Tereza Horáčková
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Tereza Horáčková
PRAGUE, BUDAPEST, PARIS UNIVERSITY Charles University in Prague Faculty of Arts Institute of World History Les immigrés vietnamiens à Prague avant et après 1989 en perspective transnationale et transgénérationnelle Master's Thesis Tereza Horáčková Thesis supervisors in Prague, Paris, Budapešť, doc. Markéta Křížová, Ph.D. Nancy L. Green Eszter Gyӧrgy Budapest, Paris and Prague, 2015 Je, soussignée Tereza Horáčková, atteste que le présent mémoire a été écrit indépendamment, que ce travail est personnel et que toutes les sources d’informations externes et les citations d’auteurs ont été mentionnées conformément aux usages en vigueur. …………………………….. Prague, 24 Mai 2015 Tereza Horáčková RÉSUMÉ Ce mémoire de maîtrise présente les résultats d'une recherche sur l'histoire des immigrés vietnamiens à Prague entre 1974 et 1993. La recherche se base sur les analyses des entretiens avec des témoins qui ont vécu le programme d’internalionalisme socialiste et également sur l'étude des documents administratifs tchécoslovaques provenant de la période entre 1974 ; marquée par la mise en place de la Convention entre le Gouvernement de la République socialiste tchécoslovaque et le Gouvernement de la République démocratique du Viet Nam sur la formation des citoyens de la République démocratique du Vietnam dans les organisations , l'année 1989 en tant que l'année de la chute du régime communiste ; et l'année 1993 avec la séparation de la République slovaque et la naissance de la République tchèque L’étude soutient le postulat que le programme influençait directement l'intégration de la première génération des Vietnamiens, mais aussi, de façon latente, par les réseaux ethniques auxquels il donnait naissance, la deuxième génération des arrivées du Vietnam. L'étude tentait de découvrir les facteurs qui influencent l'adaptation de la première et la deuxième génération des immigrés vietnamiens à Prague et d‘indiquer l'effet qu‘avait le cadre normatif du programme internationale socialiste à la création de réseaux sociaux ethniques. Ce sont en effet ses réseaux basés sur les liens de parenté qui fonctionnent en tant que fournisseurs du capital sociale et économique et permettent la maintenance de son isolation de la société majoritaire. Mots clés : Les immigrants Vietnamiens, l’intégration, la famille, les changements transgénérationels, le transnationalisme SHRNUTÍ Tato diplomová práce prezentuje výsledky historického šetření příchodu a existence vietnamských imigrantů v Praze mezi lety 1974 a 1993. Metodologicky je výzkum založen na rozhovorech s pamětníky programu socialistického internacionalismu a ze studie československých vládních administrativních dokumentů z období mezi rokem 1974 ; tedy rokem podepsání Dohody mezi vládou československé socialistické republiky a vietnamské socialistické republiky o zaměstnávání vietnamských občanů v československých organizacích1, s mezníkem roku 1989 jakožto rozpadem komunistického režimu ; a rokem 1993, tedy oddělením Slovenska a vznikem samostatné České republiky. Práce vychází z předpokladu, že tento program ovlivnil integraci první generace v československé společnosti a dále ukazuje, že působil na vznik vietnamských sociálních sítí a tím ovlivnil i druhou generaci přicházející po rozpadu komunistického režimu v listopadu 1989. Výzkum si klade za cíl odhalit faktory, které ovlivňují adaptaci první a druhé generace v majoritním prostředí a naznačit působení normativního rámce programu internacionálního socialismu na formování sociálních etnických sítí. Právě tyto sítě, založené na vztazích širší rodiny, které uvnitř diaspory fungují jako poskytovatelé sociálního a ekonomického kapitálu, umožňují zachování izolace vietnamské populace od většinové společnosti. Klíčová slova: Vietnamští imigranti, integrace, rodina, transgenerační změny, transnacionalismus 1 NAČR, “Dohoda mezi vládou Československé socialistické republiky a vládou Vietnamské demokratické republiky o odborné přípravě občanů Vietnamské demokratické republiky v československých organizacích” signé à Hanoi le 8 avril 1974 SUMMARY This thesis presents the results of a historical investigation of the arrival and presence of Vietnamese immigrants in Prague between 1974 and 1993. Methodologically, the research is based on interviews with witnesses of the program of socialist internationalism and on the study of the Czechoslovak government administrative documents from the period between 1974, ie. the year the signing of the Agreement between the Government Czechoslovak Socialist Republic and the Socialist Republic of Vietnam about employing Vietnamese citizens in Czechoslovak organizations2, with a milestone in 1989 as the collapse of the communist regime, and the year 1993, as the separation of Slovakia and the establishment of an independent Czechoslovak Republic This work is not only based on the assumption that this program influenced the integration of the first generation in Czechoslovak society, but it also shows an indirect influence on the second generation coming after the Velvet Revolution, due to the program's effect on the emergence of Vietnamese social networks. The research aims to uncover the factors that influence the adaptation of the first and second generations in the majority environment and to indicate the effect that the normative framework of the program had on the formation of ethnic social networks. It is indeed these networks, based on the (kin-based) relations of the extended family, that function inside the diaspora as providers of social and economic capital, allowing for the preservation of the Vietnamese population's isolation from majority society. Key words: Vietnamese immigrants, integration, family, transgenerational changes, transnationalism 2 NAČR, “Dohoda mezi vládou Československé socialistické republiky a vládou Vietnamské demokratické republiky o odborné přípravě občanů Vietnamské demokratické republiky v československých organizacích” signé à Hanoi le 8 avril 1974 REMERCIEMENTS Soyons reconnaissants aux personnes qui nous donnent du bonheur ; elles sont les charmants jardiniers par qui nos âmes sont fleuries. Marcel Proust J'adresse mes remerciements et ma reconnaissance à mes trois directrices de recherche: à Nancy L. Green pour m'avoir orientée et conseillée, à Eszter Gyorgy pour m'être une directrice de mémoire attentive et disponible malgré ses nombreuses charges et à Markéta Křížová pour son appui infatigable dans toutes les étapes de la réalisation de ce projet. Je tiens à exprimer mes plus vifs remerciements à monsieur Jaroslav Picka qui fut pour moi non seulement l'informateur clé, mais aussi une inspiration pour sa philosophie de vie optimiste et plaisir d'aider. Je souhaite ensuite remercier à mes amis Gil Kent, Alicia Bouchot, Alex, Eléonore Raoulx et à professeur Eva Kalivodova pour le temps et l'énergie consacrés à la lecture et correction de ce mémoire. J’adresse toute ma gratitude à tous mes ami(e)s qui m’ont aidé dans la réalisation de ce travail par un soutien psychologique. Je remercie aussi à toutes les personnes formidables d'origine vietnamienne qui m'ont ouvert la porte à leur communauté qui paraît fermée mais qui est cependant composée par des personnes ravies de partager leur vie et leurs expériences pour que la majorité les comprenne mieux. C'est l'admiration pour ces gens qui ont délaissé leurs familles physiquement, mais jamais oublient leurs obligations morales envers leurs proches. Vivant dans un pays où l'individualisme règne, pourtant, le Vietnamien n'est jamais seul. Enfin, j'addresse toute mon affection à mes proches sans lesquels je ne serais rien. Simona et Roman qui me sont un modèle et un soutien infatigable, à mon frère Michal que j'aime tant, et Santi pour être ma passion et mon énergie. L'amour ne connaît pas sa propre profondeur jusqu'à l'heure de la séparation. Je vous aime. 1. 2. INTRODUCTION ........................................................................................................ 8 CADRE THÉORIQUE ET METHODOLOGIQUE DE LA RECHERCHE ........ 14 2.1. Orientations Méthodologiques : La Méthode de Recherche et les Sources ................... 14 2.1.1. 3. 4. Les Sources secondaires : L’état de lieu de la littérature portant sur les Vietnamiens .................................................................................................................................. 15 2.2. Les sources primaires :les documents historiques et les témoignages ........................... 17 2.3. Le Cadre Conceptuel et terminologique .......................................................................... 22 2.3.1. L’immigrant au pluriel : La collectivité (le groupe et la catégorie) ethnique ........... 22 2.3.2. Transnationalisme – Translocalité ........................................................................... 25 2.3.3. Diaspora ................................................................................................................... 28 2.3.4. Théorie des réseaux (Network Theory).................................................................... 30 2.3.5. Le capital social ........................................................................................................ 32 2.3.6. La famille d’immigrés ............................................................................................... 36 LE PANORAMA HISTORIQUE ARTICULÉ AVEC LES ENTRETIENS .......... 39 3.1. Le programme des travailleurs apprentis 1974-1979 ...................................................... 40 3.2. Le programme des travailleurs invités, étrangers 1979-1989 ......................................... 44 3.3. L’Année 1989 et les transformations économique et politique ...................................... 51 ANALYSE DE TROIS NIVEAUX : 4.1. MACRO, INTERMEDIAIRE ET MICRO SOCIAL. . 62 Les immigrés vietnamiens en République tchèque d’un point de vue macro analytique . .................................................................................................................................. 64 4.1.1. Les motifs du gouvernement tchécoslovaque ......................................................... 64 4.1.2. Décentralisation du système d’organisation ........................................................... 71 4.2. Les immigrés vietnamiens depuis la convention de 1974 au niveau intermédiaire de l’analyse ....................................................................................................................................... 73 4.2.1. Les conditions des relations sociales entre les Vietnamiens ................................... 77 4.2.2. Les réseaux sociaux personnels ............................................................................... 81 4.3. 5. 6. Les immigrés vietnamiens depuis La convention de 1974 au niveau micro de l’analyse 83 4.3.1. Les motifs des Vietnamiens pour venir en République tchécoslovaque ................. 83 4.3.2. L’apprentissage de la langue tchèque...................................................................... 87 4.3.3. Les envois de fonds aux membres sédentaires des familles vietnamiennes. .......... 90 4.3.4. Les conditions de la formation de la famille et les relations intimes....................... 93 4.3.5. Les différences intergénérationnelles...................................................................... 96 CONCLUSION ........................................................................................................... 98 BIBLIOGRAPHIE ................................................................................................... 104 7 L’INTRODUCTION La présente recherche se base sur mon expérience professionnelle ainsi que personnelle. Mon intérêt envers les autres êtres humains et leurs comportements associés à ma licence d'anthropologie sociale ont développé mon intérêt pour la diversité culturelle, avant tout dans mon propre pays, la République Tchèque. L'objet traditionnel d'étude qu'était le lointain laissa peu à peu place à une nouvelle approche qui m'a inspirée : l'ethnologie du proche. Au niveau personnel, mes longs séjours aux États-Unis et en France m'en ont enrichi et ouvert de nouvelles perspectives dans la mesure où je me suis moimême trouvée dans la position d'une immigrée. Pendant mes trois années de licence et de ma première année de master, j'ai concentré mon travail sur l’intégration d'un des plus grands groupes d'immigrés provenant d'un pays non-occidental : les migrants vietnamiens en France et en Tchéquie.3 Ayant déjà étudié des trajectoires de vie individuelles dans une perspective micro-sociale, j'ai cherché ici à aborder le sujet de l'immigration vietnamienne dans une perspective davantage globale. J’ai ajouté à mon approche anthropologique initiale tout un pan historiographique grâce à l’analyse du programme d’accueil des travailleurs contractuels en République socialiste tchécoslovaque. Cela m'a permis d'envisager l’intégration des Vietnamiens à Prague d’un point de vue transnational d'essayer de comprendre l’influence du programme de l’internationale socialiste d’échange de main d’œuvre sur la création des réseaux familiaux des Vietnamiens. J'aimerais ouvrir cette étude par une interprétation de la vie des Vietnamiens par la majorité tchèque qui a été publié dans un article de la revue Přítomnost en 1991 écrit par le poète, musicien, journaliste et représentant du mouvement 'underground' tchèque, Jáchym Topol et qui témoigne de la perception de la vie des Vietnamiens à la fin des années 1980 et au début des années 1990 par la majorité tchèque. 3 L’influence des parents sur l’intégration des enfants vietnamiens dans la société tchèque, mémoire de Licence en Anthropologie sociale sous la direction de Josef Kandert, Université Charles de Prague, 2011-2012 ; Les couples franco-vietnamiens : Négotiation des habitudes culturelles dans un environnement partagé, mémoire du Master 1 en Anthropologie sous la direction de Paul van der Grijp, Université Lumière Lyon 2, 2012-2013; Les Vietnamiens en République tchèque avant et après le 1989 (1974 - 2000): Une perspective transnationale et transgénérationnelle, mémoire du Master TEMA sous la codirection de Nancy L. Green, Ecole des Hautes Etudes des Sciences Sociales, 2013-2015. 8 « Il y en a en République tchèque et en République slovaque. Ils vivent dans les grandes et petites villes du pays. Ils se rendent visites entre eux, en se déplaçant beaucoup. Ils se déplacent souvent dans les gares, dans les transports en commun. On peut les trouver dans les restaurants (pas tous) n’importe où dans les rues, dans les parcs. Ils publient des magazines, organisent des conférences. Néanmoins, ils vivent de façon isolée, la plupart du temps entre eux. De la population du pays dans lequel ils vivent, ils connaissent surtout des différents fonctionnaires, leurs supérieurs et parfois (involontairement) les flics. Ils travaillent le plus souvent dans les usines, ils résident dans des dortoirs communs. Ils ne se montrent pas trop en public. Dans l'esprit des citoyens tchécoslovaques ils sont - à cause des rapports laconiques de chroniques noires - connus principalement comme des profiteurs. Bien que des milliers de Vietnamiens vivent et travaillent en Tchécoslovaquie depuis des années, ils n'ont pas pu se manifester comme une minorité nationale autonome, comme un groupe qui a ses propres antécédents culturels. L'intérêt des médias pour eux augmente seulement sur le court terme, quand ils deviennent la cible d'attaques racistes. Le public ne savait pas ou ne voulait pas savoir pourquoi ils sont chez nous, et dans quelles conditions ils vivent. Récemment, la communauté vietnamienne commence à s’animer, à chercher un moyen de sortir du ghetto. »4 Bien que cet extrait est une perception biaisée de la réalité, cet extrait reflète bien la prise de distance, la marginalisation ou bien l'exotisme des Vietnamiens résidant en Tchécoslovaquie à l'époque : c'est un exemple de la représentation de cette minorité ethnique dans la presse tchécoslovaque. 4 “Jsou v českých zemích i na Slovensku. Žijí ve velkých i malých městech, na venkově. Navštěvují se mezi sebou, hodně cestují. Často se pohybují na nádražích, v dopravních prostředcích. Jsou k zastižení v restauracích (ne ve všech), kdekoli na ulici, v parcích. Vydávají časopisy, pořádají konference. Přesto žijí uzavřeně, většinou jen mezi sebou. Z obyvatel země, ve které žijí, znají většinou jen různé úředníky, svoje nadřízené a sem tam (nedobrovolně) policajty. Pracují nejčastěji ve fabrikách, bydlí ve společných ubytovnách. Na veřejnosti se příliš neprojevují, v povědomí československých občanů jsou – také díky lakonickým zprávám černých kronik – známí především jako šmelináři. Přestože tisíce Vietnamců v Československu žijí a pracují už léta, nemohli se projevit jako svébytná národnostní menšina, jako skupina s vlastním kulturním zázemím; zájem sdělovacích prostředků o ně krátkodobě vzrostl, jen když se stali terčem rasistických útoků. O tom, proč u nás vůbec jsou a za jakých podmínek žijí, veřejnost v podstatě nevěděla ani vědět nechtěla. Poslední dobou začíná vietnamská komunita ožívat, hledat cestu ven z ghetta.“ Jáchym Topol, “Vietnamci v Československu – konec izolace?”, Přítomnost, 2, num. 6 (1991), pp. 16-18. 9 En 1991, deux ans après la Révolution de Velours, les Vietnamiens étaient déjà présents dans la société tchécoslovaque depuis quarante ans. Les premiers groupes d’une centaine de personnes sont venus en tant qu'étudiants dans les différentes universités tchécoslovaques dans le cadre de l'aide envers un pays “frère” en guerre, donc idéologiquement motivée. Même si les Tchèques se sont sentis solidaires avec ces visiteurs, ces derniers sont toujours référés en tant que les « autres », ce qui aboutira en l'isolation des Vietnamiens de la majorité. La société majoritaire restait peu informée de la vie de ces ouvriers contractuels provenant de ce pays « exotique », selon des Vietnamiens immigrés. Ces Vietnamiens étaient eux-mêmes appelés Việt Xu par les autres Vietnamiens (que Lee Huu Khoa traduit en français comme 'les Vietnamiens d'outre mer') . Tandis que la majorité tchèque ne s’intéressait tant aux Vietnamiens, pour les immigrés, la Tchécoslovaquie leur évoque une nostalgie. Ainsi, la trace5 des contacts tchécovietnamiens établie dès les années 1950 est toujours visible au Vietnam. Grâce à leur expérience dans les usines en Tchécoslovaquie, les rapatriés ont apportés leurs connaissances de la fabrication et ils ont investi dans les nouvelles entreprises au Vietnam. Par exemple, la culture tchèque est ainsi représentée au Hanoï par la brasserie de la bière tchèque. (Kušniráková, 2012) Depuis les années 1950 des accords concernant les soins médicaux, l'échange d'experts, des stagiaires et des étudiants, ou de la main-d’œuvre etc. ont été signés entre la Tchécoslovaquie et le Vietnam6. Jusqu’en 1989, les relations économiques entre les deux pays socialistes étaient cultivés par les gouvernements. Après 1989, la migration temporaire déclarée et réglementée par l'état s'est transformée par une migration économique spontanée. Ainsi, la motivation initiale des citoyens vietnamiens pour améliorer leurs qualifications s'est transformée dans un désir d'amélioration de leur niveau de vie. Si nous laissons du côté les lois tchécoslovaques et plus tard tchèques favorables (lois d'immigration, d'entreprise, etc.), le facteur qui avait influencé le choix de la République tchèque en tant que destination de nombreux immigrants vietnamiens modernes était en effet cette bonne expérience et la connaissance des réalités de la 5 6 Tant que appelé par Tereza Kusnirakova, 2013, http://migration4media.net/2013/07/23/ceska-stopa-vevietnamu Il est nécessaire de mettre accent sur le fait que les relations étaient régionalement conditionnées, parce que jusqu’en 1975 le gouvernement communiste tchécoslovaque soutenait exclusivement des contacts avec la République démocratique de Vietnam (le Vietnam du Nord) qui marquait l’unification du Vietnam sous le pouvoir communiste mené par Ho Chi Minh. Suivant la réunification, les relations diplomatique sont développées entre la Tchécoslovaquie et la République socialiste du Vietnam dans le sens de la coopération entre les pays socialistes mutuellement bénéficiaire. 10 Tchécoslovaquie avant l'année 1989. (Kušniráková, 2012). La problématique de cette recherche est donc centrée sur cette rupture de la dynamique migratoire d'une ethnie sur le territoire d'un état (d'accueil) dont le système politique est en voie de transformation, en l'occurrence, la République tchèque. Cette recherche a pour sujet les réseaux ethniques sociaux et surtout familiaux créés avant 1989. Ceux-ci permettaient, selon mes hypothèses, l'intégration instrumentale des Vietnamiens même s'ils étaient aussi une des raisons pour laquelle la première génération de Vietnamiens resta isolée de la société dominante. En terme de cadre temporel, cette recherche est délimitée par l'année 1974 (la signature de la Convention entre la République socialiste tchécoslovaque et la République démocratique du Vietnam pour l'admission des étudiants, de stagiaires et de l'emploi) et l’année 1993 (l'année de la séparation de la République fédérale tchécoslovaque). Elle met l’accent sur l'année 1989, celle de la Révolution de Velours tchécoslovaque et les débuts de la transformation politique et économique. Pour la diaspora vietnamienne, cette année signifie plusieurs ruptures au niveau social, économique et légal. La fermeture des fabriques et entreprises d'ancien régime est étroitement liée avec la transition politique et économique. Cela a conduit à la perte de travail des travailleurs contractuels car l'ouverture des frontières leur permettait le choix d'un déplacement supplémentaire à l'ouest. Pourtant, un grand nombre de Vietnamiens restait en République tchèque et profitait à la fois de la possibilité d'investissement sur le marché capitaliste et de l'opportunité d'obtenir la résidence permanente sur la base d’un certificat de licence commerciale grâce à la création d'une société à responsabilité limitée (SARL) avec un partenaire tchèque. (Broucek, 2003: 16). la diversification de la structure de la diaspora même entre les anciens résidents Việt Xu et les nouveaux immigrés économiques est une autre conséquence de la transition. Selon la législation du nouvel état démocratique, les nouveaux arrivants peuvent être divisés en deux catégories. En premier lieu, il s'agit de ceux, qui sont venus dans le cadre du regroupement familial, en particulier les femmes et les enfants des vietnamiens qui étaient déjà bien installés et économiquement stables. En deuxième lieu, nous observons un grand nombre de nouveaux immigrés économiques, qui, à cause du manque du réseau familial sont très dépendants des services internationaux et, à partir de l'arrivée en République tchèque, des services locaux fournis par ces compatriotes. 11 La question de recherche majeure est donc formulée de façon suivante : Comment s’est déroulé le programme intergouvernemental d’échange de main d’œuvre mis-en-place depuis 1974 ? Comment cela a-t-il influencé la première et deuxième génération de Vietnamiens résidant à République tchèque ? Comment les réseaux sociaux ont-ils évolué en fonction du programme d’échange intergouvernemental? Les hypothèses concernant l'adaptation des Vietnamiens dans le contexte historique sont les suivants : - Le programme d’échange de main d’œuvre a servi comme point d’appui pour les premières vagues des travailleurs ainsi que comme un outil facilitant la mise en place des réseaux familiaux, et causa la création de la classe élite au sein de la future structure interne de la diaspora vietnamienne. Les familles se sont formées malgré les accords et réglementations du cadre formel communiste en mobilisant des réseaux basés sur la consanguinité. Les deux ethnologues tchèques décrivirent la situation contemporaine avec justesse dans leur étude menée en 1989: « Une situation particulière s'est créée ici: chaque groupe (de Vietnamiens) ne reste que quatre ans, au maximum sept, mais comptant tout les groupes circulant dans l'ensemble, les Vietnamiens vivent et travaillent ici depuis vingt ans. Pendant ce temps, ils ont appris à nous connaître et à bien profiter de l'expérience de vivre avec nous. » (Heroldová, Matějová 1987: 201). Les Vietnamiens ont créé des réseaux sociaux, fournissant le capital social. Ces réseaux facilitaient d'abord leur installation en République socialiste tchécoslovaque pendant la transformation économique et politique du pays d'accueil et permettaient ensuite l'arrivée de nouveaux immigrés provenant notamment du même clan familial. Avant de passer à l'analyse de la dynamique des réseaux sociaux ethniques et aux actions qui dépassent les frontières nationales à travers l’optique transnationale, j'aborderai le sujet par ce que j'appellerai l’analyse primaire au niveau macro-sociale, prenant ainsi en compte le cadre politique et législatif du programme des travailleurs contractuels mis en place entre le Vietnam et la Tchécoslovaquie. Mon étude propose de contraster avec les travaux occidentaux se concentrant sur la migration spontanée car il s’agit ici de la migration dirigée par des gouvernements idéologiquement liés. Cependant, mon cas d’étude peut servir de point d’appui pour 12 repenser les paradigmes présentés par la « network theory », présentée plus bas. Ainsi, en plaçant la problématique dans un contexte plus large, ma recherche se pose en contraste face aux études ethnographiques qui, en raison de leur nature descriptive, perçoivent la problématique vietnamienne en tant que purement « tchèque ». Les hypothèses de cette étude ont été formulées sur la base des pré-requis de l’ouverture du nouvel environnement de la société d’accueil des immigrés et de leur capacité à choisir eux-mêmes leurs stratégies existentielles. L’étude ne tente pas de négliger l’« agency » des migrants ; à l'inverse, je propose une approche qui tente de saisir les comportements des Vietnamiens qui sortent du cadre institutionnel et leurs stratégies alternatives de l'appropriation du lieu au sein de la structure normative. Afin de répondre aux objectifs énoncés, ce mémoire est composé de trois chapitres. Le premier chapitre est une présentation du cadre conceptuel, une présentation de la méthodologie ainsi que de la méthode utilisée. Afin de placer la famille d'immigrés dans le contexte théorique, ce chapitre s’appuie notamment sur les concepts du transnationalisme, de la diaspora et du capital social. Le deuxième chapitre présente en bref les relations entre la République socialiste tchécoslovaque et le Vietnam entre 1974 et 1993, en s'appuyant sur les documents administratifs du pays d'accueil des immigrés Vietnamiens (ces sources primaires seront présentées en détail dans le chapitre méthodologique). Sur cette base, je serai en mesure de reconstituer le contexte d'arrivé des immigrants vietnamiens. Le troisième chapitre analyse les sources primaires. Dans ce chapitre, je tenterai d'identifier les facteurs qui ont affecté (de façon soit négative soit positive) l'adaptation des citoyens vietnamiens au sein de la société d'accueil. En outre, ce troisième chapitre présentera les Vietnamiens en République tchécoslovaque en tant qu’acteurs de l’étude. 13 CHAPITRE I- CADRE THÉORIQUE ET METHODOLOGIQUE DE LA RECHERCHE 1.1. Orientations Méthodologiques : La Méthode de Recherche et les Sources Une approche interdisciplinaire En premier lieu, le contexte historique de l’arrivée de la première génération de vietnamiens en tant que main d’œuvre grâce aux accords socialistes entre la République socialiste et la République démocratique du Vietnam dans les années 1970 et 1980 sera examiné, ainsi que les processus d’implantation et de formation organisée. Le contexte historique sera développé à partir des archives des institutions tchécoslovaques chargées de la mise en place du programme d’accueil des apprentis et des travailleurs vietnamiens datant de la période allant de 1970 à 1993. Les processus d’implémentation et de formation, quant à eux, seront développés en analysant comment les vietnamiens de la première génération ont trouvé des stratégies et des niches économiques pour survivre et éventuellement bénéficier de leur connections avec le Vietnam, et ce en dépit du fait qu'ils étaient fortement surveillés par des cadres communistes tchécoslovaques. En second lieu, les stratégies d’intégration des Vietnamiens de la deuxième génération seront analysées à partir des témoignages recueillis au cours de mes entretiens. Le but de cette analyse micro-sociale sera de comprendre si, et comment, les membres de la deuxième génération poursuivent ou adoptent des pratiques transnationales, et comment ces pratiques ont changé après la transformation politique de 1989. Ainsi, en plus des documents historiques, les témoignages des Vietnamiens résidant à Prague ayant vécu ce programme d’échange de main d’œuvre constitueront le deuxième type de sources primaires. Leurs expériences individuelles serviront ainsi à contraster l’histoire macrosociale présentée par les documents officiels. Mon étude tente de démontrer l’importance de l’individu dans l’histoire, tout en mêlant les approches des deux disciplines que sont l’histoire et la sociologie. 14 1.1.1. Les Sources secondaires : L’état de lieu de la littérature portant sur les Vietnamiens Au cours des dix dernières années, les vietnamiens résidant sur le territoire tchèque ont fait l'objet de nombreuses recherches non seulement par des sociologues, mais aussi par d'autres chercheurs en sciences humaines, par exemple en économie, en droit ou en pédagogie, ainsi que par des étudiants. Les chercheurs tchèques spécialistes dans l’étude des vietnamiens ne sont pas si nombreux. Il s’agit d’abord d'orientalistes spécialisés dans l'étude du Vietnam qui publient des ouvrages théoriques. Parmi ceux-ci, les plus connus sont probablement Ján Ičo (histoire et littérature ancienne du Vietnam), Petra Mullerová (art vietnamien), Ivo Vasiljev (langue et ethnologie), Eva Pechová (folklore vietnamien) et Jiří Kocourek (sociologie appliquée à l’éducation interculturelle). Eva Pechová et Jiří Kocourek sont actifs dans le milieu associatif et organisent des activités visant à sensibiliser le public tchèque. Ensuite, le deuxième groupe de specialistes est constitué d'ethnologues comme Iva Heroldová, Vera Matějová, Zdeněk Uherek ou Stanislav Brouček, employés par l’Institut d'ethnologie de l’Académie des Sciences. Ceux-ci étaient financés et organisées par l’état surtout avant 1989 ainsi que dans les années 1990. Une des plus grandes recherches en ethnologie financé par le Ministère de l'Intérieur fut réalisée par Stanislav Brouček. Les résultats de ses donnés collectées pendant pas moins de trois ans auprès d'individus d’origine vietnamienne résidant en milieu urbain en République tchèque furent publiés en 2003 sous le titre de ‘Les problèmes d’adaptation de l’ethnie vietnamienne en République tchèque’. Brouček présente la diaspora vietnamienne comme un groupe homogène sans mettre suffisament l’accent sur ses dynamiques internes. En réalité, des études plus récentes menées par le centre de recherche géographique Geo-migrace portant sur l’intégration des étrangers en République tchèque et plus spécifiquement les études menées par Tereza Freidingerová sur la population vietnamienne révèlent que celle-ci est très hétérogène et intérieurement hiérarchisée en fonction de la génération d'arrivée à laquelle ils appartiennent. Par ailleurs, il existe peu de sources ethnographiques portant sur la situation des vietnamiens en République tchèque avant 1989. Néanmoins, le fait qu’il y ait eu plusieurs études réalisées dans le cadre d’une initiative gouvernementale à travers l'Institut d'ethnologie et du folklore à Prague explique que, à côté des statistiques formelles menées au sein des usines par l'administration tchécoslovaques qui portait uniquement sur le nombre de vietnamiens employés et le contrôle de leurs conditions de travail, l’étude de la 15 population vietnamienne nécessitait encore une approche qualitative et les autorités publiques en étaient conscientes. En 1985, le gouvernement tchécoslovaque a demandé l’Institut d’Ethnologie de l’Académie des Sciences à aller dans ce sens en encourageant une recherche qui s'est conclue par le document IX -9-4/05 intitulé Les implications internes et internationales des processus ethniques : les travailleurs étrangers en République socialiste tchécoslovaque 7 portant sur les travailleurs contractuels. Les ethnologues Iva Heroldová et Vlasta Matějová ont choisi les Vietnamiens en tant que groupe d’échantillon parmi d'autres groupes de travailleurs provenant de Cuba, de Pologne ou de Bulgarie, et ce pour deux raisons : « a) Les travailleurs vietnamiens représentent dans le passé récent, le présent [1985], et probablement dans les décennies à venir le groupe le plus nombreux provenant d'un pays non-européen, et vivant sur le territoire depuis le plus longtemps, b) c’est la présence de travailleurs vietnamiens qui a provoqué la nécessité d'apporter une solution à la problématique sociale causée par la présence de travailleurs étrangers ». (Heroldová, Matějová, 1987: 195). L’étude visait à comprendre la manière de vivre et la culture des vietnamiens résidant sur le territoire tchécoslovaque, notamment à travers l'observation des attitudes et des relations existantes entre la société dominante et les vietnamiens. Les ethnologues étaient censés étudier les causes de l' « ignorance mutuelle, l'étrangeté, l'incompréhensibilité et la méfiance qui en résulte, la crainte que l'arrivée de grands groupes de travailleurs étrangers puissent perturber nos [les Tchèques] réserves, l'émergence de ressentis tels que: ils vont tout nous racheter, rien ne restera pour nous » (Heroldová, Matějová, 1987: 196), tout en cherchant des solutions pour résoudre l’incompréhension, la méfiance et la tension entre la société dominante et les travailleurs contractuels. Ces enquêtes réalisés dans des auberges et des lieux de travail sont des exemples représentatifs de la vie quotidienne des vietnamiens tout juste arrivés du Vietnam. Une thèse doctorale de Ngo Van Le, candidat vietnamien au département du folklore à Prague, constitue une autre source importante dans ce domaine et comble certaines lacunes des chercheurs tchécoslovaques, notamment en ce qui concerne la contextualisation historique de la situation au Vietnam, ainsi que la description de la culture spirituelle et matérielle traditionnelle des ouvriers. Les résultats de ses enquêtes ont exposé les problèmes qui relèvent des différences culturelles entre la société dominante d'accueil et les vietnamiens 7 Vnitřní a mezinárodní důsledky etnických procesů – zahraniční pracující v ČSSR 16 arrivant dans le cadre des Conventions bilatérales. En dépit de son caractère académique et de sa valeur descriptive, je suis consciente du fait que ces documents sont malgré tout idéologiquement chargés et qu'il faut prendre en considération les limites de ces résultats qui parfois cherchent surtout à promouvoir la fraternité et la fidélité entres les pays socialistes et être « l’exemple de l'internationalisme prolétaire en pratique » (Ngo, 1989 :8). Ces sources secondaires sont contrastées et complétées par ma propre étude qualitative, développée ci-dessous. 