Léa Le Bricomte - Palais 7 Portes - Lieu d`Art Contemporain Vincent

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Léa Le Bricomte - Palais 7 Portes - Lieu d`Art Contemporain Vincent
Léa Le Bricomte
née en 1987, Montbard, FR.
55 boulevard Barbès (boîte 32)
75018 Paris. FRANCE
+33 (0)6 99 43 89 47
[email protected]
représentée par la Galerie Lara Vincy
47 rue de Seine 75006 Paris.
Down the street I’m the girl next door I’m the fox you’ve been waiting for Hello daddy, hello mom
I’m your ch ch ch ch ch cherry bomb
The Runaways – Cherry Bomb (1976)
La pratique de Léa Le Bricomte est articulée autour de son corps. Celui-ci est l’axe et le départ
de chacun de ses projets. Elle génère ainsi une réflexion plurielle autour de concepts précis
qu’elle multiplie et chahute : le corps, l’objet et l’image. Elle puise ses références au creux d’une
période féconde et expérimentale de l’histoire de l’art, les années 1960-1970, en sollicitant des
questions posées par les artistes issus de l’art corporel ou encore du Nouveau Réalisme. Deux
mouvements dont les principaux acteurs sont profondément marqués par les mécanismes duchampiens qui trouvent une résonance dans l’oeuvre de Léa Le Bricomte. Des mouvements historiques qu’elle a digéré en s’appropriant des problématiques précises (corps – objet – peinture)
afin de dialoguer avec elles, de les poursuivre et de donner forme à de nouveaux objets, de
nouvelles images en accord avec une vision personnelle de l’humain et de son environnement.
Avec pertinence, elle allie ready-made (objets manufacturés - sériels), savoir-faire spécifiques
(pièces artisanales – uniques) et actions (organisme – corps – mouvement) pour élaborer ce
qu’elle nomme l’esthétique sécrétionnelle. Elle explore l’univers guerrier en ayant recourt à des
matériaux et à une iconographie militaire : obus, balles, cibles, médailles, menottes, armes. Des
objets compris comme les vestiges de combats passés ou récents qu’elle récolte et collectionne,
ceci afin de leur attribuer une nouvelle forme d’existence. Ils sont accumulés, moulés (vaseline,
latex), augmentés de roulettes ou bien de plumes. Léa Le Bricomte opère à des croisements,
à une créolisation non seulement des objets, mais aussi de leurs symboliques, de leurs histoires et de leurs portées sur un imaginaire collectif décloisonné. La série d’obus montés sur des
roues de skateboard (Free Rider – 2011-2012) prend une dimension ludique, les munitions sont
vidées de leurs fonctions offensives et dangereuses. Les obus de mortiers, APAV 40 et grenades sont associés à des plumes provenant d’une réserve indienne canadienne (Guerre de Tribus
– 2012). L’artiste fusionne deux éléments provenant de deux cultures et de deux conceptions
extrêmement différentes de la guerre : ses objectifs, ses codes et ses modes d’action. Les armes renvoient au monde occidental, industriel, tandis que les tressages en cuir et les plumes
sont issus de l’apparat guerrier indien. L’artiste croise deux cultures, deux mondes en produisant des talismans alliant une idée de prolifération guerrière et un rapport primitif au combat.
La prédominance du regard occidental (ses références et sa pensée) est remise en question au
profit d’une conception ouverte, sans frontière.Chaque fois, l’artiste additionne et fusionne les
antagonismes pour interpeller notre perception, dérouter les lieux communs et élaborer des traductions inattendues, subversives et espiègles.
De la même manière, Dripping Medals (2012) possède une double lisibilité puisqu’elle engage un
dialogue avec la peinture, l’art conceptuel et les modes de productions artisanales. Les médailles
sont disposées les unes à côté des autres, les rubans multicolores semblent couler le long du
mur. Elles nous rappellent les gestuelles des acteurs de l’Action Painting et la Colorfield Painting
(notamment les Zip Painting de Barnett Newman). Non seulement Léa Le Bricomte interpelle
l’histoire du medium et procède à un mixage des références visuelles et matérielles, mais elle y
superpose une dimension symbolique forte. Dripping Medals concentre une sémantique plurielle,
les médailles font référence à la reconnaissance d’une action, d’un engagement, en insistant
sur des valeurs collectives comme le courage, la fidélité ou encore le mérite. Les rubans colorés
proviennent de nationalités multiples présentées les unes contre les autres. L’oeuvre affiche un
internationalisme, une compilation d’histoires et de cultures ramenées sur un même plan.
Deux oeuvres synthétisent le caractère pluriel de sa pratique. La première, une série Affiches
dévorées anonymes (2009-2012) est le fruit d’une longue observation d’une colonie d’escargot
avec qui elle cohabite. Elle en étudie les moindres mouvements, leur mode de vie et leurs actions
quotidiennes. « La rumination est une métaphore de la pensée », les escargots grignotent, ingèrent et sécrètent des affiches colorées que l’artiste dispose sur leurs chemins. En se référant aux
pratiques des affichistes du XXème siècle, Léa Le Bricomte ouvre un nouveau rapport non seulement à l’affiche (donc la fonction informative ou figurative est annulée), mais aussi à la couleur,
à la peinture et au statut même de l’artiste. Ses assistants gastéropodes prélèvent le matériau et
génèrent ce qu’elle nomme une peinture « post-humaine ». Leurs déplacements composent les
affiches qui au fil de leurs parcours sont arrachées, décollées et altérées grâce aux sécrétions.
Leurs organismes restituent ensuite des « micros pépites colorées » qu’elle conserve soigneusement (Fin de Parcours). Le matériau et les couleurs sont filtrés par un organisme vivant, ce
dernier engendre une nouvelle forme picturale, un substrat inédit.
La seconde, une photographie intitulée The Golden Boy (2011), résulte d’une action, celle de
recouvrir de feuilles d’or le corps d’un boxeur et entraîneur thaïlandais. Le corps, l’ornementation, la pigmentation de la peau et le mouvement ne font plus qu’un. Le boxeur est stoïque, son
corps se fait sculpture vivante, sa peau craquelée d’or nous rappelle la texture des peintures
anciennes. Le corps est à la fois vecteur et support, son image produit une mise en abyme des
préoccupations de l’artiste. Les deux actions attestent d’une volonté d’interroger et de critiquer
l’oeuvre d’art en tant que telle, mais aussi le rôle et le statut de l’artiste aujourd’hui.
À l’image des escargots qui ingèrent et digèrent les affiches avec lesquelles ils font corps, Léa
Le Bricomte s’approprie des références, des objets, des rencontres, des expériences. « Je me
nourris du contexte ; tel un ver de terre qui ingère son milieu, il traverse le contexte tout en étant
traversé par le contexte. » Elle les rumine, les travaille et les restitue de manière syncrétique. Au
moyen d’une pratique protéiforme et multiréférentielle, elle apporte des éléments de réponses
sur une réflexion globale axée sur l’humain : ses rapports avec la nature, ce qui lui échappe,
mais aussi ses dérives, son devenir, ses perditions, ses contradictions et ses possibilités qu’elle
observe par le prisme de ses productions.
Julie Crenn, War kit Beach 2012.
Free Rider, sculpture 2011-2012 (obus 18 pounders augmenté, roues de skate board).
Free ride, série 1 (munitions WW2, roues de finger skate) 2011.
Alliances, série les accords internationaux, vestes militaires cut-up 2014.
Dripping Medals 3, sculpture 2013 (médailles et rubans militaires augmentés; 2m22x1m80)
UNHA 3, sculpture 2012 (prototype de missille coréen, socle en bois, feuilles d’or).
Dripping Medals 2, sculpture 2012 (médailles et rubans militaires augmentés).
Armes, photographie de famille 1960, l’armurerie de Saulieu.
Feu ! Sculpture (munitions de tous calibres assemblées, reconstituées, barre en acier 3m ) 2010, collection particulière.
Dancefloor pour escargots
J’ai adopté l’escargot comme un étalon qui permet de glisser vers l’irréel et de révéler
une réalité alternative. Je propose une fiction sécrétionnelle. Dancefloor pour escargots
lubrillants; la danse hypnotique des escargots. Le cadrage est très serré et transforme le
corps en paysage lunaire. Ce paysage devient un dancefloor pour escargots. Ils s’approprient lentement la surface de mon corps. Les escargots se frôlent, se regroupent s’accouplent, forment d’étranges tumeurs, tombent et disparaissent du champs, bercés par le
mouvement de mes profondes respirations. Mes vidéos sont des tableaux vibrants où se
déroulent de micros-événements. Un corps vivant n’est jamais immobile, même parfois
imperceptible, la respiration se révèle mouvement. « Rien n’est plus troublant que les
mouvements incessants de ce qui semble immobile » Gilles Deleuze. Tout vibre, les escargots grouillent et leurs antennes s’animent. Le paysage est en transe. Il se bouleverse. Le
corps devient progressivement brillant, des chemins luisants se dessinent sur la peau. Les
effets de brillance produisent une peinture délicate progressive, un recouvrement évanescent. C’est une hybridation poétique. Une matière se produit. Le temps semble différent.
