Contribution de l`émission acoustique au suivi de l
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Contribution de l’émission acoustique au suivi de l’endommagement des enrobés bitumineux Malick Diakhaté* − Mokhfi Takarli* − Christophe Petit* − David Marlot** * Université de Limoges, GEMH, Centre Universitaire de Génie Civil, Bd J. Derche, F-19300 Egletons [email protected], [email protected], [email protected] ** Euro Physical Acoustic S.A, Parc de l’Anjoly-ACTIPOLE-5 voie d’Angleterre – F-13127 Vitrolles [email protected] : Ce travail présente les résultats d’une première étude expérimentale portant sur l’apport de la technique d’émission acoustique au suivi de la fissuration des enrobés bitumineux. Une chaîne de mesure acoustique est couplée à un essai de fatigue par cisaillement, et les réponses acoustiques et mécaniques du matériau sont comparées. Le seuil de détection des évènements est fixé à 40 dB. Les résultats ont permis de montrer qu’une première intensification de l’activité acoustique se produit lorsque l’éprouvette perd 42% de sa raideur initiale. D’une manière conventionnelle, la rupture de l’enrobé est considérée atteinte lorsque l’éprouvette perd 50% de sa raideur initiale. Ce critère correspond à l’amorçage de la propagation de la fissure démontré par l’analyse acoustique. RÉSUMÉ ABSTRACT: This paper focuses on investigating the use of acoustic emission (AE) technique to characterize the asphalt concrete (AC) behaviour. Under a double shear test, an acoustic system setup monitors the stress waves generation within the material. Both mechanical responses and acoustic activities are analyzed. The acquisition threshold is set for 40 dB. Results analysis allow showing a roughly increase of AE events when the initial value of the specimen stiffness drops of 42%. Conventionally, the AC failure corresponds to a decrease by 50% of the initial value of the specimen stiffness. This value corresponds with the beginning of crack growth phases observed by EA analysis. MOTS CLÉS : Enrobé bitumineux, émission acoustique, endommagement, fissuration, double cisaillement. KEYWORDS: Asphalt concrete, acoustic emission, damage, crack, double shear test. XXVIIIe Rencontres Universitaires de Génie Civil. La Bourboule, 2 au 4 juin 2010 1. 2 Introduction La comprehension des mécanismes de fissuration d’un matériau et le suivi de l’évolution de son endommagement sont parmi les facteurs clés pour améliorer les outils de dimensionnement des ouvrages. Suivant le mode de rupture que l’on veut mettre en évidence et étudier, différents essais et outils d’analyse ont été développés. La technique d’émission acoustique est une technique très prometteuse à laquelle on accorde de plus en plus d’attention que ce soit pour la caractérisation du comportement des matériaux [LAN 99 ; CHE 04 ; WAT 04 ; TAK 08], ou pour le suivi de l’endommagement des structures en service à travers une étude des mécanismes de rupture dans le matériau. Ce phénomène résulte d'évènements acoustiques produits par les déformations locales dans un échantillon ayant lieu avec suffisamment de brutalité pour libérer de l’énergie générant des pulsations acoustiques. La technique est très performante dans le sens où elle est capable de situer dans l’espace et dans le temps, l’évolution de la fissuration et sa localisation. Toutefois, les difficultés expérimentales sont importantes. Elles sont principalement liées aux propriétés acoustiques du matériau. En effet, le comportement acoustique de tout matériau dépend de sa microstructure et ses propriétés physico-mécaniques. Si la technique d’émission acoustique est largement utilisée dans le suivi de l’endommagement des matériaux composites et souvent fragiles, son utilisation est en revanche peu fréquente dans le domaine des matériaux bitumineux [NES 06]. Ce travail traite d’une première approche expérimentale au cours de laquelle nous nous sommes intéressés à l’apport de la méthode d’émission acoustique dans l’étude du comportement à la fissuration des enrobés bitumineux. Dans cette campagne expérimentale, un essai de fatigue par double cisaillement est réalisé sur une éprouvette en enrobé bitumineux. Cette dernière est instrumentée, et une chaine de mesure acoustique permet de suivre l’activité acoustique qui se développe au sein du matériau. Les propriétés mécanique et acoustique évaluées à partir de ces deux essais sont comparées et interprétées. 