1.2. Les sources primaires :les documents historiques et les témoignages Afin de répondre à la problématique de cette recherche, qui porte sur les réseaux sociaux des immigrés vietnamiens résidant à Prague ayant put partir grâce au programme promu par l'internationale socialiste, ma démarche a été la suivante. Tout d’abord, il m'a fallu identifier les institutions qui ont participé à la prise en charge des citoyens vietnamiens arrivant en République tchèque, et comprendre les dynamiques de pouvoir à l’œuvre entre celles-ci. Ce programme d'immigration de travailleurs fut mis en place grâce à des conventions bilatérales, préparées et signées par les Ministères Fédéraux de la République Tchécoslovaque et par le gouvernement de la République socialiste du Vietnam. Cette étude se concentre sur le pays d’accueil, c’est-à-dire la République socialiste tchécoslovaque et sur la prise en charge des migrants vietnamiens. En fonction du type de convention et de la phase du programme, les ministères suivants furent impliqués : le Ministère de l’éducation, en charge des étudiants dans les premières phases du programme les années 1950 ; le Ministère du travail et des affaires sociales, en charge du programme concernant les apprentis et les travailleurs vietnamiens à partir de 1974 ; et finalement le Parti Communiste tchécoslovaque, en charge de la propagande idéologique ainsi que du bon déroulement du programme au niveau de la politique communiste entre les deux pays. Par conséquent, mes sources proviennent des archives du Ministère du travail et des affaires sociales, archives qui n’étaient pas du tout classifiées. Celles-ci me furent mise à disposition par la secrétaire qui avait été employée dans le bureau du Département des travailleurs étrangers depuis l’année 1973. Les archives du Parti 17 Communiste tchécoslovaque et du Ministère de l’éducation, quant à eux, sont disponibles à l’Archive nationale. Le but de ses sources était de communiquer les régulations provenant d'en haut, c'est-à-dire des ministères fédérales qui ont respectivement dirigés les ministères locales (de République tchèque et slovaque) et les délégations tchécoslovaques au Vietnam. Respectivement, il s’agit ici des conventions bilatérales, des protocoles d’application de ses conventions, des rapports de départements des ministères concernant la mise en place du programme, des bilans de réunions, de la correspondance provenant des organisations tchécoslovaques en charge des travailleurs. Les documents sont idéologiquement chargés et ils ne manquent pas les phrases convenant au marxisme-léninisme et à l'internationale socialiste. Il est donc nécessaire de tenir conscience de la potentielle distorsion politique, de la falsification, ou bien la censure imposée, ce qui présente la plus grande limitation de ces sources. Les lecteurs prévus étaient donc les hautes fonctionnaires, les cadres politiques, les employés administratifs des départements et les chefs des entreprises étatiques. Mes informateurs m'ont confiés qu'ils ont jamais vu une convention ou ils on jamais rempli un formulaire. Le programme suivait strictement la logique de l'approche top-down. Il s’agit de la source normative et prescriptive – il décrit ce que les cadres politiques et le pouvoir exécutif prévoyaient de faire. Mon analyse est ainsi fondée sur les connaissances que j'ai acquises au cours de 8 mes propres études , notamment au cours de mon mémoire de licence et de master 1, ainsi que sur les résultats d'études menées en République Tchèque par des chercheurs en sciences sociales, même si celles si sont susceptible d’être actualisées par cette présente étude. L’analyse des sources historiques est confrontée au micro-niveau par les témoignages que j’ai recueilli au cours d'entretiens semi-directifs, ainsi que par des récits de vie que j’ai recueilli entre les mois de mars et avril 2015. Les témoignages fournissent ainsi le matériel pour une analyse au niveau local, centrée sur le vécu individuel. 8 Vliv rodičů na integraci vietnamských dětí v české společnosti, [L’influence des parents sur l’intégrationdes enfants vietnamiens dans la société tchèque], mémoire de Licence en Anthropologie sociale sous la direction de Josef Kandert, Université Charles de Prague, 2011-2012 ; Les couples franco-vietnamiens : Négotiation des habitudes culturelles dans un environnement partagé, mémoire du Master 1 en Anthropologie sous la direction de Paul van der Grijp, Université Lumière Lyon 2, 2012-2013; Les Vietnamiens en République tchèque avant et après le 1989 (1974 - 2000): Une perspective transnationale et transgénérationelle, mémoire du Master TEMA sous la codirection de Nancy L. Green, Ecole des Hautes Etudes des Sciences Sociales, 2013-2015. 18 Avant tout, il est important de souligner le caractère artificiel de la situation d'entretien, construit par les participant-e-s (ici par le témoin et moi, la chercheuse). Les positions de ‘l’interrogé’ et ‘interrogatrice’ construisent ainsi une situation spécifique pendant laquelle l’interrogé est susceptible d’adapter ses réponses à ce qu’il pense être les attentes de la chercheuse et du sujet d’étude. Selon l’historien italien Alessandro Portelli, “les sources écrites et orales ne sont pas mutuellement exclusives. Elles ont des fonctions spécifiques ainsi que des caractéristiques autonomes et communes que seulement l'une ou 9 l'autre peut préparer (ou qu'un type de sources satisfait mieux que l'autre)». (Portelli, 1979: 33) L’entretien est effectivement par nature subjectif, tout comme les autres sources historiques. Cependant, l'entretien se distingue de ces dernières dans la mesure où il est provoqué par le chercheur ; la démarche n'est pas initiée par le témoin. La preuve visuelle de l’histoire orale est la transcription, même si elle n'est qu’une interprétation secondaire des vraies sources. Portelli explique que la transcription ne peut jamais exprimer toutes les nuances et notamment la forme (en particulier l’intonation, le rythme, le volume) d'une source sonore. Or, la tentation de remplacer l’enregistrement par la transcription dans un but scientifique se rapproche de la tentation de faire de la critique d’art à partir de reproductions, ou de faire de la critique littéraire à partir de traductions. Mon étude ne cherche pas à abolir le côté émotionnel de la narration, la façon dont la narration a affecté le narrateur ou bien comment celui-ci se positionne dans l’histoire. Les enregistrements seront donc mis à disposition du lecteur comme annexes. Mes interlocuteurs et leurs narrations sont considérés être des cas uniques, des exemples des catégories trouvées dans les documents officiels : des étudiants, des apprentis, et des travailleurs (dont les conventions ont été respectivement mises en place à partir des années 1950). Il s’agit ici de deux étudiants : une femme et un homme qui proviennent de différentes régions du Vietnam, de la capitale du Vietnam réunifié Hanoi et d'un village rural, respectivement ; un homme qui a passé deux ans comme apprenti et deux années dans une usine en Tchécoslovaquie ; d’un homme de la deuxième génération d'immigrés qui est venu en tant que travailleur contractuel à l’usine après avoir suivi son 9 “As a matter of fact, written and oral sources are not mutually exclusive. They have common as well as autonomous characteristics, and specific functions which only either one can till (or which one set of sources fills better than the other).“ 19 oncle, lui aussi en quête de travail ; et finalement un tchèque, qui a participé à ce programme et qui dès l'origine a fondé une entreprise de conseil juridico-économique pour les vietnamiens. Mes interlocuteurs étaient contactés et sollicités pour faire un entretien dans l'anonymat, pour les besoins d'une recherche académique grâce à la méthode dite « boule de neige ». Cette méthode permet de trouver des interlocuteurs à partir d'un premier informant (appelé « informateur clé » en ethnologie) qui connaît bien le cadre de la recherche et qui est bien inséré dans l'environnement d'étude – en l'occurrence la communauté vietnamienne travaillant au centre commercial et culturel SAPA à Prague. Cette personne, à travers son récit, m'a permis non seulement d'avoir un aperçu général de la structure interne de la diaspora vietnamienne et de leurs histoires d’arrivée , mais aussi d'obtenir des contacts parmi d'autres Vietnamiens. Ainsi, je fus par exemple accompagnée par une autre informatrice clé à une soirée de danse qui avait lieu au centre SAPA et où j'ai eu l’opportunité de rencontrer d'anciens étudiants universitaires tchécoslovaques qui résident aujourd’hui en Allemagne – des Vietnamiens allemands. Ceux-ci m’ont présentée à certains de leurs proches, ce qui a permis d'établir a priori une certaine confiance entre ces informateurs potentiels et moi, ainsi qu'une certaine aise pendant l’entretien. Naturellement, cette technique se limite à un nombre limité de Vietnamiens et donc ne permet pas d'obtenir un échantillonnage représentatif de la population vietnamienne en République tchèque. Ainsi, cette étude ne cherche pas à généraliser à partir de ces exemples, car celle-ci ne se base pas sur un échantillon représentatif de la population vietnamienne résidant en République tchèque ou à Prague. Les témoignages tentent plutôt de restituer la dimension 10 individuelle de l'histoire. Chaque immigré d’origine vietnamienne est considéré être un agent social ayant une volonté propre et une capacité de choisir. Mon travail s’appuie ainsi sur l'agency des migrants, même si cette migration a évidement été l'objet des institutions politiques. L’objectif est de démontrer que les Vietnamiens pouvaient agir d'une façon qui échappait au cadre normatif du programme politique et idéologique, alors qu'ils ne représentent qu'un sujet passif dans les documents officiels qui les commodifient comme "force de travail entièrement mobile", comme l'explique l’historienne Alena Alamgir dans 10 Loriga, Sabina, Le Petit x : De la biographie à l'histoire, Seuil, 2010. 20 11 a monographie . Les actes de débrouillage 12 seront décrits et analysés à partir des entretiens et des récits de vie afin de voir comment les Vietnamiens ont pu s'émanciper du cadre relativement strict des règles officielles et trouver une certaine autonomie, notamment en créant des réseaux sociaux qui leur ont permis d’assurer leur statut de groupe ethnique « bien adapté » qui persiste encore aujourd'hui. Ayant décrit les sources primaires et la méthode de la collecte de donnés, il est maintenant nécessaire de présenter la façon dont celles-ci seront traitées au niveau méthodologique. Je m’appuie sur le modèle conceptuel qui, à mon sens, répond effectivement aux besoins de l’étude interdisciplinaire et qui peut permettre de saisir sa complexité. Pour les besoins de l’analyse, je vais donc m’appuyer sur la division proposée par Frederick Barth qui, dans son ouvrage intitulé « The Anthropology of Ethnicity: Beyond 13 "Ethnic Groups and Boundaries" » , réitère ses positions datant de 1969 relatives au concept d’ethnicité. Dans le premier chapitre, traitant du rôle de l'’État comme agent actif dans la formation des frontières culturelles et dans l’organisation et la partition des sources disponibles pour différentes catégories ethniques, l’auteur accentue la nécessité de l’approche comparative dans l’analyse de ces processus. Afin de voir comment des politiques d’Etats fonctionnent et affectent ou créent les catégories ethniques, il nous faut travailler sur trois niveaux d’analyse. Il s’agit des niveau micro, intermédiaire et macroanalytique. Le niveau micro d'analyse est nécessaire pour indiquer les processus d'autoidentification, d'acceptation ou de refus de symboles et de communion sociale, ainsi que les processus d'interaction sociale grâce auxquelles l'individu façonne ses idées, ses valeurs, et son estime de soi. Ensuite, "un niveau médian est nécessaire pour représenter ce qui créé des collectivités et mobilise des groupes à des fins différentes par divers moyens." 14 (Barth, 2000: 21). Chaque groupe a des exigences différentes concernant sa reproduction, son leadership et son idéologie, son rapport à l'argent et au travail, et à la formation de divers stéréotypes sur les autres groupes. 11 12 13 14 Alamgir, Alena, Bureaucratic Disgruntling and Intimate Interventions: Vietnamese Trainees and Temporary Workers in (the Care of) State-Socialist Czechoslovakia, Rutgers University, 2013. De Certeau, Michel, L'Invention du quotidien, 1. : Arts de faire, éd. établie et présentée par Luce Giard, Paris, Gallimard, 1990 (1re éd. 1980). Frederick Barth, « Enduring and Emerging Issues in the Analysis of Ethnicity », in Vermeulen, Hans et Cora Govers (éd.), The Anthropology of Ethnicity. Beyond « Ethnic Groups and Boundaries ». Amsterdam: Het Spinhuis, pp. 11-32, 1994. “A median level and mobilize groups for different purposes by diverse means.” 21 Le dernier niveau d'analyse est le niveau macro des politiques de l’État qui, par la création de bureaucraties juridiques attribue des droits sur la base de critères formels. Les activités de chaque régime visent à contrôler et à manipuler l'information publique et le discours. Tous ces niveaux sont étroitement liés : le niveau micro forme la base du niveau médian qui, à son tour, créé des contraintes et modèle l'expression et l'action du peuple au niveau micro. Les organisations et les discours transnationaux et internationaux jouent un rôle important en particulier en ce qui concerne l'articulation des niveaux macro et médian. 1.3. Le Cadre Conceptuel et terminologique Les termes employés Cette partie ne cherche pas à questionner les définitions. En effet, plutôt que de s’engager dans un débat quant à l’employabilité des différents termes, ce chapitre cherche essentiellement à montrer la complexité de cas spécifiques d'immigrés d'origine vietnamienne à Prague à l’intérieur du contexte macro-social. Néanmoins, les termes constituant le cadre théorique seront présentés et leur emploi justifié, car leur définition ne va pas de soi. Je vais introduire ces termes dans leur contexte d’application. Aussi, leur signification sera traité d'un point de vue historique, constitué non seulement par des chercheurs en sciences sociales, mais aussi par l'auto-identification des agents sociaux et la société dominante. Pour ce faire, la partie conceptuelle sera complétée avec des exemples spécifiques. Les termes développés dans la partie descriptive suivante seront utilisés ensuite à l’intérieur du cadre théorique définit ci-dessous. Il s'agit des termes suivants : la collectivité (le groupe et catégorie) ethnique, transnationalisme, la diaspora, la famille d'immigrés, la théorie des réseaux et le capital social. 1.3.1. L’immigrant au pluriel : La collectivité (le groupe et la catégorie) ethnique L'émergence du groupe et de l'identité ethnique Les Vietnamiens à Prague seront appelés immigrés. Il est important de noter que la perception et les modes d'utilisation de la notion d'immigré diffèrent en fonction du contexte académique et juridique et varie aussi d'un pays à l'autre. Ce phénomène peut être 22 expliqué par les différences entre les histoires nationales respectives relatives à 15 l'immigration. En France , après une siècle de classification juridique des migrants seulement en fonction de leur nationalité, la notion d'« étrangers » est remplacée dans les années 1990 par celle d'« immigrés » dans l'espace social, politique, économique et culturel français ; la migration est dès lors considérée être un événement fondateur. Les travaux de M. Tribalat s'inscrivent dans ce contexte, puisqu’il montre les biais qu'apporte l’usage exclusif de la nationalité dans les classifications officielles. Il propose ainsi un nouveau critère qui combine le lieu de naissance et la nationalité à la naissance (Tribalat, 1989, 1991 et 1994). En abandonnant le critère de la nationalité au profit de celui du lieu de naissance, la catégorie de « l’immigré » fait désormais référence aux « origines » ou « ascendances ». 16 A l'inverse, en République tchèque, le terme d’étranger est toujours 17 employé dans la législation ainsi que souvent dans la plupart des travaux scientifiques. Les Vietnamiens à Prague constituent une minorité ethnique importante. Les Vietnamiens ont toujours été perçu comme un seul groupe homogène et représentent une des premières opportunités de rencontre de la majorité tchèque avec l'autre. Les problématiques relatives aux minorités étrangères en général et à la population vietnamienne en particulier ont longtemps été au centre des études de l’institut d’ethnologie, tandis qu'en Europe de l’Ouest et aux États-Unis, la question de l’immigration commença à être traitée par des écologistes humains avec l’école de Chicago 18 dans les années 1920, ainsi que par des sociologues, géographes sociales et des historiens dès les années 1960. En République Tchécoslovaque, plusieurs études furent menées avant 1989 par l'Institut pour ethnologique et du folklore à Prague à la suite d’une initiative gouvernementale. Ce travail, pionnier dans le domaine des travailleurs migrants (les saisonniers), fut réalisé dans les années 1986-7 et portait le nom suivant : Les 15 Depuis l’époque de la colonisation, la thématique d’immigration est devenue assez sensible en France. 16 17 18 Au cours de décennies, des nouvelles taxinomies étaient élaborées dans des travaux scientifiques. Ce phénomène peut refléter un bouleversement dans des catégories du monde social ce qui, à son tour reflète des changements dans des cadres de référence s’inscrivant dans le débat publique. Patrick, Simon, Nationalité et origine dans la statistique française. Les catégories ambiguës. Population (French Edition). 53e Année, No. 3 (May - Jun., 1998). pp. 541-567. Institut National d'Études Démographiques Accessible sur: « http://www.jstor.org/stable/1534261 » . Zákon č. 326/1999 Sb., O pobytu cizinců na území České Republiky - La loi traitant la résidence des étrangers sur le territoire de la République tchèque. Accessible sur : http://www.mvcr.cz/soubor/aktualizovane-uplne-zneni-zakona-326-1999-o-pobytucizincu-k-1-5-2013-pdf.aspx En France, l’immigration et son histoire a suscité l’intérêt des chercheurs surtout dans les années 1980, avec les pionniers de cette discipline, qui ont fondé le Musée d’immigratoion. Pour plus d’informations, voir les travaux de Gérard Noiriel, Patrick Weil et Nancy L. Green. 23 conséquences internes et internationales des processus ethniques : Les travailleurs étrangers en République tchèque (Vnitřní a mezinárodní důsledky etnických procesů: 19 zahraniční pracující v ČSSR) . Afin d'analyser l’adaptation des immigrés et leur cohabitation avec des autochtones tchécoslovaques, les ethnologues ont observé la vie d'ouvriers vietnamiens, cubains, polonais au sein des usines et fabriques. Il s'agit maintenant d'exposer dans les grandes lignes ce qu'est l'ethnicité. Les débats qui évoluent autour de ce terme sont incapables de saisir l'essence même de l'ethnicité. C’est à travers des études de cas seulement que des éléments de réponses peuvent être apportés afin de comprendre pourquoi et comment l’ethnicité apparaît dans des formes si diverses et variées. Par conséquent, ma recherche se doit de clarifier certaines 20 notions, notamment celui de groupe ethnique. Ainsi, dans ses travaux, Richard Jenkins 21 propose de nommer les collectivités humaines grâce aux deux processus mentionnés cidessous : la création de la catégorie telle que définie de l’extérieur, et du groupe en tant que collectivité, définie par la nature des relations de ses membres. Ce modèle aide à clarifier les relations de pouvoir et d’autorité à l’œuvre dans la vie quotidienne de la collectivité ethnique et montre que le fait d'être catégoriser peut influencer l’identité du groupe. Ainsi, l’objection que Rogers Brubaker, fait dans son livre paru en 2004 nommé « Ethnicity without groups » est prise en compte. Dans cet ouvrage réputé, l’auteur propose la substitution dans l’analyse de « common sense groupism », en tant que pratique de la 22 prise-en-soi de la notion de groupe social , par des catégories de pratique 23 (c'est-à-dire des catégories utilisées dans la vie quotidienne par des agents sociaux). La connaissance de ces catégories m'aidera à appréhender les connaissances « common sense » des membres de la société catégorisante, ainsi que des membres du groupe eux-même. 19 20 21 22 23 Heroldová, Iva et Matějová, Vlasta, “Vietnamští pracující v českých zemích: východiska, metoda, koncepce, cíl”, Český lid, 74 (4), 1987. Barth, Frederick. 1994. « Enduring and Emerging Issues in the Analysis of Ethnicity », in Vermeulen, Hans et Cora Govers (éd.), The Anthropology of Ethnicity. Beyond « Ethnic Groups and Boundaries ». Amsterdam: Het Spinhuis, p. 11-32. Richard Jenkins, « Rethinking Ethnicity : Arguments and Explorations », SAGE Publications Ltd, 1997, 200 p. Chapitre 5: Categorization and power, pp. 52-74 Non seulement ethnique, car chaque nombre des individus portants les traites sociales similaires, catégorisés selon quelque critère comme genre, traites biologiques,etc. Il s’agit dans la plupart des cas des catégories stigmatisants In original : Practical category 24 1.3.2. Transnationalisme – Translocalité Les pratiques dites transnationales sont analysées dans cette partie. Depuis les contacts diplomatiques entre le Vietnam et les pays soviétiques, la perspective d'étudier à l'Ouest a été très attractive pour les familles vietnamiennes afin d'améliorer leur situation économique et aussi, dans certains cas, afin de se promouvoir au sein du parti communiste. Parfois toutes les économies de la famille élargie étaient mobilisées afin d'assurer la mobilité du fils aîné. Les plus chanceux sélectionnés pour partir du Vietnam avaient une dette envers leurs parents et leurs ancêtres, qu'il fallait repayer par des envois réguliers d'argent ou même de marchandises tchécoslovaques (des vélos, des vélomoteurs, des machines à coudre etc. étaient promis aux étudiants qui réussissaient). Les règles qui régissaient les études et le travail à l'étranger ainsi que le comportement et les pratiques du quotidien des apprentis et des stagiaires étaient déterminées par l'ambassade du Vietnam à Prague. Les migrants, même s'ils faisaient preuve de bonne volonté, devaient faire face à des principes impitoyables : par exemple, les étudiant ou apprentis qui avaient de mauvais 24 résultats étaient constamment sous la menace de de devoir retourner au Vietnam . Les émigrés qui revenaient au Vietnam subissaient une certaine pression de la part de leur communauté qui exigeait la preuve que leur séjour était réussi. Il s'agissait non seulement de la réussite individuelle, mais surtout de la sécurisation de la réputation familiale. En général, même si l’immigré ne retourne jamais dans son pays d’origine physiquement, il existe toujours des contacts émotifs ( déracinement), économiques (rémittences), ou sociaux (dans la société vietnamienne, la notion de dette est très importante et suit la hiérarchie et le statut socio-économique familial). 25 Je m’appuie sur l’approche de Nadje Al-Ali, une doctorante enseignant l’anthropologie sociale à l’Institut des études Arabes et Islamiques à l'Université d’Exeter, et dont la recherche se focalise sur les questions des réfugiés, des migrants et du genre ; ainsi que de Khalid Koser, enseignant de géographie humaine à University College Londres. Leur approche s’inscrit dans la tradition épistémologique anti-essentialiste et donc ne néglige pas l’hétérogénéité qui se trouve au sein de chaque groupe diasporique, que ce soit des travailleurs transnationaux, des réfugiés etc. Dans la préface, les auteurs stipulent la nécessité de « saisir la différence générant les bases sociales de la formation de 24 25 Brouček, Stanislav, Historie imigrace z Vietnamu do českých zemí. Studenti http://www.klubhanoi.cz/view.php?cisloclanku=2005040901#1973 –met toujours la page Le Huu Khoa, Les Vietnamiens en France, L’insertion et l’identité, L’Harmattan, 1985. 25 a učni. l'identité et de la pratique sociale et donc à aller au-delà d'une construction homogène des «communautés transnationales» qui fait peu progresser le domaine au-delà des conceptualisations traditionnelles des groupes de migrants en tant qu'ensembles ethnonationaux singuliers. ». Ainsi, avec la prise en compte des pratiques transnationales, la migration n'est plus perçue en tant qu'anomalie mais en tant que représentation du monde globalisé. 26 Les auteurs aussi font l'analyse du rôle de l'Etat dans la mise en forme, l'encouragement ou la limitation des pratiques transnationales. (Al-Ali, Khoser, 2002: 3-4). Ainsi, Stuart Hall, sociologue réputé qui compte parmi les figures centrales des études culturelles britanniques, explique que l’expérience de diaspora, parce qu'elle est historiquement fondée, n’est pas définie par une quelconque essence, mais plutôt par la recognition d'une hétérogénéité et d'une diversité inévitable, ce que reflète le concept d’« identité » hybride. Selon Hall, l’identité culturelle se positionne toujours en fonction d'un contexte. (Braziel and Mannur, 2003: 244). Par ailleurs, force est de constater qu’il existe beaucoup de niveau à la transnationalité . Cela est reflété dans l'espace social : l'espace domestique (les pratiques des femmes comme le ménage), l'espace public (l’arène des hommes– comme le travail), l'espace discursif (l'arène mondiale des droits de l'homme), les espaces transactionnels (les recruteurs, l’espace culturel et religieux, les courtiers), les espaces institutionnels (ONG), et l'espace médiatique mondial. (Al-Ali, Khoser, 2002: 3) La notion de transnationalisme traverse la recherche sur les trois niveaux d'analyse (micro, intermédiaire et macro) et sur deux échelles temporelles. Au niveau macroanalytique, je vais examiner les contacts institutionnels : les contacts diplomatiques entre Etats qui conduisent à l'application de lois et à la fondation d'institutions locales qui influençent les phénomènes migratoires. Au niveau intermédiaire je vais analyser l’existence et les buts des organisations (but lucratif ou publique, non/gouvernemental) représentant la communauté et leurs droits ou intérêts ; et questionner si et comment ces organisations contribuent à la maintenance ou à la création de réseaux transnationaux. Enfin,, le niveau micro-analytique permettra de comprendre les activités transnationales individuelles, ou familiales.En ce qui concerne la dimension historique, il s’agit d'importantes formes de mouvements transnationaux à travers l'espace et le temps, telles que les circuits de migration de main-d'œuvre entre le Vietnam et d'autres pays socialistes 26 Appadurai, Arjun, Modernity at large: Cultural dimensions of globalisation, Public Worlds, Volume 1, 2005. Chapitre 2 Disjuncture and Difference in the Global Cultural Economy, pp. 27- 47. 26 pendant la guerre froide. Malgré le fait que les mouvements migratoires soient médiatisés et contrôlés par les institutions d’Etat, ceux constituaient en réalité des mouvements 27 circulatoiresdans la mesure où le taux de migration de retour (return migration) n'était pas négligeable, affectant la société au niveau communautaire et individuel (le parallèle peut être fait ici avec ce qui a été déjà dit ci-dessus en ce qui concerne les responsabilités et dettes des vietnamiens émigrés envers leurs proches : l’individu fait toujours partie intégrante d’une unité familiale, que ce soit au Vietnam ou dans les pays d’accueil). Selon le sociologue tchèque Kocourek, la migration de retour peut provoquer ce qu'il appelle « le mythe de l'Occident » – des images déformées de la vie à l'Ouest, façonnées par l'argent reçu d'un proche vivant à l'étranger, par le retour de Vietnamiens d’outre mer ou bien Việt Kieu (y compris ceux qui ne restent pas au Vietnam), ainsi que par les touristes occidentaux toujours plus nombreux à aller au Vietnam et qui vivent de façon très ostentatoire (Kocourek, 2008b: 238). En outre, comme le montre Kusnirakova, le nombre croissant des rapatriés représente une source d'informations positives sur la vie au-delà des frontières nationales, souvent parce que les vietnamiens n'aiment pas parler des choses négatives et n'aiment pas admettre l'échec. La sélection de l'information encouragent des conceptions erronées de la vie à l'étranger (principalement en Corée, à Singapour et aux États-Unis), ce qui est renforcé par les programmes de télévision qui sont omniprésents au Vietnam, même dans les régions reculées. (Kusnirakova, 2013: 48). Stanislav Broucek, ethnologue de l’Académie des sciences qui a participé à l'une des premières études de la communauté vietnamienne en République tchèque après la chute du régime communiste, concentre son regard notamment sur les attitudes des citoyens tchèques envers la population vietnamienne. Il note que «la situation des ouvrièrs vietnamiens face à l'exTchécoslovaquie fait partie d'une conscience continuelle de ce groupe d'immigrants. » (Broucek, 2003: 19). Selon Alena Alamgir, les rapatriés vietnamiens sentent une forte appartenance à la Tchécoslovaquie. « Non seulement ces rapatriés préfèrent associer avec les compatriotes qui ont subi la même expérience, les liens que leur "deuxième maison" restent très fortes aussi bien et continuent toute évidence, il construire sur les réseaux développés au cours de 27 Machteld Kuyper, « Return Migration to Vietnam : Monitoring the Embeddedness of Returnees », University of Amsterdam, the Netherlands, Nijmegen, January 2008. 27 28 l'ère d’ Etat socialiste ». (Alamgir, 2014: 7). Dans son étude menée au Vietnam entre juillet 2010 et fevrier 2011 (pour sa thèse doctorale en géographie sociale), Tereza Kušniráková, cherchait à découvrir quel était l'impact des migrations de vietnamiens précédent novembre 1989 sur leur propre vie. Elle cherchait aussi à étudier la relation de ces migrants à la Tchécoslovaquie et à la République tchèque et au peuple tchécoslovaque. Enfin, elle souhaitait comprendre comment cette expérience a affecté les migrations des proches de ces migrants, que ce soit leurs descendants, leurs parents ou leurs connaissances. Une forte migration de retour a contribué à la formation de réseaux sociaux qui, comme je vais démontrer dans la partie portant sur le capital sociale, représentent un facteur « push » très important dans la migration circulaire entre le Vietnam et la République Tchèque. Cette étude cherche donc à découvrir comment, dans le contexte normatif des relations inter-étatiques pendant la période communiste, les réseaux se sont formés et comment ils ont influencé l’adaptation des vietnamiens en République tchèque. 1.3.3. Diaspora A partir des critères tirés de la littérature portant sur les diasporas et notamment d'études de cas, est-t-il possible de considérer la population vietnamienne en République tchèque en tant que diaspora dont l’existence (spatialement contiguë et temporairement continue) (Ma Mung, 2012) est intériorisée par ses membres? Les politiques relatives au transnationalisme sont variées et diverses, tandis que la notion de diaspora tente de réunifier des identités particulières et présuppose un niveau d’homogénéité qui ne montre pas suffisamment la diversité et le pluralisme des communautés diasporiques. Par ailleurs, la littérature traite de la diaspora en tant que «groupe ethnique transnational». Le terme sous-entend donc aussi un certain niveau de transnationalisme dans la mesure où le groupe est étendu au travers des frontières nationales (ce qui peut aussi signifier l’absence d’intégration). La littérature traitant des politiques relatives aux diasporas 29 vise surtout à comprendre la participation politique transnationale et les identifications politiques, tandis que la littérature traitant des communautés transnationales traite aussi des réseaux sociaux et culturels, ce qui constitue 28 29 «Not only do these returnees prefer to associate with the compatriots who underwent the same experience, the ties to their “second home” remain very strong as well and clearly continue to build on the networks developed during the state-socialist era » Milton J. Esman, « Diasporas in Contemporary World », Polity Press, Cambridge, 2009. 