Discours d`ouverture de M. Blisko - FHF Ile-de

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Discours d`ouverture de M. Blisko - FHF Ile-de
M. le Directeur général de l’ARS, cher Claude,
M le Délégué général de la FHF, cher Gérard Vincent,
M. le Directeur général de l’AP HP, cher Martin,
M. le président de la CME de l’AP HP, Professeur Capron,
Mme la Secrétaire Générale de l’AP HP, Amélie Verdier,
M. le coordonnateur des doyens Professeur Schlemmer,
Madame la Déléguée régionale de la FHP, Martine Haddad,
Madame la Directrice de l’offre de soins et médico sociale de l’ARS, chère Anne Marie,
Mesdames et messieurs les présidents de conseil de surveillance,
Mesdames et messieurs les directeurs,
Mesdames et messieurs les présidents de CME,
Chers adhérents, chers amis,
Je vous souhaite à tous la bienvenue à ce congrès 2014 de la FHF Ile de France.
C’est un congrès un peu particulier, à plusieurs titres.
Il intervient à une période charnière, prélude à de profonds changements.
Changement de personnes tout d’abord.
Il y a deux ans, suite à la promulgation de la loi HPST, une nouvelle génération de
présidents de CME avaient été élus.
Ce turnover, sans précédent, se sera accompagné sur une période de 3 ans d’un
renouvellement de la totalité des directeurs sur emploi fonctionnel, à 3 ou 4
exceptions près.
Ce soir, nous fêterons le prochain départ en retraite de Jean-Pierre Burnier, qui a
tellement incarné la FHF durant presque 15 ans.
Depuis mars dernier, les élections municipales ont conduit au renouvellement d’un
certain nombre de conseils de surveillance.
Il y a donc beaucoup de nouvelles têtes au sein de nos structures, dans un contexte
qui n’a jamais été aussi délicat qu’aujourd’hui.
Car, soyons lucides, les temps qui viennent vont être difficiles pour l’hôpital public.
La situation est suffisamment préoccupante pour que nous nous épargnions aussi bien
la langue de bois que la politique de l’autruche.
Ne nous laissons pas aller au pessimisme et à la dramatisation.
S’il est un enseignement que je tire de ma présidence, c’est que la capacité de
changement et d’innovation des hospitaliers s’exerce pleinement … au pied du mur.
Saisissons-nous des leviers pour être acteurs de ce changement plutôt que de le subir.
Car ceux qui pensent le changement à notre place ne connaissent pas toujours, loin
s’en faut, la dureté de nos métiers, la complexité de nos organisations, les difficultés
pour les soignants d’exercer au quotidien face à la souffrance et à la mort.
Nous sommes légataires d’un héritage et de valeurs, d’une certaine conception de la
prise en charge de nos concitoyens et de leur égal accès aux soins.
Mais sans renier ses valeurs, l’hôpital public doit se réformer en profondeur.
Il le fait d’ores et déjà, bien plus qu’on ne le dit dans certains cercles, mais il nous faut
désormais changer de braquet.
C’est notre responsabilité de FHF de le dire, et de nous y préparer.
La voie a été tracée par la FHF nationale, qui a répondu par un plan d’économies
courageux et ambitieux à l’objectif national de réaliser 10 milliards d’économie pour
l’assurance maladie.
Ce congrès s’ouvre à quelques semaines des annonces de la Ministre sur la future loi
de santé publique.
Soyons clairs, à court terme, cette loi ne simplifiera pas notre organisation et ne nous
permettra de retrouver des marges de manœuvre qui sont un peu plus rognées
chaque année.
Mais il nous appartient, comme professionnels du service public et comme citoyens,
d’accompagner une réforme dont l’objet est de limiter le recours systématique à
l’hôpital et de freiner l’augmentation des dépenses de santé.
A condition, évidemment, que chacun des offreurs de soins joue pleinement son rôle
dans la chaîne de prise en charge et que les acteurs traditionnels du service public ne
se retrouvent pas seuls, avec moins de moyens qu’auparavant, à assumer les
contraintes que les autres ne souhaitent pas assumer.
Enfin, plus prosaïquement, ce congrès s’ouvre alors que se déclinent progressivement
les négociations des CPOM pour toutes les structures en Ile de France, y compris l’AP
HP.