2. Matériau, corps d’épreuve et dispositif expérimental 2.1 Matériau et corps d’épreuve L’enrobé bitumineux étudié dans ce travail est de type classique formulé par le LRPC d’Autun (71). Sa composition granulométrique est d’allure continue, avec un diamètre maximal des granulats de 6 mm. La teneur en liant est 6,85 ppc. Un moule de fatigue, de dimensions 600 x 400 x 150 [mm3] (L x l x h) est utilisé pour réaliser des plaques. Ces dernières sont par la suite sciées pour extraire des éprouvettes de géométrie et de dimensions telles présentées en Figure 1. Suivi de l’endommagement des enrobés par émission acoustique 3 Sollicitation cyclique Sollicitation cyclique Ux=Uy=Uz=0 4 Ux=Uy=Uz=0 Metal plate plate Metal Y X 70 mm entailles BBSG 35 Ux=Uy=Uz=0 45 mm 35 Z Details de l'éprouvette Ux=Uy=Uz=0 Sollicitation cyclique Géométrie de l'éprouvette et principe de l'essai Ux = Uy = Uz = 0 Dispositif de double cisaillement Figure 1. Principe de l’essai de double cisaillement (éprouvette et dispositif de chargement). Le dispositif d’essai utilisé dans ce travail s’inspire du principe de l’essai de double cisaillement (Fig. 1), et qui a été utilisé avec succès pour la caractérisation du comportement à la fissuration des enrobés bitumineux [PET 02]. Le dispositif a été conçu et réalisé dans le cadre d’un projet de recherche sur la caractérisation du comportement à la fatigue par cisaillement du collage à l’interface des couches d’enrobés bitumineux [DIA 07]. Le principe de l’essai est tel que les deux parties latérales de l’éprouvette sont maintenues fixes tout au long de l’essai, alors que la partie centrale est entraînée en mouvement en asservissement déplacement ou en force. Un dispositif de collage permet d’obtenir une bonne mise en place des casques métalliques sur les faces supérieure et inférieure de l’éprouvette. Le maintien du contact casques-enrobé est assuré par une colle en époxy. Cette opération de collage vise à assurer la bonne transmission, tout au long de l’essai, de la sollicitation mécanique de cisaillement (alternée et symétrique). 2.2 Dispositif d’émission acoustique Afin de pouvoir suivre l’activité acoustique au sein de l’enrobé bitumineux, une chaine de mesure acoustique est mise en place, et est composée de cinq capteurs piézoélectriques de type R15 (bande de fréquences de 50 à 200 kHz, fréquence de résonnance à 150 kHz), de cinq préamplificateurs (40 dB) connectés aux capteurs, et d’un ordinateur équipé de cartes d’acquisition et de traitement de signaux acoustiques. Un adhésif double-face est utilisé pour fixer les capteurs sur l’éprouvette et assurer un contact plus uniforme et une meilleure transmission des ondes à travers la surface d’application. La disposition des cinq capteurs (Fig.2) XXVIIIe Rencontres Universitaires de Génie Civil. La Bourboule, 2 au 4 juin 2010 4 permet de localiser les évènements qui se produisent dans chacune des deux zones de fissuration de l’éprouvette (4 entailles). En effet, un jeu de trois capteurs permet d’obtenir une solution unique sur la localisation de la source acoustique dans un plan. Le seuil de détection du signal est fixé et maintenu constant à 40 dB. Casque métallique Enrobé bitumineux Ruban Adhésif Entaille Capteur piézoélectrique (R15 type) Figure 2. Disposition des capteurs acoustiques sur l’éprouvette. Piston Dispositif DST Eprouvette Cellule de force Caisson climatique Vue générale de la presse servohydraulique Caisson climatique autour du dispositif d’essai et de l’éprouvette instrumentée Figure 3. Machine d’essai et caisson thermique autour du dispositif. 