Un dentiste de «haut vol - Dental Tribune International

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Un dentiste de «haut vol - Dental Tribune International
TALENTS
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passion dehors
© Nonnakrit /Shutterstock.com
Passion de dents,
Dental Tribune Édition Française | Novembre 2014
Il y a de cela bien des années, le célèbre cinéma parisien le Grand REX présentait une journée en hommage à Raymond Leibowitch décédé dix ans plus tôt. Il était particulièrement bien connu
des étudiants de la faculté de Paris V puisque dans ses locaux situés à Montrouge, le grand amphithéâtre portait son nom. Nous savions que le Dr Raymond Leibowitch était le père de la dentisterie moderne d’après guerre et que sa renommée avait traversé l’Atlantique. Mais ce que j’appris lors de cette journée, sur les Grands Boulevards parisiens, dépassait le cadre de la chirurgie
dentaire. Raymond avait d’autres dons. Il fut contre-ténor dans le groupe vocal des Quatre Barbus et un musicien passionné. Aujourd’hui, de nombreux confrères en exercice excellent dans
d’autres arts que l’art dentaire. Nous allons vous faire découvrir leurs talents. Pour proposer un article dans cette rubrique, merci de m’adresser un mail à :
[email protected]
Un dentiste de «haut vol»
j’ai pratiqué le paralpinisme connu aussi sous le
terme américain de base-jump. J’ai été le pionnier en France et même en Europe, de cette discipline. Le paralpinisme consiste à sauter, départ en chute libre d’un point haut et fixe tel que
: falaise, ou montagne. Le base-jump représente
des points fixes comme son acronyme anglais
l’indique : Buildings, Antennas, Spans, Earth
(Immeubles, Antennes, Ponts, Falaises)…
Tout cela a représenté environ 7.000 sauts !
Donc, pionnier du paralpinisme dans le monde,
est-ce en observant les polatouches,ces écureuils
volants équipés d’une membrane que tu as été
tenté par le base jump et le saut en Wingsuit ?
Escalade dans les Alpes, massif de l'Oisans 2013.
Marc Revise : Bonjour Erich, je ne suis pas allé te
chercher bien loin pour ouvrir cette nouvelle rubrique Dental Tribune,puisque nous avons exercé
notre activité dans le même immeuble pendant
quelques années. Je reviens justement à cette
époque, il y a 25 ans, où nous nous sommes rencontrés. Tu pratiquais le parachutisme. T’es-tu
impliqué davantage dans cette discipline exigeante ?
Erich Beaud : Eh bien oui, puisque je l’ai pratiqué assidument jusqu’à très récemment.
Il y a eu deux choses, le parachutisme
conventionnel, c’est à dire à partir d’un aéronef.
Cela a été de longues années de pratique et de
compétitions avec participation aux championnats de France et record du monde avec des
grandes équipes internationales en vol relatif.
Je me suis occupé d’un para-club en Picardie.
Tout cela m’a bien occupé pendant deux décennies. Parallèlement pendant toutes ces années,
Saut en wingsuit dans le Vercors en 2012.
Non, pas du tout mais il est vrai que l’on a imité
sans le vouloir ces petits écureuils. Les wingsuits sont une évolution très récente dans le paralpinisme et cela a même tendance à devenir la
pratique majoritaire. Il a fallu créer ce sport, mal
vu par la fédération de parachutisme, mettre au
point du matériel spécifique et trouver des
spots. A compter de 1989 on a commencé à sauter des falaises en France et j’ai ouvert des spots
un peu partout en Europe pendant plus de 20
ans. Dans l’évolution, on a créé des vêtements
pour se déplacer sur l’air, bref pour voler. On est
arrivé aux wingsuits modernes, gigantesques,
qui ont une très bonne finesse. Soit pour 1000
mètres de hauteur, on arrive à 3000 mètres de
distance horizontale et 160 à180 km/heure sur
trajectoire. Les vols sont de plus en plus techniques et audacieux.
Si tu as raccroché tes parachutes, tu n’as pas pour
autant abandonné l’altitude avec ta passion pour
l’alpinisme. Ton hérédité savoyarde t’a poussé à
explorer les sommets alpins, mais tu as aussi été
chercher les arêtes sommitales himalayennes
pour atteindre et dépasser les 8000 mètres.
Peux-tu nous en dire un peu plus?
Oui, mais ça c’était avant ! En réalité, j’ai commencé par la montagne. Car originaire de Haute
Savoie, plus précisément près de Chamonix,
mes parents pratiquaient déjà les courses en
montagne. Mon père fut mon premier compagnon de cordée et sans aucun doute le meilleur.
Des souvenirs toujours très forts ! Ensuite j’ai
pratiqué l’alpinisme à haut niveau dont des expéditions : Groenland et Himalaya. Par exemple, sur les 8.000, j’ai opté pour des cordées légères (alpines), c’est à dire sans porteur et sans
oxygène. Il faut dire que, malheureusement
pour un dentiste, j’ai eu la mauvaise idée de me
geler les doigts, à l’époque, mais j’ai fort heureusement échappé aux amputations. J’ai continué à grimper en escalade rocheuse et en évitant depuis, la très haute montagne. Et depuis
quelques mois j’ai effectivement décidé de devenir raisonnable en arrêtant le paralpinisme. Il
était temps à 54 ans ! Je ne voulais pas faire la saison de trop...
Je suis stupéfait qu’un dentiste puisse pratiquer
le sport à un si haut niveau et une question me
brule déjà les lèvres : toutes ces disciplines réclament une bonne préparation physique, comment t’entraines-tu quand tu es à Paris ?
En effet, je me suis toujours beaucoup entrainé. Je cours : entraînements et marathons,
je fais de l’escalade en salle ou à Fontainebleau… il y a toujours moyen de s’entraîner en
ville. C’est facile. D’autre part, je prends environ dix semaines de congés par an que je passe
en montagne.
Première de la Pala 2 di San Lucano dans les Dolomites en 2008.
Un 7b en falaise vers le lac de Garde en Italie.
Il existe des points communs entre tes activités
sportives et notre exercice professionnel : sens
des responsabilités, rigueur, haute technicité, en
vois-tu d’autres ?
Oui, bien sûr, mais s’il y a une activité extrême que
je pratique, c’est bien celle de chirurgien dentiste
aux vues des conditions d’exercice en France !...
Ah Ah, voilà ce qui s’appelle relativiser ou « prendre de la hauteur », merci beaucoup Erich d’avoir
pris sur ton temps et d’avoir transmis ta passion
à tes confrères.
Erich Beaud est chirurgien dentiste à Paris
16ème.
Contact : [email protected]