Monter à cheval sans voir, que l`on soit non voyant ou pas

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Monter à cheval sans voir, que l`on soit non voyant ou pas
SPORTS – Article paru dans « LA PROVENCE » le 05 février 2012
Monter à cheval sans voir, que l’on soit non voyant ou pas
Trotter, galoper, et même sauter des obstacles, sans voir ni sa monture ni la carrière dans laquelle
elle évolue, c’est possible.
Fondée par Claire Gauthier et Réjane Reveillon, Jean-Louis Rouchy et Georges Subirana, l’Arac,
association Rouchy des aveugles à cheval, ouvre depuis 2003 les sports équestres aux déficients
visuels, tant au niveau des loisirs que de la compétition.
"L’expérience que nous avons acquise depuis bientôt 10 ans auprès de nos cavaliers non-voyants et
mal-voyants nous conforte dans le fait que ce ne sont pas les yeux qui font le cavalier mais la
sensibilité et la concentration orientée vers le cheval, explique Georges Subirana président de
l’association.
Loin d’être un handicap, l’absence de vue est un atout pour une équitation juste et une
communication intime avec le cheval. Aussi, à partir de ce constat nous avons développé à
l’intention du cavalier voyant ce que nous appelons "équitation sensitive sans la vue" (ESSV) qui
offre une approche ludique et innovante pour explorer un univers de sensations au cœur de la
relation avec le cheval."
Equipés de lunettes opaques baptisées "anti-vue", les cavaliers voyants découvrent ainsi toutes les
richesses d’une telle situation : mieux percevoir le cheval, ses déplacements, améliorer sa position
et son équilibre, notamment à l’obstacle, se concentrer sur les fondamentaux comme la régularité du
cheval, apprendre à faire confiance à sa monture. Il s’agit en fait de "sortir d’une équitation de
contrainte pour être dans la demande, pour découvrir les mouvements de l’intérieur," continue
Georges Subirana.
L’ESSV est utile à tous les stades de la vie d’un cavalier, de l’initiation au perfectionnement, ainsi
qu’au travail du cheval en lui préservant son espace de liberté.
PHOTO : Voyants et non voyants partagent ensemble les joies de l’équitation sur les pistes des Collets Rouges
et avec l’association des aveugles à cheval.
LEUR AVIS
"Un jour à l’Arac c’est trois mois dans un autre club"
Passcale Franck, mal voyante
Je suis aveugle de naissance, c’est mon premier stage avec l’Arac, je suis venue de Toulouse pour y
participer. Avant de me lancer dans l’équitation, j’ai pratiqué le ski alpin avec handisports. L’Arac
propose une approche de l’équitation que je trouve extrêmement intéressante pour les non-voyants
et pour les voyants aussi. Faire de l’équitation sensitive sans la vue peut faire énormément progresser les cavaliers. Les chevaux de l’association sont de bons chevaux qui m’apprennent beaucoup.
Agnès Blais, voyante
J’habite Marseille, je suis une cavalière confirmée et je suis enthousiasmée par l’équitation sensitive
sans la vue. J’ai effectivement trouvé des sensations nouvelles à monter sans la vue. Je me sens plus
en accord avec mon cheval : nous entrons ensemble dans une danse, dans un véritable corps à
corps ! Je viens de faire mon quatrième cours. J’ai compris qu’être privée de vue élimine toutes les
informations qui ne sont pas vraiment nécessaires à la pratique de l’art équestre.
Mourtaza Chopra, Mal voyant
Je suis Parisien, j’ai connu l’association par un ami il y a deux ans. Depuis, je participe dès que
je le peux aux stages des Collets Rouges. Les cours de Christian Paulevé sont de très grande
qualité. On ne trouve nullepart ailleurs l’équivalent de ces cours. Bien que les difficultés visuelles
soient un grand handicap, elles nous permettent de décou- vrir une autre façon de monter qui vaut
pour tout le monde. Je pense qu’en une journée d’équitation à l’Arac, on progresse plus que pendant
trois mois dans un club.
Hakim Meziane, non voyant
Je suis vitrollais. J’ai débuté avec Jean Louis Rouchy. Pour moi qui suis non-voyant, monter à
cheval est un challenge. Je participe aux compétitions et je suis décidé à me surpasser lors de ces
concours, car les cavaliers, voyants ou non voyants, sont confrontés sans distinction aux mêmes
épreuves. Je m’entraîne trois fois par semaine et je partici- pe aussi aux stages. Monter à cheval est
pour moi primordial et je remercie les gens qui m’ont permis de connaître l’équitation.
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Les séances d’équitation de l’Arac mêlent voyants et non voyants, placés sous la responsabilité de
Christian Paulevé, instructeur bénévole, conseiller technique de la région Provence Alpes Côte
d’Azur. Celui-ci dirige les cours et les stages organisés tout au long de l’année aux Collets Rouges,
et enseigne l’équitation aux déficients visuels.
L’association qui possède trois chevaux, doit s’autofinancer et recherche toujours des partenaires.
La cotisation annuelle pour adhérer à l’Arac est de 14 euros.
Si vous souhaitez en savoir plus sur cette association, contactez le directeur des Collets
Rouges, Tim Jouve (04 42 89 29 93), ou le président de l’Arac, Georges Subirana (06 47 06 67
24) ou l’instructeur, Christian Paulevé ( 06 64 63 08 68).
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