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| DOSSIER PÉDAGOGIQUE | JULIEN MABIALA BISSILA Cher(e)s enseignant(e)s, Vos élèves et vous-même assisterez dans quelques semaines au spectacle Au nom du Père du Fils et de J.M. Weston écrit et mis en scène par Julien Mabiala Bissila. Ce dossier d’accompagnement vous aidera dans l’appréhension de la pièce. Vous y trouverez des éléments qui vous aideront à préparer les élèves dans leur découverte du spectacle en vous apportant des informations et des pistes pédagogiques exploitables en amont et aval de la pièce. Au plaisir de vous accueillir au Tarmac. Anaïs Fabrègue Relations avec le public scolaire 01 40 31 20 63 - [email protected] Au nom du père et du fils et de J.M. Weston | Julien Mabiala Bissila SOMMAIRE 1 - Entrée en matière : Décrypter l’affiche P4 2 - Julien Mabiala Bissila : Auteur - metteur en scène - interprète P5 3 - La pièceP6 4 - Le contexteP10 5 - La mise en scèneP14 6 - La scénographieP15 7 - Les costumesP17 8 - L’équipe du spectacle au complet P20 9 - ProlongementsP21 3 1- ENTRÉE EN MATIÈRE : DÉCRYPTER L’AFFICHE PISTES DE TRAVAIL 1/ Pourquoi réalise-t-on des affiches de spectacles ? 2/ Quels sont les autres moyens / supports de communication possibles ? 3/ Lister tous les éléments qui composent l’affiche. Quelles informations nous donnent-ils ? 4/ Que signifie le terme « création » ? 5/ Quelles références présentent le titre du spectacle ? 6/ Que vous évoque cette photo ? RÉPONSES 1/ L’affiche est un support de communication qui permet au public d’être informé de la présentation du spectacle. 2/ Flyers, site web, brochure… 3/ Titre du spectacle, auteur, genre « théâtre », informations pratiques : lieu, date, visuel, … 4/ « Création » signifie que le spectacle n’a encore jamais été joué ailleurs auparavant, il vient juste d’être créé, finalisé. Il s’agit de la toute première confrontation avec le public. Les enjeux sont importants pour les artistes mais aussi pour le théâtre qui accueille le spectacle et le découvre en même temps que ses spectateurs. 5/ « Au nom du Père et du fils » prière. « J.M. Weston » chaussure de luxe emblématique des sapeurs (voir page 11). 6/ Vous pouvez aborder la nature de l’image (photo, réalisme), la couleur rouge (couleur primaire et chaude), le mouvement (personnage en action), le vêtement qui laisse entrevoir la thématique de la SAPE , le contraste entre le sol sale et boueux et le costume propre et sophistiqué. 4 Au nom du père et du fils et de J.M. Weston | Julien Mabiala Bissila 2- JULIEN MABIALA BISSILA : AUTEUR - METTEUR EN SCÈNE - INTERPRÈTE Pour ce spectacle Julien Mabiala Bissila occupe 3 fonctions, celle d’auteur, de metteur en scène et de comédien. Né en 1976 à Brazzaville au Congo, Julien Mabiala Bissila suit une formation dramatique qui est interrompue en 1997 par la deuxième guerre civile du Congo, dont il réchappe en vivant pendant deux années dans la forêt. À partir de 1999, il se consacre exclusivement au théâtre et participe à plusieurs créations du théâtre des Tropiques et du Saka-Saka Théâtre. Il crée la compagnie Nguiri-Nguiri Théâtre en 2002, avec laquelle il est régulièrement invité sur les scènes et festivals africains. Il met en scène ses textes ainsi que ceux d’Emmanuel Dongala adaptés à la scène. En France, il est accueilli par le théâtre du Vieux-Colombier à Paris en 2005 dans le cadre du programme Écritures d’Afrique et, par le Théâtre des Bernardines à Marseille, comme comédien. En 2011, il obtient la bourse du festival Les Francophonies en Limousin et réside à la Maison des auteurs. La même année, son texte Au nom du Père et du Fils et de J.M. Weston est primé aux Journées de Lyon des auteurs de théâtre. En septembre 2012, cette pièce est lue au Festival des Francophonies au Limousin par les élèves de l’Académie théâtrale de l’Union. C’est au festival d’Avignon qu’est enregistrée une version du texte en public, par RFI et France-Culture (en écoute sur notre site). En 2013, aux trentièmes Francophonies en Limousin, il met en scène son