dossier pédagogique

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| DOSSIER PÉDAGOGIQUE |
JULIEN MABIALA BISSILA
Cher(e)s enseignant(e)s,
Vos élèves et vous-même assisterez dans quelques semaines au spectacle Au nom du Père du
Fils et de J.M. Weston écrit et mis en scène par Julien Mabiala Bissila.
Ce dossier d’accompagnement vous aidera dans l’appréhension de la pièce. Vous y trouverez
des éléments qui vous aideront à préparer les élèves dans leur découverte du spectacle en
vous apportant des informations et des pistes pédagogiques exploitables en amont et aval de
la pièce.
Au plaisir de vous accueillir au Tarmac.
Anaïs Fabrègue
Relations avec le public scolaire
01 40 31 20 63 - [email protected]
Au nom du père et du fils et de J.M. Weston | Julien Mabiala Bissila
SOMMAIRE
1 - Entrée en matière : Décrypter l’affiche
P4
2 - Julien Mabiala Bissila : Auteur - metteur en scène - interprète
P5
3 - La pièceP6
4 - Le contexteP10
5 - La mise en scèneP14
6 - La scénographieP15
7 - Les costumesP17
8 - L’équipe du spectacle au complet
P20
9 - ProlongementsP21
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1- ENTRÉE EN MATIÈRE : DÉCRYPTER L’AFFICHE
PISTES DE TRAVAIL
1/ Pourquoi réalise-t-on des affiches de spectacles ?
2/ Quels sont les autres moyens / supports de communication possibles ?
3/ Lister tous les éléments qui composent l’affiche. Quelles informations nous donnent-ils ?
4/ Que signifie le terme « création » ?
5/ Quelles références présentent le titre du spectacle ?
6/ Que vous évoque cette photo ?
RÉPONSES
1/ L’affiche est un support de communication qui permet au public d’être informé de la présentation du
spectacle.
2/ Flyers, site web, brochure…
3/ Titre du spectacle, auteur, genre « théâtre », informations pratiques : lieu, date, visuel, …
4/ « Création » signifie que le spectacle n’a encore jamais été joué ailleurs auparavant, il vient juste d’être
créé, finalisé. Il s’agit de la toute première confrontation avec le public. Les enjeux sont importants pour
les artistes mais aussi pour le théâtre qui accueille le spectacle et le découvre en même temps que ses
spectateurs.
5/ « Au nom du Père et du fils » prière. « J.M. Weston » chaussure de luxe emblématique des sapeurs
(voir page 11).
6/ Vous pouvez aborder la nature de l’image (photo, réalisme), la couleur rouge (couleur primaire et
chaude), le mouvement (personnage en action), le vêtement qui laisse entrevoir la thématique de la
SAPE , le contraste entre le sol sale et boueux et le costume propre et sophistiqué.
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Au nom du père et du fils et de J.M. Weston | Julien Mabiala Bissila
2- JULIEN MABIALA BISSILA : AUTEUR - METTEUR EN SCÈNE - INTERPRÈTE
Pour ce spectacle Julien Mabiala Bissila occupe 3 fonctions, celle d’auteur, de metteur en scène et de
comédien.
Né en 1976 à Brazzaville au Congo, Julien Mabiala Bissila suit une formation dramatique qui est
interrompue en 1997 par la deuxième guerre civile du Congo, dont il réchappe en vivant pendant deux
années dans la forêt.
À partir de 1999, il se consacre exclusivement au théâtre et participe à plusieurs créations du théâtre des
Tropiques et du Saka-Saka Théâtre. Il crée la compagnie Nguiri-Nguiri Théâtre en 2002, avec laquelle il
est régulièrement invité sur les scènes et festivals africains. Il met en scène ses textes ainsi que ceux
d’Emmanuel Dongala adaptés à la scène.
En France, il est accueilli par le théâtre du Vieux-Colombier à Paris en 2005 dans le cadre du programme
Écritures d’Afrique et, par le Théâtre des Bernardines à Marseille, comme comédien.
En 2011, il obtient la bourse du festival Les Francophonies en Limousin et réside à la Maison des auteurs.
La même année, son texte Au nom du Père et du Fils et de J.M. Weston est primé aux Journées de Lyon
des auteurs de théâtre.
En septembre 2012, cette pièce est lue au Festival des Francophonies au Limousin par les élèves de
l’Académie théâtrale de l’Union. C’est au festival d’Avignon qu’est enregistrée une version du texte en
public, par RFI et France-Culture (en écoute sur notre site).