La date de ce congrès n’a pas été choisie totalement au hasard.
Nous souhaitions faire de ce 10 juin un espace de discussion autour du livre vert que
nous a fait parvenir l’AP HP.
Cette démarche de concertation est inédite. Elle est saine.
Mais elle n’est pas suffisante en soi : c’est demain, dans les phases ultérieures
d’élaboration du plan stratégique, sur le terrain, dans les relations entre les GH et les
établissements, que se situent les conditions de réussite de ce que nous souhaitons
tous : une relation harmonieuse, équilibrée, au plus grand bénéfice des patients
franciliens.
Mais avant de revenir sur ce livre vert (2), je vais revenir dans un premier temps sur les
faits qui me paraissent les plus marquants ces derniers mois, dans notre interaction
avec l’ARS et les autres fédérations (1).
I.
La politique régionale
1. De la crispation à la co production : quel bilan des relations FHF/ ARS ?
Que de chemin parcouru depuis début 2013 où l’ensemble des syndicats et
conférences s’associaient à la FHF pour écrire à Claude Evin que la relation de
confiance entre les acteurs de l’hospitalisation publique et l’agence commençait à se
fissurer dangereusement…
Depuis, nous avons refondé notre relation sur une logique de travail commun, de
coproduction avec l’agence.
Cette logique n’allait pas de soi pour l’ensemble de nos adhérents.
Le moment me semble venu de tirer un bilan.
Ce bilan s’appuie largement sur les résultats d’une enquête de satisfaction lancée il y a
quelques mois auprès des membres de notre conseil d’administration sur le
fonctionnement et les positionnements de notre fédération régionale.
Nos adhérents ont très bien perçu l’investissement de notre fédération pour une
refonte de la PDSES, que ce soit pour les chirurgies orthopédiques et viscérales ; ou
pour les chirurgies de spécialité.
Ils ont apprécié à juste titre la décision du Directeur Général de l’ARS de sanctuariser
en 2013 et 2014 les crédits PDSES, après les coupes sombres de 2012.
Et ce, malgré les velléités de certains acteurs plus ou moins bien disposés vis-à-vis de
l’hospitalisation publique, au sein et en dehors de l’agence.
La mise en place, à l’initiative de la FHF, d’un programme performance à destination
des établissements sur 5 thèmes (temps médical, temps non médical, optimisation des
achats, optimisation des blocs, lits d’aval) est également une réussite majeure de cette
dynamique de coproduction.
Les premiers résultats sont prometteurs, et l’annonce d’une pérennisation de ce
programme sonne comme la reconnaissance d’un succès collectif.
Nous avons poussé la démarche de co-production assez loin, mais nous devons
malheureusement constater que toutes nos démarches n’ont pas rencontré le succès
des deux sujets que je viens d’évoquer.
Un sujet de questionnement, teinté d’anxiété, concerne le Schéma directeur
immobilier : nous avons longuement délibéré au sein de notre conseil d’administration
avant d’apporter notre soutien à cette démarche, qui nous paraissait utile et
nécessaire.
Les audits financiers et patrimoniaux rendus aux établissements ont apporté un plus
indéniable.
Mais pour employer une litote, la conduite du projet, sa lisibilité, la fluidité dans le
dialogue avec les établissements pourraient être améliorées.
Le schéma régional immobilier aura eu au moins pour vertu de faire apparaître un
grand nombre de besoins de mise aux normes et de modernisation.
Et ce alors même que les capacités d’autofinancement sont limitées, que
l’endettement a beaucoup augmenté ces dernières années.
Nos inquiétudes majeures concernent désormais la sélectivité croissante des
établissements de crédit, pour des prêts qui concernent aussi bien le court terme que
le long terme.
Autre sujet de déception : les CPOM… Lorsque le PRS a été adopté, il nous a été dit que
l’impression de flou qui en découlait se dissiperait lors de la négociation des CPOM.
Les attentes autour des CPOM étaient donc très importantes, d’autant plus que la
plupart de nos préconisations avaient été retenues par l’agence : peu d’indicateurs
retenus, mais des indicateurs stratégiques. Une négociation simultanée pour des
acteurs impliqués dans des démarches de coopérations.