2.3 Chargement mécanique et conditions expérimentales Afin d’assurer une bonne transmission des sollicitations mécaniques au corps d’épreuve, douze vis sont utilisées pour liaisonner les casques métalliques collées sur l’éprouvette et les différentes parties du dispositif d’essai. La figure 3 illustre le corps d’épreuve mis en place sur la machine d’essai servohydraulique de chez MTS®. L’essai de fatigue est contrôlé en force à la fréquence de 10 Hz, et est réalisé à 10°C. Un caisson thermique (Fig.3), placé autour du dispositif d’essai, assure la régulation de la température au voisinage de l’éprouvette. Six heures de temps sont nécessaires entre la mise en place de l’éprouvette et le démarrage de l’essai Suivi de l’endommagement des enrobés par émission acoustique 5 mécanique afin de permettre l’homogénéisation de la température au sein de l’enrobé bitumineux. Un capteur de déplacement (technologie extensomètre) de course ± 1 mm permet de mesurer le déplacement relatif entre les parties fixes et mobiles de l’éprouvette. La force est mesurée par une cellule de capacité ± 100 kN. 3. Résultats et discussions 3.1 Analyse du comportement mécanique Dans ce paragraphe, on s’intéresse aux propriétés mécaniques de l’enrobé telles que la raideur de l’éprouvette, l’angle de déphasage et l’énergie dissipée au cours de l’essai cyclique. La raideur de l’éprouvette est définie comme le rapport entre le signal de force et celui de déplacement (Eq. 1). Nous nous intéressons à l’évolution du module de la raideur de l’éprouvette au cours de l’essai. Cette évolution, ainsi que celle de l’angle de déphasage entre la force et le déplacement sont présentées en Figure 4. ∆Fk ∆Fk iϕ * ∆K S ,k = K S ,k (iw ) = ⋅e k = S ⋅ ∆u k S ⋅ ∆u k (1) Avec (pour le cycle de chargement N° k) : ∆KS,k le module de la raideur au cisaillement de l’éprouvette ; ∆Fk l’amplitude de la force appliquée ; ∆uk l’amplitude du déplacement relative mesurée ; ϕk l’angle de phase entre les signaux de force et de déplacement ; S la sections cisaillées. Par ailleurs, nous nous sommes également intéressés à l’évolution de l’énergie dissipée par cycle au cours de l’essai. Pour chaque cycle de chargement, l’énergie dissipée « surfacique » WD,k (puisque nous ne connaissons pas l’épaisseur de la bande cisaillée) est calculée comme suit (Eq. 2) : W D, k ( k) = π ⋅ ∆Fk ⋅ ∆u k ⋅ sin ϕ (2) Par ailleurs, dans le but de déterminer le nombre de cycles à la rupture du matériau, Rowe [ROW 96] propose d’évaluer le taux d’énergie dissipée ERD (Eq. 3). ER D = k ⋅W W D ,1 (3) D, k La figure 5 présente les courbes d’évolution de l’énergie dissipée par cycle ainsi que celle du taux d’énergie dissipée au cours de l’essai. XXVIIIe Rencontres Universitaires de Génie Civil. La Bourboule, 2 au 4 juin 2010 6 1,0 50 Déphasage 0,8 40 0,6 30 0,4 20 0,2 10 0,0 0 500 1000 1500 2000 2500 3000 3500 Nombre de cycles de chargement 4000 4500 Angle de déphasage [°] Valeurs normalisées de la Raideur de l'éprouvette Raideur 0 5000 Figure 4. Courbes d’évolution de la raideur de l’éprouvette et de l’angle de déphasage entre la force et le déplacement relatif pendant l’essai de fatigue. 4,0E+05 700 Energie dissipée Taux d'énergie 3,0E+05 525 2,5E+05 2,0E+05 350 1,5E+05 1,0E+05 Taux d'énergie dissipée Energie dissipée par cycle [J/m²] 3,5E+05 175 5,0E+04 0,0E+00 0 500 1000 1500 2000 2500 3000 3500 Nombre de cycles de chargement 4000 4500 0 5000 Figure 5. Evolution de l’énergie et du taux d’énergie dissipée par cycle. Lorsqu’on s’intéresse à l’évaluation du nombre de cycle à la rupture NR, on peut se baser : • d'une part sur le critère classique qui définit ce nombre NR comme étant le nombre de cycles de chargement qui conduit à une chute de moitié de la valeur initiale de la raideur de l’éprouvette (Fig. 4). Ainsi, nous obtenons une valeur de NR égale à 2300 cycles ; • et d’autre part sur la méthode d’analyse de Rowe (Eq. 3, Fig. 5). Nous obtenons ainsi une valeur de NR égale à 2500 cycles. Suivi de l’endommagement des enrobés par émission acoustique Phase 6 Phase 5 Phase 4 Phase 3 Phase 0 Phase 2 2,0E+03 a) Phase 1 250 7 1,6E+03 150 1,2E+03 Evènements Energie 100 8,0E+02 50 4,0E+02 0 0 50 