Atelier Thécriture / 14 octobre 2016 Consigne 1 : homosyntaxisme

Transcription

Atelier Thécriture / 14 octobre 2016 Consigne 1 : homosyntaxisme
Atelier Thécriture / 14 octobre 2016
Consigne 1 : homosyntaxisme
Écrire un texte qui narrera une punition injuste de votre enfance et qui devra respecter la forme
suivante :
Nom Adjectif, Nom Adjectif, Nom Adjectif. Déterminant Nom Verbe Déterminant Nom Adjectif.
Déterminant Nom Verbe. Adverbe, Pronom Verbe Préposition Verbe Déterminant Nom. Déterminant
Adjectif Nom Verbe, Verbe, Verbe. Déterminant Nom Verbe. Nom. Nom. Adverbe.
- Agnès
Bébé hurleur, enfant terrible, ado destructeur. Ce Kévin tua sept collégiens innocents. Le fusil
détonna. Froidement il tira pour anéantir ses camarades. Ce pauvre gamin visa, abattit, ricana. Sa
mère l'aimait ? Mère. Enfant. Irrémédiablement.
- Jo
Ours adoré, doudou préféré, poupée bleue. Les souvenirs reviennent, les larmes enfantines. La
jeunesse a fui. Évidemment, j'ai ramé jusqu'à l'âge adulte. Une vie entière, à élever, travailler, fuir.
L'enfance reste. Solitude. Tristesse. Infiniment.
- Alain
Paix internationale, assassinat vil, guerre fratricide. Les marchands de canons amassent un fric
considérable. Le peuple souffre. Pourtant, il persiste à obéir aux ordres. Les grands hommes
pavoisent, admonestent, sévissent. Le peuple agonise. Massacres. Tueries. Plus jamais ?
- Isabelle
Nuit pluvieuse. Réunion amicale. Thé fumant. L'inspiration jubile, l'esprit attisé. Les mots dansent.
Lentement, j'écris en écoutant la pluie. De curieuses idées fusent, virevoltent, éclatent, ma tête
chavire. Soirée. Échanges. Poétiquement.
- Dodo
Armoire maudite, soirée sinistre . Le plancher craque. Le silence pesant. La petite avance.
Méthodique, elle s'approche pour voler la clé. L'interdite clé, fouiller, trouver, fuir. Le père surgit .
Voleuse. Violemment !
- Marie
Enfants rassemblés, filles excitées, cousines énervées. Les esprits s’échauffent sous une table nappée.
Inexorablement, elles se tapent dessus en hurlant des méchancetés. Les patientes mamans arrivent,
séparent, consolent. L’aînée est punie. Injustice. Solitude. Terriblement.
Consigne 2 : Recette
Écrire une recette selon une des propositions tirée au sort.
- Agnès – Recette pour se faire détester ou Mijoté de vengeance aux petits oignons
Claquer la porte de la chambre, la rouvrir
Ingrédients :
prétextant avoir oublié vos lunettes. Refermer
- 1 botte de petits oignons doux
violemment.
- 1 joue de bœuf
Laisser mijoter votre moitié dans son jus de
- 1 tête de veau
quiétude. Oubliez le quelques minutes à l'étuve,
- 1 réveil matin
le temps qu'il ramollisse et se rendorme un peu.
- 1 paire de pantoufles
Monter au maximum le son dans la salle de bain,
- 1 poste de radio usagé
changer plusieurs fois de station, pour donner du
- 1 pincée de méchanceté
croustillant à vos préparatifs.
- 1 soupçon de mauvaise humeur
Omettre de se brosser les dents mais laisser
- 2 doigts de provocation
couler l'eau de la douche à température
ambiante sans pour autant l'utiliser bien sûr.
Temps de préparation : plusieurs années
Revenir au bout d'un quart d'heure environ,
allumer le plafonnier et délicatement aller poser
Laisser sonner le réveil même si vous êtes
un tendre baiser sur la joue (de bœuf) puis la
prête à vous lever depuis une bonne demi-
bouche de votre chéri en prenant soin de
heure. Attendre que votre conjoint bredouille
caresser sa tête (de veau) sur l'oreiller, votre
encore endormi : "c'est l'heure de te lever".
aisselle libérant tous ses arômes à portée de ses
Répliquer : "ça va, j'ai entendu. Fait suer !"
narines et murmurer " comment tu m'trouves ce
Faire voler la couette en bas du lit et ouvrir
matin" distillant ainsi votre haleine fétide.
la fenêtre en grand, surtout en hiver.
