comment agir apres le passage d`une grele

COMMENT AGIR APRES LE PASSAGE D’UNE GRELE ?
Suite à l’orage du 11 mai 2009, des milliers d’hectares de vignes ont été détruits totalement ou partiellement.
Devant cette catastrophe, nous avons décidé, dans l’urgence, de mettre en place deux essais pour tenter de
répondre aux questions pratiques que se posent les viticulteurs et les techniciens.
A la suite de l’orage, de nombreuses personnes nous ont sollicité pour savoir s’il fallait faire tomber les rameaux touchés,
les couper ou retailler les lattes… Tant de questions qui pour nous, n’ont pas de réponses bien étayées. Si l’on peut afrmer
aujourd’hui que les traitements à base de cuivre ne servent pas à cicatriser les plaies, nous ne sommes pas sûrs qu’une pratique particulière serve à améliorer la pousse ou à avoir une meilleure taille l’année d’après. Il faut noter tout de même que ces
essais ne sont valables que dans cette situation bien particulière à un stade bien déni. Effectivement, le 11 mai, les vignes se
trouvaient au stade 4 à 5 feuilles étalées grappes visibles : un stade où les rameaux sont sensibles aux intempéries en raison
de leur fragilité mais également au fait que ces derniers ne sont pas retenus par le palissage. Une grêle de n de saison a des
répercutions bien différentes, donc une problématique d’essai également différente. Deux questions se posent : y a-t-il une
méthode pour avoir plus de récolte ? Et comment avoir la meilleure taille pour l’année suivante ?
Pour répondre à ces problématiques, deux essais sont mis en place : un à MAINFONDS et l’autre à SAINT SORNIN.
1er essai : Mainfonds
Ugni-Blanc
3 m x 1,2 m
161.49C
Les modalités de cet essai sont établies en rang entier. Il y a deux répétitions
par modalité, deux placettes par répétition
et cinq pieds par placette. Dans cet essai,
il y a quatre modalités et un témoin.
Les stratégies sont :
• Faire tomber les rameaux.
• Couper les rameaux à deux
yeux
• Tailler les lattes en deux
2ème essai : Saint Sornin
2 m x 1,1 m
Merlot
140 Rugerie
Les modalités de cet essai sont établies en rang entier. Il y a deux répétitions par modalité, deux placettes par répétition et cinq pieds par placette.
Dans cet essai, il y a six modalités et un témoin.
Les stratégies sont :
• Couper les lattes en deux avec différents apports d’azote :
0 unité, 15 unités, 30 unités
• Couper les rameaux à deux yeux avec différents apports d’azotes :
0 unité, 15 unités, 30 unités
Schéma des différentes modalités :
Coursons coupés à deux yeux
au sécateur
Tomber à la main
Lattes coupées en deux au sécateur
La végétation :
Mesure de gabarit parcelle de Mainfonds :
mesure de la hauteur et de l’épaisseur du feuillage en cm
novembre 2009 - Dossier technique n° 17 - Viticulture-Oenologie - Chambre Infos-16 – 5
Nous pouvons constater sur les graphiques ci-dessus, que les mesures de Gabarit ne présentent pas de différence
signicative, ce qui laisse penser qu’au niveau de la Surface Foliaires Exposée (SFE), les modalités sont identiques. Le
calcul de la SFE conforte cette présomption :
SFE en m2/ha
Tomber
8 207
Couper 2 yeux
8 447
Lattes taillées en deux
7 935
Témoin Mainfond
7 708
Lattes taillées en deux 0 azotes
10 732
Lattes taillées en deux 15 azotes
10 569
Lattes taillées en deux 30 azotes
10 448
Couper 2 yeux 0 azote
9 706
Couper 2 yeux 15 azote
10 817
Couper 2 yeux 30 azote
9 174
Témoin St Sornin
10 251
Au niveau végétatif, la technique adoptée n’a aucune répercussion sur la pousse de la vigne durant l’été.
Les grappes :
Comptage des grappes : nombre de grappes par pied
6 – Chambre Infos-16 - Viticulture-Oenologie - Dossier technique n° 17 - novembre 2009
Dans un premier temps, nous pouvons constater que, quel que soit le
site, les modalités où seule la taille
joue, ne sont pas différentes. Par
contre entre les différentes pratiques
et les témoins, il y a des écarts im-
portants. Ce qui veut dire que toutes
les pratiques favorisent légèrement
la sortie de grappes.
