LE-NAOUR - Le blog de l`histoire

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LE-NAOUR - Le blog de l`histoire
Construction et déconstruction du mythe du XVème corps Par Anthony Guyon À propos de Jean-­‐Yves LE NAOUR, Désunion nationale. La légende noire des soldats du Midi, Vendémiaire, 2011. >͛ŽƵǀƌĂŐĞƐĞƉƌŽƉŽƐĞĚ͛ĂŶĂůLJƐĞƌ un évènement du début de la Grande Guerre. Jean-­‐Yves Le Naour revient ici sur la bataille de Lorraine des 20-­‐21 août 1914 et la responsabilité des soldats provençaux dans cette débâcle. Au cours de cette bataille, le XX e corps de Nancy et le XVe de Marseille ont subi une contre-­‐ŽĨĨĞŶƐŝǀĞƌĞĚŽƵƚĂďůĞĐŽŶĚƵŝƐĂŶƚăů͛ŝŶǀĂƐŝŽŶĚƵƉĂLJƐĞƚăůĂĨŝŶĚƵ
plan Joffre. Ne pouvant assumer ce double échec͕ů͛ĠƚĂƚ-­‐major a trouvé dans le XVe corps le parfait bouc-­‐ĠŵŝƐƐĂŝƌĞ͘ ŽŵŵĞ ůĞ ŵĞŶƚŝŽŶŶĞ ů͛ĂƵƚĞƵƌ͕ ĚĞƐ ůŝǀƌĞƐ ĞdžŝƐƚĂŝĞnt déjà sur la question mais ils cherchaient le plus souvent à prouver la véracité ou non de cette responsabilité. Or͕ďŝĞŶƋƵ͛ŝůLJ
réponde, cette ƋƵĞƐƚŝŽŶŶ͛ĞƐƚƉĂƐůĂďŽŶŶĞ. Selon lĞƉƌŽĨĞƐƐĞƵƌĚ͛ŝdž-­‐en-­‐Provence, il vaut mieux se demander comment cette rumeur a pu connaître un tel succès. La réponse à cette interrogation ŶĞ ƉĞƵƚ ƐĞ ƚƌŽƵǀĞƌ ƋƵĞ ƉĂƌ ƵŶĞ ƉůŽŶŐĠĞ ĚĂŶƐ ůĂ ĐŽŶƐƚƌƵĐƚŝŽŶ ĚĞ ů͛ŝĚĞŶƚŝƚĠ ŶĂƚŝŽŶĂůĞ Ğƚ ĚĞƐ
identités régionales au XIXème ƐŝğĐůĞ͘ >͛ŽƵǀƌĂŐĞ Ɛ͛ĂǀğƌĞ ƉĂƌƚŝĐƵůŝğƌĞŵĞŶƚ ŝŶƚĠƌĞƐsant puisque ů͛auteur présente dĞƐ ĠǀğŶĞŵĞŶƚƐ ƋƵŝ ŶĞ ĚƵƌĞŶƚ ƋƵĞ ƋƵĞůƋƵĞƐ ũŽƵƌƐ͕ ůĞƐ ĐĂƵƐĞƐ ĚĞ ů͛ĂŶŝŵŽƐŝƚĠ quasi unanime envers les soldats du Midi et les conséquences de cette « désunion nationale » sur les suites de la guerre. Le soutien apporté par le Conseil général des Bouches-­‐du-­‐Rhône à ce travail pourrait faire craindre à une apologie des soldats du XVe͘^͛ŝůĞƐƚǀƌĂŝƋƵĞůĞůĞĐƚĞƵƌăůĂĨŝŶĚĞƐϭϲϳƉĂges ĚĞů͛ŽƵǀƌĂŐĞĞƐƚ
ƉƌŝƐ ĚĞ ƐLJŵƉĂƚŚŝĞ ƉŽƵƌ ůĞƐ ƐŽůĚĂƚƐ ƉƌŽǀĞŶĕĂƵdž͕ ů͛ĂƵƚĞƵƌ Ă ĂĐĐŽŵƉůŝ ŝĐŝ ƵŶ ǀĠƌŝƚĂďůĞ ƚƌĂǀĂŝů
Ě͛ŚŝƐƚŽƌŝĞŶ tout en gardant une certaine objectivité, si tant est ƋƵ͛ĞůůĞĞdžŝƐƚĞ. Pour cela, il a utilisé ƉƌğƐĚ͛ƵŶĞǀŝŶŐƚĂŝŶĞĚĞũŽƵƌŶĂƵdžŶĂƚŝŽŶĂƵdžĞƚƌĠŐŝŽŶĂƵdžĚĞů͛ĠƉŽƋƵĞ͕ des sources piochées dans les Archives nationales, au Service historique de la Défense, dans les archives départementales du Var et des Bouches-­‐du-­‐ZŚƀŶĞ͕ĂŝŶƐŝƋƵĞĚĂŶƐůĞƐĂƌĐŚŝǀĞƐŵƵŶŝĐŝƉĂůĞƐĚĞDĂƌƐĞŝůůĞ͘^ŝůĞůŝǀƌĞŶ͛ĞƐƚ