En 2013, aux trentièmes Francophonies en Limousin, il met en scène son propre texte Crabe Rouge. Ce
dernier avait été lu auparavant à Paris au théâtre du Rond-Point, à Limoges dans le cadre des Nouvelles
Zébrures, à Montréal au festival Dramaturgies en Dialogue, et mis en espace en Allemagne par le théâtre
de la ville de Saarbrücken.
En 2014, il est en résidence à La Marelle, lieu de résidence, de création et scène littéraire permanente
situé à La Friche la Belle de Mai à Marseille, où il écrit un texte qui est publié dans le numéro 1 de la revue
de La Marelle, La première chose que je peux vous dire…
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3 - LA PIÈCE
RÉSUMÉ
Criss et Cross, deux frères, dans les décombres de la guerre civile qui a ravagé leur pays le CongoBrazzaville, partent à la recherche d’un trésor enfoui avant la débandade : une paire de chaussure J.M.
Weston !
La J.M. Weston ? Accessoire et emblème du SAPEUR par excellence. Ils cherchent, creusent mais la
guerre a fait volé en éclat tous leurs repères. Ils se souviennent alors des horreurs que leur famille et
eux-mêmes ont vécues : l’histoire douloureuse d’un pays traversé par le colonialisme, la dictature puis
la violence de la guerre civile.
EXTRAIT 1
Souffle 2
Criss : La foule courait du côté opposé de la mort. L’esprit de survie possède en lui-même un
GPS incorporé qui se met en route de façon automatique. Une fois que votre peur est debout,
les données sont enregistrées. Et tout votre corps hurle « tournez à gauche à la prochaine
intersection » ou encore « arrêtez votre course. J’ai dit arrêtez votre course, vous êtes déjà
mort ». Et ici il y avait sûrement le mur blanc de l’église. Le mur était à notre gauche. Nous étions
donc à droite.
Cross : Le mur blanc était derrière nous, pas à notre gauche puisque l’église était derrière le
mur.
Criss : Oh quelle tête de mule !
Cross : Pardon ?
Criss : La femme qui est tombée la première était devant, devant, devant, devant nous ! Le
monsieur qui est sorti du bus éclaté par le baiser du poteau électrique a couru par là après
que la femme soit… Mais merde, ne me demande pas de revivre la scène, là en ce moment,
présent, passé, présent, passé, présent alors que je veux du futur ! Là dans moi, pendant que
mes méninges tentent de se rafistoler un morceau de vie standard ! Sinon ça me coupe l’appétit
de tout ce qui respire, tout ce qui porte le souffle, la vie, tout, tout, tout, tout, la bouffe, l’eau, la
libido en même temps et merde !
Le fantôme du père traverse l’espace, s’arrête. Se retourne, exécute un sourire puis disparaît.
L’un des frères semble l’apercevoir. Silence.
Quoi ? Bref silence
Cross : Non, non la femme venait derrière nous. Ta libido, je n’en ai rien à foutre. « Bander ou
ne pas bander » n’est pas la question, la question c’est « être ou ne pas être ». Existions-nous
seulement, à ce moment quand l’obus a explosé sur le bordel ? Parce que la femme, elle a fait
demi-tour pour rentrer dans la cour de l’église, elle a dépassé le mur et même elle a franchi la
porte de l’église.
Criss : Pas possible ! Parce que la femme, ses entrailles ont ricoché sur le mur blanc bien que
son corps ait continué la course, mais sans les entrailles qui sont restées sur le mur, donc
devant nous, avant que la voiture ne rentre dans le même mur en même temps.
Cross : Devant, et comment ? Puisque la voiture qui est rentrée dans la foule avant de finir sur le
poteau électrique a surgi de devant en même temps.
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Au nom du père et du fils et de J.M. Weston | Julien Mabiala Bissila
PISTES DE TRAVAIL
1/ Comment est nommé cet extrait?
2/ Combien y a-t-il de personnages sur scène dans cet extrait ? Citez-les.
3/ Quel registre de langue est employé ?
4/Que nous raconte cet extrait ?
RÉPONSES
1/ « Souffle ». La pièce est constituée de 6 souffles. Chaque souffle convoque un paysage dévasté.
nous dit Julien Mabiala Bissila. Dans le théâtre contemporain, les auteurs prennent des libertés avec la
structuration des pièces. « Acte » et « scène » ne sont plus systématiques.
2/ Il y a 3 personnages dans cette scène : Criss, Cross, le fantôme du Père.
3/ On peut parler de registre familier : "Mais Merde", "La bouffe", "Je n'en ai rien à foutre"...
4/ Cet extrait nous raconte une scène de violence, de guerre que les personnages ont vécue.
