LA PÉDIATRIE Hier et aujourd`hui
Transcription
LA PÉDIATRIE Hier et aujourd`hui
LA PÉDIATRIE Hier et aujourd’hui par Paul Malvaux (1934 - professeur émérite 2000) La pédiatrie est une jeune spécialité au sens littéral et étymologique. En effet, elle s’est individualisée dans notre pays après la première guerre mondiale ; dans notre Faculté, le Pr Louis Maldague fut le premier titulaire de la chaire de pédiatrie (1920 – 1948) et le fondateur de l’Institut de pédiatrie au sein de la clinique Saint-Raphaël à Louvain. En 1948, le Pr Pierre Denys lui succéda avec la charge d’enseigner cette spécialité dans les deux régimes linguistiques alors qu’elle n’était enseignée qu’en français par le Pr L. Maldague. Le Pr P. Denys, bactériologue, acquit sa formation de pédiatrie en Hollande. Homme intelligent et humain, il était avant tout un grand clinicien. Le service de pédiatrie qu’il dirigeait ne comportait aucune section spécialisée, les petits patients étaient répartis par groupes d’âge ; les pathologies infectieuses, fréquentes à cette époque, étant cependant regroupées ; tous âges confondus. Ce service de pédiatrie prodiguait une pédiatrie générale de qualité et faisait appel aux collègues internistes pour les cas spéciaux nécessitant entre autres une haute technicité. En 1967, suite à la séparation des deux régimes linguistiques au sein de la Faculté de médecine, une section francophone fut ouverte dans les locaux de la pédiatrie unique à la clinique Saint-Raphaël, dont la direction fut confiée au Pr Roger De Meyer, l’enseignement théorique et clinique étant prodigué en cotitulature : Prs R. De Meyer et Paul Malvaux. Ce service francophone comportait lors de sa création trois membres permanents : Prs R. De Meyer, P. Malvaux et André Vliers. Le Pr R. De Meyer, dont la formation initiale était internistique (Pr J.P. Hoet), avait séjourné à Toronto au Sick Children Hospital où il avait entrepris des recherches fondamentales en tératologie. Celles-ci l’ont progressivement orienté vers la pédiatrie et c’est dans le service du Pr Robert Dubois à Bruxelles qu’il a acquis une formation complémentaire en pédiatrie. Le Pr P. Malvaux sortait du sérail ; en effet, après deux années passées (1959 – 1961) chez le Pr P. Denys, il séjourna une année au Johns Hopkins Hospital à Baltimore comme clinical and research fellow dans l’unité d’endocrinologie pédiatrique dirigée par les Prs R. Blizzard et Cl. Migeon. À son retour des USA, il poursuivit ses recherches dans le laboratoire de physiopathologie du Pr Michel De Visscher sur le métabolisme de l’iode chez l’enfant et l’adolescent qui aboutirent à la rédaction d’une thèse d’agrégation défendue en 1967 sous le titre “ Le métabolisme de l’iode au cours de l’adolescence”. Le Pr A. Vliers obtint sa formation en pédiatrie générale en Hollande, tout d’abord à Maastricht puis à Leiden en cardiologie pédiatrique. Il effectua une année de recherche au laboratoire de physiopathologie de l’Université de Groningen. Puis dès 1968, il devint responsable de la cardiologie pédiatrique à l’UCL, localisée dans la clinique Saint-Joseph à Herent. Il présenta sa thèse d’agrégation en 1970 et raconte lui-même son histoire dans un chapitre de ce livre. Vu les formations complémentaires de ces trois premiers membres permanents, le service de pédiatrie francophone se diversifia dès la première année de sa création en trois secteurs : la pédiatrie générale et l’endocrinologie, localisées à la clinique Saint-Raphaël et la cardiologie à la clinique Saint-Joseph. Ce fut le grand mérite du Pr R. De Meyer d’avoir encouragé le développement des sur-spécialités pédiatriques au sein du service de pédiatrie naissant, plutôt que la pédiatrie générale. À cette époque, en Belgique, ces surspécialités étaient, à quelques exceptions près, inexistantes; leur création répondait à des besoins que les pédiatres étaient tenus d’assumer eux-mêmes s’ils ne souhaitaient pas que ceux-ci soient comblés par leurs collègues internistes. Très rapidement