Ce plat de résistance peut se consommer
S'arranger pour s'entraver dans les
indifféremment chaud ou froid. Réchauffé, il est
pantoufles de votre compagnon et râler bien
encore meilleur !
fort : " t'aurais pu les ranger".
- Jo / Recette pour garder son calme en toutes occasions :
Il faut : 1 - se lever tranquillement chaque matin
gum / mojito.
en écoutant la radio et boire son café au lit.
Si le calme ne revient pas, mettre un CD de Bob
2 - il est conseillé de passer la journée à ne
Dylan ou à défaut de Dario Moreno.
faire que des choses agréables :
Prendre une longue douche.
Mon astuce.
Faire une promenade.
Pour être sûre de garder son calme en toutes
Pratiquer la sieste (crapuleuse si possible).
occasions, j'évoque en cas de dérapage
Aller à un concert ou à un dîner entre amis.
imminent l'image de la Reine d'Angleterre sur son
Lire, boire et bien manger.
trône d'aisance.
En cas de stress et afin d'éviter de justement
Si ça ne fonctionne pas, préparer un fantasme
perdre son calme, il faut toujours avoir à
personnel croustillant qui permettant un éclat de
portée de main : café / cigarettes / chewing-
rire à son évocation détendra l'atmosphère.
- Marie / Une recette pour être très stressée
La veille du jour où le stress doit être à son maximum, laissez débarquer chez vous votre belle-mère.
Le matin, arrangez-vous pour que votre réveil ne sonne pas à l’heure pour que, dès votre lever, vous
soyez très retard. Observez alors que votre pouls s’accélère. Quelques décharges dans vos
membres inférieurs sont possibles.
Prévoyez une inspection de votre supérieur dans la matinée, une séance de peinture à la paille avec
vos enfants l’après-midi, un rendez-vous chez le dentiste et avec votre banquier dans la soirée. A ce
stade, des maux de ventre sévères sont clairement perceptibles.
Rentrez chez vous en accélérant maximum afin d’atteindre une vitesse assez conséquente, pour piler,
jusqu’à en écraser la pédale de frein, et éviter de justesse un sanglier.. Vous constatez que votre
cœur veut sortir de votre poitrine et que l’adrénaline va jusqu’à vos orteils en passant par les coudes
et les genoux (voire, dans certains cas, par le bout des fesses).
Stabilisez votre rythme cardiaque au plus haut, autour d’un poulet calciné, en discutant religion,
politique et feuille de paye avec, dans l’ordre : vos beaux-parents,votre belle-sœur et votre beaufrère, des grands nostalgiques de la « France éternelle ».
Vous pouvez laisser au chaud et vous resservir.
- Alain / Une recette pour vieillir vite : Le pitit vieux
Ingrédients :
- un homme en bonne santé dans la force de
devant l'émission de télévision "N'oubliez pas les
l'âge
paroles", et les deux enfants dans l'unique
- une femme très bavarde
chambre de l'habitation.
- un garçon surdoué
Demander à la mère de ne pas répliquer aux bons
- une fille atteinte de bronchite chronique
mots de Nagui et de ses invités, au fils de lire le
huitième tome de Harry Potter et d'en faire un
Dans un appartement HLM de vingt-cinq mètres
résumé en trois phrases, à la fille de réciter ses
carrés, placer l'homme dans la cuisine en lui
leçons sans tousser.
donnant comme mission de préparer un plat de
Si tout se passe bien, le père doit avoir vieilli de
spaghettis carbonara, sa femme dans le salon,
dix ans en vingt-trois minutes.
- Isabelle / Recette pour aider autrui
Ingrédients :
Mélangez une dose de gentillesse avec une dose d'attention.
Gentillesse
Laissez reposer quelques minutes.
Attention
Ajoutez une dose d'écoute bienveillante.
Écoute bienveillante
Travaillez du bout des doigts et laissez reposer plusieurs heures.
Tact
Pendant ce temps préparez quelques conseils judicieux en
Sincérité
mélangeant délicatement sincérité et tact.
