Fiche de révision : la vérité
Transcription
Fiche de révision : la vérité
Fiche de révision : la vérité Deux problèmes : - l’accès à la vérité (quel est le critère de la science, etc.) -> cf. cours sur la vérité - sa valeur (faut-il toujours dire la vérité ? faut-il préférer la vérité à l’illusion ?) -> cf. devoir, bonheur, art. Quel est le critère de la vérité ? Dans l’histoire de la philosophie, deux courants se sont opposés : - Le rationalisme a tenté de trouvé le fondement d’une science sûre dans l’évidence intellectuelle que l’on trouve dans les mathématiques et la géométrie. Il n’y a pas besoin d’expériences pour vérifier les vérités en géométrie, car chaque proposition est évidente en elle-même.1 C’est pourquoi la géométrie a longtemps été prise comme modèle de la science.2 Problème : Comment distinguer une fausse évidence d’une véritable évidence ? Par ailleurs, la géométrie s’applique à des objets idéels comme le cercle, le triangle, mais cela ne nous apprend rien sur le monde de l’expérience sensible. Et l’évidence intellectuelle de la logique concerne la forme des raisonnements mais non leur contenu. - L’empirisme cherche le fondement de la science dans l’expérience : la raison ne suffit pas pour découvrir les lois de la physique et de la biologie, il faut recourir à l’expérience. Mais cette démarche a été critiquée, car on ne peut atteindre aucune vérité universelle et absolument certaine à partir d’expériences particulières : en effet, je ne peux pas conclure que tous les cygnes sont blancs après avoir vu plusieurs cygnes blancs. Cf. ci-dessous le problème de l’induction. Nous pouvons donc distinguer deux types de vérité : Vérité de raison (= vérité logique) Géométrie, mathématiques, logique. Provient des seules lois de la raison Critère : cohérence, accord de la pensée avec ellemême = évidence intellectuelle. Propositions toujours vraies en vertu de leur forme logique : ce sont des vérités nécessaires. Par exemple : 2 + 2 = 4 Vérité connue a priori, sans avoir à recourir à l’expérience. Vérité de fait Sciences expérimentales + sciences humaines Provient de l’expérience + raisonnement Critère : correspondance entre la pensée et ce qui est, c'est-à-dire entre l’idée et la chose. Vérité contingente, c’est-à-dire dont le contraire est logiquement possible. Par exemple : « Le soleil se lèvera demain. » Vérité établie a posteriori, c’est-à-dire après une enquête empirique. Le problème de l’induction concerne les sciences empiriques (les mathématiques et la logique sont exclues). Nous pouvons distinguer : 1) la déduction consiste à tirer les conséquences nécessaires de propositions générales (général → particulier) ; 2) l’induction consister à une tirer une loi générales d’un certain nombre de cas particulier (particulier → général). Si les mathématiques sont purement déductives, les vérités issues de l’expérience reposent sur l’induction. La conclusion de l’induction n’est jamais absolument nécessaire. On observe, par exemple, une grande quantité de corbeaux, et l’on constate qu’ils sont tous noirs ; on en arrive ainsi à induire la règle suivante : « tous les corbeaux sont noirs ». L’observation ultérieure d’un corbeau non-noir à elle seule suffirait évidemment à réfuter cette règle. Si, dans une situation donnée, un phénomène a toujours eu les mêmes conséquences, nous avons acquis une habitude parfaite de cette relation de cause à effet. Cependant, cette connaissance, disait David Hume, n’est donc jamais absolument certaine : il suffit d'une exception pour semer le doute. Toute loi dérivée de l’expérience est la généralisation de cas particuliers : nous en faisons une loi, car nous supposons que la diversité des phénomènes peut être ramenée à une unité, que le monde possède une certaine stabilité, une régularité. (Cf. le poulet de Russel page suivante.) Karl Popper faisait remarquer qu’aucun fait particulier ne pourra jamais fournir une preuve absolue d’une loi scientifique ; nous pouvons seulement dire à quelles conditions cette loi serait fausse. C’est la réfutabilité d’une théorie (c’est-à-dire la possibilité d’être confrontée aux faits et réfutée par eux) qui montre qu’elle est scientifique. Elle est considérée comme vraie scientifiquement, si on peut la confronter aux faits pour la réfuter et qu’aucun fait ne la réfute. 