Photo de répétition - Souffle 1 - Cross & Criss
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Au nom du père et du fils et de J.M. Weston l Julien Mabiala Bissila
EXTRAIT 2
Souffle 3
Criss : Au public Vous préférez fermer les yeux ? Bizarre, comme les publics se ressemblent.
Cross : On a joué plusieurs spectacles en Afrique, j’ai pas eu de problème pour danser devant
le public.
Criss : Oui ça marchait bien parce qu’il y avait tout le long du spectacle, mais vraiment toutes
les deux minutes, des coupures d’électricité.
Cross : C’est l’avantage de jouer dans un pays comme…
Criss : Donc si vous êtes prêts à écouter notre histoire, vu que la danse fait partie de l’histoire…
Cross : Vous n’êtes pas obligés ! On peut aussi rester là à papoter pendant 1h10.
Nous dès lors que vous avez déjà payé vos billets… Vous voyez ?
Mais faites-nous confiance, nous danserons comme si vous étiez là. C’est comme ce mec de
la billetterie d’une salle de cinéma, le temps que j’achetais mon billet, il m’a expliqué tout le
film du début à la fin. Il me dit qu’à la fin du film l’acteur va mourir dans une explosion et que
c’est nul comme film. J’ai payé mon billet et suis rentré chez moi. J’avais confiance en lui. Ce
film était vraiment nul.
Criss : Ce que nous avons oublié de vous dire, c’est que le spectacle dure 1 heure 10. Une
fois que les 1h10 sont pointées, on quitte la salle, même si le spectacle n’est pas fini. C’est
notre première condition posée dans le contrat. Ça n’arrive pas tout le temps « mais c’est déjà
arrivé ». La sirène a retenti, le public ne voulait pas sortir, il ne nous prenait pas au sérieux.
Cross : Un peu comme vous.
Criss : On est resté là… À 1h10, on n’était à quoi, à un tiers du spectacle.
Cross : Un peu comme ce soir.
Criss : On a fait nos salutations, puis on s’est barré dans les coulisses.
Cross : Le public rigolait.
Criss : Après on s’est barré dans les loges.
Cross : Le public attendait.
Criss : Puis on s’est barré dans un taxi par la porte arrière.
Cross : Deux heures après notre départ, le public était encore là, attendait.
Criss : Quand les lumières se sont éteintes, le public s’est dit « enfin le spectacle va
commencer ». Non, c’était le gardien de la salle qui fermait la salle. Il a même dit « je suis
désolé mais vous devez partir » et le public a même applaudi le gardien de la salle croyant
que c’était un comédien. Et c’est là que nous avons compris que toute personne qui travaille
autour du spectacle vivant, porte en lui une histoire avec la scène. Une histoire enfouie dans
les placards de sa mémoire. Le gardien, finalement, a pris goût à la scène. Il a raconté sa vie.
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Au nom du père et du fils et de J.M. Weston | Julien Mabiala Bissila
PISTES DE TRAVAIL
1/L’énonciation: qui parle ? À qui?
2/ Quelle figure de style fréquente au théâtre est utilisé ici ?
3/ Quel est l’intérêt dramaturgique de cet extrait ?
RÉPONSES
1/ On assiste à un dialogue entre Criss et Cross. Ils s’adressent directement au public
2/ L’apostrophe est utilisé dans cet extrait. Il s’agit d’interpeller quelqu’un ou quelque-chose que l’on
personnifie. Ici le public.
Apostrophe la plus célèbre au théâtre « Ô râge ! Ô désespoir ! Ô vieillesse ennemie ! N’ai-je donc tant
vécu pour cette infamie ? » Le Cid - Corneille
3/ Nous assistons à une scène de théâtre dans le théâtre. Les comédiens commentent leur propre
spectacle. La dimension comique de la scène prend tout son espace. Le quatrième mur tombé ("mur"
imaginiaire situé sur le devant de la scène séparant la scène des spectateurs et au travers duquel ceuxci voient les acteurs jouer).
Photo de répétition - Criss & Cross
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Au nom du père et du fils et de J.M. Weston l Julien Mabiala Bissila
4 - LE CONTEXTE
UN PAYS - LA RÉPUBLIQUE DU CONGO
La République du Congo est situé en Afrique centrale, appelé plus communément Congo
ou Congo-Brazzaville.