Cette vidéo est un glissement sur la vitesse réelle de l’escargot. Elle déforme le point de
vue du temps et du mouvement dans une nouvelle réalité que je revendique comme le
temps juste. L’escargot vit dans le présent absolu, le temps infini. Au tourbillon global, à
l’agitation permanente, j’oppose une zone de ralentie. Cette vidéo est un questionnement
sur le temps, quel est le temps juste? Celui des hommes! Existe-t-il un autre temps? Le
temps comme nous le concevons ne peut qu’être humain puisqu’il est une invention de
l’Homme. Le temps des escargots est indicible, on ne peut pas le mesurer. En se focalisant
sur la vitesse de l’escargot, on pénètre une autre réalité, une capsule temporelle. « Le
temps est mort hier. Nous vivons déjà dans l’absolu, nous avons crée l’éternelle vitesse
omniprésente » affirmait Marinetti dans le Manifeste du futurisme. » (Je m’oppose au
parcours de Marinetti et des futuristes devenu faschisant mais j’apprécie beaucoup leurs
premières intuitions synesthésiques du début du XXème siècle qui ne cessent de faire
écho à la création actuelle en général, cinéma, poésie, architectures, musique…). Pour
Yves Klein la vitesse est statique car ce n’est pas en allant vite qu’on fait de la vitesse.
La véritable efficacité hors de l’agitation est le statique. La course contre la montre serait
morbide et le statisme vital. Les déplacements apparaissent aux premiers abords très
lents puis un changement de point de vue s’opère naturellement, les escargots semblent
se déplacer à la bonne vitesse. Une vitesse qui nous semble correcte. Elle semble plus
rapide que ce l’on pourrait imaginer en pensant aux escargots mais plus lente que notre
propre vitesse . Juste un petit peu plus lente que la vitesse du déplacement des hommes. Cet écart convoque un trouble. C’est ce trouble qui devient saisissant. Moi-même
en oscillant entre ces temps que j’éprouve et que je mesure, je me transforme. Le temps
apparaît comme une succession de temps superposés, j’aimerais mettre en évidence les
mouvements parallèles d’êtres vivants qui ne répondent pas au même temps. Cette vidéo
est une éloge de la vie avec tout ce qu‘elle contient de mort latente. La répulsion laisse
place à une image apaisée. Eros /Thanatos. Le dancefloor pourrait être celui du cadavre,
du corps mort devenant lieu de prolifération animale. Cette vision reflète la précarité de
l’existence et la relativité de son inscription dans le déroulement temporel .
Snails invasion, 2010, 3 vidéos HD, 15 min en boucle réaliées au studio CO4 Paris.
Grenade à fusil fumigène française
collection particulière
Lance, 2013 (pointe de drapeau RF napoléonienne, manche en bois, tressage en cuir,
perles, plumes et support mural en laiton).
obus de mortier éclairant Suisse
collection particulière
APAV 40
collection particulière
Guerres de tribus, 2012-2014 série d’armes augmentés, tressage en
cuir, perles en bois, plumes, support en laiton.
Guerres de tribus, 2012-2014 série d’armes augmentés,
tressage en cuir, perles en bois, plumes, support en laiton.
OBUS DE MORTIER français 120 min
collection particulière
OBUS DE MORTIER français 80min
Grenade à fusil française
collection particulière
OBUS DE MORTIER français 60min
OBUS DE MORTIER français 80min
collection particulière
Grenade à fusil fumigène française
collection particulière
Grenade à fusil fumigène française
Guerres de tribus, 2012-2014 série d’armes augmentés,
tressage en cuir, perles en bois, plumes, support mural en laiton.
OBUS DE MORTIER français 80min
Affiches dévorées anonymes
J’ai débuté ma série d’affiche dévorée en découvrant que mes escargots grignotaient sur leur passage tous le papier et le carton de mon studio. Non seulement, ils
mordaient, trouaient, avalaient le papier mais leurs excréments formaient des micro
pépites colorées aux couleurs de chaque papier absorbé (cf Fin de Parcours) J’ai
alors décidé de m’introduire dans ce festin du hasard en donnant cette fois à mes
escargots du papier affiche vierge: ( papier standard d’imprimerie qui sert habituellement aux affiches de foire, de fêtes populaires ). Emerveillée dès la révélation des
fin de repas de mes escargots,le constat m’a évoqué immédiatement les affiches
lacérées anonymes de Jacques Villeglé et de Raymond Hains. Je suis également
très sensible au travail de Vostell. L’idée décolage est la matrice de sa démarche
artistique. il a développé cette pensée en réaction au crash d’un avion. Il étire son
concept du décollage de l’avion au décollage de l’affiche. « La vie et la conscience
sont déchirées, pas seulement l’affiche » Mon action de prélèvement se situe donc
non plus dans le dé-collage mais bien dans le dévorage comme témoignage du passage du temps, ici le temps des animaux dont j’ai pris grande conscience et qui est
un constituant essentiel de mon rapport au monde. Il s’agit pour moi d’une peinture
supérieure dévorée anonyme par les animaux même. La rumination est une métaphore de la pensée. J’ai pris soin d’étudier plus profondément le geste théorique
des affichistes et j’ai découvert dans une déclaration manifeste de Jacques Villeglé
ce fragment :« Concernant les affiches, on nous reprochera toujours d’en laisser
et des meilleurs sur les palissades, car ce qui intérrèsse l’escargot peut très bien
nous échapper ». Dans le contexte actuel et en témoignage au rapport historique
antérieur, j’ai choisi le papier d’affiche vierge plutôt que d’user encore d’affiches
déjà imprimées, augmentant ainsi mon choix ambitieux d’un plateau supérieur à
celui entrepris en leur temps par les affichistes qui voulaient dépasser la peinture
en cours. L’absence de typographie, de signes, d’images m’a semblé plus approprier
et juste pour accomplir mon geste d’une nouvelle lecture dépassant le décollage
des nouveaux réalistes. Ainsi je supervise le processus. Les papiers monochromes
aux couleurs élémentaires que je donne puis reprend une fois dévorés deviennent
réellement cette nouvelle peinture post-sensibilité pure, mes prélèvements comme
une peinture sans peinture. L’affiche dévorée est une peinture du XXI ème siècle
post-humaine. De « l’affiche lacérée anonyme » à « l’affiche dévorée anonyme »,
on traverse le temps concrètement comme une percée dans l’univers. Ce carottage
réaliste avec des morsures réelles, et cette digestion ouvrent sur l’indicible et sur la
sublimation du mouvement de la vie.
Fin de parcours, crottes des escargots ayant dévorées les affiches 2008-2012,
collection particulière.
Affiches dévorées anonymes, peintures (papiers affiches 60/80 cm) 2008-2012.
Sweet,2010 installation dimensions variables (obus WW1 et miel).
Apât, photographie 2010, miel.
Flag,2013 (rubans de médailles militaires toutes époques confondues,
mât et support pour drapeau).
exposition au 104 Paris.
Mandala, sculpture 2013, cartouches d’armes à feu et bande sonore (enregistrements de la cérémonie Tcheu au temple tibétain Kaguy Dzong avec la participation de Lama Guyrmé, Paris).
Exposition au 104 Paris.
Nouveaux territoires, 2015 action réalisée à la librairie Formats X, Montréal ( Canada ) dans le cadre de l’exposition: Comment expliquer l’art autochtone à un boxeur ? avec la complicité de Guy Sioui Durand.
Tapis, sculpture 2010 (menottes mouleés en latex teinté dans la masse).
Snails, photographie 2007.
Vanité, photographie 2007.
MONUMENT -BARBARA FOREST 2014
Léa Le Bricomte a fait sienne la formule de Robert Filliou, « l’art est ce qui rend la vie plus intéressante
que l’art ». On pourrait même dire qu’elle l’a pris à bras le corps. Sa pratique met effectivement la pulsion de vie au cœur de son travail. Ce n’est donc pas étonnant qu’elle pratique la performance, que son
corps soit régulièrement l’objet et le sujet de ses actions, que l’animal soit convoqué et que les armes
apparaissent de manière récurrente. En digne héritière de l’artiste iconoclaste et internationaliste, le jeu
est une de ses stratégies artistiques et la paix, un de ses enjeux. Léa Le Bricomte explore ainsi l’univers
guerrier en ayant recourt à des matériaux et à une iconographie militaire : obus, balles, cibles, médailles,
menottes qu’elle collectionne, récupère et pacifie.
Dripping Medals (2012) est une installation de médailles pendues, accrochées au mur les unes à côté des
autres. Le titre et la composition géométrique des bandes verticales indiquent une relation étroite à la
peinture américaine des années cinquante de Barnet Newman et à la technique du peintre Jackson Pollock où la coulure de la matière devenait le sujet même de la peinture. C’était une action testamentaire,
celle qui signait la fin de la prédominance de la touche artisanale, du pinceau, et de la main comme le
prolongement de la pensée. La naissance d’une approche mécanique et industrielle de la peinture venait
d’apparaître, celle d’un corps en mouvement. Léa Le Bricomte ne détourne pas la signification des médailles et les utilise pour ce qu’elles sont, des signes de reconnaissance d’une action, d’un engagement
et de valeurs. Par contre en présentant ces rubans colorés de différentes nationalités les uns à côté
des autres, elle désacralise l’ultra personnalisation de l’insigne et nivelle les différentes célébrations, du
travail et de la guerre. C’est à partir de ces mêmes rubans de médailles qu’elle fabrique Flag. Réunis et
collés, ils forment un drapeau multicolore désignant un pays imaginaire ou plutôt une confédération que
l’on imagine pacifiste et multiculturaliste, qui tire de sa différence et de sa diversité toute sa puissance.
