Dossier de presse

Transcription

Dossier de presse
“Un film magnifique, de bout en bout sublime de beauté, où l’art de la mise en scène et celui de la direction d’acteurs sont
portés à la perfection.”
Mai 1866. Au cours d’une représentation du «Trouvère» de Verdi, à la Fenice de Venise, a lieu une manifestation anti-autrichienne. Le marquis
Ussoni, patriote italien, prend à partie le lieutenant Franz Mahler. Sa cousine, la belle comtesse Livia Serpieri, femme d’un vieil aristocrate en bons
termes avec les occupants, intervient en sa faveur. Malgré cela, Ussoni est arrêté et condamné au bannissement. Livia revoit Franz Mahler. Il la séduit,
elle devient sa maîtresse et, prise d’une folle passion, ne vit plus que pour la satisfaire.
FICHE TECHNIQUE
RÉALISATION
LUCHINO VISCONTI
SCÉNARIO
LUCHINO VISCONTI
SUSO CECCHI D’AMICO
D’APRÈS LA NOUVELLE DE
CAMILLO BOITO
EN COLLABORATION AVEC
CARLO ALIANELLO
GIORGIO BASSANI
GIORGIO PROSPERI
COLLABORATION AUX
DIALOGUES
PAUL BOWLES
TENNESSEE WILLIAMS
PHOTOGRAPHIE
G.R. ALDO
ROBERT KRASKER
GIUSEPPE ROTUNNO
MUSIQUE
GIUSEPPE VERDI
ANTON BRUCKNER
MONTAGE
MARIO SERANDREI
COSTUMES
MARCEL ESCOFFIER
PIERO TOSI
PRODUCTION
LUX FILM
INTERPRÉTATION
COMTESSE LIVIA SERPIERI
ALIDA VALLI
FRANZ MAHLER
FARLEY GRANGER
MARQUIS ROBERTO USSONI
MASSIMO GIROTTI
COMTE SERPIERI
HEINZ MOOG
LAURA
RINA MORELLI
CLARA
MARCELLA MARIANI
L’OFFICIER
CHRISTIAN MARQUAND
SENSO
VERSION RESTAURÉE
ITALIE - 1954 - DURÉE 1H58 - VOST
SORTIE LE 13 JANVIER 2010
COPIES NEUVES ET NUMÉRIQUE HD
PRESSE
Vanessa Jerrom
Tél. 01 42 97 42 47
[email protected]
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La nouvelle de Camillo Boito est très différente du scénario auquel elle n’a fourni qu’un point
de départ, une situation. Luchino Visconti venait de mettre en scène, pour la Scala de Milan,
La Vestale de Spontini, avec Maria Callas. Il voulut donner à son film un caractère d’opéra
romantique. L’histoire se situe en pleine lutte du Risorgimento, pour chasser les Autrichiens
de la Vénétie. Verdi était le musicien par excellence du Risorgimento. Tout cela se retrouve
dans les magnifiques scènes d’exposition. La comtesse Serpieri, mal mariée, trouve un dérivatif à ses frustrations dans l’aide qu’elle apporte à son cousin; mais sa rencontre avec Franz
Malher, beau, veule et cynique, bouleverse sa vie et l’entraine à la déchéance, à l’oubli de la
cause patriotique. Ce film historique tient compte d’une évolution condamnant la classe à
laquelle appartient Livia, et l’empire austro-hongrois (à travers Malher), à une décadence irrémédiable. On retrouvera un thème semblable dans Le Guépard, épisode antérieur de la libération de la Sicile et de l’épopée de Garibaldi. Les sympathies qu’avait Visconti pour la gauche
ont souvent fait écrire que Senso alliait l’analyse marxiste d’un changement historique au style
flamboyant de l’opéra. Ce n’est pas faux, mais plus on revoit Senso, plus on se rend compte que
c’est d’abord un drame de la passion vécu par une femme révélée au plaisir des sens par un
«homme fatal» portant l’uniforme ennemi. Franz fascine Livia, la trompe, la gruge; elle a
beau s’éloigner de lui, il suffit qu’il revienne pour qu’elle lui cède à nouveau. La musique d’accompagnement (extraits de la 7ème symphonie de Bruckner) suit la course de cette femme perdant toute dignité, allant même jusqu’à acheter l’amour de Franz qui veut déserter. C’est au
milieu de la débâcle de Custozza (défaite de la jeune armée italienne mais victoite toute provisoire des Autrichiens), dans une Vérone nocturne envahie de soudards, que s’achève, par une
trahison amoureuse, une délation, une mise à mort, cette frénétique autodestruction. Les
images sont splendides, Alida Valli se montre extraordinaire, possédée, dans un rôle où elle va
de l’amour fou à l’avilissement. Farley Granger n’est pas moins admirable. Ces amants maudits
appartiennent tout autant à l’univers personnel de Visconti qu’à l’Histoire.