100 150 200 250 300 350 Energie acoustique [aJ] Nombre cumulé d'évènements 200 0,0E+00 400 Temps d'essai [s] Phase 6 Phase 5 Phase 4 Phase 3 Phase 0 Phase 2 2,0E+05 b) Phase 1 250 1,6E+05 150 1,2E+05 Evènements Energie 100 8,0E+04 50 4,0E+04 0 0 50 100 150 200 250 300 350 Energie acoustique [aJ] Nombre cumulé d'évènements 200 0,0E+00 400 Temps d'essai [s] Phase 6 Phase 5 Phase 4 Phase 3 Phase 0 Phase 2 1,0E+07 c) Phase 1 250 8,0E+06 150 6,0E+06 Evènements Energie 100 4,0E+06 50 2,0E+06 0 0 50 100 150 200 250 300 350 Energie acoustique [aJ] Nombre cumulé d'évènements 200 0,0E+00 400 Temps d'essai [s] Figure 6. Evolution du nombre d’évènements localisés et de l’énergie acoustique (a/ phases 0-3 ; b/ phases 0-5 ; c/ phases 0-6). 3.2 Analyse des enregistrements acoustiques Dans la norme française AFNOR, l’émission acoustique est définie comme un phénomène de création d’ondes élastiques transitoires, provoquées par des microdéplacements locaux au sein d’un matériau. La norme ASTM privilégie les aspects XXVIIIe Rencontres Universitaires de Génie Civil. La Bourboule, 2 au 4 juin 2010 8 énergétiques du phénomène. On parle alors de dissipation d’énergie à partir de source localisée. Dans cette étude, nous nous sommes intéressés à l’analyse de deux paramètres de la signature acoustique de l’enrobé sous charge : d’une part, l’évolution du nombre d’évènements localisés dans les zones de fissuration, et d’autre part l’évolution de l’énergie acoustique. La figure 6 présente les courbes d’évolution de ces deux propriétés acoustiques. Sur cette figure, on remarque que les évènements fortement énergétiques apparaissent vers la fin de l’essai cyclique, en d’autres termes pendant la macrofissuration de l’enrobé (Fig. 6.c). Par ailleurs, l’analyse conjointe de l’évolution de ces deux paramètres acoustiques montre que le processus de fissuration de l’enrobé sous chargement cyclique se caractérise par un ensemble de phases successives. Le passage d’une phase à une autre s’accompagne d’une augmentation régulière du nombre d’évènements et une intensification de leurs énergies. La comparaison des propriétés acoustiques et mécaniques de l’enrobé étudié est présentée dans le paragraphe suivant. 3.3 Analyse mécanique-EA L’analyse conjointe des données mécaniques et acoustiques présentées dans la figure 7 nous amène aux constations suivantes : • En fixant le seuil de détection des sources acoustiques à 40 dB, les évènements localisés apparaissent après une chute de 42% de la valeur initiale de la raideur de l’éprouvette. Ces premiers évènements sont annonciateurs de l’initiation de la fissuration dans le matériau (phase 0 ; Fig. 7 et 6.a) ; • Entre 42 et 49%, les évènements augmentent très légèrement et leurs énergies restent relativement faibles (phases 0 et 1 ; Fig. 7 et 6.a); • A partir du seuil critique de 49% de perte de raideur, on constate principalement une augmentation significative de l’énergie des évènements acoustiques (phase 2 ; Fig. 7 et 6.a). Ce seuil correspond parfaitement au critère classique de rupture des enrobés (50% de perte de raideur) ; • Au-delà de la phase 2 ; on observe une succession de phases avec augmentation systématique de l’énergie des évènements acoustiques à chaque phase (phases 2 à 6 ; Fig. 6 et 7). Ce comportement peut être facilement attribuer une propagation d’une fissure en mode palier ; la fissure se propage à travers la matrice puis elle est freinée au contact d’une inclusion rigide (granulat). Pour franchir cet obstacle deux cas de figures sont possibles : un contournement de l’inclusion (fissuration inter-granulaire) ou un passage en force à travers cette dernière (fissuration intra-granulaire). La variation de pente de la courbe donnant l’évolution du nombre cumulé d’évènements en fonction du temps (ou nombre de cycles) témoigne de la nature de l’élément traversé par la fissure. Ainsi, une faible pente peut correspondre à une propagation dans la matrice bitumineuse dont la résistance à la fissuration est inférieure à celle des granulats. Par ailleurs, la rupture dans le