donc se sont développées la neurologie sous la conduite du Pr Philippe Evrard et l’hématologie pédiatrique sous celle du Pr Guy Cornu. Le Pr Ph. Evrard était neurologue de formation et c’est le Pr Christian Laterre, responsable de la neurologie adulte, qui l’avait orienté vers la neurologie pédiatrique. Le Pr G. Cornu s’était spécialisé en pédiatrie à Lovanium et à Paris. Vu ses talents de clinicien et sa grande culture pédiatrique, le Pr R. De Meyer l’avait engagé pour développer la pédiatrie générale des grands enfants. Très rapidement, il devint le répondant pédiatrique du service d’hématologie adulte (Pr Gérard Sokal) qui assurait la prise en charge thérapeutique des pathologies sanguines malignes de l’enfant. Ses compétences reconnues de tous permirent un développement rapide de ce secteur. Par ailleurs, dès la fin des années 1960, au sein du département de chirurgie de l’hôpital Saint-Pierre de Louvain s’individualisa progressivement une chirurgie pédiatrique abdominale sous l’égide du Pr Jean-Bernard Otte et une chirurgie urologique sous celle du Pr Paul Hennebert. À la clinique SaintJoseph d’Herent, les premiers jalons d’une réanimation pédiatrique se mirent en place, assurés d’abord par le Pr Jean Tremouroux puis par le Pr Didier Moulin, pédiatre qui s’était formé dans cette discipline à Philadelphie. À Herent, cette réanimation accueillait presque exclusivement les enfants ayant subi une chirurgie cardiaque. C’est dès son arrivée aux cliniques universitaires Saint-Luc qu’une réanimation pédiatrique distincte de celle de l’adulte s’est élargie à toutes les pathologies médicales et chirurgicales de l’enfant. Durant 10 ans, de 1967 à 1977, la grande majorité des lits pédiatriques francophones était répartie dans les lits pédiatriques de la clinique Saint-Raphaël. Si nous partagions avec nos collègues flamands les locaux d’hospitalisation, par contre les locaux de consultation et de secrétariat étaient distincts. Ce furent dix ans de coopération pacifique, mais nous étions à l’étroit. À l’exception de la cardiologie pédiatrique qui ne déménagera d’Herent qu’en 1979, c’est en 1977 que l’ensemble de la pédiatrie arrive à Woluwe dans un cadre hospitalier ultramoderne soigneusement préparé par Mme F. Depasse, infirmière pédiatrique et monitrice œuvrant dans le service de programmation sous la direction de Mme M. Zumofen. Dès son arrivée à Saint-Luc, le service se dénomme département qui regroupe en son sein les différentes sur-spécialités qui, lorsqu’elles atteignent une activité d’hospitalisation importante, acquièrent le titre de service et si ce n’est pas le cas, d’unité. Le département de pédiatrie remplira d’abord sa vocation normale d’hôpital régional, mais rattaché à une faculté de médecine et donc à caractère universitaire, il se devait d’être un hôpital de référence dans lequel les pathologies lourdes, complexes et rares devaient être prises en charge. Lorsque le département de pédiatrie s’est installé définitivement aux cliniques Saint-Luc, il comportait déjà les sur-spécialités suivantes : pédiatrie générale (R. De Meyer), cardiologie (A. Vliers), endocrinologie (P. Malvaux), hématologie (G. Cornu), neurologie (G. Lyon et Ph. Evrard), chirurgie digestive (J.-B. Otte) et urologique (P. Hennebert) et les soins intensifs (D. Moulin) ; la néonatologie était naissante (G. Verellen). Par ailleurs, différentes activités connexes telles que la radiologie, la pédopsychiatrie et les urgences se sont développées en entités distinctes au sein des départements d’imagerie médicale, de neuropsychiatrie et des urgences et soins intensifs. Dès notre arrivée à Saint-Luc, notre préoccupation fut double : fournir une pédiatrie de qualité et diversifiée et ce dans un environnement le plus humain possible. Pour atteindre ces buts, les jeunes permanents recrutés avaient, dans la plupart des cas, acquis une formation pédiatrique complémentaire dans des institutions pédiatriques réputées, particulièrement en Amérique du Nord et en Angleterre. La