Enseignement de l`Anatomie et Cytologie Pathologique en Autriche

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Enseignement de l`Anatomie et Cytologie Pathologique en Autriche
DIU de Pédagogie Médicale 2007/2008
Responsable de l’enseignement
Pr. Guidet
Mémoire
Enseignement de l’Anatomie et Cytologie Pathologique en Autriche et en France
à propos de la Faculté Rudolfina,Vienne et de la Faculté Pierre et Marie Curie, Paris VI
Présenté par
Eva Maria Compérat
Service d’Anatomie et Cytologie Pathologique
Hôpital La Pitié Salpêtrière
Université Pierre et Marie Curie
Paris VI
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Enseignement de l’Anatomie et Cytologie Pathologique (ACP) en Autriche et en France
à propos de la Faculté Rudolfina,Vienne et de la Faculté Pierre et Marie Curie, Paris VI
Résumé
L’ACP occupe une place importante dans la médecine moderne. Actuellement ceci est
souligné par la mise en place systématique des Réunions de Concertation Pluridisciplinaire
(RCP) dont le but est la prise en charge des patients atteints de cancers. A ces réunions
participent obligatoirement des anatomo-pathologistes.
En France existe un problème de recrutement de jeunes anatomo-pathologistes. Cette
tendance n’est pas connue en Autriche, où lors des études, l’ACP est extrêmement présente et
jouit d’un haut prestige.
L’objective de ce mémoire est de comparer les programmes d’enseignement d’ACP en
France et en Autriche, et de souligner la différence des deux enseignements, qui pourraient
expliquer la différence de la perception de l’ACP et afin de dégager les différences de
conception et de transmission du savoir dans les deux pays.
Un autre objectif est faire une réflexion active sur l’enseignement en France avec
d’éventuelles idées d’amélioration pour les futurs années dans le but d’attirer plus d’internes
dans cette spécialité souvent méconnue.
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Introduction
L’anatomie pathologique est indispensable à la fois au médecin et au chirurgien. Les
examens extemporanés vont immédiatement influencer le geste chirurgical, le diagnostic
d’une tumeur va conditionner la prise en charge thérapeutique. Pour l’étudiant et comme pour
le médecin, l’anatomie pathologique permet de comprendre les mécanismes tissulaires qui
sous-tendent la maladie. Et dans certains champs de la pathologie, tels que les maladies
neurodégénératives, l’anatomo-pathologie contribue, au même titre que la génétique, à
l’identification de nouvelles entités.
Néanmoins cette discipline en parfois perçue comme extrêmement spécialisée, voire
marginale. En France, son enseignement est très limité au cours du second cycle des études
médicales. Cela n’est pas le cas partout en Europe, notamment en Autriche, où cette discipline
est considérée comme le socle de toute connaissance médicale.
Ce mémoire a pour but de comparer les programmes d’enseignement de deux facultés
de médecine, la Faculté Rudolfina de Vienne et la Faculté Pierre et Marie Curie de Paris, afin
de dégager les différences de conception et de transmission du savoir dans les deux pays.
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1. Qu’est-ce que l’Anatomie et Cytologie Pathologique (ACP) ?
C’est une spécialité médicale orientée vers l’étude des causes et des symptômes des maladies,
Dans ce but l'ACP étudie les lésions macroscopiques et microscopiques de tissus et liquides
prélevés sur des êtres vivants malades (frottis, cytologie, biopsie, prélèvement extemporané et
pièces opératoires) ou décédés (autopsie).
L'anatomo-pathologie « générale » s'intéresse aux grands processus lésionnels concernant les
éléments fondamentaux d'un organisme : l'inflammation, l’oncogenèse, les troubles
vasculaires, métaboliques, les altérations cellulaires, la nécrose, la cicatrisation, etc.
L'anatomo-pathologie « spéciale » étudie la pathologie par appareils (poumon, foie, rein,
système nerveux, etc.)
1.1 L'examen macroscopique
Il est primordial, car l’ACP est une science de description. On décrit l’aspect , par
exemple, d’une tumeur, sa localisation, sa taille, sa couleur, sa forme, sa consistance, sa
délimitation, ses rapports aux autres organes, son aspect à la coupe, etc..
À cette étape, de nombreuses informations peuvent orienter le diagnostic.