propre texte Crabe Rouge. Ce dernier avait été lu auparavant à Paris au théâtre du Rond-Point, à Limoges dans le cadre des Nouvelles Zébrures, à Montréal au festival Dramaturgies en Dialogue, et mis en espace en Allemagne par le théâtre de la ville de Saarbrücken. En 2014, il est en résidence à La Marelle, lieu de résidence, de création et scène littéraire permanente situé à La Friche la Belle de Mai à Marseille, où il écrit un texte qui est publié dans le numéro 1 de la revue de La Marelle, La première chose que je peux vous dire… 5 3 - LA PIÈCE RÉSUMÉ Criss et Cross, deux frères, dans les décombres de la guerre civile qui a ravagé leur pays le CongoBrazzaville, partent à la recherche d’un trésor enfoui avant la débandade : une paire de chaussure J.M. Weston ! La J.M. Weston ? Accessoire et emblème du SAPEUR par excellence. Ils cherchent, creusent mais la guerre a fait volé en éclat tous leurs repères. Ils se souviennent alors des horreurs que leur famille et eux-mêmes ont vécues : l’histoire douloureuse d’un pays traversé par le colonialisme, la dictature puis la violence de la guerre civile. EXTRAIT 1 Souffle 2 Criss : La foule courait du côté opposé de la mort. L’esprit de survie possède en lui-même un GPS incorporé qui se met en route de façon automatique. Une fois que votre peur est debout, les données sont enregistrées. Et tout votre corps hurle « tournez à gauche à la prochaine intersection » ou encore « arrêtez votre course. J’ai dit arrêtez votre course, vous êtes déjà mort ». Et ici il y avait sûrement le mur blanc de l’église. Le mur était à notre gauche. Nous étions donc à droite. Cross : Le mur blanc était derrière nous, pas à notre gauche puisque l’église était derrière le mur. Criss : Oh quelle tête de mule ! Cross : Pardon ? Criss : La femme qui est tombée la première était devant, devant, devant, devant nous ! Le monsieur qui est sorti du bus éclaté par le baiser du poteau électrique a couru par là après que la femme soit… Mais merde, ne me demande pas de revivre la scène, là en ce moment, présent, passé, présent, passé, présent alors que je veux du futur ! Là dans moi, pendant que mes méninges tentent de se rafistoler un morceau de vie standard ! Sinon ça me coupe l’appétit de tout ce qui respire, tout ce qui porte le souffle, la vie, tout, tout, tout, tout, la bouffe, l’eau, la libido en même temps et merde ! Le fantôme du père traverse l’espace, s’arrête. Se retourne, exécute un sourire puis disparaît. L’un des frères semble l’apercevoir. Silence. Quoi ? Bref silence Cross : Non, non la femme venait derrière nous. Ta libido, je n’en ai rien à foutre. « Bander ou ne pas bander » n’est pas la question, la question c’est « être ou ne pas être ». Existions-nous seulement, à ce moment quand l’obus a explosé sur le bordel ? Parce que la femme, elle a fait demi-tour pour rentrer dans la cour de l’église, elle a dépassé le mur et même elle a franchi la porte de l’église. Criss : Pas possible ! Parce que la femme, ses entrailles ont ricoché sur le mur blanc bien que son corps ait continué la course, mais sans les entrailles qui sont restées sur le mur, donc devant nous, avant que la voiture ne rentre dans le même mur en même temps. Cross : Devant, et comment ? Puisque la voiture qui est rentrée dans la foule avant de finir sur le poteau électrique a surgi de devant en même temps. 6 Au nom du père et du fils et de J.M. Weston | Julien Mabiala Bissila PISTES DE TRAVAIL 1/ Comment est nommé cet extrait? 2/ Combien y a-t-il de personnages sur scène dans cet extrait ? Citez-les. 3/ Quel registre de langue est employé ? 4/Que nous raconte cet extrait ? RÉPONSES 1/ « Souffle ». La pièce est constituée de 6 souffles. Chaque souffle convoque un paysage dévasté. nous dit Julien Mabiala Bissila. Dans le théâtre contemporain, les auteurs prennent des libertés avec la structuration des pièces. « Acte » et « scène » ne sont plus systématiques. 2/ Il y a 3 personnages dans cette scène : Criss, Cross, le fantôme du Père. 3/ On peut parler de registre familier : "Mais Merde", "La bouffe", "Je n'en ai rien à foutre"... 