Le monomur - Tondeur Editions

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Le monomur - Tondeur Editions
MATERIAUX
Le monomur
L’isolation d’un bâtiment qui
consiste à faire barrage aux ponts
thermiques de la maçonnerie peut
se faire de plusieurs manières.
L’isolation par l’intérieur est l’une
des plus courantes. Elle présente
un bon rapport qualité/prix et
présente l’avantage d’être bien
maîtrisée par les professionnels
mais elle ne permet pas de traiter
tous les ponts thermiques et fait
perdre tout l’avantage que
représente l’inertie thermique des
murs. Autre solution très courante
malgré son prix plus élevé,
l’isolation par l’extérieur (voir
article à ce sujet dans ce magazine)
est particulièrement reconnue pour
ses excellentes performances et
son efficacité en toutes saisons. A
côté de ces deux techniques
traditionnelles, il existe depuis
quelques années une troisième voie
qui semble promise à un très bel
avenir car elle cumule des avantages
non négligeables pour les candidats
bâtisseurs. Il s’agit de la technique
dite de "l’isolation répartie" plus
connue sous l’appellation courante
de “monomur”.
1
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Intégrer le matériau porteur et l’isolant en un seul et même
élément : telle est l’excellente idée développée par des
fabricants de matériau de construction. Le principe de base
est on ne peut plus simple, encore fallait-il trouver le(s)
procédé(s) capable(s) de réaliser cette géniale synthèse. Les
atouts d’un tel système sont considérables et méritent toute
notre attention. La mise en œuvre peut néanmoins se révéler
plus délicate dans certains cas, ce qui doit nous inciter à un
grand discernement lors du choix de l’entrepreneur.
les lames d’air d’un double vitrage.
La disposition en quinconce des
fines cloisons intérieures de ces
briques oblige le flux d’air à
parcourir une distance de plus d’un
mètre pour chaque brique. La
température se modifie ainsi très
progressivement, d’où une
meilleure isolation sans
condensation. Pour être efficace,
ce type de brique ne doit pas être
monté avec un mortier traditionnel
de 10 mm d’épaisseur (source de
pont thermique) mais avec un
ciment-colle d’un seul millimètre
d’épaisseur. Cette technique
permet de gagner encore 20 % sur
l’isolation thermique tout en
réduisant le temps de mise en
œuvre.
2° Les blocs en béton cellulaire
Parfois identifié sous le terme de
“thermopierre”, le béton cellulaire
permet d’obtenir d’excellentes
performances thermiques dès 25
cm d’épaisseur. Il s’agit de blocs
particulièrement légers élaborés à
partir d’un mélange de sable siliceux,
de ciment (20-30%), d’eau, de
chaux (10-20 %) et de 0,05 % de
poudre d’aluminium. Cette
seule fois, d’où de substantielles
1° Les briques alvéolaires
Le principe du monomur
économies de temps et d’argent.
La brique en terre cuite traditionnelle dernière provoque avec la chaux
Le principe de cette technique est
une réaction chimique qui génère
Mais nous reviendrons plus tard
est un matériau très ancien
en réalité d’une simplicité
d’innombrables bulles d’air et lui
sur les avantages de cette
puisqu’on l’utilise dans la
déconcertante. Il consiste à monter
fait augmenter de cinq fois son
technique.
construction depuis près de 7
des murs maçonnés au moyen de
volume. Les millions de bulles d'air
Pour réussir cette performance, il
millénaires. Depuis des dizaines
blocs constructifs épais qui sont à
faut pouvoir disposer d’un
d’années, elle était pourtant battue (jusqu’à 80 %) emprisonnées dans
la fois porteurs et isolants. Au
la masse du bloc en font un très
matériau spécifique qui réunisse
en brèche par les blocs en béton,
couple traditionnel formé par un
bon isolant. Ses qualités
ces qualités en un seul élément.