Capitale Brazzaville
Régime politique République multipartite à régime présidentiel
Président Denis Sassou-Nguesso, au pouvoir depuis 1979
Nombre d’habitants 4 millions (faible densité)
Langues parlées Français, Kituba, Lingala, Téké, Lari et plus
d'une quarantaine d'autres langues dont les langues
pygmées
Ressources Hydrocarbures, bois, agricultures
Géographie Savanes, plaines, montagnes escarpées et
l’immense fleuve Congo (2ème plus grand du monde)
RÉPUBLIQUE CENTRAFRICAINE
CAMEROUN
GUINÉÉ EQ.
GABON
OCÉAN
ATLANTIQUE
RÉPUBLIQUE
DU
CONGO
RÉPUBLIQUE
DÉMOCRATIQUE
DU CONGO
Brazzaville
Pointe-Noire
ANGOLA
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UN MOMENT SOMBRE DE SON HISTOIRE - LA GUERRE CIVILE
L’histoire politique récente du Congo est marquée par l’instabilité chronique et la violence.
Dans les débuts des années 1990 — correspondant à l’instauration du pluripartisme —, trois partis se
disputent le pouvoir : le PCT, ancien parti unique dirigé par Denis Sassou Nguesso, ex-président de la
République ; l’Union panafricaine pour la démocratie sociale (UPADS), présidée par le président Pascal
Lissouba ; le Mouvement congolais pour la démocratie et le développement intégral (MCDDI), animé
par le maire de Brazzaville Bernard Kolelas – également leader du principal mouvement d’opposition.. À
quelques nuances près, cette division politique exprime à l’époque une division ethnique : le PCT recrute
massivement dans les populations originaires du Nord, symptomatiquement regroupées à Brazzaville
dans la frange nord de la ville ; le MCDDI est le parti des Lari, groupe kongo issu du sud du pays et
concentré dans les quartiers sud de Brazzaville (Bakongo et Makélékélé) ; l’UPADS a ses bases politiques
chez des groupes minoritaires originaires des régions centre-occidentales du pays.
Même si la guerre civile prit la forme d’un règlement de comptes entre politiciens, ceux-ci n’auraient pas
pu s’opposer militairement sans la participation des milices. Les milices sont au Congo un phénomène
de jeunes.
En juin 1997, les milices s’affrontent violemment à Brazzaville, entraînant la mort de plusieurs milliers de
personnes. La ville subit d’importantes destructions. De nombreux Brazzavillois se réfugient en province
dans leur région d’origine. Grâce à l’aide de l’armée angolaise (débarquée par avion dans le Nord et
acheminée par la route), Sassou Nguesso l’emporte en octobre, s’efforçant sans succès, dans les mois
qui suivirent, de démanteler les milices adverses.
Le 24 octobre 1997, Denis Sassou-Nguesso s’autoproclame Président du Congo.
PISTES DE TRAVAIL
1/ Qu’appelle t’on une guerre civile ?
2/ Quels impacts produit une telle tragédie ?
3/ Connaissez-vous un pays actuellement en guerre civile ?
RÉPONSES
1/ Une guerre civile est un affrontement armé entre des habitants d'un même pays.
2/ Ce type d’évènement entraine des morts, une destruction du pays, de ses villes et de ses ressources.
Le pays n’est plus fédéré, le chemin vers la paix est très compliqué.
3/ Syrie
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UN MOUVEMENT - LA SAPE à partir de l'article de Célia Sadai du blog La Plume Francophone
La Société des Ambianceurs et des Personnes Élégantes est une mode vestimentaire populaire née
après les Indépendances du Congo-Brazzaville et du Congo-Kinshasa, dans les années 1960. Le
mouvement s’inspire d’un dandysme cosmopolite emprunté à l’aristocratie britannique comme à la
noblesse japonaise Kazoku.
Dans les années 1970, les pionniers de la SAPE – premiers migrants africains à Paris – diffusent les
prémisses de leur art aux deux Congo. « Rentrés au pays » pour les vacances, ces hommes ramènent de
Paris une « allure » qui masque pour certains les déceptions de l’immigration.
Dans les années 1980, le concept de SAPE s’affirme comme mouvement culturel et esthétique, dans les
métropoles européennes et aux deux Congo.
Les boutiques de « saperie » ouvrent à Bacongo, dans la banlieue de Brazzaville, comme dans le quartier
de Château Rouge à Paris, des « concours d’élégance » entre sapeurs, organisés au Rex Club, révèlent au
public des Maîtres Sapeurs comme Djo Balard.