diversité des activités s’est donc renforcée et élargie. Le Pr R. De Meyer assuma la direction du département jusqu’en 1985. En effet, après avoir créé le département de pédiatrie avec le Pr P. Malvaux et l’avoir dirigé durant 17 ans, il souhaita se libérer de cette lourde tache et consacrer plus de temps au service de pédiatrie générale et à la direction du centre de génétique humaine qu’il avait créé au début des années 1970 et où il sera rejoint par le Dr Chr. Verellen-Dumoulin en 1975. Le Pr P. Malvaux fut nommé en 1985 chef de département pour une période de cinq ans et réélu par après à deux reprises à ce poste pour des périodes de cinq ans et ce jusqu’à l’année de son éméritat en 2000. Depuis lors, cette responsabilité est assumée par le Pr Gaston Verellen. En faisant un tour d’horizon service par service, avec comme point d’arrivée l’an 2000, que pouvons-nous constater ? Le service de pédiatrie générale, sous la houlette du Pr R. De Meyer jusqu’à son éméritat en 1992, puis du Pr Jean-Paul Buts, a affirmé sa notoriété dans le domaine de la gastro-entérologie et de l’hépatologie, concrétisée par la création d’une unité dirigée par les Prs J.P. Buts et Etienne Sokal. Le Pr J.P. Buts, après avoir terminé sa spécialité pédiatrique à l’UCL en 1975, a séjourné deux ans à l’hôpital Sainte-Justine de Montréal chez le Pr Claude Morin, leader nordaméricain en gastro-entérologie pédiatrique. Dès son retour à Saint-Luc, il créa une unité de recherche dans ce domaine. Ses travaux sur la maturation enzymatique des cellules intestinales aboutirent à une thèse d’agrégation en 1984 sous le titre “Cellular and enzymatic adaptation of the rat small intestine during postnatal growth”. Ses responsabilités cliniques furent toujours associées à des travaux de recherche concrétisés par de nombreuses publications. Le Pr Etienne Sokal, un des premiers bénéficiaires (1987) d’une bourse de la Fondation SaintLuc, fut le premier hépatologue dans notre pays, formé par les Prs A.P. Mowat et E. Stroud au King’s College Hospital de Londres où il participa à des activités cliniques et de recherches fondamentales comme honorary registrar et research fellow. Ses recherches qu’il poursuivit à Saint-Luc sur la zonation hépatique dans la cirrhose firent l’objet en 1993 d’une thèse d’agrégation intitulée “Adaptive change of metabolic zonation in liver cirrhosis”. Par ailleurs, les connaissances approfondies en hépatologie du Pr E. Sokal sont venues renforcer la prise en charge et le suivi des enfants ayant bénéficié d’une transplantation hépatique dans notre institution. Ce domaine a connu une telle activité qu’une unité spécialisée de 10 lits d’hospitalisation lui fut aménagée en 1990. Les aspects nutritionnels développés par le Pr J.P. Buts ont été étendus à l’alimentation parentérale totale en hospitalisation et à domicile par le Dr D. Hermans qui a suivi à l’Hôpital Necker Enfants Malades à Paris les cours cliniques et théoriques de nutrition artificielle sous la direction du Pr Claude Ricour et a obtenu le diplôme inter-universitaire de nutrition artificielle. Les troubles du sommeil et la prise en charge de la prévention de la mort subite, pathologie malheureusement très fréquente, furent assurés peu de temps après notre installation à Saint-Luc, par le Dr Geneviève François, sensibilisée à ces problèmes par une formation poussée en néonatologie et en soins intensifs ; elle participe activement comme membre fondateur à l’Observatoire francophone de la mortalité infantile. Au développement de la cardiologie infantile, un chapitre particulier est consacré dans ce recueil. Sous le dynamisme du Pr Ph. Evrard, le service de neurologie, l’un des premiers en Belgique, acquit rapidement une réputation nationale et internationale qui a encore été renforcée par l’arrivée de Paris du Pr Gilles Lyon qui en fut le chef de service de 1976 à 1991. En son sein, la prise en charge des enfants atteints de pathologie neuromusculaire fut assurée par le Pr Gérard Ferrière. Un