Mémo du module 2

Transcription

Mémo du module 2
Gouvernance et partenariats
Module II du Prix vaudois Diaspora et Développement
Mercredi 3 juin 2015, de 17:45 à 21:00
Synthèse du module
Associations présentes : Haïdra, AMES, Ayni-Suisse, ACIS, ASNV, Colombia Vive, VERS, Espace Mozaïk,
GZAH, Primavera, To go to Togo.
1.
Qu’est ce que le partenariat dans la coopération au développement ?
Les associations de migrants se situent à un niveau intermédiaire entre des donateurs
(partenaires Nord) et des bénéficiaires de leur communauté d’origine organisés en association
(partenaires Sud). Elles sont donc amenées à collaborer avec différents acteurs et établir des
partenariats avec eux. Mais que met-on derrière ce terme : quelles valeurs, sens, engagement,
conditions ?
Un premier tour de table a permis à chaque participant de répondre à la question : pour moi, le
partenariat, c’est…
D’abord, c’est le mot « confiance » qui est le plus revenu, souvent en lien avec la cohésion et
l’échange (d’informations, d’expériences). Ce sont les valeurs de base pour « construire
ensemble », le 2ème trait commun qui définit une collaboration équilibrée, win-win, nonsubordonnée, la mise à disposition de ressources complémentaires pour aller plus loin, évoluer
durablement. Ce « construire ensemble par le partenariat » est la « clé de voûte du projet de
développement». Partenariat et projet évoluent en effet de façon parallèle autour un objectif
commun ou une cause commune.
Pour approfondir la question du partenariat, Quentin Bangala a présenté quelques critères de
qualité du partenariat :
Ø Avoir un objectif commun (agenda construit ensemble). C’est essentiel et si pas pris en
compte, souvent l’objet de décéeptions.
Ø bien se connaître, soi-même et son partenaire (base pour une confiance réciproque)
Ø co-responsabilité (rôles bien déterminés, partage des avantages et des risques)
Ø redevabilité (rendre compte aux bailleurs des fonds ainsi qu’aux bénéficiaires)
Ø transparence (partager les informations et les réseaux)
Ø complémentarité (apprendre l’un de l’autre)
1
Pour conclure, Quentin Bangala a présenté deux outils qui permettent d’évaluer la qualité du
partenariat et qui peuvent être des supports de discussion régulières avec vos partenaires pour le
premier et pour la recherche de futurs partenaires pour le deuxième:
• Les 11 principes de la KFPE
• La carte d’identité du partenaire
2. Le regard de deux associations membres de la FEDEVACO sur leur
partenariat
a) Anne de Montmollin, de l’association Primavera
Dans le cas de ce projet en Equateur, c’est le projet qui a créé le partenariat, autour d’une
rencontre. C’est la combinaison d’un rêve, de compétences présentes, d’un engagement
commun et d’une amitié qui a constitué le fondement de l’action, donc du besoin de créer
un partenariat et de se structurer, aussi bien en Equateur qu’en Suisse.
La 1ère étape « se structurer » a été de constituer une association en Suisse et une
fondation en Equateur. Pour cela il a fallu rechercher des personnes reconnues dans la
communauté. Une attention particulière a été portée au développement institutionnel des
deux partenaires en parallèle. Cet équilibre est important, si l’association suisse s’est
« professionnalisée » (au sens des savoir-faire, car en restant bénévoles), la fondation
équatorienne a aussi participé à des formations pour mieux répondre aux défis.
La 2ème étape « apprendre à collaborer » a consisté à dépasser le côté émotionnel de la
relation d’amitié entre les partenaires. On a distingué clairement les niveaux de
communication (de association à fondation en fonction des rôles) pour séparer les
communications privées, différentes selon les affinités et idées de chacun).
La 3ème étape « évoluer » a été de se mettre d’accord sur ce qui était réalisable ou non
dans notre projet, de co-construire ensemble selon nos ressources et forces. Il a fallu
apprendre à dire NON (propositions émanant tant du côté suisse (demande d’un bailleur
mais pas prioritaire pour les bénéficiaires) qu’équatorien (trop démesuré par rapport aux
ressources disponibles). Un espace de concertation doit être prévu pour la discussion des
idées de chacun. Il faut aussi pouvoir et savoir apprendre de ses erreurs.
Après déjà bien des années, la 4ème étape a consisté à planifier à plus long terme
l’évolution notre projet et de notre partenariat. Cela a coïncidé avec notre adhésion à la
Fedevaco. Cette formalisation sur papier de notre stratégie permet d’anticiper mieux,
d’analyser plus facilement les nombreuses propositions du terrain et savoir quand on est
prêt pour mettre en place telle ou telle activité.
Actuellement, nous réfléchissons sur la relève dans nos deux associations, car les
fondateurs, après plus de dix ans, vont devoir passer le relai et assurer la continuité.
b) Sébastien Martinerie, de l’association To go to Togo
Leur partenariat est né en 1998 d’une rencontre de jeunes avec un pasteur togolais qui leur
a fait part des besoins énormes d’un village peu accessible dans les montagnes du Togo.
Comme souvent en Afrique de l’Ouest avec le processus de décentralisation, il existe des
comités de développement villageois, qui sont des élus reconnus de la population. Ce sont
des partenaires potentiels car organisés en association représentant les bénéficiaires.
