Histoire de Fort de France - Ville de Fort-de

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Histoire de Fort de France - Ville de Fort-de
FORT – DE – FRANCE,
VILLE DE DEFIS,
VILLE CAPITALE.
Certaines Villes - Capitales, par leurs atouts naturels, s’imposent à leur espace et aux sociétés
qui les conçoivent et les développent.
Fort – de – France doit son existence et son développement à la volonté et à la ténacité des
hommes qui ont su relever bien des défis avant d’affirmer, de manière incontestable au XXe
siècle, sa place comme Ville – Capitale.
Si les Arawaks et les Caraïbes ont privilégié la côte au vent, la côte orientale de l’île, c’est,
aux premières heures de la colonisation, la façade Nord-Ouest de la Martinique qui a attiré les
colons. Un premier établissement se forme à Saint – Pierre.
«Nous, Pierre Belain, écuyer, sieur d’Enambuc, capitaine entretenu et gouverneur pour le roi
en l’isle de Saint-Christophe, des Indes Occidentales, ce jour d’hury, 15°de Septembre 1635,
je suis arrivé en l’isle de Martinique par la grâce de Dieu…… ».
Le Père du Tertre, un des premiers chroniqueurs, raconte :
Monsieur Desnambuc estant party de l’Isle de Saint Christophe, au commencement du
mois de juillet de l’an 1635, descendit à la Martinique cinq ou six jours après. Il fit
promptement bâtir un fort sur le bord de la Mer, qu’il munit de canons, et de tout ce qui
estoit nécessaire pour le bien deffendre. Le Fort fut nommé le Fort Saint Pierre …
Avec ces mots consignés dans l’acte de prise de possession de la Martinique, d’Enambuc au
nom du roi de France pour la Compagnie des Isles de l’Amérique, marque le début de la
colonisation de la Martinique par les Français. Les hommes de d’Enambuc érigent un fort à
l’angle formé par le rivage et la rivière Roxelane, c’est le fort Saint-Pierre.
La progression des colons dirigés à partir de 1637 par Jacques Du Parquet leur permet de
disposer dans la partie occidentale de l’île et face aux Caraïbes d’un territoire allant du
Macouba à la Baie du Marin.
Les colons s’intéressent dès lors au littoral qui fait face « à l’entrée de la plus grande baie de
l’isle ».
La construction d’un fort bâti en palissades y débute, c’est le premier fort Royal.
Le contexte d’affrontements de la deuxième moitié du XVIIe siècle, avec les Caraïbes mais
surtout avec les autres puissances coloniales -anglaise et hollandaise- en concurrence dans la
Région, renouvelle l’intérêt des maîtres de la colonie sur la partie centrale de l’île, dénommée
« Cul de Sac Royal ». Le site près duquel le fort de Du Parquet est érigé est contrairement à
celui du Fort Saint-Pierre marécageux et insalubre.
Mais dans le cadre de la défense de l’île, la baie présente de gros avantages, le mouillage y est
excellent et protégé.
Lorsque en 1672, commence la guerre entre la France et la Hollande, Monsieur de Baas
administrateur de l’île insiste sur la nécessité de placer sur les points dominants de la
Martinique des postes d’observation afin de prévenir l’arrivée des navires ennemis.
Dans cette configuration, la poursuite des travaux de la citadelle du Fort Royal sur la pointe
avancée de la Baie s’impose. L’année suivante, après maintes tergiversations, la décision est
prise d’édifier une ville à proximité du fort. Un plan est établi, les colons peuvent obtenir de la
Compagnie des Indes Occidentales des concessions dans l’espace à bâtir de la ville, FortRoyal.
Les travaux du fort se déroulent sur plusieurs années, il en est encore fait état en 1680.
Mais déjà en 1674, le Fort-Royal fait face à l’assaut des troupes hollandais menées par
l’amiral Ruyter. Celui-ci échoue dans son entreprise de conquête de l’île. Les colons ont
résisté tant sur mer en coulant des navires marchands à l’entrée du Carénage et les bateaux s’y
trouvaient ; que sur terre en tirant depuis le fort en direction de marins qui avaient débarqué
de la Baie des Flamands.
Le site doté de son fort a donc des atouts et présente de bonnes capacités de défense. Une ville
peut s’y développer en toute sécurité.
