Commentaire sur le tableau du retour du fils prodigue de Rembrandt
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Commentaire sur le tableau du retour du fils prodigue de Rembrandt
Temps d’intériorité : Commentaire sur le tableau du retour du fils prodigue de Rembrandt DIAPO N°2 : quelques précisions sur cette peinture Rembrandt qui est né le 15 juillet 1606, a une soixantaine d’année quand il peint cette œuvre. C’est un homme usé par les faillites et les deuils. Il pleure encore la mort de son propre fils, Titus, et va mettre toute son intériorité à peindre ce père prodigue en miséricorde. Il y a chez lui, une sensibilité spirituelle qui vient du protestantisme et qui montre aussi ses racines dans ce lien indissoluble qui unit depuis toujours le judaïsme et le livre. C’est donc à la fin de sa vie que Rembrandt a peint ce tableau immense où peindre pour lui, c’est conjurer la mort. En parlant de ce tableau, Vincent Van Gogh disait pour peindre comme cela, il faut être mort plusieurs fois. Paul Baudiquey, en contemplant ce tableau, commente en disant : « C'est le premier portrait "grandeur nature" pour lequel Dieu lui-même n’ait jamais pris la pose. C'est en contemplant ce tableau que j'entends le mieux la parabole, que j'entre plus avant dans les chemins de la miséricorde.» La miséricorde de Dieu se manifeste dans une histoire faite d’ombres et de lumières. DIAPO N°3 Un homme avait 2 fils… L’un s’en va, s’en va se perdre et il est perdu… Longtemps après, l’incroyable se produit : le retour, la rencontre, une empoignade profonde du cœur. Si nous regardons le père : il est à la fois, massif et fragile par son maintien et son visage. Il a un visage ridé et presque aveugle, aux yeux usés d’avoir attendu le retour. Scruter la nuit, guetter, du même regard, l’improbable retour, sans compter toutes les larmes furtives écoulées. Ce visage, ce regard, traduisent toute la tendresse du Père, toute sa plénitude. Il a une stature arrondie, presque ovale, il est littéralement pris aux entrailles, ému de compassion. Il s’abaisse devant son fils. Pour l’instant, ses mains sont posées comme un manteau sur ses frêles épaules. Nous pouvons distinguer une main masculine, et une main féminine, lumineuse, tendre et forte à la fois, comme est l’amour de l’homme et de la femme. Suivront ensuite des marques d’affection publiques : une cascade d’impératifs : et (vite apportez, habillez, donnez, sacrifiez, mangeons, festoyons) mais aussi de symboles un habit de fête ; l’anneau, signe d’autorité, des chaussures, marque distinctive de l’homme libre ; la promesse d’un banquet pour que toute la famille et la maison se retrouvent, et partage sa joie. Mais pour l’instant, c’est l’intimité entre le Père et son enfant qui est mis en évidence DIAPO N°4 Regardons maintenant le fils DIAPO N°5: une nuque de bagnard, des plis froissés, des talons rabotés, des cicatrices qui traduisent : la déroute, le désarroi, l’échec, la ruine, la fuite, le mépris et la peur. DIAPO N°6 Le naufragé en rentrant s’attend au juge, « traite-moi, dit-il, comme le dernier de ceux de ta maison ». Mais il découvre qu’aux yeux de son Père, le dernier des derniers est le premier de tous. « Je t’ai gravé sur la paume de mes mains, tu as tant de prix à mes yeux. » Il est arrivé à bon port ! Il peut se blottir. Posant sa tête, tel un nouveau-né au creux du ventre maternel, il est en train de renaître. Où se trouve-t-il? Dans les mains et les bras de la Miséricorde. Mot qui rassemble en lui, les extrêmes de la condition humaine, la misère et le cœur. Un mot qui ose affirmer qu’aussi bas que l’on puisse tomber, on ne peut pas tomber plus bas que dans les bras de Dieu, le Père miséricordieux. Cette miséricorde est l’architecture secrète du tableau ce qui le fait tenir debout, elle s’ouvre humble et souveraine du visage du Père, vouté comme la voute d’une église romane. Elle irrigue de sa tendresse, les épaules du fils, descend jusqu’au talon, jusqu’à la plante du pied, le talon crasseux, écaillé d’un condamné du droit commun à qui le pardon est donné. Le fils cadet n’a même pas pu achever sa phrase, et reste donc silencieux, comblé des signes de l’amour de son père. DIAPO N°7 D’autres personnages apparaissent dans le tableau : des silhouettes qui peuvent être l’ombre de simples spectateurs ou des passants que nous sommes, témoins de la miséricorde du Père. DIAPO N°8 Mais il y a aussi cet homme qui reste drapé dans sa droiture, sa verticalité, exactement à l’inverse du Père qui renonce à sa droiture pour s’abaisser vers son fils : Ce fils ainé qui se trouve enfermé dans son ressentiment. Il ne comprend pas. Lui qui a toujours dit oui, qui est soumis, à qui aucun reproche ne peut être fait. Au lieu de se réjouir du retour de son frère, jaloux, Il se sent blessé par l’amour de son Père pour son frère et par le pardon qui en découle. Son cœur n’y est pas. Alors que le Père lui a déjà donné ses biens : tout est déjà à lui. Il est campé dans sa suffisance. DIAPO N°9 Mais, peut-être, avec le temps, il pourra lui aussi être témoin de la miséricorde de son père et se réjouir avec lui, du retour à la vie de son frère. Il découvrira peut être une bonté du cœur qui dépasse toute justice. Un pardon qui bouscule toute idée de mérite ou de rétribution. Un amour miséricordieux qui sort des entrailles du Père et qui déborde en joie partagée. Silence DIAPO N°10 Notre Père est un chercheur patient! Il ne se lasse pas de nous attendre. Il ne s’éloigne pas de nous, mais il a la patience d’attendre le moment favorable de la rencontre avec chacun de nous. Se convertir, c’est fondamentalement se laisser aimer par Dieu en se laissant trouver, saisir, relever, envelopper de sa miséricorde. Nous pouvons dire que Dieu donne, sans calcul, il attend, patiemment, il accueille, avec tendresse et pardonne, sans limite.