1.2 L'examen microscopique
L'analyse microscopique est généralement l'activité principale du pathologiste. Il a
pour cela recours aux outils de la microscopie, principalement optique, plus rarement
électronique. L'immunofluorescence, l'immunohistochimie et l'hybridation in situ sont
également utilisées afin d'approfondir le diagnostic.
Cette étape permet en particulier d'affirmer le caractère tumoral ou non d'une lésion et, le cas
échéant, d'aboutir à l’identification de la tumeur, basée sur son phénotype cellulaire et
tissulaire. L'examen microscopique permet également d'apprécier les lésions non tumorales,
par exemple de type dégénératif, inflammatoire et d'identifier un éventuel agent causal (virus,
bactéries, protozoaires, mycètes, parasites etc.).
L’anatomopathologiste a un rôle important dans la prise en charge du malade, car il pose un
diagnostic définitif et explore si un traitement ultérieur (par exemple chimiothérapie ou autre)
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peut être utile. Il joue également un rôle, à la limite de ses missions de diagnostic et de
recherche dans l’identification de nouvelles maladies, bien souvent en collaboration avec les
généticiens.
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2. Brève histoire de l’Anatomie Pathologique
Par le biais de la dissection, l’anatomie pathologique est indissociable des débuts de la
médecine et de son développement jusqu’au dix-neuvième siècle. Néanmoins, la paternité de
l’anatomie pathologique moderne est attribuée à Giovanni Battista Morgagni (1682-1771)
médecin italien dont l’œuvre De sedibus et causis morborum per anatomem indagatis a très
rapidement été traduite en français (1765), en anglais (1769) et en allemand (1771).
2.1 Le développement de l’Anatomie pathologique en Autriche
Le XVIIIème siècle et son effervescence intellectuelle à travers l’Europe a été
déterminant pour la médecine autrichienne. Gerard van Swieten (1700-1772), médecin
personnel de l’impératrice Marie Thérèse, pratiquait régulièrement des autopsies. Il écrivit
une Anatomia Practica sans explorer le matériel scientifique qui s’accumulait. Son successeur
Johan Peter Frank, directeur de la faculté de médecine, fonda en 1796 le premier Institut
d’Anatomie-Pathologique. Mais c’est vers 1800 qu’A.R. Vetter entreprit une exploration
systématique du matériel accumulé. Ce dernier divisait les pathologies en deux groupes :
« les actives, qui se développent rapidement » et
« les remaniements chroniques souffrants mécaniques ».
Pour la première fois la physiologie commença vraiment à jouer un rôle dans la
compréhension des maladies. A partir de 1812 l’Anatomie Pathologique fut exercée dans un
institut indépendant au sein de la Faculté de Médecine de Vienne. D’autres instituts seront à
leur tour ouverts dans les villes importantes de l’Empire Austro-Hongrois. A partir de 1827
Carl Rokitansky commence à jouer un rôle de premier plan à l’Institut de Vienne et va
permettre l’essor de sa spécialité. Rokitansky sera le fondateur de la « deuxième école
viennoise » qui aura une réputation mondiale avec J. Skoda et F. Hebra. Il sera également le
fondateur de l’Anatomie Pathologique dans sa forme actuelle. Dans son livre sur
l’Hématopathologie il quitte, le premier, la morphologie pure et souligne l’importance de la
chimie et de la physiopathologie. Il devient Doyen de la Faculté de Vienne en 1852. En même
temps, de nouveaux instituts sont fondés à Graz, Innsbruck puis encore à Vienne. Ce sont les
villes autrichiennes où se trouvent toujours les facultés de médecine aujourd’hui.
En 1873 Rokitansky fonde un nouvel institut pour la « Pathologie Commune et
Expérimentale » (Rokitansky). Il garde aussi un lien très fort avec la médecine légale. A.
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Weichselbaum (1893-1916) va accorder à la microscopie optique une place centrale dans la
pratique. Sous son égide travailleront des médecins comme Landsteiner, qui obtient le prix
Nobel en 1901 pour la découverte des groupes sanguins. L’histoire avec un grand H montre
l’importance de l’anatomie pathologique comme socle de l’enseignement et de la
connaissance médicale en Autriche
Aujourd’hui l’Autriche dispose de plus de 30 instituts d’Anatomie Pathologique dans les
grands hôpitaux pour 8 millions d’habitants. Avec la réforme des hôpitaux, l’ACP est la seule
discipline constamment représentée dans la commission de contrôle de qualité de tous les
hôpitaux.