4/ Cet extrait nous raconte une scène de violence, de guerre que les personnages ont vécue. Photo de répétition - Souffle 1 - Cross & Criss 7 Au nom du père et du fils et de J.M. Weston l Julien Mabiala Bissila EXTRAIT 2 Souffle 3 Criss : Au public Vous préférez fermer les yeux ? Bizarre, comme les publics se ressemblent. Cross : On a joué plusieurs spectacles en Afrique, j’ai pas eu de problème pour danser devant le public. Criss : Oui ça marchait bien parce qu’il y avait tout le long du spectacle, mais vraiment toutes les deux minutes, des coupures d’électricité. Cross : C’est l’avantage de jouer dans un pays comme… Criss : Donc si vous êtes prêts à écouter notre histoire, vu que la danse fait partie de l’histoire… Cross : Vous n’êtes pas obligés ! On peut aussi rester là à papoter pendant 1h10. Nous dès lors que vous avez déjà payé vos billets… Vous voyez ? Mais faites-nous confiance, nous danserons comme si vous étiez là. C’est comme ce mec de la billetterie d’une salle de cinéma, le temps que j’achetais mon billet, il m’a expliqué tout le film du début à la fin. Il me dit qu’à la fin du film l’acteur va mourir dans une explosion et que c’est nul comme film. J’ai payé mon billet et suis rentré chez moi. J’avais confiance en lui. Ce film était vraiment nul. Criss : Ce que nous avons oublié de vous dire, c’est que le spectacle dure 1 heure 10. Une fois que les 1h10 sont pointées, on quitte la salle, même si le spectacle n’est pas fini. C’est notre première condition posée dans le contrat. Ça n’arrive pas tout le temps « mais c’est déjà arrivé ». La sirène a retenti, le public ne voulait pas sortir, il ne nous prenait pas au sérieux. Cross : Un peu comme vous. Criss : On est resté là… À 1h10, on n’était à quoi, à un tiers du spectacle. Cross : Un peu comme ce soir. Criss : On a fait nos salutations, puis on s’est barré dans les coulisses. Cross : Le public rigolait. Criss : Après on s’est barré dans les loges. Cross : Le public attendait. Criss : Puis on s’est barré dans un taxi par la porte arrière. Cross : Deux heures après notre départ, le public était encore là, attendait. Criss : Quand les lumières se sont éteintes, le public s’est dit « enfin le spectacle va commencer ». Non, c’était le gardien de la salle qui fermait la salle. Il a même dit « je suis désolé mais vous devez partir » et le public a même applaudi le gardien de la salle croyant que c’était un comédien. Et c’est là que nous avons compris que toute personne qui travaille autour du spectacle vivant, porte en lui une histoire avec la scène. Une histoire enfouie dans les placards de sa mémoire. Le gardien, finalement, a pris goût à la scène. Il a raconté sa vie. 8 Au nom du père et du fils et de J.M. Weston | Julien Mabiala Bissila PISTES DE TRAVAIL 1/L’énonciation: qui parle ? À qui? 2/ Quelle figure de style fréquente au théâtre est utilisé ici ? 3/ Quel est l’intérêt dramaturgique de cet extrait ? RÉPONSES 1/ On assiste à un dialogue entre Criss et Cross. Ils s’adressent directement au public 2/ L’apostrophe est utilisé dans cet extrait. Il s’agit d’interpeller quelqu’un ou quelque-chose que l’on personnifie. Ici le public. Apostrophe la plus célèbre au théâtre « Ô râge ! Ô désespoir ! Ô vieillesse ennemie ! N’ai-je donc tant vécu pour cette infamie ? » Le Cid - Corneille 3/ Nous assistons à une scène de théâtre dans le théâtre. Les comédiens commentent leur propre spectacle. La dimension comique de la scène prend tout son espace. Le quatrième mur tombé ("mur" imaginiaire situé sur le devant de la scène séparant la scène des spectateurs et au travers duquel ceuxci voient les acteurs jouer). Photo de répétition - Criss & Cross 9 Au nom du père et du fils et de J.M. Weston l Julien Mabiala Bissila 4 - LE CONTEXTE UN PAYS - LA RÉPUBLIQUE DU CONGO La République du Congo est situé en Afrique centrale, appelé plus communément Congo ou Congo-Brazzaville. Capitale Brazzaville Régime politique République multipartite à régime présidentiel Président Denis