I, 2 - Dr. Thomas Hilberer

Métrique, Genre Poétique et Politique :
Les Fables de Jean de La Fontaine
Thomas Hilberer, Tübingen
Notre ennemi, c’est notre maître.
(VI, 8 Le Vieillard et l’Âne)
Le Corbeau et le Renard (I, 2)
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Maître Corbeau, sur un arbre perché, [10]
Tenait en son bec un fromage. [8]
Maître Renard, par l’odeur alléché, [10]
Lui tint à peu près ce langage : [8]
Hé! bonjour, Monsieur du Corbeau. [8]
Que vous êtes joli ! que vous me semblez beau ![12]
Sans mentir, si votre ramage [8]
Se rapporte à votre plumage, [8]
Vous êtes le Phénix des hôtes de ces bois. [12]
À ces mots le Corbeau ne se sent pas de joie, [12]
Et pour montrer sa belle voix, [8]
Il ouvre un large bec, laisse tomber sa proie. [12]
Le Renard s’en saisit, et dit : Mon bon Monsieur, [12]
Apprenez que tout flatteur [7]
Vit aux dépens de celui qui l’écoute. [10]
Cette leçon vaut bien un fromage sans doute. [12]
Le Corbeau honteux et confus [8]
Jura, mais un peu tard, qu’on ne l’y prendrait plus. [12]
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A. I
1 perché
2 fromage
3 alléché
4 langage
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B.III
9 bois [bwɑ]
10 joie [ʒwa]
11 voix [vwɑ]
12 proie [pRwa]
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A.II
5 Corbeau
6 beau
7 ramage
8 plumage
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B.IV
13 Monsieur
14 flatteur
15 écoute
16 doute
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C. V
17 confus
18 plus
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[...] faisant de cet ouvrage [= Fables choisies mises en vers]
Une ample comédie à cent actes divers,
Et dont la scène est l’Univers.
Hommes, dieux, animaux, tout y fait quelque rôle :
Jupiter comme un autre.
(V, 1 Le Bûcheron et Mercure, v. 26-30)
« FABLE, signifie aussi absolument, Conte, chose controuvée, mensonge, fausseté. [...] Les
hommes preferent les decorations de la fable & les artifices du mensonge à la simplicité naïve de la
verité ». (Antoine Furetière : Dictionnaire universel)
« Il employa donc à les [les fables d‘Ésope] mettre en vers les derniers moments de sa vie.
[...] des fables qui continssent quelque chose de véritable ». (Préface)
Et même qui mentirait
Comme Ésope et comme Homère,
Un vrai menteur ne serait.
Le doux charme de maint songe
Par leur bel art inventé,
Sous les habits du mensonge
Nous offre la vérité.
(IX, 1 Le Dépositaire infidèle, v. 29-35)
Le temps qui détruit tout [...]
Me laissera franchir les ans dans cette ouvrage.
(VII, À Mme de Montespan, v. 15s)
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