Le café a longtemps été un lieu de sociabilité masculine et l`est
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Le café a longtemps été un lieu de sociabilité masculine et l`est
Le café a longtemps été un lieu de sociabilité masculine et l’est encore dans les pays de tradition islamique. Dans le monde arabo-musulman, le café est une maison des hommes qui a pour fonction de rassembler en dehors des structures contraignantes de la hiérarchie sociale, familiale et professionnelle. Les hommes s’y retrouvent pour discuter, lire, jouer aux cartes, au domino ou au trictrac, fumer le narguilé ou la pipe, regarder les matchs de football... Les femmes s’aventurent encore peu dans les cafés, à l’exception des « coffee-shop » modernes ou des cafés fréquentés par les touristes, tels le Fishaoui au Caire. Mais, elles s’y rendent accompagnées, en famille ou avec des amies. Historiquement, les femmes prenaient plutôt le café dans l’espace domestique ou au hammam, ce qui a inspiré à Ingres le tableau Le bain turc où l’on voit au premier plan, sur un guéridon, une tasse de moka et au fond une femme nue à laquelle une esclave sert une tasse à café. En Europe, la présence féminine dans les cafés s’est longtemps limitée à la cafetière ou limonadière, la femme qui servait les clients, qui tenait la caisse. Au XVIIIème siècle, dans Le tableau de Paris, Louis-Sébastien Mercier constate : « On courtise les cafetières : toujours environnées d’hommes, il leur faut un plus haut degré de vertu pour résister aux tentations fréquentes qui les sollicitent. Elles sont toutes fort coquettes, mais la coquetterie semble un atout indispensable de leur métier. » Au café des Mille Colonnes à Paris (1807), on venait admirer la « belle limonadière ». Coiffée d’un diadème en pierreries, elle prenait des allures de reine. Les cafés étaient aussi fréquentés par les prostituées. Adossées au comptoir ou assises en quête d’un client, elles ont longtemps été les seules femmes à s’installer seules au café. Les patrons qui souhaitaient maintenir la réputation de leur établissement interdisaient d’ailleurs l’entrée aux femmes. A Paris au XVIIIe siècle, les femmes faisaient arrêter leur voiture devant le café et le portier venait les servir dans une coupe d’argent. Au XIXème siècle, on tolérait les écrivaines telle George Sand au Florian (Venise). Certaines femmes commencent à se hasarder dans les bistrots. Les buveuses d’absinthe et d’eau-de-vie ont beaucoup inspiré les peintres. Le paysage des cafés change. Les terrasses accueillent désormais les femmes vertueuses, enchapeautées, accompagnées de leur mari ou d’autres femmes. En Espagne, les « élégantes » entrent pour la première fois dans les cafés et les botillerias . Mais, il faudra attendre le XXe siècle pour voir les femmes s’installer seules au café. Néanmoins, dans certains pays comme le Portugal, les femmes n’entraient toujours pas dans les cafés dans les années 1950-1960.