Sassou-Nguesso, au pouvoir depuis 1979 Nombre d’habitants 4 millions (faible densité) Langues parlées Français, Kituba, Lingala, Téké, Lari et plus d'une quarantaine d'autres langues dont les langues pygmées Ressources Hydrocarbures, bois, agricultures Géographie Savanes, plaines, montagnes escarpées et l’immense fleuve Congo (2ème plus grand du monde) RÉPUBLIQUE CENTRAFRICAINE CAMEROUN GUINÉÉ EQ. GABON OCÉAN ATLANTIQUE RÉPUBLIQUE DU CONGO RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO Brazzaville Pointe-Noire ANGOLA 10 Au nom du père et du fils et de J.M. Weston | Julien Mabiala Bissila UN MOMENT SOMBRE DE SON HISTOIRE - LA GUERRE CIVILE L’histoire politique récente du Congo est marquée par l’instabilité chronique et la violence. Dans les débuts des années 1990 — correspondant à l’instauration du pluripartisme —, trois partis se disputent le pouvoir : le PCT, ancien parti unique dirigé par Denis Sassou Nguesso, ex-président de la République ; l’Union panafricaine pour la démocratie sociale (UPADS), présidée par le président Pascal Lissouba ; le Mouvement congolais pour la démocratie et le développement intégral (MCDDI), animé par le maire de Brazzaville Bernard Kolelas – également leader du principal mouvement d’opposition.. À quelques nuances près, cette division politique exprime à l’époque une division ethnique : le PCT recrute massivement dans les populations originaires du Nord, symptomatiquement regroupées à Brazzaville dans la frange nord de la ville ; le MCDDI est le parti des Lari, groupe kongo issu du sud du pays et concentré dans les quartiers sud de Brazzaville (Bakongo et Makélékélé) ; l’UPADS a ses bases politiques chez des groupes minoritaires originaires des régions centre-occidentales du pays. Même si la guerre civile prit la forme d’un règlement de comptes entre politiciens, ceux-ci n’auraient pas pu s’opposer militairement sans la participation des milices. Les milices sont au Congo un phénomène de jeunes. En juin 1997, les milices s’affrontent violemment à Brazzaville, entraînant la mort de plusieurs milliers de personnes. La ville subit d’importantes destructions. De nombreux Brazzavillois se réfugient en province dans leur région d’origine. Grâce à l’aide de l’armée angolaise (débarquée par avion dans le Nord et acheminée par la route), Sassou Nguesso l’emporte en octobre, s’efforçant sans succès, dans les mois qui suivirent, de démanteler les milices adverses. Le 24 octobre 1997, Denis Sassou-Nguesso s’autoproclame Président du Congo. PISTES DE TRAVAIL 1/ Qu’appelle t’on une guerre civile ? 2/ Quels impacts produit une telle tragédie ? 3/ Connaissez-vous un pays actuellement en guerre civile ? RÉPONSES 1/ Une guerre civile est un affrontement armé entre des habitants d'un même pays. 2/ Ce type d’évènement entraine des morts, une destruction du pays, de ses villes et de ses ressources. Le pays n’est plus fédéré, le chemin vers la paix est très compliqué. 3/ Syrie 11 Au nom du père et du fils et de J.M. Weston | Julien Mabiala Bissila UN MOUVEMENT - LA SAPE à partir de l'article de Célia Sadai du blog La Plume Francophone La Société des Ambianceurs et des Personnes Élégantes est une mode vestimentaire populaire née après les Indépendances du Congo-Brazzaville et du Congo-Kinshasa, dans les années 1960. Le mouvement s’inspire d’un dandysme cosmopolite emprunté à l’aristocratie britannique comme à la noblesse japonaise Kazoku. Dans les années 1970, les pionniers de la SAPE – premiers migrants africains à Paris – diffusent les prémisses de leur art aux deux Congo. « Rentrés au pays » pour les vacances, ces hommes ramènent de Paris une « allure » qui masque pour certains les déceptions de l’immigration. Dans les années 1980, le concept de SAPE s’affirme comme mouvement culturel et esthétique, dans les métropoles européennes et aux deux Congo. Les boutiques de « saperie » ouvrent à Bacongo, dans la banlieue de Brazzaville, comme dans le quartier de Château Rouge à Paris, des « concours d’élégance » entre sapeurs, organisés au Rex Club, révèlent