Femme soumise

Transcription

Femme soumise
Femme soumise ?
Je me souviens, ma grand-mère, celle qui fût parmi les premières à partir en
congés payés faire du camping en conduisant sa moto, posait toujours des
questions sur l’emploi de mon compagnon et jamais sur le mien. Je ne
comprenais pas.
De même, le jour où adolescente, j’interrogeais mon père sur son point de vue
quant à mon orientation professionnelle, il m’avait simplement répondu que je
ferais une bonne secrétaire de direction. Ainsi, celui qui m’a élevée, m’a donnée
les armes du libre arbitre, ne voyait en moi que la capacité à assister le travail
d’un homme.
Alors que faire de cette intelligence nourrie de cultures, et cultivée d’art ? La
consacrer à la sphère restreinte du foyer ?
Je l’ai fait. Dans les tourbillons affectifs propres à ma génération, j’ai consacré
mon énergie et mon esprit d’analyse à l’éducation de mes enfants.
Seulement, je ne parviens pas à me satisfaire de cette place de juste mère.
Je n’ai pas fait le choix d’ignorer les appels biologiques de ma fonction
reproductrice sur l’autel d’une hypothétique réussite sociale comme d’autres
sont poussées à le faire.
Je n’ai pas fait le choix de laisser mes enfants aux seuls bons soins des structures
éducatives, comme beaucoup de femmes actives sont contraintes à le faire.
J’ai enrichi ce pays de nouveaux citoyens les éduquant à devenir des individus
libres, responsables et solidaires.
Comme toutes les femmes, élevée pour servir, j’ai longtemps oublié mes désirs et
besoins pour combler ceux des autres.
Et ensuite, où est ma place dans cette société ?
J’apprends ce jour la création du ministère du Droits des femmes de l’Enfance et
de la Famille,. Ainsi, les gouvernants de la France limitent les capacités d’action
des femmes à la porte de leur domicile.
Dans cette période de l’histoire de l’humanité où nous assistons dans plusieurs
parties du globe à une négation des droits fondamentaux, à une aliénation de la
femme, à une destruction des arts et de la culture, ce pays qui est le mien, le pays
des Droits de l’Homme ne trouve d’autres réponses à cette barbarie qu’un état
d’urgence permanent et un recul des Droits de la Femme ?
Je suis indignée.
A quoi auront servi toutes ces luttes ? Quel avenir pour ces jeunes femmes
étudiantes ? De quelle égalité parle-t-on ? La parité si difficilement imposée à la
sphère politique n’est qu’une vitrine en plastique.
De suite, j’apprends la décision préfectorale de détruire une partie du bidonville
de Calais, là où s’est bricolé une école laïque et où survivent plus d’un millier de
réfugiés politiques, et des enfants. J’ai honte !
Aujourd’hui, j’ai honte d’être française.
Je me pose la question : ai-je eu raison d’avoir donné naissance à des enfants
pour les voir évoluer dans une telle décadence ?
Je sais qu’il est toujours trop tard pour regretter. Alors, il me reste à résister, à
rallier les lumières qui sont encore allumées, à participer activement aux
changements des mentalités.
Je suis femme.
A ceux qui me voilent, me volent, me violent, me mentent, me frappent,
m’insultent, m’enferment, me blessent et me rabaissent, je dis ceci : « C’est le
ventre de votre mère que vous meurtrissez, c’est vous fœtus que vous
martyrisez ! ».
Je ne suis plus colère amère, je suis paix et mère.
J’ai déposé les armes, je sais l’égalité factice.
Il manque en ce monde la voix des femmes, leur regard, leur art, leur philosophie.
Il manque à ce monde le poids de toute leur vie.
Les femmes n’ont pas à être considérées comme une minorité.
C’est l’Equité qu’il nous faut sœurs semer !
Et, elle ne pourra croître qu’avec le soutien d’hommes éclairés.
Insoumis, insoumises !
ARIA

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