guère convaincant quant au lien entre les évènements touchant le Midi depuis la Révolution et les accusations portées contre le XVe ĐŽƌƉƐ͕ŝůĂƉƉŽƌƚĞƋƵĂŶƚŝƚĠĚĞƌĠƉŽŶƐĞƐƐƵƌů͛ĠǀğŶĞŵĞŶƚĞŶůƵŝ-­‐
même par une approche militaire et culturelle stimulante. I. Août 1914 ͗ƌĠĐŝƚĚ͛ƵŶĞĚĠďąĐůĞ͘ Tout commence en août 1914. Après avoir rappelé la mobilisation patriotique des différents Midi, ů͛ĂƵƚĞƵƌƌĂĐŽŶƚĞĚĞŵĂŶŝğƌĞƉĂƐƐŝŽŶŶĂŶƚĞůĂĐĂŵƉĂŐŶĞĚĞ>ŽƌƌĂŝŶĞĚĞƉƵŝƐůĞϳĂŽƸƚũƵƐƋƵ͛ĂƵϮϰ
ĂǀĞĐůĂƉĂƌƵƚŝŽŶĚĞů͛ĂƌƚŝĐůĞĂĐĐƵƐĂŶƚĚĞůąĐŚĞƚĠůĞƐƐŽůĚĂƚƐŵĠƌŝĚŝŽŶĂƵdž͘ ͛ĞƐƚŝĐŝƚŽƵƚůĞƉĂƌĂĚŽdžĞ
de cet ouvrage : Jean-­‐Yves Le Naour posĂŝƚ ĐŽŵŵĞ ƉŽƐƚƵůĂƚ ĚĞ ĚĠƉĂƌƚ ƋƵĞ ů͛ŝŶƚĞƌƌŽŐĂƚŝŽŶ ƐƵƌ ůĂ
véracité ou non des accusations de défaillance portées contre le XV e corps était peu pertinente. Or, non seulement il répond à cette question mais en plus il le fait de façon vraiment convaincante. Ces soldats, arrivés à la frontière de la Lorraine, se retrouvèrent au sein de la IIe armée sous les ordres du général Castelnau, un stratège prudent ayant retenu les leçons de 1870 et qui veut Ě͛ĂďŽƌĚ ĐŽŶĐĞŶƚƌĞƌ ƚŽƵƚĞƐ ƐĞƐ ƚƌŽƵƉĞƐ ĂǀĂŶƚ ĚĞ ƚĞŶƚĞƌ ůĂ ŵŽŝŶdre offensive. Mais il a sous ses 1 ŽƌĚƌĞƐĚĞƐƚŚƵƌŝĨĠƌĂŝƌĞƐĚĞůĂĐŚĂƌŐĞĚ͛ŝŶĨĂŶƚĞƌŝĞƚĞůƐƋƵĞůĞƐŐĠŶĠƌĂƵdž Lescot et Foch. Le premier Ɛ͛ĞŵƉĂƌĞ le village de Lagarde dès les premiers jours ƐĂŶƐĞŶĂǀŽŝƌƌĞĕƵů͛ŽƌĚƌĞĂǀĞĐĚĞƐƚƌŽƵƉĞƐ
originaires du Vaucluse et du Gard. La position est reprise dès le lendemain par les Allemands laissant plus de 2 000 morts, blessés ou disparus français. Ainsi commence la campagne de Lorraine : « des hommes déterminés, des officiers avides de se battre, et un chef réticent pour ne pas dire hostile ͩ;Ɖ͘ϭϱͿ͘ƵĨŝůĚĞƐũŽƵƌƐ͕ů͛ĂǀŝĂƚŝŽŶŽďƐĞƌǀĞůĂƚĂĐƚŝƋƵĞĂůůĞŵĂŶĚĞƋƵŝĐŽŶƐŝƐƚĞăƐĞ
replier petit à petit afin de consolider leurs positions défensives et de donner confiance aux Français. Le lecteur sera frappé par le décalage entre les deux stratégies ͗Ě͛ƵŶĐƀƚĠĚĞƐŐĠŶĠƌĂƵdž
ĐƌŽLJĂŶƚĞŶůĂƚŽƵƚĞƉƵŝƐƐĂŶĐĞĚĞů͛ŝŶĨĂŶƚĞƌŝĞĐŽŵŵĞĐĞĨƵƚůĞĐĂƐůŽƌƐĚĞƐŐƵĞƌƌĞƐƌĠǀŽůƵƚŝŽŶŶĂŝƌĞƐ
Ğƚ ŝŵƉĠƌŝĂůĞƐ͙͕ ĚĞ ů͛ĂƵƚƌĞ ĐƀƚĠ͕ ůĞƐ ŐĠŶĠƌĂƵdž ĂůůĞŵĂŶĚƐ ŵŝƐĞŶƚ ƐƵƌ ů͛ĂƌƚŝůůĞƌŝĞ Ğƚ ůĂŝƐƐĞŶƚ ůĞƐ