plus faciles à mettre en œuvre, et
bloc porteur et une couche
intrinsèques lui permettent
Plusieurs produits ont été
son utilisation se limitait surtout à
d’isolant appliqué, on substitue ici
d’obtenir une très faible
développés dans ce sens.
un rôle de parement. Il est vrai que
un seul élément qui joue les deux
conductivité et une correction
la brique traditionnelle souffrait
rôles à lui seul. L’idée de base
quasi parfaite des ponts
d’une
certaine
porosité
et
sa
pose
Des matériaux divers
repose sur les qualités isolantes de
thermiques. Comme pour la terre
au mortier entraînait d’importants
l’air inerte comme dans un double Concrètement, le système de
cuite, son inertie thermique assure
problèmes de ponts thermiques.
vitrage. Le défi à relever consistait construction à isolation répartie ou
La création des briques alvéolaires un confort optimal en toutes
alors à emprisonner de l’air dans la “monomur” peut être mis en
saisons. En outre, le béton
“monomur” signe le grand retour
structure même du bloc constructif, œuvre avec plusieurs familles
cellulaire est à la fois solide,
de la brique en terre cuite dans le
selon divers procédés. Ce système distinctes de matériaux. Les deux
indéformable, ininflammable, et du
principaux, ceux que l’on rencontre gros-œuvre d’un bâtiment. Ce
de construction offre à la fois une
produit a été conçu pour remédier fait de sa structure alvéolaire, léger
inertie forte (peu de déperdition de le plus couramment, sont les
et facile à couper. Il se décline en
briques alvéolaires en terre cuite et aux faiblesses de la brique
chaleur en hiver et peu de
plusieurs formats selon les
ancienne. Elle est beaucoup plus
les blocs en béton cellulaire. Deux
pénétration de chaleur en été) et
besoins. En revanche, le béton
épaisse puisqu’elle se décline en
autres matériaux sont également
une isolation intrinsèque qui ne
cellulaire est très hygroscopique,
grande épaisseur (30, 37, 42 et
disponibles sur le même segment
nécessite pas un doublage
c’est pourquoi on préconise de le
même
50
cm),
moins
poreuse
et
de marché, bien qu’ils soient plus
complémentaire. Puisque la
recouvrir avec des enduits
confidentiels : il s’agit des blocs en elle garantit une meilleure inertie
structure porteuse et l’isolation
hydrofuges synthétiques qui
thermique. Elle offre surtout un
pierre ponce naturelle ainsi que
thermique sont réunies en seul
excellent niveau d’isolation grâce à bloquent sa perméabilité à la
des blocs en béton léger à base
produit, l’entreprise de
sa structure alvéolaire. Les alvéoles vapeur d’eau
construction exécute le mur en une d’argile et de verre expansé.
qui la constituent agissent comme
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d’atouts attrayants pour les
candidats constructeurs.
3° Les blocs en pierre ponce
La pierre ponce est un matériau
naturel extrait des roches
volcaniques. Née du feu des
volcans, cette pierre se forme à
partir de fragments de magma, à
une température de 500 à 600°C.
La lave projetée en l’air se refroidit
très vite et la chute de pression
entraîne un dégazage qui forme de
très nombreuses petites bulles
d’air qui assurent son pouvoir
d’isolation naturel. Les blocs de
construction en pierre ponce sont
composés de pierre et d’une petite
proportion de ciment (moins de
10 %). Leur niveau d’isolation et
d’étanchéité est aussi performant
que les autres matériaux précités.
Les blocs en pierre ponce sont
également incombustibles, ingélifs
et très résistants à la compression.
La légèreté de la pierre ponce est
aussi un atout puisqu’elle permet
la création de blocs nettement plus
légers pour un volume identique.
Ces blocs se déclinent en plusieurs
dimensions, de 24 à 36 cm
d’épaisseur.