Mais la zone est marécageuse et insalubre. Défi fondamental et premier, tenant à la Nature.
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Pour parer aux attaques fréquentes de l’ennemi, notamment Hollandais, en 1672, Louis XIV
ordonne la construction d’un Fort sur la pointe du cul de sac, « sur cette langue de terre qui
s’avance dans la baie du Fort Royal », dira Sydney Daney qui en profite pour dire les
avantages d’une Ville sur l’autre :
Le Fort Royal était une forteresse où l’on pouvait se défendre contre une attaque,
et le Carénage un bassin où les navires étaient en sûreté, tandis que le Fort et la
ville de Saint-Pierre étaient exposés de tous les côtés.
Ce n’est pourtant que l’année suivante, en 1673,, après maintes tergiversations, que la
décision est prise d’édifier une Ville aux alentours. Un plan est établi, les colons peuvent
obtenir de la Compagnie des Indes Occidentales des concessions dans l’espace à bâtir la Ville,
sous le nom de Fort – Royal.
(Illustration à venir)
La décision de créer une ville à proximité du Fort-Royal ne fait pourtant ne fait pas
l’unanimité. Des voix s’élèvent pour s’opposer au développement d’une ville sur un terrain
dont on dénonce le caractère marécageux, dont l’air est malsain, générant le « mauvais air »,
la « malaria ». Les opposants privilégient Saint – Pierre où le terrain ne présente aucun de ces
inconvénients.
En 1692 cependant, le gouverneur et lieutenant général des colonies françaises d’Amérique,
Comte de Blénac, décide de faire du Cul de Sac Royal le chef – lieu de la colonie, scellant
ainsi le destin de la ville.
Quelques années plus tard, en 1700, le Marquis d’Ablimont lieutenant-général des îles
françaises d’Amérique rappelle en ces termes les raisons à l’origine de l’établissement de la
ville du Fort-Royal.
Première raison : le port ou le Cul de Sac du Fort-Royal et ses rades sont seules de l’île où les
vaisseaux tant du roy que des marchands puissent être dans la plus grande sûreté tant contre les
ouragans que les ennemis en temps de guerre.
Deuxième raison :le Fort-Royal est sans contestation et sera toujours la place la plus forte, la mieux
située et la plus sûre qui puisse être bâtie dans l’île……
Troisième raison : le Fort-Royal étant la place la plus forte de l’île, le siège de la garnison et son port,
le seul où les vaisseaux du roy puissent être en sûreté, il est nécessaire que tous les magasins du roy y
soient rassemblés tant en temps de guerre qu’en temps de paix…….
……..A l’égard de l’hôpital des troupes, il est aisé de juger de la nécessité qu’il y a qu’il soit au FortRoyal où est le fort de la garnison, tous les autres lieux n’étant que des détachements. Le Fort-Royal
étant le lieu où viennent mouiller tous les vaisseaux du roy dont les équipages doivent être mis à
l’hôpital lorsqu’ils en ont besoin aussi bien que ceux des marchands……
Quatrième raison
Cinquième raison : Le quartier Fort-Royal qui fait partie des quatre dont l’île est coupée est le plus fort
de tous, soit en nombre d’habitants, de sucreries et de bestiaux ; et par conséquent celui où se fera
toujours le plus fort commerce et chargement de sucre.
Théodore Baude, martiniquais qui s’est appliqué à conter le nom des rues de Fort-de-France,
le présente comme « le fondateur de la Ville », dont « les restes ont été déposés dans l’église
qu’il a bâtie », notre cathédrale actuelle.
(Illustration à venir)
Il est temps de signaler l’origine du petit drapeau bleu aux quatre serpents que l’on voit,
parfois, au fronton d’édifices publics du chef-lieu. Il a été créé par une ordonnance du 4 août
1766, et ainsi défini :
Tous les propriétaires de vaisseaux, bâtiments, goélettes et bateaux dépendant du
gouvernement de la Martinique et de Sainte Lucie, feront pourvoir leurs bâtiments d’un
pavillon bleu avec une croix qui partagera ledit pavillon en quatre : dans chaque carré
bleu, et au milieu du carré, il y aura la figure d’un serpent en blanc, de façon qu’il y aura
quatre serpents en blanc dans ledit pavillon, qui sera reconnu dorénavant pour celui de la
Martinique et de Sainte Lucie.