Français pénétrer à découvert dans leur territoire. Ainsi, ces derniers parviennent à prendre le 19 août Dieuze, Vergaville et Bidestroff mais désormais les Allemands ne reculent plus et sont alors prêts à lancer leur contre-­‐offensive. Pour le lendemain, Castelnau prévoit un grand mouvement des XVe et XVIe corps tandis que le XXe de Nancy, plus avancé, devra rester en position et éventuellement prêter mainforte au XV e. , à 6 heures du matin, Foch désobéit et attaque Morhange avec la 39e division. Les conséquences de cet acte sont désastreuses puisque la 11e division portant secours aux hommes de Foch ne peut aider le XVe ĐŽŵŵĞ ů͛ĂǀĂŝƚ ƉƌĠǀƵ astelnau. La situation devient intenable : les XVe et XVIe subissent des pertes terribles avant que Castelnau Ŷ͛ordonne un repli général à seulement 10 heures du matin. Les Méridionaux laissent 10 000 morts sur le champ de bataille. Toutefois, ĐŽŵŵĞ ůĞ ƉƌĠĐŝƐĞ ů͛ĂƵƚĞƵƌ͕ ŵġŵĞ ĂǀĞĐ ů͛ĂŝĚĞ ĚƵ yye͕ ůĞƐ ĚĞƵdž ĐŽƌƉƐ ŵĠƌŝĚŝŽŶĂƵdž Ŷ͛ĂƵƌĂŝĞŶƚ ƉƵ
ĨĂŝƌĞĨĂĐĞăů͛ĂƌƚŝůůĞƌŝĞĂůůĞŵĂŶĚĞ͘ Voici les faits. Mais pour Joffre, dire la vérité reviendrait à reconnaître le plan XVII comme totalement dépassé ĨĂĐĞăů͛ĂƌƚŝůůĞƌŝĞĂůůĞŵĂŶĚĞ et responsable de la débâcle. Il ne peut non plus révéler les erreurs des généraux du XXe comme Foch ou Lescot en raison de la popularité des soldats lorrains. Il trouve donc dans les soldats méridionaux le parfait bouc-­‐émissaire et les livre à la vindicte du ministre de la Guerre Messimy : « le XVe ĐŽƌƉƐŶ͛ĂƉĂƐƚĞŶƵƐŽƵƐůĞĨĞƵĞƚĂĠƚĠůĂ
ĐĂƵƐĞ ĚĞ ů͛ĠĐŚĞĐ ĚĞ ŶŽƚƌĞ ŽĨĨĞŶsive » (p.34). La réponse du ministre semble disproportionnée, même aux yeux de Joffre, dont il exige de faire paraître les coupables devant le conseil de guerre. Le général parviendra à limoger les « responsables » et à leur éviter le conseil de guerre. Mais surtout, Messimy porte ů͛ĂĨĨĂŝƌĞĚĞǀĂŶƚůĞƐŵĠĚŝĂƐĞŶĚĞŵĂŶĚĂŶƚĂƵƐĠŶĂƚĞƵƌŚĂƌůĞƐ'ĞƌǀĂŝƐĚĞ
ƌĠĚŝŐĞƌ ƵŶ ĂƌƚŝĐůĞ ĚĠŶŽŶĕĂŶƚ ů͛ŝŶĐŽŵƉĠƚĞŶĐĞ Ğƚ ůĂ ĐŽƵĂƌĚŝƐĞ ĚĞƐ ƐŽůĚĂƚƐ ĚĞƐ ys e et XVIe. Ainsi, paraît le 24 août dans les colonnes du Matin, alors que le pays est soumis à une sévère censure ǀŝƐĂŶƚăĐŽŶƐŽůŝĚĞƌů͛hŶŝŽŶƐĂĐƌĠĞ͕ƵŶĂƌƚŝĐůĞƋƵŝƐŽƵůğǀĞƌĂůĂWƌŽǀĞŶĐĞ͘>͛ĂƵƚĞƵƌ le reproduit aux pages 26-­‐27, citons une phrase en résumant le contenu : « ůĂĚĠĨĂŝůůĂŶĐĞĚ͛ƵŶĞƉĂƌƚŝĞĚƵyse corps a entraîné la retraite sur toute la ligne. » Cet article divise la France entre les défenseurs des Provençaux et les ŶŽŵďƌĞƵdž&ƌĂŶĕĂŝƐƋƵŝĨŽŶƚĚĞƐŵŽƚƐĚĞ'ĞƌǀĂŝƐƉĂƌŽůĞƐĚ͛ǀĂŶŐŝůĞƐăů͛ŝŵĂŐĞ
Ě͛ƵŶůĞŵĞŶĐĞĂƵ, pourtant sénateur du Var, qui explique que le XVe ĂĐĠĚĠăůĂƉĂŶŝƋƵĞĞƚƐ͛ĞƐƚ
