Article de presse La Montagne 09/02/2016
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Article de presse La Montagne 09/02/2016
La nature déboussolée par l’extrême douceur 995398 PUY-DE-DÔME. Floraisons et feuillaisons ont jusqu’à deux mois d’avance. PAGE 9 LAMONTAGNE lamontagne.fr CLERMONT-METROPOLE ■ CLERMONT-FERRAND L’adolescente percutée par le tram est décédée PAGE 6 ■ TAUVES Collision entre une voiture et un camion : une sexagénaire tuée MARDI 9 FEVRIER 2016 - 1,10 € 33 classes menacées dans le PuydeDôme PAGE 6 ■ CLERMONT-FERRAND Le festival du court métrage donne dans le star-system PAGES 10 ET 11 ■ MARDIS DE L’ÉCONOMIE PAGES 4 ET 5 9/02/16 ISSN 2109-1560 Metropol M 0394 1,10 ■ PROPOS D’UN MONTAGNARD Ténèbres. Si le XVIIIe siècle fut celui des « Lumières », le XXIe risque fort de deve nir celui… des « Ténèbres ». Le drapeau noir du groupe État islamique (Daech) répand son ombre maléfique sur de nombreux territoires, en Afrique et au MoyenOrient. Parmi les innombrables exactions commises par cette organisa tion armée terroriste, il y a les « marchés aux esclaves », où des femmes sont ven dues contre quelques dollars, des armes ou des pickup… Un « crime contre l’hu manité ». On voudrait juste espérer que la communauté internationale – au lieu de s’entredéchirer, depuis des mois, sur l’attitude à adopter face à une telle bar barie – puisse enfin y mettre fin ! ■ CARTE SCOLAIRE. Le projet de carte scolaire prévoit 33 fermetures et 18 ouvertures de classes de maternelles et de primaires, dans le PuydeDôme, à la rentrée 2016. Le Domaine de Limagne au secours des conserveurs du Sud-Ouest GRIPPE AVIAIRE. L’entreprise va produire 1.200 canards gras de plus par semai ne pour aider trois conser veurs à poursuivre leur activité. PAGE VIE RURALE ■ CE MATIN. Le projet de carte scolaire est discuté en Con seil départemental de l’Éducation nationale. Les parents d’élèves et les enseignants se mobilisent. PHOTO P. CHAREYRON PAGE 8 004337 Quoi de neuf dans les entreprises auvergnates ? LA MONTAGNE MARDI 9 FEVRIER 2016 43 Insecticide Ferme du futur ? InVivo emprunte Limitation. Une substance active, insecticide, le chlorpyriphos éthyl, devrait voir ses usages limi tés voire interdits dès cette année en France, a assuré le ministre de l’Agriculture Stéphane Le Foll, en raison de la « dangerosité » pour la santé de ce composé. ■ Automates. Une entreprise japo Grandes ambitions. InVivo a an naise a annoncé qu’elle lancerait la première ferme entièrement auto matisée où des robots feront tout, depuis l’arrosage jusqu’à la récolte. D’ici la mi2017, cette installation fermée devrait commencer à pro duire 30.000 laitues par jour. ■ noncé avoir levé 800 millions d’euros, via un crédit syndiqué et un emprunt obligataire, pour fi nancer son plan stratégique. Le premier groupe coopératif fran çais vise ainsi à doubler de taille en dix ans. ■ Vie rurale VINS ■ En net recul en Europe, les exportations françaises de vin ont progressé en 2015 dans le reste du monde après deux années de baisse, en particulier vers les ÉtatsUnis et l’Asie. ESPAGNE ■ Un millier de maraîchers du sud de l’Espagne ont manifesté pour dénoncer « les prix d’achat trop bas » de leurs fruits et légumes. CHAMP LIBRE Belle solidarité paysanne Avant d’être un patron dont l’entreprise tutoie les 5 millions d’euros de chiffre d’affaires et emploie une vingtaine de personnes, Jean-François Panem se revendique d’abord comme paysan. Agriculteur bio, il continue de cultiver une centaine d’hectares et d’élever une vingtaine de vaches limousines. Les pieds solidement ancrés dans sa terre, il sait mieux que quiconque les aléas climatiques, sanitaires de l’activité agricole. Que personne n’est à l’abri. Il ne fallait donc pas compter sur lui, au moment où ses confrères du Sud-Ouest traversent une crise majeure, pour le voir capitaliser commercialement sur le malheur d’autrui. Au contraire, il leur a tendu la main. Et même s’il y trouve lui aussi un réel intérêt économique, son geste montre que, loin du monde froid et sans pitié du business mondialisé, la solidarité paysanne n’est pas un vain mot. D.D. ■ REPÈRES Grippe aviaire Arrêté ministériel. Depuis le 18 janvier, il est interdit pour une durée de quatre mois de mettre en place des canetons dans les PyrénéesAtlantiques, les Hautes Pyrénées, l’Ariège, la HauteGa ronne, le Gers, les Landes, la Gi ronde, le LotetGaronne, le TarnetGaronne, le Tarn, l’Avey ron, le Lot, la Dordogne, la Cor rèze et la HauteVienne, et une partie du Cantal et de l’Aude. Production Limagne. Douze éleveurs et dou ze gaveurs intégrés travaillent pour Le Domaine de Limagne. « Nos canards sont gavés avec du maïs cultivé à 100 % dans la Li magne. Nous utilisons une varié té spéciale avec surtout un sé chage doux afin de ne pas brûler le germe, ce qui nous permet d’avoir des grains plus colorés qui se différencient par le goût », souligne JeanFrançois Panem. Garder foi en l’avenir Canard gras Alors que la production de foie gras va s’arrêter quatre mois dans le grand Sud-Ouest pour cause de grippe aviaire, Le Domaine de Limagne, installé à Chappes (Puy-de-Dôme), a décidé de produire 1.200 canards de plus par semaine pour aider trois conserveurs à poursuivre leur activité. Dominique Diogon [email protected] J eanFrançois Panem en rigole à moitié. « Quand j’ai découvert la première carte dé limitant les parties du territoire touchées par la grippe aviaire, il était écrit noir sur blanc que nous étions en zone libre. Et ce n’est pas une blague. Ça m’a fait drôle et renvoyé vers une épo que dont on m’a beaucoup par lé. Maintenant, nous sommes en zone blanche, ce qui m’ap paraît quand même plus ap proprié », sourit le patron du Domaine de Limagne, qui se définit luimême comme « le plus petit des gros producteurs de foie gras en France », avec une production annuelle de 150.000 canards. « Ce coup de main va permettre de sauver l’entreprise et ses douze salariés » Installé à Chappes (Puyde Dôme), cet agriculteur en poly culture élevage, qui a repris la société en 2000 à la coopérative Limagrain, ne se voyait pas pro fiter du malheur des autres pour gonfler son carnet de comman des. « Il n’était pas question d’aller piquer des clients à des collègues en difficulté. En re vanche, quand mon fournisseur de canetons, basé en Vendée, m’a dit que 50 % de ses clients étaient à l’arrêt et qu’il s’était permis de donner mon contact à certains d’entre eux, je n’ai pas hésité à les aider dans la li mite de mes possibilités. Car si je me retrouve un jour dans la même situation, je serais bien content que quelqu’un me ten de la main. » Alors que sa production des SOLIDAIRE. Jean-François Panem (à gauche) n’a pas hésité à augmenter sa production de canards gras pour venir en aide à ses confrères du Sud-Ouest touchés par l’arrêt de la production en raison de la grippe aviaire. PHOTOS PIERRE COUBLE cend normalement à 2.000 ca nards semaine, contre 6.000 lors des fêtes de fin d’année, Jean François Panem a remis 1.200 canetons supplémentaires par semaine en élevage à partir de mijanvier. Les premiers ani maux seront abattus le 25 avril, la veille de la fermeture de tous les abattoirs des huit départe ments touchés par la grippe aviaire. Une question de timing pres que vitale pour les trois conser veurs qui ont fait appel à Jean François Panem. « Sans cette solution, je n’aurais eu aucun canard et donc aucune mar chandise à vendre entre fin avril et miaoût, tranche Pierre Gar ros, patron de la Maison Tête, b a s é e à Va l e n c e s u r Ba ï s e ( G e r s ) . No n s e u l e m e n t , j e n’aurais pas été en mesure d’ali menter mes trois points de ven te (dont un magasin à Orléans et un autre à Par is) mais en plus, je n’aurais pas été en me sure de faire les stocks nécessai res en vue des fêtes de fin d’an née, période pendant laquelle je réalise 60 à 70 % de mon chiffre d’affaires. J’ai racheté la société il y a seulement quatre ans et j’ai des emprunts à rembourser. Ce coup de main va véritable ment permettre de sauver l’en treprise et ses douze salariés. » Jusqu’en août, le patron ger sois va avaler 1.000 km par se maine pour venir récupérer 350 canards gavés au pied de la chaîne des puys. « D’habitude, nous mettons un point d’hon neur à communiquer sur l’IGP Gers (Indication géographique protégée). Là, nous communi querons avec plaisir sur l’origi ne Limagne car j’offr irai la même qualité, la même souche de canard, la même traçabilité à mes clients. » « Nous allons avancer d’une heure l’horaire d’abattage le matin pour permettre aux trois conserveurs que nous aidons (les deux autres sont situés dans le Lot et le Cantal) de travailler le foie frais chez eux l’aprèsmi di. Cela leur permettra de faire tourner leur outil de production et donc de préserver l’emploi », se félicite JeanFrançois Panem. Une problématique rencontrée par de nombreux conserveurs de taille moyenne du SudOuest. « Dans mon département, sur une quarantaine de conserveurs, une dizaine produit toute l’an née et doit donc trouver une so lution pour ne pas se retrouver complètement à l’arrêt. Je ne le souhaite pas à JeanFrançois Pa nem mais je serais très heureux de faire la même chose dans l’autre sens », conclut, bon ca marade, le président des conser veurs du Gers. ■ ■ Le Domaine de Limagne à l’offensive sur Lyon En plus de ses trois boutiques auvergnates, Le Domaine de Limagne a axé son développement autour de la vallée du Rhône et de Lyon. « Nous avons commencé à vendre chez des restaurateurs à Saint-Étienne, Condrieu, puis nous sommes descendus sur Valence, Montélimar et pour finir Avignon. C’est là que j’ai eu l’idée de monter une boutique à Tain-l’Hermitage, explique JeanFrançois Panem. Grâce à notre image de producteur, les gens achètent les yeux fermés. Quant à Lyon, nous servions déjà le Sofitel Les 3 Dômes. Un jour, j’y suis allé et je me suis rendu compte que j’allais pratiquement plus rapidement dans le centre de Lyon que de monter à la cime du puy de Dôme. Je me suis dit, c’est là qu’il faut travailler. J’ai repris il y a quelques mois deux boucheries où nous vendons nos produits et de la viande auvergnate. À terme, j’envisage d’avoir cinq boutiques dans les plus beaux quartiers de la ville. » Pdd