Tout au long du XVIIIe siècle, Fort – Royal se développe. La ville qui va adopter le nom de
Fort –de – France sous la IIe République, doit faire face aux problèmes liés à la nature
marécageuse de son sol. Le chef-lieu de la colonie est installé dans une véritable cuvette où
affluent les eaux pluviales, les eaux de mer lors des fortes houles, et les eaux de la rivière
Levassor, qui bien souvent sortent de son lit en période d’hivernage.
Il faut assécher. Des axes de drainage sont créés, et en 1763 débutent les travaux de
construction d’un canal d’enceinte qui fait communiquer la rivière avec le port et qui va
recevoir les aux des mornes qui cernent une partie de Fort-de-France. Ce canal d’enceinte six
pieds d’eau, et c’est à partir de 1766 qu’il est utilisé. Des chaloupes y circulent et trois ponts
permettent de le franchir : le pont d’Ennery au Carénage, le pont Fénelon ou pont Cartouche
et le pont Blondel ou pont de l’Hôpital près de la Rivière Levassor. Le canal du carénage à la
rivière de l’Hôpital doit permettre d’écouler les eaux stagnantes des terrains, de les assécher
afin d’y faciliter l’installation des hommes. Cette réalisation qui assèche les marais, favorise
l’essor de la Ville.
En 1891 encore, un ancien vice-Recteur de la Martinique, Louis Garaud, s’autorisera à écrire
les inconvénients majeurs de ce sol meuble de Fort-de-France :
… Il ne faut pas songer à établir les fondations solides d’un édifice sur le premier
emplacement venu. C’est souvent en vain que l’on cherche, à quinze mètres de profondeur,
à travers le sable, une roche sur laquelle on puisse appuyer des pilotis. Quand on a essayé
de faire grand et d’employer dans les constructions la fonte et les pierres de taille, on n’a
pas tardé à voir le sol s’affaisser, les fondations fléchir et les murs se lézarder …
C’est donc dire si assécher le sol de la Ville a été une préoccupation majeure. A cet effet, des
axes de drainage sont crées ; et, en 1763, débutent des travaux de construction d’un canal
d’enceinte qui fait communiquer la rivière Levassor avec le Port, au droit de la Ravine
Bouillé. Ce canal est creusé par une levée de terre, ce qui lui conférera le nom aussi, de
« Canal de la Levée ». Il a vocation à recevoir les eaux des mornes qui cernent le site, et à
assécher le site en contrebas. Notons qu’il est suffisamment large pour qu’y circulent, sur
toute sa longueur, des canots à rames.
Au XIXe siècle, Fort – de – France poursuit son développement, les foyalais sont de plus en
plus nombreux dans le Centre mais aussi dans les quartiers environnants qui commencent à se
développer après 1848 et tout le long de la seconde moitié du siècle. La population du cheflieu passe de 9 200 habitants à 16 056 habitants en 1894. le canal d’enceinte pose à cette
population des problèmes de salubrité de plus en plus importants. Le curage d’une partie du
canal est ordonné, et vers 1857-1858 il est comblé et une route, la Levée est créée elle marque
la limité nord entre le centre-ville et le quartier des Terres-Sainville aussi appelé le « quartier
des misérables ».
Fort-de-France ville militaire et administrative ne peut rivaliser avec Saint-Pierre, plus
peuplée, ville de commerce et de négoce. Mais dans le seconde moitié de siècle elle se
positionne dans le vie économique de l’île avec de nouvelles activités portuaires notamment.
Le 6 Mai 1868, le bassin des Radoub de Fort-de-France est inauguré, les travaux de
construction ont duré près de dix ans.
Toute fois, elle doit faire face aux aléas.
C’est alors, hélas, Fort – de – France doit faire face à des fléaux qui la mutilent : le 11 Janvier
1839, elle est dévastée par un tremblement de terre ; ce qui peut avoir incité à adopter un
mode de construction générateur d’autres fléaux ; Louis Garaud observe :
Il y a cinquante ans environ, en 1839, un tremblement de terre avait renversé Fort-deFrance. Pour éviter de semblables catastrophes on crut nécessaire de rebâtir une cité
reposant légèrement sur le sol et entièrement construite en bois. Hélas ! le sort de ces
villes est de devenir tôt ou tard la proie du feu.