« La SAPE est un mode de vie qui se traduit par un code vestimentaire particulier. Le sapeur est avant tout
animé par un besoin de paraître soigné et tiré à quatre épingles. Il vit la SAPE comme une passion qui
guide sa vie » http://lasape.com/
LA SAPE EN IMAGES
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Au nom du père et du fils et de J.M. Weston | Julien Mabiala Bissila
NOTE DE L'AUTEUR
« Pourquoi tant d’importance accordée aux chaussures au milieu du chaos dans un pays où la Kalachnikov
est devenue un stylo pour écrire l’avenir ?
C’est ce « pourquoi ? » qui a suspendu le temps dans ma tête durant des années de mon enfance.
Je m’interroge.
J’ai grandi au milieu de paradoxes :
Pays riche / habitants pauvres
Peuple miséreux / peuple fêtard
Guerre / sape
Eglise / corruption
Comment raconter ces contrastes ?
Comment voyager dans le monde fantaisiste de ces dandys ?
Pourquoi J.M. Weston ?
Dans En attendant Godot, à l’ouverture de la pièce, Estragon tente désespérément d’enlever ses souliers.
Ils sont trop étroits. Ils le font souffrir.
Les quitter, les laisser à un autre, en trouver à sa taille devient alors un enjeu récurrent du texte, comme si
le désir d’un monde à sa mesure se concrétisait dans l’obstination du personnage qui enfile, abandonne,
retrouve, réessaie le godillot récalcitrant.
Ôter et remettre ses chaussures : diversion, délassement, distraction.
« On trouve toujours quelque chose, hein, Didi, pour nous donner l’impression d’exister. »
Voilà l’idée qui semble correspondre à mes questionnements : « L’impression d’EXISTER ».
On peut le dire, oui, la chaussure est l’empreinte de celui qui la porte, elle se fait à lui et reconduit, comme
dans une seconde peau, les plis les plus secrets de son identité.
La chaussure est vestige, trace du pas à travers les mythologies auxquelles elle donne lieu. C’est un art
de la mémoire. »
PISTES DE TRAVAIL
1/ D’après la définition de la SAPE, la note de l’auteur, qu’est-ce qui semble motiver les gens à se SAPER ?
2/ Qu’est-ce que représente le vêtement ? A-t-il un rôle dans la société ?
3/ Pouvez-vous citer des modes vestimentaires actuels ? Que nous raconte ces styles.
RÉPONSES
1/ Importance donner à l'allure, au paraître. Désir de masquer la misère, de garder la tête haute, de
maintenir l’espoir malgré un contexte difficile.
2/ L'une des fonctions du vêtement est d'assurer un rôle social. Il est un signe visible d'appartenance à
un groupe.
3/ Hipster, punk, gothique…
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Au nom du père et du fils et de J.M. Weston | Julien Mabiala Bissila
5 - LA MISE EN SCÈNE
NOTE DE MISE EN SCÈNE
« Mise en territoire, mise en bouche, mise en corps, mise en scène ou mise en espace, peu importe.
Il s’agit de tenter de retrouver le chemin dans le labyrinthe des évènements atroces qui remontent à la
surface.
Retracer la topographie de cette ville où les hommes et les maisons ont été broyés par la violence de la
guerre. Voilà les éléments nécessaires pour mener à bien cette topométrie.
Pour moi, ce texte est de prime abord un schéma topographique qui oblige l’acteur et le public à creuser
ensemble, avec comme seuls outils les mots/maux et l’imaginaire.
J’aime que le théâtre soit avant tout texte/parole. Ici dans ce labyrinthe textuel, il est question :
D’anéantissement d’un lieu.
De la dissémination des corps, de leur disparition.
D’une tombe perdue.
D’une quête dérisoire.
D’un rêve enfoui.
D’un vrai travail de mise en abime.
Ce travail s’appuyera sur la force des mots pour conduire les recherches sans trop d’artifices. Il s’agira par
conséquent de pousser les acteurs à la plus grande liberté de jeu. Une construction sur la frontière entre
l’acteur et le personnage. »
PISTES DE TRAVAIL
1/ Qu’est-ce qu’un metteur en scène ?
2/ D’après cette note, imaginez comment peut s’illustrer la mise en scène
RÉPONSES
1/ Au théâtre, le metteur en scène est l'organisateur et le responsable de la mise en scène d'une œuvre
dramatique, c'est-à-dire de tous les éléments qui composent le spectacle : jeu des acteurs, rythmes,
espaces, décors, lumières...
2/…
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Au nom du père et du fils et de J.M. Weston | Julien Mabiala Bissila
6 - LA SCÉNOGRAPHIE
DELPHINE SAINTE-MARIE | SCÉNOGRAPHE
Après un D.U.T en carrières sociales à Bordeaux, elle étudie la scénographie à l’école des Arts Décoratifs
de Strasbourg. Glissant de l’objet à l’environnement, du motif au paysage, elle raconte ses regards sur
l’espace par les accessoires, la sculpture, la vidéo, le costume, la musique, la peinture, la matière...