Le Mandala réalisé à partir de douilles récupérées dans des stands de tirs est récurrent dans le langage
plastique de l’artiste. Puisant ses influences dans le monde bouddhiste et tibétain en particulier, Léa Le
Bricomte réalise des mandalas de sable, et s’approprie cette pratique spirituelle pour créer des mandalas
de graines comestibles pour oiseaux ou de balles. Ces nouveaux supports de méditation en trois dimensions au dessin géométrique affirmé placent le spectateur devant une image contradictoire. Pourtant
accompagné par l’enregistrement sonore d’une cérémonie bouddhiste près de Paris, le tintement aigu
rend l’assemblage métallique musical et audible. De silencieux et intimidant, le plateau armé devient une
composition harmonieuse.
Seashell, 2013 (coquillage lambis truncata, fouragère médaille de guerre support en laiton), collection particulière.
Sous un nom martial, la série Guerre de Tribus, associe obus de mortiers, APAV 40 et grenades à des
plumes et des tressages en cuir issus d’une réserve indienne huronne-wendate du Québec, située dans
la région administrative de la Capitale-Nationale du Québec. De 1500 habitants cette communauté dynamique parle le français mais la langue wendate, endormie depuis plus d’un siècle, est en cours de
revitalisation. Depuis quelques années certains de ses membres se sont tournés vers la culture et les
traditions de leurs ancêtres. L’utilisation des plumes, des techniques de tressage et du drapeau est une
manière de rétablir dans le déséquilibre universel du traitement de la mémoire, celle de ceux à qui on
a voulu la dérober. Suite à sa résidence de création et de production à Calais dans le cadre du Jardin
des arts, Léa Le Bricomte présente de nouvelles œuvres, Drone et Sounds of war exposées comme les
précédentes au sein de l’exposition Monument. Pendant plusieurs semaines, elle a suivi avec des colombophiles le vol de plusieurs de leurs pigeons au dessus de Calais. Equipés d’une petite caméra qui a filmé
leurs allers et retours, les pigeons font découvrir autrement le paysage calaisien qu’ils survolent. Leur
vol agité déstabilise notre perception de la ville et le point de vue aérien si inhabituel trouble, y compris
physiquement, le spectateur. Utilisé encore aujourd’hui à des fins militaires, l’artiste en détourne l’usage
et fait de l’animal une nouvelle source d’informations, parodiant nos systèmes de surveillance contemporains. Dans l’œuvre de Léa Le Bricomte, l’installation Sounds of war est aux obus ce que Drone était
aux animaux vivants : une étape supplémentaire vers des formes plastiques abouties et construites qui
conservent toute l’énergie et le souffle des œuvres participatives et performatives. Sounds of war est une
installation d’obus dont l‘artiste a « refroidi » la charge et les enjeux, comme le dit Michel Aubry à propos
des objets de guerre qu’il ramassait enfant sur les champs de bataille. En les posant délicatement sur des
petits coussins à bols chantants tibétains chatoyants sur un tapis au motif tiré du livre des morts tibétain,
La libération par l’écoute dans les états intermédiaires, elle les éclaire et leur donne, ou leur rend, tout
leur « éclat ». A nouveau Léa le Bricomte, révèle bien des histoires : celle qui fait passer l’arme fabriquée
industriellement à l’instrument de musique, celle du collectionneur qui l’a conservée, celle de celui qui l’a
décorée, celle du ready made...Sa démarche évoque également toutes ces « munitionnettes », ces femmes de 1914 qui n’avaient pas encore le droit de vote mais que la guerre va précipiter vers des métiers
jusque-là réservés aux hommes. La femme qui fréquentait les usines de textiles et de bonneterie, va
fabriquer désormais des munitions, conduire des ambulances, revêtir la casquette de chef de gare. C’est
de cette histoire là que Léa Le Bricomte s’empare aussi en nous offrant cette sculpture cérémonielle et
musicale animée du souffle de la vie.
Sounds Of War, sculpture sonore à activer
(100 douilles d’obus WW1, coussins tibétains
pour bols chantant, tapis ) 2014, production
Musée des Beaux arts de Calais.
100 obus WW1 sont disposés sur des coussins
pour bols chantant tibétains.En manipulant,
en frappant ces munitions je me suis aperçue de leurs étonnantes propriétés sonores,
chaque obus possède un son particulier, proche des bols chantants tibétains. L’installation
est activée par des musiciens qui révèlent le
potentiel des obus reprogrammés en instruments de paix. L’objet de destruction vidé de
sa charge explosive se transforme en objet
spirituel,l’esthétique des obus dorés évoque
les temples et toute la panoplie des objets en
cuivre dorés utilisés pendant les cérémonies
bouddhistes. Le logo imprimé sur le tapis au
centre de l’installation est inspiré par le motif central de la roue du Karma tibétaine, ce
symbole évoque le moment de la mort et de la
fusion des énergie (cf. Le Bardo Thodol, livre
des morts tibétain). Cette installation évoque
l’idée d’un passage,d’un changement d’état,
les sons purs des obus célèbrent le mouvement de la vie.
concerts réalisés au musée des Beaux arts de Calais les 22 et
23 septembre 2014. Avec la participation de 13 musiciens du
conservatoire de Calais :
Yannick Deroo, Jean-Robert Lay, Mathieu Brunet, Baptiste Loosfelt, Christine Loosfelt, Jérôme BENS, Assia Ludmil, Marie Cavignau,Gabrielle Malle, Fabienne Deguinnes,
Catherine Heban, Sabrina Reibel, Frédéric Matte.
Warrior, Sculpture 2011 (renard naturalisé, munitions).
Cible, sculpture 2010 (vitrail suicidaire 1Mx1M).
120 000 points, (veste brodée: 120 000 points de broderie) 2011, collection Lara Vincy.
Parachute Doré, sculpture 2010 co-production Granville Gallery et Wharf
(centre d’art contemporain de Basse Normandie).
Parachute Doré, détail harnais, sculpture 2010 co-production Granville Gallery et Wharf (centre d’art contemporain de Basse Normandie).
Parachute doré : sculpture de lévitation
J‘ai fait réaliser un parachute doré échelle 1 par un fabriquant de parachute de base jumping. « Adrenalin
base ». Les pratiquants de cette discipline extrême font l’apologie de l’adrénaline. ( Le saut dans le vide
comme source intarrissable de plaisir . Le saut dans le vide comme un défi à la mort. Vivre dangereusement pour vivre intensément ). La toile et le cordage on été remplacés par un tissus d’or et un cablage
doré. Il est présenté dans l’espace, gonflé et déployé comme en plein vol. Je le revendique en tant que
sculpture. Il représente le déplacement d’un corps dans l’espace, donc le mouvement. Il est organique,
c’est une enveloppe qui suppose la collision avec les éléments, une orthèse du corps qui fait appelle à la
perception des sens. Le parachute est une voûte flexible freinante, une capsule de ralenti qui parle à la fois
de la chorégraphie, de l’architecture mobile, de la sculpture et du performatif. C’est une sculpture aérostatique, elle lévite. Au premier degré, le parachute doré est d’abord la figure sémantique du privilège abusif
et scandaleux des compensations et indemnisations d’une logique ultra capitaliste. Il incarne le symptôme
de la crise mondiale économique. Entre la tentation et le désastre, il sécurise. Il plane en zone de non-droit
dans la surenchère frénétique du CAC 40 et des stock-options. Il représente l’outrance des gratifications
odieuses. Il est la conséquence ultime d’une croissance effrénée jusqu’à la nausée aux dépends de toutes
entreprises collectives. Des capitaux flottants aux monnaies flottantes: il symbolise l’hyper-réel, concept de
Baudrillard. La flottaison des monnaies : de même que l’on a cessé d’indexer la valeur de la monnaie sur
l’or pour instaurer le taux de change flottant, de même les signes, la production, l’économie l’inconscient
se sont mis à flotter, à tourner pour eux-mêmes sans que l’on puisse faire référence à la production. Cette
flottaison des valeurs inaugure le règne de la simulation, du simulacre. Manzoni en réalisant ces célèbres
boîtes de conserve de merde d’artiste dont le prix de vente était indexé sur le cours journaliers de l’or se
joue ironiquement du capitalisme ambiant. Le parachute doré, tel un objet volant de Damoclès, devient
l’emblème du rapace, le condor du rendement qui présage la chute de l’empire... le comble de la prime! Si
le mythe d’Icare est lié au désir de voler, il aborde d’abord le désir de l’homme d’aller toujours plus loin,
au risque de devoir se retrouver face à face avec sa condition de simple être humain. ( Icare est connu
principalement pour être mort après avoir volé trop près du soleil avec les ailes de cire imaginées par son
père Dédale ). Le parachute doré tente de ralentir la chute afin d’amortir le choc brutal imminent d’un chaos
global provoqué par le sacre de l’individualisme. Du vol au vol, le miroitement de la pièce Parachute Doré
se pose ici, comme réflecteur d’attention, d’alarme. Il se ré-active comme objet modifié positif devenu
sensible pour embellir, rendre merveilleux, illuminer. Il est grand temps de transformer nos comportements... «La qualité des choses n’est qu’un leurre si elle n’émane pas de la qualité des êtres. La création
d’un nouveau style de vie inaugure l’abolition de la société marchande par la société vivante». Raoul Vaneigem. L’objet convertit est parachuté dans le contexte de l’art tel un readymade enrichi, tendu, gonflé,
un volume d’une envergure gracieuse et irradiante. De l’appropriation à sa mutation, la parachute doré
détourné devient une para-sculpture à la fois concrète et fictionnelle. Cette sculpture rappelle l’ornement
précieux et la sacralisation des retables, des enluminures, des dorures de statuaires à la feuille d’or, des
icônes. Elle pointe aussi l’exaltation de richesse ou de dévotion, le culte du kitsch de luxe. Et bien entendu
dans la situation contextuelle de l’art contemporain, le bling-bling, la starification, la vanité en diamants de
Damien Hirts ou les stucs de Jeff Koons. «L’art c’est de l’argent, et l’argent c’est de l’art.» Andy Wharhol.
