Paolo Fresu | Nils Petter Molvaer | Manu Katché | Jim Watson | Lundi
Transcription
Paolo Fresu | Nils Petter Molvaer | Manu Katché | Jim Watson | Lundi
Paolo Fresu, trompette Nils Petter Molvaer, trompette, machines Manu Katché, batterie Jim Watson, orgue Hammond Fin du concert vers 21h15. Paolo Fresu | Nils Petter Molvaer | Manu Katché | Jim Watson | Lundi 16 avril 2012 LUNDI 16 AVRIL 2012 – 20H La réunion des deux trompettistes et du batteur vit le jour lors de l’édition 2010 du Festival International de Jazz de Montréal. Paolo Fresu s’était vu proposer une série « Invitation » de trois concerts pour trois formations différentes. Après un duo avec le pianiste cubain Omar Sosa le premier jour puis une rencontre avec le guitariste américain Ralph Towner, il conclut ainsi : deux trompettistes férus d’effets électroniques et un batteur ! Nils Petter Molvaer avait joué la veille et le batteur Manu Katché était programmé le lendemain avec son quartet. Du bon usage des festivals… Alors on se dit que l’idée n’est pas aussi insolite qu’il y paraît. D’abord parce que le Sarde Paolo Fresu a beau mener parallèlement des groupes au long cours, l’art des rencontres insolites est l’axe fort de sa carrière. Quant au Norvégien Nils Petter Molvaer, il a un rapport quasi viscéral avec les percussions, on l’a souvent vu avec deux batteurs sur scène pour faire basculer la musique dans des transes électriques. Manu Katché a donc à imaginer un rôle d’entremetteur-provocateur entre ces deux lyriques qui devraient autant adorer qu’il mette le feu aux poudres ou qu’il se fasse poudre sous la cendre. Un sourcier de la mare nostrum, un sorcier des cocktails bleu électrique et un saucier des tambours contemporains… À chacun son rôle, défini par la dynamique nécessaire aux deux autres, une histoire de son individuel et de rapport commun au silence et d’intuition de la dynamique collective. Ce qui ressemble furieusement aux fondamentaux de n’importe quel groupe de jazz à partir du duo ! Autrement dit, l’habit de cet insolite-là ne doit pas faire oublier que c’est le jazz qui fait le moine. Tous trois sont de la même génération : Paolo Fresu est né en 1961, Nils Petter Molvaer en 1960 et Manu Katché en 1958. Les deux trompettistes sont des insulaires. Molvaer est originaire de l’île de Sula sur la côte ouest de la Norvège et Fresu de Berchidda en Sardaigne, où il a créé un festival. Né en France et issu d’une famille aux origines ivoiriennes, Katché a un pied dans le groove africain et un autre dans le son des studios européens. Il voit aussi double dans son partage entre pop et variété d’un côté et jazz de l’autre. C’est un conciliateur né entre textures acoustiques et électriques. Exactement le profil pour rendre compatibles les approches des enfants de Miles Davis que sont les deux souffleurs. À ses débuts, Nils Petter Molvaer faisait partie du quintet norvégien Masqualero, ainsi nommé d’après une composition du saxophoniste Wayne Shorter pour le groupe de Miles Davis auquel il appartenait. De son côté, Paolo Fresu n’a jamais dissimulé sa vénération pour Miles, puisque c’est même son écoute qui l’a décidé à consacrer sa vie à la musique. Et la filiation avec le Miles des années acoustiques est absolument évidente lorsqu’on l’écoute, particulièrement dans son quintet… Autre point de convergence entre eux, le label ECM. Un point qu’ils partagent avec Manu Katché d’ailleurs, dont la plupart des albums « jazz » sont publiés sur ce même label munichois. Curieusement, c’est Paolo Fresu, dont le son semble fait sur mesure pour ECM qui apparaît le plus rarement (deux fois seulement) sur le catalogue allemand. Nils Petter 2 lundi 16 avril Molvaer y a signé ses premiers albums personnels, dont le très marquant « Khmer », en 1997. Là, il effectuait une mini révolution culturelle radicale dans le paysage du jazz : lui qui