28 l’intérêt principal de cette recherche. Fiona B. Adamson définit les diasporas comme étant des « structures sociales réelles, et non des communautés imaginées, produites par le mouvement des hommes et des femmes à travers les frontières internationales et par leur regroupement dans des enclaves résidentielles séparées, composées par des personnes de provenance ethnique similaire dans un but de protection mutuelle, d'assistance et de 30, 31 fraternité. » Les diasporas fonctionnent dans un ensemble trilatérale de relations qui impliquent 1) le pays d'origine, la patrie, son gouvernement, les sources d'information (les médias), la famille élargie et les amis ; 2) le pays d'accueil, le gouvernement et les institutions économiques, politiques, éducatives et d'information qui affectent la survie, le bien-être, et l'adaptation de la diaspora à son nouvel environnement, souvent relativement hostile ; 3) la diaspora elle-même et ses nombreux liens avec le pays d'origine, le pays d'accueil, et les segments de la diaspora présents dans d'autres pays et dans d'autres villes du pays d'accueil ». (Esman, 2009: 9). Alors que la diaspora est largement étudiée dans le contexte de la globalisation, je tente de retracer les fondements de ce phénomène dans le contexte des contacts entre états socialistes. En particulier, les réseaux sociaux, leur création et leur fonction au sein de la diaspora vietnamienne seront développés dans le cadre de cette recherche. Selon Milton J. Esman, un des plus grands spécialistes dans le domaine des conflits ethniques, la diaspora est constituée de la génération immigrante originelle et de sa progéniture. La survie de diaspora dépendend de cette descendance. Les jeunes vietnamiens dont les parents ont émigré du Vietnam entre les années soixante-dix et quatre-vingts représentent la génération d’espoir dans laquelle les parents avaient bien investi que ce soit au niveau des finances ou de l’éducation. Selon Le Huu Khoa, chercheur en sociologie des phénomènes d'exil vietnamien, dans le confucianisme, l’éducation des valeurs les plus importantes. Aussi, à travers le culte des ancêtres, les parents tentent de motiver leurs enfants à persévérer pour dans leur vie familiale, spirituelle et économique. (Le Huu Khoa, 1985). Les parents vietnamiens font des efforts pour permettre à leurs enfants d'accéder à l’intégration 30 Fiona B. Adamson, “Constructing the Diaspora: Diaspora Identity Politics and Transnational Social 31 Movements”; Paper prepared for the 49th Annual Meeting of the International Studies Association, San Francisco, CA, March 26-29 2008 “… real social structures, not imagined communities, produced by the movement of men and women across international borders and the clustering together in separate residential enclaves of persons of similar ethnic provenance for mutual protection, assistance, and fellowship.” (Esman, 2009 : 9) 29 32 instrumentale dans la société tchèque, tout en planifiant leur cursus d'études supérieures. De façon assez pragmatique, l’apprentissage de la langue du pays d’accueil est surtout un moyen de s'intégrer et réussir à l’école. Pour la première génération de vietnamiens qui ne maîtrisent pas la langue tchèque, il leur est possible de l'apprendre grâce à des nourrices tchèques, souvent des femmes ou des couples tchèques retraités, qui gardent des enfants vietnamiens en échange d’une rémunération financière. 33 Ces échanges entre les parents vietnamiens et les pensionnaires tchèques sont plus en plus fréquents et peuvent être vues comme une intégration sociale réussite au niveau local (le quartier), ou bien simplement comme le résultat de l'attitude pragmatique des vietnamiens par rapport à l’éducation. 1.3.4. Théorie des réseaux (Network Theory) Malgré sa popularité actuelle, le sujet des réseaux sociaux n'est pas nouveau pour les chercheurs qui s'intéressent aux migrations internationales. Dans les années 1960 et 1970, ceux-ci ont étudié le processus de migration de chaîne et le rôle joué par les parents et les amis qui fournissent des informations et facilitent ainsi la migration. (Pour plus d’information, voir Anderson, 1974; Mac- Donald and MacDonald, 1964; Ritchey, 1976; Hugo, 1981:195-205). Toutefois, selon Monica Boyd, les tendances actuelles de migration et les nouvelles conceptualisations de la migration s'intéressent dorénavant davantage au rôle de la famille, des amis et des réseaux communautaire. 34 (Boyd, 1989: 639). Roger Waldinger est professeur de sociologie et travaille dans la domaine des migrations internationales. Dans son article traitant des réseaux d’immigrants présents sur le marché du travail, il démontre l’attractivité de la théorie des réseaux, car celle-ci éclaire l'intégration de décisions a priori individuelles dans des structures sociales, ce qui à la fois dépasse les théories individualistes de la migration et fournit un lien entre les niveaux macro et micro d'analyse. De façon générale, les effets que les réseaux ont sur l'intégration du groupe minoritaire sont ambigus, comme le montre Elizabeth Grieco, sociologue et démographe : «les réseaux de migrants renforcent les liens que les migrants ont avec leur société d’origine, tout en limitant efficacement les contacts avec la communauté plus large 32 33 34 Selon Le Huu Khoa, il s’agit de l’intégration dans le système scolaire et professionnel/économique dans la société d’accueil Adela Souralova "She Gave us Family Life": Vietnamese Immigrant Families and their Czech Nannies Redefining Relatedness, Urban People, 15, 2, 2013. However, current migration patterns and new conceptualizations of migration underlie more recent interest in the role of family, friendship and community based networks. 30 de destination ... Cela maximise simultanément le nombre et la force des liens avec des membres de la société de l'origine, tout en minimisant le nombre et le besoin de liens avec 35 les membres de la société d'accueil » (Grieco, dans Cassarino, 2004: 247). Or, étant donné les réseaux présents sur le marché du travail et le fonctionnement des ressources qui circulent , Waldinger montre le point faible de la théorie de réseaux. Tout d’abord, la théorie des réseaux est une théorie de l'offre de l'immigration qui souligne une «logique universelle qui s'installe quand le réseau est étendu et élaboré ». Cela est consistent avec ce que Massey et ses collaborateurs (1994) affirment : « tout ce qui est nécessaire pour qu'un réseau de migrants se développe, c'est que la personne soit au bon endroit au bon moment (italique ajouté) et ainsi obtienne une position qui lui permette de distribuer des emplois et des faveurs à d'autres personnes de sa communauté » (Massey, et al. 1994, 1501 dans Waldinger, 1997: 3). En effet, une fois mis en place, les réseaux s’auto-reproduisent car chaque membre recrute des amis ou des proches de son propre groupe, et les entrepreneurs migrants savent saisir les opportunités que leurs associés dans la communauté ont déjà identifié. Les réseaux mettent en contact des travailleurs experiencés avec les nouveaux arrivants, permettant une transmission rapide des informations quant aux opportunités d'embauche et de création d'entreprise. Finalement, l'étude sur le flux incessant des migrations transnationales de Massey et al., qui repose sur une analyse de dix-neuf communautés mexicaines, ne réussit pas à décrire les conditions grâce auxquelles un leader dans le groupe ethnique se forme ou bien comment cette personne se trouve être « au bon endroit au bon moment ». (Waldinger, 1997). En m’appuyant sur la critique présentée par Waldinger, mon étude tente de préciser quelles sont ces conditions qui permettaient l’ascension sociale des immigrés pionniers et la structuration interne de la diaspora vietnamienne en République tchèque avec une propre hiérarchie sociale. Il ne s'agit pas ici d’identifier des modèles de l’immigration vietnamienne en République socialiste tchécoslovaque et République tchèque. 36 Tout d'’abord, cette étude cherche à décrire les conditions externes qui ont conduit à la 35 36 “Migrant networks strengthen the links migrants have to their sending society while effectively limiting contacts with the broader destination community … This simultaneously maximises the number and strength of ties with members of the origin society while minimising the number and need for ties with members of the receiving society.” Pour plus d’information sur les tendencies migratoires des Vietnamiens dans le context géo-politique et économique du Vietnam et les facteurs stimulant la migration internationale vietnamienne voir la monographie de Tereza Freidingerová, Vietnamci v Čestku a ve světě : migrační a adaptační tendence , Sociologické nakladatelství (Slon), 2014, p. 230. 31 formation des réseaux ethniques, notamment dans le cadre de l’internationale socialiste, en se focalisant sur le pays d’accueil. Ensuite, je tente d’identifier et d'analyser les facteurs internes qui ont permis la création de ces réseaux et la fondation de la diaspora vietnamienne au sein de la République Socialiste Tchécoslovaque. Les sujet d’analyse sont donc les pères fondateurs de la diaspora vietnamienne et leur progéniture. C’est l’existence de la communauté initiale/pionnière maîtrisant l’environnement social et économique tchèque qui a ensuite permis la migration circulaire et la perpétuation de l’immigration provenant du Vietnam. Selon Massey et al., « Les connexions à l’intérieur du réseau de relations constituent une forme de capital social dans lequel les gens peuvent puiser pour accéder à l'emploi en dépit du fait qu'ils sont étrangers. Une fois que le nombre de migrants atteint un seuil critique, l'expansion des réseaux réduit les coûts et les risques dus aux mouvement, ce qui augmente la probabilité de migration et entraîne un mouvement supplémentaire qui étend davantage les réseaux, et ainsi de suite. Au fil du temps le comportement migratoire se propage vers 37 l'extérieur pour englober des segments plus larges de la société d'origine.» (Massey et al., 1993: 448). Le capital social compris dans les réseaux sociaux et familiaux est donc le dernier concept clef de cette étude. 1.3.5. Le capital social Au cours des quatre dernières décennies, les chercheurs en études migratoires essayé de trouver une théorie qui pourrait expliquer le phénomène de la migration circulaire ou la persistance des courants migratoires. La théorie des réseaux sociaux est désormais une théorie qui permet d'articuler les théories macro et micro-économiques, et ce grâce à la juxtaposition d'une part du concept de l’action rationnelle de l'individu mobilisé par les économistes, et d'autre part, de l'idée de super-imposition de l’organisation sociale et institutionnelle présenté par des sociologues. Selon Roger Waldinger, « les réseaux fournissent les mécanismes qui servent à connecter progressivement un premier groupe, très sélectif, d'immigrés avec une base de plus en plus large d'adeptes dans le pays 37 “Network connections constitute a form of social capital that people can draw upon to gain access to foreign employment. Once the number of migrants reaches a critical threshold, DOUGLAS S. MASSEY ET AL. 449 the expansion of networks reduces the costs and risks of movement, which causes the probability of migration to rise, which causes additional movement, which further expands the networks, and so on. Over time migratory behavior spreads outward to encompass broader segments of the sending society.” 32 38 d’origine ». Pierre Bourdieu fut le premier à utiliser le concept de capital social. Dans son analyse des trois états du capital culturel, Bourdieu présente l'habitus des pratiques culturelles apprises à force d'exposition à des rôles modèles au sein de la famille et d'autres environnements, comme une partie intégrante du capital humain, (Bourdieu, 1979). Le capital social selon Pierre Bourdieu est défini comme « l'ensemble des ressources soit réelles soit potentielles qui sont liées à la possession d'un réseau durable de relations plus ou moins institutionnalisées de connaissance mutuelle ou de reconnaissance ». 39 Une trentaine d’années plus tard, Alejandro Portes explique que « le capital social correspond à l’habilité des acteurs de s'assurer des avantages par l’appartenance à des réseaux sociaux ou d'autres structures sociales ». 40 Pour éviter les tautologies, il est désormais important de distinguer les sources acquises à travers des réseaux sociaux et le capital social en soi. Étant donné que l’éducation est une des valeurs les plus importantes chez les vietnamiens et qu'elle est perçue comme étant un outil pour l’ascension sociale, les enfants sont motivés pour réussir à l’école. Dans ce cas là, il s’agit d'un capital culturel universel, mais le niveau de l’éducation et le prestige de l’école varie selon les ressources de chaque famille et selon l’insertion économique des parents. Par exemple, les enfants des parents qui ont acquis une stabilité économique sont motivés pour étudier dans des écoles privées ou bien à l’étranger, en particulier en économie appliquée, contrairement aux enfants des familles modestes, qui poursuivent leur éducation dans des écoles publiques. 41 Comme je l'ai démontré au sein de mon mémoire de licence , le conflit intergénérationnel peut être nourri par différentes visions quant à la spécialisation idéale pour l'enfant. Comme le décrit le sociologue De Haas dans son quête sur la théorie des dynamismes internes aux processus de migration, on ne sait pas encore dans quelles conditions les premières démarches des migrants pionniers provoquent (ou ne provoquent pas) l'expansion des réseaux de migration et la formation des systèmes de migration. (De Hass, 2010) 38 39 40 41 “Networks provide the mechanisms for connecting an initial, highly selective group of seedbed immigrants with a gradually growing base of followers back home” (Waldinger, 1997: 2) “the aggregate of the actual or potential resources which are linked to possession of a durable network of more or less institutionalized relationships of mutual acquaintance or recognition” (Bourdieu 1985, p. 248; 1980) “Social capital stands for the ability of actors to secure benefits by virtue of membership in social networks or other social structures.” (Portes, 1998: 6) L’influence des parents sur l’intégration des enfants vietnamiens dans la société tchèque, mémoire de Licence en Anthropologie sociale sous la direction de Josef Kandert, Université Charles de Prague, 2011-2012. 33 L’étude de cas présentée ici a notamment pour but d’analyser les conditions d'existence des réseaux sociaux des migrants présenté et de montrer comment les réseaux vietnamiens se sont formés au sein de l’immigration guidée. Dans cette étude, je voudrais attirer l'attention sur le fait que les spécialistes des migrations doivent aller au-delà de la conceptualisation restreinte des réseaux sociaux basée sur la communauté ou les relations de parenté, car au cours des trajectoires des migrants vietnamiens, il est possible d'observer des agents sociaux qui se sentent peu solidaires avec la communauté mais sont malgré tout centraux à son fonctionnement. Il s’agit par exemple des agents de médiation qui ne cherchent que le profit (ils seront présentés plus loin dans ce travail). Coleman examine trois formes du capital social : 1) les normes sociales appliquées par le groupe, 2) les canaux d’information et 3) les attentes et les obligations. Premièrement, les normes et les sanctions du groupe sont un moteur social important chez les vietnamiens, étant donné qu’ils déterminent qui va pouvoir émigrer ou pas. Selon la hiérarchie interne à la famille, le fils aîné est obligé de prendre soin de ses parents âgés et de s'occuper du culte des ancêtres, tandis que celui qui considéré être le plus ambitieux et ayant le plus de facilités intellectuelles est soutenu financièrement pour pouvoir émigrer afin d’améliorer sa condition de vie et celle de sa famille. Chez les vietnamiens, l’éducation est la base du capital culturel et la valeur la plus transmise entre les générations. Deuxièment, l'article de Roger Waldinger propose une reconceptualisation du rôle des réseaux sociaux immigrés sur le le marché du travail, argumentant que l’information diffusée au sein des réseaux devient souvent très limitée. En effet, les réseaux fonctionnent en tant que «champs d’informations personnels » qui se canalisent et contraignent les options disponibles pour les immigrés sur le marché et créent une niche économique. (Waldinger, 1997: 4) Finalement, les attentes et les obligations des immigrés sont un élément important notamment au niveau du clan familial. en ce qui concerne l’insertion des enfants de vietnamiens sur le marché du travail en République tchèque, il est possible de constater une rupture entre le capital culturel acquis pendant l’éducation et sa mise en valeur plus tard. Comme le montrent mes entretiens, les parents attendent que leurs enfants une fois diplômés réussissent sur le marché du travail. Si ce n’est pas le cas, l’enfant est supposé travailler au sein de l’entreprise fondée par ses parents. Mon informant, M. Pham, m’a fait parte d'une métaphore à ce sujet : « les parents attendent de leurs enfants qu’ils prenne le train en marche : il faut que celui-ci maintienne sa vitesse ou qu’il en prenne davantage. Il 34 ne faut pas ralentir le train ». 42 Ainsi, à travers le capital social, les acteurs peuvent accéder directement aux ressources économiques (des prêts bonifiés, des conseils d'investissement, des marchés protégés); ils peuvent augmenter leur capital culturel à travers des contacts avec des experts ou des individus de référence (appelés par Pierre Bourdieu capital incorporé); ils peuvent aussi s'affilier avec les institutions qui leur confèrent certains pouvoirs (c’est-àdire le capital culturel institutionnalisé). (Portes, 1998: 4). Le capital social était perçu par la plupart des chercheurs pionniers comme un outil qui facilite la réussite, comme le montrent par exemple les études sur l’éducation de Pierre Bourdieu ou de James Coleman 43. Cependant, vu sous l'angle du travail et du marché, certains sociologues comme Roger Waldinger se sont interrogés sur les effets négatifs de l’insertion des individus dans les réseaux ethniques. Une des questions que je me suis posée au cours de cette recherche et qui a peut être été répondue grâce au concept du capital social et à la théorie des réseaux sociaux est la suivante : est-ce que l’existence de réseaux sociaux conduit à une isolation accrue de la deuxième génération des immigrés vietnamiens ou bien facilite-t-elle leur intégration dans la société tchèque ? En ce qui concerne les vietnamiens, il est indispensable d'identifier qui sont les fournisseurs du capital social, qui sont ceux qui peuvent en profiter et qui effectivement en profitent, et finalement, qui assure la médiation entre la création du capital social et son acquisition. En faisant la distinction entre ces trois types de personnes, il est possible de comprendre davantage la complexité des relations sociales vietnamiennes. Pourtant, à mon sens, les chercheurs tchèques ne mettent pas suffisamment l'accent sur cette distinction Celle-ci n'est pas donnée et je souhaite mettre l’accent sur l'agency des acteurs sociaux, sur leur possibilité de choisir d’accepter ce capital social en fonction de leurs obligations, de leurs contraintes et des hybridations de leur tradition. 42 43 “Rodiče očekávají, že na ten vlak naskočí a měl by ho udržet a zrychlovat. Rozhodně by ho neměl zpomalovat”. L’entretien , le 10 mars 2015. Il est intriguant que malgré son application du concept du capital social au sein d’étude de la réussite scolaire, James Coleman ne cite pas le pionnieur Pierre Bourdieu et son concept du capital culturel, qui était aussi mobilisé en tant qu’un outil explicatif des différents résultats des enfants provenant des différentes classes sociales. 35 1.3.6. La famille d’immigrés La famille d'immigrés représente un agent principal de ma recherche. Les immigrés vietnamiens résident à Prague ne sont pas regardé en tant qu'individuels, mais je focalise sur l'unité familial en totalité avec une prise en compte des réseaux familiaux de la famille 44 élargie au delà des frontières d'état nation. Je suis d’accord avec Jacob Mincer , qui accentue la famille en tant qu’un moteur décisif dans le processus d’immigration. L’immigration ne doit pas être une décision strictement individuelle, autant plus au Vietnam, où l’esprit communautaire et les devoirs envers les parents signifient les valeurs les plus importants. (Le Huu Khoa : 1985). Selon la doctorante spécialisée dans la domaine de géo-migration Tereza Kusnirakova, « En particulier, la position des migrants potentiels dans la famille et d'autres membres de la famille semble être l'un des principaux facteurs externes qui influent sur les décisions de migration des travailleurs migrants vietnamiens. 45 (Kusnirakova, 2013(b) : 32) La famille est une unité centrale pour l’immigré même, quant aux sources économiques, sociales voir émotives. La famille représente aussi la première fondation du capital sociale de la personne, qui, d'en doté, va profiter au cours de processus migratoire. Il est important de considérer la notion de la famille en termes culturels, car elle se diffère au Vietnam et à la République tchèque. La société Vietnamienne, fortement collectiviste, contrairement à la société tchèque individualiste, est basée sur la présence de la famille. Au sein de son étude parmi les interlocuteurs, Broucek arrive à l'observation d' « une déclaration de conscience que leur immigration vers la République tchèque n'est pas un acte de l'individualisme, c'est à dire de la priorisation des propres intérêts de l'individu qui migre, mais plutôt une responsabilité d'une collectivité familiale.» (Broucek, 2003: 24). Dans son étude des structures familiales au Vietnam, Danièle Bélanger, sociologue et démographe canadienne avec un intérêt particulier en Asie analyse la composition des 46 ménages en tant qu'un outil pour la connaissance de la société vietnamienne. Ainsi, elle présente une analyse sémantique : « En langue vietnamienne, le mot famille (dia ginh), désigne d'abord le groupe familial formé par les parents et leurs enfants célibataires. Ainsi, 44 45 46 Jakob Mincer. 1978. „Family Migration Decisions.“ Journal of Political Economy 86 (5): 749-773 “Především pozice potenciálních migrantů v rodině a k ostatním členům rodiny se zdá být jedním ze zásadních vnějších faktorů podmiňujících migrační rozhodování vietnamského migrant” Danièle Bélanger, « Modes de cohabitation et liens intergénérationnels au Vietnam », Cahiers Québécois de la Géographie, Volume 26, numéro 2, automne 1997, p. 215-245. 36 les relations d'alliance et de filiation directe sont à la base de la représentation de la famille. » (Bélanger, 1997: 220). La famille vietnamienne est traditionnellement fondée sur l'ordre du Confucianisme, néanmoins, au cours d'histoire, la réalité était bien plus complexe, et variait des principes confucéennes respectés en Chine. « La famille confucéenne se caractérise par une hiérarchie austère entre les sexes et les générations : elle est patrilinéaire, patriarcale et patrilocale. » (Bélanger, 1997: 217). Néanmoins, le contexte historique et géographique au Vietnam a modifié et adapté les règles provenant de la Chine. S’appuyant sur les sources littéraires, j'arrive à constituer que le culte des ancêtres joue un rôle plus important sur les pratiques familiales que Confucianisme dans le Vietnam postcolonial moderne. Pourtant, les règles de patrilocalité, patriarchat sont discutables au contexte d'histoire complexe de Vietnam. Dans certains cas, la fille rentre à la maison de ses parents, principalement afin de prendre soin d'eux ou de culte des ancêtres. Deuxièmement, la période longue de la guerre au Vietnam a influencé les structures démographiques et négocié le statut de chef de ménage. Les femmes vietnamiennes sont devenues très autonomes et capable de prendre soin non seulement d'intérieur de ménage (suivant la division de rôles de genre traditionnelle), mais aussi à l'extérieur, en faisant de la commerce et de s'occuper de budget de la famille. (Bélanger, 1997). En outre, pendant les réformes économiques et agricultures de Doi Moi dans les années 1980, l'idéologie socialiste tentait de reformer aussi les structures hiérarchiques de sexe et d'instaurer la société égalitaire. Néanmoins, la notion de la piété filiale et de grand respect envers les parents, ancêtres, authorités et les personnes âgés est toujours omniprésente au sein de la famille vietnamienne. (Khoa : 1985) Sociologue Eleonor Koffman 47 propose dans son étude une typologie des familles d'immigrants, divisé en trois catégories. Dans le premier cas il s'agit des familles nouvellement crées, où les motifs d'immigration sont dans la plupart des cas le mariage. Ce type peut être distingué aux deux sous-types : soit il s'agit de la deuxième ou troisième génération des immigrés qui emmènent leur fiancé/e de l’étranger, soit de résident de la population majeure, qui a emmené une fiancé de pays où il/elle a séjourné. Le deuxième cas est la famille immigrée quand toute la famille nucléaire surpasse le processus de la migration et s'installe dans le pays d'accueil. La troisième catégorie, celle qui représente la plupart des familles incluses dans cette étude est la famille regroupée. Il s'agit des familles 47 Eleonore Kofman. 2004. “Family-Related Migration: A Critical Review of European Studies.” Journal of Ethnic and Migration studies 30 (2): 243-262. 37 crées à partir d'un migrant primaire, qui fait venir le reste de la famille. Quant aux processus légaux, les études migratoires incluent dans cette catégorie surtout les réfugiés et leurs membres familiaux, tandis que les familles des migrants travailleurs restent négligées. Pourtant, c'est effectivement cette catégorie là dont je vais analyser dans cette recherche. Ainsi, les sous-questions de recherche tentent de trouver une réponse en découvrant quelles étaient les conditions pour créer une famille, encadrées par le programme d’internationalisme socialiste? Quelles stratégies les Vietnamiens sont ils adoptés pour la formation du couple? Quelle est la raison d’un nombre très limité des couples inter-ethniques au sein de la République tchèque? 38 CHAPITRE II – LE PANORAMA HISTORIQUE ARTICULÉ AVEC LES ENTRETIENS L’histoire des contacts tchéco-vietnamiens La construction des relations mutuelles entre les deux pays a commencé le 2 février 1950 lorsque la Tchécoslovaquie a reconnu la souveraineté du Vietnam et les deux pays ont établie les relations diplomatiques. (Kušniráková, 2012). En raison des dynamiques géopolitiques importantes comme était renforcement du pouvoir communiste en Europe centrale, la victoire du Vietnam à Dien Bien Phu en 1954, la dissolution du Vietnam au Nord et au Sud et en raison de l'offensive des États-Unis, la République socialiste tchécoslovaque a gagné un nouveau partenaire exotique suivant les relations diplomatiques établies avec les autres pays comme étaient la Chine, L'Union des républiques soviétiques socialistes et la Mongolie. Le début de la migration de la République démocratique du Vietnam vers la République socialiste tchécoslovaque est marqué par l'arrivée des individuels et du cent enfants qui sont accueilli dans un orphelinat au nord de la République à côté de la ville du Liberec. Ce début est symbolique dans le sens qui a pris la politique de l'accueil des émigrés vietnamiens. L'idée principale derrière cette aide paternaliste envers le pays en guerre était de côté de la République socialiste tchécoslovaque notamment la propagande du marxisme-léninisme contre «l’agression impérialiste» américaine. (Alamgir, 2014). Jusqu'à la fin des années 1970 la migration vietnamienne guidée était mise en place avec un accent sur l'éducation et l'acquisition de connaissances, l'expérience et les compétences. La plupart des migrants étaient des étudiants, des apprentis et stagiaires vietnamiens et la migration a été perçu comme un soutien social au pays pauvre. En 1967, le groupe composé par des apprentis, stagiaires et étudiants en cours de ses séjours était complété par à peu prés 2100 travailleurs ouvriers. La nouvelle convention était signée en 1974 en remettant l'arrivée des neuf lots des Vietnamiens venant pour le programme d'apprentissage. En 1979 et 1980 la signature des deux autres conventions a amené encore des nouveaux stagiaires et des apprentis avec les contrats d'une durée limitée permettant l'emploi/le pratique de fabrication au sein des usines suivant l'apprentissage (Brouček, 2004). Lors de la migration des années 80 a été présenté comme soi-disant une “win-win39 win” migration, c'est-à-dire qu'elle était bénéficiaire théoriquement pour tous les trois partis – le Vietnam, la Tchécoslovaquie et les migrants. (Kušniráková, 2012). Leur nombre a été le plus élevé entre l'année 1980 et 1983, tel que marquées par le séjours du 30 000 personnes d'origine vietnamienne en République socialiste tchécoslovaque. Ce nombre a progressivement diminué d'un tiers jusqu'à l'expiration des conventions internationales en 1990. (Brouček, 2004: 8). L'expiration et résiliation des conventions présentent une rupture pour les Vietnamiens, qui n'avait pas encore fini leur contrats et qui ont réussi de rester sur le territoire de la République socialiste tchécoslovaque malgré la pression du gouvernement tchécoslovaque visée leur départ. Les réformes économiques de l'ouverture de marché Doi Moi au Vietnam précédentes ensemble avec le processus de la transformation économique et politique en République socialiste tchécoslovaques sont donc un stimulus importante pour la nouvelle immigration spontanée et la ré-immigration des retournés. (Kušniráková, 2012: 46) La présente chapitre serve en tant qu'un panorama historique pour la mise en contexte de l'arrivée des Vietnamiens, et est donc une ouverture pour la dernière chapitre analytique. La période traitée est découpée en trois parties suivant les phases importantes du programme d'internationale socialiste avec la dernière qui met l'accent sur l'année 1989 en se terminant en 1993, l'année de la séparation de la République fédérale tchécoslovaque en deux Républiques autonomes. 2.1. Le programme des travailleurs apprentis 1974-1979 L'année 1973 est marquée par une divergence dans les relations diplomatiques et dans le programme de la main-d'œuvre vietnamienne sur le territoire tchécoslovaque dans le sens où le côté vietnamien a intensifié la pression sur le gouvernement tchécoslovaque afin de leur faire accueillir plus grand nombre des apprentis et des stagiaires qu'avant. Du 18 au 26 Juin 1973 à Prague les négociations étaient menées entre la délégation du gouvernement de la République démocratique du Vietnam et le ministère fédéral du Travail et des Affaires sociales de la République socialiste tchécoslovaque sur les 40 possibilités et les formes de la formation des travailleurs – des citoyens vietnamiens48. La délégation vietnamienne a expliqué ses idées actuelles et futures sur la préparation de travailleurs qualifiés pour la reconstruction et le développement de leur économie. Puis, la partie vietnamienne à l'égard de l'expérience positive de formation 2100 citoyens vietnamiens, qui avait eu lieu depuis 1967, a demandé l'adoption des 12.000 citoyens vietnamiens pour l'apprentissage dans les années 1973-1975. Même si le côté tchécoslovaque a exprimé les limites dans la sécurisation du logement pour cet nombre des citoyens prévu, il a été convenu que au cours de l'octobre et novembre 1973 les premiers 2000 personnes sera accueilli. Au cours de chaque année suivante les 4500 personnes en 1974, les autres 4500 en 1975 et les 1000 en 1976 sera accueilli. Ainsi, les citoyens âgés de 17-25 ans qui ont terminé l'enseignement général de base seront envoyés dans des organisations tchécoslovaques. Ainsi, les citoyens ayant fini l'apprentissage pourront venir en République socialiste tchécoslovaque afin d'améliorer leurs compétences professionnelles. Vu qu'il a stipulé la nécessité de la mise en œuvre d'une nouvelle convention traitant cette problématique. Cette protocole a donc servie en tant qu'une base administrative pour la mise en place du traitement de la coopération entre République socialiste du Vietnam et République socialiste tchécoslovaque par la Convention entre la République socialiste du Vietnam et République socialiste tchécoslovaque de la formation des citoyens vietnamiens dans des entreprises tchécoslovaques signé en 1974. Les bases idéologiques du programme vu de la perspective tchécoslovaque se reflète dans la fiche de la réception d'une délégation de l'Assemblée nationale de la République démocratique du Vietnam au sein de l'Assemblée fédérale de la République socialiste tchécoslovaque. Á cette occasion, le président de l'Assemblée nationale tchécoslovaque a résumé le but du programme: « Nous avons reçu vos jeunes, les travailleurs et les techniciens qui sont venus ici pour améliorer leurs qualifications comme de véritables frères. Nous ne voyons pas cela comme quelque chose pour laquelle nous prétendons crédit, mais - dans l'esprit de l'internationaliste prolétarienne - comme une obligation naturelle que nous avons envers un peuple qui lutté contre un poste avancé du 48 MPSV, “Protokol z jednání o přípravě občanů Vietnamské demokratické republiky v Československé republice”, v Praze, 26. června 1973. 41 socialisme en Asie du Sud-Est, et donc ont contribué à la défense de l'ensemble de la communauté de socialiste pays. »49 La Convention sur la formation et l'amélioration des compétences des citoyens vietnamiens a stipulé aussi les conditions pour l'accueil des stagiaires et les apprentis, stipulait l’organisation institutionnelle de la prise en charge des stagiaires vietnamiens. Ainsi, l'envoi de jeunes citoyens vietnamiens âgés de 17 à 25 ans était accordé, généralement avec au moins du sept ans d'études terminées, mentalement et physiquement capables de gérer les professions dans lesquelles ils doivent être formés. En outre, il était noté que l'âge supérieur de Vietnamiens sélectionnés sera avantageux pour le côté tchécoslovaque en termes de performances au travail. Les citoyens vietnamiens auront d'abord passer par une formation linguistique intensive pendant six mois, dont trois mois ils passeront dans des centres collectifs de l'apprentissage de la langue et trois mois dans les entreprises où ils seront aussi appris de se familiariser avec leur futur lieu de travail et le travail. Après cela, ils passeront par la formation. La délégation vietnamienne a souligné le besoin de préparer les cadres hautement qualifiés dans diverses professions dans le pays tchécoslovaque. Le ratio de la théorie et de formation pratique doit être réglé différemment et rationnellement selon les exigences de chaque profession. Le cursus restera de la durée du trois ans, malgré le fait que les citoyens vietnamiens soient d'âge supérieur à 15 ans contrairement aux apprentis tchèques. Au cours du programme de l'apprentissage des citoyens vietnamiens nous constatons de points faibles, présentés par des bilans des institutions comme les centres de l'apprentissage de la langue tchèque. Par exemple, l’institution sous la Ministère de l’éducation pour les affaires scolaires étrangères, La Maison du Jiří Wolker, a présenté ses objections par rapport au programme des l’accueil des apprentis.50 Entre les années 1970 et 1976, à peu près quatre groupes de quinze personnes chaque sont venus en République tchécoslovaque pour passer une période délimitée à trois ans de la préparation en pédagogie: une an et demi ils avaient pour la formation en langue tchèque, puis six mois en 49 50 NAČR, “Záznam z přijetí delegace Národního shromáždění Vietnamské demokratické republiky ve Federálním shromáždění ČSSR dne 16. Května 1974,” présenté le 6 juin 1974 au sein de la réunion de ÚV KSČ; fond 02/1, sv. 123., ar. j. 123, b. 6. NAČR, Dům Jiřího Wolkera, Zařízení Ministerstva školství ČSR pro školské styky se zahraničím. Připomínky k návrhům plánů opatření s VSR, KLDR a MoLR. 26.5. 