En voilà des histoires ! Vous prenez des titres sur l`été pour

Transcription

En voilà des histoires ! Vous prenez des titres sur l`été pour
En voilà des histoires !
Vous prenez des titres sur l’été pour commencer un texte, vous écrivez des bouts de
phrases et vous passez à votre voisin. Et voilà des histoires pleines de surprises …
Ecritures collectives – octobre 2016 : Isabelle G., Marie-Pascale F., Hélène F., Florence G., Philomène
B., Isabelle F., Murel A., Marianne B., Martine W.
Inaccessible Bleu
Le bleu de l'été, le bleu de la mer, le bleu de ta robe que j'aimais tant...
Je m'accroche à ces images pour arriver à respirer cette poussière grise qui a rendu toute chose
monochrome...
Bleu, envahissant mon cerveau, mon être... bleu devenu gris car ta robe a disparu quand tu es partie
en plein cœur de l'été...
Tu es partie sans un mot, sans un regard en arrière. Je n'étais rien pour toi. Il est vrai qu'on ne s'était
jamais rencontré, jamais parlé, pourtant, chaque été je te voyais...
Tu mettais ta serviette à côté du terrain de volley et tu applaudissais chaque fois que le grand blond
renvoyait la balle en frimant. Comme je le haïssais et en même temps j'aurais tant aimé être à sa
place et j'imaginais des nuits torrides à tes côtés. Toutes ces émotions violentes me tourmentaient
à un point que...
Sortir, courir, marcher, rencontrer des gens, ne pas rester seul...
C'est ce que j'aurais dû faire et que je n'ai pas fait...
Je préférais t'observer de loin, te suivre, te respirer. Oh, j'avais honte de moi de t'épier ainsi mais
que veux-tu...
C'était la folie... Et puis tu as disparu, introuvable, me laissant désœuvré, étonné, étranger à moimême ... plus personne, plus de bleu, plus de gris et plus rien dans ma tête, tout effacé. Mais une
liberté qui se met à la place de ton ombre et une envie de trouver toutes les autres couleurs ratées,
le rouge, le vert, le rose...
Et je cours je cours je cours... puis soudain, derrière moi, une voix :
Tu viens enfin?
Histoire d’héritage
J’ai eu du mal à l’accepter mais il faudra bien que je m’y fasse : le chalet vendu, ce sera notre dernier
été…
Plus jamais les arrivées en pleine nuit, tout là-haut, dans les montagnes, le feu allumé même quand
il ne faisait pas froid….
Là où nous irons, il fera toujours froid mais aurons-nous du bois pour nous chauffer ? Et ce n’est pas
le moindre des mystères qui nous attend…
Il y a ce voisin étrange que je croise chaque jour. Il me regarde, crache par terre et rentre dans sa
maison…
Lui, sa maison, il la garde. Nous, cet été, il faudra tout vider, tout partager, quelques belles
engueulades à la clé.
Yann a déjà pris le lit, Véronique la commode. Moi, une vieille lampe, c’est tout. Soudain, j’entends
Véronique crier « Regardez ce que j’ai trouvé dans un tiroir ! »
Je découvre un string, un string bleu à paillettes parfumé, tout couvert de dentelles et sa taille, si je
ne me trompe, doit avoisiner le 50. Et là, mille questions se bousculent dans ma tête, des larmes
jaillissent et il y a ce rire, énorme qui remplit toute la pièce. Pétrifiée, je le regarde, hagard…
Que faisait un string taille 50, bleu à paillettes, dans le tiroir de Mémé Jeannine entre la photo de
Papy, une boîte de Prozac et un chapelet ?
Il est trop tard pour le cacher. Déjà, les enfants arrivent et mille questions se lisent dans leurs
regards. Aussitôt je note de planquer tous mes secrets, mieux que dans un tiroir. Qui sait ce que
mes petits-enfants pourraient un jour penser de moi ?
Du rose, sinon rien !
Yann aurait bien voulu passer un été à Cold Spring, mais il y avait Jenny et Jenny ne supportait pas
qu’il la laisse seule. Il avait tout de même essayé une fois, mais ça n’avait pas été concluant,
puisqu’elle avait repeint tout l’appartement du sol au plafond en rose fuschia. C’était sa spécialité.
Elle ne piquait pas de colère, ne s’enfermait pas dans un mutisme obstiné. Non, quand Jenny n’était
pas contente, elle prenait un rouleau, un pot de peinture et repeignait tout. Mais cette fois-ci, elle
ne s’était pas contentée de l’appartement. Elle avait aussi passé à la peinture toutes ses chemises
Oxford, celles avec les deux boutons au col et le pli dans le dos.