enfui en désordre. La dichotomie devient telle que les trois grands responsables tentent Ě͛ĂƚƚĠŶƵĞƌ ůĂ ƉŽƐŝƚŝŽŶ ƋƵŝ ĠƚĂŝƚ ůĂ ůĞƵƌ ƋƵĞůƋƵĞƐ ũŽƵƌƐ ĂƵƉĂƌĂǀĂŶƚ : Messimy lâche Gervais et Le matin, puis explique que des ĚĠĨĂŝůůĂŶĐĞƐ ŽŶƚ ďŝĞŶ ĞƵ ůŝĞƵ ŵĂŝƐ ƋƵ͛ĞůůĞƐ Ŷ͛ŽŶƚ ƉĂƐ ĞƵ ů͛ŝŵƉĂĐƚ
ĚĠŶŽŶĐĠƉĂƌů͛ĂƌƚŝĐůĞ͕:ŽĨĨƌĞůĞϮϱĂŽƸƚƌĞůĂƚĞůĂǀĂŝůůĂŶĐĞĚĞƐƚƌŽƵƉĞƐŵĠƌŝĚŝŽŶĂůĞƐĚĂŶƐůĂĚĠĨĞŶƐĞ
de Nancy qui a lieu au moment où se déroule le scandale et Gervais devant ce communiqué ĞdžƉůŝƋƵĞƋƵ͛ŝůŶ͛Ăũamais douté de cette vaillance. 2 Quelles sont les conséquences pour les responsables de cette polémique ͍ :ŽĨĨƌĞ Ɛ͛ĞŶ ƐŽƌƚ ůĞ
ŵŝĞƵdž ƉƵŝƐƋƵ͛ŝů ŶĞ ƐĞƌĂ ũĂŵĂŝƐ ŝŶƋƵŝĠƚĠ ŽƵ ŵŝƐ ĞŶ ĂĐĐƵƐĂƚŝŽŶ ƉĂƌ ĐĞƚƚĞ ĂĨĨĂŝƌĞ͕ DĞƐƐŝŵLJ ĞƐƚ
renvoyé fin août et remplacé par Millerand, Gervais devient un pestiféré auprès de ses collègues du Sénat ĞƚĚĞů͛ƐƐĞŵďůĠĞ͕ĂůŽƌƐƋƵĞ>Ğ Matin est dénoncé par la plupart des journaux nationaux et régionaux même si certains se rallient à la position de Gervais. >͛ĂĨĨĂŝƌĞĞƐƚĚŽŶĐƉĂƌĨĂŝƚĞŵĞŶƚĞdžƉůŝƋƵĠĞăƉĂƌƚŝƌĚ͛ƵŶĞƋƵĂŶƚŝƚĠĚĞƐŽƵƌĐĞƐŝŵƉƌĞƐsionnante qui donne au lecteur une bonne partie des réponses aussi bien sur le volet militaire que médiatique de cette affaire. Dans les chapitres 3, 4 et 5, il se propose de remonter le temps afin de mieux comprendre pourquoi une telle accusation a pu se répandre aussi facilement au sein de ů͛ŽƉŝŶŝŽŶ
publique. //͘>ĂĐŽŶƐƚƌƵĐƚŝŽŶĚĞů͛ĞƚŚŶŽƚLJƉĞĚƵDĠƌŝĚŝŽŶĂů͘ Pour Jean-­‐Yves Le Naour, il faut revenir en arrière pour comprendre la facilité avec laquelle ů͛ĂĐĐƵƐĂƚŝŽŶ ĚĞ ůąĐŚĞƚĠ ĚĞƐ DŝĚŝƐ Ɛ͛ĞƐƚ ƉƌŽƉĂŐĠĞ. Pour cela, il replonge dans la construction nationale du XIXème ĞƚƌĞǀŝĞŶƚŵġŵĞũƵƐƋƵ͛ĂƵĚĠďƵƚĚƵys//ème ĂǀĞĐŐƌŝƉƉĂĚ͛ƵďŝŐŶĠ͘ĞĐĞƚƚĞ
ĠƚƵĚĞ͕ŽŶƉĞƵƚŝĚĞŶƚŝĨŝĞƌů͛ĞƚŚŶŽƚLJƉĞŵĠƌŝĚŝŽŶal selon trois clichés : ͻun bouffon et un lâche. ǀĞĐůĞƐŐĂƐĐŽŶŶĂĚĞƐ͕ŐƌŝƉƉĂĚ͛ƵďŝŐŶĠĚĠĐƌŝvait le Gascon comme un être mal dégrossi mais courageux. Peu à peu, la figure du Gascon se confond avec celle du DĠƌŝĚŝŽŶĂů͘ >͛ĂƵƚĞƵƌ ĐŝƚĞ également Montesquieu pour qui les hommes vivant sous un climat ĐŚĂƵĚ ĂƉƉĂƌƚĞŶĂŝĞŶƚ ĂƵdž ƌĂĐĞƐ ŝŶĨĠƌŝĞƵƌĞƐ͘ ͛ĞƐƚ ĂƵ y/yème siècle, que les intellectuels français commencent à douter de la vaillance des hommes du Midi et notamment au cours de la guerre de 1870-­‐1871. >ŽƌƐ ĚĞ ů͛ĂƌŵŝƐƚŝĐĞ͕ ůĞ ĨĂŝƚ ƋƵĞ ůĞƐ WƌŽǀĞŶĕĂƵdž ƐĞ ƐŽŝĞŶƚ ĚĠŵŽďŝůŝƐĠƐ ĞƵdž-­‐mêmes ƉƌŽƵǀĞŶƚ ůĞƵƌ ĐŽƵĂƌĚŝƐĞ͘ ƌĞĨ͕ ũƵƐƋƵ͛ă ůĂ ǀĞŝůůĞ ĚĞ ϭϵϭϰ͕ ů͛ŽƉŝŶŝŽŶ ƉƵďůŝƋƵĞ ĚŽƵƚĞ ĚƵƉĂƚƌŝŽƚŝƐŵĞ