au public des Maîtres Sapeurs comme Djo Balard. « La SAPE est un mode de vie qui se traduit par un code vestimentaire particulier. Le sapeur est avant tout animé par un besoin de paraître soigné et tiré à quatre épingles. Il vit la SAPE comme une passion qui guide sa vie » http://lasape.com/ LA SAPE EN IMAGES 12 Au nom du père et du fils et de J.M. Weston | Julien Mabiala Bissila NOTE DE L'AUTEUR « Pourquoi tant d’importance accordée aux chaussures au milieu du chaos dans un pays où la Kalachnikov est devenue un stylo pour écrire l’avenir ? C’est ce « pourquoi ? » qui a suspendu le temps dans ma tête durant des années de mon enfance. Je m’interroge. J’ai grandi au milieu de paradoxes : Pays riche / habitants pauvres Peuple miséreux / peuple fêtard Guerre / sape Eglise / corruption Comment raconter ces contrastes ? Comment voyager dans le monde fantaisiste de ces dandys ? Pourquoi J.M. Weston ? Dans En attendant Godot, à l’ouverture de la pièce, Estragon tente désespérément d’enlever ses souliers. Ils sont trop étroits. Ils le font souffrir. Les quitter, les laisser à un autre, en trouver à sa taille devient alors un enjeu récurrent du texte, comme si le désir d’un monde à sa mesure se concrétisait dans l’obstination du personnage qui enfile, abandonne, retrouve, réessaie le godillot récalcitrant. Ôter et remettre ses chaussures : diversion, délassement, distraction. « On trouve toujours quelque chose, hein, Didi, pour nous donner l’impression d’exister. » Voilà l’idée qui semble correspondre à mes questionnements : « L’impression d’EXISTER ». On peut le dire, oui, la chaussure est l’empreinte de celui qui la porte, elle se fait à lui et reconduit, comme dans une seconde peau, les plis les plus secrets de son identité. La chaussure est vestige, trace du pas à travers les mythologies auxquelles elle donne lieu. C’est un art de la mémoire. » PISTES DE TRAVAIL 1/ D’après la définition de la SAPE, la note de l’auteur, qu’est-ce qui semble motiver les gens à se SAPER ? 2/ Qu’est-ce que représente le vêtement ? A-t-il un rôle dans la société ? 3/ Pouvez-vous citer des modes vestimentaires actuels ? Que nous raconte ces styles. RÉPONSES 1/ Importance donner à l'allure, au paraître. Désir de masquer la misère, de garder la tête haute, de maintenir l’espoir malgré un contexte difficile. 2/ L'une des fonctions du vêtement est d'assurer un rôle social. Il est un signe visible d'appartenance à un groupe. 3/ Hipster, punk, gothique… 13 Au nom du père et du fils et de J.M. Weston | Julien Mabiala Bissila 5 - LA MISE EN SCÈNE NOTE DE MISE EN SCÈNE « Mise en territoire, mise en bouche, mise en corps, mise en scène ou mise en espace, peu importe. Il s’agit de tenter de retrouver le chemin dans le labyrinthe des évènements atroces qui remontent à la surface. Retracer la topographie de cette ville où les hommes et les maisons ont été broyés par la violence de la guerre. Voilà les éléments nécessaires pour mener à bien cette topométrie. Pour moi, ce texte est de prime abord un schéma topographique qui oblige l’acteur et le public à creuser ensemble, avec comme seuls outils les mots/maux et l’imaginaire. J’aime que le théâtre soit avant tout texte/parole. Ici dans ce labyrinthe textuel, il est question : D’anéantissement d’un lieu. De la dissémination des corps, de leur disparition. D’une tombe perdue. D’une quête dérisoire. D’un rêve enfoui. D’un vrai travail de mise en abime. Ce travail s’appuyera sur la force des mots pour conduire les recherches sans trop d’artifices. Il s’agira par conséquent de pousser les acteurs à la plus grande liberté de jeu. Une construction sur la frontière entre l’acteur et le personnage. » PISTES DE TRAVAIL 1/ Qu’est-ce qu’un metteur en scène ? 2/ D’après cette note, imaginez comment peut s’illustrer la mise en scène RÉPONSES 1/ Au théâtre, le metteur en scène est l'organisateur et le responsable de la mise en scène d'une œuvre dramatique, c'est-à-dire de tous les éléments qui composent le spectacle : jeu des acteurs, rythmes, espaces, décors, lumières... 