Il est en outre remarquable qu’en Autriche l’autopsie est fréquemment pratiquée. Sur
74300 personnes décédées en 2006, 15000 ont été autopsiées (soit 20% de tous les décès,
contre un taux de 5% des décès uniquement hospitaliers en France).
Enfin tout autrichien sait ce qu’est un anatomo-pathologiste. D’ailleurs quelques uns d’entre
eux sont les auteurs de best-sellers très appréciés où ils parlent de leur métier, ce qui est
facilité par leur proximité avec la médecine légale et ce que cela comporte de suspense…
2.2 Le développement de l’Anatomie Pathologique en France
Plus longtemps qu’en Autriche, l’anatomie pathologique est restée en France
indissociable de la clinique. Les grands médecins du XIXème siècle étaient à la fois cliniciens
et anatomopathologistes (Bichat, Broussais, Corvisart, Laennec, Charcot...). Ainsi JeanMartin Charcot (1825-1893), d’abord professeur d’Anatomie Pathologique (1860), se vit créer
à sa mesure la première chaire au monde de Neurologie en 1882 à la Salpêtrière. Cette sorte
de prééminence de la clinique restera très fortement ancrée dans les esprits en France. Jusque
dans les années 1970 les rares professeurs d’Anatomie Pathologique seront issus des rangs des
cliniciens. Et bien souvent, l’anatomie pathologique d’un service de médecine ou de chirurgie
dépendra non d’un département d’anatomie pathologique mais d’un petit laboratoire annexé
au service clinique. Jusque dans les années 1980, la grande majorité des anatomopathologistes sera formée par le Certificat d’Etudes Specialisées (CES) plutôt que par le
prestigieux Internat des Hôpitaux. Le « Nouvel Internat » (1985) reconnaîtra enfin à
l’Anatomie Pathologique française le statut de spécialité médicale à part entière.
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3. L’enseignement d’ACP
3. 1 Le but de tout enseignement d’ACP est de poursuivre plusieurs objectifs
- Acquérir un niveau de connaissance qui permettra à l’étudiant de comprendre les enjeux
de cette spécialité. Il s’agit là, comme pour l’apprentissage de toute spécialité médicale, de
donner à l’étudiant les bases qui lui permettront de poser l’indication de l’examen, de
suivre la démarche de son interprétation et d’en comprendre le résultat.
- Informer sur le métier et contribuer à le valoriser. En effet mieux connaître cette
discipline permet d’en mesurer l’intérêt ainsi que l’étendue et la variété d’application.
- Orienter le cursus de formation initiale et permanente, la visibilité de l’enseignement
pouvant susciter de nouvelles vocations.
3.2 L’enseignement d’ACP en Autriche
3.2.1 Contenu de l’enseignement de l’ACP
L’enseignement de cette spécialité est très vaste. Il s’occupe aussi bien de
l’enseignement de la sémiologie basée sur les corrélations anatomo-cliniques, que de l’ACP
générale, mais aussi l’ACP spécialisée, organe par organe. Ces sujets abondants expliquent, le
nombre d’heures et la durée de l’enseignement dans les facultés.
D’abord l’étudiant devra acquérir les termes de l’ACP générale. Ceci est fondamental pour
comprendre les processus de physiopathologie comme l’inflammation, la cicatrisation ou le
développement tumoral en général.
Dans ce cycle seront enseignés l’inflammation, les pathologies circulatoire, l’athérosclérose,
les notions d’immunopathologie, les troubles du métabolisme, les malformations
congénitales, les maladies liées à l’environnement la cancérogenèse, les processus
dégénératifs, etc.
Dans le deuxième cycle, toujours en troisième année, sera enseigné la totalité des pathologies,
avec rappel histologique, physiologique, clinique et apprentissage des lésions
correspondantes. A la fin de cet enseignement l’étudiant est doté d’un catalogue de maladies
(facteurs de risque étiologie, signes, lésions, pronostic…) qui tend à l’exhaustivité. Le seul
aspect qui n’est pas abordé est le traitement.