Patience
Incorporez ces conseils au mélange de base.
Bonne humeur
Ajoutez une bonne dose de patience et faites mijoter le tout à feu
Sourires
très doux.
Encouragements
Avant de servir, saupoudrez à volonté de sourires, de bonne humeur
et d'encouragements.
- Dodo / Recette pour une soirée de merde (15 à 20 personnes)
- des amateurs de foot
premier les personnes chargées de l'animation
-des afficionados de corrida
musicale.
-des végétaliens
Préalablement, vous aurez envoyé des
-un moine bouddhiste
invitations par SMS à des personnes choisies
-une musique excessivement forte
au hasard sur les téléphones portables de vos
-une garden party
collègues pendant leur pause.Prenez soin de
-un orage apocalyptique
repérer parmi ces collègues ceux dont le
mode de vie se rapproche de la liste des
Dans un lieu isolé, en plein milieu de la
ingrédients.
campagne, non repéré par le GPS, faites venir en
A l'arrivée des convives, vérifier que chacun
rentre bien dans les catégories pré-citées et
largement affichées sur des panneaux au sein du
Insister pour que la musique soit
lieu. Coller à côté de leur nom une photo de
insupportablement forte et les décibels au
chacun.
maximum.
Veillez à ce que les personnes les plus
Quand les esprits sont suffisamment échauffés,
idéologiquement éloignées soient assises à la
invoquer le ciel pour qu'un orage
même table.
apocalyptique inonde le lieu. Faites des
photos. Balancer sur le Net.
Consigne 3 : Écrire une phrase "lieu-commun"
Sur un petit morceau de papier, écrire une phrase (agaçante) que vous entendez souvent ou qui est
un lieu-commun du type : "L'hiver sera frais, mes rhumatismes me font mal" / "Y'a des champignons
?" Mise en commun des productions, tirage au sort pour chaque participant.
Consigne 4 : Écrire une mini-nouvelle à partir du "lieu-commun"
Écrire un texte qui commencera ET qui finira avec le lieu-commun tiré au sort précédemment.
- Agnès
"Après les vacances, Noël n'est pas loin" disait ma grand-mère Camille quand j'étais une petite fille.
Pourtant comme l'hiver me paraissait lointain. D'abord la rentrée, les nouveaux livres, les cahiers, les
copines, une nouvelle maîtresse. Peu à peu l'été s'effaçait, la mer se retirait doucement de ma
mémoire. Ma peau retrouvait sa pâleur naturelle et les couches de vêtements s'accumulaient sur mon
corps maigrichon. Ma mère sortait les édredons, notre chambre d'enfant redevenait grise et froide.
Je rechaussais mes bottillons et j'écoutais mes pas sur les tas de feuilles mortes de l'avenue. Un
passage chez la couturière pour un nouveau manteau du dimanche et les messes dans l'église
glaciale avec ma grand-mère. "Après les vacances, Noël n'est pas loin"... Le temps s'étirait, bonpoints entassés dans leur boite de pastilles vide. Quelques images plus tard, dix bon-points-une
image, la neige arrivait. Les soupes fumaient sur le poêle chez l'autre grand-mère, la vieille, la petite.
Celle que nous appelions, nous les enfants, la Mémé Petite. Je me pelotonnais sur les genoux de
ma grand-mère Camille-après les vacances, Noël n'est pas loin pendant que les grands jouaient aux
cartes. Rêves d'enfant, listes inachevées, raturées, recommencées, promesses de cadeaux
merveilleux. Deux grands-mères pour une enfance tendre, douce et tellement lente.
Mes jeudis défilent très vite maintenant. Je ne fais plus de commande au Père-Noël, je me contente
de commander... une volaille pour le repas familial.
Quand à la fin de l'été ma petite fille est venue se pelotonner sur mes genoux j'ai murmuré comme
une promesse à son oreille "à la fin des vacances, Noël n'est pas loin".
- Alain
Plus on est de fous, moins y'a de riz. Je n'aime pas Coluche, mais chaque fois que j'en ai l'occasion,
je cite cette phrase. Plus on est de fous, moins y'a de riz. La dernière fois, c'était au restaurant
vietnamien de Namur, où j'avais invité trois potes à venir déjeuner avec moi. On était à peine installés
que deux autres connaissances se pointent au resto et viennent nous saluer. Évidemment, magnanime
je les invite, en précisant finement : Plus on est de fous, moins y'a de riz.