2/… 14 Au nom du père et du fils et de J.M. Weston | Julien Mabiala Bissila 6 - LA SCÉNOGRAPHIE DELPHINE SAINTE-MARIE | SCÉNOGRAPHE Après un D.U.T en carrières sociales à Bordeaux, elle étudie la scénographie à l’école des Arts Décoratifs de Strasbourg. Glissant de l’objet à l’environnement, du motif au paysage, elle raconte ses regards sur l’espace par les accessoires, la sculpture, la vidéo, le costume, la musique, la peinture, la matière... Elle collabore notamment avec le scénographe Eric Ruf et le metteur en scène Denis Podalydès sur de nombreux projets et travaille également pour le cinéma et le théâtre lyrique. NOTE DU METTEUR EN SCÈNE À PROPOS DE LA SCÉNOGRAPHIE « Chaque acte se nomme souffle. La pièce est constituée de 6 souffles. Chaque souffle convoque un paysage dévasté. La question du territoire, ou du lien entre l’espace et la mémoire est donc centrale. Cette mise en territoire se doit d’être très intime et libre. Nous sommes dans un espace de théâtre narratif. Comment mêler l’histoire entre ce qui se vit et ce qui se raconte ? Comment entrer dans ces souffles lorsque chacun propose un espace différent, une quête originale, un souvenir à creuser ? Il sera question d’espaces qui se construisent et se déconstruisent à vue. Pour cela, avec la scénographe, Delphine Sainte-Marie, nous avons imaginé travailler autour d’un matériau pertinent symboliquement et matériellement, la drisse. Symboliquement, parce que s’agissant de textile (chanvre, coton, laine, soie, etc.), elle renvoie au vêtement et, par extension, à la SAPE. Matériellement, parce qu’elle nous permettra de travailler des volumes de tailles et de poids différents, des monticules, des étendues, la plupart mobiles, qui re-détermineront continuellement l’espace en fonction du jeu des comédiens et de leurs déplacements, pour former tantôt une butte, tantôt les bas-côtés d’une rue, etc. TROIS IMAGES QUI ONT INSPIRÉ LA SCÉNOGRAPHE 15 Au nom du père et du fils et de J.M. Weston | Julien Mabiala Bissila PISTES DE TRAVAIL 1/ Qu’est-ce qu’un scénographe ? 2/ Imaginez le décor : formes, couleurs, matières… 3/ Qu’est-ce que ces images vous évoquent ? RÉPONSES 1/Le scénographe imagine l’espace de la scène avec ses décors et ses accessoires en tenant compte des intentions du metteur en scène et des déplacements des artistes. 2/ … 3/Réponses de la scénographe Delphine de Sainte-Marie : 1ère image: Esprits, cendres, mort, matière organique, ruine 2ème image : Tirer un fils, entrailles, méandre de la mémoire, Tas/Trou, Vernaculaire, Labyrinthe 3ème image : Tombe, damier, nattes africaines, motifs de sapeurs 16 Au nom du père et du fils et de J.M. Weston | Julien Mabiala Bissila 7 - LES COSTUMES MARTA ROSSI | COSTUMIÈRE Diplômée en scénographie aux Beaux-Arts de Florence et art environnemental à l’Université Alvar Aalto d’Helsinki, elle arrive en France en 2008 et exerce en tant que costumière et scénographe au théâtre et au cinéma. Passionnée par les cultures étrangères et les pays lointains, elle s’inspire de leurs coutumes et langages. Elle travaille au Québec avec la compagnie anglo-canadienne Fools and Feathers, collabore en Palestine avec le metteur en scène Nabil El Azan, développe sa technique aux côtés de la plasticienne brésilienne Maria Adelia Ferreira au sein de la Cie Dos à Deux. En cinéma, elle rencontre le réalisateur Bruno Podalydès et assiste la costumière italienne Lina Taviani. En art vidéo, elle collabore avec l’artiste belge Agnès Guillaume. Elle est assistante aux costumes pour le spectacle Liliom de Jean Bellorini. Elle développe parallèlement des projets d’intervention artistique sur la relation entre l’homme et son environnement. NOTE DU METTEUR EN SCÈNE À PROPOS DES COSTUMES « Dans cette pièce, nous suivons, au milieu d’une ville dévastée, les pérégrinations de deux frères, anciens sapeurs. Mais au moment où nous les rejoignons dans l’histoire, ils ne sont plus en situation de « parader ». Comment alors, même dépossédés de leur richesse vestimentaire, rester dignes de leur passé d’esbroufe ? Notre costumière, Marta Rossi a travaillé sur la notion de mémoire, de traces, d’empreintes, celles que ce passé de sapeurs a pu laisser en eux. Elle a ainsi imaginé des costumes qui reprennent les formes de l’élégance dandy, en exploitant des matériaux de récupération : une bâche pour un pantalon, une canette découpée pour un noeud papillon, un sac de riz pour confectionner une veste… Il s’agit ici de redécouvrir les traces de vies humaines, laissées dans les ruines : des matériaux synthétiques, non dégradables, voire polluants (plastique, métal…), seuls survivants des feux et des bombardements. Apparaîtront ici ou là, sur les vêtements, des noms de marques de grands groupes occidentaux : Coca‑Cola, Goodyear…, empreintes que ces empires modernes laissent eux aussi sur un territoire qu’ils dégradent d’une autre manière. » IMAGES QUI ONT INSPIRÉ LA COSTUMIÈRE 17 Au nom du père et du fils et de J.M. Weston | Julien Mabiala Bissila 7 - LES COSTUMES CROQUIS Criss Cross PISTES DE TRAVAIL 1/ À partir de la note de l’auteur, réalisez un dessin des costumes pour chaque personnage. 2/ Décrivez les deux photos ci-dessus, quels peuvent être les liens avec ce que vous connaissez déjà de la pièce ? 18 Au nom du père et du fils et de J.M. Weston | Julien Mabiala Bissila 8 - L'ÉQUIPE DU SPECTACLE - SUR LA SCÈNE SUR LA SCÈNE CRISS NIANGOUNA - COMÉDIEN Né au Congo en 1975, Il commence le théâtre dans les années 90 avec les compagnies de Brazzaville : Cie Salaka, Cie Deso et le théâtre d’art africain. Il fonde avec son frère Dieudonné la Compagnie Les Bruits de la Rue. Il joue dans de nombreux festivals en Afrique : le Carré, le Festival International de l’Acteur, Jucotej (Kinshasa), Expression 7 (Brazzaville), les Rencontres Internationales de Théâtre du Cameroun (Yaoundé), le festival de Carthage (Tunisie) et travaille dans de nombreux projets en France, notamment dans Sony Labou Tansi face à douze mots dans une mise en scène de Gabriel Garran, Hamlet de Shakespeare mis en scène par Serge Limbvani, Combats de nègres et de chiens de Koltes mis en scène par Serge Catanese, Les Damnés de la terre d’après Frantz Fanon et mis en scène par Jacques Allaire, créé au Tarmac, et de nombreuses pièces mises en scène par Dieudonné Niangouna dont Le Socle des vertiges, Shéda, Le coeur des enfants léopards. Plus récemment, il a travaillé sur le projet théâtral dédié à Sony Labou Tansi, Sony Congo ou la chouette petite vie bien osée de Sony Labou Tansi de Bernard Magnier mis en scène par Hassane Kassi Kouyaté, et créé au Tarmac en février 2015. MARCEL MANKITA - COMÉDIEN Né au Congo-Brazzaville, Marcel Mankita participe à de nombreuses mises en scène, en France et au Congo. En France, il travaille avec Christian Schiaretti, Philippe Adrien, Adel Hakim, Lotfi Achour et de nombreuses mise en scène de Catherine Boskowitz sur des textes de Sony Labou Tansi, Jean Genet, Brecht, Tennessee Williams Au Congo, il travaille principalement avec Victor Louya sur différents projets : Combat de nègre et de chien de BernardMarie Koltès, L’Oracle de Guy Menga, La Parcelle de terre de Boubou Hama, La Retraite de David Jaomanoro, Le Juge inculpé de J.F. Tchibinda Koango. et JULIEN MABIALA BISSILA (voir page 5) 19 Au nom du père et du fils et de J.M. Weston | Julien Mabiala Bissila 8 - L'ÉQUIPE DU SPECTACLE DANS L'OMBRE JEAN-FRANÇOIS AUGUSTE | CONSEIL À LA MISE EN SCÈNE Diplômé du Conservatoire Nationale Supérieur d’Art Dramatique en 2000, élève stagiaire à la Comédie Française en 1998/1999, il crée en 2007, la compagnie For Happy people & Co. Comédien, il joue dans de nombreuses pièces du Théâtre des Lucioles et avec des metteurs en scène aussi divers que Jan Fabre, Joël Jouanneau, Jean-Baptiste Sastre, etc. Comme metteur en scène il travaille sur des textes classiques (Thomas Middleton ou le Marquis de Sade), contemporains (Frédéric Vossier, Marc Lainé), ou tirés de bandes dessinées (Ruppert et Mulot, Blain et Carlotti). Il co-met en scène plusieurs spectacles avec Pierre Maillet et Madeleine Louarn. En parallèle, il