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Les chapitres enseignés lors du cycle de l’ACP spécialisée (3ème année de médecine) sont les
suivants :
-
Pathologie des organes impliqués dans la circulation sanguine
-
Pathologie du sang et de la moelle osseuse
-
Pathologie du tissu lymphoréticulaire
-
Pathologie respiratoire
-
Pathologie gastro-intestinale
-
Pathologie du foie et des voies biliaires et de la partie exocrine du pancréas
-
Pathologie endocrinienne
-
Pathologie des reins et des voies excrétrices
-
Pathologie des organes de la reproduction
-
Pathologie mammaire
-
Pathologie néonatale, néoplasies pédiatriques et tératologie spéciale
-
Pathologie du système nerveux central et périphérique
-
Pathologie des muscles du système squelettique
-
Pathologie des organes sensoriels
-
Pathologie de l’os et des articulations
-
Pathologie de la peau
-
Pathologie infectieuse
3.2 2 Les modalités de l’enseignement
L’enseignement d’ACP se déroule sous forme de cours magistraux non obligatoires
ainsi que sous forme de stages pratiques d’autopsie et d’enseignement par petits groupes qui
eux sont obligatoires.
Les volumes horaires se répartissent de la façon suivante
- 4 semaines d’autopsie pendant lesquels l’étudiant passe ses matinées dans u service
d’anatomie pathologique et participe à toutes les autopsies. L’ordre de grandeur est d’une
dizaine d’autopsies le lundi matin (jour le plus chargé) et de 3 autopsies un autre jour de
semaine. Pour la pratique du geste opératoire l’étudiant est accompagné d’un médecin sénior
et d’un aide d’amphithéâtre. A la fin du stage il n’est pas rare que l’étudiant fasse des
autopsies tout seul avec l’aide opératoire. Le nombre maximum d’étudiants par stage est de 5.
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- 4 semaines de travaux en petits groupes ou histo-séminaires (Pathologisch-Histologische
Übungen) soit 38 heures d’enseignement.
- Quant aux cours magistraux (facultatifs) leur volume horaire en troisième année de faculté
représente 2 heures, 5 jours par semaine sur deux semestres (du 1er octobre de au 31 janvier ;
puis du 1er mars au 1er juin). Le volume horaire du semestre hivernal est donc de 180 heures
de cours magistraux et le semestre d’été de 140 heures d’enseignement.
3.2.3 Les modalités de validation
Après cet enseignement qui se déroule sur toute l’année, l’étudiant a le droit de passer
l’examen final sous forme d’examen de lames et de questions de cours.
- Sur 100 lames préparées pendant les séminaires, 3 seront proposées à l’étudiant au début de
l’examen, dont il devra faire le diagnostic, argumenté d’une description.
- Ensuite, 2 questions concernant l’ACP générale et 2 questions d’ACP spéciale seront posées.
L’examen est oral comme la plupart des examens universitaires en médecine.
L’examen d’ACP est considéré comme le plus volumineux et celui pour lequel
l’investissement dure au moins 1 an, souvent même plus, car l’étudiant n’est pas obligé de
passer l’examen à la fin de l’année. Il peut lui-même choisir la date d’examen après la fin de
l’enseignement magistral.
La note du stage comptera pour 30%, les lames 10% et les questions pour 60% de la
note finale. L’étudiant, s’il ne passe pas l’examen final en troisième année garde le bénéfice
de sa note de stage.
3.2.4 Les avantages et problèmes de l’enseignement d’ACP autrichien
L’avantage de ce système sont nombreux :
- Du point de vue de l’étudiant, le premier avantage est la très grande liberté de
l’enseignement. Très peu de cours sont obligatoires, à l’exception des travaux en petit groupe
et des stages pratiques qui sont exigès en anatomie-pathologique comme dans toutes les
disciplines. Comme il n’existe pas d’examen classant national (ECN), l’étudiant n’est pas fixé
sur un programme qu’il doit apprendre pour une date précise. Ceci permet à l’étudiant
d’approfondir certaines matières qui l’intéressent et qui ne seront peut-être pas sur un
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programme de connaissances obligatoires. Pour ceci il faut bien étendu un étudiant mature,
intéressé et motivé, c'est-à-dire en quelque sorte l’étudiant(e) idéal(e).