Si le Parachute Doré, éloge du Jump-art, parodie le mauvais goût clinquant ; c’est d’abord dans son évanescence et sa fragilité scintillante que la sculpture se déploie telle une présence silencieuse, en suspend,
cristallisée, évoquant le mouvement et son flux aérodynamique. La pièce inerte suggère à la fois l’attraction
gravitationnelle, l’énergie des courants, la force de la dérive, le flottement, la plongée et le glissement dans
l’air. L’air des éléments fondamentaux comme l’air du temps... Le Parachute Doré est une allégorie. Entre
physique et alchimie, nature et artifice, l’objet d’or peut faire référence à la sensibilité pure d’Yves Klein,
à ses monochromes, à son architecture de l’air comme aux échanges de trans-économie (projection de
poudre d’or dans la seine). Une pièce retient particulièrement mon attention la sculpture aéro-magnétique
avec laquelle Yves Klein expérimente la lévitation. Il a greffé un ballon d’hélium et un morceau de métal
dans une éponge, un aimant est disposé dans le socle. L’opposition des force stabilise l’éponge au dessus
du sol « ce sera de la lévitation pure! Magnético aérienne (…) la sculpture aéro-magnétique flottera dans
l’espace et l’on pourra passer la main entre le socle et la sculpture.»
On imagine ainsi la parabole du saut dans le vide d’Yves Klein, retraitée, arnachée, prothèsée
autant pour freiner la chute que pour faire durer le plaisir. « un homme dans l’espace ! Un homme
lévite dans l’espace a cinq mètres du sol. Plus rien ne le relie au sol. En suspension les bras écartés
comme les ailes d’un oiseau, il vole. Inévitablement la chute approche ».Pour parer à la catastrophe
comme pour se parer d’attributs alchimiques et mythologiques, l’objet ainsi magnifié est enrichi
d’une plus-value poétique Si le parachute peut suggérer les préocupations de Panamarenko, on
peut aussi parfois penser aux fictions sophistiquées de Mariko Mori ou de Mathew Barney. Dans
les sources, il faudrait évidement évoquer une prolongation équivalente aux expériences antérieures comme le parachute de Dream Gould, les expériences de AntFarm, les gonflables d’Archigram
mais aussi du soft-art et du mouvement du non- forme, des sculptures molles et souples de Robert
Morris, Eva Esse, Flanagan, Claes Oldenburg, certain travaux de l’Arte Povera ou encore de Joseph
Beuys. A ce propos, je me suis particulièrement intéressée au principe d’équivalence expérimenté
scientifiquement par Galilée qui a été détourné en principe d’équivalence et de création permanente par Robert Filliou. Ainsi il a travaillé à réintroduire des données non quantifiées ( la vie, le
désir, la joie ) dans les équations économiques du système productif. Il développe une anarchie
positive qui refuse toute différence qualitative entre l’intuition poétique, la technique et le rêve.
Pour Félix Guattari la société n’accorde pas de valeur à ce qui est réellement essentiel, c’est-à- dire
la pensée, le désir, l’imaginaire. « Je vis en 2030.[…] Il s’agit de poser la question : Est- ce qu’une
production de désir, un rêve, une pratique amoureuse, une utopie concrète finira par conquérir,
sur le plan social, la même dignité d’existence qu’une production marchande d’automobiles ou de
matières grasses? » Félix Guattari va développer l’idée d’une micro politique à échelle humaine .
Elle est basée sur l’effet papillon et vise à rendre le quotidien merveilleux. Le parachute doré est
une tentative de relier les champs poétique à l’économie. Les analogies de haut vol sont souvent
déployées pour planer comme une manière de rêver et s’échapper du monde réel. Cet objet convoque simultanément à la fois le contexte réel dans son illusion autant que le rêve dans sa réalité.
« Le chemin du TAO passe par la pauvreté du monde riche et la richesse du monde pauvre. »
Manifeste du Rio Negro . Pierre Restany. Cette pièce qui convoque la glisse, s’inscrit dans la suite
logique de mon travail entamé autour de l’escargot, dans cette lignée du temps juste, des métamorphoses du corps en paysage vibrant et de la mue. Ainsi dans le processus de travail déclenché
avec l’escargot, l’idée de l’homme-escargot et sa coquille sur le dos est d’un glissement évident.
Cette fois, le recouvrement n’est plus constitué de bave mais d’or. La coquille de l’escargot est ici
remplacé par le sac-harnais du parachute. Dos-fardeau comme épreuve, le sac-harnais fait basculer le champ du bestiaire chimérique vers l’hybride post-humain. L’homme-escargot devient un
cyborg avec son harnais-parachute sanglé comme un spéléologue de l’espace. L’homme-escargot
renvoi aux maison-cerveau. (réf: catalogue de la ferme du Buisson Fabrice Hyber, Hubert Duprat.)
La mutation homme-machine hermaphrodite s’opère poétiquement. Son autonomie, son désir de
dérive nous égare dans le trans-flottement magestueux des utopies-live. On plane réellement dans
l’infinitude des espaces pliés. On plane entre deux airs pour se dérober aux genres. D’ailleurs, le
«planorbe» est un mollusque, un escargot des eaux douces. Le parachute doré est bel et bien une
figure sémantique démultipliable, une « machine désirante en migration », Gilles Deleuze. Le désir
humain comme vraie valeur d’échange. Si dérober = Voler, voler dans le vide c’est aussi s’envoyer
en l’air. Son glissement sensuel et sexuel ne fait aucun doute. En interface, la robe du parachute
est un jupon. De la chute libre à la chute des reins, tous les accessoires de la panoplie deviennent
auto-revers. Le parachute se métamorphose en appareil de suspension sado-maso. Le sac-harnais
du parachute devient bustier. Chaque élément du parachute rappelle les accessoires SM et bondage
; Bretelles, sangles ,cuissardes, mousquetons et suspentes. La soie de la voilure se transforme en
voilage aguichant. Dans le langage Sm, le parachute est un instrument de torture sexuelle, sorte de
cône de cire, métal ou latex qui s’accroche à la base du scrotum par des lanières. Le vol s’apparente
alors au volage scandaleux. Le golden handshake est la sculpture-glam de l’espace, l’hyperbole de
l’art contemporain dans toutes ses outrances déviées, de la séduction jusqu’à sa valeur marchande
exponentielle. Un temps suspendu.
International Targets Pantings, peintures à l’huiles réalisées par des artisants peintres chinois à partir d’un photo montage envoyé par internet, 2012-2013.
International Targets Pantings, peintures à l’huiles réalisées par des artisants peintres chinois à partir d’un photo montage envoyé par internet, 2012-2013.
International Targets Pantings, peintures à l’huiles réalisées par des artisants peintres chinois à partir d’un photo montage envoyé par internet, 2012-2013.
Léa Le Bricomte questionne le medium : Quel est le sens actuel des images peintes ? Comment dépasser les productions historiques ? Quel est le statut du peintre, du producteur
d’images, et plus largement de l’artiste ? La série de peintures (International Paintings Targets, 2012) nous donne à réfléchir sur ces différentes questions. L’image originale est
un montage de l’artiste : un monument célèbre internationalement auquel elle a juxtaposé le motif d’une cible (élément récurrent de son vocabulaire iconographique personnel).
La Maison Blanche, la grande Mosquée D’Abou dabi, le Taj Mahal et Notre-Dame de Paris sont littéralement les cibles de nos regards, les trois symboles sont également de potentielles cibles puisqu’ils incarnent chacun une idée du pouvoir (politique, religieux,économique). Le montage a ensuite été transmis à une entreprise chinoise qui propose en
ligne les services de peintres à la commande. L’artiste a donc soumis son image à des artistes-artisans qui produisent des peintures à la chaîne, de manière quasi industrielle.
L’intention, le geste et l’image sont questionnés. Julie Crenn, extrait du texte War Kit 2012.
International Targets Pantings, peintures à l’huiles réalisées par des artisants peintres chinois à partir d’un photo montage envoyé par internet, 2012-2013.
opération escargot,action réalisée sur le marché de
Sète en septembre 2009 dans le cadre du festival d’art
performance international Infr’action.