Elle collabore notamment avec le scénographe Eric Ruf et le metteur en scène Denis Podalydès sur de
nombreux projets et travaille également pour le cinéma et le théâtre lyrique.
NOTE DU METTEUR EN SCÈNE À PROPOS DE LA SCÉNOGRAPHIE
« Chaque acte se nomme souffle. La pièce est constituée de 6 souffles. Chaque souffle convoque un
paysage dévasté. La question du territoire, ou du lien entre l’espace et la mémoire est donc centrale.
Cette mise en territoire se doit d’être très intime et libre. Nous sommes dans un espace de théâtre narratif.
Comment mêler l’histoire entre ce qui se vit et ce qui se raconte ?
Comment entrer dans ces souffles lorsque chacun propose un espace différent, une quête originale, un
souvenir à creuser ?
Il sera question d’espaces qui se construisent et se déconstruisent à vue. Pour cela, avec la scénographe,
Delphine Sainte-Marie, nous avons imaginé travailler autour d’un matériau pertinent symboliquement et
matériellement, la drisse.
Symboliquement, parce que s’agissant de textile (chanvre, coton, laine, soie, etc.), elle renvoie au vêtement
et, par extension, à la SAPE. Matériellement, parce qu’elle nous permettra de travailler des volumes de
tailles et de poids différents, des monticules, des étendues, la plupart mobiles, qui re-détermineront
continuellement l’espace en fonction du jeu des comédiens et de leurs déplacements, pour former tantôt
une butte, tantôt les bas-côtés d’une rue, etc.
TROIS IMAGES QUI ONT INSPIRÉ LA SCÉNOGRAPHE
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Au nom du père et du fils et de J.M. Weston | Julien Mabiala Bissila
PISTES DE TRAVAIL
1/ Qu’est-ce qu’un scénographe ?
2/ Imaginez le décor : formes, couleurs, matières…
3/ Qu’est-ce que ces images vous évoquent ?
RÉPONSES
1/Le scénographe imagine l’espace de la scène avec ses décors et ses accessoires en tenant compte
des intentions du metteur en scène et des déplacements des artistes.
2/ …
3/Réponses de la scénographe Delphine de Sainte-Marie :
1ère image: Esprits, cendres, mort, matière organique, ruine
2ème image : Tirer un fils, entrailles, méandre de la mémoire, Tas/Trou, Vernaculaire, Labyrinthe
3ème image : Tombe, damier, nattes africaines, motifs de sapeurs
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7 - LES COSTUMES
MARTA ROSSI | COSTUMIÈRE
Diplômée en scénographie aux Beaux-Arts de Florence et art environnemental à l’Université Alvar Aalto
d’Helsinki, elle arrive en France en 2008 et exerce en tant que costumière et scénographe au théâtre et au
cinéma. Passionnée par les cultures étrangères et les pays lointains, elle s’inspire de leurs coutumes et
langages. Elle travaille au Québec avec la compagnie anglo-canadienne Fools and Feathers, collabore
en Palestine avec le metteur en scène Nabil El Azan, développe sa technique aux côtés de la plasticienne
brésilienne Maria Adelia Ferreira au sein de la Cie Dos à Deux.
En cinéma, elle rencontre le réalisateur Bruno Podalydès et assiste la costumière italienne Lina Taviani.
En art vidéo, elle collabore avec l’artiste belge Agnès Guillaume. Elle est assistante aux costumes pour le
spectacle Liliom de Jean Bellorini.
Elle développe parallèlement des projets d’intervention artistique sur la relation entre l’homme et son
environnement.
NOTE DU METTEUR EN SCÈNE À PROPOS DES COSTUMES
« Dans cette pièce, nous suivons, au milieu d’une ville dévastée, les pérégrinations de deux frères,
anciens sapeurs. Mais au moment où nous les rejoignons dans l’histoire, ils ne sont plus en situation de
« parader ». Comment alors, même dépossédés de leur richesse vestimentaire, rester dignes de leur
passé d’esbroufe ?
Notre costumière, Marta Rossi a travaillé sur la notion de mémoire, de traces, d’empreintes, celles que
ce passé de sapeurs a pu laisser en eux. Elle a ainsi imaginé des costumes qui reprennent les formes de
l’élégance dandy, en exploitant des matériaux de récupération : une bâche pour un pantalon, une canette
découpée pour un noeud papillon, un sac de riz pour confectionner une veste…
Il s’agit ici de redécouvrir les traces de vies humaines, laissées dans les ruines : des matériaux synthétiques,
non dégradables, voire polluants (plastique, métal…), seuls survivants des feux et des bombardements.