- Un enseignement exhaustif comme celui-ci peut avoir d’autres avantages. Tout d’abord la
valorisation la spécialité, ce qui attire les étudiants motivés et talentueux. D’ailleurs en
Autriche il existe 1 anatomo-pathologiste pour 32000 habitants (Österreichische Ärztekammer
2006). En France le nombre d’anatomopathologistes est nettement moins important avec
1/43000 (ACP projet National 2008).
- L’enseignement aussi bien d’une partie de la sémiologie, de l’ACP générale et d’une
approche assez détaillée permet à l’étudiant relativement tôt d’avoir une vision assez globale
des maladies. L’étudiant peut mettre l’ACP dans son contexte et comprend plus tôt les enjeux
de cette spécialité, ceci peut expliquer l’attirance des jeunes internes pour cette voie.
- La formation des étudiants à l’autopsie permet probablement une meilleure compréhension
des liens physiopathologiques et surtout une meilleure formation de l’étudiant à l’examen
macroscopique des organes et des lésions.
- En outre cette formation poussée pendant l’équivalent du deuxième cycle, se prolonge dans
le troisième puisque toute formation chirurgicale nécessite trois mois de stages en ACP.
Néanmoins, les problèmes que soulève un enseignement de ce type sont multiples.
- Le premier problème (que l’on rencontre aussi en France) est le désintérêt pour les cours
magistraux, les étudiants préférant apprendre par eux-mêmes cette quantité énorme de
matériel pédagogique grâce à des documents écrits.
- Mais surtout tous les étudiants n’ont pas la maturité suffisante pour assimiler cette quantité
de connaissances. Et l’anatomie pathologique est révélatrice de la capacité à achever le
cursus. Nombreux sont ceux qui finissent tardivement leurs études ou qui ne les finissent
jamais. Ainsi, pour une durée minimale idéale de 12 semestres, la moyenne de durée des
études est de 16 à 18 semestres à Vienne. Le taux des étudiants qui interrompent et arrêtent
leurs études de médecine était aux alentours de 50% pour l’année 2001-2002 (Kolland).
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3.3 L’enseignement d’ACP en France
Chaque faculté de médecine en France est libre d’organiser ses enseignements, avec
comme contrainte, la préparation des étudiants à l’ECN en fin de deuxième cycle qui
conditionnera leur accès aux spécialités dans la région de leur choix.
3.3.1 Contenu de l’enseignement
Seul l’enseignement de l’ACP générale apparaît en tant que tel dans le programme du
second cycle L’ACP spéciale quant à elle est distribuée dans les EIA et stages intégrés.
A la faculté de médecine Pierre et Marie Curie les connaissances fondamentales comme
l’inflammation, la cicatrisation, la dégénérescence et le développement tumoral en général,
etc…sont abordées.
L’examen microscopique est un élément essentiel de la démarche de l’anatomo-pathologiste
qui requiert l’acquisition d’une séméiologie propre. De ce fait, les grands groupes de
mécanismes physiopathologiques sont illustrés par l’étude de lames choisies parmi des
maladies inflammatoires, cardiovasculaires, tumorales pour abord plus pratique de la
pathologie.
3.3.2 Modalités de l’enseignement d’ACP
A la Faculté de Médecine Pierre et Marie Curie, l’enseignement est transmis selon
plusieurs modalités :
ACP générale est enseigné à raison d’un volume horaire total de 22 heures en D1.
Les cours magistraux représentent 7 heures d’enseignement prévues en 2008-2009. Ceux-ci
comportent :
-
un premier cours d'introduction
-
deux cours de pathologie inflammatoire
-
trois cours de pathologie tumorale
-
un cours de pathologie vasculaire.
Le deuxième volet, très important, est celui des travaux pratiques (TP). Depuis 2006, les
lames virtuelles, en ligne sur le site de la FMPMC, ont remplacé le microscope. Les
pathologies choisies illustrent les principaux thèmes du programme d’anatomie pathologique
générale : reconnaître une prolifération tumorale ; une tumeur maligne/bénigne ; une
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inflammation aiguë/chronique etc. Les lames examinées s’inscrivent dans la discussion d’un
cas clinique, en cohérence autant que possible avec le programme de D1 (stages de
pneumologie, cardiologie, neurologie, EIA d’hépato-gastro-entérologie…).