1977. 42 formation en pédagogie au sein d’Université technique tchèque à Prague et la dernière année ils ont consacré à observations au sein des différents institutions d’enseignement secondaire professionnel, aux visites des fabriques, institutions etc. L’argument principale contre le programme de la formation des stagiaires était que l’effet de ces stages n’était pas adéquates aux coûts de financement et temps consacré à ce programme. Les stagiaires étaient plus âgés et au cours de ces trois ans ils ne maîtrisaient pas la langue tchèque et ils n’avaient pas les capacités conversationnelles. A côté de la Convention sur la formation et l'amélioration des compétences des citoyens vietnamiens, visant notamment l'aide matérielle, les deux pays ont débuté la coopération dans le domaine de la culture et la science. La Convention sur la coopération culturelle entre le gouvernement de la république socialiste tchécoslovaque et le gouvernement de la république socialiste du Vietnam était signée sur le fondement de la Convention sur la coopération culturelle entre République tchécoslovaque et République démocratique du Vietnam du 20 mars 1957 .51 Cette convention était signée le 21 mars 1977 à Hanoï dans l’intérêt de la poursuite de la consolidation et le développement des relations amicales et fraternelles entre les peuples des deux pays sur la base du marxisme-léninisme et l’internationalisme prolétaire et dans la constatation, que la convention ancienne a joué une rôle enrichissante par rapport au développement de l’amitié et la coopération de deux pays. La convention stipulait que les deux pays auront soutenu la coopération dans le domaine de la culture, l’art, la science, l’éducation, la presse, le film, la radio et la télévision, le tourisme, l’éducation physique et le sport. Ainsi, la réalisation des échanges scientifiques était prévue pour l’amélioration des compétences et de la qualification des cadres et l’échange de chercheurs, professeurs et les experts. La partie importante de cette convention stipulait la formation de cadres dans l’éducation supérieure, secondaire et formation professionnelle, ce qui permettait l’arrivée de Vietnamiens avec le but de poursuivre ou achever leurs cursus scolaire. Pendant les années 1976 et 1977 la République tchécoslovaque a assuré la bourse pour 150 étudiants vietnamiens. 51 NAČR, Federální Ministerstvo zahraničních věcí, Dopis Ministerstvu školství ve věci Kulturní dohody s VSR zaslání textů ze dne 29. 4. 1977; Ministerstvo školství, Výpis – Dohoda o kulturní spolupráci mezi vládou Československé socialistické republiky a vládou Vietnamské socialistické republiky je uzavřena na základě Dohody o kulturní spolupráci mezi Československou republikou a Vietnamskou demokratickou republikou – ze dne 20. března 1957. 43 Dans le plan de mise en œuvre52 pour la période entre les années 1976 et 1977, il est indiqué que les matériels pédagogiques comme les études scientifiques, les manuels, sont mis en disposition pour le Ministère d’éducation vietnamien, notamment les matériaux concernant l’éducation polytechnique. En outre, dans l’article 7, les institutions tchécoslovaques et vietnamiens qui entrent en contact bilatéral sont spécifiés. Il s’agit notamment des lycées tchécoslovaques et les école secondaires vietnamiennes. Or, l’article 24 traite les célébrations mutuelles des fêtes nationales, qui tiennent place dans des deux pays. Au Vietnam, on commémorait la libération de la Tchécoslovaquie le 9 mai, pendant que en République tchécoslovaque on fêtait une anniversaire nationale de la République socialiste de Vietnam le 2 septembre. Les universités principales ont contribué à la mise en place de la version finale de ce plan de mise en œuvre en proposant les résolutions des problèmes spécifiques et les thèmes de recherche.53 2.2. Le programme des travailleurs invités, étrangers 1979-1989 Du point de vue du pays d’origine des immigrés, les changements dans le programme bilatéral se reflètent dans l’augmentation du nombre de Vietnamiens envoyés, ainsi que dans la philosophie du programme. En connexion avec le lancement de la politique d'ouverture Doi Moi, l’historien Andrew Hardy explique qu’après 1980, année jusqu’à laquelle on distinguait trois catégories de Vietnamiens partant à l’étranger tels que : « les diplomates, les cadres supérieurs travaillant dans le commerce et quelques étudiants » ; « Le conflit avec la Chine et le rapprochement du Vietnam avec l'URSS et les pays du Comecon changea cette situation (Vo Nhan Tri, 1990 ; Evans and Rowley, 1990: 137-9, 151-2) . Dès le 11 février 1980, par la Décision 46-CP du Conseil des Ministres, on rajouta une quatrième catégorie : les ouvriers. » (Hardy, 2000: 236). La formation des citoyens de la République socialiste du Vietnam était réalisée sous deux formes suivantes: l’apprentissage avec le travail de production ultérieure associée à l'augmentation supplémentaire de qualification après l'apprentissage ou bien 52 53 MPSV, Prováděcí plán kulturní, školské a vědecké spolupráce mezi československou socialistickou republikou a vietnamskou socialistickou republikou na léta 1976 a 1977. Dáno v Hanoji dne 17. září 1976. ČSSR a VSR na roky 1976 a 1977 Vysoká škola strojní a textilní, Liberec, Vysoká škola ekonomická Praze, Vysoká škola chemicko technologická , Praha, Vysoká škola zemědělskí v Brně, Vysoká škola báňská v Ostravě, Vysoká škola zemědělská v Praze, České vysoké učení technické v Praze, Pedagogická fakulta v Hradci Králové 44 l'amélioration des compétences des stagiaires et des apprentis dans le cadre de l'emploi dans les entreprises manufacturières.54 L'inventaire de l'emploi des travailleurs vietnamiens en 1981 dans la distribution des travailleurs détachés du ministère du Travail de la République socialiste du Vietnam et du Comité d’État55 démontre l'augmentation du nombre des travailleurs accueilli en trois lots des groupes des apprentis et des ouvriers arrivés en République socialiste tchécoslovaque. Le 31 décembre 1980, il y avait 3298 travailleurs, le deuxième « groupe » (il s’agit ici d’une allocation de participation des travailleurs à la substitution progressive) datant du 30 juin 1981 comptait 7511 travailleurs et avec le troisième, la statistique du 31 décembre 1981 indique le nombre total de 11 475 citoyens vietnamiens en République socialiste tchécoslovaque. Du côté de la République socialiste tchécoslovaque, on a vu un changement dans l’idéologie du programme qui, de façon latente, s’est orientée vers le modèle de l’ouest et a acquis certaines caractéristiques du programme de travailleurs invités. (Alamgir, 2014) Selon le protocole d’application, délivré conformément à la résolution du gouvernement numéro 337 du 19 décembre 1979 : « ces lignes directrices pour le matériel, l’organisation et le soutien financier à la formation et l’amélioration des compétences des citoyens de la République socialiste du Vietnam dans les organisations tchécoslovaques »56 établissent que la formation des citoyens vietnamiens sera mise en place selon deux formes basiques : en tant qu’apprentissage suivi par la pratique et la production, associée à d'autres améliorations dans la pratique une fois en fonction; et en tant que formation et amélioration des compétences des stagiaires au sein des entreprises de fabrication. Chaque citoyen vietnamien envoyé en République socialiste tchécoslovaque venait avec son carnet personnel, la confirmation de leur bonne santé, le certificat hygiénico-épidémiologique et le certificat international de vaccination. Les Vietnamiens étaient obligés de suivre les lois tchécoslovaques, et avaient les mêmes droits et obligations que les citoyens tchécoslovaques pour ce qui concernait les assurances de santé et de travail . Ils pouvaient voyager dans les pays tiers seulement avec l’accord de l’Ambassade de la République socialiste vietnamienne à Prague. Une proposition de rapatriement d’un citoyen vietnamien pour des raisons sérieuses pouvait 54 MPSV, Federální ministerstvo práce a sociálních věcí, Státní plánovací komise, Federální ministerstvo 55 56 finance, “Pokyny pro věcné, organizační a finanční zabezbečení odborné přípravy a další zvyšování kvalifikace občanů Vietnamské socialistické republiky v československých organizacích.”, K Dohodě ze 21.12. 1979. Daté juin 1980 MPSV, Odbor pracovních sil, “Přehled zaměstnanosti vietnamských pracovníků v roce 1981 v rozdělení na pracovníky vyslané ministerstvem práce VSR a Státním výborem VSR” MPSV, Pokyny pro věcné, organizační a finanční zabezpečení odborné přípravy a další zvyšování kvalifikace občanů vietnamské socialistické republiky v československých organizacích, juin 1980. 45 être délivrée par l’organisation du Ministère du travail et des affaires sociales républicaines. Les Vietnamiens dans chaque organisation tchécoslovaque pouvaient choisir une administration locale étant en contact avec la direction de l’organisation tchécoslovaque ou qui aidait dans la mise en place d’une formation efficace et dans le développement des relations amicales entre les deux pays. Ainsi, la direction locale était en contact avec l’organisme du mouvement syndical révolutionnaire et les organismes des autres mouvements sociaux. Les organisations spécifiques fournissaient aux citoyens vietnamiens la sécurité matérielle sous forme de logement dans les dortoirs ouvriers avec les mêmes conditions que pour les citoyens tchécoslovaques, cependant, le coût ne dépassait pas 50 couronnes tchécoslovaques par mois. Ces organisations fournissaient de l’aidealimentaire délivrée par les cantines. De plus, l’usage des établissements sportifs et culturels, les matériaux pédagogiques pour l’apprentissage de la langue et la formation professionnelle étaient possibles et disponibles. Du côté des droits revendiqués auprès de l’employeur, l’organisation assurait les deux jours de congés pour les deux grandes fêtes nationales de la République socialiste du Vietnam : le nouvel An lunaire et le 2 septembre. Les congés payés étaient assurés sous les mêmes conditions que pour les citoyens tchécoslovaques, et la longueur était calculée en présumant que les citoyens vietnamiens avaient travaillé sans interruption depuis l’âge de 18 ans. La formation suivie par le travail et la production, ainsi que le relevé des compétences passaient d’abord par une période d’apprentissage de la langue de trois mois dans les centres linguistiques spécialisés, puis trois mois au sein des organisations chargées de la formation professionnelle. Pendant cette période là, le citoyen vietnamien touchait une bourse de 900 couronnes tchécoslovaques (Kcs) par mois congés y compris.. Ensuite, venait la formation professionnelle de deux ou trois ans validée par le passage d’un examen de fin d'apprentissage. Pendant ce temps là, l’apprenti était rémunéré avec un salaire calculé en fonction du travail effectué. Il ne touchait pas de congé maladie, mais une rémunération minimale de 902 Kcs/ mois était assurée. Finalement, venait la période de la pratique dans le domaine étudié, pour une durée de deux ans, qui démarrait avec la signature du contrat de travail. Pendant la période d’apprentissage de la langue, les Vietnamiens étaient logés et nourris dans les centres de langue, tandis que pendant la période d’apprentissage de la langue dans les organisations et pendant la formation professionnelle, les Vietnamiens étaient obligés d’assumer les coûts du logement et de la nourriture. 46 Pendant la formation professionnelle au sein des organisations de fabrication, le séjour de trois ans comprenait l’apprentissage intensif de la langue : pour les travailleurs manuels trois mois, et pour les ingénieurs six mois. La formation théorique et linguistique était mise en place hors du temps de travail. Les apprentis étaient considérés comme des travailleurs, et les stagiaires comme des boursiers. Au cours de cette formation de trois ans les stagiaires recevaient des organisations tchécoslovaques une bourse mensuelle de 1200 Kcs, une garde robe d’une valeur de 1500 Kcs plus nourriture et logement. Les apprentis, eux recevaient 250 Kcs d’argent de poche par mois, obtenaient un lot de vêtements d’une valeur de 900 Kcs, et ils étaient nourris et logés. Le Vietnam de son côté envoyait des interprètes avec une connaissance de la langue tchèque, slovaque ou russe dans le but d’aider les organisations tchécoslovaques avec la mise en place de l’apprentissage de la langue. Dans les centres de langue, les interprètes avaient logement et nourriture, et recevaient en plus la somme de 500 Kcs, dans les organisations tchécoslovaques, ils recevaient 1100 Kcs à partir desquelles ils devaient couvrir les coûts de la nourriture et du logement. Cette bourse était obtenue même pendant la durée des congés ou d’une incapacité au travail. En plus des interprètes, le Vietnam fournissait aussi des organisateurs, qui exerçaient leur fonction dans les endroits ou le plus grand nombre des Vietnamiens était concentré. Les tâches des organisateurs étaient notamment de surveiller la formation professionnelle des citoyens vietnamiens, leurs moeurs au travail. Les coûts en rapport avec les activités des organisateurs étaient couverts par les organisations tchécoslovaques, dont le montant était 1400 Kcs/mois. « Entre 1981 et 1982, un nombre relativement élevé de travailleurs vietnamiens a été accueilli. Cela a augmenté le nombre de personnes entrant avec des maladies contreindiquées au séjour en Tchécoslovaquie. Ce fait a été mentionné à plusieurs reprises à la partie vietnamienne, mais sans le résultat souhaité. »57 Les maladies contre-indiquées classifiées dans l’Annexe numéro 2 du document «Lignes directrices pour le soutien matériel, organisationnel et financier pour la formation et l’amélioration des compétences des citoyens de la République socialiste du Vietnam dans des organisations tchécoslovaques » intitulée « Critères d'évaluation de l'aptitude des 57 FMPSV – Odbor práce 21, Dodatek k informaci pro jednání delegace FMPSV v Hanoji s delegacy Ministerstva práce, válečných invalidů a sociálních věcí VSR . “V letech 1981 – 1982 došlo k přijetí poměrně vysokého počtu vietnamských pracovníků (cca. 20 000 osob). Tím se zvýšil počet osob s chorobami kontraindikovanými pro pobyt v ČSSR. Na tuto skutečnost byla vietnamská strana opakovaně upozorněna, avšak bez žádoucího výsledku.” 47 citoyens à des organismes tchécoslovaques de formation » étaient par exemple la tuberculose, des maladies vénériennes, des névroses plus lourdes, des psychopathies, des psychoses, des maladies du foie mais également, la grossesse.58 Cinq années plus tard, pendant la réunion des délégations du ministère fédéral du travail,des affaires sociales de la République socialiste tchécoslovaque et celles de la République Socialiste du Vietnam et du ministère du travail, où étaient aussi présents des invalides de guerre 59 qui a eu lieu le 4. – 17. décembre 1987 à Prague, le problème des maladies est discuté et des mesures pour régler la situation ont été prises. Ainsi, le côté tchécoslovaque a prévu d’envoyer du personnel médical au Vietnam censé faire les bilans de santé avant le départ des citoyens vietnamiens en Tchécoslovaquie. Mais face aux propositions visant l’amélioration de la situation, nous pouvons constater que d’autres problèmes ont émergés au cours du temps dans le programme d’emploi des travailleurs vietnamiens qualifiés ainsi que dans le programme de formation proposés par les organisations tchécoslovaques. Les propositions d’amélioration portaient sur la discipline et la préparation professionnelle et politique. Les cas individuels devaient être pris en charge par la ministère tchécoslovaque du travail et des affaires sociales ou le département des soins des travailleurs de l’ambassade du Vietnam.60 L’autre proposition concernait l’amélioration de la sélection et de la formation des cadres vietnamiens qui dirigeaient les groupes et les organisateurs, dans le but de l’amélioration du travail. Si en 1982 il était présent un nombre relativement élevé detravailleurs Vietnamiens, à la fin de l’année 1983, il y avait 26,236 citoyens vietnamiens travaillant en République socialiste tchécoslovaque.61 Selon le Protocole d’application de la coopération entre la République socialiste tchécoslovaque et la République socialiste du Vietnam dans le domaine de la formation et 58 Voir Annexes : Pokyny pro věcné, organizační a finanční zabezpečení odborné přípravy a další 59 60 61 zvyšování kvalifikace občanů vietnamské socialistické republiky v československých organizacích; Kriteria pro posuzování zdravotní způsobilosti občanů VSR k absolvování odborné přípravy v Československých organizacích, c/ Kontraindikace. L’archive de MPSV, Záznam z jednání delegací federálního ministerstva práce a sociálních věcí a ČSSR a ministerstva práce, válečných invalidů a sociálních věcí VSR. « Oddělení péče o pracující velvyslanectví VSR » MPSV: Zpráva delegací Federálního ministerstva práce a sociálních věcí ČSSR a Ministerstva práce VSR o výsledcích realizace mezivládní Dohody ze dne 27.11.1980 a o návrzích na zlepšení další spolupráce, která se předkládá předsedům obou částí Československo-vietnamského výboru pro hospodářskou a vědeckotechnickou spolupráci, 27 avril 1983. 48 de la future amélioration des compétences des citoyens vietnamiens pour l’année 1987 62, à la date du 30 juin 1986, 2900 citoyens vietnamiens étaient en formation secondaire et 6700 citoyens vietnamiens étaient en apprentissage. Au cours de l’année 1986, il était prévu d’accepter 1698 citoyens vietnamiens pour une formation professionnelle au sein des établissements d'enseignement secondaire des organisations tchécoslovaques, 460 pour une formation professionnelle incluant une formation en apprentissage et 1242 citoyens vietnamiens qui suivraient un enseignement secondaire pour une formation professionnelle au cours du travail. Les Vietnamiens avaient aussi le droit de prendre des congés payés par le côté tchécoslovaque.de même que l’étaient les coûts de départ de ceux qui avaient fini leurs contrats. A côté des apprentis venus afin d'améliorer leurs compétences et gagner la qualification professionnelle, un grand nombre de citoyens vietnamiens étaient accueilli au sein des contrats du travail dans des usines. Comme l’explique l’historienne tchèque Alena Alamgir dans son analyse historique du développement de ce programme d'accueil des Vietnamiens en Tchécoslovaquie, la phase finale de ce programme se détachait de la philosophie de l'aide paternaliste et se rapprochait du programme des travailleurs invités en vue d’améliorer les profits pour l'économie tchécoslovaque en déclin. Il y avait donc des différences décisives et très nettes dans les conditions dans lesquelles travaillaient les travailleurs invités et les apprentis-travailleurs en Tchécoslovaquie. (Alamgir, 2014) En 1986, les délégations du Comité nationale de la formation professionnelle de la République socialiste du Vietnam et du ministère fédéral de la République socialiste tchécoslovaque sont menées par les résultats négociés de la coopération dans le domaine de la formation des cadres professionnels. Ministre contemporain Miloslav Boda a évalué l'intérêt des citoyens vietnamiens à l’acquisition de la formation professionnelle en tant que très grand et vif. Ainsi, au vue des grandes nombres de citoyens vietnamiens accueillis par les organisations tchécoslovaques et les départs imprévus en raison de la condition de santé ou autre, le côté tchécoslovaque a encouragé le côté vietnamien à une meilleure prise de conscience concernant la sélection des candidats vietnamiens. Ce nombre élevé exigera aussi, selon le ministre, la nécessité du plus grand nombre d’interprètes et d’ organisateurs vietnamiens de haute qualité, qui connaissent la langue tchèque et qui appliqueraient l'autorité sur leurs groupes. De fait, la délégation tchécoslovaque a proposé de sélectionner pour cet emploi des citoyens vietnamiens diplômés dans des universités tchécoslovaques 62 MPSV, Prováděcí protocol o spolupráci mezi Československou socialistickou republikou a Vietnamskou socialistickou republikou v oblasti odborné přípravy a dalšího zvyšování kvalifikace vietnamských občanů v československých organizacích v roce 1987. 49 ou bien des apprentis des années 1976 à 1982. En conséquence, le gouvernement tchécoslovaque a encouragé le retour des Vietnamiens, qui connaissaient non seulement la langue du pays d'accueil mais aussi l'environnement social et politique. L’analyse des droits et des obligations – tels figurant dans la loi - de ces «autorités » Vietnamiens, étant employés en tant que directeurs de groupes des ouvriers est discuté en détail dans la troisième chapitre. Au sein du protocole d’application de la coopération entre la République socialiste tchécoslovaque et la République socialiste du Vietnam en ce qui concerne l’emploi temporaire des travailleurs vietnamiens qualifiés lié à un apprentissage pendant l’année 1988, les deux côtés avaient prévu l’acceptation de 7100 travailleurs qualifiés. Sur ce nombre total de travailleurs, 2945 sont envoyés en Tchécoslovaquie sur la base de la coopération directe entre le ministère fédéral de la métallurgie et de l'industrie lourde tchécoslovaque, le ministère de la métallurgie et de l’industrie du Vietnam, le ministère de l’ingénierie mécanique tchécoslovaque et le ministère des transports et de l’expédition, ainsi que sur la participation de aussi la principale administration technique du ministère de la défense nationale du Vietnam. Une autre coopération est rendu effective entre l’entreprise étatique tchécoslovaque ČKD Praha- la fabrique Lokomotiva et l’administration des chemins de fer du Vietnam sur la question de ces travailleurs. Pour la totalité de ces travailleurs, il n’avait été prévu d’accepter que 36 organisateurs, 136 directeurs de groupes et 54 interprètes. Pour donner des exemples précis, nous pouvons mentionner certaines organisations et les bilans stipulant le nombre des travailleurs (T), les dirigeants de groupe (D) et les interpréteurs (I). Brandýs la machinerie et de la fonderie : T = 76, D = 2, I = 2; Jablonec les freins d'automobile : T = 116, D = 2, I = 2 ; Strakonice les moteurs de course : T = 126, D = 2, I = 2 ; Tatra Kopřivnice : T = 430, D = 5, I = 5. Il est intéressant de contraster ces indicateurs quantitatifs datant de l’année 1988 avec la lettre de l’Université du 17 novembre à Prague, au sein de la faculté de préparation linguistique et professionnelle où les apprentis vietnamiens avaient étudié la langue tchèque en 1970.63 Le gouvernement vietnamien suivant la résolution numéro 74 du 15.3.1970 a envoyé à la République tchécoslovaque un groupe de 370 apprentis prédestinés à travailler dans les organisations tchécoslovaques après avoir fini leur apprentissage. Pour ce nombre d’apprentis, il était prévu d'employer 34 enseignants. Les nombres des Vietnamiens employés aux postes mieux rémunérés étaient diminués. 63 NAČR, Ministerstvo školství, zahraniční odbor, 5.turnus vietnamských praktikantů: zajištění výuky, k rukám s.Bezové, 30.7.1970. 50 Aussi, il est à noter que l'année 1980 marque non seulement le début de l'emploi des ouvriers dans des usines, dont le but de la coopération entre la République socialiste du Vietnam et la République socialiste tchécoslovaque était bénéfique, mais aussi le début de l'emploi des Vietnamiennes dans des domaines à priori destinés aux femmes. Le protocole d'application64 datant en 21 juin 1980 discutait, outre l'examen des échanges d'apprentis et de stagiaires, l'accord sur quelque 800 personnes qui arrivent en Tchécoslovaquie en 1981 pour travailler dans les industries textiles, caoutchouc, produits chimiques, et de bijoux de mode. Il est à noter que, contrairement à la voie de l'apprentissage, une majorité des gens étaient surtout des hommes qu'ils ont travaillé dans l'industrie lourde, maintenant des dispositions étaient prises pour les industries qui traditionnellement employées principalement les femmes. Cette nouvelle forme d'échange de main-d'œuvre, en effet, signifie un plus grand nombre de travailleuses arrivant à la République socialiste tchécoslovaque par rapport à avant. Dans le plan des arrivées des apprentis vietnamiens qui date de l’année 1987, nous observons aussi l’apparition des femmes spécifiquement indiquée dans le bilan selon le domaine d’étude.65 2.3. L’Année 1989 et les transformations économique et politique Après la disparition du socialisme d'État, la résolution du gouvernement 274/1990 invalide le traité 1980 et ses amendements. Les deux gouvernements ont convenu que les entreprises feraient de leur mieux pour maintenir les travailleurs vietnamiens employés jusqu'à la fin de leurs contrats,. Si cela était impossible, les entreprises leur trouveraient un nouvel emploi ou, si les travailleurs avaient moins de cinq mois à gauche sur leurs contrats, ils recevraient une indemnité de 5 mois.66 L’objectif de la présente partie est de présenter les façons dont l’état 64 65 66 MPSV, Prováděcí protokol o spolupráci mezi Československou socialistickou republikou a Vietnamskou socialistickou republikou v oblasti odborné přípravy a dalšího zvyšování kvalifikace občanů v československých organizacích v roce 1981 a návrzích na rok 1982, daté le 21 juin 1980. MPSV, Sekretariát zahraničních pracovníků, Plán příletů vietnamských učňů v roce 1987. MPSV, Zpráva o výsledku jednání delegace federálního ministertva práce a sociálních věcí ve Vietnamu, presenté par le minister du travail et des affaires sociales Petr Miller au sein de la réunion du gouvernement le 23 October 1990. 51 tchécoslovaque, qui, lors la ‘Révolution de velours’, a subi les changements politiques et économiques et a du géré autrement le programme de la formation des citoyens vietnamiens, formulé sous l’idéologie communiste et puis dans les années 1970. Ainsi, les récits récupérées pendant les entretiens avec les témoins apportent un aspect microsociologique à l’analyse. Les changements politiques, la mise en place du système législatif des mécanismes de la migration et la transformation économique qui ont suivi la Révolution de velours pendant les années 1990 ont déclenché les changements dans la communauté vietnamienne. L’année 1989 est un point marquant dans l’étude présente, car elle marque le début de la différentiation de la communauté ethnique (historiquement présente sur le territoire de la République tchécoslovaque), qui s’est fondée au niveau macro-sociale à partir des relations diplomatiques des deux pays socialistes et au niveau micro-sociale à partir de la motivation pragmatique de la maximalisation du profit économique. Martínková souligne aussi l'influence de l'histoire macro-sociale des changements du système politique à la diaspora vietnamienne : « Les événements de novembre 1989 ont affecté significativement, non seulement la vie des Tchèques et des Slovaques, mais aussi l'organisation existante de la communauté vietnamienne, le caractère de l'immigration vietnamienne à la République tchèque et les relations tchéco - vietnamiennes en général. » (Martínková, 2008: 175) Selon Tran Trong Dang Dan, dans les états de l’ancien bloc de l’Est « les Vietnamiens se sont adapté rapidement, cherchant les flux de marchandises et de besoins de la consommation qui ont émergé après les deux systèmes – le capitalisme et le socialisme - ont ouvert leurs portes pour communiquer l’un avec l’autre. Ils ont découvert des points faibles dans les systèmes économiques et fiscaux de ces pays et ils ont été en mesure d'organiser le commerce à grande échelle avec des niveaux de profit élevés.» 67 (Tran Trong Dang Dan, 1997: 93-96) Au sein de cette étude, je tente de démontrer les possibilités de rester en République tchécoslovaque à travers des documents officiels. Ces possibilités se sont mises en place en vertu du cadre étatique formel, ainsi que grâce aux 67 stratégies d’adaptation des “Vietnamese adapted rapidly, seeking out the flows of goods and consumption needs which emerged after the two systems – capitalism and socialism – opened their doors to communicate with one another. They discovered weak points in the countries’ economic and taxation systems and were able to organize trade on a large scale with high levels of profit”. 52 Vietnamiens au nouvel environnement au cours de l’installation permanente. Les activités du commerce aux lesquelles le temps libre était consacré a mené à la création des réseaux d’économie transnationale. Les réseaux économiques existants ont conduit à un modèle spécifique de l’économie ethnique construit dans des années 1990. Les Vietnamiens ont profité des nouvelles opportunités du système de bien-être. Les réseaux et leurs maintenances étaient fortement influencés par „le mur de fer“ , ce qui reflète le témoignage présentée par monsieur P., lors de notre entretien dans le bureau de son entreprise internationale, qui réside à Prague : « Lorsque le rideau de fer est tombé ici, j’ ai voyagé en Allemagne et là, il est possible d'observer des différences évidentes entre les personnes, de Boat People qui se sont rendus en Allemagne de l'Ouest et les gens, pour la plupart en provenance du Nord, mais pas seulement du Nord, mais il y a aussi des gens du Sud, mais arrivé au sein de ces conventions; comme ici avec la Tchécoslovaquie et l’Allemagne de l’Est, donc c’est un groupe similaire; mais la relation est très forte aujourd'hui. Ces gens aimeraient garder leur distance . »68 Ici, l’aspect du positionnement du narrateur vaut d’être analysé. Apparemment, mon interlocuteur prend une distance vis-à-vis de l’histoire. Il ne le démontre pas en tant que son vécu personnel ; il décrit les faits historiques comme s’ il n’y participait pas et comme s’ il ne s’agissait pas de l’histoire commune. Il ne s’identifie pas avec ces compatriotes. Cela peut être dû à son appartenance politique, tel qu’il m’a confié que son appartenance politique réagissait contre le régime communiste du Nord et à cause de ses activités politiques il s’est fait persécuté. Selon le protocole de la mise en œuvre de la coopération entre la République socialiste tchèque et la République socialiste du Vietnam en matière d'emploi temporaire de travailleurs qualifiés signé en Hanoi le 6 avril 1989 , couplé avec la formation complémentaire offertes dans les organisations tchécoslovaques69, les deux côtés se sont 68 69 L'informateur P., L’entretien le 20 mars 2015 “Když tady padla Železná opona, tak jsem cestoval po Německu a tam je možné pozorovat evidentní rozdíl mezi lidma, Boat People co se dostali do západního Německa a lidmi, převážně ze Severu, ale ne jen ze Severu, ale jsou i lidé z Jihu, ale přijeli v rámci těch dohod; jako tady s Československem tak tady s NDR, tak to je podobná skupina; ale ten vztah je do dnes docela ostrý. Ti lidé jako by si drželi odstup. „ L’Archive de la Ministère du travail et des affaires sociales, „Prováděcí protokol o spolupráci mezi Českou socialistickou republikou a Vietnamskou socialistickou republikou v oblasti dočasného 53 mis d’accord que durant cette année, le Vietnam aurait envoyé 5000 travailleurs qualifiés. Les annexes de ce document ont déjà désigné le calendrier exact des arrivées des travailleurs selon les fabriques et la répartition des travailleurs contractuels par le département et la fabrique spécifique qui relèvent des Ministères étatiques.70 La rupture entre la mise en œuvre de la philosophie et l’intensité du programme entre l’année 1989 et l’année 1990 est évident dans les documents officiels. Les transformations politiques touchaient tous les départements de tout les Ministères fédéraux.Le Ministère du travail et des affaires sociales était conscient de la limitation provenant des changement structuraux qui prévoyaient les transformations du système économique. Ainsi, la clôture des fabriques étatiques a effectué tout ses employés - les citoyens tchèques et les travailleurs étrangers de la façon similaire. Mon interlocuteur, selon sa propre expérience et les informations qu'il a obtenu des amis m'a confié qu'il existait des possibilités différentes entre les pays de l'Europe de l'Est. Comme l'a déclaré monsieur P. ; au sein de la région dont les gouvernements effondrés étaient sous le pouvoir central de l'Union des républiques socialistes soviétiques, le contexte politique d'état joue un rôle importent : « Après 1989, on clôturait non seulement dans les usines, mais même les coopératives dans les villages. Je suis même allé à traduire une fois et je étais complètement perdu dans un village nommé Pelhřimov. Quelqu'un rentra chez lui et les autres se lanceront en affaires. Ce était tout un peu légal. Le plus souvent, j’ai rencontré des gens sur le registre du commerce à Prague. D'autre part, seulement ici, en République tchèque, la possibilité d'obtenir des documents officiels était assez grande. Peut-être en Pologne, ce était pire. Alors que beaucoup de gens n’avaient pas document officiel, puis ils ont dû demander l’amnistie, et si différent. Je pense que en Pologne pour créer une entreprise c’est n’était pas facile. En Pologne, beaucoup de gens n’avait pas les documents officiels . »71 70 71 zaměstnání kvalifikovaných pracovníků Vietnamské socialistické republiky spojeného s další odbornou přípravou v Československých organizacích v roce 1989.