Et justement arrive le serveur aux yeux bridés qui apporte la carte. Je commanderais bien un riz
cantonais pour tout le monde, mais le problème, c'est que... plus on est de fous, moins y'a de riz !
Aura-t-il assez de riz pour tout le monde ?
Avec un grand sourire et une belle courbette, le garçon m'explique que la semaine passée il a servi
un repas pour les trente-deux pensionnaires du centre psychiatrique voisin. Ils ont tous mangé du riz.
En effet, ils ont remarqué que cet aliment était largement aussi efficace pour les soigner que tous les
médicaments chimiques qu'on leur fait ingurgiter à longueur de journée et d'année, car, disent-ils,
plus on a de riz, moins y'a de fous.
- Dodo
Avec toutes les bombes atomiques, tout est détraqué…
Il fait grand soleil. La radio diffuse la dernière chanson de Bertrand Belin. Coline étend le linge,
méthodiquement dans le jardin, torchons et serviettes non mélangées, gants de toilette en dégradés
de couleurs. Rufus en reniflant et ventre à terre essaie désespérément de retrouver l'endroit où il a
enterré l'os que lui a offert M. Martial le boucher du village. Ce mois de juillet est paradisiaque et
finalement, ne pas partir en vacances ne me pèse pas. Pas de préparatifs, de prévisions,
d'anticipation. Nous vivons paisiblement chaque instant, sans stress, donnant à chaque événement
une impression de saveur unique et inimitable.
Au loin, j'aperçois le véhicule du facteur.Il est sympa Michel et a toujours le mot pour rire. Il a dû, tout
petit, avaler l'almanach Vermot. Je suis accoudé au portillon et mon regard balaie lentement l'horizon.
Une masse sombre paraît s'élever et grandir en s'approchant de moi à une vitesse vertigineuse. En
quelques minutes, alors que rien ne le laissait prévoir, le ciel devient anthracite et un bovidé venu de
nulle part vient "s'écrabouiller" devant le véhicule de Michel . Je devine à travers le pare-brise les
yeux éberlués du facteur. Il contourne l'animal, s'arrête devant le portail et en me tendant le courrier, il
lance : «Tu vois bien Vincent, avec toutes les bombes atomiques, tout est détraqué...»
- Marie
- J’aime le shopping, comme toutes les filles.
Le dimanche, je m’ennuie. Je ne sais pas quoi faire. Je tourne en rond. Je reste sur mon
canapé à contempler les détails de mon papier peint à petites fleurs. Je compte le temps, je passe
les heures.
- J’aime le shopping, comme toutes les filles.
Quand j’aurai des filles (deux ! l’une sera Mélissa, l’autre Estelle), on ira toutes les trois. On ira
là-bas passer nos après-midis. Dès qu’on pourra, on ira. Il y a de la lumière là-bas. Les gens ne
regardent pas, ils achètent. Ils ne regardent pas, ils consomment.
- J’aime le shopping, comme toutes les filles.
J’aurai un mari. J’aurai un mari qui sera un prince. Il sera grand, aux yeux clairs. J’aurai un mari
qui sera un prince du Nord. Un viking, un grand, un fort. Il portera un grand pull en laine à torsades.
Son pull sera long à sécher, mais c’est pas grave parce que j’aurai un sèche-linge.
Avec mon mari et mes deux filles, on s’ennuiera pas. On ira dans ce grand palais de lumières où tout
sera à notre portée. Parce qu’en plus d’être beaux, on sera riches. On sera tellement riches qu’on
s’achètera du Chanel, du Gucci, du Dior. J’aurai une vie. Une vraie vie.
- J’aime le shopping, comme toutes les filles.
Le dimanche, je mets du vernis rouge sur mes ongles. Parfois, mon père m’appelle pour
prendre des nouvelles. Souvent, il oublie. Je compte le temps, je passe les heures. J’attends que
lundi vienne pour retrouver les lumières de la ville où je ne suis plus seule, où les vitrines clignotent,
où les gens vivent sans regarder, dans le grand palais.
- J’aime le shopping, comme toutes les filles.