Apparaîtront ici ou là, sur les vêtements, des noms de marques de grands groupes occidentaux :
Coca‑Cola, Goodyear…, empreintes que ces empires modernes laissent eux aussi sur un territoire qu’ils
dégradent d’une autre manière. »
IMAGES QUI ONT INSPIRÉ LA COSTUMIÈRE
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Au nom du père et du fils et de J.M. Weston | Julien Mabiala Bissila
7 - LES COSTUMES
CROQUIS
Criss
Cross
PISTES DE TRAVAIL
1/ À partir de la note de l’auteur, réalisez un dessin des costumes pour chaque personnage.
2/ Décrivez les deux photos ci-dessus, quels peuvent être les liens avec ce que vous connaissez déjà de
la pièce ?
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Au nom du père et du fils et de J.M. Weston | Julien Mabiala Bissila
8 - L'ÉQUIPE DU SPECTACLE - SUR LA SCÈNE
SUR LA SCÈNE
CRISS NIANGOUNA - COMÉDIEN
Né au Congo en 1975, Il commence le théâtre dans les années 90
avec les compagnies de Brazzaville : Cie Salaka, Cie Deso et le théâtre
d’art africain. Il fonde avec son frère Dieudonné la Compagnie Les
Bruits de la Rue.
Il joue dans de nombreux festivals en Afrique : le Carré, le Festival
International de l’Acteur, Jucotej (Kinshasa), Expression 7 (Brazzaville),
les Rencontres Internationales de Théâtre du Cameroun (Yaoundé), le
festival de Carthage (Tunisie) et travaille dans de nombreux projets en
France, notamment dans Sony Labou Tansi face à douze mots dans
une mise en scène de Gabriel Garran, Hamlet de Shakespeare mis en
scène par Serge Limbvani, Combats de nègres et de chiens de Koltes
mis en scène par Serge Catanese, Les Damnés de la terre d’après
Frantz Fanon et mis en scène par Jacques Allaire, créé au Tarmac, et
de nombreuses pièces mises en scène par Dieudonné Niangouna
dont Le Socle des vertiges, Shéda, Le coeur des enfants léopards.
Plus récemment, il a travaillé sur le projet théâtral dédié à Sony Labou
Tansi, Sony Congo ou la chouette petite vie bien osée de Sony Labou
Tansi de Bernard Magnier mis en scène par Hassane Kassi Kouyaté, et
créé au Tarmac en février 2015.
MARCEL MANKITA - COMÉDIEN
Né au Congo-Brazzaville, Marcel Mankita participe à de
nombreuses mises en scène, en France et au Congo.
En France, il travaille avec Christian Schiaretti, Philippe Adrien,
Adel Hakim, Lotfi Achour et de nombreuses mise en scène
de Catherine Boskowitz sur des textes de Sony Labou Tansi,
Jean Genet, Brecht, Tennessee Williams
Au Congo, il travaille principalement avec Victor Louya sur
différents projets : Combat de nègre et de chien de BernardMarie Koltès, L’Oracle de Guy Menga, La Parcelle de terre
de Boubou Hama, La Retraite de David Jaomanoro, Le Juge
inculpé de J.F. Tchibinda Koango.
et
JULIEN MABIALA BISSILA (voir page 5)
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8 - L'ÉQUIPE DU SPECTACLE
DANS L'OMBRE
JEAN-FRANÇOIS AUGUSTE | CONSEIL À LA MISE EN SCÈNE
Diplômé du Conservatoire Nationale Supérieur d’Art Dramatique en 2000, élève stagiaire à la Comédie
Française en 1998/1999, il crée en 2007, la compagnie For Happy people & Co. Comédien, il joue dans de
nombreuses pièces du Théâtre des Lucioles et avec des metteurs en scène aussi divers que Jan Fabre,
Joël Jouanneau, Jean-Baptiste Sastre, etc. Comme metteur en scène il travaille sur des textes classiques
(Thomas Middleton ou le Marquis de Sade), contemporains (Frédéric Vossier, Marc Lainé), ou tirés de
bandes dessinées (Ruppert et Mulot, Blain et Carlotti).
Il co-met en scène plusieurs spectacles avec Pierre Maillet et Madeleine Louarn. En parallèle, il écrit
et réalise avec Marc Lainé une websérie, Enjoy the silence, qui reçoit, en 2009, le prix Reflet d’or de la
meilleure série produite pour le web au festival Tous Ecrans de Genève.
