noms, ils peuvent
donc ne pas désigner la classe entière. Cependant, il n’y a toujours pas conversion (en d’autres
termes, il s’agit toujours d’adjectifs), puisqu’ils n’acceptent ni la flexion du pluriel, ni le
génitif, et qu’ils ne peuvent servir à désigner un référent singulier (*an unemployed, *an
injured).
c) type deceased / accused :
• ils se rapprochent encore des noms : - ils peuvent désigner un référent singulier : on lit
par exemple : The accused is dishonest is his conduct is dishonest. / it had taken… a
reference to the Chief Constable to elicit the fact that the deceased had made a
previous will in which the respective positions of his wife and his mistress had been
exactly reversed.
- ils admettent le génitif : The destruction of
property or the accused’s putting his hand over money in the victim’s pocket will be
an usurpation of one of the rights of the owner. / Inheritance tax is levied on the value
of a deceased’s estate on the date of death. (Une étude plus complète permettrait de
déterminer la fréquence de ce génitif par rapport à son emploi avec les vrais noms
dénotant des personnes.)
• Cependant, ces termes restent des adjectifs :
- ils n’admettent pas la flexion du pluriel,
- deceased a été rencontré avec l’article indéfini, mais aucune occurrence de an
accused par exemple n’a été rencontrée.
d) type innocent : les éléments de cet ensemble ont pour caractéristique de co-exister comme
adjectifs et comme noms : au pluriel, on trouve the innocent_ (adjectif) et the innocents
(nom). De même, the undecided/s, the faithful/s par exemple. Ces doublets sont extrêmement
proches d’un point de vue sémantique, mais ils permettent de mieux comprendre la différence
entre adjectif et nom à la tête d’un SN :
Ex.1 : ‘innocent(s)’ :
(1) not only are the guilty found guilty but the innocent_ are exonerated if false charges are
made.
(2) Unfortunately the innocents get hurt, never the criminals behind the scenes.
The innocent et the innocents ont la même référence : les personnes qui sont innocentes. Mais
on note qu’en (1), le contraste est établi avec une classe elle aussi désignée par un syntagme
en dét. + adj. – the guilty ; ce choix montre que l’énonciateur retient avant tout la qualitéd’être
innocent. En revanche, en (2), innocents est opposé à criminals, nom à part entière ; même si
le sème principal continue d’être la qualité d’être innocent, il semble que le nom signifie une
notion plus complète, qui associe par exemple des connotations à la dénotation – ainsi
criminal possède une connotation plus péjorative que guilty, et dans cet énoncé, innocents
s’accompagne d’une connotation d’injustice. D’ailleurs, la référence biblique au massacre des
innocents, dans le BNC du moins, fait toujours apparaître the massacre of the innocents : or là
encore, il ne s’agit plus simplement d’êtres humains ayant la qualité d’être innocents, mais
des membres d’une classe notionnelle complètement constituée, circonscrite et pré-établie :
les innocents impliqués dans cet événement spécifique. Le même contraste apparaît encore
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entre l’adjectif dit ‘substantivé’ faithful et le nom faithfuls. Dans le BNC, aucune occurrence
du nom (soit 17) ne désigne des croyants au sens religieux du terme ; on lit par exemple :
(1) It seems Rover is now keeping faith with old faithfuls but analysts are looking more at the
motives rather than the marketing.
A l’inverse, the faithful_ est très majoritairement utilisé dans le domaine de la religion, par
exemple dans l’énoncé suivant :
(2) In November of each year the Nail is brought to the floor of the cathedral so it may be
seen by the faithful.
Là encore, il semble que la différence de fonctionnement grammatical soit en partie au moins
liée à une légère différence au niveau de la catégorisation : au sens religieux, les fidèles sont
ceux qui se distinguent par la qualité d’être croyants ; ils s’opposent ainsi aux non croyants.
En revanche, au sens figuré, il semble que la représentation soit un peu plus riche ; par
exemple, faithfuls s’entend ici comme ceux sur qui l’on peut compter, avec donc une
connotation positive de fans, et l’énonciateur ajoute d’ailleurs ‘old’, choisi ici pour ses
connotations affectives de fans de la première heure et non pour dénoter un âge objectif.