1 Verum index sui, « la vérité est sa propre marque », disait Spinoza dans l’Ethique. Par exemple, la proposition « le chemin le plus court entre deux points est la ligne droite » es t une proposition évidente par elle-même. 2 A l’entrée de l’Académie, Platon avait fait inscrire : « Que nul n’entre ici s’il n’est géomètre. » Dans l’Ethique, Spinoza a tenté d’élaborer un système entier prescrivant comment vivre, à partir de propositions évidentes en elle-même, « à la manière des géomètres ». Descartes estimait que le cogito (« je pense donc je suis ») est une vérité évidente par ellemême. Pour que la vérité d’une proposition apparaisse, il faut qu’elle soit « claire et distincte » dit Descartes. Fiche de révision : la vérité HUME et le soleil de demain De ce que le soleil se lève chaque matin, et qu'il en a toujours été ainsi, nous pouvons conclure qu'il y a une forte probabilité pour que le soleil se lève demain matin, mais il faut aussi envisager l'éventualité qu'il ne se lève pas, car « il n'y a pas de probabilité si grande qu'elle n'admette une possibilité contraire ». En effet, il n’y aucune contradiction logique à dire que le soleil ne se lèvera pas demain. D’où provient notre certitude que le soleil se lèvera demain ? De notre habitude, dit David Hume. KARL POPPER et la réfutabilité Selon Karl Popper, nous ne pouvons pas prouver d’une manière absolue une vérité scientifique, mais nous pouvons dire à quelle condition elle serait fausse. Ce critère est ce qu’il appelle la « falsifiabilité » ou la « réfutabilité ». Une théorie n’est scientifique que si elle est falsifiable ou réfutable, c'est-àdire si on peut la confronter aux faits et dire à quelle condition elle serait fausse (même si elle ne l’est pas). Une proposition est une vérité scientifique quand elle est réfutable sans être réfutée par les faits. Toute vérité doit être considérée comme provisoire, selon Popper, dans le domaine des sciences. HUME et la cage de fer Toutes les garanties possibles vous ont été données, vous n'avez donc aucune raison d'être inquiet. La cage métallique semble solide, le câble en acier qui la maintient au-dessus du vide pourrait supporter cinquante fois votre poids, mais malgré tout vous êtes mal à l'aise et ne pouvez vous empêcher de regarder le sol qui semble bien loin. David Hume, dans son Traité de la nature humaine, invite le lecteur à s'imaginer suspendu dans une cage, pour lui montrer que nous sommes toujours, dans notre expérience, confrontés à un coefficient d'incertitude. SOCRATE et l’ignorance Socrate affirme, dans un dialogue de Platon, l’Apologie de Socrate : « Je suis plus sage que cet homme. Il peut bien se faire que ni lui ni moi ne sachions rien de fort merveilleux ; mais il y a cette différence que lui, il croit savoir, quoiqu'il ne sache rien ; et que moi, si je ne sais rien, je ne crois pas non plus savoir. Il me semble donc qu'en cela du moins je suis un peu plus sage, que je ne crois pas savoir ce que je ne sais point. » (21d-21e). Selon Socrate, croire que l’on sait est pire que de ne pas savoir, car nous ne savons que nous ne savons pas, si bien que nous ne désirons pas apprendre. WILLIAM JAMES et l’efficacité « Le vrai consiste simplement dans ce qui est avantageux pour la pensée. » (Le pragmatisme, 1907) Selon W. James, célèbre représentant du Pragmatisme, une idée n'est vraie que si elle fonctionne. Ainsi, une idée scientifique est vraie si elle a des applications fécondes. De même, une croyance religieuse est vraie si elle m’apporte davantage de bonheur. Bref, la vérité, c’est ce qui marche. Sa mise en œuvre est en même temps sa mise à l'épreuve. Le problème d’une telle définition de la vérité, c’est de déterminer « ce qui marche » et « ce qui ne marche pas » : selon quel critère le fait-on ? Le poulet de RUSSEL Russel donne un exemple d’induction fausse faite par un poulet : « Ce genre d’association n’est pas réservé à l’homme ; on le trouve de façon très marquée chez l’animal. Un cheval qu’on a souvent mené sur une route résiste à changer de direction. Les animaux domestiques s’attendent à manger dès qu’ils voient la personne qui leur apporte d’ordinaire leur nourriture. Nous savons bien qu’en raison de leur caractère rudimentaire ces attentes de l’uniformité peuvent être déçues. L’homme qui a nourri le poulet tous les jours de sa vie finit par lui tordre le cou, montrant par là qu’il eut été bien utile au dit poulet d’avoir une vision plus subtile de l’uniformité de la nature. » Distinctions conceptuelles La différence entre l’erreur et l’illusion varie selon les philosophes. Nous pouvons distinguer deux sens du mot illusion : 1) L’illusion provenant du désir. Freud fait remarquer que dans l’illusion, ce n’est pas par de fausses apparences, mais par notre désir que nous sommes trompés. Nous ne corrigeons nos illusions qu’à regret. 2) L’illusion provenant de la perception. Spinoza fait remarquer que l’illusion des sens persiste même lorsque nous connaissons la vérité. L'erreur réside dans notre jugement se fiant à notre perception et non dans la perception elle-même. Il faut distinguer la réalité et la vérité. Si une chose peut être réelle, cela n’a pas de sens de dire qu’elle est vraie. C’est ce qu’on dit ou pense des choses qui peut être vrai ou faux. Une proposition peut être vraie si ce qui est dit correspond à la réalité.