Or, interrogés par nos soins, le retour de nos adhérents a été assez critique :
- Déficit de communication entre DT et Siège, entre ARS et établissements,
- La dimension territoriale des CPOM n’est pas assez prise en compte dans
certains territoires.
- L’Agence s’était engagée à ce que ces indicateurs soient en nombre limité pour
en assurer un vrai suivi. Mais la hiérarchisation et la pertinence des indicateurs
retenus pour chaque établissement doit faire l’objet d’une véritable discussion.
- Enfin, le volet « Moyens » des CPOM reste très flou pour les établissements.
Les dernières remontées tendent à montrer que l’ARS a bien entendu ce message mais
nous attendons plus et mieux de ces CPOM.
2. Face aux nuages qui s’annoncent, ce que nous attendons de l’agence
Les prévisions d’évolution de l’ONDAM sont inquiétantes : 2,1 % en 2015 ; 2,0 % en
2016 ; 1,9 % en 2017. D’autant qu’il y a fort à parier que la sous-enveloppe hospitalière
soit inférieure à ce niveau.
Divers objectifs nationaux ont été fixés pour qu’on puisse parvenir à ce résultat :
- Un renforcement des soins de proximité et l’objectif affiché que la moitié des
actes chirurgicaux soit réalisé en ambulatoire en 2016 ;
- Une maîtrise des prescriptions en évitant les actes redondants et inutiles ;
- Une baisse du prix des médicaments ;
- De nouvelles mutualisations des achats à l’hôpital.
L’ARS a souhaité réunir rapidement les Fédérations pour évoquer la déclinaison
régionale de ces objectifs nationaux.
Après discussions avec les autres fédérations d’offreurs, nous avons proposé de
travailler sur différents thèmes :
- Les hospitalisations évitables et la généralisation des dispositifs type PAERPA
- Le temps de travail
- Le plafonnement du recours à l’intérim médical, notamment dans les
hôpitaux publics
- Un travail sur la pertinence d’une dizaine d’actes et prescriptions définis en
commun
- L’intensification de l’ambulatoire et des alternatives à l’hospitalisation et la
non redondance des examens
- Les économies à réaliser sur les réseaux les moins efficients
Si cette démarche a pu sembler prématurée à certains, je tiens à saluer cette initiative
de l’agence de réunir rapidement toutes les fédérations.
Je vous avais promis de ne pas faire de langue de bois : nous ressentons une réelle
proximité avec un certain nombre d’interlocuteurs de l’agence, qui font ce qu’ils
peuvent dans un contexte qu’ils subissent autant que nous.
Mais l’agence n’est pas un bloc monolithique, et certains, disons-le, affichent un
mépris quasi ostensible de la sphère publique, très mal ressenti par nos adhérents.
Incapable de se réorganiser, inefficient, omnipotent, ingouvernable, voilà ce qu’on
entend à mot à peine couvert dans certains cercles, et parfois au sein même de
l’agence.
On omet évidemment d’adresser les mêmes reproches aux autres offreurs, on oublie
les efforts considérables réalisés ces dernières années et les injonctions paradoxales
que l’hôpital subit.
Ces critiques, souvent exprimées de manière caricaturale et injuste par des gens qui
n’ont jamais exercé à l’hôpital sont très mal ressenties par les professionnels
hospitaliers. C’est aussi le rôle de la FHF de le dire.
Si l’année 2013 a vu le montant global du déficit des établissements publics s’accroître
légèrement, celui-ci apparaît aujourd’hui plus dispersé, avec la détérioration
d’établissements dont la situation s’était améliorée.
La nécessaire mue stratégique de l’hôpital ne peut pas se faire en un jour, ni en 6 mois.
Ne nous berçons pas d’illusions : les économies ne seront pas immédiates, et ne seront
pas sans impact, notamment sur l’emploi.
Mais il est une ligne jaune que refuserons de franchir : celle de la qualité des soins.
Nous n’avons toujours pas été saisis pour discuter des arbitrages du FIR, nous n’en
avons vu que la partie qui concerne la DOSM.
En ce qui concerne la psychiatrie, que la Ministre a peu évoqué jusqu’ici, l’Agence a
pris acte des difficultés de la situation très tendue des établissements, en délégant la
totalité des crédits en début de campagne.