des Midis même si ces derniers ont voté à une large majorité la loi des trois ans. ͻƵŶ ƌĠĨƌĂĐƚĂŝƌĞ ă ů͛ĂƵƚŽƌŝƚĠ͘ Avec la Révolution, plusieurs villes avaient rejoint le fédéralisme et Ɛ͛ĠƚĂŝĞŶƚŽƉƉŽƐĠĞƐĂƵƉŽƵǀŽŝƌĐĞŶƚƌĂů͘>ĞƐĚŝĨĨĠƌĞŶƚƐĠǀğŶĞŵĞŶƚƐƐĞĚĠƌŽƵůĂŶƚăDĂƌƐĞŝůůĞ͕dŽƵůŽŶ͕
Avignon et Aix-­‐en-­‐Provence donnèrĞŶƚ ů͛ŝŵĂŐĞ Ě͛ƵŶ Midi sanglant et brutal opposé au pouvoir parisien. Michelet, Dumas, Hugo voient dans les hommes du Midi des hommes féroces et ŐƌŽƐƐŝĞƌƐ͘ >Ğ ƉƌĞŵŝĞƌ ůĞƐ ĐŽŵƉĂƌĞ ĂƵdž ƉĞƵƉůĞƐ ĂĨƌŝĐĂŝŶƐ͘ >Ă ůĂŶŐƵĞ Ě͛KĐ ƚĠŵŽŝŐŶĞƌĂŝƚ ĚƵ ƌĞƚĂƌĚ
culturel de ces peuples. La mutinerie de 1907 quant à elle finit de prouver que le Midi est une terre instable et trouble. Les hommes politiques originaires du Sud ă ů͛ŝŵĂŐĞ Ě͛ƵŶ 'ĂŵďĞƚƚĂ
deviennent les victimes privilégiées des opposants aux Midis. ͻ une race inférieure ? >͛ĂƵƚĞƵƌ ŵŽŶƚƌĞ ĂƵƐƐŝ ƋƵ͛ĂƵ ƐŝğĐůĞ ĚĞƐ ŶĂƚŝŽŶĂůŝƚĠƐ, les identités se sont construites aussi bien vis-­‐à-­‐ǀŝƐĚĞů͛ĞdžƚĠƌŝĞƵƌƋƵĞĚĞů͛ŝŶƚĠƌŝĞƵƌ͘ƌƚŚƵƌĚĞ'ŽďŝŶĞĂƵĚĂŶƐů͛/ŶĠŐĂůŝƚĠ
des races en 1852 montre ƋƵĞůĞDŝĚŝĞƐƚƐĠŵŝƚŝƐĠ͘>͛ŝĚĠĞĨĂŝƚĨůŽƌğƐƉƵŝsque Ernest Renan reprend ce thème ĞƚDŝĐŚĞůĞƚƉĂƌůĞĚ͛ƵŶDŝĚŝĂƵƚĂŶƚƐĠŵŝƚŝƐĠƋƵ͛ĂƌĂďŝƐĠ͘WŽƵƌĚŽƵĂƌĚƌƵŵŽŶƚ͕Đ͛ĞƐƚůĞ
Méridional Gambetta qui aurait installé une république juive à la tête de la France. À la fin du XIXème siècle, le Méridional est donc devenu un ennemi comparable au Juif pour une bonne part des nationalistes. ͛ĞƐƚĚĂŶƐůĞƉĞƌƐŽŶŶĂŐĞTartarin de Tarascon Ě͛ůƉŚŽŶƐĞĂƵĚĞƚƋƵĞů͛ĂƵƚĞƵƌƌĞƚƌŽƵǀĞƚŽƵƐůĞƐ
ĐůŝĐŚĠƐĂƐƐŽĐŝĠƐăů͛ŚŽŵŵĞĚƵDŝĚŝ : il est impulsif, grossier, violent, naïf et prétentieux. Bien sûr, 3 Jean-­‐Yves Le Naour a ici raison quant à la construction de cet ethnotype régional. Il est indubitable que les clichés attachés au Méridional aient facilité les accusations portées contre le XV e corps mais le lecteur a parfois beaucoup de mal à voir le lien entre les deux. Ainsi des pages 93 à 97, il ĠǀŽƋƵĞ ůĂ ŵƵƚŝŶĞƌŝĞ ĚƵ DŝĚŝ ĞŶ ϭϵϬϳ͕ ŵĂŝƐ ŶŽƵƐ ŶĞ ǀŽLJŽŶƐ ŝĐŝ ƋƵ͛ƵŶ ƌĠƐƵŵĠ ĚĞ ů͛ĂĨĨĂŝƌĞ Ğƚ ŶĞ
ƚƌŽƵǀŽŶƐ ĂƵĐƵŶ ůŝĞŶ ĂǀĞĐ ůĂ ďĂƚĂŝůůĞ ĚĞ >ŽƌƌĂŝŶĞĞŶ ƋƵĞƐƚŝŽŶ͘ ͛ĂŝůůĞƵƌƐ ƉůƵƐ ƵŶĞ ƐŽƵƌĐĞ ĚĞ ϭϵϭϰ
Ŷ͛ĞƐƚ ŵĞŶƚŝŽŶŶĠĞ ĚĞƐ chapitres 3 à 5. Bien sûr, Jean-­‐Yves Le Naour cite la presse du XIXème, les ĂƵƚĞƵƌƐŶĂƚŝŽŶĂůŝƐƚĞƐĞƚůĞƐŐƌĂŶĚƐŚŝƐƚŽƌŝĞŶƐĚĞů͛ĠƉŽƋƵĞŵĂŝƐƉŽƵƌƋƵĞƐŽŶŚLJƉŽƚŚğƐĞĨŝŶŝƐƐĞĚĞ