écrit et réalise avec Marc Lainé une websérie, Enjoy the silence, qui reçoit, en 2009, le prix Reflet d’or de la meilleure série produite pour le web au festival Tous Ecrans de Genève. XAVIER LAZARINI | CRÉATEUR LUMIÈRE Formé au métier de Concepteur d’Eclairage, il travaille dans divers domaines artistiques : le théâtre, le nouveau cirque, l’opéra, et, de façon plus privilégiée, en danse contemporaine. Il développe depuis quelques années le travail sur l’espace et la lumière architecturale et muséographique, et intervient comme concepteur d’éclairage en France et à l’étranger. FRÉDÉRIC PEUGEOT | CRÉATEUR SON Après avoir suivi des études scientifiques et musicales, Frédéric Peugeot se forme aux métiers du son à l'École Louis Lumière. Il multiplie ensuite les collaborations dans les domaines du spectacle vivant, de la musique et de l’audiovisuel en tant qu’ingénieur du son, régisseur son et créateur son avec le choeur de chambre Accentus et l’ensemble Axe 21 de Laurence Equilbey, le compositeur et arrangeur Thierry Lalo, la compositrice Pascale Criton, le CREA d’Aulnay-sous-Bois (dir. Didier Grojman), les chorégraphes Christian Rizzo, Raimund Hoghe, Carlotta Sagna, François Laroche-Valière, Raphaëlle Delaunay, le conteur Pépito Matéo, les circassiens Jean-Baptiste André et Julia Christ. Il est opérateur Protools sur le tournage des émissions « Jam Sessions » au Jamel Comedy Club, et « Le Ring » (France Ô) entre 2008 et 2013. et DELPHINE SAINTE-MARIE (voir page 15) MARTA ROSSI (voir page 17) 20 Au nom du père et du fils et de J.M. Weston | Julien Mabiala Bissila 9 - PROLONGEMENTS DE JULIEN MABIALA BISSILA Au nom du Père et du Fils et de J.M. Weston suivi de Chemin de Fer, Le Tarmac chez Lansman (en cours d’édition – sortie prévue le 17/11/15) Crabe rouge, éditions Passage(s), collection Libres courts au Tarmac LIVRES SUR LA SAPE Justin-Daniel Gandoulou Entre Paris et Bacongo, Centre de création industrielle / Centre Georges Pompidou, 1984 Au coeur de la Sape : Mœurs et aventures de Congolais à Paris, préface de Jean Rouch, L’Harmattan, 1989 Dandies à Bacongo : le culte de l’élégance dans la société congolaise contemporaine, préface de Georges Balandier, L’Harmattan, 1989 Elvis Makouezi : Dictionnaire de la SAPE, Société des Ambianceurs et Personnes Élégantes, Publibook, 2013 UN LIVRE DE PHOTO Héctor Mediavilla (photos) : S.A.P.E., préface d’Alain Mabanckou, éditions Intervalles, 2013 DEUX BANDES DESSINÉS Barly Baruti : Papa Wemba, Viva la musica, Afrique éditions, 1987 (Kinshasa) Christian Epanya : Les Rois de la Sape, Océan éditions, 2014 (La Réunion) DEUX ROMANS Alain Mabanckou : Black Bazar, Point Seuil, 2009 Après une déception amoureuse, le bien nommé Weston traine son vague à l’âme dans une boite du 1er arrondissement de Paris et décide d’écrire son journal… Le roman est, tout à la fois, une visite guidée des rues qui voisinent le métro Château Rouge à Paris, une découverte de ses populations, avec bribes autobiographiques, plaisanteries potaches, clins d’œil plus ou moins cryptés. Frédérique Ciriez : Mélo, Verticales, 2013 Frédérique Ciriez conte également l’étonnante destinée de Parfait, éboueur le jour et sapeur la nuit… Un grand écart culturel et économique et une plongée au cœur de cette vie parallèle. UN DOCUMENTAIRE Black Dandy par Ariel Wizman et Laurent Lunetta, Canal + LIENS INTERNET De Bacongo à Château-Rouge : Sur les traces des Sapeurs, Célia Sadai, La plume francophone Etonnants Voyageurs à Brazzaville : La S.A.P.E. et les sapeurs congolais, Culture Box Enquête sur la SAPE : mode, science ou religion ? Noé Michalon, Clique Dans la peau des sapeurs congolais à Paris, afrik.com EXPOS Beauté Congo à la Fondation Cartier (Paris 14e) Frid Armel Louzala & Gastineau Massamba à la Galerie KO21 (Paris 20e) 21 Au nom du père et du fils et de J.M. Weston | Julien Mabiala Bissila 159 AVENUE GAMBETTA | 75020 PARIS ADMINISTRATION | 01 40 31 20 96 RÉSERVATION | 01 43 64 80 80 WWW.LETARMAC.FR Au nom du père et du fils et de J.M. Weston | Julien Mabiala Bissila