Léa mange une plante carnivore, vidéo 2009 (5 min en boucle).
Love est un moulage de préservatif en étain. Cette mutation latex/métal rend le préservatif pérène, il
n’est plus une seconde peau adaptable au corps; il est un objet en soi. Le préservatif est l’ emblème
de l’aseptisation nécessaire. Il évoque la peur de la contamination, la protection, la contraception.
Cette pièce est un fossile contemporain qui consacre l’éphémère. Ce qui m’intéresse tout particulièrement c’est l’idée que le préservatif est un objet résiduel, une relique d’acte amoureux C’est une forme
molle mais dur. Je propose une réflexion sur le changement d’état des matériaux (chimie, alchimie :
dur / mou, liquide/ solide). Le préservatif ainsi muté est de l’ordre du magma, du minerais. Il devient
une sculpture. Pour réaliser cette pièce, le métal est porté en fusion. L’alliage plomb-étain révèle et
fige les plis. Il évoque la lave volcanique bouillonnante et tortueuse, métaphore des passions humaines. Lors de la coulée dans le moule en plâtre; le bouillonnement se fige instantanément et le
moule explose. Le processus de fabrication bouillonnant fait échos aux passions humaines. Je me suis
intéressée en ce sens à Charles Fourier qui a tenté de les classifier et de les utiliser comme facteurs
sociaux. (Les attractions passionnées du nouveau monde amoureux). Selon lui, la libre expression
des passions conduit au bonheur. Partant de l’attraction universelle dont Newton a découvert la loi,
Fourrier en recherche l’application dans les rapports sociaux et individuels. Il élabore ainsi la loi de «
l’attraction passionnelle » qui régit les passions dominantes de chacun suivant des mouvements d’attirance et de répulsion. Le préservatif résiduel Love incarne le moulage de l’énergie vivante de l’acte
amoureux pétrifié. En ce sens il est radio-actif, c’est un concentré de désirs, de pulsions. Cet objet
convoque l’empreinte des sexes réversibles masculin-féminin qu’il condense dans sa cristallasition.
C’est aussi un fossile contemporain.
« Rien ne vaut la peine d’être trouvé que ce qui n’a jamais existé encore.»
P. Theilhard De Chardin, le musée imaginaire de l‘archéologie.
Love, sculpture (préservatif moulé en étain) 2009.
Carré noir, série peintures de bave (morceau de feutre noir, traces du passage des escargots) 2007.
Léa Le Bricomte ne ferait sans doute pas de mal à une mouche… mais elle a dans
sa besace une armée d’escargots à son service, des plantes carnivores en cas de
fringale, des balles de tout calibre, de la vaseline, du miel, des armes à feu, des
uniformes et des galons, des obus, un tapis de menottes, un parachute doré… et
autres trésors de guerre. Probablement capable de fabriquer une bombe dans sa
cuisine, c’est pour l’instant, le champ de l’art qu’elle prend pour terrain de ses
expériences qui sentent le souffre, la salade verte et la poudre à canon. Parmi les
premiers petits soldats de son royaume expérimental, on trouve l’escargot. Cet
inoffensif gastéropode, visqueux et invertébré, se glisse avec souplesse dans la
plupart de ses performances, photogra¬phies, vidéos et installations. La série de
sculptures « Snails City » leur offre un lieu de vie proche de la maison-cerveaux et
prévoit une multitude d’activités ludiques, mais roulés dans la farine. A la fois sujet
et objet, c’est en colonie qu’ils envahissent les corps nus que Léa Le Bricomte leur
offre en pâture, et ils quadrillent alors ce paysage de leurs secrétions luisantes.
Entre attirance et répulsion, désir et dégôut, Léa Le Bricomte réinvente l’art corporel des années 70 et l’applique en douceur à l’ère du bio et de l’organique. Les lents
déplacements de l’invertébré sur ces géo¬graphies humaines dégage une grande
charge érotique. Alors que l’escargot prend des airs de sextoy et que ses sécrétions rappellent les fluides humains, la charge sexuelle se précise avec une vidéo
qui fait directement allusion à « L’Origine du Monde » de Courbet : les escargots
partent à l’assaut d’un sexe féminin. Comme une vermine qui dévore un cadavre,
l’escargot laisse aussi planer l’ombre de la mort sur son passage. Il ingurgite tout
ce qu’il rencontre en émettant des sons voraces. Il devient alors un parfait ouvrier
pour une série d’affiches monochromes qu’il mite avec talent. Quant à ses excréments monochromes, l’artiste les expose dans des boîtes transpa¬rentes comme
des trophées. Entre pulsions de mort et instinct de survie, cette petite soeur de
Chris Burden et de Gina Pane fait pulser le sang dans nos veines et fait monter
l’adrénaline à tra¬vers ses oeuvres. Alors que certains craignent le contact avec
les plantes carnivores, elle, n’hésite pas à les absorber face caméra avec aplomb.
Et puisque la vie prend un nouveau sens quand on lui oppose la mort, une rangée
de balles dorées de différents calibres sont alignées sur une étagère : ils incarnent
la fascination pour le pouvoir mais nous rappellent surtout à nos condi¬tions de
mortels. Entre douceur et violence, Léa Le Bricomte manie sans cesse des objets
dont la charge semble aussi érotique que la réputation explosive. Ses obus par
exemple, sont remplis de miel : est-ce une allusion aux fluides sexuels ou au fait
que les abeilles sont de bons soldats ? Une spirale de menottes en latex, des préservatifs usagés moulés dans du plomb ou des « Balles glissantes » faites à base
de vaseline… chaque fois, le désir est le détonateur de cette œuvre fougueuse.
Anaïd Demir 2010
E.T. photographie 2008.
Bullets, sculpture 2010 (balles de tous calibres moulées en vaseline, support réfrigérant).
L’origine du monde transmuté en dancefloor pour escargots.
vidéo 3 minutes en boucle, 2007.
Le cadrage est un gros plan sur un sexe féminin imberbe: une
image dont les codes pourraient sembler appartenir à l’iconographie pornographique. Le gros plan sur le sexe fonctionne
ici comme déréalisation de la sexualité, il y a un déplacement
du référent corporel. l’apparition d’un escargot, présence incongrue et centrale produit un glissement définitif vers l’irréel. Le sexe setransforme en paysage glissant, un canyon, un
abyme. Le corps de l’escargot luisant se mêle progressivement
à la peau. Il s’intègre, fusionne... une vision étonnante ! Bien
que l’escargot semble apparaître comme « sextoy sophistiqué
», la sensualité hypnotique que l’image convoque échappe aux
conventions lubriques. Le motif sexuel est contextualisé dans
une représentation animale monstrueuse. Le corps est transfiguré en lieu terrestre pour la circulation des escargots. Le paysage est asexué, hors de toute tentation. Le corps se déréalise.
Il est distancé tout en préservant son trouble. Mon travail opère
entre d’un côté la conscience humaine et ses motifs et de l’autre
la danse lente de l’animal, l’imperceptible de son glissement.
Classiquement pour hypertrophier la sexualité, c’est l’homme
que l’on transfigure en animal. Cette transformation intervient
en tant que représentation hyperbolique des désirs : femme
féline, hommeloup, femme serpent. Dans mes vidéos, le corps
féminin apparaît non transmuté. Immobile, il a son érotisme
propre. Par sa présence, l’escargot va faire ressurgir un corps
non plus tourné vers le monde humain, mais uncorps minéralisé, naturalisé,déshumanisé.
Slug, sculpture (résine teintée) 2010.
Slug, photographie 2009.
Snails City, sculpture 2009, technique mixte, farine.
Designed for humans, sculpture 2014, missile augmenté.
Résistance, sculpture 2014 (résistances électriques).
PIGEON VOLE ET ESPIONNE------------PAUL ARDENNE 2014
Léa le Bricomte, déjà, avait fait du pigeon, à Calais même, un « objet d’art » : en 2013, dans le cadre de l’« Anniversaire
de l’art », une cérémonie initiée par l’artiste Robert Filliou chaque 17 janvier, à l’occasion de laquelle elle a réalisé un
mandala en graines pour oiseaux sur le parvis du théâtre local. Quelques mois plus tard, la jeune artiste récidive. Non,
cette fois encore, dans la perspective classique, celle de l’illustration (dessiner, peindre un oiseau), non plus dans la
perspective symbolique, celle du zoomorphisme (se déguiser en oiseau, le mimer) mais de façon incarnée, en recourant
aux services de l’animal. Se servir de l’oiseau, lui faire exécuter un travail dont l’artiste, en retour, va faire une œuvre
d’art, telle est en effet l’essence de Drone, sa nouvelle réalisation.