avait collaboré avec des jazzmen pur sucre comme Elvin Jones, Gary Peacock ou George Russell, embarquait l’improvisation dans les wagons trip-hop, drum’n’bass, ambient, techno et industriel des musiques électroniques. Des grooves profonds, avec batterie et percussions évoquant des transes venues du fond des âges, des effets de guitares en apnée sonore et la trompette qui vient planer là-dessus avant de fondre dans un éclat comme un oiseau de proie… Un univers scénarisé, très cinématographique, envoûtant. Entamée auprès du grand trompettiste Enrico Rava, la trajectoire de Paolo Fresu est souvent passée par Paris, notamment au sein du quartet Palatino (avec Glenn Ferris, Michel Benita et Aldo Romano). Embrassant à la fois le bugle et la trompette, il a très tôt manifesté un intérêt poussé pour l’utilisation des effets électroniques venant élargir la palette sonore de son instrument. Son approche est celle d’un musicien attentif aux nuances, aux couleurs, aux volumes, aux mises en perspectives. Un plasticien de la trompette. Là où Molvaer avance au combat, Fresu met une fleur au fusil… En ce qui concerne Manu Katché, celui qui fut longtemps « le batteur de ces stars » de la pop élégante, de Goldman et Souchon à Peter Gabriel, Joni Mitchell ou Sting, est aussi le gardien du tempo du saxophoniste norvégien Jan Garbarek, figure emblématique d’un jazz européen décomplexé vis-à-vis des codes américains et apôtre d’un lyrisme épanoui. En leader, il a multiplié les recours aux musiciens scandinaves pour une musique dont le Guardian a salué « les grooves mutants et les thèmes jazzy ». Manu Katché est aussi un dénicheur de talents. Et cela remonte bien avant son expérience de juré de la Nouvelle Star… C’est ainsi qu’on l’a vu inviter l’an passé le tout jeune pianiste et britannique Jim Watson à rejoindre sa tournée avec le bassiste Pino Palladino. Cette fois c’est à l’orgue Hammond – instrument plus souvent associé à la guitare ou au sax qu’à la trompette – qu’il est prié de venir commenter les agapes des trois « anciens ». Entre eux, un immense territoire à explorer se dessine, celui du son, de la matière sonore, de sa texture, de son épaisseur… En guise de boussole, la pulsation, le rythme. On est loin des beautés éprouvées des trumpet summit qui ont fleuri au cours de l’histoire du jazz réunissant tantôt Dizzy Gillespie et Clark Terry, tantôt Freddie Hubbard et Woody Shaw ou plus récemment Nicholas Payton et Roy Hargrove… Ceux-là improvisent sur des thèmes, échangent des phrases, s’expriment dans une langue codifiée et partagée. Entre Nils Petter Molvaer, Paolo Fresu, Manu Katché et Jim Watson, il s’agit d’inventer les mots et la syntaxe en avançant conjointement. Autrement dit, jouer en inventant ses propres règles du jeu. Un rêve d’enfant devenu adulte… Alex Dutilh 3 Paolo Fresu © R. Cifarelli Manu Katché © Visual Jim Watson © D.R. Nils Petter Molvaer © D.R. Salle Pleyel | et aussi… SAMEDI 16 JUIN, 20H SAMEDI 27 AVRIL 2013, 20H À LA CITE DE LA MUSIQUE Joshua Redman, saxophone 1re partie VENDREDI 15 JUIN, 20H Brad Mehldau, piano Eric Harland Quintet DIMANCHE 17 JUIN, 16H30 2e partie LUNDI 18 JUIN, 20H Dans le cadre du Domaine Privé Joshua Redman à la Cité Ibrahim Maalouf Quintet de la musique du 15 au 18 juin. Ibrahim Maalouf, trompette Domaine Privé Joshua Redman Mark Turner, saxophone Franck Woeste, piano SAMEDI 3 NOVEMBRE, 20H Ira Coleman, contrebasse Clarence Penn, batterie Wayne Shorter, saxophone Danilo Perez, piano John Patitucci, contrebasse Brian Blade, batterie DIMANCHE 18 NOVEMBRE, 20H Chick Corea, piano Christian Mc Bride, contrebasse MERCREDI 21 NOVEMBRE, 20H Brad Mehldau, piano Larry Grenadier, contrebasse Jeff Ballard, batterie Les partenaires média de la Salle Pleyel Imprimeur La Galiote-Prenant | Imprimeur France Repro | Licences : 1027391, 1027392, 1027393 Brian Blade, batterie