Leïla Boumedjane, ses premiers pas sur scène

Transcription

Leïla Boumedjane, ses premiers pas sur scène
ECHOS TALENT
Leïla Boumedjane : J‘aime le
théâtre depuis que je suis toute petite.
Mes professeurs ont souvent convoqué mes parents pour leur dire que
j‘avais un don et qu‘il fallait que j‘en
fasse. Mes parents étant assez stricts,
ils ont voulu que je me concentre sur
mes études. En parallèle des cours à
l‘université, je prenais des cours de
théâtre, j‘ai développé un petit réseau
et j‘ai passé des castings qui m‘ont
permis de jouer dans des Web séries
et des courts métrages, notamment
« 7 vitesses » de Sébastien Kong,
où j‘ai rencontré Oumar.
Justement, Oumar Diaw
est votre complice dans
cette pièce. Pourquoi avoir
voulu jouer à ses côtés?
© Richard Ugo Torbey
Honnêtement, j‘ai répondu
au casting parce que je correspondais au profil. Oumar
avait posté une annonce sur
Facebook et j‘ai décidé d‘y répondre. Je savais qu‘il avait
joué dans « Amour sur place
ou à emporter » de Noom
Diawara et Amelle Chahbi.
Forcément, je savais que
« 9 mois de bonheur... Enfin
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N°33
Ce spectacle nous fait rire
avec un thème universel :
la grossesse. Vous évoquez
l‘annonce faite aux parents,
le choix du prénom ou
encore les sauts d‘humeur et
l‘accouchement. Comment
vous êtes vous préparée pour
incarner ce rôle?
Je me suis clairement inspirée de ma
sœur. J‘ai vécu sa grossesse avec elle,
je faisais les nuits avec elle pour l‘aider quand ses filles sont nées. Le côté
hormonal est juste exagéré, c‘est une
comédie. D‘ailleurs, j‘espère ne pas
être comme la femme que j‘incarne!
Dans le public, il y a des femmes enceintes. À la sortie, je leur dis tout le
temps : j‘espère que vous n‘êtes pas
aussi folles quand même! Non franchement, ce serait fatigant pour mon
mari et pour moi-même.
Lors du salut au public à
la fin du spectacle, vous
dites qu‘il s‘agissait « d‘un
spectacle de filles » dans vos
remerciements. Pourquoi?
Il y a quelques petites touches féministes dans les dialogues. Par
exemple au début quand je dis que
nous, les femmes en 2016, on n‘a pas
besoin d‘un homme pour s‘assumer et
La question du
communautarisme est
également abordée dans cette
pièce. Vous êtes d’origine
algérienne et vous incarnez
une femme maghrébine.
De son côté, Oumar joue un
homme sénégalais. Tous les
deux, vous évoquez les clichés
sur vos origines...
« Je suis
partisane du
rire comme
exutoire. »
Quels sont vos projets?
Je me focalise complètement sur la
pièce pour le moment. Forcément
c‘est une belle vitrine, on me propose
des choses, mais je verrai après. J‘aimerais continuer la pièce, la jouer
partout en France ou dans un autre
pays. Et puis passer derrière une caméra, faire du cinéma me tente aussi.
A.B
Leïla et Oumar
vont devenir
parents. Ils
jouent avec
beaucoup
d'humour le
quotidien peu
enviable de
leur couple à
l'approche de
cet événement
imprévu :
hystérie et crises de larmes,
maladresse du compagnon
face à la situation et boulimie...
Toutes les étapes de la
grossesse sont abordées,
caricaturées à l'extrême frôlant
l’exubérance. Qu'on se rassure,
la capacité d'improvisation
du duo ajoute une légèreté
manifeste à la pièce.
Incroyablement complices
et gaillards, les comédiens
n'hésitent pas à interagir avec
le public qui rit aux larmes et
commente la pièce en direct.
: IRYNA KOGUTYAK
Échos d‘Orient : D‘abord
diplômée d‘un master de
droit, vous vous inscrivez
ensuite à des cours de théâtre.
Aujourd‘hui, vous jouez votre
première comédie en duo
avec Oumar Diaw « 9 mois de
bonheur... Enfin presque ».