“ Par résorts et les organisations productrices des Ministères tchèques : La Ministère d'ingénierie, électrique et métallurgie – 2170, La Ministère de l’industrie – 1275, La Ministère de la construction et génie civil – 365, La Ministère de l’agriculture et la nutrition – 300, La Ministère forestière et de gestion de l'eau et des produits du bois – 40 ; Les Ministères slovaques : La Ministère de l’industrie – 500, La Ministère de la construction et génie civil – 200, La Ministère forestière et de gestion de l'eau et des produits du bois – 150. L'informateur P. , L’entretien le 20 mars 2015. “Po roce 1989 nejen v továrnách ale dokonce i v družstvech na vesnicích zavírali. Já jsem dokonce šel tlumočit jednou a byl jsem v nějaké úplně 54 Comme nous avons démontrés plus haut, chaque année le Ministère fédéral du travail et des affaires sociales a mis en œuvre le protocole d’application au titre de la Convention signée le 8 avril 1974 sur la formation de citoyens de la République socialiste vietnamienne dans des organisations tchécoslovaques. Les changements structuraux dans la production industrielle- dans laquelle est employée la plupart des citoyens vietnamiens – amenaient des évolutions dans la politique de la formation et de l’emploi des étrangers en fonction de la limitation des postes disponibles et du besoin de requalification des employés.72 Ici, le document constate que la Convention signée pour dix ans datant de l’année 1980 fut achevée le 31 décembre 1990 et les Vietnamiens qui ont commencés leur emploi auront fini conformément aux contrats avant de rentrer au Vietnam. Les groupes de travailleurs contractuels venus en République socialiste tchécoslovaque en 1989 repartent en 1994. A ce moment- là, l’intérêt du Ministre du travail et des affaires sociales devait assurer l’achèvement des contrats pour éviter le retour précoce des travailleurs : dans le cas échéant, les organisations où les travailleurs sont employés étaient chargés des frais de voyage. L’attaché vietnamien aussi négociait l’amélioration des conditions d’envoi des biens au Vietnam. Le côté vietnamien exigeait pour les travailleurs à la fin du contrat la possibilité d’achat des biens de libre choix avec l’envoi hors taxe et le transfert de leur salaire par la banque tchécoslovaque. Or, la question des passages illégaux des Vietnamiens en direction de l’Autrichea été discutée. A la date de la réunion, le 23 mars 1990, comme confirmait l’attaché Ky, l’Ambassade vietnamienne a compté 40 passages illégaux. Effectivement, le départ informel représentait la décision de grande nombre de Vietnamiens dont l’emploi ancien s'est clôturé en raison de l'effondrement du système socialiste. La République socialiste tchécoslovaque n'était, pour beaucoup, qu'un pays de transit en direction de l'Ouest. La dispersion d'informations utiles fonctionnait bien au sein des réseaux ethniques. Plusieurs citoyens vietnamiens ont pris la décision de prendre le chemin risqué justement pour tenter leur chance comme leurs prédécesseurs. Cet exemple 72 ztracené vesnici na Pelhřimovsku. Někdo se vrátil domů a zbytek šel do podnikání. To bylo všechno celkem legální. Nejčastěji jsem potkal lidi na obchodním rejstříku na Můstku. Na druhé straně tady právě v Čechách možnost získat oficiální papíry byla celkem velká. Třeba v Polsku to bylo horší. Takže hodně lidí nemělo žádný oficiální papír a pak museli žádat o různé amnestie a tak. Asi v Polsku založit firmu nebylo jednoduchý. V Polsku bylo hodně, co nemělo oficiální doklady.” L’Archive de la Ministère du travail et des affaires sociales, „Záznam z jednání ředitele odboru zaměstnanosti Federálního ministerstva práce a sociálních věci ČSFR PhDr. Štefana Karabína, CSc., s vedoucím oddělení péče o pracující vietnamského velvyslanectví v Praze ing. Trinh Quoc Ky dne 23. března 1990.“ 55 démontre aussi le comportement collectif au sein de la communauté vietnamienne. Conformément à ce raisonnement, mon informateur P. a expliqué que: « Après 1989, chaque groupe de personnes a décidé de faire quelque chose. Un groupe est allé en Allemagne aux camps de réfugiés. Au début il n’y avait pas d'autre choix. Si après la Révolution la personne voulait aller en Allemagne ou en Hollande, c’était classique qui est allé. Avant la révolution, c’est une autre histoire, c’était très difficile, c’est la route plus au sud par la Yougoslavie et l'Italie, et il demandait tout simplement d'asile. Ici et en Allemagne après la chute du mur de Berlin, un travailleur normale qui a fini ici dans ces usines avait deux choix officielles et une option non officielle. Le premier était de prendre une certaine indemnité de départ et retourner au Vietnam. La deuxième est de rester ici, mais personne ne se soucie pour vous. Mais la chose intéressante est que l’état ne vous forçait pas à retourner, non plus. Alors, les gens ont agi collectivement, quelqu’un a trouvé et les autres l’ont copiés. » Les documents administratifs servent en démontrant les circonstances au sein de la nouvellement appelée République fédérale tchécoslovaque, où les anciennes structures institutionnelles, façonnant formellement les conditions de vie des travailleurs, commençaient à s'effriter. Dans le document portant sur les informations destinées aux négociations avec le chef du département des études de l'ambassade vietnamienne l’attaché Viet qui date du 9 Avril, 1990, nous pouvons constater un des premiers reculs dans l’acceptation des apprentis. Or, nous constatons une rupture entre le nombre des Vietnamiens envoyés exigés par l’ambassade du Vietnam et le nombre des Vietnamiens qui aurait été accepté par le Ministère fédéral tchécoslovaque du travail et des affaires sociales. Selon ce document, les changements politiques et économiques fondamentaux au sein de la République fédérative tchécoslovaque ont affecté la situation de l'emploi et de la formation des citoyens étrangers dans les organisations tchécoslovaques de sorte qu’il soit nécessaire que la poursuite de la coopération avec le Vietnam dans les années à venir soit réduite de manière significative. « En ce qui concerne les changements fondamentaux dans les sphères politiques et économiques de notre pays, certaines organisations ne pourront pas répondre à leurs engagements au titre du présent protocole. Cela est principalement dû au fait que le nombre de grandes entreprises qui possèdent les équipements pédagogiques, sont désormais décomposé en plus petites unités organisationnelles afin d'accélérer la 56 transition vers une économie de marché et l'avenir de leurs écoles n’est pas encore résolu.»73 Autrement dit, la création des ressources financières sous conditions d’autofinancement des organisations n’assure pas la continuation de la formation des apprentis sans que les subventions gouvernementales ne soient possible. La finalisation des contrats d’apprentissage sera gérée par le contrat d’état et les coûts d’organisations seront donc pris en charge par le budget d’état. Ainsi, dans la pratique il aurait signifié que les stagiaires et les apprentis vietnamiens devraient finir leurs apprentissages selon les contrats signés et devraient repartir au Vietnam. Autrement dit, le côté tchécoslovaque ne comptait pas conclure une nouvelle convention avec le Vietnam sur la formation professionnelle ou prolonger la convention actuelle. Selon le document de référence du Ministère du travail et des affaires sociales de la République fédérale tchécoslovaque daté du mai 2001, « Les derniers citoyens vietnamiens, recrutés en République tchèque, sur la base de l’accord intergouvernemental concernant l'embauche de travailleurs vietnamiens de 27/11/1980, ont achevé leurs engagements de travail en République tchèque à la date 30/6/1995. »74 Ici, partant de ce qui était démontré plus haut dans le texte, on voit la rupture avec les prognostics prévus par la Ministère fédérale socialiste qui datent de l’année 1989 et prévoyaient que les travailleurs seraient repartis en 1994. Les Vietnamiens et l'esprit d'entreprise Pendant l'époque du socialisme réel, le niveau de vie des Vietnamiens à Prague n’était pas aussi élevé que celui de la majorité tchécoslovaque. En conséquence, afin de s’assurer des revenus plus agréables, les immigrés ont profité de leurs connexions transnationales avec le Vietnam. Ils ont découvert tôt qu'il existait un grand intérêt dans les marchandises de types «occidentaux» comme les vêtements, les montres numériques, le 73 74 MPSV, Informace pro jednání s vedoucím studijního oddělení vietnamského velvyslanectví atašé Vietem dne 9.4.1990. „V souvislosti se zásadními změnami v politické a hospodářské oblasti našeho státu se však ukazuje, že některé organizace nebudou moci své závazky, vyplývající z tohoto protokolu, splnit. Důvodem je zejména skutečnost, že řada velkých podniků, které vlastní učební zařízení, se nyní rozpadá na menší organizační celky s cílem urychlit přechod na systém tržního hospodářství a budoucnost jejich učilišť není zatím dořešená.“ MPSV, Vietnamská socialistická republika: Podkladový materiál, čj. : 116086/2001-ASIE, květen 2001, page 6. « Poslední vietnamští občané, přijetí do zaměstnání v ČR na základě mezivládní dohody o zaměstnávání vietnamských pracovníků ze dne 27.11. 1980, ukončili svůj pracovní závazek v ČR ke dni 30.6. 1995. » 57 milieu de l'électronique au sein de la société tchèque dans les années 1980. Les activités transnationales ne s’arrêtaient pas au niveau individuel familial comme le montre l'envoi de fonds. Les activités économiques comme l’importation des biens d’Asie supervisée et médiatisée par les employés d’Ambassade vietnamienne et les petites activités entrepreneuriales sont devenues le monopole du marché noir par les marchandises des marques falsifiées. (Nožina, 2009: 237). Tout ça était possible grâce aux réseaux transnationaux élaborés. En outre, pendant le socialisme, les forces gouvernementales et de sécurités tchécoslovaques fermaient les yeux sur le problème pour des raisons politiques, tandis que pendant la transition, les Vietnamiens ont profité des trous dans le marché démocratique. « Le système socialiste au Vietnam permettait bien avant notre Révolution de velours « de vivre comme tu peux » et en raison de la faiblesse des salaires presque tous les «travailleurs vietnamiens" avant et maintenant travaillent. Grâce à cela les apprentis vietnamiens, ainsi les travailleurs et les diplomates dans l'ex-Tchécoslovaquie savaient aussi "faire du commerce" avec les montres, l’électronique bon marché, les cigarettes et l'alcool de Tuzex (le magasin spécialisé pour les personnalités mondaines de régime communiste). Après la création d'un "nouvel ordre" dans notre pays, les Vietnamiens ont construit sur le site de l’hôtel Košík le premier marché de gros vietnamien en République tchèque. »75 Comme il a été présenté dans le cadre conceptuel à travers la théorie de réseaux grâce aux postulats de Roger Waldinger, les connexions qui s’étendent à travers la communauté d’immigrants constituent une source du capital social fournissant alors les structures sociales qui, en mobilisant ses flux d’informations facilitent la recherche de l’emploi et l’acquisition des capacités et des ressources qui sont nécessaires pour monter l’échelon économique. (Waldinger, 1997: 3). Après la Révolution du Velours, dans le cas des Vietnamiens venus en République tchécoslovaque, l’information de la possibilité de l’entrepreneuriat était d’abord transmise par les anciens étudiants, les apprentis, les travailleurs contractuels maîtrisant la langue tchèque et prenant en compte les possibilités pour démarrer de nouvelles entreprises. Il s’agissait ici de la transmission d’information de 75 L’Archive de la Ministère du travail et des affaires sociales, Ing.Nguyen Tung, CSc., Problémy s Integrací Vietnamské komunity v České Republice: úvahy, polemika, návrhy, Praha, 6/2000. « Socialistické zřízení ve Vietnamu dovolilo dávno před naší sametovou revolucí "žít jak dokážeš" a vzhledem k nízkým platům skoro všichni "vietnamští pracující" před tím i nyní nějak pracují. Díky tomu vietnamští učňové, dělníci ale i diplomati v bývalém československu také uměli "obchodovat" s hodinkami, levnou elektronikou, cigaretami či alkoholem z Tuzexu. Po nastolení "nového pořádku" u nás pak Vietnamci vybudovali v areálu hotelu Košík první vietnamskou velkotržnici na českém území. » page 16. 58 bouches à oreilles très rapide et efficace. Selon le sociologue Waldinger (1997) ainsi que l’anthropologue Alain Tarrius (2000), la confiance inter-ethnique est un facteur importante en fonction du sentiment de la réduction des risques et fait une liaison entre les entrepreneurs co-ethniques. Mon informatrice, madame M., m'a racontée comment son mari a réussi à gagner sa vie suivant l'expiration de son contrat dans l'usine grâce au réseaux économique ethnique. « Je pense que les Vietnamiens ont commencé ses activités commerciales en 1991, très tôt. [...] Ensuite, ils (les autres Vietnamiens à Prague) cherchaient quelqu'un qui connaissait la langue tchèque et qui savait conduire la voiture. Nous avons une tante en Allemagne, et elle avait rappelé mon mari qu'il devait faire un permis de conduire. Une fois l'option, il a passé le permis de conduire, et ça valait le coup. Depuis quelque temps, quand nous étions à la recherche d'un emploi, il ne savait pas comment gagner sa vie pour moi, en pensant qu’il ferait un chauffeur de taxi. Puis il a découvert que, pour obtenir une licence, il devait avoir dix années du casier judiciaire vierge. Donc, il ne pouvait pas obtenir une licence. »76 L’autre informateur, monsieur V. est venu en tant que travailleur contractuel en 1982 au sein d’un contrat de six ans et était accueilli dans une auberge prévu à cette effet et ensemble avec 50 d’autres personnes d’origine vietnamienne ils étaient pris en charge par un organisateur et un interprète vietnamien. Selon cet informant là, la Révolution (comme il l’appelle) offrait les nouvelles opportunités : il a commencé à mener une petite entreprise. « on devait utilisé sa propre tête après la Révolution », témoigne le monsieur, en faisant référence au fait que dans les usines, en faisant le travail de fabrication monotone, il n’étaient pas seul et il savait qu’il aurait pu demander l’aide des collègues tchèques, qui étaient selon lui solidaires notamment grâce à la compassion ressentie envers les immigrés, dont le pays est détruit par la guerre. De l’autre côté, il n’était pas indépendant ou autonome comme aujourd’hui. Avec des autres Vietnamiens qui sont restés en République tchécoslovaque, il a fondé en 1992 une entreprise qui se concentre autour de la vente des vêtements de la mode, et il a débuté ainsi « nous sommes allés en Pologne à la bourse 76 L'informatrice M., L’entretien de 3 avril 2015, « Myslím, že Vietnamci začali podnikat už v roce 1991, velmi brzo. My jsme se do toho kolotoče vlastně nedostali. Nejsme takové povahy. To nebyli známí. Tehdy hledali někoho, kdo uměl jazyk a kdo umí řídit. My máme tetu v Německu, a ta připomněla mému muži, že musí dělat řidičák. Jakmile byla možnost, udělal si řidičák a vyplatilo se to. Nějakou dobu, když jsme hledali práci, když nevěděl, jak mně uživit, tak přemýšlel, že by dělal taxikáře. Potom zjistil, že aby dostal licenci, musí mít deset let čistý trestní rejstřík. Takže nemohl dostat licenci.» 59 (burza) ou les Bulgares ont vendus la mode et nous l’avons acheté et revendu ici, et vu qu’il n’y avait pas de jolis vêtements, le commerce a bien marché. ».77 Le processus de la dispersion de l'information au sein de la communauté était très rapide et efficace. Ainsi, la possibilité de se faire employé par un compatriote qui connaissait bien l'environnement économique et législatif du pays avec le marché s’ouvrant aux capitaux étrangers se relevait d'être le choix convenable pour nombreux Vietnamiens sans l’importance dans leurs origine socio-économique. Pour notre informant, qui est venu en République socialiste tchécoslovaque en 1978 en tant qu'étudiant universitaire et qui a obtenu son diplôme, cette occasion était la seule pour pouvoir gagner sa vie pour lui et sa femme vietnamienne enceinte à l'époque. « Alors tout d’un coup tout les Vietnamiens étaient des entrepreneurs. La troisième option était non officielle: lorsqu’il était difficile de gagner de l'argent, on se rendait dans un camp de réfugiés et on recalculait l'argent qu'on avait obtenu là en aide sociale, là on gagnerait plus. Donc, pour beaucoup de gens, c’était tentant. Moi même j’y suis allé, pour voir de quoi on parlait, mais j’ai su immédiatement que c’était quelque chose à laquelle je ne survivrais pas. Juste trop de temps libre. Juste ces gens là-bas flânaient dans le camp en ne faisant rien. Je pensais mourir dans une semaine. Alors, bien sûr ce n’était pas mon option. Au début, on n’avait aucune idée de comment ça aller se dérouler. Ensuite, il a été découvert que le business marchait bien ici, donc beaucoup de gens sont retourné d’Allemagne. Il existait la menace que l'Allemagne ne reconnaîtra pas l'asile politique et retournera ce gens au Vietnam. »78 77 78 L'informateur V., L’entretien au SAPA - le centre commerciale vietnamien, le 5 avril 2015. L'informateur J., L’entretien le 31 mars 2015 « Po roce 1989 se každá skupina lidí rozhodla pro něco. Skupina jela do Německa, do těch uprchlickejch táborů. Ze začátku jiná možnost nebyla. Pokud se po Revoluci člověk chtěl vydat do Německa nebo do Holandska, tak to bylo klasické, že se sebere. Před Revolucí to je jiný příběh, to bylo strašně obtížné, to spíš jižní cestou přes Jugoslávii a potom do Itálie a tam prostě požádat o azyl. A tady do Německa až po pádu Berlínské zdi, normální dělník co tady skončil v těch fabrikách měl dvě oficiální možnosti a jednu neoficiální. První byla vzít nějaké odškodné a vrátit se do Vietnamu. Druhá je zůstat tady, ale tady už se o Vás nikdo nestará. Ale zajímavé je, že ten stat vás taky nenutil, že se musíte vrátit. Takže hromadně lidé jednali, jeden to našel, druhej to okoukal. Že najednou všichni Vietnamci byli podnikatelé. A třetí neoficiální : tehdy to bylo těžké vydělávat nějaké peníze a když se člověk sebere do uprchlického tábora a přepočítá ty peníze, co tam dostane na podpoře, tak by tam dostal víc. Takže pro mnoho lidí to bylo lákavý. Dokonce jsem se tam taky podíval, abych věděl, co to je, ale okamžitě jsem věděl, že to je něco, co nepřežiju. Prostě příliš hodně volného času. Prostě ti lidé se tam toulají po areálu a fakticky nic nedělaj. To jsem si říkal, že takhle umřu za tejden. Takže určitě tahleta cesta jako ne. Na začátku nikdo neměl žádnou představu, jak to bude dál. Pak se zjistilo, že to podnikání tady docela šlo, tak se hodně lidí vrátilo do Německa. Tam hrozilo ještě, že Německo vrátí 60 La communauté a saisi complètement un domaine du marché en se dispersant les informations sur les possibilités et les trous dans le système se formant pendant la transformation politique et économique de la République socialiste tchécoslovaque. Les Vietnamiens, comme le suivant informateur, malgré le manque des compétences et de formation professionnelle, ont saisi leur opportunité de fonder une entreprise et d'acquérir la carte de séjour pour cinq ans. « Nous étions mal formés, nous nous entraînions pour autre chose, mais pas dans le management des entreprises. Maintenant, lorsque je revois ce que je faisais dans l'entreprise, je me rends compte que je faisais tout mal. Mais en ce qui concerne les Tchèques, qui allaient faire du business, la seule explication est que, à cette époque,nous avons fait tout presque aussi mal. Après 1989, nous avions la possibilité d'établir Ltd. 79 sous la réserve que qu'un Tchèque soit dans sa gestion. » Après 1989, tout comme la plupart des Vietnamiens, qui sont restés en Tchécoslovaquie (Brouček, 2003), les deux de nos répondants se sont lancés dans la commerce du textile et de la confection. Ils étaient prêts à se déplacer à travers la République et aller à l’ étranger afin de saisir l'opportunité d'offrir de nouveaux articles sur le marché tchécoslovaque naissant. L'informateur a raconté à propos de son père: « Ensuite, il a commencé ses activités entrepreneuriales. Ils prenaient un train à Ostrava chaque jour, ils ont ouvert les stands. Ce fut un grand marché où ils sont allés les Tchèques et les Polonais à faire des achats, parce que les tissus n'étaient très pas chers. Les matériaux étaient originaires de Turquie, et puis du Vietnam. ».80 Ainsi, la véritable niche ethnique et puis une économie transnationale étaient formées. 79 80 tyhle lidi do Vietnamu s tím, že nemají na uznání politického azylu.“ L'informateur P., L'entretien le 20 mars 2015 ; « My jsme byli špatně školení, byli jsme školení na něco jinýho, jenom ne na podnikání. Když si teď promítám, co jsem dělal ohledně firmy, tak jsem dělal všechno špatně. Ale to asi i Češi, co šli podnikat, jediné vysvětlení je, že v té době jsme na tom byli skoro stejně špatně. Po roce 1989 byla možnost založit s.r.o. a jednatel tam asi musel být Čech.“ L'informateur J., L'entretien le 24 avril 2015 : « Potom začalo to podnikání. Museli vlakem do Ostravy každý den, měli stánky, byli v boudě. To byla velká tržnice kam chodili Češi a Poláci nakupovat, protože ten textil byl velice levný. Pocházelo to z Turecka, potom už z Vietnamu. » 61 CHAPITRE III - ANALYSE DE TROIS NIVEAUX : MACRO, INTERMEDIAIRE ET MICRO SOCIAL. Le Chapitre précédent a servi de présentation au programme de l’internationale socialiste qui présente le cadre de l’étude, et qui est mis en articulation avec les entretiens avec les témoins et leurs vécus individuels. Cette partie tente de prendre en considération les facteurs qui ont affecté l’adaptation des vietnamiens à leur nouvel environnement, tout en suivant le fil rouge de cette étude - les réseaux sociaux et familiaux, dont la formation, selon mon opinion, s’inscrit dans des conditions mises en place par le programme de l’internationale socialiste. Les réseaux sociaux sont ancrés dans l’existence de l’économie ethnique et des réseaux familiaux dans la réussite scolaire ; ce sont les deux stratégies les plus efficaces de l’intégration instrumentale dans le système économique et social des Vietnamiens résidents en République tchèque. Pour pouvoir répondre à la question posée au début de la recherche et analyser, comment le programme de l’internationale socialiste a influencé la création de ces réseaux sociaux et familiaux, l’analyse se base sur les sources primaires à partir de lesquelles je tire les facteurs, qui ont eu un impact direct ou une influence plus diffuse sur la communauté et son adaptation. Il s’agit donc ici dans un premier temps d’une analyse plus profonde portant sur le rôle de l’état en tant qu’agent actif, dans la formation des frontières culturelles, dans l’organisation, et dans la répartition des sources disponibles pour les différentes formations/catégories. Pour voir comment le noyau élaborant les politiques des états fonctionne et comment il affecte ou crée les catégories ethniques, il faut travailler sur trois niveaux d’analyse, d’abord le niveau macro, puis intermédiaire et enfin micro-analytique. Au niveau macro, les facteurs qui ont affectés l’adaptation des Vietnamiens pris en compte par l’analyse sont : Les motifs du gouvernement tchécoslovaque, Décentralisation du système d’organisation, Le but de la contrôlabilité et La temporalité du séjour, qui ont tous influencé l’acculturation et l’adaptation des travailleurs vietnamiens par l'établissement de normes qui en ont résultées. Le niveau intermédiaire de l’analyse présente l’ancrage social des activités vietnamiennes, c’est-à-dire l’influence des groupements sociaux sur l’adaptation des citoyens vietnamiens. Selon Frederick Barth, "Un niveau médian est nécessaire pour représenter ce qui crée des collectivités et mobilise des groupes à des fins différentes par 62 divers moyens."81 (Barth, 2000: 21). En effet, les motivations du groupe auxquelles s’adaptent les motivations individuelles sont ici analysées. Dans la présente partie, je tente de faire une brève description de l’évolution structurelle de la communauté vietnamienne au sein de la République tchèque, en donnant des exemples précis de groupements sociaux regardés à travers le concept du capital social. A mon avis, l’ancrage communautaire et le positionnement dans la hiérarchie structurelle est un facteur important pour la réussite dans l’adaptation sociale. Le niveau micro-social est ensuite présenté à travers des facteurs, qui ont un impact au niveau individuel. Le niveau micro d'analyses est nécessaire pour indiquer les processus d'auto-identification, d'acceptation ou de refus de symboles et de communions sociales, et ceux de l'interaction sociale selon laquelle l'individu façonne ses idées, les valeurs, l'auto-valeur. Les facteurs, qui influençaient les citoyens vietnamiens au niveau individuel sont toujours décrits de l’extérieur, comme des conditions qui sont ensuite articulées par les individus eux mêmes selon leurs propres capacités, motifs et valeurs personnelles. Il s’agit ici : Des motifs des Vietnamiens pour venir en République tchécoslovaque, L’apprentissage de la langue, Les envois de fonds, Les conditions de la formation de la famille et les relations intimes qui résultent en Différences intergénérationnelles. Dans un deuxième temps, à partir des témoignages récupérés je propose de contraster le point de vue des sources de base des archives, afin de mettre l’accent sur la perception et le vécu individuel. Tous ces niveaux sont étroitement liés, et ce qui résulte du niveau macro établit la fondation pour le niveau médian, qui à son tour crée les contraintes, conditions d'expression et d'action du peuple au niveau micro. Les organisations et les discours transnationaux et internationaux jouent un rôle plus important dans l'articulation étroite avec le niveau médian. La main d’œuvre vietnamienne à partir de 1974 Dans le cas des Vietnamiens arrivant en République socialiste tchécoslovaque en tant que travailleurs contractuels, apprentis ou stagiaires, les règles imposées par les organisations étatiques en charge de l’accueil en République socialiste tchécoslovaque, et par 81 “A median level is needed to depict that create collectivities and mobilize groupes for different purposes by diverse means.” 63 l’ambassade de la République socialiste du Vietnam étaient réévaluées en fonction des valeurs de la société d’origine. 3.1. Les immigrés vietnamiens en République tchèque d’un point de vue macro analytique. Cette partie analyse les conventions officielles et les relations internationales entre les deux gouvernements sous politique communiste, leur coopération et l’équilibre (déséquilibre le cas échéant) au niveau des pouvoirs institutionnels, ainsi que la prise en charge des Vietnamiens par le côté tchécoslovaque. Ces conventions bilatérales représentent, au sein de la présente recherche, les facteurs structurels qui conditionnent la migration internationale. L’autre facteur structurel qui sera présenté plus loin est la situation politique et économique en transformation pendant la fin des années 1980 et le début des années 1990, ce qui réglemente les changements dans l’économie locale. Dans cette partie, l'ancrage du cadre institutionnel, et donc la coordination de toutes ces questions dans les normes juridiques qui auront force de loi, sera présenté brièvement. En République socialiste tchécoslovaque, il s’agit de la loi sur la création de ministères et d'autres organismes gouvernementaux centrale n ° 2 de 1969 loi sur les compétences82. Cette loi articulait les responsabilités des autorités publiques par rapport au programme d’internationalisme socialiste. Dans le § 12 de la présente loi, qui articule la responsabilité du ministère de l'Intérieur, au point h) étant donné la compétence en matière de séjour des étrangers ou demandeurs d'asile, la protection internationale désormais etc. Le premier chapitre porte sur le rôle de l’État en tant qu’agent actif dans la formation des frontières culturelles et dans l’organisation et répartition des sources disponibles pour des différentes formations/catégories ethniques 3.1.1 Les motifs du gouvernement tchécoslovaque Les pratiques politiques et législatives ont pris racine aux idées provenant d'un contexte géo-politique globale. Cette partie ne tente pas d'analyser l'idéologie qui se cachait derrière les décrets et règlements concernant le programme des travailleurs 82 Kompetenční zákon z roku 1969 64 vietnamiens, cela pourrait constituer un sujet en soi-disant, qui a déjà inspiré l'historienne Alena Alamgir dans son thèse portant sur l'évolution de ce programme. La motivation de cette présente partie de la recherche au niveau macro-sociale était notamment de comprendre les aspects normatifs institutionnalisés, qui, soit de façon latente ou directement, affectaient l'adaptation des Vietnamiens en République socialiste tchécoslovaque. Toute en suivant l'approche de l'analyse sur trois niveaux étroitement liés, il est nécessaire de comprendre quels effets à la vie quotidien des immigrés pourraient avoir ces motifs politiques à travers de ses normes et régulations. L’aide fraternelle et la dispersion idéologique L’idéologie de solidarité et d’aide , initialement humanitaire, était déjà apparue en 1956 avec l'arrivée du premier groupe de Vietnamiens en Tchécoslovaquie composé de cent enfants - descendants de fonctionnaires et de combattants pour l'indépendance et la liberté du Vietnam. En acceptant de petits Vietnamiens le gouvernement tchécoslovaque a démontré sa solidarité avec le pays touché par la guerre du Vietnam et il les a placés dans un orphelinat à Chrastava à côté de la ville du Liberec. Selon le souhait de l'ambassade vietnamienne, quatre ans plus tard les enfants sont rentrés au Vietnam. Depuis la fin des années 195083 des conventions culturelles bilatérales avaient été signées entre le gouvernement de la République démocratique du Vietnam (Nord) et la République socialiste tchécoslovaque. Dans les années 1970, plus exactement en 197184 , un rapport diplomatique a été fait au Vietnam et délivré au Ministère des affaires étrangères pour présenter la discussion de l’action culturelle et propagandiste, où l’attaché politique traite des relations culturelles, scolaires et scientifiques entre la République socialiste tchécoslovaque ; et des conditions politiques au Vietnam pour la propagande idéologique et culturelle de l’état tchécoslovaque. Les facteurs, qui ont influencé la direction de la politique interne en République socialiste du Vietnam telle quelle était importante pour les activités des pays ‘frères’, étaient notamment le conflit entre le Vietnam et les États-Unis, et la rupture dans le mouvement révolutionnaire communiste, créée par la Chine. L’existence de courants politiques différents au sein du Vietnam avant son unification étaient pris comme motivation pour tenter de consolider les forces et les tendances du marxisme – léninisme 83 84 La Convention culturelle initiale a été signée le 20 mars 1957- NAČR NAČR, 200 612/72-OKS„Zpráva o čs.-vietnamských kulturních, školských a vědeckých stycích a propagačních působení ve VDR v roce 1971“, p.8. 65 communes aux pays frères socialistes, et notamment dans l’Union des républiques socialistes soviétiques. En 1976, la toute nouvelle République socialiste vietnamienne a rejoint le Conseil d'assistance économique mutuelle (Rada vzájemné hospodářské pomoci), dont les membres s’étaient liés entre eux pour aider le Vietnam dans son re- développement. Pour le Vietnam, les sommes acquises par les accords bilatéraux avec les «amis socialistes» a été utilisée pour la reconstruction nationale et le paiement des dettes ; et les nombres des contrats offerts augmenta tant que l'état en observa le succès. Or, le but premier de la politique diplomatique envers la République démocratique du Vietnam était dédié à la protection du Vietnam de ‘l’impérialisme américain’, et des tendances de la politique chinoise. L’aide de la Tchécoslovaquie était ainsi interprétée comme ‘une aide matérielle et politique au peuple vietnamien’. Ensuite, un autre objectif des activités politiques tchécoslovaque était la sensibilisation du public vietnamien avec la culture et la situation historique et contemporaine de la Tchécoslovaquie. Le rapport stipule qu’il aurait été nécessaire d’organiser des actions promouvant la culture contemporaine ainsi que plus ancienne, qui ne soient pas coûteuses, et qui visent des larges couches de la population vietnamienne, dont le « niveau culturel était relativement faible » (page 4). Ainsi, la propagande était diffusée par les médias et la presse, notamment le Département des Affaires étrangères publiait le magazine trimestriel intitulé ‘Tchécoslovaquie’ à plus de trois milles exemplaires (page 6). Ainsi allait la lutte contre la propagande des ennemis (ici les États-Unis et la Chine) ; les médias culturels étaient en 1981 évalués comme un outil efficace quant au travail idéologique et éducatif de l'Ambassade tchécoslovaque à Hanoi. Par exemple, les conditions pour la projection des films tchécoslovaques étaient très positives et favorables au sud du Vietnam, où les films étaient utilisés de façon très efficace dans le cadre de la propagande idéologique. Les filmes tchécoslovaques dans la ville de Ho Chi Minh avec ses 63 salles de cinéma avaient une très grande popularité, ce que la diplomatie voulait utiliser pour la propagande du socialisme réel de la République tchécoslovaque, et le camp socialiste en général.85 Le fait est que les personnes les plus informées de la situation en Tchécoslovaquie, et la culture tchèque et slovaque étaient les anciens élèves et étudiants. Pourtant, selon le rapport, les « relations avec eux sont presque 85 NAČR, Ministerstvo školství, Velvyslanectví ČSSR v Hanoi, VSR – správa o ČSR kultúrných, školstkých, vedeckých a zdravotnických stykov s VSR za rok 1981, le 17 décemnre 1981. pp.5 -9. 