Chercher la ville : Montauban à la limite

Transcription

Chercher la ville : Montauban à la limite
Une
ville au bout de la nuit
(Dominique Crébassol, Midi-Pyrénées Patrimoine, n°28, janvier 2012)
Identification d’une ville, comme il y eut identification d’une femme (Antonioni) : une tentative (tentation ?) impossible
par nature. Au fil des images, le mystère s’épaissit, le réel se densifie.
Ainsi Yohann Gozard a-t-il répondu au musée Calbet de Grisolles et au service du patrimoine montalbanais de livrer
une série photographique sur Montauban : tournant le dos à un travail sur l’identité, le monumental et le planifié, il
porte son regard sur les lieux où la ville est censée disparaître, son en-dehors administratif, ses lisières territoriales :
“Chercher la ville : Montauban à la limite”, titre l’exposition. Des semaines durant il a méthodiquement arpenté les
chemins qui font le tour de la commune et photographié ces zones où ville et campagne ne s’opposent plus, mais
se composent, où elles se diluent l’une et l’autre dans des espaces indéfinis voués à tous les usages, industriels et
agricoles, commerciaux et résidentiels, entre sentiers de promenade et voies de transit. Des ronds-points où une
Tour Eiffel miniature voisine avec un hypermarché ; des carrefours où routes et voies ferrées ressemblent déjà à des
impasses ; des champs qui poussent sous les néons de l’éclairage public. Dans ces lieux difficiles à nommer, toujours
vidés de toute présence humaine, de tout mouvement - pas une voiture, pas un animal errant -, la lumière, le cadrage,
la profondeur de champ, font le sujet. “Ce qui m’intéresse c’est l’écriture”, reconnaît Yohann Gozard, photographe
installé à Toulouse déjà remarqué par des lieux importants pour la photographie comme le Château d’Eau. Dans
cette série, après les précédentes (“Pauses”, “Lumière Noire” en particulier), et même si la charge du réel s’impose
au photographe dans le motif qu’il choisit, la recherche évite le documentaire, au profit de l’expérience d’un temps
vécu, étiré par la contemplation de son objet.
Les photographies de Yohann Gozard :
Chercher
la ville : Montauban à la limite...
(Catherine Huber, Flash Hebdo, 04.01.2012)
C’est le Musée Calbet de Grisolles qui a conçu et organisé cette exposition qui trouve naturellement sa place dans
les très beaux locaux du service du patrimoine de la ville de Montauban. Les photographies de Yohann Gozard se
regardent comme des peintures, comme des peintures de l’époque classique. Elles en ont la composition, la richesse
de la matière, le mystère de leur sens.
Yohann Gozard est un jeune photographe né en 1977, il vit et travaille à Toulouse et travaille sur ce qui d’habitude n’intéresse personne : la périphérie des villes, celle que certains appellent la France moche. C’est là que se
concentrent les zones commerciales et pavillonnaires, mais aussi dans le cas de Montauban, magnifique ville d’art
et d’histoire, des zones agricoles et de culture fruitière intensive, des chantiers, une église du XIXème siècle jamais
achevée, un petit cimetière militaire isolé au milieu d’un micro échangeur en forme de cœur, des coques de piscine
retournées qui deviennent des gigantesques sculptures non identifiables, une Tour Eiffel en bois, une autre... tout
ça dans une inorganisation absolue. Ces images sont troublantes et fascinantes. Prises de nuit avec des temps de
pose très longs (jusqu’à 30 et 40 minutes). Yohann Gozard travaille sur les limites de la ville mais aussi sur les limites
techniques de la photographie.
Ces photographies sont d’une qualité de pigmentation telle qu’il a été décidé de ne pas les mettre sous verre afin de
ne pas en éteindre l’exceptionnelle qualité. Il est nécessaire d’approcher ces images et de leur consacrer le temps
nécessaire à leur décryptage d’une part, et à la progressive découverte de leurs moindres détails : le reflet impossible d’un arbre, une lumière qui ne peut exister, la trace laissée par la trajectoire des étoiles... Même si le propos
concernant la privatisation des espaces autrefois partagés est évidente, il ne s’agit pas d’un travail polémique, ni
d’un reportage spontané.
Yohann Gozard passe des nuits entières sur ces sites, à la limite de l’épuisement, de la solitude... souvent perché
sur l’escabeau qui explique le point de vue légèrement surélevé sur le paysage. Le paysage est presque toujours
distribué de la même façon, la ligne d’horizon située à la hauteur exacte qui permettra la force et l’harmonie de la
composition. Tant d’exigences font de ces photographies des merveilles de rigueur et de poésie.
Montauban.
Regards sur un autre Patrimoine
(Dominique Flatard, La Dépêche du Midi, 30.11.2011)
Aux limites de la ville, du jour et de la nuit, de l’étrange et du réel, de la sérénité et de l’angoisse, les photos de
Yohann Gozard nous font découvrir un Montauban différent, entre ce que l’on voit et ce que l’on perçoit. Ce n’est
pas le Montauban historique mais un regard nouveau sur l’approche de la ville par ses abords ; un moment retenu
portant les traces de l’humain et de l’urbanisation, de nouvelles marques de notre Patrimoine. Les photos composées
comme des tableaux font pressentir le plasticien. Elles nous amènent dans un autre monde, pourtant le nôtre. Résultat d’un travail de plusieurs mois, cette exposition est une initiative conjointe du Centre du Patrimoine et du Musée
Calbet de Grisolles.
À voir jusqu’au 29 janvier au Centre du Patrimoine (Ancien Collège) […] une autre vision de la ville vous y attend.
Chercher
la ville : Montauban à la limite...
(Aude Fournié, Blog If Mag, 09.12.2011)
Parce qu’après Ingres et Bourdelle, il y a Montauban à la limite, sous haute surveillance poétique. Le Montauban
mal connu des ZAC et autres parcs d’activités. La carte postale mutant en errance paysagère.
A la limite du jour et de la nuit. A la limite de la ville et de sa périphérie. A la limite de l’architectural et de la friche
vacante. A la limite du conçu et de la projection.
L’aire urbaine se délimite sous les clics de l’objectif de Yohann Gozard au Centre du Patrimoine de la ville.
Périmètre bouclé jusqu’au 29 janvier 2012.