ĐŽŶǀĂŝŶĐƌĞ ůĞ ůĞĐƚĞƵƌ ŝů ĂƵƌĂŝƚ ĠƚĠ ďŽŶ ĚĞ ƚƌŽƵǀĞƌ ĚĂŶƐ ůĞƐ ũŽƵƌŶĂƵdž Ě͛ĂŽƸƚ ϭϵϭϰ et dans les Mémoires des grands protagonistes des liens établis entre la prétendue médiocrité du XVe et le personnage de Tartarin, les démonstrations de Renan ou les troubles de 1907. Après ce retour en ĂƌƌŝğƌĞ͕ů͛ĂƵƚĞƵƌƌĞǀŝĞŶƚƐƵƌůĂƐƵŝƚĞĚĞů͛ĠǀğŶĞŵĞnt puis ses conséquences politiques et sociales. III. Comment ƌĞĨŽƌŵĞƌů͛hŶŝŽŶƐĂĐƌĠĞ ? Jean-­‐Yves Le Naour reprend des chapitres 6 à 8 la suite temporelle de ses deux premiers chapitres tout en utilisant les mêmes sources : presse locale et nationale, mémoires, archives municipales, départementales et nationales. Ces chapitres sont passionnants car il y explique tous les aboutissants du scandale. Au départ de cette affaire, on ne trouve que quatre hommes : Joffre, Messimy et Gervais, puis le général Ebener qui selon le ministre de la Guerre serait celui qui aurait fourni les informations militaires au sénateur Gervais pour la rédaction du fameux article. Messimy et Gervais connaissent un véritable ostracisme de la part des parlementaires. Joffre quant à ůƵŝ ĚĞǀŝĞŶƚ ŝŶƚŽƵĐŚĂďůĞ Ğƚ ďŝĞŶ ƋƵ͛ŝů ƐŽŝƚ ă ů͛ŽƌŝŐŝŶĞ ĚĞ ů͛ĂĐĐƵƐĂƚŝŽŶ, il ne sera jamais inquiété. Des parlementaireƐĚƵDŝĚŝăů͛ŝŵĂŐĞĚĞ>ŽƵŝƐdŝƐƐŝĞƌ͕ĚĠƉƵƚĠdu Vaucluse, exigent des sanctions contre le ministre. Mais celui-­‐Đŝ ƉƌŽĨŝƚĞƌĂ Ě͛ƵŶ ĐŽŶĐŽƵƌƐ Ěe circonstances puisque 'ĞƌǀĂŝƐĞƚďĞŶĞƌŵĞƵƌĞŶƚĂǀĂŶƚƋƵĞů͛ĂĨĨĂŝƌĞĂŝƚĂƚƚĞŝŶƚƐŽŶƚĞƌŵĞ͘DĞƐƐŝŵLJĞdžƉůŝƋƵĞĂůŽƌƐƋƵĞ
les deux principaux responsables ne pourront plus donner les précieuses explications. Pour autant jƵƐƋƵ͛ăůĂĨŝŶĚĞƐĂǀŝĞ͕ů͛ĂŶĐŝĞŶŵŝŶistre ŵĞƚƚƌĂůĂƌĞƐƉŽŶƐĂďŝůŝƚĠĚĞů͛ĠĐŚĞĐĚĞůĂďĂƚĂŝůůĞƐƵƌƵŶĞ
défaillance du XVe corps. Quant à Foch et Castelnau, le second voulait attendre la fin de la guerre pour régler ses comptes avec la désobéissance de son subordonné, une des principales causes de la débâcle. Or comment attenter en 1919 à celui qui vient de sauver la France ? Le général Castelnau sachant que toute accusation serait perçue comme de la jalousie gardera le silence. &ŽĐŚƐ͛ŽƉƉŽƐĂŶƚŵġŵĞăĐe que celui-­‐ci obtienne le bâton de maréchal pour sa défense de Nancy. >ĞůĞĐƚĞƵƌƐŽƵƌŝƌĂăů͛ĂŶĞĐĚŽƚĞƐĞůŽŶůĂƋƵĞůůĞůĞƐĨƌŽŵĂŐĞƐ'ĞƌǀĂŝƐĨŝƌĞŶƚƉĂƌĂŠƚƌĞƵŶĐŽŵŵƵŶŝƋƵĠ