XAVIER LAZARINI | CRÉATEUR LUMIÈRE
Formé au métier de Concepteur d’Eclairage, il travaille dans divers domaines artistiques : le théâtre, le
nouveau cirque, l’opéra, et, de façon plus privilégiée, en danse contemporaine. Il développe depuis
quelques années le travail sur l’espace et la lumière architecturale et muséographique, et intervient
comme concepteur d’éclairage en France et à l’étranger.
FRÉDÉRIC PEUGEOT | CRÉATEUR SON
Après avoir suivi des études scientifiques et musicales, Frédéric Peugeot se forme aux métiers du son à
l'École Louis Lumière. Il multiplie ensuite les collaborations dans les domaines du spectacle vivant, de
la musique et de l’audiovisuel en tant qu’ingénieur du son, régisseur son et créateur son avec le choeur
de chambre Accentus et l’ensemble Axe 21 de Laurence Equilbey, le compositeur et arrangeur Thierry
Lalo, la compositrice Pascale Criton, le CREA d’Aulnay-sous-Bois (dir. Didier Grojman), les chorégraphes
Christian Rizzo, Raimund Hoghe, Carlotta Sagna, François Laroche-Valière, Raphaëlle Delaunay, le conteur
Pépito Matéo, les circassiens Jean-Baptiste André et Julia Christ. Il est opérateur Protools sur le tournage
des émissions « Jam Sessions » au Jamel Comedy Club, et « Le Ring » (France Ô) entre 2008 et 2013.
et
DELPHINE SAINTE-MARIE (voir page 15)
MARTA ROSSI (voir page 17)
20
Au nom du père et du fils et de J.M. Weston | Julien Mabiala Bissila
9 - PROLONGEMENTS
DE JULIEN MABIALA BISSILA
Au nom du Père et du Fils et de J.M. Weston suivi de Chemin de Fer, Le Tarmac chez Lansman
(en cours d’édition – sortie prévue le 17/11/15)
Crabe rouge, éditions Passage(s), collection Libres courts au Tarmac
LIVRES SUR LA SAPE
Justin-Daniel Gandoulou
Entre Paris et Bacongo, Centre de création industrielle / Centre Georges Pompidou, 1984
Au coeur de la Sape : Mœurs et aventures de Congolais à Paris, préface de Jean Rouch, L’Harmattan, 1989
Dandies à Bacongo : le culte de l’élégance dans la société congolaise contemporaine, préface de Georges
Balandier, L’Harmattan, 1989
Elvis Makouezi : Dictionnaire de la SAPE, Société des Ambianceurs et Personnes Élégantes, Publibook, 2013
UN LIVRE DE PHOTO
Héctor Mediavilla (photos) : S.A.P.E., préface d’Alain Mabanckou, éditions Intervalles, 2013
DEUX BANDES DESSINÉS
Barly Baruti : Papa Wemba, Viva la musica, Afrique éditions, 1987 (Kinshasa)
Christian Epanya : Les Rois de la Sape, Océan éditions, 2014 (La Réunion)
DEUX ROMANS
Alain Mabanckou : Black Bazar, Point Seuil, 2009
Après une déception amoureuse, le bien nommé Weston traine son vague à l’âme dans une boite du
1er arrondissement de Paris et décide d’écrire son journal… Le roman est, tout à la fois, une visite guidée
des rues qui voisinent le métro Château Rouge à Paris, une découverte de ses populations, avec bribes
autobiographiques, plaisanteries potaches, clins d’œil plus ou moins cryptés.
Frédérique Ciriez : Mélo, Verticales, 2013
Frédérique Ciriez conte également l’étonnante destinée de Parfait, éboueur le jour et sapeur la nuit… Un
grand écart culturel et économique et une plongée au cœur de cette vie parallèle.
UN DOCUMENTAIRE Black Dandy par Ariel Wizman et Laurent Lunetta, Canal +
LIENS INTERNET
De Bacongo à Château-Rouge : Sur les traces des Sapeurs, Célia Sadai, La
plume francophone
Etonnants Voyageurs à Brazzaville : La S.A.P.E. et les sapeurs congolais, Culture
Box
Enquête sur la SAPE : mode, science ou religion ? Noé Michalon, Clique
Dans la peau des sapeurs congolais à Paris, afrik.com
EXPOS
Beauté Congo à la Fondation Cartier (Paris 14e)
Frid Armel Louzala & Gastineau Massamba à la Galerie KO21 (Paris 20e)
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