sergent instructeur
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100 icônes badass du cinéma Les années 80 • John Plissken • SERGENT INSTRUCTEUR HARTMAN Interprété par R. Lee Ermey I • Le film : Full Metal Jacket (1987). Réalisé par Stanley Kubrick • l est au centre de toute la première partie de Full Metal Jacket et on l’aime, tant cet odieux personnage a le sens de la formule bien saquée : le sergent d’artillerie instructeur Hartman, impitoyable bourreau des jeunes recrues qu’il est chargé de former dans un boot camp avant leur départ pour le Vietnam au sein du Corps des Marines. À l’écran, Hartman n’est rien d’autre qu’une machine à gueulantes, un déversoir d’injures dont la mission est de transformer les boutonneux en authentiques machines à tuer après un lavage de cerveau méthodique. Les plus forts s’en sortent avec suffisamment de distance pour endurer leur déconstruction psychologique, les plus faibles craquent comme le pauvre engagé “ Baleine ” (l’acteur élastique Vincent d’Onofrio) lors d’une des scènes les plus glaçantes de toute la filmo de Kubrick. Le secret de l’authenticité du sergent Hartman ? Son incroyable interprète, le génial Ronald Lee Ermey (R. Lee pour les intimes), authentique exMarine, vétéran du Vietnam, reconverti dans le cinéma depuis les seventies, à la fois comme acteur et consultant militaire. Ermey (à ne pas confondre avec le fabricant de macarons, hein), qui avait déjà conseillé Coppola sur Apocalypse Now tout en y incarnant un pilote d’hélico, n’était pas le premier choix de Kubrick pour jouer Hartman. Sur le plateau, il était simple consultant pour les acteurs mais une vidéo de quinze minutes concoctée par Ermey, où ce dernier alignait sans s’interrompre une bordée de jurons, attira l’attention du maestro sur son incroyable aptitude à l’abattage verbal. La légende raconte que le réalisateur acheva d’être convaincu le jour où, voulant attirer son attention, Ermey lui intima soudainement l’ordre de se lever quand il lui parlait. Obtempérant instinctivement, Kubrick finit par embaucher Ermey pour le rôle. Bien lui en a pris : ce gros réac raciste d’Hartman est aussi révoltant qu’hilarant et l’on savoure jusqu’à la lie la moindre goûte de ses obscénités dégradantes, quasiment toutes improvisées par Ermey devant la caméra (un exploit quand on connait l’aversion de Kubrick pour l’improvisation !). Le metteur en scène fut comblé, dit-on, par la prestation de R. Lee Ermey qui, pour renforcer son autorité, ne rencontra aucun des comédiens avant le tournage ni ne sympathisa avec eux entre les prises. Troublante mise en abîme de l’acteur avec sa fonction technique sur le plateau. À mi-parcours dans Full Metal Jacket, implacable démonstration de la destruction mentale de l’homme par la guerre, Hartman périra par où il a pêché. Une scène choc pour le spectateur qui s’était paradoxalement attaché à ce vieux dégueulasse en uniforme et une sortie de première classe pour R. Lee Ermey, dont la carrière à Hollywood fut jusqu’à aujourd’hui extrêmement prolifique grâce à cette inoubliable composition. À noter qu’en VF, R. Lee Ermey fut doublé sur Full Metal Jacket par feu Bernard Fresson qui fit un admirable travail d’interprétation sur la base d’une non moins admirable adaptation française des répliques hautes en couleurs du sergent Hartman. Un doublage supervisé par les cinéastes Henri Verneuil et Michel Deville. ¶ 115