ĚĂŶƐ ůĂ ƉƌĞƐƐĞ ƉĂƌ ůĞƋƵĞů ů͛ĞŶƚƌĞƉƌŝƐĞ ŶŝĂŝƚ ƚŽƵƚ ůŝĞŶ ĚĞ ƉĂƌĞŶƚĠ ĂǀĞĐ ůĞ ƐĠŶĂƚĞƵƌ͘ Mais les ƉƌĞŵŝğƌĞƐ ǀŝĐƚŝŵĞƐ ĚĞ ů͛ĂƌƚŝĐůĞ ůƵ par un million et demi de Français restent les soldats méridionaux. Ils deviennent la cible privilégiée des quolibets des autres soldats et de leurs supérieurs. Joffre le 6 septembre 1914 prévenait le général Sarrail de la médiocrité de ces troupes. Même les médecins voient dans chaque blessure une mutilation. Ainsi, en septembre 1914, le médecin Cathoire examinait 16 hommes blessés à la main. Il en reconnut six comme coupables Ě͛ĂƵƚŽŵƵƚŝůĂƚŝŽŶ, une cour martiale ordonna leur condamnation à mort sur la seule foi de ces certificats. Quatre furent graciés mais les soldats Odde de Six Fours (Var) et Tomasini de Monacia (CorseͿ ĨƵƌĞŶƚ ĞdžĠĐƵƚĠƐ͘ hŶ ŵŽŝƐ ƉůƵƐ ƚĂƌĚ͕ ƵŶ ŵĠĚĞĐŝŶ ƌĞĨĂŝƐĂŶƚ ůĞ ďĂŶĚĂŐĞ ĚĞ ů͛ƵŶ ĚĞƐ ƋƵĂƚƌĞ
graciés trouva dans le bras une balle allemanĚĞ͕ ƉƌĞƵǀĞ ƋƵ͛ŝů Ɛ͛ĂŐŝƐƐĂŝƚ ďŝĞŶ Ě͛ƵŶĞ ďůĞƐƐƵƌĞ͘ ğƐ
ůŽƌƐ͕ ůĞƐ DĠƌŝĚŝŽŶĂƵdž ƐĞŶƚĞŶƚ ƋƵ͛ŝůƐ ĚŽŝǀĞŶƚ ƌĞĚŽƵďůĞƌ Ě͛ĞĨĨŽƌƚƐ ƉŽƵƌ ƐĞ ĚĠĨĂŝƌĞ ĚĞ ĐĞƚƚĞ
réputation. Le cas du député des Bouches-­‐du-­‐Rhône Frédéric Chevillon en est le meilleur exemple. 4 Ce parlementaire blessé par les attaques portées contre le XVe corps aurait décidé de combattre au front plutôt que de rester au palais Bourbon. Il sera tué en Argonne le 21 février 1915, des ĚĠƉƵƚĠƐ Ğƚ DŝůůĞƌĂŶĚ ƐĂŝƐŝƐƐĞŶƚ ů͛ŽĐĐĂƐŝŽŶ ƉŽƵƌ ĨĂŝƌĞ ĚĞ ŚĞǀŝůůŽŶ ůĞ ƐLJŵďŽůĞ du courage des soldats du Midi afin de racheter ů͛ĂĨĨĂŝƌĞĚƵϮϰĂŽƸƚ͘ &ŝŶĂůĞŵĞŶƚ͕ ĂƉƌğƐ ů͛ĂƌŵŝƐƚŝĐĞ ĐĞƌƚĂŝŶƐ ĐŽŶƚŝŶƵĞŶƚ ĚĞ ĚĞŵĂŶĚĞƌ ƌĠƉĂƌĂƚŝŽŶ ŵĂŝƐ 'ĞƌǀĂŝƐ Ğƚ
Ebener étant morts, Messimy est peu inquiété. En revanche, la France voit toute une série de monuments fleurir à la gloire du XVe corps. Bien sûr, les premiers monuments sont érigés dans le Sud mais la Lorraine suit assez rapidement. En août 1926, un arc de triomphe avec 1161 corps de soldats du XVe corps est élevé à Vergaville, en août 1936 suit un monument à Bidestroff et le mouvement atteint son acmé en août 1939 à Vassincourt quand une cérémonie rend hommage à la défense de la route de Bar-­‐le-­‐Duc en septembre 1914 avec la présence de Pétain, Dalladier et de ů͛ĠǀġƋƵĞĚĞsĞƌĚƵŶ͘ >ĂƉŽƐƚĠƌŝƚĠĚĞů͛ĠǀğŶĞŵĞŶƚĞƐƚici analysée avec clarté et efficacité. Conclusion : >͛ŽƵǀƌĂŐĞ ĚĞ :ĞĂŶ-­‐Yves Le Naour mérite lecture à plusieurs égards. Il est vrai que son rapprochement entre la construction de la figure du Méridional et la facilité avĞĐ ůĂƋƵĞůůĞ Ɛ͛ĞƐƚ