Jacques Siclier
Luchino était un metteur en scène qui tournait de
manière particulière. D’abord il faisait des répétitions à la table avec ses acteurs. Ensuite, en studio
ou en extérieur, il les faisait répéter mécaniquement pour montrer les mouvements aux opérateurs. Quand ils avaient compris, il renvoyait les
acteurs qui allaient s’enfermer dans leur loge ou
bavarder. Deux heures étaient employées à régler
les lumières. Puis Luchino rappelait les acteurs, les
faisait répéter une ou deux fois et ne faisait en
général que très peu de prises. En direct, je n’ai
tourné qu’en anglais. Ensuite, je me suis doublée
en italien.
L’atmosphère du tournage était extraordinaire, les
scènes en extérieur donnaient au film une telle
force, une telle vie. Nous avons commencé par les
scènes de bataille à Vérone. Contre son gré,
Luchino à dû en éliminer les trois quarts, alors que
c’était ce qu’il y avait de plus beau dans le film. Puis on a tourné les scènes de le villa Valmarana, à la campagne, là où Livia et Franz
vivent leur amour. Puis à Venise, la Fenice, les extérieurs au ghetto, les promenades de Livia dans Venise, la scène où elle va chercher
Franz chez les officiers, la maison où les patriotes viennent la chercher. Il restait les scènes où Livia va à Vérone quand il découvre qu’elle l’a trahi et la fin. Tout cela a été tourné en studio : la scène où Livia le dénonce, l’exécution.
Dans la scène où Livia court sur la route en hurlant «Franz !» comme une folle, ce «Franz» m’a coûté quatre cordes vocales. J’ai crié
«Franz !» pendant quatre nuits de suite, et plus jamais je n’ai pu faire monter ma voix dans l’aigu. Pendant le tournage, Luchino ne m’a
jamais rien dit. Au moment d’une scène très difficile, ses assistants lui ont fait remarquer qu’un de mes gestes ne respectait pas la continuité. Luchino leur a dit : «Mais vous ne pouvez pas interrompre une actrice quand elle joue une scène pareille ! La continuité n’a pas
d’importance.»
Alida Valli
C’est vers l’aspect historique que je l’avais orienté tout d’abord. Je voulais même qu’il s’appelle Custozza du nom d’une grande défaite
italienne. Ce fut un tollé : la Lux, le ministère, la censure... (Au début même on ne voulait pas de Senso. Pendant le tournage, la claquette portait Ouragan d’été.) La bataille donc à l’origine avait une importance beaucoup plus grande. Mon idée était de dresser un
tableau d’ensemble de l’histoire italienne sur lequel se détacherait l’aventure personnelle de la comtesse Serpieri, mais celle-ci, au fond,
n’était que la représentante d’une certaine classe. Ce qui m’intéressait, c’était de raconter l’histoire d’une guerre mal faite, faite par une
classe seule et qui fut un désastre.
Le final primitif, lui aussi était tout différent de celui que vous voyez maintenant. Je l’ai tourné effectivement la nuit, dans une rue du
Trastevere, celle-là même où Livia court et crie dans la seconde version. Mais la première ne se terminait pas par la mort de Franz. Nous
y voyions Livia passer parmi des groupes de soldats ivres, et toute la fin montrait un petit soldat autrichien, très jeune, seize ans à peu
près, complètement ivre, appuyé contre un mur, et qui chantait une chanson de victoire, comme celles qu’on entend dans la ville. Puis
il s’arrêtait, il pleurait, il pleurait et criait : «Vive l’Autriche !»
Guallino, le vieux Guallino, mon producteur, un homme très sympathique était venu assister au tournage. Il marmonnait derrière mon
dos : «C’est dangereux, c’est dangereux.» Peut-être. Mais pour moi c’était beaucoup plus beau cette fin ! On laissait Franz à ses affaires,
on s’en fichait de Franz ! Peu importait qu’il meure ou qu’il ne meure pas ! On le quittait après la scène dans la chambre où il se montrait si répugnant. Inutile qu’il soit fusillé. On restait donc sur elle, qui courait le dénoncer et se sauvait dans la rue. Elle passait au
milieu des putains, et devenait une espèce de putain elle-même, allant d’un soldat à l’autre. Puis elle s’enfuyait en criant : «Franz, Franz
!» Et l’on passait sur le petit soldat qui était le représentant de ceux qui payaient la victoire et qui pleurait vraiment, pleurait à chaudes
larmes en criant : «Vive l’Autriche !»