Ceci nous permet de faire face au court terme.
A plus long terme, le niveau actuel de la DAF ne permettra pas éternellement de faire
fonctionner l’ensemble des établissements de manière satisfaisante …
Il en va de même pour le secteur médico-social.
Ces structures sont confrontées à de nombreuses difficultés, en particulier de
financement.
D’un département à l’autre, l’écoute et la bonne volonté des conseils généraux
peuvent se révéler très divers ; un département fédère les EHPAD publics, un autre les
écarte systématiquement pour des raisons idéologiques.
Une réunion récente à l’initiative de l’Agence a ouvert la voie à des restructurations
majeures, fondées sur des rapprochements d’établissements et préfigurant une
modification en profondeur de l’organisation territoriale du secteur médico-social.
Nous ne négligeons pas l’enjeu financier, mais nous serons très attentifs à ce que les
résidents des structures médico-sociales ne voient pas la qualité de prise en charge
dégradée.
En en cette période très difficile qui s’annonce, nous attendons de l’agence une
lisibilité et une transparence dans l’action. Nous attendons également une
bienveillance dans l’analyse de certaines situations en cours de redressement.
J’ajoute enfin, que nous attendons de l’agence un soutien des directions et présidents
de CME qui mènent des politiques courageuses.
Je veux par exemple parler des excès commis au Ch Paul Guiraud.
Même si le contexte actuel est compliqué, et même si les avis au sein de la
communauté hospitalière peuvent être divergents, il est certaines limites qui ne
sauraient être franchies en termes de respect des personnes et des fonctions.
3. Quelques faits notables qui montrent que l’hôpital et la fédé sont acteurs du
changement
Parlons aussi de sujets de réjouissance :
La sortie négociée du partenariat public-privé par le Centre hospitalier Sud-francilien,
que le CA de la FHF régionale appelait de ses vœux il y a un an, est devenue effective il
y a quelques semaines.
C’en est fini de cette épée de Damoclès qui pesait sur la région, même si d’autres
problèmes demeurent.
Bravo aux équipes de Jean-Michel Toulouse et Claude Pougès, merci aux pouvoirs
publics d’avoir assumé que ce problème ne relevait pas du seul niveau régional.
L’année 2013 et le début 2014 auront vu des opérations de restructuration majeures :
- la mise en place de deux CHT, du Nord-Val d’Oise et la CHT psychiatrique de Paris,
- l’adoption d’un projet médical commun dans le sud 77,
- l’acceptation par le COPERMO du projet de plateforme publique privée de Melun,
- l’approfondissement du GCS sud 78,
- la mise en place d’un projet médical commun en cancérologie et d’une fédération
d’urologie en Seine Saint Denis.
Nous aurons vu aussi de beaux exemples de solidarité hospitalière.
A Montreuil, l’administration provisoire réalisée par Nicole Pruniaux et son équipe a
été unanimement salué, et la situation s’est nettement améliorée.
Dans un autre registre et dans un contexte différent, l’intérim d’Isabelle Leclerc à
Longjumeau Orsay a été très apprécié.
Enfin, suite aux dramatiques évènements intervenus à la maternité de Dourdan, la FHF
a dépêché une mission d’appui, menée par Jean Pierre Burnier et Gilles Dauptain, qui a
beaucoup aidé le président de CME et le directeur en place.
Au nom de la communauté hospitalière, je souhaite tirer mon chapeau à ces quatre
personnes pour le travail accompli et vous demande d’applaudir Nicole Pruniaux, Jean
Pierre Burnier, Gilles Dauptain et Isabelle Leclerc.
Et je souhaite, nous en reparlerons, que notre fédération puisse capitaliser sur ce qui a
pu être apporté par ces intérims et cette mission d’appui.
4. Les Perspectives:
Quelques mots -forcément rapides- sur les chantiers qui nous attendent.
La PDSES. Le texte sur les astreintes médicales et la démographie doivent nous
conduire à ré-interroger les équilibres établis à 3 ans.
Non pas sur le montant global de la PDSES, dont toute baisse serait extrêmement mal
ressentie.