film de bitume conduit normalement à des émissions acoustiques faiblement énergétiques. Dans le cas de cette étude, le pilotage mécanique en force favorise probablement la fissuration intra-granulaire Suivi de l’endommagement des enrobés par émission acoustique 9 (rupture brutale). Cependant, des essais complémentaires sont nécessaires pour évaluer la répétabilité de l’essai, renforcer les observations tirées de cette étude, et pour avoir suffisamment de résultats pour identifier des signatures acoustiques propres à chaque mécanisme de fissuration ; • Le nombre d’évènements croît de manière exponentielle au-delà d’une chute de 70% de la raideur de l’éprouvette. Les évènements générés dans cette dernière phase ont des énergies très importantes par rapport aux phases précédentes. Ceci peut correspondre un changement d’échelle (micro-macro) de la fissuration. 250 1,0 Evènements Raideur 0,9 0,8 50% de chute : critère conventionnel de rupture des enrobés 0,6 0,5 100 - 70% - 63% - 57% - 53% - 49% 150 0,4 Raideur normalisée 0,7 - 42% - 43% Nombre cumulé d'évènements 200 0,3 50 0,2 0 1 2 3 4 5 6 0,1 0 0 50 100 150 200 250 300 350 400 0,0 450 Temps d'essai [s] Figure 7. Evolution du nombre cumulé d’évènements en fonction du niveau d’endommagement de l’enrobé. 4. Conclusions et perspectives Ce travail présente les résultats d’une première étude expérimentale au cours de laquelle nous nous sommes intéressés à l’apport de la technique d’émission acoustique dans la caractérisation et le suivi de l’endommagement des matériaux bitumineux. Une chaîne de mesures acoustiques est couplée à un essai mécanique qui permet de caractériser le comportement à la fissuration de l’enrobé sous une sollicitation de fatigue par cisaillement (pilotage en force, 10 Hz, 10°C). Les comportement mécanique de l’enrobé étudié est analysé à partir des courbes d’évolution de la raideur de l’éprouvette et de l’énergie dissipée au cours de l’essai. Les courbes d’évolution de l’énergie de chaque évènement acoustique, et du nombre cumulé d’évènements nous informent sur l’activité de fissuration dans le matériau. L’analyse des résultats a montré une apparition d’une activité acoustique à partir de 42% de perte de raideur montrant ainsi une initiation de fissuration dans le matériau (phase d’endommagement). Le critère de rupture conventionnel (50% de perte de raideur) coïncide parfaitement avec le début d’une succession de phases XXVIIIe Rencontres Universitaires de Génie Civil. La Bourboule, 2 au 4 juin 2010 10 acoustiques assimilées à une propagation de fissure en mode palier (matrice bitumineuse-granulat). Les phases acoustiques se caractérisent d’une évolution régulière du nombre d’évènements. L’augmentation systématique de l’énergie des évènements d’une phase à une autre témoigne d’un changement progressif de l’échelle de fissuration (micro à macro). Cependant, ces conclusions issues de cette première approche expérimentale doivent être validées et enrichies à travers d’essais et analyses complémentaires. Des analyses statistiques et fréquentielles permettront de définir des signatures acoustiques propres à chaque mécanisme de fissuration. Par ailleurs, une analyse préliminaire a montré la faisabilité d’une localisation spatiale des évènements acoustiques ; mais ceci nécessite la prise en compte de la vitesse de propagation des ondes en fonction de l’endommagement progressif du matériau. Une telle approche permet une identification temporelle du front de propagation et de la surface de rupture. 1. Bibliographie [CHE 04] Chen B., Liu J. « Experimental study on AE characteristics of three-point bending concrete beams ». Cement and Concrete Research, 34 (2004); pp. 391 – 397. [DIA 07] Diakhaté M. « Fatigue et comportement des couches d’accrochage dans les structures de chaussée ». Thèse de Doctorat, Université de Limoges, 2007. [LAN 99] Landis E. N. « Micro-macro fracture relationships and acoustic emissions in concrete ». Construction and Building Materials, 13, 1999, p. 65 – 72. 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