nombre élevé de pédiatres étrangers, d’Europe et des pays en voie de développement y acquirent leur compétence en neurologie pédiatrique comme d’ailleurs de nombreux pédiatres belges dont plusieurs sont devenus les responsables de cette spécialité dans les services universitaires belges de pédiatrie. Suite au départ en 1996 du Pr Ph. Evrard, qui en avait assumé la direction à l’éméritat du Pr G. Lyon, le service fut d’abord dirigé par un triumvirat : Pr G. Ferrière, Dr Christine Bonnier, Dr Jean-François Gadisseux puis par le Pr Guillaume Sébire à partir de 1997. Depuis lors, le Dr J.F. Gadisseux a quitté le service en 1997 et le Pr G. Ferrière en 1999. Ce service de grande qualité, réclamant une plus grande autonomie de gestion, a toujours eu des difficultés à s’insérer harmonieusement dans les activités du département alors qu’il ne subissait aucune entrave à son développement. Les activités du service d’hématologie créé en 1989 se sont élargies au fil du temps par la prise en charge non seulement des pathologies bénignes et malignes du système hématopoïétique mais aussi par celle des tumeurs solides. Ceci lui fut reconnu officiellement en 1998 par une modification de son intitulé en service d’hématologie et d’oncologie pédiatrique. Le premier collaborateur du Pr G. Cornu à Woluwe fut le Pr Jacques Ninane qui développa l’oncologie pédiatrique après avoir obtenu sa formation dans cette spécialité à l’Hôpital pour Enfants du Great Ormond Street (GOS) à Londres. Il a quitté le service en 1999. Le Pr Christiane Vermylen qui séjourna également dans cette prestigieuse institution vint rapidement rejoindre le service qui se renforça encore en 1993 par l’arrivée du Pr Bénédicte Brichard. Il faut mentionner que ces trois collaborateurs du Pr G. Cornu sont agrégés de l’enseignement supérieur. C’est au sein de ce service que des enfants atteints de déficits immunitaires et plus particulièrement du syndrome d’immunodéficience acquise (SIDA) sont pris en charge. Parmi les activités cliniques de pointe réalisées dans ce service, il nous faut en épingler deux. Tout d’abord, la première mondiale en 1986 d’une greffe de moelle chez un enfant atteint de drépanocytose ; depuis lors une quarantaine d’enfants ont été greffés aux cliniques Saint-Luc. Le Pr Ch. Vermylen qui en assure la réalisation est devenue une experte mondialement consultée. En second lieu, ce service, après avoir réussi une première greffe de moelle chez l’enfant le 6 février 1974, fut le premier à réaliser, en Belgique, une greffe de sang du cordon ombilical dix-neuf ans plus tard (25 février 1993), aboutissement du travail entrepris par le Pr B. Brichard. Devant l’augmentation croissante du nombre d’enfants soignés dans ce service hautement spécialisé, une structure hospitalière adaptée, partagée avec les adultes, a vu le jour en novembre 1978 sous forme d’un hôpital de jour. Celui-ci permet en une journée la réalisation d’actes diagnostiques, thérapeutiques et surtout d’entourer l’enfant et sa famille de l’aide psychologique et humaine par la présence permanente d’enseignants, de psychologues et d’un environnement approprié avec salles de jeux et de détente. En 1996, une unité pédiatrique de 10 lits d’hospitalisation de jour, individualisée, a pu être réalisée avec le soutien financier de l’asbl Salus Sanguinis (inauguration le 18 avril 1996). Les cliniques universitaires Saint-Luc disposant d’une maternité, la nécessité d’un service de néonatologie au sein du département de pédiatrie s’imposa dès son installation à Woluwe. Sa mise en route en 1979 se fit sous l’impulsion du Pr G. Verellen, soutenu par le Pr D. Moulin, responsable des soins intensifs pédiatriques, qui accueillait alors les nouveau-nés nécessitant une assistance ventilatoire. Au fil des ans, une activité en nette hausse dans ces deux secteurs, suite à un recrutement extérieur important, nécessita une restructuration. Le Pr Christian Debauche étant venu épauler le Pr G. Verellen, cette unité acquit rapidement