Yann devait réagir, oui, mais avec doigté et délicatesse pour ne pas décupler l’énergie barioleuse
de Jenny. Trouver une idée de génie … Utiliser de la peinture transparente pour pouvoir dire à Jenny
en premier lieu que le ciel devait rester bleu. En second lieu, qu’à la place de la peinture elle pouvait
s’essayer au feng shiu et déplacer tous les meubles pour créer la fameuse harmonie qui pouvait lui
faire voir la vie en rose. Mais Jenny ne l’écoutait pas. Elle était déjà en train de choisir une nouvelle
nuance d’un horrible rose. Yann se dit qu’il pourrait peut-être aller à Cold Spring avec elle et qu’il la
laisserait repeindre une pièce de la maison. En bleu, n’importe quel bleu, oui, c’était une très bonne
idée.
« Jennifer, tu viens on va acheter un gros pot de peinture. »
Il n’eut pas le courage de contredire sa demande pleine de fausse candeur :
« Du rose, mon chéri ? ».
Seul avec une blonde
Je suis très âgé maintenant, peut-être le seul humain vivant dans cette ville. Je vais tâcher
d’expliquer pourquoi, au moins pour retrouver des idées claires.
Cela a débuté au bout de la rue avec une blonde blessée qui, par un soir d’été, est arrivée.
Elle est arrivée la tête en sang, les vêtements déchirés et des jambes immenses au bout d’une
jupette courte. Mail il y avait plus de peur que de mal, j’ai nettoyé la blessure et là, incroyable, j’ai
reconnu mon ancienne voisine.
Quand on avait huit ans, on se détestait. Je me souviens qu’un jour, elle m’avait fait avaler du savon
caché dans un beignet. Elle avait toujours des blagues stupides, et ça la faisait tellement rire, moi
qui étouffais devant elle : aucune pitié ! Je l’aurais bien étripée, heureusement pour elle que ce jourlà je venais de recevoir de ma mère mon ADN en cadeau. J’étais euphorique et ouvert à toute
surprise que me réserverait la vie…
C’est elle qui fit une drôle de tête quand elle me reconnut.
-« Je t’en ai fait voir autrefois, je m’en excuse mais- tu sais, c’était avant, une autre époque, c’était
différent… »
Plus elle parlait et plus elle s’embrouillait. Ce qui était clair, c’était que là, maintenant, elle mentait
carrément !
Elle ne s’embrouillait plus, elle mentait !!! Le mensonge, ça peut faire gagner du temps… Mais à quoi
cela rimait-il de mentir ? C’est vrai, tout était d’une autre époque, l’accident nucléaire avait tout
balayé, laissant peu de chances de survie.
Le destin, plus qu’improbable, nous avait réunis, pour peu de temps sans doute. Alors, pourquoi
mentait-elle ?
Le mensonge, était-ce ce qui finalement importait le plus à l’humain ?
Secret de famille
La traversée de l’été n’est pas pour tous chose facile. Il y a ceux qui apprécient et en profitent
pleinement et ceux qui broient du noir dans la pénombre de leur chambre à coucher. Elle, on l’avait
retrouvée inerte sur son lit. C’est du moins ce qu’avait raconté le journal du soir. Un fait divers me
direz-vous… pas tout à fait… Autour de son lit immaculé étaient éparpillées de nombreuses pages
déchirées : journal, cahiers, livres de la bibliothèque, tout y était passé, dix épais cahiers manuscrits
– comment avait-elle pu les remplir à son âge, si jeune… Néanmoins, je m’en emparais : peut-être y
avait-il là matière à tirer un bon roman, sait-on jamais ! D’ailleurs la rentrée littéraire approchait.
Entre deux pages, une photo ancienne attira mon attention : que faisait ma grand-mère dans cette
histoire ? Ma grand-mère toute jeune et souriante. Je regardais le visage de la jeune-fille blême,
traits tirés : c’était son portrait craché. Elle n’était pas morte, disaient-ils, elle était ailleurs, cachée
dans un coma… Je mis la photo dans ma poche et jetai un dernier regard au journal : il datait de
1936, l’année de ma naissance…
Je me sentis soudain complètement dérouté, la tête totalement embrumée. Que se passait-il donc ?
Avais-je fait un saut dans le temps ou alors l’histoire se répétait-elle encore ? Un grand frisson me
traversa l’échine. Quel était donc ce mystère, ce secret si bien gardé ? Qui protégeait-on si bien ? Et
si c’était vrai tout ce que j’avais imaginé ?

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