De fait, le 22 juin 1890, la quasi-totalité du Centre de cette Ville qui compte alors, 16.000
habitants, est détruite par un incendie facilité par les matériaux de construction des maisons :
« Ce dimanche 22 Juin 1890, Fort-de-France s’éveille avec les premiers rayons d’un chaud soleil. Le
carême se termine il a été marqué cette année par une forte sécheresse qui a vidé les bassins et asséché les
rivières.
En plein centre ville au 79 rue Blénac, sur un terrain appelé cour Sully s’élèvent deux corps de logis se
composant de trois chambres au 1er Etage et trois chambres au rez-de-chaussée. Chacune des douze
chambres mesuraient 3, 30m de largeur sur 4,33m de longueur étaient occupées par divers locataires. C’est
au bout de la cour à droite au 1er Etage qu’habite Hercule Adeline Marguerite, 55 ans. (Elle) vit là en
compagnie de son fils Léopold et de son petit neveu Omer. Dans cette petite chambre va se déclarer vers
8h30 du matin l’incendie qui durant toute une journée et toute une nuit va ravager Fort-de-France.
Adeline, marchande de farine et de fruits, laisse ce jour sa chambre après avoir mis au feu des bananes et de
la viande salée pour le repas. En jouant avec deux petits camarades dans la chambre, Omer le petit neveu de
5 ans renverse le réchaud embrasé.
Les murs en maçonnerie de la nouvelle ville ne s’élevaient pas au dessus du rez-de-chaussée, et sur eux
s’étageaient les maisons construites en bois dans toute leur hauteur … Les flammes sautaient de maison en
maison, de rue en rue, de quartier en quartier, dans tous les sens, avec une vitesse qui pouvait déconcerter et
annihiler les bonnes volontés….
Ce fut aggravé par un cyclone, le 18 août 1891, qui fit près de 400 morts !
Jamais désastre semblable à celui du 18 août n’a, de mémoire d’homme, jeté sur un pays
la dévastation et la mort d’une main aussi brutale… De loin, Fort-de-France me sembla
avoir aussi terriblement souffert. En effet, le grand marché couvert, la cathédrale et le
grand dortoir de l’hôpital militaire s’étaient effondrés. Les constructions neuves étaient
éventrées, penchées ou renversées. Les maisons n’avaient plus de toitures. Les hauts
palmistes qui entouraient la statue de l’impératrice Joséphine étaient décapités, la tête
pendante le long de leur tronc. Les arbres séculaires de la grande Savane, qui formaient
des allées si ombreuses, en grande partie abattus, avaient écrasé dans leur chute les cases
que les pauvres gens y avaient construites depuis l’incendie. C’était un indescriptible pêlemêle de débris de toute sorte au milieu desquels des malheureux cherchaient la place de
leurs demeures….
L’Edilité doit relever un défi nouveau, et de taille : rien moins que reconstruire la Ville.
Pourtant, la vie se reprend à foisonner, l’activité redémarre. Une nouvelle fois, les hommes
réinvestissent la ville.
Pourtant, la vie se reprend à foisonner, l’activité redémarre. Une nouvelle fois, les hommes
réinvestissent la ville. Fort heureusement, dans la seconde moitié du XIXe siècle, Fort-deFrance se positionne dans la vie économique, du fait, notamment, de nouvelles activités
portuaires. Décidément, le port de Fort-de-France a joué un rôle important, voire déterminant
dans le choix qui fut fait de la Ville en tant que chef-lieu. Les auteurs d’un petit opuscule
diffusé par la colonie à l’Exposition Universelle de 1900 s’enorgueillissent :
Le port de Fort-de-France est l’un des plus vastes et des plus sûrs des Antilles. On y
distingue le carénage où les navires se trouvent sous la protection du fort- Saint-Louis et
la rade des Flamands.
Il a rendu des services en 1778-1783, pendant les guerres d’Amérique, et en 1862-1867,
pendant la guerre du Mexique. Plus récemment, il a servi de point de ralliement aux débris
de la flotte espagnole après la guerre de Cuba.
Et voici que la Martinique entre dans le XXe siècle, par la catastrophe du 8 mai 1902, qui est
l’anéantissement de Saint- Pierre par la Montagne Pelée. Cela aura, jusqu’à aujourd’hui, des
conséquences énormes sur la vie économique et culturelle de l’île. Fort-de-France, qui, de fait,
est le centre principal d’accueil des sinistrés du Nord, et qui, parallèlement, hérite de l’activité
commerciale et du négoce de Saint-Pierre, doit relever ce défi inattendu : assumer d’être
l’unique grande Ville de l’île.