Sous-entendus
« Drone » : ce terme désigne en langue anglo-saxonne un petit bourdon et qualifie aujourd’hui les « UAV » (Unmanned
Aerial Vehicule), engins volants automatisés sans pilote. Apparus en 1955 lors de la Guerre d’Algérie, d’abord peu efficaces, les drones prolifèrent bientôt sur de multiples théâtres guerriers, où ils effectuent missions de surveillance, de
reconnaissance et d’attaques ciblées. Leur discrétion et leur commande à distance, loin du théâtre d’opération guerrier,
en font les armes sophistiquées d’un futur qui a déjà commencé, celui des guerres furtives menées sans combat direct
entre belligérants. C’est lors d’une récente résidence d’artiste au Musée des Beaux-arts de Calais, où elle participe à
l’exposition « Monument », que Léa le Bricomte prend contact avec les cercles colombophiles locaux, dans ce but précis : utiliser le pigeon comme l’équivalent d’un engin de surveillance, comme un « drone », donc. Cette inflexion, dans
le droit fil de nombre de ses créations antérieures, reflète la fascination de l’artiste pour les engins de guerre, qu’elle a
pris l’habitude de détourner. Des obus, reconfigurés par ses soins, se voient montés sur roulettes, devenus des jouets
paradoxaux aussi drolatiques par l’apparence que demeurant potentiellement dangereux (série Free Rider, 2011). Des
médailles militaires sont exposées de manière à donner l’impression de coulures de peinture (Dripping Medals, 2013).
Encore : un missile, de fabrication suisse, est présenté à la verticale sur un socle à la façon de l’Oiseau de Brancusi
(Unha 3, 2012), à l’instar d’un totem glorieux. Dernière en date de ses créations dans cette veine évoquant le monde militaire et, en creux, sa violence, Drone a aussi pour raison d’être l’intérêt récurrent de Léa le Bricomte pour les animaux.
Des animaux dont elle a fait déjà des compagnons fidèles de sa très personnelle esthétique. Songeons en particulier
aux escargots. À ces placides gastéropodes, l’artiste a pu laisser ainsi le droit de coloniser la surface nue de son corps,
lors de patientes séances d’« esthétique sécrétionnelle », ou encore fournir l’opportunité de peindre, en les disposant
en nombre sur des toiles de feutre noir où les laisser à leur libre parcours (Peinture sécrétionnelle, 2007).
Cette œuvre aux entrées multiples (le génie de la nature, la liberté, Icare, l’omnivision…) n’est sans convoquer en filigrane la mémoire des guerres primitives, archaïques, humaines, pourrait-on dire, plus que simplement technologiques.
Et avec elle, une évolution que l’on peut considérer comme dommageable, la technique nous rendrait-elle au quotidien
d’exceptionnels services – la perte même de notre animalité constitutive. On le sait : les pigeons, longtemps, furent utilisés comme « armes » de guerre, dans le domaine de la transmission notamment. Leur capacité au vol, plus aisément
que le peut une estaffette, ne permet-elle pas de traverser les lignes ennemies ? L’aérostation, l’aviation, le développement de la radiocommunication, avec le 20ème siècle, vont cependant réduire l’importance tactique de ces messagers
efficaces, discrets et tenaces. Jusqu’à leur déclassement, que concrétise l’entrée dans l’ère des drones, leurs homologues mécaniques, qui prendront leur relève factuelle. De même que le faucon abandonne le poing du fauconnier sitôt
que se développe le fusil à poudre, le pigeon voyageur utilisé à fins martiales passe le relais à la machine de vision et
de communication autopilotée. Le mécanique, l’automate, dans les deux cas, déclassent le vivant.
Trop tard
Faire référence, à l’image de Drone, à l’« UAV », ce nouveau pigeon mécanique, lui, définitivement servile et obéissant
à l’homme – on peut prédéfinir et orienter son parcours avec précision et sans qu’intervienne la composante du hasard
– est loin d’être anodin. Le drone, aujourd’hui, est l’objet de nombreuses critiques, de la question de la responsabilité
de qui le manipule aux risques que fait courir son encombrante multiplication, facteur d’accidents (le Washington Post,
récemment, s’est procuré un rapport de 50 000 pages sur ces derniers, causés par la seule US Army), outre l’intrusion
clandestine qu’il facilite dans nos vies privées. Une thématique très contemporaine que celle de cet objet pour le moins
dérangeant, on en conviendra, au moment où l’on envisage l’utilisation massive de drones commerciaux à usage civil
(USA, 2015), fortement polémique qui plus est. Drone, de manière sensible et intelligente, évoque la relégation de la
nature et le concomitant triomphe de l’homme scientifique et de son univers technocratique. Un triomphe qui laisse perplexe, par la force des choses – l’homme, ici, est désarmé face à une technologie qui le soumet et induit tôt ou tard la
servitude, la défaite. Comment ne pas s’émerveiller, dès lors, du vol si peu mécanique des oiseaux ? Comment ne pas
désirer, aussi, que les pigeons volent de nouveau pour nous, nous espionneraient-ils, tout compte fait ? De quoi nous
préserver de l’œil mécanique de Big Brother, ce mauvais œil de l’âge contemporain.
Curieux plans de vols
Utiliser le pigeon pour exploiter sa capacité à voler ? Lui imposer de surcroît un travail comme le commande le projet
de l’œuvre « drone » ? Rien de simple, en vérité. Le pigeon d’élevage (le colombin, ou le ramier), quoique domestiqué,
n’est pas un animal servile. En dépit de son endurance légendaire, de plus, sa capacité d’emport s’avère minimale,
inférieure à 20 grammes. Le lester est risqué et détraque son vol, voire l’interdit. Aidée dans sa tâche par des colombophiles bénévoles, l’artiste opère en deux temps. Elle conçoit d’abord un harnais léger destiné à être passé autour du
cou et par-dessus la nuque de l’animal. S’étant assurée que le pigeon, ainsi harnaché, peut voler, elle équipe ensuite ce
harnais d’une caméra ventrale ultra-légère, à toutes fins d’enregistrer la séquence du vol. Cinq oiseaux, à l’artiste, vont
fournir bientôt une succession de points de vue vidéo, au hasard de leurs pérégrinations aériennes à Calais et autour
de la ville. Ces différents points de vue enregistrés, une fois récupérés, sont présentés tels quels par Léa Le Bricomte
sur plusieurs écrans de moniteurs. Ils forment l’expression ultime de l’œuvre, redoublée dans l’exposition parallèle des
tracés géographiques accomplis par les différents pigeons. Ceux-ci ont été reconstitués par l’artiste, qui les dessine directement sur une carte de la cité calaisienne et de ses environs, mer comme campagne. Drone, d’emblée, surprend le
spectateur des vidéos obtenues, un spectateur dont le regard va accompagner le vol de chaque pigeon du début à la fin
et de l’aire de lancement de ce dernier jusqu’au pigeonnier où l’oiseau revient de manière immanquable. Car si l’on vole
ici avec le pigeon, on vole aussi comme lui, d’un vol qui n’a rien des habitudes humaines du vol : d’une façon heurtée,
nerveuse, jamais reposée, rarement portée à planer, sans que l’on comprenne en vérité la raison d’être de la mobilité
de l’animal et le mobile de ses incessants changements de cap. Léa le Bricomte : « La nature des vidéos est étrange
car le pigeon, pour voler, doit battre constamment des ailes. Son corps est tout le temps en mouvement. De plus, il ne
vole pas toujours à plat mais penche et tournoie sans cesse. Les images obtenues sont très mouvementées, avec une
esthétique proche pourtant de la caméra de vidéosurveillance et des images d’opérations militaires. »
Colombe démilitarisée et vivant déclassé
Léa le Bricomte, avec Drone, nous fait rêver : pour la première fois, nous volons comme vole l’oiseau, avec lui, à juste
regarder les images. Le lien homme-animal, dans cette partie, est essentiel, il renvoie à une histoire où l’homme est
encore une composante de la nature, partie prenante de celle-ci de la réalité au mythe. Ce rêve, toutefois, se brise sans
délai. Ce n’est pas tant, avec Drone, la vue d’en haut qui intéresse l’artiste – comme avant elle Nadar photograhiant
Paris depuis un ballon ou encore les futuristes, qui vénéraient l’avion, par exemple – que ce que peut à la fois signifier
le monde selon l’animal et, par comparaison, le monde tel que nous le voyons, parcourons, cadrons et maîtrisons. Car
Drone révèle en creux un univers que nous avons perdu.
Lâcher de pigeons équipés de micros-caméras.
Portraits des pigeons réalisateurs des vidéos Drone
2014 (pigeons voyageurs équipés de micros-caméras).
Enregistrements vidéos réalisés
par des pigeons voyageurs équipés
de micro-caméras en juin et juillet
2014 à Calais et aux alentours.
Projet réalisé en collaboration avec
Philippe Odent (président du groupement colombophile du Calaisis),
avec la participation de René Van
Roose, de Daniel Lefebvre et de ses
oiseaux. Post-production : Mauricio
Pérez avec le soutien de Cristine
Casperti (Film Factory, Paris).
Pigeon de surveillance, photographie 2014
Medal, 2014 photographie et cadre médaille croix de guerre WW2, collection particulière.
The Golden Boy, action de recouvrement rituel
à la feuille d’or, avec la participation de Petch
Chor Vigo boxeur et entraineur au Lumpinee
stadium à Bangkok, Thailande. Exposition au
Bangkok Art Center septembre 2011.
Larmes de guerre et armes de vie . Raoul Vaneigem 2014
Il y a dans les plaidoyers et les sermons contre la guerre et la barbarie, que l’humanisme dispense
généreusement, une hypocrisie dont les divers degrés d’imposture ne sont pas toujours apparents.