ƌĠƉĂŶĚƵĞ ůĂ ƌƵŵĞƵƌ Ŷ͛ĞƐƚ ƉĂƐ ĚĞƐ ƉůƵƐ ĐŽŶǀĂŝŶĐĂŶƚƐ͘ KŶ ŶĞ ƉĞƵƚ ĐŽŶƚĞƐƚĞƌ ĐĞ ĨĂŝƚ ŵĂŝƐ ŝů ĞƐƚ
ĚŽŵŵĂŐĞ ƋƵ͛ŝů ĚŝŐƌĞƐƐĞ ƐƵƌ ĐĞƚƚĞ ĐŽŶƐƚƌƵĐƚŝŽŶ ƉĞƌĚĂŶƚ ƐŽƵǀĞŶƚ ĚĞ ǀƵ ů͛ĂĨĨĂŝƌĞ ĚƵ ys e corps. On aurait également apprécié une bibliographie et un classement des sources utilisées en fin Ě͛ŽƵǀƌĂŐĞ, ĐĞ ƋƵŝ ĂƵƌĂŝƚ Ě͛ĂŝůůĞƵƌƐ ŵŝƐ ĞŶ ĂǀĂŶƚ ůĂ ƋƵĂŶƚŝƚĠ ĚĞ ƐŽƵƌĐĞƐ ĂƵdžƋƵĞůůĞƐ ů͛ĂƵƚĞƵƌ Ă ĞƵ
recours. Nous retiendrons au moins deux qualités à cet ouvrage : ͻ ůĂ ĐůĂƌƚĠ ĂǀĞĐ ůĂƋƵĞůůĞ ƐŽŶƚ ĞdžƉŽƐĠƐ ůĞƐ ĨĂŝƚƐ͘ >͛auteur a su montrer à la perfection le rôle de chaque acteur et la façon dont Foch et Joffre ont pu échapper à la moindre accusation. Le général Castelnau est ici mis en valeur car dès le départ il a compris le décalage entre les stratégies allemande et frĂŶĕĂŝƐĞ͕ƉŽƵƌƚĂŶƚŝůŶ͛ĂƉƵĐĂŶĂůŝƐĞƌů͛ĂƌĚĞƵƌĚĞƐƚŚƵƌŝĨĠƌĂŝƌĞƐĚĞů͛ŽĨĨĞŶƐŝǀĞăƚŽƵƚ
prix. Il est certain que les fameux coups de boutoir ont fait de Foch un militaire au statut intouchable. ͻ^ƵƌůĞƉůĂŶĚĞůĂŵĠƚŚŽĚĞ͕ŽŶŶĞƉĞƵƚƋƵĞƐĂůƵĞƌůĂƌĠĨĠƌĞŶce constante aux sources au moment Žƶ ŶŽŵďƌĞ Ě͛ŽƵǀƌĂŐĞƐ ƋƵŝ ƐĞ ƉƌĠƚĞŶĚĞŶƚ Ě͛ŚŝƐƚŽŝƌĞ ƉĞƵǀĞŶƚ ġƚƌĞ ƉƵďůŝĠƐ ƐĂŶƐ ŵĞŶƚŝŽŶŶĞƌ ůĂ
moindre source imprimée ou écrite. Le lecteur courageux lira avec attention les notes en fin Ě͛ŽƵǀƌĂŐĞ͘ Ğ ƉůƵƐ, le chercheur a su prendre de la distance avec son sujet. On devine la sympathie que celui-­‐ci a pour les hommes du XVe corps mais à aucun moment il ne cède à des raccourcis trop faciles par lesquels il ferait de ces soldats des hommes au comportement irréprochable. Il reste à une échelle humaine : les soldats du XVe ĐŽƌƉƐ Ŷ͛ŽŶƚ ƉĂƐ ƚŽƵƐ ĠƚĠ
courageux ou ůąĐŚĞƐ͘EŽŶ͕ŝůƐŽŶƚĐŚĞƌĐŚĠăĨĂŝƌĞůĞƵƌĚĞǀŽŝƌ͕ĐĞƌƚĂŝŶƐŽŶƚĨĂŝůůŝ͕Ě͛ĂƵƚƌĞƐŽŶƚďƌŝůůĠ͘
Il renoue avec une histoire militaire qui bannit les raccourcis et refuse de classer les soldats dans telle ou telle catégorie. 5 hŶ ŽƵǀƌĂŐĞ ă ůŝƌĞ Ě͛ĂƵƚĂŶƚ ƋƵ͛ŝů ƐĞ ĐŽŶĐĞŶƚƌĞ ƐƵƌ ƵŶ ĠǀğŶĞŵĞŶƚ ƋƵŝ ƉĞƵƚ ƉĂƌĂŠƚƌĞ ŝŶĨŝŵĞ ĂƵ
ƌĞŐĂƌĚĚĞů͛ĞŶƐĞŵďůĞĚĞůĂŐƵĞƌƌĞŵĂŝƐƋƵŝƚĠŵŽŝŐne des réalités sociales et culturelles du début du XXème siècle. Anthony Guyon est enseignant et doctorant au sein du groupe CRISES de Montpellier. Il prépare ƵŶĞƚŚğƐĞƐƵƌůĞƐƚŝƌĂŝůůĞƵƌƐƐĠŶĠŐĂůĂŝƐĞŶ&ƌĂŶĐĞĚƵƌĂŶƚů͛ĞŶƚƌĞ-­‐deux-­‐guerres. Ξ>ĞůŽŐĚĞů͛ŚŝƐƚŽŝƌĞ;ŚƚƚƉ͗ͬͬďůŽŐ͘ƉĂƐƐŝŽŶ-­‐histoire.net) Mai 2010 6 

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