son autonomie en assurant une prise en charge complète des nouveau-nés et en développant de nouvelles modalités d’assistance ventilatoire telles la ventilation à haute fréquence et la ventilation non-invasive. Les Prs G. Verellen et Ch. Debauche obtinrent tous deux leur complément de formation néonatale à l’Hospital for Sick Children de Toronto, centre d’excellence, le Pr G. Verellen ayant au préalable séjourné un an dans le service néonatal du centre universitaire de Lausanne chez le Pr S. Prod’hom, leader européen dans ce domaine. Reconnue par le Ministère comme un secteur de soins intensifs néonatals dès 1987, l’unité devint service de néonatologie en 1997. Une collaboration privilégiée se poursuit avec l’unité des soins intensifs pédiatriques et s’est optimisée avec la section de grossesses à haut risque du service d’obstétrique, ce qui permit dès 1998 l’agréation d’une fonction de soins périnatals régionaux pour notre institution. Comme mentionné plus haut, l’endocrinologie pédiatrique fut une des premières sur-spécialités à voir le jour dans le département de pédiatrie de l’UCL, mais également dans le pays. Dès la fin des années septante, le Pr P. Malvaux fut aidé dans sa tâche par le Pr Marc Maes qui acquit également les compétences dans ce domaine par un séjour de trois ans dans l’Endocrine Unit du Johns Hopkins Hospital à Baltimore. À son retour en Belgique, le Pr M. Maes entreprit un travail de recherche fondamentale au laboratoire de feu le Pr André Lambert († 1993) et du Pr Jean-Marie Ketelslegers sur la relation entre la somatomédine C et les récepteurs de l’hormone de croissance, travail qui en 1985 lui a valu le titre d’agrégé de l’enseignement supérieur pour la thèse intitulée “Relationship of somatomedin C with growth hormone receptors and postreceptor events”. Quand il réintégra le département de pédiatrie et l’unité d’endocrinologie, il s’occupa très activement des enfants diabétiques et créa une structure pluridisciplinaire (infirmier à domicile, diététicienne, psychologue) pour assurer une prise en charge globale et optimale de leurs problèmes. L’importance qu’il accorde à cette pathologie lourde et pénible l’a incité à parfaire encore ses connaissances, avec l’aide d’une bourse de la Fondation Saint-Luc, par une année sabbatique du 1.8.96 au 31.7.97 à la Barbara Davies Center for Childhood Diabetes à Denver, USA. Parmi les étudiants les plus brillants, le département de pédiatrie a toujours attiré de nombreux médecins assistants cliniciens candidats spécialistes (MACCS), sélectionnés par un concours et qui comportait une majorité de candidats féminins. Ces MACCS ont participé d’une façon active et dévouée au développement et au rayonnement du service. La volonté d’excellence dans les soins prodigués aux enfants a toujours été la préoccupation première des équipes médicales mais aussi des équipes d’infirmières. Entre ces équipes, il a toujours existé une excellente synergie, une harmonieuse complémentarité et une efficace collaboration. Cette atmosphère de solidarité mutuelle était facilitée par les dimensions raisonnables du département :114 lits médicaux, chirurgicaux et néonataux. Ce souci d’une grande famille médicale au sens large, centrée sur l’enfant, se retrouvait également auprès des secteurs d’activités tels que la radiologie, la pédopsychiatrie, l’anesthésiologie, les soins intensifs qui, bien que rattachés à d’autres départements, se sentaient plus proche du département de pédiatrie dont ils étaient les acteurs à part entière. La pédiatrie était ainsi reconnue comme un tout cohérent et uni au sein d’un hôpital général. Cette individualisation du secteur pédiatrique s’est encore concrétisée dès notre arrivée à Saint-Luc par la mise en place d’activités d’animation. L’enfant malade est un être en souffrance dont toutes les composantes tant somatiques qu’émotionnelles, sociales, familiales, doivent être prises en compte. Rapidement, en 1982, à l’initiative de M. Ch. Lieutenant, une école (École Escale) a