Pour ces termes du type faithful ou innocent, si l’on en revient à la nature, on constate en
tous les cas que le terme employé dans un SN sans flexion du pluriel est encore un adjectif,
qui vient s’opposer au nom qui, lui, porte le -s.
e) il existe un dernier type dans lequel les adjectifs sont réellement devenus des noms ; il
s’agit du seul cas de conversion catégorielle. Il est illustré par blacks par exemple : on peut
affirmer qu’il s’agit d’un nom à part entière car tous les tests fonctionnent :
- au pluriel, il prend toujours la flexion du pluriel : la classe des Noirs ne peut
pas être désignée par the black_.
- il admet tous types de détemination, singulière comme plurielle : a black, two
blacks, the blacks, Ø blacks, …
- il admet également le génitif : blacks’ talents, blacks’ interests par exemple.
Cet ensemble compte encore le nom whites, sur le même modèle, mais aussi des termes de
rang social (nobles), de membres de partis politiques (the Liberals), de sexe (males / females),
… – pour plus de détails, voir Jespersen (1961 [1948] : vol.1, part II, p. 234 ff). Jespersen
rappelle également que certains noms désadjectivaux sont aujourd’hui tellement fréquents que
l’on ne les ressent plus comme seconds par rapport aux adjectifs dont ils sont issus ; il cite par
exemple a fanatic, a third, …, pour lesquels l’adjectif est encore vivant, ou encore fiend et
friend, issus de participes passés de verbes disparus signifiant haïr et aimer.
En conclusion sur ces adjectifs dits substantivés, l’analyse a montré que la frontière entre
adjectif et nom était fonction :
- d’une part, de caractéristiques sémantiques : l’adjectif dénote typiquement une qualité, le
nom une classe notionnelle complète ; cependant, cette distinction est apparue insuffisante,
car elle est liée surtout à la fonction syntaxique de l’élément – en d’autres termes, un adjectif
en position de tête de SN désigne une classe de référents.
- d’autre part, elle est fonction de caractéristiques syntaxiques : en partie les possibilités de
détermination, mais aussi et surtout la capacité à prendre la flexion du pluriel et à admettre le
génitif.
Les cas de conversion catégorielle sont très minoritaires ; pour la grande majorité des cas,
l’adjectif conserve sa nature, en d’autres termes l’essentiel de son identité (morphologique,
syntaxique et sémantique) pour ne prendre que superficiellement certaines caractéristiques du
fonctionnement du nom ; c’est ce que Jan Goes nomme la « distorsion catégorielle ».
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On s’intéresse à présent à un cas en quelque sorte inverse : celui de N2 dans les composés
de type N2-N1, où un nom est cette fois employé avec une fonction typiquement instanciée
par un adjectif classifiant : celle de modifieur. Quelle différence y a-t-il entre nom et adjectif
dans cette position ?
II. N2 dans les composés de type N2 N1
1. Caractéristiques syntaxiques :
– N2 (commun ou propre) est proche d’un adjectif :
• il ne porte pas la flexion du pluriel – à l’exception de man et woman s’ils indiquent le
sexe du référent. Notons que les noms qui n’existent qu’au pluriel conservent
généralement leur –s, mais que même certains d’entre eux le perdent ; ainsi trouser_
pocket, pyjama_ trousers, … (mais jeans pockets, glasses case, clothes peg, …).
• il occupe une position d’épithète, ie. antéposé au nom tête, et comme un adjectif il
peut être séparé de ce nom tête par un autre nom modifieur (UK legislation policy,
Sunny Retreat Garden Plan), voire par un adjectif si celui-ci forme avec le nom tête
une unité lexicalisée (Speyside single malt). N2 peut même parfois être coordonné
avec un adjectif, or on sait que ce sont souvent des termes de même nature qui sont
coordonnés2 : EU and international initiatives, the Maritime and Coastguard Agency.
– MAIS N2 demeure un nom :
• il ne peut pas être modifié par un adverbe, contrairement aux adjectifs : an [electric
shock] treatment et non electrically, vs. [environmentally sustainable] shipping.