Bien sûr, il est aisé de dénoncer le sac de riz qui cache le tank, la lutte contre la famine que enrichit
les mafias agro-alimentaires et le commerce des armes. On sait que l’aide humanitaire représente
une excellente publicité pour les affaires. Pour les Etats et pour les philanthropes la pratique de la
charité remplace avantageusement le projet d’une société fondée sur une véritable solidarité.
Mais qu’en est-il des pacifistes, à la pointe du combat ? Ne serait-il pas pertinent pour eux de commencer au préalable par examiner s’ils sont vraiment en paix avec leur propre existence ? Comment peut-on vitupérer la guerre en étant en guerre avec soi-même ? La plupart des discoureurs
qui exhortent si aisément à l’amour et à l’altruisme ne s’aiment guère et passent leur temps à se
tourmenter et à se sacrifier. Non par perversité mais par inertie. Ils subissent l’effet d’une tradition
millénaire qui leur a enseigné à haïr et à mépriser, au nom de l’esprit, un corps qui ne demande qu’à
s’épanouir dans le bonheur et à jouir de la vie.
Cette guerre intérieure et permanente, la sensibilité artistique excelle à l’exprimer. Tout art implique
un contact avec la vie, car celle-ci est sa source, elle l’abreuve, mieux, elle l’enivre d’une richesse
créative, sans laquelle il ne serait pas. Mais, dans le même temps, l ‘artiste est aussi la proie d’une
société essentiellement marchande où le pouvoir, la concurrence, la compétition tentent d’imposer
leurs lois. L’artiste sait ce qu’il lui en coûte d’être mobilisé malgré lui dans la guerre qui se livre
entre ce qu’il rêve d’être, en s’exprimant librement, et la reconnaissance publique dont son œuvre
a besoin. Cependant, il apprend très vite à distinguer deux types de renommée. L’une lui accorde
une place enviable sur le marché au prix d’une
gymnastique constante où combattre pour rester
à la mode ne va pas sans la déperdition de cette énergie et de cette passion si indispensables à la
création. Il y a là un choix où l’urgence n’est pas la meilleure conseillère.
L’art a besoin de maturation, non seulement pour se parfaire mais pour atteindre à ce point focal où
il rayonne de toute sa substance. C ’est là qu’il amorce son dépassement. Et le dépassement de l’art
n’est rien d’autre que l’art de vivre. A quoi tient la vraie reconnaissance de l’artiste ? A son œuvre
en tant qu’elle témoigne d’une volonté d’aller toujours plus loin. Ce qui, si l’on y réfléchit, correspond au mouvement de la vie en constante création et rompt avec l’existence répétitive, qu’impose
la morne nécessité de survivre. L’histoire des beaux arts art regorge de gloires mondialement établies, de valeurs sûres qu’il a suffi de quelques décennies pour réduire en cendres et dissiper dans
les fumées de l’oubli.
tortueuse, courber une nuque soumise et lever vers lui une tête éprise d’adoration ? Redescendre sur
terre, c’est véritablement s’élever. C’est ici que, infligée par les spéculations abstraites que répandent
la spéculation boursière et la politique des Etats, la souffrance est à l’état brut. La souffrance n’est pas
un mot, elle jaillit de la paupérisation croissante, elle coule des vies ruinées par la misère. C’est dans
cette réalité dramatiquement vécue que la conscience s’éveille ;que l’on perçoit le gouffre qui sépare
le mensonge quotidien des médias, contraignant les mots à travailler à leur bénéfice, et la réalité vécue
sous la botte des mafias bancaires ;celles qui, au nom du profit, détruisent tout sur leur passage et
roulent vers le néant en nous persuadant de les suivre de façon suicidaire dans leur déroute exterminatrice.
En cette guerre, il n’y a que des vaincus. Il faut donc faire la guerre à la guerre mais comment ? Dans
les époques de conscience prolétarienne, on aurait dit « »arrachons les canons des mains des oppresseurs et tournons les contre eux » Ainsi fit la Commune de Paris. Aujourd’hui les oppresseurs sont
anonymes, ce sont les aveugles rouages d’une système aberrant, d’une économie qui tourne à vide,
engrangeant un argent qui ne sert à rien, si ce n’est à se reproduire et à se perdre dans un gouffre
sans fond. Dès lors, l ‘idée qu’un obus serve à produire la mélodie d’un bol tibétain à de quoi nourrir
la réflexion. Ne nous arrêtons pas à ce qui pourrait n’être que la transformation d’une arme en instrument de musique, à une symphonie pour un ballet de chars d’assaut, à une fugue interprétée par des
orgues de Staline dont les tuyaux redimensionnés permettraient un jeu de cinq octaves.
Fourier n’a jamais manqué de rappeler que la musique, avec ses accords et ses désaccords - à résoudre, ou non - offrait à la société à venir un modèle d’harmonie. il y voyait le principe de cette attraction
universelle dont il tentait de montrer les heureux effets. A notre époque de désarroi où la sinistre utopie financière pousse le ridicule jusqu’à promettre le welfare state – l’état de bien-être - à ceux qui
consentent à travailler plus en renonçant à vivre, jamais ce que l’on continue de taxer d’utopie fouriériste n’a démontré à quel point il nous appartient aujourd’hui de mettre en œuvre la poésie d’une vie
quotidienne à créer. Les larmes sont partout mais les armes ont changé de bord et de nature. Ecoutez
les rumeurs de la vie qui s’éveille et sort de sa léthargie. Elle est la musique des désirs, la musique «
étonnement mélodieuse » qui étouffera les cris du profit et le bruit de bottes qui les accompagne.
Une œuvre qui reste en contact avec la vie possède en elle une semence impérissable. Elle demeure
fertile. Peu importe que le marché l’ignore si elle a la force d’ignorer le marché ; et cette force est
précisément celle que son auteur a investie dans le processus d’une création sans cesse renouvelée.
L’art est l’escalier de la conscience et plus proche il est de l’art de vivre, plus ses résonances se propulsent dans l’espace et dans le temps, comme une bombe à fragmentation qui serait chargée de
vie et non de mort. Les pires crimes de guerre sont ceux qui se fomentent avec des mots. Rabelais
évoque ces paroles qui virevoltent autour de nous et crient parce que, cherchant à retrouver la bouche qui les a proférées, ils découvrent que la gorge a été tranchées. Les appels au nationalisme ont
rempli des charniers aussi vastes que les territoires qu’ils prétendaient défendre, Le zèle des religions
propage partout le djiad et l’évangélisme du « Tuez-vous les uns les autres ! », La Chine écrase le
Tibet au nom du progrès, le capitalisme financier empoisonne les sols et les océans, désertifie la
terre, propage la paupérisation pour le bonheur de tous. Les médias tuent les oiseaux pour remplir
l’air de leurs mots qui débitent le mensonge, le désarroi, l’espoir illusoire, la haine. Ils se gardent
bien d’avouer que sur terre des gorges sont tranchées. L’ignominie de Céline ne tient pas à son antisémitisme, elle vient de ce qu’il occulte sous la grandiloquence haineuse de ses éjaculations
émotionnelles la réalité des cadavres amoncelés – et il le sait - dans les chambre à gaz de ses amis,
que l’on pendra pour l’exemple à Nuremberg, tandis qu’à la même époque les justiciers humanitaires
lynchent les noirs et noient dans le sang les révoltes des colonies.
Ce qui me plaît dans la démarche artistique de Léa Le Bricomte, c’est le retour à la base, au terre à
terre - au sens littéral du terme. Nous n’avons jamais cessé de nous mouvoir dans le ciel des idées.
Les Dieux, dit-on, en ont été chassés mais que peut-on attendre d’un mystérieux royaume d’au-delà,
censé gouverner le monde et inspirer à ceux d’en bas un respect qui leur fait, par une gymnastique
Free Rider, sculpture 2011-2012 (obus 18 pounders augmenté, roues de skate board).
WAH-WAR, sculpture (obus, enceinte et pédale wah wah) 2012.
MANDALA FOR BIRDS, action 2012.
réalisation d’un mandala en graines pour les oiseaux sur la place
du théatre de Calais, janvier 2012. Pour l’anniversaire de l’art de
Robert Filliou, en hommage à Giuseppe Belvedere.
Messagers,série de dessins (crayon sur papier 21x29,7) 2015.
Tirer dans les coins,
installation (cible pour le tir à l’arc) 2010.
Le souffle complice des Chasseurs/Chamans/Guerriers chez Léa Le Bricomte.
Guy Sioui Durand 2014
L’ordonnancement des drapeau
L’ALIGNEMENT
Cet essai ravive une complicité d’art vivant imprégnée de l’esprit mythologique des animaux.
Mon nomadisme de Wendat (Huron) à la recherche de l’art m’a fait quitté l’Amérique du Nord pour Calais.
Invité par Léa Le Bricomte, artiste qui est à fusionner l’autochtonie en œuvres sculpturales des dimensions
animalières, chamaniques et guerrières tant d’Asie que d’Amérique, nous y avons créé une manœuvre collective ---sorte de dépassement en contexte réel de la seule performance solo--- de plantation des drapeaux
autochtones comme « finissage » du plus vaste événement Monument le 29 novembre 2014 qui avait pris
place ici à Calais. L’événement performatif et l’endroit n’auront pas été fortuits, précédé d’une aura de sculpture sociale et de mythologie individuelle.