66 impossibles »86. Selon le Rapport concernant les relations culturelles, scolaires, scientifiques et médicales de la Tchécoslovaquie avec Vietnam pendant l'année 1981, «...les relations avec les diplômés et universitaires tchécoslovaques restent problématiques après leurs rentrée au Vietnam. Les réunions et la mise en places des événements avec eux est très difficile à cause des mesures de sécurité des bureaux et des institutions vietnamiens par rapport à l'état paramilitaire. »87 Cependant, les témoignages de ces anciens élèves tchécoslovaques, de même que le fait que la délégation politique de la République socialiste tchécoslovaque avait activement promu une prise de conscience des Vietnamiens par rapport à la culture et la situation en République socialiste tchécoslovaque, peuvent être un facteur qui a influencé directement la création du « mythe de l’Occident » (Kocourek, 2008) et peut-être a joué un rôle de push factor. Le concept de l’internationalisme prolétaire était originalement perçu comme une solidarité entre les pays socialistes, et une fidélité aux initiatives de la politique soviétique ; les auteurs de la fin des années 1980 l’appellent "Euphémisme pour la doctrine Brejnev " à la suite de l'invasion de 1968 de la Tchécoslovaquie. Autrement dit, une astuce rhétorique utilisée par l'Union soviétique pour justifier ses interventions dans les affaires politiques des pays d'Europe centrale et orientale si il jugeait ces affaires être une menace pour la cause du socialisme mondial.88 L’Internationalisme socialiste, une doctrine qui paraissait être vide, mais au niveau de l’état fédéral tchécoslovaque, était relayée par trois institutions (Après les réformes administratives qui ont pris effet le 1er Janvier 1969 et transformé le pays en une fédération (Alamgir, 2014: 9) : La Ministère tchécoslovaque du travail et des affaires sociales, les deux Ministères des fédérations de Tchéquie et de Slovaquie. De côté du Vietnam, le Comité d’état pour la formation professionnelle89 était en charge. Selon un candidat doctorant d’origine vietnamienne préparant sa thèse au sein de l’Institut d’ethnologie et de folkloristique de l’Académie des Sciences, Ngo Van Le, 86 87 88 89 NAČR, 200 612/72-OKS, Zpráva o čs.-vietnamských kulturních, školských a vědeckých stycích a propagačních působení ve VDR v roce 1971. NAČR, Ministerstvo školství, Velvyslanectví ČSSR v Hanoi, VSR – správa o ČSR kultúrných, školstkých, vedeckých a zdravotnických stykov s VSR za rok 1981, le 17 décemnre 1981. p.9. Dawisha, Karen et C. Valdez, Jonathan, “The New Internationalism in Eastern Europe, Proceedings of the Academy of Political Science”,36, N. 4, 1987 , Soviet Foreign Policy, pp. 119-131. Státní výbor pro odbornou přípravu Vietnamské socialistické republiky 67 l’émigration vers les pays bourgeois est un phénomène spontané, tandis qu’au sein du système socialiste fondé en 1945, la migration était devenue un phénomène dirigé ; en opposition avec les expatriations vers des pays bourgeois, qui elles reflétaient un conflit économique ou des nécessités économiques. Deuxième différence importante des émigrés des pays dits bourgeois qui s’installaient dans le pays d’accueil en permanence est le fait que le séjour des travailleurs immigrés en République socialiste tchécoslovaque était impérativement limité par un certain délai introduit et réglementé par les gouvernements. Comme conséquence de cette limite temporaire il n’était pas permis d’amener sa famille. Il est intéressant de noter qu’ en 1989, quand sa thèse a été publiée, Ngo Van Le décrit l’échange déclaré par les gouvernements entre la République socialiste tchécoslovaque et Vietnam comme étant un exemple de l’application de l’internationalisme prolétarien et «une réalisation de traités d’amitié et de coopération entre les pays frères»90 (p.8). Le stimulus de la réalisation de l’enquête ethnographique et une introduction théorique au sein de cette thèse doctorale ont été des problèmes que les ouvriers immigrés devaient affronter au sein de la société tchécoslovaque, et le but principal était pour le jeune ethnographe d’observer le mode de vie des Vietnamiens, et surtout leurs conditions de travail et de vie dans les environnements comme les résidences et les usines afin d’appréhender les problèmes. Ainsi, le but était à la fois d’ouvrir de nouvelles possibilités pour le gouvernement tchèque pour les programmes d’échange du travail, et pour le gouvernement vietnamien il s’agissait de trouver des options pour soutenir le pays dans les difficultés économiques, détruit par la guerre. Le lien indirect entre migration et développement économique du pays d’origine est analysé sérieusement par des études du développement, dans mon cas d’étude visé directement de manière manifeste, sous réserve de première étape du programme d’aide offert par le République socialiste tchécoslovaque qui l’avait présenté en tant qu’une aide humanitaire amicale. Les accords qui avaient pour but le développement économique direct étaient accompagnés par des accords culturels, visant l’apprentissage des aspirants, des stagiaires et des étudiants universitaires vietnamiens qui seraient formés en tant que futurs cadres dans des domaines nécessaires à la reconstruction et au bien-être du pays. Les propositions du nombre d’étudiants et d’aspirants, et leurs spécialités souhaitées étaient présentés 90 …naplnění smluv a o přátelství a spolupráci mezi bratrskými zeměmi 68 directement par le gouvernement de la République Démocratique du Vietnam.91 Il s’agit ici de la Convention Culturelle signé en 1957.92 Ainsi, les fondements du phénomène de l’aide officielle encadrés dans la politique de pays d’accueil des immigrés vietnamiens se reflètent dans la mise en place de la politique d’export de la main d’œuvre du Vietnam contemporain. Les activités transnationales visant au développement économique fonctionnent dans la double-logique où se mêlent le niveau macro et micro-social. Les travailleurs contractuels envoyés dans les pays développés servent non seulement la politique de la diminution du chômage et l’ouverture du marché à l’investissement étranger, mais aussi au niveau individuel - ce qui est plus visible dans le court terme – l’épargne familiale et l’ascension sur l’échelon économique de la famille. Comme il était mentionné dans la partie théorique, dans la recherche présente, je réfère aux Vietnamiens vivants en République tchèque en tant que diaspora. En effet, les Vietnamiens vivant à l’étranger sont dénommés en tant que groupe transnational et diasporique non seulement dans le milieu académique, mais aussi par les Institutions officielles au Vietnam. Ce phénomène est étudié par exemple dans l’ouvrage de Dovelyn Rannveig Agunias, l’analyste des politiques de l’Institut des Politiques de la Migration de Washington, expliquant que le fait d'entretenir des liens avec le groupe des citoyens transnationaux peut permettre aux pays en développement de profiter des avantages de la globalisation et d’engager la diaspora productivement dans le développement (2009: 5). Dans la Revue de la Migration vietnamienne à l’étranger, les communautés de Vietnamiens vivant à l’étranger en gardant leur citoyenneté vietnamienne et percevant leur séjour en tant que temporel sont classées en tant que diaspora. L’accent est mis aussi sur le contexte du monde globalisant et sur le fait que les communautés signifient un potentiel économique important. (2012: 29-30). L’existence des Institutions officielles en tant que Comité national pour les Vietnamiens d'outre-mer, et ses travaux statistiques qui estime les investissements des Vietnamiens vivant à l’étranger à 5.7 billions de dollars en est la preuve.93 91 92 93 NA, 7.11.1975, Federální Ministerstvo zahraničních věcí č. 79.459/75-3, Annexe au Aide Mémoire Spécialités et nombre d’étudiants vietnamiens envoyés pour leurs études en République Socialiste de Tchécoslovaquie en 1975, Répartition pour l’année scolaire 1975 – 1976 des aspirants de la R. D. Du Vietnam à envoyer en R. S. Tchécoslovaque. MPSV, Prováděcí Plán k Dohodě o kulturní spolupráci mezi Československou socialistickou republikou a Vietnamskou demokratickou republikou, podepsané dne 20.března 1957 na léta 1974 – 1975. « National Committee for Overseas Vietnamese”, [Review of Vietnamese Migration Abroad, 2012, 30] 69 Le profit tiré des ouvriers Vietnamiens Dans la deuxième moitié des années 1980, la Tchécoslovaquie ainsi que les Vietnamiens commencent à utiliser la situation à leur propre avantage et à en tirer profit. La Tchécoslovaquie recrute de plus en plus de Vietnamiens pour des emplois peu attractifs, par exemple dans les lignes d'assemblages des usines, et pour des travaux accessoires afin de « sauver » le plan socialiste. Du côté vietnamien, la corruption de développe : les agences de recrutement sont désorganisées et n'hésitent pas à accepter des pots-de-vin. Vietnamiens utilisent leurs revenus pour envoyer des biens à leurs familles au Vietnam. De plus en plus de criminels et des enfants de fonctionnaires, habitués à la corruption et au népotisme, viennent en Tchécoslovaquie. Les motivations qui étaient autrefois d'apprendre un métier ou d'améliorer la puissance de travail reculent et laissent place à l'idée d'un enrichissement rapide et facile.(Broucek, 2003: 16). Mon informateur , monsieur T. m'a aussi expliqué la façon dont il a obtenu son 'billet' pour arriver en République socialiste tchécoslovaque pour sa formation en 1982. « Mon père était employé au ministère du Vietnam. La famille dont le père ou la mère est fonctionnaire a la chance de pouvoir demander d'envoyer ses enfants à l'étranger vers l'Occident, soit en Allemagne de l'Ouest, soit dans l'Union soviétique, en Roumanie ou en Bulgarie. Vous pouviez choisir pour vos enfants le pays cible seulement si vous aviez du pouvoir. Les fonctionnaires normaux ne pouvaient pas choisir. »94 Ma recherche dans des documents administratifs montre que les délégations tchécoslovaques étaient critiques de la sélection des candidats. En effet, à leur arrivée, ils n'étaient pas bien formés pour travailler dans des organisations tchécoslovaques pour diverses raisons. A plusieurs reprises, les délégations tchécoslovaques regrettaient le fait que les citoyens vietnamiens ne satisfaisaient pas les exigences requises telles que stipulées par les conventions. Du côté tchécoslovaque, un certain changement dans l'idée du programme débute dès les années 1970, alors que l'économie planifiée a commencé son déclin et que la maind'œuvre moins qualifiée vient à manquer. Le rapport du 7 avril 1976 portant sur les possibilités d'emploi de citoyens vietnamiens à l'attention du Cabinet du Premier Ministre, 94 L'informateur T., L'entretien le 30 avril, 2015 ; « Můj otec byl zaměstnán na ministerstvu ve Vietnamu. A ta rodina, kde je otec nebo maminka státní úředník má tu šanci požádat o zaslání dětí do zahraničí na Západ. Buď do Západního Německa nebo do Sovětského svazu nebo do Rumunska nebo do Bulharska. Mohli jste si vybrat pro své děti cílovou zemi jen ti, co měli moc. Normální úředníci si nemohli vybírat.» 70 il est possible de constater un tournant vers l'idée d'aide mutuelle. Il s'agit ici d'une échange plus que d'une aide paternaliste sans considération pour le payement de la dette comme cela était le cas dans les années 1960. Selon Lubomír Štrougal, alors premier ministre : « L'emploi de citoyens vietnamiens, comme cela est maintenant envisagé, pourrait contribuer à résoudre le problème du chômage dans la partie sud du Vietnam ; et dans le même temps, cela pourrait être un moyen de former des cadres qualifiés dans les professions de cols bleus pour l'économie nationale vietnamienne. D'autre part, l'économie nationale tchécoslovaque pourrait acquérir une force de travail pour ses entreprises d'ingénierie et ses industries de construction, ce qui est d'une importance majeure pour la poursuite du développement de l'économie. »95 3.1.2 Décentralisation du système d’organisation Dès lors que les travailleurs vietnamiens commencèrent à être accueilli par le gouvernement tchécoslovaque et que leur nombre augmentait , le système relatif à leur prise en charge s'élaborait. Au cours des négociations avec la délégation du Vietnam, les mesures spécifiant les obligations de chaque institution politique concernant le déroulement du programme étaient mises en place dans le respect de la hiérarchie bureaucratique. Le Ministère fédérale du travail et des affaires sociales publia les instructions de base en accord avec les autres autorités centrales. Ainsi, le ministère menait ces négociations avec le Comité étatique de la République socialiste du Vietnam et l’Ambassade vietnamienne, et coopérait avec les ministères républicains tchécoslovaques (les Ministères du travail et des affaires sociales, de l’éducation, de la santé, ainsi que divers ministères concernés par la formation des vietnamiens). Les ministères républicains respectifs (de la République socialiste tchèque et de la République socialiste slovaque) s'occupaient avant tout de l'accueil et de la formation des citoyens vietnamiens, notamment en ce qui concerne le logement et la nourriture , et effectuaient un contrôle continue de la procédure. Ainsi, les ministères républicains étaient chargés de la direction des centres d’apprentissage de la langue. A l'arrivée des citoyens vietnamiens, ils les accueillaient à la sortie de l'avion et assuraient leur transfert vers les centres d'apprentissage de langue et les centres de formation. Ensuite, ils surveillaient le passage de la formation au travail productif. Enfin, ils avaient la liste des noms des Vietnamiens et effectuaient des bilans personnels réguliers. Le ministère républicain de l’éducation établissaient les lignes 95 MPSV, “Informace o možnostech zaměstnávání vietnamských občanů v ČSSR a návrh dalšího postupu,” reçu par le Cabinet du Premier Ministre (Úřad předsednictva vlády) le 7 avril 1976. 71 directrices pour l’apprentissage de la langue tchèque et slovaque et dirigeait la préparation des programmes d'enseignement. Ils définissaient les critères de sélection des enseignants et décidaient de leurs qualification. Ils faisaient l’inspection et supervisaient la formation professionnelle et linguistique des écoles d’enseignement secondaire. Ils préparaient aussi les examens finaux. Le ministère républicains de la santé déterminait les critères d’évaluation de l’aptitude de travail et décidait des mesures de santé nécessaires. Enfin, le ministère du commerce s'occupait de fournir aux citoyens vietnamiens des vêtements, des chaussures et des biens nécessaires à leur toilette personnelle. Les instructions administratives élaborées par les institutions nationales étaient appliquées au niveau régional par les comités nationaux (Národní Výbory). Les Comités nationaux régionaux suivaient les instructions des ministères relatifs à la formation linguistique et à la formation professionnelle, et ménageaient le choix et l’emploi des pédagogues, nommaient les directeurs des centres linguistiques et des institutions d’enseignement secondaire, et demandaient les subventions nécessaires aux salaires de ces employés. Ces comités étaient aussi en charge des soins préventifs et médicaux des citoyens vietnamiens : ils choisissaient les employés médicaux pour les centres de langue et s’occupaient de leurs salaires. Ainsi, ces comités régionaux garantissaient le contrôle de l’état dans l’accueil des citoyens vietnamiens en ce qui concerne la formation, le logement, la nourriture, ainsi que les soins. Finalement, chaque établissement a pris en charge l’emplacement des étudiants spécifiques96, qui étaient suivi par des tuteurs, nommé par les ministères de l’enseignement étatiques. Il s'agissait ici d'un système qui appliquait vraiment une approche descendante (top down approach). Ainsi, en pratique, les apprentis ne rencontraient que leurs enseignants, et les travailleurs et les stagiaires n'étaient en contact qu'avec les dirigeants de leurs groupe respectifs d'origine vietnamienne (dans des cas plus important, avec l'organisateur local). Les Vietnamiens ne pouvaient pas choisir leurs dirigeants et avaient un contact très limité avec les autres représentants de la société dominante. 96 Září 1973 Odbor školství Národního Výboru Hl.Města Prahy, Návrh na zařazení vietnamských absolventů vysokých škol. 72 3.2 Les immigrés vietnamiens depuis la convention de 1974 au niveau intermédiaire de l’analyse Cette partie porte sur la question de la communauté vietnamienne et de sa diversité structurelle, ainsi que sur les réseaux solidaires créés par des stagiaires pionniers venus en République tchèque. Il s’agissait de réseaux formés à partir de la provenance d’origine, de l’appartenance politique etc. Dans cette partie de l'analyse, je prends en considération l'hétérogénéité du groupe ethnique, et tente d'expliquer la diversité structurelle interne à la diaspora vietnamienne résidente à Prague. En plus des sources primaires historiques et des témoignages, cette analyse se fonde sur des sources secondaires (Alamgir, 2013 ; Broucek, 2003 ; Koucourek, 2008 ; Kusnirakova, 2013). Cette analyse ouvre sur ma future recherche doctorale. Le groupe d'anciens résidents97 venus dans le cadre des accords socialistes ou même dans les années 1990 ont eu des stratégies de vie similaires. En premier lieu, il est possible de constater que ceux-ci ont construit les liens ethniaques grâce à leur savoir-faire pragmatique spécifique. (Balaz, Williams). En effet, ces immigrants pionniers déterminèrent dans une certaine mesure l'image de leur communauté, la coopération avec les bureaux tchécoslovaques, la stratégie administrative et finalement l'attitude envers la majorité tchécoslovaque. En dépit d’attitudes racistes98, les anciens résidents utilisaient les contacts au sein de la société majoritaire, notamment dans le but d'acquerir une certaine autonomie entrepreneuriale ou commerciale. En deuxième lieu, ces premières cohortes migratoires firent preuve d'une cohésion et d'une solidarité interne qui n'est plus visible au sein de la diaspora aujourd'hui (Broucek, 2003: 19). La cohésion des cohortes migratoires avant la révolution à Prague peut être expliquée par le fait qu'aucun des arrivants n'avait de relations familiales déjà installées dans la métropole tchèque. Le fait qu'il ne soit plus possible de parler de la communauté vietnamienne en tant que telle aujourd'hui peut être expliqué par une cause naturelle – la croissance démographique : les Vietnamiens passèrent 97 98 « starousedlíci“ en tchèque. Veronika Kuřinová, Zdeňka Petriláková, Magdaléna Ramešová, Sylva Skřivánková, Tereza Vebrová Postoj Čechů k vietnamské menšině v ČR [online] Hospodářská a kulturní studia, Provozně ekonomická fakulta ČZU v Praze, 2010. Dostupné z:http://www.hks.re/wiki/postoj_cechu_k_vietnamske_mensine_v_cr 73 de 9633 en 1994 à 61115 en 2010 (Le Bureau Statistique tchèque), mais cette évolution est beaucoup plus complexe et exige une étude de la structuration interne de la diaspora.99 Il y a plusieurs aspects selon lesquels nous pouvons diviser la diaspora en groupes d'appartenance. Deux aspects importants sont facilement détectables : le premier est le statut socio-économique et le niveau d'études achevé ; l'autre est la province d'origine au Vietnam. Contrairement aux premiers arrivants, les nouveaux migrants depuis la moitié de 21ème siècle jusqu'à aujourd’hui sont beaucoup plus dépendant du réseau vietnamien existant en République tchèque, et donc ont besoin d'utiliser leurs services. Au sein de la diaspora, il est possible d'observer une professionnalisation de l'aide, ce qui se présente sous la forme de prestations de services. En Vietnamien, le terme synonyme de ces services est Dich vu. Grâce aux dich vu, les nouveaux arrivants en République Tchèque peuvent vivre même sans connaître la langue ou l'ordre juridique tchèque, et ne sont donc pas obligés de s'intégrer de la même manière que durent le faire les groupes d'anciens résidents. Dich vu sont utilisés par les deux groupes de nouveaux arrivants – par ceux qui viennent par des agences intermédiaires et n'ont presque pas de contacts au pays d'accueil, ainsi que par ceux dont la famille habite déjà en Europe et qui par conséquent profitent de l'aide de leurs réseaux sociaux personnels. (Kusnirakova, 2013(b): 25-26). A la suite de ce que j'ai présenté dans les pages précédentes, il est possible de noter une évolution de la nature des relations au sein de la diaspora. Les relations amicales qui marquaient les anciens résidents (en fonction de l'origine socio-économique de la famille), ont généralement été remplacées par des relations purement fonctionnelles et économiques. Au cours de la formation de la communauté ethnique, la « qualité » du capital social acquis au sein de la société d’accueil présente une source pour la formation et la légitimation des rapports de force hiérarchiques au sein de la communauté. L’apparition de ce phénomène est décrit en détail par Tereza Kušniráková dans son étude de la structure interne de la diaspora vietnamienne en République tchèque. Souvent, les Vietnamiens qui sont venus afin de saisir l’opportunité privilégiée d’étudier au sein des universités tchèques dans les années 1980, sont soit restés, soit retournés au Vietnam pour travailler au poste de directeur du groupe des travailleurs contractuels. Tout au long de la présence de la population vietnamienne sur le territoire de la 99 Les membres d'une « communauté » devrait se sentir solidaires et appartenir à cette unité. La diaspora tchèque manque cette intégrité interne et une identité collective. (Kusnirakova, 2013(b): 20)) 74 Tchéquie, il est possible de tracer une évolution interne et structurelle. Tandis qu'avant 1989 la population vietnamienne peut être catégorisée en tant que diaspora ou même communauté, plus tard, dans les années 1990, on peut observer une évolution de la structuration interne et la stratification de l’ethnie vietnamienne. (Brouček, 2003) Le lieu de résidence des travailleurs contractuels pendant les années du programme se projette dans leur choix de la localité pour la fondation des grandes centres commerciaux. Autrement dit, par rapport aux dynamiques urbaines, les Vietnamiens démontrent une préference de monter leur entreprise dans la localité avec laquelle ils ont déjà familiarisés. Le candidat vietnamien Ngo Van Le dans sa thèse en ethnologie soutenue en 1989 explique que les travailleurs vietnamiens à Prague sont souvent logés tous ensemble dans des grands dortoirs. Ainsi, ils peuvent maintenir leurs coutumes et leurs traditions. Il donne l’exemple de l’arrondissement Praha 4 Chodov, de l’hôtel Košík et de la résidence de la société de transport tchèque dans Prague 8 Bohnice. (Ngo, 1989 : 21). Et c’est effectivement dans ces localités, où les Vietnamiens ont investi pour créer des centrer commerciaux. « Après la révolution est née à Prague le premier centre de gros autour des anciens dortoirs des travailleurs étrangers Panier d'achat Hôtel à Prague 4 - Chodov. Peu à peu, a grandi en taille ainsi que pour «l'indépendance». En 1996, les autorités locales seront abolir. » ( Martínková, 2008: 1) La hiérarchie interne aux Vietnamiens présents en République socialiste tchécoslovaque commença à se structurer dès la mise en place de la coopération dans la mise en œuvre de l'accord de gouvernement du 21 Décembre 1979 sur la formation et le développement des compétences des citoyens vietnamiens dans les organisations tchécoslovaques. Dans les années 1980, lorsque les deux gouvernements se sont mis d'accord sur l'accueil d'un plus grand nombre de citoyens vietnamiens, le côté tchécoslovaque a mis en œuvre les conditions officielles pour l'emploi des directeurs de groupes et des interprètes en leurs attribuant, de façon latente, le statut supérieur aux ouvriers dont ils étaient en charge. Cette hiérarchisation des rôles des citoyens vietnamiens qui étaient engagés dans le programme est manifestée notamment en 1986100, lors de la réunion entre les délégations du Comité d’État pour la formation des VSR et le ministère fédéral du Travail et des Affaires sociales de la Tchécoslovaquie sur la coopération dans la mise en œuvre de l'accord de gouvernement du 21 Décembre 1979 sur la formation et le 100 MPSV, Zápis z jednání delegací Státního výboru pro odbornou přípravu VSR a federálního ministerstva práce a sociálních věcí ČSSR o spolupráci při provádění vládní Dohody ze dne 21. prosince 1979 o odborné přípravě a dalším zvyšování kvalifikace občanů VSR v československých organizacích. 75 développement des compétences chez les citoyens vietnamiens dans des organisations tchécoslovaques. Ici, le côté tchécoslovaque a encouragé le Comité national pour la formation professionnelle de la République socialiste du Vietnam de mener la sélection des futures employés aux postes des directeurs des groupes à partir des vietnamiens diplômés au sein des universités tchécoslovaques, « avec une bonne connaissance de la langue tchèque ou slovaque, qui aurait l'autorité nécessaire pour leurs groupes ».101 Le mot 'autorité' renvoi ici à une certaine mise à niveau au sein de la communauté des Vietnamiens qui étaient les enfants des cadres politiques ou élites, vu qu'ils avaient pu étudier dans une université européenne. Leurs positions a été ainsi assurée par l'établissement de ses conditions officielles. Ainsi, le 27 juin 1984, le ministère fédéral du travail et des affaires sociales tchécoslovaques, en accord avec les services compétents de l'ambassade de la République socialiste du Vietnam, édita les termes qui régissaient les organisateurs et les dirigeants des groupes de citoyens vietnamiens travaillant temporairement dans les organisations tchécoslovaques.102 Les directeurs des groupes et les organisateurs furent proposés par le côté vietnamien en accord avec le Ministère du travail et des affaires sociales de la République socialiste tchécoslovaque et furent subordonnés au service des cadres et du personnel d'organisation d'employeurs. Tandis que les citoyens vietnamiens étaient obligés de suivre les instructions des organisateurs, ils avaient aussi le pouvoir de se faire entendre. C'est-à-dire que selon ces termes, ils pouvaient choisir leurs représentants qui étaient en contact avec la direction de l'organisation (l'usine ou ils étaient employés) et devaient « contribuer au bon déroulement de la formation professionnelle des apprentis et des stagiaires, ainsi que à la promotion des relations amicales entre les deux pays. » (page 3, § 2 b). Les obligations des organisateurs étaient à la fois tangibles et intangibles, même morales. Par exemple, ils étaient obligés de « surveiller le travail des chefs de groupe des autorités vietnamiennes dans le domaine du travail politico-éducatif et dans le renforcement de la discipline du travail et de la moral des citoyens vietnamiens »103, « organiser des loisirs actifs pour les citoyens vietnamiens; tout en coopérant avec les 101 « … s dobrou znalostí českého nebo slovenského jazyka, kteří by měli ve svým skupinách potřebnou autoritu », p. 2, § 2. 102 MPSV, Rámcové podmínky pro působnost organizátorů a vedoucích skupin vietnamských občanů dočasně zaměstnaných v československých organizacích, à Prague, le 27 juin 1984. 103 ch) « sledovat práci vedoucích skupin vietnamské samosprávy na úseku politicko-výchovné práce, při upevňování pracovní a morální kázně vietnamských občanů » 76 syndicats, les jeunes et autres organismes communautaires »104, « se soucier du développement des bonnes relations personnelles entre les Vietnamiens et les citoyens tchécoslovaques »105, « assurer le respect des règlements de sécurité et d'autres, en particulier l'ordre de l'hébergement et diriger le peuple vietnamien à relation correcte à la propriété socialiste »106 Avant 1989 les directeurs de groupes étaient spécialisés en fonction du type de groupe (soit les stagiaires, apprentis, ou bien les ouvriers), tandis qu’une limitation des postes d’employés s'opérait en unifiant les groupes et minimisant le nombre des organisateurs locaux. Ainsi, la rupture dans le régime affectait aussi la structure interne de la diaspora même entre les anciens résidents, ce qui montre le degré de cohésion interne et prouve que leur adaptation fut réussite, tandis que les arrivées des nouveaux migrants économiques a créé une différentiation dans la diaspora en fonction du statut socio-économique (la diversification selon la provenance géographique était déjà visible auparavant-les Vietnamiens s'étaient concentrés et organisés selon la province d'origine).(Kusnirakova, 2013(b)) 3.2.1 Les conditions des relations sociales entre les Vietnamiens La présente partie analyse l’émergence et la mobilisation du capital social au sein de la population vietnamienne en République socialiste tchécoslovaque. Comme le décrit Alejandro Portes, qui revisite la littérature portant sur le capital social, le consensus peut être trouvé dans la définition du capital social en tant que l’agilité des acteurs à sécuriser les avantages en vertu d’être membre de la structure sociale (Portes, 1998: 6). Les institutions, comme les associations, peuvent devenir l’unité sociale à laquelle les individus s’affilient et qui valorise les titres des compétences acquises par l’appartenance aux groupes et réseaux sociaux. Par exemple, les associations sont formées par les membres de la première génération et leur but ne répond pas aux intérêts des jeunes Vietnamiens. De façon latente, l’association Van Lang fonde ses intentions sur les manques du Vietnam provenants du contraste avec la République socialiste tchécoslovaque. Comme l'expliquait mon informatrice madame M., les motivations pour la fondation de cette association 104 f) « organizovat aktivní využití volného času vietnamských občanů; přitom spolupracovat s odborovými, mládežnickými a jinými společenskými organizacemi » 105 g) « dbát o rozvoj dobrých osobních vztahů mezi vietnamskými a československými občany », 106 k) « dbát na dodržování bezpečnostních a jiných předpisů, zejména ubytovacích řád a vést vietnamské občany k správnému vztahu k majetku v socialistickém vlastnictví » 77 résidaient dans le contraste entre l’environnement social et mental de la Tchécoslovaquie et son pays natal. Selon mon opinion, elle a été fortement influencée et inspirée par le mouvement social au cours de la transformation sociale et politique de la République socialiste tchécoslovaque. « Parce que je crois qu’il y a une grande différence entre le niveau intellectuel de la République tchèque et le Vietnam, parce que pendant la Première République la Tchécoslovaquie était déjà un pays très développé. Les Tchèques étaient déjà très conscients. Bien qu'à l'époque du totalitarisme la sensibilité a diminué, la nation possède toujours quelque chose. Le Vietnam n'a jamais été un pays aussi développé. Et en plus nous avions plusieurs années de socialisme et de communisme, donc c’est vraiment mal tombé. En fait, à cause du communisme, nous avons perdu le bouddhisme. Maintenant il s’agit du bouddhisme commercial, pas du bouddhisme spirituel. Ainsi, nous traduisons les articles portant sur les droits humains, écrits par Vaclav Havel. Notre association Van Lang avait traduit un recueil d'essais de Havel. Van Lang est officiellement enregistré depuis environ 3 ans en tant qu'association. »107 Ainsi, les associations peuvent à leur tour faire apparaître la rupture entre les générations, comme c'est le cas pour l'association Van Lang qui réunit surtout les immigrés de la première génération qui ont vécu la Révolution de Velours tchécoslovaque. En revanche, les associations peuvent aussi unifier la première et la deuxième génération de Vietnamiens dans un objectif commun. C’est le cas de l’association de Klub Hanoi, 108 qui propose à la fois les activités culturelles traditionnelles, au sein desquelles se réunissent notamment les anciens immigrés, et les activités qui visent la sensibilisation du public majoritaire avec la communauté. C'est effectivement la scène des jeunes Vietnamiens, qui sont intégrés à la société tchèque et qui s'y sentent concernés.109 107 Madame M., L’entretien le 3 avril 2015 „Protože si myslím, že je velký rozdíl v intelektuální úrovni České Republiky a Vietnamu, díky tomu, že již za První republiky bylo Československo hodně rozvinutá země. Češi byli už od té doby hodně uvědomělí. I když v době totality ta uvědomělost hodně klesla, i přesto něco ten národ pořád má. Vietnam nikdy nebyl takhle rozvinutá země. A ještě k tomu máme kolik let socialismu nebo komunismu, takže je to tam úplně v čudu. Vlastně kvůli komunismu jsme přišli o budhismus. Teďka je to komerční budhismus, ne čistý, odduchovněný, už ne. Takže překládáme třeba články o lidských právech, Havla. Naše sdružení Van Lang už překládali nějakou sbírku Havlových esejů. Van Lang je oficiálně zaregistrované asi 3 roky jako občanské sdružení.“ 108 http://www.klubhanoi.cz/ 109 L’influence des parents sur l’intégration des enfants vietnamiens dans la société tchèque, mémoire de Licence en Anthropologie sociale sous la direction de Josef Kandert, Université Charles de Prague, 2011-2012 78 A l'inverse du capital culturel qui réside « dans la tête », le capital économique réside « dans le compte bancaire ». La possession du capital social est dépendante des structures sociales médiatisées par les autres, et ce sont les autres êtres humaines qui sont les porteurs du capital social qui est à saisir lors la mobilisation des contacts sociales. C’est à travers la relation avec les autres, qu’on peut accéder au capital social. Comme l'explique Alejandro Portes, tout dépend de la motivation des autres pour rendre les ressources disponibles à certaines conditions. Il divise ces motivations entre les motivations consommatoires et les motivations instrumentales110. Les premières sont décrits en tant que sentiments d’appartenance à une communauté cohésive qui constituent une norme évitent la rupture. Cette conception est proche de celle des sociologues. Les normes intériorisées qui rendent de tels comportements possibles sont alors appropriables par d'autres, comme une ressource. Concernant les motivations instrumentales, les bailleurs de fonds fournissent un accès privilégié aux ressources dans l'espoir qu'ils seront intégralement remboursés à l'avenir. Cette conception, concentrée autour de l'accumulation des obligations des autres en fonction de la norme de réciprocité, est à son tour plus près de l'image de la nature humaine sous-socialisée de l'économie moderne. Finalement, «Comme dans le cas des échanges de réciprocité, la motivation des donateurs de cadeaux socialement médiatisés est instrumentale, mais dans ce cas, l'attente de remboursement n'est pas basée sur la connaissance du destinataire, mais sur l'insertion des deux acteurs dans une structure sociale commune. » (Portes, 1998: 8) Si l'on suit ce propos théorique, on observe un phénomène qui combine à la fois les motivations instrumentales et consommatoires, et possédant également les traits d'un échange purement économique. Il s'agit ici de ce qu'on appelle en vietnamien les dịch vụ. Au niveau administratif, ce sont de véritables agences de médiation entre la société majeure et les immigrés vietnamiens. Ces services offerts au niveau communautaire sont toujours payés, et en raison des normes imposées par une certaine ''habitude'', le prix croissant de ces services indique leur qualité, ce qui ne devrait pas être le cas en théorie. Néanmoins, pour les clients, le fait de s'offrir le service le plus coûteux élève leurs prestige. L’activation de ce type de capital exige donc un investissement délibéré. 