Qu‘est-ce qui vous a amenée
sur scène?
C‘est la même chose sur les planches
ou entre nous : on s‘aime beaucoup.
C‘est primordial pour jouer une comédie comme ça : il faut qu‘elle soit crédible. Franchement, on se charrie, on
s‘apprécie beaucoup, on est complice
et c‘est ce que l‘auteur recherchait
lorsqu‘il a fait passer les castings. De
toute façon, une fois que tu es comédienne, tu sais jouer! Après, les auteurs de pièce cherchent avant tout
une alchimie. Noom Diawara répétait
tout le temps ce mot : l‘alchimie.
cipe qu‘il faut rire de tout tant que cela
ne gêne pas autrui. C‘est très large
comme expression, mais c‘est vrai.
Est-ce que cela dérange quelqu‘un de
dire que les Arabes volent? C‘est drôle
lorsque c‘est bien fait. Lors de la scène
sur le choix du prénom, on évoque le
terrorisme. Notre raisonnement complètement absurde casse les a priori.
Après, à chacun de le prendre comme
il le veut. D‘ailleurs, le public réagit
très bien et lance même des vannes. Je
suis partisane du rire comme exutoire.
Ça fait du bien de rire en ce moment...
PHOTGRAPHIE / GRAPHISME
Après cinq années d’études de droit, elle envoie tout valdinguer. Elle a 25 ans, souhaite bon vent à ses rêves d’avocate et
passe un casting pour jouer dans une pièce de théâtre. Aujourd’hui, Leïla Boumedjane est devenue comédienne. Il faut la
voir sur les planches pour comprendre que, décidément, la comédie, c’est son truc. Rencontre avec la comédienne de
« 9 mois de bonheur... Enfin presque », qui avance sans s’en faire, toute guillerette et heureuse.
Comment fonctionne
votre duo?
encore moins s‘il n‘est pas prêt à avoir
un enfant. Je suis comme ça dans la
vie, j‘essaie de réussir toute seule. La
pièce dédramatise la grossesse et on
en rit. Alors forcément c‘est cliché, les
aspects de la grossesse sont grossis,
mais en sortant, toutes les femmes
qui ont vécu une grossesse me le
disent : « Oui, la glace, les crises de
larmes, tout ça, je l‘ai vécu, je me suis
retrouvée là dedans! »
MISE EN SCÈNE NOOM
DIAWARA
ÉCRIT PAR OUMAR
DIAW ET FONZIE MEATOUG
WWW.PUSHTALENTS.COM
Leïla Boumedjane,
ses premiers pas sur scène
presque » allait avoir un peu le même
humour, la même veine. J‘ai adoré le
scénario lorsque je l‘ai lu. Pour une
comédienne, je passe par tout les
états : je suis gentille, douce, méchante, colérique, dingue. C‘est super
à jouer, je m‘éclate.
LEÏLA
BOUMEDJANE
OUMAR
DIAW
La partie sur l‘annonce aux parents
joue énormément sur les clichés.
On a mis le paquet dans cette scène
et on l‘assume. L‘Algérie, c‘est mon
deuxième pays. J‘y vais très souvent
et j‘y ai beaucoup de famille. Mais je
me sens complètement Française! Je
suis née en France et je parle français. C’était d‘ailleurs ma peur pour
la pièce : que je ne sois pas assez
« typée », car je ne parle pas arabe.
Dans le texte, il y avait des petits détails qui faisaient référence à notre
manière de parler, mais je ne savais
pas le faire. Je pourrais m‘entraîner
car je suis comédienne, mais je n‘en
ai même pas l‘envie. C‘est une pièce
qui doit parler à tout le monde. On se
concentre avant tout sur la grossesse
que je sois Française, Belge, Asiatique, Arabe...
Alors, pourquoi avoir fait le
choix de rire de ces clichés?
Forcément, on essaye de contourner
toutes les réticences qu‘il y a sur les
Arabes par l‘humour. Je pars du prin-
À partir du 06 mai 2016
Plus d'infos :
http://www.apollotheatre.fr
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