4° Les blocs légers avec verre
expansé
Le dernier-né des blocs de type
monomur est constitué d’un
mélange de billes d’argile et de
billes en verre expansé Ces deux
matériaux ont la capacité
d’emprisonner de très grandes
quantités d’air. Les billes d’argile
expansée proviennent de la cuisson
d’argile tandis que les granulés de
verre expansé sont constitués de
verre recyclé. A partir de ces deux
matériaux, un procédé breveté
permet la fabrication de petites
billes blanches, à la fois légères et
très résistantes, qui possèdent
d’excellentes propriétés d’isolation
thermique. Ce type de bloc se pose
comme une brique ou un parpaing
classiques, selon les techniques
traditionnelles en usage sur tous
les chantiers. Grâce au mortier
isolant de même nature que le
bloc, la maçonnerie est
entièrement homogène.
Ses atouts
Les différents systèmes de
construction à isolation répartie
(monomur) ne manquent pas
• Ils se révèlent relativement
économiques à l’usage. Leur prix
d’achat est certes sensiblement
plus élevé que celui des blocs ou
parpaings traditionnels, mais ce
surcoût est largement compensé
par les économies engendrées à
plusieurs niveaux : absence de
matériau isolant supplémentaire et
économie de temps lors du
montage des murs.
• Leur efficacité sur le plan
thermique (inertie, isolation) est
prouvée. Des tests comparatifs
avec des maçonneries isolées de
manière traditionnelle n’ont pas
révélé de grandes disparités entre
les systèmes. On peut parler de
"match nul" à ce propos.
• Les blocs de type monomur sont
tous ingélifs et incombustibles, ce
qui n’est pas le cas de tous les
isolants employés dans la
construction traditionnelle.
• La réalisation des murs est plus
rapide et plus aisée pour les
entrepreneurs puisqu’elle ne
nécessite pas la mise en place
d’une couche isolante
supplémentaire. Le gain de temps
qu’engendre cette technique est
apprécié par les candidats
bâtisseurs.
• Le caractère naturel et
renouvelable de ces matériaux est
apprécié même si tous ne
présentent pas un bilan
environnemental satisfaisant en
raison de leur énergie grise (voir cidessous).
Ses faiblesses
A première vue, le monomur
apparaît comme un technique
exemplaire. Elle est effectivement
très séduisante mais il convient de
prêter attention à certaines mesures
de précaution ou considérations
qui, loin de ternir le produit, vous
engage à une réflexion préalable.
Il est important de savoir par
exemple que les briques alvéolaires
sont particulièrement délicates à
mettre en œuvre du fait de
l’application d’un ciment-colle très
mince (1 mm) au moyen d’un
matériel spécifique. Si votre choix
se porte sur ce matériau, il est
impératif de choisir un entrepreneur
qui soit familiarisé avec cette
technique. Si ces blocs sont
montés de manière traditionnelle,
3
4
1 & 2. Grâce à ses multiples
alvéoles, ce type de brique en
terre cuite assure une bien meilleure
isolation que les briques traditionnelles ou les parpaings. La pose
avec une fine couche de mortier
est affaire de spécialistes. Gamme
«Porotherm» de Wienerberger
3 & 4. Combinaison d’eau, de
sable et d’air, le bloc en
béton cellulaire associe les
qualités d’une pierre et celles d’un
isolant.
Gamme «Ytong» de Xella
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par des maçons non-initiés à la
technique, tout le bénéfice du
système risque d’être réduit à
néant. Les briques alvéolaires se
caractérisent par un procédé de
fabrication particulièrement
énergivore et donc un niveau
d’énergie grise élevé. Certes la
brique est recyclable et l’argile
disponible en quantité quasi
illimitée, mais la cuisson des
briques à très haute température
est extrêmement gourmande, ce
qui plombe son bilan écologique.
Pour remédier à ce problème,
certains fabricants se sont tournés
vers des approvisionnements
énergétiques alternatifs tels que
l’exploitation du biogaz (traitement
des déchets), ce qui permet
d’annuler ou d’atténuer fortement
cet inconvénient.