110 En originale anglais il s'agit de « Consummatory versus instrumental motivations » (Portes, 1998:7) 79 Ces agences, fournissant des services officiels, mais surtout non-officiels, opèrent au Vietnam mais aussi en République tchèque. Au Vietnam, les dịch vụ, dans le but de profiter des clients potentiels, ne donnent que l'information biaisée en présentant exclusivement les aspects positifs de la migration. Ils transforment ou dissimulent délibérément l'information qu'ils donnent aux clients par rapport aux conditions des salaires, des obligations des impôts, le coût réel de la vie etc.(Freidingerová, 2014: 56) Mon informateur, qui est en République tchèque depuis 1988, m'a expliqué que ces agences très coûteuses peuvent endetter certaines personnes soit envers leurs familles, soit envers leurs villages. Paradoxalement, les services que lui-même tente d'offrir à ses compatriotes, sont, outre autres motivations, également basés sur le profit économique. En tant que directeur de la section vietnamienne de l’Association de entrepreneurs en République tchèque, il prévoit la mise en place d’une agence de conseil ayant pour but l’insertion professionnelle des jeunes Vietnamiens diplômés. Son projet est donc un exemple d'intention de mise en valeur et d’augmentation du capital social. Mon deuxième informateur, monsieur N., appartenant à la première génération des Vietnamiens diplômés en République socialiste tchécoslovaque, m'a expliqué qu'il a aussi participé à cette forme de réseaux sociaux élaborés, qui se sont initialement formés à partir des sentiments de solidarité au sein de la communauté vietnamienne. Aujourd'hui, "Il existe des services différents. Juste si vous voulez tel ou tel papier, quelqu'un va le faire pour vous. Naturellement, les différents services ont été créés. Dès le début, ils provenaient des liens amicaux. Moi aussi, j'ai aidé quelques personnes, mais c'est naturellement que les gens comprennent qu'on ne peut pas toujours aider gratuitement. Ces types de services se sont créés de manière naturelle, et ils fonctionnent encore aujourd'hui. Par exemple, aujourd'hui plusieurs entreprises gagnent leur vie grâce aux services qu'elles proposent, comme par exemple de faire les déclarations de revenus pour les entrepreneurs. Depuis le début, et nous étions parmi les premiers, nous avons essayer d'aider, mais nous nous sommes rendus compte que ce n'était pas possible. Les dịch vụ existent encore en tant que services, mais sous d'autres appellations : en faisant de la comptabilité, finance, bureaux de représentation et, plus récemment, de l'assurance, et les prêts ".111 111 L'informateur N., L'entretien, le 3 avril, 2015 : „Existují různé službičky. Prostě pokud chcete ten a ten papír, někdo to za vás udělá. Přirozeně vznikaly různé tyhle službičky. Ze začátku to bylo kamarádské, já jsem taky pomohl několika lidem, ale to je normální vývoj, že si někdo všimne, že nemůže taky vždycky pomoct zadarmo. Tyhlety služby vznikaly přirozeným způsobem. A fungují dodnes. Třeba s daňovými přiznáními, teď několik firem se tím živí. Dokonce ze začátku jsme taky pomáhali jako 80 3.2.2. Les réseaux sociaux personnels Les réseaux familiaux – basés sur la consanguinité Quelle est la signification de la consanguinité pour chaque petite famille avec les nouvelles normes sociales, quand la relation ancienne basée sur la consanguinité était substituée par les relations avec le voisinage ? Au Vietnam, la famille nucléaire vit et travaille dans un environnement où elles sont entourées par d'autres familles nucléaires qui n’appartiennent pas à leur clan. Néanmoins, la tâche majeure de l’existence du clan est de cultiver et conserver un sentiment d’appartenance commune. Lorsque je me suis entretenu avec mon informatrice au sujet de sa famille élargie et de ses visites fréquentes, elle a mentionné son hypothèse sur l’origine de la valeur de la famille et son importance en rapport avec le village en tant qu’environnement traditionnel au Vietnam : « Les villages au Vietnam sont des communautés fermées, dans le vrai sens du terme. Ils sont fermés et clôturés par des bambous. Les bambous poussent si vite, et ils ont des feuilles vertes, de sorte que vous ne voyez pas la fin du village. Ainsi, les membres de la communauté sont très proches et ils sont même tous liés (par le liens de parenté) en quelque sorte. Les gens peuvent être liés indirectement, lorsqu'une famille marie sa fille avec quelqu'un d'un village voisin. C’est pourquoi ces relations sont aussi fortes. Cela provient de cet environnement fermé qui fait que la famille est très importante pour nous.» 112 Ce sentiment mutuel repose sur la parenté de sang et chacun est censé s’investir afin de maintenir des bonnes relations inter-claniques. Le matériel ethnographique démontre que le clan avait une valeur très significative au sein de la société vietnamienne. Les facteurs qui soutiennent l’existence des clans sont les matériels comme la tradition de la culture du riz et de l'eau, liés à la propriété et la distribution du travail partagé au sein du clan, et les intangibles comme le partage d’une généalogie patriarcale consistante de toutes les informations importantes des membres du même clan. Les facteurs tangibles se mêlent jedni z prvních, ale pak jsme říkali, že jako ne. Jako služby dich vu pořád existují, jenom jde o jiné služby: účetnictví, finance, zastupování úřadů a v poslední době i pojištění, půjčky.“ 112 L'informatrice M., L’entretien le 3 avril 2015 , « Ta vesnice ve Vietnamu je uzavřená komunita, v pravém smyslu. Je to zavřené a oplocené bambusy. Bambusy rostou tak rychle, a mají zelené listy, tak vidíte jen na konec vesnice. Takže ta komunita je hodně uzavřená a dokonce všichni jsou si nějakým způsobem příbuzní. Jestli nepřímo, tak jedna rodina možná dala dceru někomu z vedlejší vesnice. Tak proto jsou ty vztahy tak pevné. Z toho prostředí je ta rodina pro nás hodně důležitá. » 81 souvent aux intangibles, notamment à cause du fait que le clan partage une propriété de la terre pour la culture du riz dont les profits servaient au culte des ancêtres lors des cérémonies et des fêtes pour les anniversaires (commémorations) de la mort des ancêtres. Une liste généalogique est gardée dans l'autel des temples, souvent avec des photos ou des images des ancêtres particuliers. A côté des clans, dont les membres étaient souvent dispersés dans des villages géographiquement éloignés, les voisinages portaient une signifiance pour les communautés villageoises. L’appartenance clanique était souvent substituée par l’appartenance communautaire, ce qui se reflète dans l’existence des autels du village (dinh en Vietnamien). Cependant, les paysans étaient engagés dans la maintenance des liens communautaires. (Ngo Van, 1985: 32) Dans son livre, James T. Fawcett précise que «les relations familiales ont un impact durable sur la migration. Politiques, règles et même les normes peuvent changer, mais les obligations entre les membres de la famille sont de nature respectueuses » (Fawcett, 1989: 678) La formation de la communauté est exclusivement dépendante à la cohorte d’arrivée et aux liens familiaux, formant les rapports de force hiérarchiques au sein de la population vietnamienne, et le besoin pour les liens additionnels de la co-ethnicité en dehors de leurs réseaux familiaux ne doivent pas être établis. Les chercheurs en études migratoires se sont mis d'accord pour dire que : "En garantissant que le réseau social des nouveaux migrants sera dominé par des liens avec la famille, la migration sous les auspices de parenté encourage la participation intense continue de groupes de parenté (Tilly and Brown 1967; Gurak and Caces 1992). Cela renforce la force des liens à des membres de la société de l'origine et ralentit la création de liens avec les membres de la société de destination, ce qui retarde l'intégration et l'assimilation."113 En contraste avec la théorie d’économie néo-classique qui perçoit la migration de retour en tant qu’un échec ou une défaillance des attentes et de la réalisation des bénefits ; l’approche de la nouvelle économie de la migration du travail (New economics of labor migration : NELM), « détourne l'attention de la théorie de la migration de l'indépendance individuelle [...] à l'interdépendance mutuelle », lorsque l’accent est mis sur le ménage ou 113 “By guaranteeing that the social network of new migrants will be dominated by ties with relatives, migration under the auspices of kinship promotes the continuing intense involvement in kin groupes (Tilly and Brown 1967; Gurak and Caces 1992). This reinforces the strength of ties to members of the origin society and slows the establishment of ties with members of the destination society, retarding integration and assimilation.” 82 la famille (Stark, 1991: 26). Selon ce livre fondateur de Oded Stark, le retour est considéré comme le résultat naturel d'une expérience réussie à l'étranger au cours de laquelle les migrants ont atteint leurs objectifs (à savoir, des revenus plus élevés et l'accumulation de l'épargne), tandis que l'envoi de fonds fait naturellement partie de leurs revenus pour le ménage (Cassarino:2004). Cette théorie était d’ailleurs mobilisée au sein d’études des tendances migratoires des Vietnamiens au monde menées par la géographe sociale Tereza Freidingerova (Freidingerova, 2014). 3.3 Les immigrés vietnamiens depuis La convention de 1974 au niveau micro de l’analyse 3.3.1 Les motifs des Vietnamiens pour venir en République tchécoslovaque Les envoi des fonds, les immigrés retournant (y compté ceux qui n'ont pas réussi, mais qui l’avoueront jamais) avec les réseaux compatriotiques formés avant la Révolution du velours, soutiennent les images biaisées de la vie en Occident - respectivement de la République tchèque. Il s'agit ici de phénomène appelé par le sociologue Jiří Kocourek La mythe de l’Occident (Kocourek, 2008: 238). Ainsi, les rapatriés vietnamiens nourrissent l'idée, qui perçoit les pays occidentaux comme le paradis de la bien-être ce qui soutient la future migration. Comme m'a expliqué l'informateur T., provenant d'une famille aisée, les informations sur l'Europe portaient surtout sur la différence de niveau de vie entre Vietnam et les pays d'Europe. « Je ne savais pas si la Tchécoslovaquie était bon, mais je savais qu'en Europe il y avait un meilleur niveau de vie, supérieur à celui au Vietnam. Donc, je voulais aller en Europe »114. En revanche, l'autre informateur V., qui provienne d'une famille villageoise, ne savait rien de la Tchécoslovaquie avant son arrivée dans l'usine tchécoslovaque. « Il n’y avait pas la télé donc je ne savait pas à quoi m'attendre. Tout ce dont je me rappelle c'est qu’il faisait froid, et que c’était un choc. On ne savait même pas si ça serait meilleur qu'au Vietnam. »115 L’ethnologue Brouček (Brouček, 2003) présente un prédicat selon lequel la 114 L'informateur T., L'entretien le 15 mars 2015, « Nevěděl jsem, který stát byl dobrý, ale věděl jsem, že v Evropě je lepší životní úroveň než ve Vietnamu. Tak jsem chtěl do Evropy. » 115 L'informateur V., L'entretien le 15 mars 2015, « Neměl jsem televizi, tak jsem nevěděl, co očekávat. Jediné, co si pamatuju (z příjezdu) je, že byla hrozná zima. To byl šok. My jsme ani nevěděli, o kolik to bude lepší, než Vietnam. » 83 migration était strictement orientée vers le profit, et au cours du temps les motifs se sont transformés en une vision pour l’installation permanente avec la formation de la famille. En ce qui concerne les motivations pour le départ en Europe de l’Est ou à l’Union Soviétique, il est vrai que la migration dirigée vers les pays d’Europe de l’Est (contrairement à l’émigration des réfugiés) était poussée plus que par le simple besoin d'échapper aux difficultés du pays d’origine détruit par la guerre. Mais, selon l’historien responsable de l’École française d’Extrême-Orient à Hanoï, Andrew Hardy, la motivation principale était l’améliorer la situation économique de sa famille. (Hardy, 2000: 241). En revanche, à partir des entretiens, je tentais de découvrir si ces migrants venant pour les contrats gardaient véritablement la motivation d'un retour tout au long de leur séjour. Soutenus par la théorie de la nouvelle économie de la migration du travail, les facteurs de décisions individuelles sont mis en contraste avec les objectifs collectifs de la famille. Dans le cas des travailleurs (et surtout les plus jeunes apprentis et stagiaires) vietnamiens, il est nécessaire de prendre en compte les aspects démographiques de leur arrivée. La plupart des individus entrant en Tchécoslovaquie au cours des années 1970 et 1980 étaient des jeunes hommes célibataires âgés de 17 à 40 ans. Même s'ils avait délaissé leur famille élargie au Vietnam, ils souhaitaient pouvoir rester pour profiter de l'occasion de vivre dans un pays développé. Mon informateur de la deuxième génération m’a confié, au sujet de son oncle qui est arrivé en 1988 au sein du contrat de travail déterminé a accumulé son capital économique en Tchécoslovaquie, qu'il «a travaillé très dur et ce qu’il a reçu, il l'a vendu. Il ne l'a pas envoyé au Vietnam... Il s’agissait de cadeaux des événements, etc. »116 L'autre informateur qui provient d'une famille bien placée dans l'échelle sociale au Vietnam (le père était un officier dans le ministère, ce qui signifie un statut économique assez élevé à l'époque) et qui est arrivé en République socialiste tchécoslovaque pour faire une apprentissage, m'a expliqué que ses motivations étaient différentes de celles des Vietnamiens venant en tant qu'ouvriers. «J'étais jeune, donc je n'ai envoyé pas (d'argent à ma famille). J'ai eu un point de vue différent, je voulais savoir plus de choses et apprendre le mode de vie européen plutôt que d'avoir de l'argent en poche ".117 Il est important de signaler que les motivations étaient à la fois liées à l'intention 116 “Můj strýc pracoval velmi trvdě a co získal tak zpeněžil. Neposílal to do Vietnamu…Byly to dárky z různých akcí a tak.” 117 L'informateur I., L'entretien le 30 avril 2015 ; « Já jsem byl mladý, tak jsem nic neposílal. Já měl jiný pohled, chtěl jsem spíš všechno vědět a poznat evropský životní styl, než mít peníze v kapse.” 84 d'améliorer les conditions de vie, mais aussi, avant la fin de la guerre, d'échapper à celle-ci. Contrairement aux émigrés politiques qui se sont réfugiés aux pays de l'Ouest, quel que soit la motivation réelle, la migration vers les pays socialiste devait toujours être conforme aux normes sociales et politique du régime. Il est également possible que les motivations aient varié entre les deux générations, c'est-à-dire entre le fils envoyé et les parents envoyant. «J'avais 19 ans et je ne savais rien de la Tchécoslovaquie. À l'époque, la Tchécoslovaquie et le Vietnam avaient un contrat d'enseignement sur le principe d'aide entre les pays communistes. A cette époque, étant donné que j'avais 19 ans, je devais faire le service militaire. Il y avait une guerre. Je ne savais pas si j'allais mourir ou non. Mon père était employé au ministère du Vietnam. Et la famille, dont le père ou la mère est un fonctionnaire, a la chance de pouvoir demander d'envoyer les enfants à l'étranger pour l'Occident. »118 L'étude menée par Andrew Hardy résume la valeur idéologique et sociale de l'opportunité d'effectuer un échange au sein des conventions entre les pays du bloc socialiste. « Dans les années 1980, à la différence d'aujourd'hui, le voyage en mission à l'étranger représentait beaucoup et dans les administrations vietnamiennes, on jouait des coudes pour en effectuer un. Une fois l'autorisation acquise, on taisait sa chance par crainte des jalousies. Le déplacement à l'étranger des administrateurs nous renseigne sur la société socialiste. Ce système soi-disant égalitaire créait une hiérarchie de privilèges qui jouait un rôle fort de catégorisation des classes et ouvrait maintes possibilités de manipulation des privilèges.» (Hardy, 2000: 236 ). Le voyage à l'étranger représentait l'un des plus beaux achèvements de la réussite sociale et politique, ainsi qu'un gain économique appréciable (Dang Phong, 1997). En effet, l'idéologie derrière la mise en œuvre du programme affectait de façon latente les décisions des Vietnamiens, qui étaient déterminés à rentrer en République socialiste tchécoslovaque. « Tous ceux qui voulaient revenir après avoir étudié à l'étape post-universitaire ont dû aller au Vietnam pour une orientation politique. J'ai eu quelques semaines au Vietnam pour la formation politique et pour montrer aux gens quelle est la différence entre la Russie et la Tchécoslovaquie. Il y a eu un groupe de la Tchéquie, de la Pologne, de la Hongrie et les fadaises politique ne nous intéressaient pas. Alors que les étudiants qui ont 118 L'informateur T., L'entretien le 30 avril 2015 ; « Bylo mi 19 let a o Československu jsem vůbec nevěděl. Tenkrát Československo s Vietnamem mělo učební smlouvu na principu pomáhání komunistické zemi. Tenkrát jsem v 19 letech musel na vojnu. Byla tam válka. Nevěděl jsem jestli umřu nebo ne. Můj otec byl zaměstnán na ministerstvu ve Vietnamu. A ta rodina, kde je otec nebo maminka státní úředník má tu šanci požádat o zaslání dětí do zahraničí na Západ. » 85 étudié en Russie se sont présentés si activement. Donc, nous avons dit que nous avons un peu de chance. En effet, une virgule (attestant la participation) est important. »119 Tandis que certains des immigré avaient des idées sur la République socialiste tchécoslovaque, les motivations des immigrés étaient aussi influencé par des rumeurs. Mon informatrice m'a expliqué : « Comme tous les étudiants qui viennent étudier en République tchèque, nous avons subi quelques tests et ils nous ont envoyé en aveugle. Certains ont été envoyés en Tchéquie, une partie en Union soviétique, et je me suis retrouvé en Moldavie. Mes parents étaient d'accord avec cela. Parce qu'il a été dit qu'il fallait que la fille aille dans un endroit où elle aura le calme pour les études. Ensuite, il a été dit que ceux qui vont à l'Allemagne y vont pour l'argent, et ceux qui vont en Tchéquie y vont pour la flânerie. Mes parents ne voulaient pas que je reste à Moscou parce que c'est une grande ville, il y a beaucoup de plaisirs et je n’aurais pas eu le temps pour étudier. Alors ils étaient heureux que je sois dans un village. »120 Malgré leurs nouvelle formation, les rapatriés, qui ont passé par l'apprentissage en République socialiste tchécoslovaque ont eu des problème avec l'insertion au marché du travail dans leur pays natale, où l'économie était détruit par la guerre. Ce fait peut être un facteur important pour le retour des membres de la première génération en Tchécoslovaquie. L'ethnologue Ngo Van Le a aussi constaté ce limite de la réussite du programme, qui a visé l'amélioration de la situation économique du Vietnam. En revanche, celui ci avaient des effets contradictoires, lorsqu'il a intensifié l'émigration de ses cadres formés. « En réalité, après leur retour, certains des travailleurs vietnamiens ne peuvent pas se remettre au travail, car après avoir quitté l'usine, un autre travailleur est déjà inclus à leur place. Nous savons que certains travailleurs vietnamiens qui ont travaillé à Prague, ne 119 L'informateur P., L'entretien le 20 mars 2015 ; „Všichni, kdo se chtěli ještě vrátit po studiu na postgraduální stadium, museli do Vietnamu na politické soustředění. Musel jsem na několik týdnů do Vietnamu na politické školení a tam si člověk uvědomil, jaký je rozdíl mezi Ruskem a Československem. Tam vznikly skupiny z Česka, Polska, Maďarska a to politické žvanění nás nezajímalo. Kdežto studenti, co studovali v Rusku tak se aktivně hlásili. Tak jsme říkali, že asi máme štěstí. Museli jsme, čárka je důležitá.„ 120 L'informatrice M., L'entretien le 3 avril 2015 ; « Jako všichni studenti co přijeli do Čech na studium, absolvovali jsme nějaké zkoušky a poslali nás naslepo. Některé poslali do Čech, některé do Sovětského svazu a já jsem se ocitla v Moldávii. Moji rodiče s tím souhlasili. Protože se říkalo, ať dcera letí někam, kde bude klid na studium. Tehdy se říkalo, že ti, co jedou do Německa, jedou za penězi, a ti co do Čech za flákáním. Rodiče ani nechtěli, abych zůstala v Moskvě, protože je to velké město, je tam hodně zábav a už by mi nezbyl čas na studium. Tak byli spokojení, že jsem v nějaké vesnici.“ 86 peuvent pas se remettre au travail après leur retour dans leur pays d'origine pendant un an et demi. Ainsi, dans certains cas, les gens ne trouvent pas d'endroit commode pour leur future famille après leur retour. » (Ngo, 1989: 135)121 Mon informateur monsieur P. a affirmé ce fait : « Après être retourné au Vietnam, on est préoccupé par la façon dont on peut gagner sa vie, mais personne ne s'y intéresse. Même si le socialisme a été critiqué ici, l'Homme avait obtenu des choses de base. Ça n'a jamais été le cas au Vietnam. Ils ont déclaré un état socialiste, et maintenant à nouveau un état communiste, mais les choses de base que l'on attend de ces pays n'ont jamais été là. »122 3.3.2 L’apprentissage de la langue tchèque Les facteurs affectant la maîtrise de la langue tchèque étaient non seulement la qualité de l’apprentissage institutionnalisée au Vietnam avant leur arrivée et au sein des centres de langues en République tchèque, mais les facteurs individuels comme le niveau d’instruction obtenu au Vietnam et l’habitude de l’apprentissage de la langue ont aussi joué un rôle important. En conséquence, le niveau de la maîtrise de la langue est dépendant de l’intensité du programme d’apprentissage organisé par les autorités tchécoslovaques et vietnamiennes après et avant le début du contrat. Aussi, il serait très pertinent d’analyser le milieu socio-économique des citoyens vietnamiens qui sont venus en tant qu’étudiants, et celui de ceux qui sont venus au sein de la vague des années 1980 en tant que travailleurs contractuels. Pour le moment, je peux constater que le niveau de l’éducation acquise est un des facteurs le plus parlant en ce qui concerne l’aisance de l’apprentissage. Les sources provenant du Centre de langue Holešov qui relevait de l’Université de 17 novembre123 démontrent le processus de placement des diplômés vietnamiens dans des établissement spécifiques selon leur domaine d’études pour le stage de deux ans. Chaque candidat était énuméré et évalué selon les compétences dont il a fait preuve au cours de l’année 121 « Ve skutečnosti se něktěří z vietnamských pracujících po návratu do vlasti nemohou zařadit do práce, protože po odchodu ze závodu je na jejich místo už zařazen jiný dělník. Víme, že někteří vietnamští pracující, kteří pracovali v Praze, se po návratu do vlasti už rok a půl nemohou zařadit do práce. Samozřejmě v některých případech po návratu do vlasti nenajdou výhodné místo pro budoucí rodinu.” 122 L'informateur P., L'entretien le 20 mars 2015 ; „Po vrácení do Vietnamu se zabývám tím, jak se dál uživím, tam se tím nikdo nezabývá. Ten socialismus byl tady kritizovanej, ale člověk měl zajištěné základní věci. To ve Vietnamu nikdy nebylo. Oni deklarovali socialistický stát a teď zase komunistický, ale ty základní věci, co člověk očekává od takových států tam nikdy nebyly.“ 123 NAČR, Vyřízení 1., Odbor školství Národního Výboru hl.města Prahy, září 1973, les annexes au “Dodatek k našemu 138 57/73-21 z 26.7. 1973”, “Umístění vietnamských stážistů na SEŠ”. 87 d'apprentissage de la langue tchèque. Les compétences linguistiques étaient notamment décrites et l'accent était mis sur l’évaluation du niveau de langue, ainsi que sur les qualités et caractéristiques personnelles. Comme deux exemples contrastés, on peut mentionner le cas de l’étudiant née le 3 juillet 1937, diplômé dans le domaine de l’électrotechnique provenant du Hanoi qui a travaillé en tant qu’enseignant de l’électrotechnique dans l’école technique secondaire et qui excellait au cours de son année de préparation pour le stage. L’évaluation par le centre de l’apprentissage Holešov décrit que: «Il est le plus intelligent de l’équipe de classe. Ce qui lui est caractéristique est sa très bonne pensée logique et son raisonnement, un accès indépendant à traiter les tâches (par exemple, lors de la création des présentations sur des sujets donnés et dans la conversation) ... Au cours de la même année, il a acquis une bonne partie de fonds essentiels du vocabulaire de la langue tchèque et de sa grammaire, et maîtrisé une certaine quantité du vocabulaire de sa spécialisation ... Il est très actif dans les matières professionnelles, il a une bonne connaissance des mathématiques, de la chimie, et de la physique. Il a un grand intérêt pour la littérature tchèque qu'il étudie lui-même afin de perfectionner sa connaissance de la radio- technique. »124. L’autre cas est l’étudiant né le 28 novembre 1942 en Haiphong, diplômé dans le domaine de la polytechnique, spécifiquement dans la production et transformation de l’énergie électrique. Il a travaillé en tant qu’enseignant des équipements électroniques dans des centrales au sein de l’école technique secondaire. Selon son évaluation, «Il a un cœur tendre, il est très gentil, mais lent et moins réceptif. Après toute l’année, il n’a pas appris à lire correctement. Il est capable de mémoriser des paragraphes entiers, mais lorsqu’il est demandé une question des plus faciles à propos d'un texte, il est en échec, il ne réagit pas. En conséquence, tenir une conversation avec lui en tchèque est quasi-impossible. Naturellement, il ne maîtrise pas d’autres langues étrangères. Ainsi, ses propos écrits sont très simples et brefs. Il est très assidu et tenace, capable d’étudier sans arrêt plusieurs heures pendant la nuit et la journée, désormais avec des résultats mais plutôt légers. Dans les matières professionnelles, il se manifeste assez passivement, il ne 124 NAČR, Ministerstvo školství, dne 19.6. 1973, Studijní středisko University 17.Listopadu, Holešov, třída Obránců míru, « Je nejchytřejší a nejinteligentnější ve třídním kolektivu . Příznačné je pro něho velmi dobré logické myšlení a uvažování, samostatný přístup ke zpracování úkolů (Např.při tvoření referátů na daná témata či při konverzaci). Během roku si osvojil dosti široký základní slovní fond českého jazyka a jeho gramatiku, zvládl i určité kvantum odborné slovní zásoby.V odborných předmětech je velice aktivní, má dobré znalosti jak v matematice, tak v chemii a fyzice. Má velký zájem o studium, sám se odborně zdokonaluje ve studiu české radiotechnické literatury. » 88 s’implique pas dans l'enseignement, il n'est guère possible de communiquer avec lui.»125 Nous observons des variations d’intégration de la langue parmi les Vietnamiens qui sont venus en tant qu’étudiants et ceux qui sont venus en tant que travailleurs contractuels. Comme mentionné plus haut, la maîtrise de la langue tchèque représentait un avantage pour la première génération de Vietnamiens. Cette maîtrise, avec des autres aspects du capital culturel, comme la connaissance de l’environnement économique et législatif de la société d’accueil, étaient mobilisés afin d’assurer leur position au sein de la communauté. Selon mes observations, la structuration interne de la diaspora dépendait fortement de cet aspect. C’est-à-dire, selon mon analyse des témoignages personnelles, que le niveau de la langue acquis avant l’arrivée en République socialiste tchécoslovaque était un facteur décisif pour le niveau d’insertion à la société tchécoslovaque. Selon la documentation limitée disponible pour mon analyse historique, l’intensité et la qualité de la formation en langue tchèque était incomparablement meilleure dans le cas des Vietnamiens venus pour l’éducation supérieure que pour ceux arrivant sous les contrats de travail. Les conditions de l’insertion étaient donc établies différemment par rapport au but du séjour en République tchécoslovaque. Les Vietnamiens qui sont venus en tant qu'étudiants dans des universités ont eu deux années d’éducation linguistique.126 Les Vietnamiens vivant en République tchèque ont même créé une désignation pour la communauté dans son ensemble, et beaucoup de différents termes et comparaisons qui servent pour la désignation de certains groupes de leurs propres communautés. Cette auto-désignation, selon la théorie du Richard Jenkins (Jenkins, 1997), était fondée à partir de la catégorisation d'une part de la population majoritaire. Par exemple, l’expression Việt Xu, qui se réfère à la signification d’un Vietnamien tchèque, que les Vietnamiens utilisent entre eux comme une propre désignation. Cependant, l'adjectif "Xu" 125 NAČR, Ministerstvo školství, dne 19.6. 1973, Studijní středisko University 17.Listopadu, Holešov, třída Obránců míru, « Je dobrosrdečný, slušný, ale dost těžkopádný a méně chápavý. Za celý rok se nenaučil dobře číst. Dovede se mechanicky naučit celé dlouhé odstavce zpaměti, ale při sebelehčí otázce k danému textu ztroskotává, vůbec nereaguje. Z toho vyplývá, že běžná konverzace s ním vedená česky je skoro nemožná. Samozřejmě neovládá žádný jiný cizí jazyk. Též jeho písemné projevy se vyznačují značnou jednoduchostí a prostotou. Je velmi pilný a houževnatý, dovede se učit mnoho hodin ve dne i v noci, bohužel s výsledkem velmi nepatrným. V odborných předmětech se projevuje dosti pasivně, do výuky se nezapojuje, težko se dá s ním domluvit. 126 Mon informant, qui est venue en tant qu’étudiant a subi « une année de l’apprentissage de la langue au Vietnam et ensuite encore une année en Tchéquie. Chaque classe a eu une enseignante ou un enseignant qui avait étudié ici (il réfère à la République socialiste tchécoslovaque) et puis encore un locuteur natif en alternance dans des classes. » « Rok jazykové výuky ve Vietnamu, a pak ještě rok v Čechách. Každá třída ve Vietnamu měla jednu učitelku nebo učitele co studovali tady (v ČSSR) a pak ještě jeden rodinnej mluvčí a ten střídal třídy.“ 89 [Sou] n’est pas né de la traduction du mot "tchèque" (SEC), mais par la dérivation phonétique de la syllabe finale du mot "vietnamien" en tchèque. Les Vietnamiens l’ont entendu quand ils ont parlé «des Vietnamiens » et ils l’ont vu comme un mot séparé, et la lettre "ts" distingués comme "s". (Vasiljev, 2006: 123). Ainsi, pour être capable de comprendre cette formation de l’identité ethnique, il nous faut prendre en compte les situations sociales dans lesquelles elle se produit et se reproduit, reprenant les termes de Jenkins ; les contextes de la catégorisation ethnique, lesquels il classifie en tant que formels et informels. Il est important de comprendre que ce ne sont pas seulement les « catégorisateurs » dont les propos influencent l’identité de catégorisés. L’action de donner un nom aux autres influence aussi la formation identitaire de soi. Les expressions vietnamiennes ne reflètent pas seulement l’appartenance au groupe ethnique, mais aussi la place au sein de la structure hétérogène de ce groupe là. Ce phénomène est décrit par la géographe Tereza Kušniráková dans son étude portant sur la structure interne de la diaspora vietnamienne en république Tchèque. Parmi les sous-groupes particuliers de la communauté vietnamienne sommes parfois ceux qui sont dans la République tchèque pendant une longue période (nous pouvons dire des décennies). L'expression utilisé pour les désigner est 'les moisis' - en termes de la métaphore tchèque, quelque chose qui est si vieux qu'il est moussue. Les deux termes indiquent que ces gens sont, en raison de la durée de leur séjour en République tchèque, très bien informés sur l'environnement local. Les autres termes qui se réfèrent également à la durée du séjour, indiquent que ces gens sont en République tchèque depuis si longtemps qu'il est plus ou moins dans les yeux du compatriote vietnamien comme Tchèques Tay Hoa (Occidentalisation) et Mat Goc (signe négatif pour ceux qui ont déjà perdu leur racines). (Kušniráková, 2013: 22) 3.3.3 Les envois de fonds aux membres sédentaires des familles vietnamiennes. Une activité transnationale « Les envois de fonds se produisent à la suite de la participation des migrants à ces réseaux et représentent l'effort des migrants pour construire et maintenir le capital social. Le capital social se réfère à la capacité des individus à obtenir des ressources par le biais de leurs 90 relations continues avec d'autres membres du réseau.» (Grieco, 2004: 245).127 La tentation des travailleurs vietnamiens pour la réalisation d’envois de fonds se reflète aussi dans les documents officiels du Ministère du travail des affaires sociales à travers des demandes de l’ambassade du Vietnam qui lui étaient adressées. Le point important dans cette étude est le fait que les envois de fonds étaient dans le cadre du programme d’internationalisme socialiste formellement dirigés et organisés. Selon les rapatriés résidant à Hanoi, interrogés par l'historien responsable de l’École française d’Extrême-Orient à Hanoi, Andrew Hardy, les fonds reçus par la famille au Vietnam étaient perçu comme une sorte d'investissement pour la famille élargie. « Parce qu'ils voulaient faire des achats et les revendre. On ne pouvait pas faire de versements d'argent à cette époque. Ils touchaient donc leur salaire, faisaient la queue au magasin de l'État, puis expédiaient leurs achats par la poste. La famille les réceptionnait et les revendait. On ne pouvait pas envoyer des dollars — des devises étrangères interdites — à l'époque. » (Hardy, 2000: 242) Dans le document du Ministère du travail et des affaires sociales portant sur la mise en place de la formation et l’amélioration des compétences annuellement actualisé pour l’année 1980, nous pouvons trouver le parti qui réglemente l’envoi de fonds en République socialiste du Vietnam par les employés vietnamiens. Il stipule que les citoyens vietnamiens peuvent envoyer les économies de revenu mensuel qui dépassent 900 Kcs/mois en République socialiste du Vietnam. Ainsi, ils peuvent envoyer les économies épargnées pendant les mois précédents. La commande de transfert pouvait être donnée exclusivement à l’organisation tchécoslovaque au sein de laquelle les citoyens vietnamiens sont employés, et cela pouvait se faire seulement une fois par mois, le jour de paie. Ensuite, la Banque nationale tchécoslovaque mettait en place les transfert selon la division entre les montants destinés à leurs famille et ceux consacrés (accordés) au développement de l’économie nationale de la République socialiste du Vietnam.128 Les répondants vietnamiens interrogés au cours de ma recherche m’ont expliqué que les conditions formelles n’étaient pas si pratiques au niveau individuel. « Quand on avait 127 Remittances occur as the result of migrants’ participation in these networks and represent the migrants’ effort to build and maintain social capital. Social capital refers to the ability of individuals to obtain resources through their continued relationships with other network members (Portes 1995, 1998). 