Mais sur la répartition de l’enveloppe au sein des sites, en fonction de l’activité
réellement constatée. La permanence des soins est au cœur des missions de service
public, et l’on doit pouvoir trouver les critères permettant d’objectiver l’activité et les
coûts associés, comme le nombre de passages au SAU me semble a priori un critère
assez indéniable.
Pour 2014, nous avons défini quatre thèmes de travail avec l’agence, dont nous
attendons beaucoup :
- Les assistants spécialistes, dont nous attendons qu’ils soient partagés avec l’AP
HP et définis dans le cadre de projets médicaux et de projets professionnels.
- Les modalités d’attribution de la Dotation Annuelle de Financement, qui ne vont
pas sans poser quelques questions
- Le service public territorial de santé, dont la FHF entend être un fer de lance
- Les modalités de coopération, pour que l’on ne voie plus des projets vitaux sur
des territoires bloqués pour des arguties juridiques
Nous attendons tout autant de la deuxième édition du programme performance.
Enfin, nous attendons beaucoup de la création d’un fonds national de soutien à la
renégociation des emprunts toxiques, car plusieurs établissements de notre région
sont très directement concernés. Nous demandons la mise en place d’un groupe de
travail mixte FHF/ARS sur ce sujet.
L’hôpital public doit continuer à évoluer, du fait des contraintes économiques, mais
pas seulement. Ces dernières années, nous avons sans doute trop raisonné en termes
de structures de prise en charge, du fait d’un système de tarification qui nous y
poussait. Voire de pérennité des structures…
Ce changement doit s’opérer pour les 64 hôpitaux publics franciliens membres de la
FHF Ile de France et qui représentent, comme l’AP HP, 10% de l’hospitalisation
française.
C’est ce à quoi nous invite le livre vert de l’AP HP…
II.
Livre vert, vert comme l’espoir d’une meilleure articulation des acteurs
publics de la région
1. Réponse générale
Objectivement, les relations entre les hôpitaux généraux et l’AP HP sont plutôt moins
avancées en Ile de France qu’elles ne le sont ailleurs entre hôpitaux généraux et CHU.
Pour différentes raisons qui tiennent aux spécificités de la région et de ses offreurs :
L’AP HP n’est pas un CHU comme les autres. Elle est à la fois beaucoup plus présente
sur la prise en charge de proximité que les CHU en région, et elle offre un niveau de
recours sans équivalent sur le territoire national.
A l’inverse, le maillage hospitalier public des CH d’Ile de France est également sans
équivalent, en termes de volume et de structures.
Il compte dans ses rangs :
 plusieurs CHT et GCS qui structurent leur territoire,
 des hôpitaux importants en taille : le GHEF, Pontoise, le CHSF, Gonesse, , Poissy
Saint Germain, Versailles, Sainte Anne…
 et un nombre non négligeable d’équipes hospitalo-universitaires.
Pourtant, du fait de sa taille, de ses particularités, l’AP HP a longtemps donné
l’impression de se désintéresser du reste de la région Ile de France (sauf sites extra
muros de l’AP), soit parce qu’elle était d’abord tournée vers ses problématiques
internes, soit parce qu’elle se situait sur un niveau de recours tout autant national que
francilien.
Le fait de voir comme premier chapitre du livre vert « l’AP HP, le CHU de son
territoire » constitue donc une approche tout fait nouvelle.
Elle s’inscrit dans la droite ligne du récent séminaire de la CME de l’AP HP (l’AP HP dans
sa région) et de la « tournée » du Président Capron dans nos établissements.
Mais cette fois-ci cette ouverture émane directement de la Direction générale de l’AP
HP, et dans le contexte de l’élaboration de son plan stratégique.
Il nous faut aussi constater que sur un certain nombre de disciplines, l’AP HP doit faire
face à une concurrence du secteur privé non lucratif qu’on ne retrouve pas en région,
aussi bien sur le recours que sur la spécialité ou la proximité.
Le livre vert évoque explicitement la volonté de l’AP HP de trouver des alliés.
Nous sommes convaincus, cher Martin, qu’il s’agit là d’une nécessité pour nos
hôpitaux comme pour l’AP HP.
Les hôpitaux publics adhérents de la FHF revendiquent leur place d’interlocuteur
privilégié de l’assistance publique, du fait de leur poids dans la région, et du fait de
notre communauté de valeurs.