• il n’est pas gradable ; en d’autres termes, il n’admet pas le degré (comparatif et
superlatif) ni les adverbes intensifieurs : *a very shock treatment. Notons cependant
que cette remarque vaut également de certains adjectifs : *a very single mother.
• il ne peut occuper la fonction d’attribut. Ex. a tackle shop Æ *the shop is tackle, car
N2 n’attribue pas une qualité inhérente au référent du nom. Mais notons là encore que
cette caractéristique vaut aussi pour certains adjectifs, dits non inhérents : the
presidential election Æ * the election is presidential.
2. Caractéristiques sémantiques :
D’un point de vue sémantique, N2 est proche d’un adjectif ; preuve en est qu’il existe
parfois des doublets nom / adjectif en position de modifieur : on lit ainsi dans un même
énoncé, donc chez un même locuteur et à proximité l’un de l’autre :
(1) The Maritime and Coastguard Agency is actively involved in the development,
implementation and enforcement of maritime environmental policy. One of the
major responsibilities of the agency’s Environmental Quality Branch is the
development of UK legislation, policy and guidance relating to the marine
environment.
(2) The number of people added to the global population will remain high for several
decades, even as growth rates decline. A report (published December 2002) by the
United Nations Population Fund, predicts a world population of 9.2 billion by
2050.
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Même si la condition nécessaire à la coordination est une similarité de fonction entre les deux constituants, et
non nécessairement de nature.
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En (2), nom et adjectif sont même employés avec un même nom tête, population. Par
ailleurs, N2 correspond souvent en français à un adjectif ; ainsi, world population
correspond à population mondiale. Pourquoi, dans les composés en général et plus
particulièrement dans ces doublets, choisir un nom en fonction de modifieur, plutôt qu’un
adjectif ? Il semble exister trois raisons :
- dans la majorité des cas, un nom est choisi parce que l’adjectif n’existe pas. Ex. a sherry
cask.
- l’un des deux est privilégié avec certains noms têtes, peut-être suite à un usage fréquent.
Ex. global warming ( ?? world warming), de même qu’en français on emploie
réchauffement climatique et non réchauffement du climat.
- enfin, il semble exister des facteurs contextuels. On lit par exemple :
(1) there are no traditions of using the method on local and regional level.
(2) This will be done at the country or region level.
Dans chacun des énoncés, l’énonciateur associe deux mots de même nature – ceci confirme
que si un nom en position de modifieur peut être coordonné à un adjectif, leurs natures sont
proches mais pas identiques. Quelle différence alors entre un N2 et un adjectif ? Le nom
désigne une notion ; en le plaçant en modifieur d’un autre nom, un énonciateur invite à
sélectionner dans cette notion le trait le plus saillant, mais le reste de la notion est conservé en
filigrane ; l’adjectif, lui, dénote seulement une qualité.
En conclusion, l’analyse a montré la nécessité de distinguer nature (adjectif, nom) et
fonction (épithète, tête de SN). Une partie du discours regroupe des mots selon leur nature ;
de par cette nature, les membres d’une même partie du discours sont prédisposés à remplir
certaines fonctions – modifieur (ou attribut) pour un adjectif, tête de SN pour un nom.
Cependant, il ne s’agit que d’une prédisposition, liée à leurs caractéristiques, notamment
sémantiques ; une fonction n’est pas réservée à une seule partie du discours (N2 peut faire
fonction d’épithète classifiant), et inversement une partie du discours donnée n’est pas
restreinte à cette fonction (un adjectif peut être employé comme tête de SN). Ces possibilités
supplémentaires ne valent que si le sémantisme du mot le permet (ainsi tout adjectif ne peut
être employé en tête de SN, ex. ?the exciting), c’est-à-dire en fonction du contenu du signifié ;
s’y ajoute en partie la fréquence d’utilisation, qui favorise l’acceptation par l’ensemble d’une
population d’un nom ou d’un adjectif dans une fonction atypique. Ces emplois se sont
légèrement modifiés au fil des siècles, les adjectifs substantivés ayant été plus fréquents, par
exemple, aux débuts de l’anglais moderne et surtout en vieil-anglais ; comme souvent, il
semble donc que le non prototypique soit un terrain propice à l’évolution de la langue.
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