128 Archives du Ministère de travail et des affaires sociales, “Pokyny pro věcné, organizační a finanční zabezpečení odborné přípravy a další zvyšování kvalifikace občanů vietnamské socialistické republiky v československých organizacích”, juin 1980. 91 quelque chose à envoyer, ils savaient déjà comment l’organiser : soit par le cargo avec les aérolignes tchécoslovaques, soit par les conteneurs de fret. Normalement, par le train et le bateau, le déplacement dure environ un mois et demi. Habituellement, quelqu'un du groupe s’en est chargé et il a ordonné l'ensemble du conteneur. Et personne n’avait assez d'argent pour le conteneur entier, alors on a dû s’organiser pour que le plus de monde y participe. » 129 Ici, on constate l'importance de la coopération au sein de la communauté vietnamien, lorsque les immigrés ont partagés les frais de transport du cargo. Or, le partage ne comprend pas seulement l'aspect matériel, mais aussi intangible, vu les informations concernant les possibilités et les astuces visant l'adaptation des normes officielles. Ces pratiques s'inscrivent encore dans les motifs de séjour provisoire, lorsqu'on met en avant le fait que ces Vietnamiens ont investi dans leurs ''avenirs'' au Vietnam. Néanmoins, ceux qui ont décidé de s'installer en Tchécoslovaquie de façon permanente continuent de soutenir leurs familles élargies au Vietnam. Comme me l'a rapporté mon informateur : « Les Vietnamiens qui étaient en Tchécoslovaquie en tant que travailleurs ou pour l'apprentissage sont ont beaucoup travaillé, puis ils ont économisé et acheté des choses qu'ils pouvaient revendre au Vietnam. Tout cela dans le but d'améliorer les conditions de vie des familles. »130 Cette pratique sociale se projette dans les rapports macro-économiques entre les deux pays. Effectivement, le candidat vietnamien en ethnologie présente dans sa thèse un propos selon lequel : « Pendant leur séjour à l'étranger, les travailleurs gagnent et économisent le plus possible d'argent pour acheter des marchandises pour le montant maximum autorisé et les envoient à leur patrie, où ils devront en quelques années contribuer à l'élévation économique de leur famille. »131 (Ngo, 1989: 135). Comme il a été démontré au sein de sous-chapitre portant sur les motifs des Vietnamiens pour venir en République tchécoslovaque, on peut constater que la différence entre les niveaux de vies 129 L'informateur I., L’entretien au sein du SAPA – le centre commercial vietnamien, le 10 mars 2015. « Když člověk měl co posílat, tak oni to tak už uměli organizovat: jednak kargo s ČSA nebo kontejnerama. Normálně kontejner a pak vlakem a lodí, cestuje tam asi měsíc a půl. Obvykle se někdo ze skupiny toho ujal a objednal se celej kontejner. A nikdo neměl peníze na celej kontejner a muselo se organizovat, aby bylo více lidí.“ 130 L'entretien le 15 mars 2015 ; « Vietnamci, co tu byli jako pracovní síla v Československu nebo na učení tak většinou chodili do práce a šetřili a nakupovali věci, aby je mohli ve Vietnamu prodat. Protože to zlepšovalo životní úroveň rodiny. » 131 « Během pobytu v cizině pracovníci co nejvíce vydělávají a našetří peníze, za které nakoupí zboží za maximální povolenou částku a posílají je do vlasti, kde mají za několik let přispět k ekonomickému povznesení rodiny. » 92 du Vietnam et de la Tchécoslovaquie peut avoir des effets sur les réseaux sociaux diasporiques, à la fois de façon directe et indirecte. Toutefois, il s'agit d'un facteur important dans la maintenance et l'intensification de la mobilité. Cependant, ce n'est pas un hasard si, au sein de mon analyse, l'envoie des fonds est placé au niveau micro-sociale. Je ne tente pas ici de mener une étude sur les effets du développement de la migration ou de la mobilité humaine. Le but de cette partie était de souligner l'importance de la nature communautaire de la diaspora vietnamienne en Tchécoslovaquie et de l'appartenance au clan. Chez les Vietnamiens, les fonds sont directement destinés soutenir exclusivement la famille. Les tendances humanitaires centrées au public plus large, qui sortaient de l'appartenance communautaire, sont, malgré les effets massifs de la guerre, très rares. En nous fondant sur la base des propos de la théorie des réseaux, on peut donc dire que l’envoi de fonds est étroitement lié au processus de la réunification familiale. 3.3.4 Les conditions de la formation de la famille et les relations intimes Les nouvelles familles se forment Cette partie tente de répondre aux questions suivantes : Quelles étaient les conditions de création des familles, dans le cadre du programme d’internationalisme socialiste? Quelles stratégies les Vietnamiens ont ils adoptés pour la formation des couples? Quelle est la raison du nombre très limité des couples inter-ethniques en République tchèque? La parenté transnationale est également étudié par les chercheurs spécialisés, et ils ont identifié des changements importants dans la structure sociale de la famille, le sexe, les rôles, ceci résultant de la nécessité pour les migrants de maintenir des liens dans des conditions différentes. Les auteurs mentionnent la notion d'économie morale transnationale parentale, qui implique des stratégies de mobilité collective, de renforcement des réseaux de parenté par des mariages et l'accumulation du capital social dans la société d'accueil. «Parce que les migrants ont besoin de maintenir des liens de sorte qu'ils aient des contacts sociaux et du soutien sans devoir retourner dans leurs pays d'origine, réseaux de parenté peuvent être utilisés de façon exploité, un processus de différenciation de classe transnationale dans laquelle le travail d'extraction plus prospère de personnes définie comme parenté ». (Ballard 2001, Bryceson & Vuorela 2002, Chamberlain 2002 in Lewitt, Jaworski: 2007, 137) 93 Dans le cas des Vietnamiens à Prague, le réseau social est passé d’un réseau communautaire à un réseau basé sur la consanguinité, c’est-à-dire qu’on parle d’appartenance au clan. Suivant mes hypothèses, le cadre normatif institutionnel présentait un facteur important dans la formation de ce réseau de parenté. Considérant le statut légal des premiers stagiaires, les Vietnamiens sont venus en Tchécoslovaquie en tant que célibataires ou mariés en laissant leur conjoints et enfants au Vietnam, ainsi ils ne pouvaient voir leurs familles que sporadiquement et ils étaient en contact par courrier. Comme cela a été démontré à partir des documents et des comptes rendus des réunions des cadres communistes, l'administration tchécoslovaque établissait des règles totalitaristes concernant la vie quotidienne, et ce meme dans la vie intime des travailleurs vietnamiens. Par exemple, les stagiaires et les ouvriers vietnamiens étaient logés dans des résidences étudiantes séparées par sexe, les dortoirs, avaient des règles qu’ils devaient suivre. Une de ces règles par exemple, définissait l’interdiction de l’accueil des invités pendant la nuit.132 Et il y avait même des sanctions envers les ouvrières qui tombaient enceintes ; la grossesse était considérée comme étant irresponsable, une limite au travail, et présentée dans la plupart des cas comme une cause justifiant une déportation précoce. Ainsi, mon informant m’a expliqué que les stagiaires vietnamiens n’avaient pas beaucoup d’occasions de rencontrer des collègues tchèque en dehors de l’apprentissage. "Ils n'avaient pas beaucoup de contacts. Les vieux Tchèques, qui ont fait l‘apprentissage vous diront qu'ils voulaient échanger quelques mots ou aller quelque part avec les étudiants vietnamiens mais que ce n’était pas trop possible. Ils avaient un accès limité. L'année 1980 a été une percée en ce qui concerne le relâchement des règles. Auparavant, il y avait un régime très strict. Lorsqu’ils voulaient aller quelque part, ils devaient revenir à 21h, afin de ne pas faire de bêtises. Le Vietnam a officiellement déclaré qu’ils étaient des pays amis, mais ils ont pris terriblement soin de ne pas gâter leurs élèves.“133 132 MPSV, “Pokyny pro věcné, organizační a finanční zabezpečení odborné přípravy a další zvyšování kvalifikace občanů vietnamské socialistické republiky v československých organizacích”, „Ubytovací řád na ubytovnách », juin 1980. 133 L'informateur P., L’entretien le 20 mars 2015, «A taky nebylo moc kontaktů. Staří Češi, co studovali na kolejích vám řeknou, že chtěli s Vietnamských studentem prohodit pár slov nebo někam jít a to moc nešlo. Oni měli omezený styk. Rok 1980 byl zlomový v tom, že se to hodně uvolnilo. Předtím tady měli velice přísný režim. Když někam šli, tak se museli v 9 vrátit. Bylo to, aby ten člověk něco neprovedl. Vietnam oficiálně prohlásil, že to jsou přátelské státy, ale strašně dávali pozor, aby nepokazili své studenty.“ 94 Dans la société d’accueil nous avons pu observer une transformation des rôles sociaux traditionnels, des hiérarchies au sein de la communauté en formation, ainsi qu’au sein de la famille. Les sources secondaires ethnographiques historiques nous sont utiles pour faire une description des relations sociales au sein de la société vietnamienne. Un des principaux vietnamologues tchèques, Ivo Vasiljev, résumait l’antique influence du Confucianisme sur la société vietnamienne, où les relations fondées sur la subordination et l'obéissance étaient un facteur puissant, de la façon suivante : « Cette doctrine inculqué depuis des millénaires a profondément affecté les relations entre les personnes au Vietnam comme ailleurs en Extrême-Orient. Bien que l'histoire soit d'un côté une lourde charge, elle a d’autre part de bons côtés. C’est le fondement de ce qui était au Vietnam et l'ExtrêmeOrient, pas toujours injustement considéré comme des valeurs positives humaines, des mœurs douces et de bonnes manières. »134 (Vasiljev, 1999: 241). Les valeurs confucéennes restent toujours présentes, et mes informateurs et contacts m’ont confirmé que ce sont en effet ces valeurs là, qui les différencient de la majorité tchèque. Une transformation des rôles sociaux traditionnels et des hiérarchies au sein de la société ainsi qu’au sein de la famille a pu être observée. Les nouvelles familles se formaient dans le contexte du nouvel environnement. Il s'agissait d'une conséquence de l'approche nouvelle de la société d'accueil, qui devenais dès lors motivée par l'idée d’une implantation permanente en République socialiste tchécoslovaque. Néanmoins, les familles inter-ethniques ne sont qu'un phénomène très exceptionnel. A partir de l'année 1989, le cadre de la nouvelle législature de la République fédérale aurait pu encourager la formation de ses unions. En revanche, la propagande vietnamienne visait le retour des cadres formés, et la formation de couples sur le territoire du pays d'accueil n'était donc pas souhaitable. Les témoignages confirment ce propos : « Avant 1989, la possibilité de rester ici était presque nulle. Seulement si on fondait une famille avec une ou un Tchèque. Mais nous n’étions pas inquiétés à ce propos, c’était quelque chose qui allait au-delà de nous. Néanmoins, de temps en temps quelqu'un fondait une famille mixte, mais ce n’était que peu répandu.. C’était en raison de l'éducation et de 134 « Toto učení vštěpované po tisicíletí hluboce poznamenalo vztahy lidí ve Vietnamu jako i jide na Dálném východě. Jakkoli minulost je na jedné straně velikou zátěží, na druhé straně má i své dobré stránky. Je totiž základem toho, co se ve Vietnamu i na Dálném východě nikoli neprávem dodnes považuje na kladné lidské hodnoty, jemné mravy, a krásné obyčeje. » 95 la propagande, que le fait de trouver un conjoint tchèque était perçu comme quelque chose qu'on essayait d’éviter plutôt que de faire. »135 S'adaptant à leur nouvel environnement, et étant séparés de leurs conjoints et enfants, ils pouvaient trouver un nouveau compagnon parmi les autres travailleurs vietnamiens qui se trouvaient dans une situation similaire. Pourtant, ils ne quittaient pas leur partenaires au Vietnam et continuaient à être en contact et leur envoyer les fonds. Ainsi, parmi ses interlocuteurs arrivant avant l'année 1993 marqué par la loi de regroupement familial, Brouček a observé un phénomène de coexistence transnationale synchronique des couples vietnamiens. (Brouček, 2003: 22-25) Au cours des années de présence de la diaspora sur le territoire tchèque des changements démographiques ont pu aussi être observés relatifs aux individus célibataires qui étaient venus en tant que représentants de leur patrie, à leur appartenance politique et à une certaine unité familiale – les familles en elles-même, liées par des relations familiales. 3.3.5. Les différences intergénérationnelles Comme il en a été question dans les parties précédentes de cette étude, il existe des différences internes au sein de la population vietnamienne. Mais malgré toutes ces différences et ces séparations dans la diaspora, il existe une unité sociale spécifique de référence qui est universelle pour tous les Vietnamiens. Il s'agit de la famille, dont le sens d'appartenance est incontestable. Cependant, ces différences internes peuvent se projeter dans les relations entres les familles spécifiques, et spécialement elles peuvent influencer la formation de la structure de la diaspora des 1,5 et deuxième générations. S'appuyant sur les résultats obtenus dans la recherche portant sur l'influence de l'éducation mise-en-place par les parents Vietnamiens sur leurs enfants136, j'ai déjà constaté certaines stratégies employées par des parents, fortement fondées sur leur statut socio-économique, ce qui a, de manière diffuse, influencé les choix et l'intensité d'intégration des enfants à la majorité tchèque. Il s'agissait par exemple de l'influence sur les choix scolaires des enfants, quand 135 L'informateur J., L'entretien le 21.3. 2015, „Před rokem 1989 zůstat tady bylo skoro nulové. Jedině člověk musel založit rodinu s Čechem nebo Češkou. Ale to nás tehdy nezajímalo, to je něco, co jde mimo. Tedy někdo jednou za čas založil rodinu, ale to nebylo rozšířené. Bylo to výchovou a asi propagací, že to je něco, čemu se člověk snaží spíše bránit než to udělat.“ 136 Tereza Horáčková, Le mémoire de la Licence, “Vliv rodičů na integraci Vietnamských dětí v české společnosti », Université Charles de Prague, Institute des études sociologiques, Prague, 2012. 96 les enfants des familles aisées étaient placés aux lycées et universités privés, ou ils restaient parmi leurs amis Vietnamiens, alors que les jeunes provenant des familles moyennes sont systématiquement envoyés en scolarité dans les lycées nationaux, où ils se mêlent avec les jeunes tchèques dans les relations quotidiennes. L'éducation est considérée comme la clé de la réussite dans la vie par les Vietnamiens aux revenus faibles ou moyens en République tchèque, tandis que les Vietnamiens qui ont réussi économiquement (il s'agit des managers et propriétaires de grandes entreprises) comptent sur leurs enfants pour reprendre, maintenir et faire prospérer leur entreprise. Au cours de cette étude j’ai essayé de saisir les différences intergénérationnelles en tentant de répondre à la question : est-ce que les réseaux sont-t-ils acceptés et maintenus par la deuxième génération? De façon générale, on peut constater une rupture entre le capital social acquis pendant l’éducation et sa mise en valeur. Les enfants sont poussés à réussir à l’école et une fois qu’ils finissent leur diplôme ils sont sensés continuer à diriger la petite entreprise commerciale initiée par leurs parents, et assurer et approfondir son existence sur le marché. Le choix d’université est fait en accord avec la possibilité de continuer la profession commerciale commencée par ses parents137, il s’agit donc de motiver ses enfants à choisir un cursus économique. Néanmoins, les parents ne prennent pas en considération le fait de savoir si l’enfant a la capacité de prendre la responsabilité de la direction et de plus, la question de hiérarchie familiale se pose. En conséquence, l’enfant est dans une position inférieure aux autres dans l’entreprise en fonction de son âge, sexe et on lui manque de respect. C’est ainsi, que les valeurs traditionnelles se projettent dans le fonctionnement des réseaux. 137 Selon Monsieur P. « le 95 % des Vietnamiens sont des enterpreneurs ». 97 CONCLUSION Les Vietnamiens en Tchécoslovaquie– une rétrospective et une perspective a l´avenir La visite de la délégation gouvernementale de la République démocratique du Vietnam, en République socialiste tchécoslovaque en 1974 s'est achevée dans un grand espoir mis dans la préparation des cadres de masse prévue en Tchécoslovaquie. Les conditions en étaient prometeuse en raison du niveau élevé du développement 'économique et technologique de ce pays de l'Est, et en raison du bon rendement de travail de 2.1 milles stagiaires vietnamiens formés dans des entreprises locales depuis 1967. 138 Depuis cette date là, au sein du programme programme de l´incorporation de la nouvelle main d´oeuvre vietamienne, dont contrôle et la qualité d'organisation a diminué, plus que 30 000 personnes d'origine vietnamienne sont passées par l'apprentissage en République socialiste tchécoslovaque, Leur séjours étant initialement prévus être temporellement limités et strictement surveillés, ils se sont pourtant transformés en vie permanente en quête de la croissance économique au sein du pays d'accueil transformé. Dans ce mémoire, j'ai tenté de démontrer, que la connaissance du contexte historique de la formation des réseaux sociaux-ethniques, encadrée par le programme intergouvernemental de l'échange de la main-d'œuvre, est très importante pour la compréhension de la forme actuelle de la population immigrée vietnamienne en République tchèque. Mon travail visait à déterminer l'impact du programme sur l'adaptation des immigrés vietnamiens à la société d'accueil, respectivement la République socialiste tchécoslovaque. La recherche a été basée sur les l'analyse des entretiens avec des témoins, qui ont vécu ce programme, et sur l'étude des documents administratifs tchécoslovaques provenant de la période entre 1974 et 1989/93. La première date étant, l'année de la mise-en-place de la Convention entre le Gouvernement de la République socialiste tchécoslovaque et le Gouvernement de la République démocratique du Viet Nam sur la formation des citoyens 138 MPSV, “Ujednání mezi federálním ministerstvem práce a sociálních věcí ČR a ministerstvem práce VDR o odborné přípravě občanů VDR v československých organizacích,” signé à Hanoi le 8 avril 1974 par le ministre du travail tchécoslovaque monsieur Michal Štanceľ et le ministre vietnamien de travail, monsieur Khieu. 98 de la République démocratique du Vietnam dans les organisations tchécoslovaques 139. L'année 1989 fut l'année de la chute du régime communiste et enfin l'année 1993 vit la séparation de la République slovaque et la naissance de la République tchèque. L'étude soutient le postulat que le programme influençait directement l'intégration de la première génération des Vietnamiens, mais aussi, elle montre que de façon latente, le programme influençait la deuxième génération des arrivées du Vietnam par les réseaux ethniques dont il donnait naissance. L'analyse des sources primaires, faite dans le premier ère chapitre et ancrée dans un cadre théorique constitué par des concepts de la collectivité (le groupe et catégorie) ethnique, transnationalisme, la diaspora, la famille d'immigrés, la théorie des réseaux et le capital social était basée sur trois niveaux, afin de saisir les facteurs qui affectaient l'adaptation de la première génération. Le deuxième chapitre propose un point d'appui pour l'analyse, en présentant le programme de façon descriptive. Au niveau macro-sociale, les facteurs, que j'ai découvert d'être importants pour l'adaptation des immigrés vietnamiens sont les aspects normatifs institutionnalisés. Comme présenté plus haut, les règles de l'Ambassade vietnamienne à Prague étaient strictes et très pesants dans la vies des ces immigrés pendant la durée des leur contrats. L'état vietnamien n'hésitait pas d'intervenir même dans la vie intime des ses citoyens travaillant en République tchèque. Les apprentis et stagiaires étaient logés dans les résidences étudiantes et les ouvrières dans des auberges spécialement prévus pour cet effet. La vie quotidienne des immigrés était programmée selon les normes de l'ambassade vietnamienne et les fabriques spécifiques dans lesquelles les Vietnamiens étaient employés. Les hommes et les femmes étaient séparés et au cas indésirable de la grossesse d'une des travailleurs, la déportation immédiate était presque la seule solution. 140 Selon ma recherche, il est indispensable de percevoir le rôle de l'Etat comme un agent actif dans la création de frontières culturelles et dans l'organisation et la répartition des ressources disponibles entre les différentes catégories ethniques. La sous-partie du chapitre III, portant sur les immigrés vietnamiens en 139 NAČR, “Dohoda mezi vládou Československé socialistické republiky a vládou Vietnamské demokratické republiky o odborné přípravě občanů Vietnamské demokratické republiky v československých organizacích” signé à Hanoi le 8 avril 1974 140 Aussi, le gouvernement tchécoslovaque a procédé à une quête d’acculturation des immigrés pour leur faciliter l'adaptation a l´ environnement tchèque et augmenter ainsi leur efficacité au travail. Ils ont reçu des vêtements, sous-vêtements; articles de toilette dés leur arrivée à Prague, tous en style tchécoslovaque, occidental, ainsi qu'ils étaient seulement offert la nourriture vietnamienne au début de leur séjour. (Alamgir, 2013: 8-9). 99 Tchécoslovaquie au niveau intermédiaire d’analyse est consacrée à la question de la structuration interne de la diaspora, telle qu’elle est marquée par différents flux migratoires (Les Vietnamiens provenant des familles aisées d’élites éduqués venus avant 1974, Les Vietnamiens de la classe moins aisée dans le but d’un enrichissement économique rapide). Dans cette partie de l'analyse, qui s’appuie sur les propos précédents de la hétérogénéité de groupe ethnique, je me suis efforcée d'expliquer la diversité structurelle interne à la diaspora vietnamienne résidente à Prague. Cette analyse se fonde notamment sur les témoignages sur la base des sources secondaires (Alamgir, 2013; Broucek, 2003 ; Koucourek, 2008 ; Kusnirakova, 2013). Le groupe de résidents anciens141, ceux venus dans le cadre des accords socialistes ou même dans les années 1990 se présente par des stratégies de la vie. En premier lieu, nous pouvons constater une orientation de la construction de sentier en créant un savoirfaire pragmatique spécifique. (Balaz, Williams). En effet, ceux immigrés pionniers devaient construire l´image de la communauté, grâce a la coopération avec les bureaux tchécoslovaques, adoptant une stratégie administrative conforme ainsi que l'attitude envers la majorité tchécoslovaque. La cohésion des flux migratoires vietanmiens prérévolutionnaires à Prague peut être expliquée par le fait que personne parmi les premiers immigrés n'avait des relations familiales préliminaires dans la métropole tchèque. Le fait que à nos jours, il n'est plus possible de parler de la communauté vietnamienne (en fonction du sentiment de l'appartenance de ses membres) en tant que telle peut être expliqué par une cause naturelle – celle de croissance démographique de Vietnamiens en République tchèque– leur nombre dans le pays est passé de 9633 en 1994 à 61115 en 2010 (Le Bureau Statistique tchèque). Les membres d'une « communauté » devrait se sentir solidaires et appartenant à cette unité. La diaspora tchèque manque l'intégrité interne et une identité collective. (Kusnirakova, 2013(b): 20), mais cette évolution est beaucoup plus complexe est exige une étude de la structuration interne de la diaspora. Il y a plusieurs aspects selon lesquels nous pouvons diviser la diaspora en groupes d'appartenance. Il y a deux aspects importants, qui sont facilement détectables. L´un est le statut socio-économique et le niveau d'études achevé des immigrants, et l'autre est leur province d'origine au Vietnam En revanche, les nouveaux arrivés depuis le début du de 21ème siècle jusqu'au aujourd’hui sont beaucoup plus dépendant du réseau vietnamien existant en République tchèque, et leur intégration nécessite donc d'utiliser les « services 141 « starousedlíci“ en tchèque. 100 d´hospitalité » de la communauté vietnamienne. Au sein de la diaspora, nous observons une professionnalisation d'aide qui se présente en prestation des services. Au Vietnamien, le terme qui est le synonyme de ces services est Dich vu. Graçe aux dich vu, les nouveaux arrivants venus en la République tchèque peuvent exister sans la connaissance de la langue ou l'ordre juridique tchèque, et ne sont donc pas obligés de s'intégrer même par de circonstances, comme ce fut le cas des groupes de anciens résidents. Dich vu sont utilisés par les deux groupes de nouveaux arrivants – par ceux qui viennent par des agences intermédiaires et n'ont presque pas de contacts avec la population et la culture du pays d'accueil, ainsi que par les membres des familles des résidents locaux et dans le processus de migration et d'adaptation qui profitent d'aide des réseaux sociaux personnels. Ensuite, j´ai pu signalé dans mon étude une évolution dans la nature de relations au sein de la diaspora - les relations amicales dans lesquelles se sont engagés les résidents anciens ( en fonction de la substitution de la famille), sont généralement remplacées par les relations purement fonctionnelles, économiquement-basés. Au niveau micro-sociale, j'ai identifié des facteurs importants en tant que les motifs personnels pour l´immigration en République socialiste tchécoslovaque, qui étaient souvent liés à la différence de niveau de vie entre les deux pays. A partir d'analyse plus complexe, j´ai pu constater que la propagande étatique et les motivations familiale représentaient 'la troisième variable' qui affectait le choix. Ainsi, l’origine socio-économique de l’individu était-elle très marquante et liée à la phase du programme de L'internationale socialiste : dans les années 1970. Nous pouvons encore observer les enfants des élites, provenant des familles vietnamiennes qui étaient économiquement stables ayant l’autre motifs et leurs objectifs n’étant pas strictement -basé sur le profit. Pendant les années 1980, les ouvriers de la campagne vietnamienne ont commencés d'arriver, souvent illettrés même dans leur langue maternelle. Cela renvoi à l'autre facteur important, ce qui est selon moi la maîtrise de la langue. Celle ci était dépendante des différentes possibilités de l'apprentissage offertes aux étudiantes des universités, apprentis et finalement les ouvriers. Comme démontré plus haut, la migration vietnamienne est perçue dans ma recherche en tant que migration familiale, même si il ne s’agit la plupart du temps que d’un seul membre mobile dans la famille. Or, le capital sociale chez les Vietnamiens est concentré dans la famille, est les liens de parenté ont une tres grande valeur, si pas la plus 101 importante. En conséquence, les réseaux transnationales basés sur ces liens de parenté sont ceux qui résisteront le plus à la régulation extérieure imposée par l’état. L´argent envoyé au Vietnam par des jeunes travailleurs célibataires est destiné prinicpalement pour les familles qui se sont restaurées avec le regroupement familial en début des années 1990. Les motifs des Vietnamiens pour fonder un commerce transnationale informel à l’échelle familiale du clan et du voisinage étaient décrites dans la sous-partie de chapitre III, au niveau microsociale (les biens mérités en République tchécoslovaque envoyés au Vietnam et revendus). En conclusion, je propose d'éclaircir la continuité, à la fois latente et manifeste, entre les pratiques culturelles et socio-économiques passées et actuelles des Vietnamiens en République tchèque. Ainsi, cette approche aide à comprendre les tendances des nouveaux courants d'immigration en République tchèque. Selon l'étude sur la différentiation interne de la diaspora vietnamienne, ces derniers courants représentent les immigrés le moins préparés à l'adaptation et le moins impliqués dans les réseaux crées par les flux migratoires précédents. (Kusnirakova, 2013). En outre, même après la chute des gouvernements de pays de l´est, nous observons la continuité dans l'intensité des stratégies formelles dans la politique de la main-d'œuvre du Vietnam contemporaine. Les nouveaux accords, prenant source dans l'ancienne coopération, sont établis avec les gouvernements des pays d'ancien bloc de l'Est. En plus, l'ouverture des frontières a permis une mobilité plus facile de la main d’œuvre (formelle et informelle). Les pratiques du gouvernement vietnamien favorisent - semblablement à d'autres "pays émergents"- l’exportation de la main d’œuvre comme une stratégie de la construction de la nation pour réduire la pauvreté endémique du pays et de permettre le développement d´ un pays du socialisme continu. Au sein de la stratégie national xoa doi giam ngheo (l'éradication de la faim et de réduction de la pauvreté), le gouvernement vietnamien a identifié la stratégie d’exportation de la main-d'œuvre en tant qu'essentielle (Schwenkel, 2014). Comme l´explique Schwenkel, « la migration des travailleurs pendant l’ère socialiste a fourni les bases de la politique et des attentes économiques de la récente industrie d'exportation ». (Schwenkel, 2014: 240). Selon Pham Van Dinh, un haut fonctionnaire du Département consulaire des Affaires Étrangères du Vietnam, « à l'heure actuelle, il y a 3,2 millions Vietnamiens vivant de manière permanente à l'étranger (400 000 d'entre eux sont diplômés ou meme post-gradués) et 500 000 travailleurs migrants 102 vietnamiens qui travaillent dans plus de 40 pays et territoires différents partout dans le monde sous contrats de travail à durée limitée.»142 L'origine de statut ancien, obtenu au moment de l´arrivée en République socialiste tchécoslovaque est toujours visible chez les Vietnamiens d’aujourd’hui. En général, les étudiants, qui sont venus en tant que pionnierss privilégiés au sein du programme, et qui ont donc 'mérité' plus d'attention, sont mieux intégrés dans la société thèque que ceux, qui sont venus postérieurement grâce aux réseaux déjà établis. Contrairement aux étudiants des années 1970, les derniers arrivés, ceux des années après 1990 ne se sentent pas obligés d'apprendre la langue et de sortir des niches ethniques, qui se sont économiquement établis suite à la transformation économique et politique du début des années 1990. Une étude comparative, prenant en considération les facteurs que j'ai proposé au sein de ce mémoire, serait nécessaire pour éclaircir les aspectes qui restaient inexploités et qui sont liés par exemple à la législature spécifique de l'état socialiste de l'Europe de l'Est. Ma recherche doctorale serait donc une continuation de cette étude, mettant l'accent sur l'année 1989 et la transformation politique, qui est, comme annonce le présent mémoire, une véritable rupture dans la structure interne de la diaspora vietnamienne. Cette date marque le début des vagues d'arrivées des immigrés économiques, qui profitèrent des réseaux ethniques établies. Ainsi, la mise à jour des recherches portants sur des règlements sur les migrations est nécessaire pour expliquer la cause des nombres indéniables de l'immigration clandestine et de la contrebande faite par des immigrants, la traites même avec des êtres humaines, les ouvriers désertés et les contrats rompus, les femmes vietnamiennes qui se marient et sont mariées avec des étrangers, moyennant une somme d´argent ou les mères célibataires.143 142 Pham Vu Dinh, « International Migration and Labor Migrants in Vietnam. Disponible sur: https://www.iom.int/jahia/webdav/shared/shared/mainsite/microsites/IDM/workshops/return_migration _development_070708/pres_dinh.pdf 143 L'autre document officiel traite certains des problèmes mentionnés. Il s'agit du Bilan de l'année 2012, publié par le Département consulaire du ministère des Affaires étrangères du Vietnam, traitant La migration vietnamienne à l'étranger. 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MPSV, Státní plánovací komise, Federální ministerstvo financí, Pokyny pro věcné, 114 organizační a finanční zabezbečení odborné přípravy a další zvyšování kvalifikace občanů Vietnamské socialistické republiky v československých organizacích., K Dohodě ze 21.12. 1979. Daté juin 1980 MPSV, Zpráva delegací Federálního ministerstva práce a sociálních věcí ČSSR a Ministerstva práce VSR o výsledcích realizace mezivládní Dohody ze dne 27.11.1980 a o návrzích na zlepšení další spolupráce, která se předkládá předsedům obou částí Československo-vietnamského výboru pro hospodářskou a vědeckotechnickou spolupráci, 27 avril 1983. MPSV, Rámcové podmínky pro působnost organizátorů a vedoucích skupin vietnamských občanů dočasně zaměstnaných v československých organizacích, à Prague, le 27 juin 1984. 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