A l’heure où les démarches, voire les démarchages, des établissements FHF par des
structures d’autres fédérations se font de plus en plus offensives, la FHF promeut une
coopération qui priorise, à offre équivalente, la coopération avec l’AP HP.
A offre équivalente, cela implique pour l’AP HP :
 D’accepter un rapport différent avec les autres établissements, sans volonté
d’hégémonie.
 D’afficher comme objectif commun avec les autres offreurs le rééquilibrage de la
région entre son centre et sa périphérie, et la réduction du taux de fuite
département par département.
Certains ont cru percevoir, dans ce livre vert, la tentation pour l’AP HP, d’aller chercher
des patients en petite et en moyenne couronne, qui ne relèvent pas forcément du seul
recours.
Il nous faut mettre à plat nos éventuels points de divergence, tordre le cou à certains
fantasmes, et concrétiser une complémentarité a priori évidente : l’excellence du
recours de l’AP HP d’une part et la proximité offerte par le maillage de nos 132
adhérents, dont 64 EPS.
Rendons grâce à Martin Hirsch d’avoir axé son discours, dès les premiers jours qui ont
suivi sa nomination, sur la nécessaire ouverture de l’AP HP sur son environnement, et
sur sa volonté de refonder la relation de l’AP HP aux hôpitaux publics de petite et
grande couronne sur des bases différentes.
L’AP HP nous tend la main, et c’est bien volontiers que nous la prenons.
Je sais qu’avec la direction générale de l’AP HP, nous partageons le même diagnostic :
Une des forces de l’hospitalisation publique en Ile de France tient à la qualité de son
maillage, et l’AP HP n’aurait rien à gagner à la fragilisation d’un certain nombre de sites
en petite et moyenne couronne.
Nous, hospitaliers publics, avons vocation à porter une vision de l’offre de soins qui ne
soit pas prioritairement axée sur les seules parts de marché et chiffres d’affaire des
structures publiques prétendument concurrentes, mais sur le service global que nous
rendons à la population.
Seule une logique de parcours et de filières de soins, permettra de sortir d’une vision
de « boutiquiers », et de mettre en place une organisation des soins lisible pour les
usagers.
Dans le respect du principe de subsidiarité, il nous faut nous entendre territoire par
territoire sur le rôle de chaque structure en matière de proximité, de recours et de
spécialité.
Nous sommes persuadés que l’adressage de patients à l’AP HP par les CH sera d’autant
plus important, qu’à l’inverse, les sites de l’AP HP sauront renvoyer des patients qui se
présentent spontanément hors de leur hôpital de territoire. Cela doit s’accompagner
du développement de parcours professionnels partagés pour les médecins, de la mise
en place de développement de protocoles communs et d’une forme de labellisation.
Cette concertation sur la base du livre vert sera d’autant plus appréciée et vertueuse
que ce mouvement d’intégration ne s’arrêtera pas à cette phase préalable.
C’est bien dans les étapes ultérieures que tout va se jouer : dans la déclinaison de ce
plan stratégique : de la façon dont les GH vont s’en emparer, de la marge de
manœuvre qui leur sera déléguée, et la façon dont les CH vont être associés à la
détermination des objectifs des GH et à la mesure des résultats.
2. Une liste de propositions
Je ne vais bien sûr pas reprendre ici in extenso l’ensemble des remarques et
propositions que la FHF a adressées en réponse au livre vert de l’AP HP et auxquelles
Martin Hirsch va répondre dans quelques instants.
Je vais simplement les résumer en 4 points :
1. La nécessité de formaliser et de fluidifier nos relations
Entre la FHF Ile de France et la conférence des présidents de CME, les relations sont
fluides, les discussions, très constructives.
C’est bien normal, les acteurs sont les mêmes…
Les enjeux sont trop importants pour qu’on s’amuse à avoir des discussions entre
médecins d’un côté, entre FHF et Siège de l’AP HP de l’autre.
Cette division médecins/ directeurs est d’un autre âge, c’est en tous cas la vision des
choses que partagent médecins, directeurs et élus au sein de la FHF.
Nous proposons entre l’AP HP et la FHF Ile de France la mise en place d’un comité de
liaison mixte, resserré, réuni très régulièrement, réactif et décisionnel.
