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John Eliot Gardiner dirige le « Requiem de Berlioz » Un concert dans le cadre du Festival de Saint-Denis GÉRARD CONDi T I e nom d'Hector Berlioz est si inti- mement lié JLJ monumentale àla dimension de certaines parties de ses compositions que le titre même de son requiem, Grande messe des morts, entraîne l'imagination vers des promesses de fracas apocalyptiques. A tort car, si le Tuba mirum évoquant les trompettes du Jugement dernier, le Confutatis ou le Lacrymosa doivent inspirer à l'auditeur une terreur sacrée par la gradation et l'accumulation d'effets inouïs à l'époque de la création (en 1837 dans l'église des Invalides), l'ensemble de l'œuvre est contenu dans des nuances plutôt douces. Le dépouillement fragile du Quid sum miser (que Berlioz estimait partil'austère Qserens me culièrement), fugué, VHostias d'une conception acoustique étonnante où des harmonies diaphanes suraiguës de trois flûtes répondent aux notes les plus grales sonorités ves des trombones, irréelles du Sanctus avec ténor solo, l'intimisme du Pie Jesu, ne méritent pas moins de retenir l'attention. PARTITION ÉCRITE DANS L'URGENCE Malheureusement, ce sont ces moments de pure beauté que les spectateurs attirés seulement par le mirage de sensations violentes choisissent pour tousser ou faire grincer leur chaise... Berlioz tenait beaucoup cette partition écrite dans l'urgence et dont il réussit à se faire passer commande par le ministère de l'intérieur en marchant sur les pieds de Luigi Cherubini. à Comme l'a résumé Dominique Hausfater, il s'agit «d'un véritable manifeste esthétique du romantisme musical funèbre, exacerbant tout à la fois la dimension apocalyptique et la vision narcotique qui dominent la [sensibilité contemporaine». Le texte liturgique est d'ailleurs souvent traité comme celui d'un livret d'opéra dont le Jugement dernier et l'exaltation de la puissance de l'art face à l'abîme de l'anéantissement seraient le sujet.*