En ce qui concerne l’effet azote,
la tendance est la même mais la différence est sûrement due à la taille.
Effectivement, la modalité latte coupée en 2 / 0 unité d’azote conduit à
obtenir légèrement plus de grappes
que les autres. L’apport d’azote n’a
donc aucune incidence sur l’aspect
fructifère.
A la récolte :
Essai Mainfond : Pieds par hectare 2500 - Poids moyen d’une grappe d’Ugni-blanc 340 grammes
Modalités
Nombre de grappes
par pied
Poids moyen
en grammes
Rendement
hl/ ha
Tomber
3.41
340
22
Couper
4
340
26
Tailler en 2
2.96
340
19.35
Témoin
2.8
340
18.3
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Essai Saint Sornin : Pieds par hectare : 4090 - Poids moyen d’une grappe d’Ugni-blanc : 190 grammes
Modalités
Nbr de grappes
par pied
Poids moyen
en gramme
Rendement
hl / ha
L C en 2 0 unité
3,1
190
18,53
L C en 2 15 unités
2,9
190
17,33
L C en 2 30 unités
2,8
190
16,73
C 2 yeux 0 unité
2,2
190
C 2 yeux 15 unités
3.,6
190
21.,51
C 2 yeux 30 unités
2,1
190
12,55
Témoin
1,45
190
8,66
Pour conclure sur ces deux paramètres, nous pouvons dire que, malheureusement, après un orage de grêle, aucune
des pratiques testées n’obtient de résultat probant par rapport au coût que ces différentes pratiques impliquent.
L’aoûtement et la taille :
Suite à la n de l’été et le début de
l’automne très doux et ensoleillé, les
vignes ont proté d’un temps idéal
pour la mise en réserve des bois, accentué par la SFE relativement bonne et les rendements très faibles (aux
alentours de 20 hl/ha pour la parcelle
de Mainfond, quelle que soit la modalité, et 15 hl /ha pour St Sornin).
En ce qui concerne la taille, là, il
est probable que l’on observe des
différences notoires. Tout d’abord,
sur la parcelle de Saint Sornin, l’exploitant chez qui nous avons conduit
l’essai, nous a rapporté que la modalité coursons coupés à deux yeux
avait été très abîmée lors de la récolte. Les lattes se sont cassées en
deux à mi-hauteur après le passage
de la machine à vendanger.
Effectivement, cette modalité, que
ce soit dans l’Ugni-Blanc ou dans le
merlot, semble très fragile surtout au
niveau du prompt-bourgeon le plus
haut. Les sarments ont l’air cassants
et sont très déformés.
Pour les modalités lattes taillées en deux, les pieds de vignes donnent un effet buissonnant très important. Les rameaux impactés sont pour certains restés et s’entremêlent avec les bourgeons secondaires qui ont poussé. Les lattes qui
seraient bien placées pour la taille sont encore dans ce cas déformées et fragiles.
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Pour la modalité tombée, la pousse des bois semble meilleure. Effectivement, une fois les rameaux abîmés enlevés, ce
sont les bourgeons secondaires ou les yeux sourds qui ont pu pousser sans aucune difculté. Malgré quelques problèmes
d’essolage enregistrés chez certains viticulteurs qui ont essayé cette technique, les bois en n de campagne semblent
très bien aoûtés, bien droits, absents de toute lésion. Il apparaîtrait que ce soit la modalité où la taille est la plus facile et
de meilleure qualité.
Pour conclure, le retour sur investissement de ces pratiques n’est pas très intéressant, ne serait ce peut être que pour
l’aspect taille. Des observations seront conduites cet hiver et l’année prochaine pour voir s’il subsiste des différences.
Toutefois, s’il fallait retenir une pratique, ce serait la modalité «faire tomber les rameaux touchés». Cette pratique est intéressante en terme de sortie de grappes et de surface foliaire, mais surtout elle apporte a priori des résultats satisfaisants
en ce qui concerne qualité de taille. En tout état de cause, faire tomber les rameaux touchés après la grêle ne peut s’envisager que si seulement une petite partie de l’exploitation est touchée.
Contact : Grégory MARTONNAUD - 05 45 36 34 00
[email protected]
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