Seul grand centre urbain, Fort-de-France s’étend, gagne les hauteurs, créent des quartiers
nouveaux, à desservir, et à aménager.
(Illustration à venir)
Cette situation que nul n’avait envisagé pousse à hâter la réalisation d’un vieux projet de
l’Edilité foyalaise : le quartier des Terres – Sainvilles est acheté par la Ville, assaini, loti. Le
maire, Victor SEVERE, en fait une « Cité ouvrière ». Il écrira que c’était « son rêve entêté
dont la pensée l’a soutenu à travers toutes les vicissitudes de la vie politique ». Un Cahier des
charges voté par le Conseil municipal, en sa séance du 13 mai 1925, lequel entres autres
stipulations prévoit que « le prix de la concession sera payable en vingt ans par fraction
semestrielle et sans intérêts »
Le mouvement d’extension de la Ville dans l’espace s’accompagne d’un accroissement
démographique important, à moins que ce ne soit l’accroissement démographique qui
explique le mouvement d’extension de la Ville. De 16.050 habitants au recensement de 1894,
le dernier avant la catastrophe, Fort – de – France passe, à 52.051 en 1936, et à 66.006, en
1946. Le flux le plus dense semble avoir été apporté par la descente vers le chef – lieu des
ouvriers agricoles et industriels, en conséquence de la déconfiture de l’économie cannière, à
partir de 1960 environ. En 2003, Fort – de – France compte 94 059 habitants, soit un peu plus
de 40 % de la population totale de l’île.
Le flux le plus dense semble avoir été apporté par la descente vers le chef-lieu des ouvriers
agricoles et industriels, en conséquence de la déconfiture de l’économie cannière. A mesure
que, en dix ans, de 1963 à 1973, les cannes manipulées passaient de 1.111.653 tonnes à
305.269, les travailleurs agricoles perdaient tout à la fois leur embauche, le lopin de terre et le
logement qui, jusque là, durant l’inter récolte, leur étaient garantis par l’Usine ou la distillerie.
Il ne leur reste plus qu’à aller tenter leur chance au chef-lieu. Cet accroissement a été
fortement accompagné par l’accueil que réserva aux nouveaux venus la municipalité d’Aimé
CESAIRE, deuxième des deux seuls maires que connut l’agglomération pour tout le XXe
siècle. Ainsi se créent des quartiers nouveaux : Trénelle, Grosse Roche, Citron, Berge de de
Briand, Fonds Populaire, Texaco, Canal Alaric, Volga-Plage … : est relevé le défi de l’accueil
des « émigrés de l’intérieur ».
Illustration à venir)
Le site inhospitalier, cerné de marécages, menaçant de la malaria, dévasté par des fléaux aussi
divers que tremblement de terre, incendie, cyclone, est, désormais la Ville la plus importante
et la plus peuplée de la Martinique. Ville-Capitale, Fort-de-France polarise l’espace
martiniquais, et doit répondre aux exigences tant des administrés résidents que des milliers de
citoyens qui, quotidiennement, travaillent en son Centre, ou le traversent. C’est désormais un
centre commercial, portuaire, et administratif. Et l’ultime défi n’est autre que l’organisation
de cette mégapole, et sa mise aux normes de la modernité. Nouveau défi pour le Conseil
Municipal élu en ce début de siècle, en mars 2001, et pour son maire nouveau, Serge
LETCHIMY. Lucide, le chef de l’Edilité est conscient de l’ouvrage à abattre. Il écrit :
Aux problèmes classiques de toutes grandes capitales, s’ajoutent pour cette ville tropicale
des besoins importants en matière d’équipements urbains, primaires et d’habitat, le sousdéveloppement économique marquant et durable de l’île venant compliquer les
perspectives en matière de politique urbaine. Malgré tout, le cap est fixé :
+ résoudre le problème de l’habitat insalubre ;
+ persévérer dans l’effort d’équipement et de viabilisation ;
+ reconquérir le vieux centre et accentuer son développement ;
+ faire de la capitale une plate-forme de l’économie urbaine ;
+ poursuivre les efforts en matière d’insertion des jeunes et des populations défavorisées.