Les lames retenues pour l’année 2008-2009 sont :
1. Appendicite, cholécystite, cirrhose
2. Tuberculose, sarcoïdose, bilharziose vésicale
3. Thrombose, infarctus de myocarde récent et ancien
4. Adénome, adénocarcinome côlon et métastase hépatique
5. Léiomyome, Léiomyosarcome
6. Cancer in situ du col et cancer invasif
7. Cancer du poumon et métastase cérébrale
Pendant l’année 2007-2008 l’apprentissage par problème (APP) a été testé pour la première
fois sur les deux sites (St. Antoine-La Pitié Salpêtrière). Il s’agit d’un problème posé à un
groupe de 8 à 10 étudiants, qui en général a un lien avec l’ECN. Les étudiants rencontrent un
tuteur qui les guide dans leur démarche diagnostique et les aide dans l’élaboration d’un
document powerpoint de 10 min qu’ils présentent devant un jury au cours d’un « miniforum ».
Enfin, les enseignants d’ACP sont également impliqués dans l’enseignement de la pathologie
spéciale, intégré dans les stages et les EIA, leur enseignement représente un volume horaire
global d’une vingtaine d’heures.
- Hépato-Gastro-Enterologie : 5 x 1,5 h
- Appareil locomoteur : 3h
- Pneumologie : 2h
- Urologie : 1h
- Néphrologie : 1h
- Neurologie : 2 x 1h
3.3.3 Les modalités de validation
Après des différentes modalités d’enseignement, l’étudiant doit passer plusieurs
examens, qui vont lui permettre de valider la spécialité.
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Un premier examen oral de TP compte pour 25% de la note finale. Les différents lames de TP
sont à décrire et l’étudiant devra là aussi faire un diagnostic.
La présentation de l’APP au forum d’ACP va compter pour 20% de la note avec notation
globale pour un groupe entier.
L’année 2007-2008 une épreuve de LCA était ajouté et comptait pour 10% de la note.
Enfin, l’examen écrit concernant 2 questions, une d’ACP inflammatoire/dégénérative et une
de pathologie tumorale seront posé. Cet examen compte pour 45% de la note finale.
3.3.4 Les avantages et les problèmes de l’enseignement d’ACP Français
Il faut avouer que les avantages sont peu nombreux car l’enseignement de l’ACP est
un défi ! Il s’agit d’une spécialité qui ne paraît pas beaucoup intéresser les jeunes étudiants ni
être une priorité de l’enseignement…
Néanmoins :
- L’harmonisation entre les anciens CHU de Saint Antoine et Pitié-Salpêtrière qui est en
œuvre depuis 2006 a abouti à des documents communs. Les TP reposent sur des diaporamas
renouvelés entièrement pour l’enseignement 2007-2008. Tous les enseignants disposent donc
du même support de cours.
- La visite des laboratoires a été un point apprécié par les étudiants. Celle-ci leur a permis de
suivre tout le déroulement de la prise en charge d’un prélèvement et apporté un nouvel
éclairage dans la compréhension d’un compte-rendu. On peut se demander si cette visite
ponctuelle limitée à une seule demi-journée ne pourrait pas être avantageusement remplacée
par un séjour de quelques semaines dans un labo d’ACP au cours d’un stage intégré, par
exemple.
- Les APP ont été généralement bien perçus, car ils ont sensibilisé les étudiants à la démarche
diagnostique et à la résolution d’un problème clinique dont la solution était anatomopathologique.
Les problèmes qui se posent :
Sont d’abord les mêmes que pour beaucoup d’autres disciplines médicales
- La restriction du volume horaire. L’enseignement d’ACP étant contraint, comme beaucoup
d’autres, à restreindre son nombre d’heures, et il devient difficile de fidéliser les étudiants
notamment en ACP générale qui leur semble de plus en plus abstraite.
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- Les effectifs. L’ACP souffre tout particulièrement de l’augmentation des effectifs qui aboutit
à une surcharge des groupes de TP et d’APP et limite les possibilités d’accueil dans les
services.