J’ai dû couper. On a brûlé le négatif. On a dépensé encore des millions pour faire la mort de Franz. Je l’ai tournée au château Saint-Ange
à Rome, parce qu’on ne pouvait plus aller à Vérone. J’ai tâché de faire le moins de mal possible mais pour moi ce n’était pas cela la fin
de Senso : la vraie fin, c’était un petit soldat , un petit paysan autrichien qui n’a aucune responsabilité et qui pleure parce qu’il est ivre,
il pleure parce qu’il est un homme, il crie «Vive l’Autriche !» le jour d’une victoire qui ne sert à rien, parce que l’Autriche sera bientôt
détruite comme l’a dit Franz dans la chambre.
Luchino Visconti
Histoire d’une restauration
La­restauration­de­Senso est­achevée.­
Après­de­nombreuses­années­de­travail,­menées­par­le­Centre­Expérimental­de­la­Cinématographie­-­Cinémathèque­Nationale­de
Rome,­ l’adaptation­ cinématographique­ moderne­ de­ la­ nouvelle­ du­ 19ème­ siècle­ écrite­ par­ Camillo­ Boito­ et­ réalisée­ par­ Luchino
Visconti­revient­sur­nos­écrans­dans­une­version­complètement­rénovée­sur­support­digital,­réalisée­par­le­laboratoire­l’Immagine
Ritrovata­de­la­Cinémathèque­de­Bologne.­
Résultat­obtenu­grâce­au­précieux­concours­de­deux­grands­artistes,­Giuseppe­Rotunno­et­Piero­Tosi,­respectivement­directeur­de
la­photographie­et­créateur­des­costumes­du­film.
La­restauration­de­Senso a­été­initiée­par­StudioCanal,­la­Cinémathèque­Nationale­à­Rome,­la­Cinémathèque­de­Bologne,­l’Immagine
Ritrovata,­en­accord­avec­l’ayant-droit­en­Italie­Cristaldi­Films.
L’achèvement­de­la­restauration­de­Senso est­l’accomplissement­de­plusieurs­années­de­recherches­et­de­travail­qui­a­défié­les­prévisions­ pessimistes­ quant­ à­ un­ objectif ­ jugé­ impossible,­ en­ obtenant­ un­ résultat­ que­ même­ le­ président­ de­ Cannes­ Classics­ 2009,
Martin­Scorsese,­définit­comme­­«stupéfiant»,­se­référant­en­particulier­à­la­séquence­de­l’opéra­qui­ouvre­le­film­et,­plus­loin,­à­la
scène­où­la­comtesse­Livia­Serpieri­(majestueuse­Alida­Valli)­entre­dans­son­palais­vénitien.
Le­travail­de­restauration­s’est­effectué­en­associant­les­meilleurs­outils­technologiques­à­la­reconstitution­historique­et­philologique
-­comparaison­de­plusieurs­versions­du­film­-­obtenue­grâce­à­la­participation­de­ceux­qui­ont­travaillé­en­étroite­collaboration­avec
Visconti­sur­le­film.­A­ce­propos,­on­doit­citer­aussi­la­précieuse­contribution­de­Suso­Cecchi­d’Amico­pour­la­réinsertion­de­quelques
scènes­coupées.
L’histoire­de­cette­restauration­a­commencé­il­y­a­plusieurs­années.­La­Cinémathèque­Nationale­a­travaillé­sur­trois­matrices­originales­ provenant­ de­ Londres­ (les­ copies­ furent­ tirées­ à­ Londres­ puisqu’il­ n’existait­ pas­ encore­ en­ Italie­ de­ laboratoire­ adapté­ au
Technicolor,­technique­que­Visconti­fut­le­premier­a­utiliser­en­Italie­à­partir­de­Senso)­en­obtenant­déjà­de­bons­résultats­avec­la
technique­analogique.­Mais­les­difficultés­apparurent­avec­les­différences­d’états­des­copies­puisque­chacune­était­endommagée­de
manière­diverse.­On­est­donc­passé­chez­Immagine­Ritrovata­où­les­problèmes­ont­été­surmontés­grâce­aux­techniques­digitales­les
plus­sophistiquées.
Le­Technicolor­dans­Senso possède­une­grande­complexité,­dans­­ses­effets­chromatiques­et­photographiques,­même­à­l’intérieur­d’un
simple­plan,­à­cause­des­références­picturales­dont­se­sont­inspirés­Visconti­et­son­directeur­de­la­photographie­G.R.­Aldo­mort­tragiquement­sur­le­tournage­et­auquel­succéda­Giuseppe­Rotunno.
Cineteca Bologna, Centro Sperimentale di Cinematografia - Cineteca Nazionale et Studio Canal
Retrouvez Senso sur www.acaciasfilms.com et www.tamasadiffusion.com