Quand le jeu vidéo fait plaisir aux fans…
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Quand le jeu vidéo fait plaisir aux fans…
Plastic Little, ou le pouvoir suggestif des maillots de bains moulants... quand elles en portent ! U n décolleté vertigineux, une jupe plus que mini, un rideau de douche transparent mais pas trop, une contre-plongée révélant furtivement une petite culotte, un personnage aimé qui débarque sans raison ni logique dans l’intrigue… Autant de clins d’œil adressés aux joueurs par des développeurs adeptes du fan service ! Dans Iczer One, les vêtements se déchiraient avec une facilité déconcertante. Voici Mabororo Panty, l’héroïne de manga aux deux culottes, dont une sur la tête ! Quand le jeu vidéo fait plaisir aux fans… Le fan service ou quand le ludique devient lubrique R ien ne vaut une fille un peu sexy pour vendre. Cet adage publicitaire ou cet éloge du racolage vaut aussi dans le domaine du jeu vidéo. Au Japon, cette façon de permettre au fan de se rincer l’œil s’appelle le fan service. Cette expression trouve ses origines dans la culture « anim'/ manga » et provient du mot japonais « saabisu shotto » (service shot) qui signifie « plans gratuits » ou « pour le cadeau ». Le fan service, c’est donc l’art de faire plaisir au spectateur en lui adressant un clin d’œil appuyé sous la forme d’une petite scène dénudée ou d’une pose suggestive. Il définit ainsi la propension d’un média à vouloir brosser dans le sens du poil la cible (généralement) masculine. Ce phénomène ne date pas d’hier. Il suffit pour s’en convaincre de revoir la série animée Cutey Honey, tirée d’un manga de 1973 ! Créée par Gô Nagai (papa de Goldorak), Cutey Honey en pleine transformation dans le dessin animé de 1973 (à gauche), et des représentations plus récentes dans les OAV de 2004 (à droite). Gunbuster, robots géants et bouncing breasts : quel ado (mâle) n'apprécierait pas ? Legend of Lemnear, une des premières VHS d'OAV sortie en France. l’héroïne androïde se transformait à chaque épisode tout en laissant ses vêtements partir en lambeaux ! Cette séquence rappelle ainsi les introductions des James Bond, en plus explicites, dans une ambiance seventies à la Barbarella ! Mais le véritable fan service naît avec l’explosion du marché de la vidéo et les OAV (Original Animation Video), dessins animés distribués uniquement en VHS et destinés à un public ado-adulte nourri de mangas et en pleine ébullition hormonale. Dans les années 80 fleurissent les séries montrant des robots (souvent très gros) pilotés par des filles (à forte poitrine) qui finissent toujours par se retrouver les seins à l’air en plein combat. L’archétype est la série Iczer One (de la SF, un peu de gore, et même des filles qui s’embrassent pour satisfaire le fantasme éculé des lesbiennes comme dans un porno). Dans le même genre, on peut citer Plastic Little dont le character designer (Satoshi Urushihara) est connu pour le rendu réaliste des… têtons. Vu le succès de ses plantureuses créatures, il n’est pas étonnant que la première VHS en VOST vendu en France ait été La Légende de Lemnear, où l’entêtant têton fait oublier l’indigence du scénario (Évidemment l’éditeur français, Kaze, ne s’en vante pas). Le marché de la VHS a ainsi ouvert un espace d’expression de tous les fantasmes adolescents et le studio Gainax est sans doute celui qui a su le mieux en tirer parti pour vendre ses anim'. Toshio Okada explique que dès leur premier film amateur, ils ont initié le « bouncing breast » ou comment faire des plans sur la poitrine rebondissante d’une fille aux atours conséquents qui aurait oublié de mettre un soutien-gorge. Dans l’OAV Gunbuster (encore de gros robots et des filles pilotes), les personnages partagent la même absence de sous-vêtements pour que les seins puissent rebondir et s’entrechoquer comme s’ils étaient montés sur ressort. Et l’on ne vous parle pas de la mémorable scène de bain qui dure une éternité…