vu le jour qui, outre son aspect pédagogique, permet surtout à l’enfant hospitalisé de ne pas se sentir un être à part mais de rester dans le circuit social et scolaire. Malgré les efforts consentis par le personnel médical et infirmier pour rendre moins pénible le séjour à l’hôpital, il est rapidement apparu que ce personnel était limité dans son temps et qu’en dehors des soins, l’enfant hospitalisé avait besoin d’être encadré, apaisé, écouté et devait retrouver les activités ludiques et culturelles que lui fournissaient sa famille et son milieu social. C’est pourquoi s’est très rapidement mise en place une animation, réalisée au niveau des unités de soins et de consultations, par des bénévoles dévoués, encadrés par des puéricultrices, une responsable compétente formée aux différentes formes d’animation et par des artistes bénévoles, conteuses, musiciennes, clowns. Mme Dominique De Mees en fut la première coordonnatrice. Pendant plus de 10 ans, elle anima, coordonna, organisa, initia les animations les plus diverses allant de cours de cuisine, d’atelier de menuiserie en passant par la création d’une ludothèque et d’une bibliothèque comportant des centaines de bandes dessinées et de livres pour tous les âges et toutes les langues. Comme point d’orgue, il faut mentionner le passage régulier bénévole et hebdomadaire de deux clowns, Papayo (Paolo Doss) et Trottinette (Martine Delrée), pleins de tendresse et de rire, véritables rayons de soleil pour les enfants mais aussi les parents et le personnel soignant. Conclusion : Jeune département au sein de nos cliniques universitaires, le département de pédiatrie y a acquis ses lettres de noblesse grâce à des équipes médicales, infirmières et administratives possédant de grandes qualités professionnelles et humaines ; qualités professionnelles alliant connaissance, savoir-faire, création de connaissance par des recherches cliniques et fondamentales et soucis de collaboration; qualités humaines associant disponibilité, accueil, écoute et dialogue. En outre, dans le souci d’une prise en charge globale de l’enfant malade se sont développées des actions diverses d’humanisation : intégration des parents dans le processus des soins, recherches très actives de prise en charge de la douleur par le team médecin-infirmier, animation diversifiée et Ecole l’Escale. La création récente de chambres enfant-parents au niveau des unités de soins et l’ouverture prochaine de nouveaux locaux de consultation totalement centrés sur l’enfant renforceront encore l’image positive et originale du département de pédiatrie au sein des cliniques universitaires Saint-Luc. Wezembeek – Oppem, juin 2001 Au moment de la création du service de pédiatrie francophone en 1967. De gauche à droite, au premier rang, le Pr Pierre Denys, le Dr Andrée Raskin et le Dr Lucien Corbeel ; au deuxième rang, les Drs Paul Malvaux, Roger De Meyer et Paul Casaer, qui deviendra ultérieurement responsable de la pédiatrie à la KUL. Le Pr Roger De Meyer (1927 - émérite 1992 - † 1999), à gauche, en conversation avec le Pr Michel Meulders (1930 - doyen de la Faculté : 1974 - 1979 puis prorecteur : 1979 – 1995 ; émérite 1995), lors de la deuxième rentrée académique sur le site de Louvain-en-Woluwe, le 19 septembre 1977. Le Pr Roger De Meyer , à droite, et le Pr Jean Trémouroux (1927 - chef de service des soins intensifs - émérite 1993) à l’occasion de l’inauguration de l’Ecole à l’hôpital, en octobre 1984. En septembre 1992, au cours de la cérémonie de célébration du XXV e anniversaire de la création du service francophone de pédiatrie. De gauche à droite, le Pr Léon Cassiers, doyen 1989 - 1994, le Pr Jean Lintermans et le Pr Roger De Meyer. En septembre 2000, les dernières recommandations au successeur. À gauche, le Pr et Mme P. Malvaux ; à droite, le Pr G. Verellen et Mme L. Roekaerts (secrétaire du département). La passation du pouvoir entre le chef de département sortant (Pr. P. Malvaux) à droite, et son successeur, à gauche (Pr G. Verellen).