Dans le cas du village de Kpélé-Elé, un autre avantage est qu’ils collaboraient déjà, même
si de façon informelle et avec très peu de moyens, avec des migrants issus de ce village et
établis dans la capitale à Lomé. Ces migrants, une fois organisés en une association des
ressortissants de Kpélé-Elé, ont constitué le centre du partenariat
To go to Togo D assoc de migrants D comité villageois
C’est la complémentarité entre ces trois acteurs qui a été déterminante (analyse des
besoins et contexte, proximité avec les bénéficiaires, savoir-faire et compétences,
2
recherche de financements). Un plan d’action et la répartition des rôles ont été élaborés
participativement et formalisés dans une charte et des règlements internes par projets
signés par tous (pour chaque projet, un comité de gestion a été mis en place).
Après dix ans, il y a eu une évolution du partenariat, suite à la réflexion sur un plus gros
projet d’adduction d’eau potable. C’était la limite du bénévolat. Un bureau a été créé au
village avec un permanent, puis les comités de gestion ont été dédommagé au vu de leur
engagement important. De son côté, To go to Togo, en entrant à la Fedevaco, s’est aussi
restructuré. Aujourd’hui, après plus de 15 ans, un projet d’autonomisation est en
construction. Il s’agit de penser le renforcement institutionnel en vue d’une pérennité des
structures et actions sans l’appui de To go to Togo.
L’évolution du partenariat est un processus qui prend son temps, le partenariat demande
donc à être évalué régulièrement, remis en cause pour passer à une étape suivante. On
grandit progressivement et il faut savoir renoncer à des projets trop ambitieux quand on
n’est pas prêt.
Lire la présentation
3. Quels enjeux de la gouvernance associative ?
a) un peu de théorie :
La gouvernance est au cœur du partenariat, c’est le socle qui permet de construire la
confiance. La gouvernance est aussi basée sur des documents (au delà des relations
amicales).
La définition de la gouvernance diffère selon les pays : dans les pays du Nord, elle a la
connotation de transparence et de bonne utilisation des fonds publics, tandis que pour les
pays du Sud, elle se réfère davantage au contrepoids de la société civile vis à vis du
gouvernement (cf support de cours, p 14).
Ce qui nous intéresse ici, ce sont les mécanismes à mettre en place pour assurer une bonne
gouvernance. Il y en a de deux types :
- L’évaluation de la structuration des associations partenaires
- L’évaluation des risques liés au fonctionnement de l’association
Quelques outils pour ces évaluations (qui devraient avoir lieu régulièrement) :
- l’analyse des statuts et règlements internes
- l’analyse de la vision du projet associatif et sa cohérence avec les besoins des membres
- la charte
- la publication et diffusion des rapports d’activité et des comptes
Adopter une bonne gouvernance associative, c’est aussi favoriser l’adhésion de nouveaux
membres ainsi que créer des conditions favorables pour des partenariats qui peuvent parfois
aboutir à des financements des projets ou des programmes de l'association.
b) auto-évaluation de la gouvernance des associations des participants :
sur la base des critères de bonne gouvernance suivants, chaque association s’est positionnée
sur une échelle allant de très mauvais à très bon :
- un projet associatif qui fédère les membres
- l’équilibre des pouvoirs et leur contrôle dans l’association
- le fonctionnement administratif de l’association
- l’évaluation et la prévention des risques
- transparence et la responsabilité des acteurs
- la dérive (autoritaire, anarchique, commerciale)
- la promotion de la démocratie et du développement participatif
3
Auto-évaluation de la
gouvernance
des
associations de migrants
lors du module 2
Analyse des auto-évaluations : la majorité des associations présentes ont évalué très
positivement à moyennement positivement leur association pour tous les 7 critères. Trois
notations négatives ont été reportées :
Un cas de dérive autoritaire avec le cumul de plusieurs fonctions a été constaté, mais
l’association a réagi en rajoutant cet aspect qui ne figurait pas aux statuts et la situation s’est
règlée. Un autre cas de communication insuffisamment transparente a entraîné un manque de
confiance et de cohésion des membres. Des pistes de solution ont été apportées par les
participants, notamment en diffusant publiquement les comptes et rapport d’activité
empêchant toute accusation de mauvaise utilisation des fonds.
4. Formaliser un partenariat
Parmi les participants, trois associations de migrants ont une expérience d’avoir conclu un
partenariat avec une association dans leur communauté d’origine. Ces trois associations ont
brièvement pris la parole pour expliquer les modalités du partenariat.
Il en résulte que les partenariats ont été établis de façon informelle. Un « contrat de
confiance » est la base du partenariat. Les mails et PV de séances sont les seuls documents
écrits, ou une formulaire de demande de financement.
4
Pourtant, il est recommandé de formaliser le partenariat par l’établissement d’une Convention,
d’un accord de partenariat, charte ou contrat. Ce document permet la discussion entre les
deux partenaires (et validation) sur les attentes, répartition des rôles et responsabilités. Ce
document stipule la date à laquelle des éléments (rapports, comptabilité, etc) sont attendus.
Un exemple de charte du partenariat a été présenté.
Voir le support de cours de Quentin Bangala
5. Pour aller plus loin
Bibliographie :
- L’académie, la gouvernance associative. Comment améliorer et rendre plus sûrs la
conduite, la gestion et le fonctionnement des organismes sans but lucratif
- Coordination SUD, Guide du partenariat. Outils pratiques à l’usage des partenaires du
Nord et du Sud
- Le Guide Barefoot 1: Travailler avec les organisations et le changement social
- F3E, assurer la continuité d’une action de solidarité internationale
Quelques adresses :
- Mentoring, accompagnement bénévole pour des associations : Fondation Compétences
bénévoles
- Bénévolat Vaud, Centre de compétences pour la vie associative
- Médiation pour les associations : Pluriel
-Notes : AGG, juin2015
5