Par ailleurs, nous proposons l’association systématique des chefs de services des plus
gros CH, spécialité par spécialité, aux collégiales de l’AP-HP.
2. Nous donner les moyens de produire des donnés communes
La FHF Ile de France assure la représentation « politique » de ses adhérents.
Elle impulse des dynamiques, mais ne dispose pas aujourd’hui d’une infrastructure
suffisante par rapport aux enjeux.
Pour l’efficacité de nos actions communes futures, nous pourrions afficher l’ambition
d’une mise en commun de moyens pour une production de données qui manquent
aujourd’hui, par exemple les taux de fuite par territoire et par discipline.
Rappelons que la naissance d’un projet médical commun en cancérologie en Seine
Saint Denis est la conséquence directe d’un diagnostic de grande qualité réalisé par le
DIM de l’AP HP.
Dans le même ordre d’idée, nous pensons que l’institut médico économique dont la
création est évoquée par le livre vert gagnerait à intégrer notre fédération et ses
établissements.
3. Proposer sous forme de boîtes à outils des solutions permettant de dépasser les
obstacles actuels de la coopération (juridiques, financiers, etc.)
De manière à surmonter les obstacles juridiques et financiers des collaborations, nos
deux structures vont lancer une expérimentation visant à modéliser des parcours à
partir de trois localisations (autour des bassins de population des CH de Pontoise, du
GHEF et du CHSF) et de trois pathologies (cancérologie, cardiologie et pédiatrie).
L’objectif poursuivi est de mieux identifier les « pertes en ligne » des patients. Il nous
faut privilégier les parcours coordonnés et renforcer les filières de prise en charge
publiques.
Un retour d’expérience doit être fait dès la fin de l’année 2014, retour que nous
souhaiterions voir intégré au plan stratégique de l’AP HP.
Un courrier en ce sens a été déposé au Directeur de l’Agence, pour demander le
soutien, notamment financier de l’ARS à cette démarche.
4. Associer les CH aux démarches innovantes de l’AP
L’AP HP, par son organisation centralisée et sa taille, peut mettre en place des
organisations qu’il serait impossible de mettre en œuvre au niveau des CH.
Le CHU d’Ile de France se doit d’associer les autres établissements à ces démarches, ne
serait-ce que pour augmenter la taille des cohortes et varier l’origine géographique et
sociale des patients.
Toutes les démarches novatrices ne doivent pas rester en intra AP :
 soit pour capitaliser sur ce qui existe déjà ailleurs (les relations avec la ville sont
souvent meilleures hors de l’AP HP)
 soit pour mener en commun des expérimentations ou de nouvelles approches
(Service public territorial de santé)
 soit parce que l’association des CH pourrait changer radicalement la portée de
certaines démarches : par exemple les centres de maladie fréquentes peuvent
être utilisée par des CH sous un format « clinique ouverte ».
Chacune des pistes évoquées dans le livre vert doivent donc trouver des déclinaisons
rapides et concrètes.
Sur chacun des thèmes, il conviendra de mettre en place des groupes de travail, un
calendrier, des livrables.
Les résultats auront vocation à figurer in extenso dans le futur plan stratégique,
notamment :
 les règles d’adressage et de réadressage pour un équilibre financier entre
structures
 les protocoles communs de prise en charge et attribution de labels
 la mise à disposition d’outils technologiques communs
 les Protocoles de soins et de recherche communs partagés
Enfin, nous pensons que l’AP HP a un rôle à jouer avec nous dans la construction et la
promotion de parcours professionnels croisés entre hôpitaux périphériques et CHU, de
l’internat aux postes d’assistants spécialités partagés, aux postes de PH intégrant des
activités d’enseignement et de recherche. Ce sera le thème de notre premier atelier.
Conclusion :
Chers Adhérents, j’ai évoqué beaucoup de sujets, sur lesquels Martin Hirsch et Claude
Evin ne manqueront pas de réagir.
Plus que jamais, en cette période compliquée, nous avons besoin de l’engagement de
chacune des composantes de l’hôpital public.
Agence, AP HP, structures publiques : nous avons besoin que chacun tire dans le même
sens ; car ce n’est que dans le rassemblement que se trouve le maintien d’une offre de
service public à la hauteur des enjeux.