Les problèmes plus spécifiques sont :
- L’attribution des notes lors des APP, car l’investissement des étudiants composant un même
groupe est souvent assez hétérogène. Une notation sur l’ensemble n’est pas toujours très juste
et favorisera les étudiants moins impliqués. Il est proposé d'augmenter la part de la notation
du tuteur pour la note finale, car lui seul a une vision plus objective des membres du groupe.
- Les lames virtuelles. Les principaux problèmes rencontrés cette année 2007-2008 ont été un
désintéressement de beaucoup d’étudiants lorsqu'il s'agissait de l'examen des lames virtuelles,
qui demandent moins d’implication que la maîtrise du microscope, nouvel instrument pour la
plupart d’entre eux. Au manque de concentration sur l’écran d’ordinateur, se sont ajoutés des
problèmes de discipline en raison de groupes surchargés.
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4. Conclusion
En Autriche aujourd’hui, même si l’ACP jouit toujours du même prestige, on assiste
toutefois à une baisse du nombre d’heures d’enseignement. Parallèlement, il existe une
tendance à la diminution du nombre de spécialistes, de même par exemple du nombre
d’autopsies (20% du total des décès actuel au lieu de 40% il y a 30 ans). Les jeunes anatomopathologistes ont tendance à s’expatrier et sont très appréciés à l’étranger du fait de la solidité
de leur formation. L’enseignement de l’ACP est en train de changer avec la réforme des
universités qui est en cours. Elle prévoit par exemple la suppression des stages obligatoires
d’autopsie et une diminution notable du nombre d’heures sur la demande des représentants
des spécialités cliniques.
En France, il existe de façon apparemment paradoxale, depuis 2005 une augmentation du
nombre d’inscription au DES d’ACP, depuis l’introduction de l’ECN qui oblige un certain
nombre de jeunes médecins qui n’auraient jamais eu cette idée à ce diriger vers cette
spécialité… Est-ce le résultat de l’enseignement de l’ACP tel qu’il est fait en France ? On
peut en douter. Est-ce une raison pour ne pas l’améliorer ? Certainement pas !
La place primordiale de l’ACP dans la médecine moderne est soulignée notamment par la
mise en place systématique des Réunions de Concertation Pluridisciplinaire (RCP) pour la
prise des patients atteints de cancers auxquelles participent obligatoirement des anatomopathologistes.
Néanmoins, il persiste des difficultés de mobilisation des étudiants. La raison principale en
est le manque de visibilité des questions d’ACP dans le programme de l’ECN où elles sont
complètement noyées dans de grands chapitres.
Au sein de la Faculté Pierre et Marie Curie nous étudions la possibilité d’introduire plus
d’interactivité et d’ancrage dans la réalité clinique et diagnostique. Concrètement, dès 20082009, la discussion de cas cliniques introduisant les lames sera généralisée avec des questions
soulignant la place de l'examen anatomo-pathologique dans la pathologie étudiée. Ceci
requiert évidemment des étudiants une acquisition préalable des bases d’ACP générale.
En outre, afin d’étoffer l’enseignement de la pathologie par appareil, un enseignement
optionnel d’ACP va être mis en place en D3. Cet enseignement optionnel, basé sur la
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résolution de cas cliniques de type ECN avec solution anatomo-pathologique, sera aussi
ouvert aux étudiants Erasmus, en particulier originaires d’Autriche, d’Allemagne et d’Italie,
qui chaque année nous réclament un enseignement de ce type. Il est à noter que nos propres
étudiants qui partent dans le cadre des échanges Erasmus éprouvent souvent des difficultés à
suivre l’enseignement dispensé dans ces pays, du fait de leur manque de bases en ACP. Nous
espérons voir l’enseignement optionnel d’ACP en D3 devenir un lieu d’échange entre les
étudiants de la FMPMC et leurs homologues européens.
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Références
Lesky E, Carl von Rokitansky. Selbstbiographie und Antrittsrede. Sitzber Österr
Wissensch, 234 Band 3, Böhlau Graz
Österreichische Ärztekammer. Bulletin Oktober 2006 ; 46-50
Bellocq JP, ACP, le projet national 2008
Holzner J, Die Pathologie in Österreich, Pathologe 1997; 450-451.
Kolland F ; Studienabbruch : Zwischen Kontinuität und Krise. Eine empirische
Untersuchung an Österreichs Universitäten, Wien 2002
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