Des Wampums aux drapeaux amérindiens
Que signifie, au regard amérindien, porter son identité, la rendre visible ? La réponse à cette question aura
été une dimension essentielle à la manœuvre de plantation des drapeaux autochtones dans le parc Richelieu
devant le Musée d’art de Calais. Pour les Premières Nations algonquoiennes telles que les Comanches, les
Apaches et les Cheyennes du Nouveau-Mexique, les Sioux (Lakota, Dakota, Nakota) des Grandes Plaines,
les PekuakamIlnuatsh (Innus) de la Côte Nord, les Mig’maqs de la Côte Atlantique d’une part, ou iroquoiennes comme les Haudenausonés, Kanienkeha’a:ka (Mohawk), ou ma Nation, les Wendat (Hurons) des Terres
des boisés de l’Amérique, plusieurs distinctions nous différencient certes. Mais au fil de l’Histoire, des formes
syncrétistes ont pris place comme étendards. C’est le cas des drapeaux. Qui plus est, il y a une origine et
une filiation amérindiennes aux actuels drapeaux autochtones des Premières Nations D’Amérique du Nord.
Ce sont les wampums, ces grands colliers perlés, stylisés et utilisés comme traités géopolitiques. Transmis
par les gardiens des wampum, ils sont réinterprétés politiquement et artistiquement de générations en générations. L’esprit et les logos des wampums sont donc non seulement réinvestis diplomatiquement dans les
formes universelles des drapeaux autochtones adoptées par nos peuples dans les nouvelles reconfigurations
internationales, mais encore artistiquement. C’était là le premier propos de ma venue ici.
En art, le concept de masse critique importe. Surtout lorsqu’il est question d’événementiel et d’art vivant. Ça
signifie, non pas la quantité en nombres mais plutôt la densité qualitative qui assure la pleine signification de
l’activité comme présence et comme portée. C’est pleinement cette masse critique de ce qu’est au XXI’ siècle
l’imaginaire expressif-symbolique des Indiens d’Amérique du Nord par l’art qui a pris forme de déambulation
de plantation des drapeaux à Calais. Ainsi et de manière en apparence paradoxale, au «finissage» de l’événement Monument, dont l’exposition combinait une revisite iconoclaste plastiquement par des oeuvres audacieuses de mémoires guerrières passées, la déambulation collective ayant mené à la plantation des drapeaux
dans le parc Richelieu – allait affichait des histoires autochtones de drapeaux autochtones par lesquelles «le
passé a de l’avenir»!
Il y aura trois moments-clés à cette manœuvre : (1) la conscience commune des participants, (2) l’action
rituelle, (3) l’ordonnancement de la plantation des drapeaux dehors.
Le sens commun
La première sera palpable lors du ralentissement des marcheurs dans le tournant du chemin dans le parc.
Alors, la densité humaine des porteurs de drapeaux, parmi les grands arbres, la verdure et le soleil – tous
des éléments de l’écosystème de la Mère-Terre avant que de n’être qu’un aménagement comme espace
urbain public - s’y est fait pleine conscience d’être un Nous, d’être un ensemble comme « acte pour l’art ».
Le geste rituel
Le deuxième moment de déploiement de cette « masse critique » significative de la manœuvre aura lieu immédiatement après l’alignement, alors que des gens de la foule de tous âges assuraient avec moi et Léa ce
que j’appellerai ici « les relais et les passages » imaginaires et que le doux vent ensoleillé fit f flotter dans
l’espace et le temps de Calais. Il s’est agi de l’action rituelle des volutes de fumée pour la purification et la
guérison via l’offrande du tabac allumé en fumée à la Mère-Terre. Ce geste plaçait l’art action à la frontière
du rituel traditionnaliste et lie ensemble le politique (l’héraldisme) et le spirituel (l’esprit des formes) et renforçait la perception artistique de « l’esprit des Chasseurs/Chamans/Guerriers mis en formes par les logos
des drapeaux dont l’omniprésence du cercle et des références spirituelles aux Animaux.
Warriors a. - Warriors b. - Apache - Cheyenne - Mi’gmaq - Wendat - Sioux - Commanche - PekuakaIlnuatsh
Les particularités de l’alignement allant du drapeau Wendat rassembleur au centre, des drapeaux Mi’gmaq et
Sioux l’enserrant jusqu’aux pôles où, et le drapeau de la Société des Guerriers d’un côté, et le drapeau des
PekuakamIlnuatsh de l’autre côté, étaient non plantés dans le sol mais tenus par des personnes. Il y avait là
deux motivations d’importance.
LE MÂT RASSEMBLEUR
Le drapeau Wendat (Huron) planté au centre des autres dédouble ses significations : à celle diplomatique de
mon monde iroquoien, Wendake, s’ajoute encore plus fondamentale celle de l’esprit de la Mère-terre : le cercle
fait de foin d’odeur pour les cérémonies, les cours d’eau, les raquettes et le canot comme véhicules nomades
dans les territoires, mais encore de l’esprit des Animaux : le castor et les outardes, mais encore plus la tortue
(Yandia’wish), l’ours (Yanonnien’), le chevreuil (Oskenonton’) et du loup (Yanariskwa), emblématique de mon
clan dans la Yanon’chia, la Maison Longue traditionnaliste, toutes des composantes visuelles de l’emblème
Wendat. Ici encore politique et sacré se côtoyaient dans leur intemporalité des deux côtés de l’Atlantique. Le
drapeau de ma Nation, les Wendat (Hurons) au centre jouait la figure de rassembleur, un rôle immémorial
dévolu à notre Nation au sein de la Condéfération des Septs Feux iroquois.
LA GARDE RAPPROCHÉE
À la droite du drapeau Wendat fièrement se trouvait le drapeau des Mi’gmaq, une des dix Premières nations
au Kébec et dont les communautés occupent la péninsule gaspésienne. Tout comme une grande partie de
la population côtière comme celle à Calais, les Mi’gmaq sont un peuple marin. La présence de leur drapeau
ici marquait la fin du cycle de trois années (2012-104) du projet Mawita’jig (Offrandes, Territoires partagés
et Partager équitablement), un projet d’art aux activités reliant ensemble les communautés amérindiennes,
acadiennes et québécoises tant francophones qu’anglophones de la Baie des Chaleurs. Or, un moment politicoartistique fort de tout l’événement et qui s’est répété à deux reprises aura été l’élévation du drapeau Mi’gmac
au mât de l’hôtel de vile de Carleton-sur-Mer en substitution au drapeau du Québec. C’est aussi cette histoire
amérindienne de drapeau amérindien qui prenait place dans le parc devant le Musée d’art de Calais.
À la gauche du drapeau Wendat se trouvait immédiatement le drapeau de l’Oceti Sakowin Oyate Sioux, la
Confédération des Tribus Lakota, Dakota et Nakota. Le drapeau des Comanches le côtoyait, tandsi que vers la
droite, après ce lui des Mig’maq, on retrouvait ceux des Tsistsistas Cheyennes et des Apaches (Navajos, Hopis). Présents tous ensemble à Calais, ce bouquet de grandes Nations guerrières y anticipaient et marquaient
symboliquement la solidarité avec les étendards qui se trouveraient deux mois plus tard au devant du long
trajet refait à chevaux chaque année depuis 25 ans par nombre de représentants des Indiens des États-Unis
menés par le chef Lakota BigFoot sur plus de 200 km de la réserve de Stanford jusqu’à celle de Pine Ridge,
jusqu’à Wounded Knee, lieu sacré où, peu de temps après l’assassinat de Sitting Bull le 15 décembre, eut
lieu le massacre du 29 décembre 1890, histoire d’inscrire dans les revendications politiques d’aujourd’hui la
conscience vivace des guerres de résistance indienne contre la Conquête et la dépossession territoriale, mais
aussi de poursuivre un long mais nécessaire processus de guérison.
LES PÔLES AUX EXTRÉMITÉS
À chacune des extrémités, deux étendards ne furent pas plantés comme tel, les porteurs étant demeurés
in situ à les déployer à bout de bras. Comme j’avais tenu à l’expliquer sur place, il y avait pour chacun des
deux de bonnes justifications.
Pour ce qui est du drapeau des PekuakamIlnuatsh (innus) de Mashteuiatsh, l’histoire fabuleuse qui le ramenait
en sol européen justifiait assurément sa présence mais aussi sa non plantation. En 1993, la jeune artiste Innue Diane Robertson, invitée au Symposium International de Sculpture de St-Wendel en Allemagne, imagina
pour l’occasion un spectaculaire projet sculptural intitulé Voyage vers l’Ouest. Envers de l’endroit des voyages
de Conquête et de Christianisation européenne des Amériques (vers l’Est), dans notre cosmogonie autochtone spirituelle du cercle et des quatre directions, la sortie vers la porte de l’Ouest signifie aussi le voyage au
pays des morts, sa route vers l’au-delà. Prémonition ? Toujours est-il que Diane décéda tragiquement avant
de réaliser son œuvre. Un groupe d’ami(e)s proches dont je fis partie décida de réaliser sa sculpture à titre
d’Hommage posthume.
C’est ainsi que dans une clairière d’une pinède à St-Wendelle boisé de grands pins comme la pinède du
conflit de Kahnesatake-Oka au Kébec en 1990) --, un hélicoptère métaphore mécanique d’une grande
outarde survola et vint larguer le drapeau enroulé des PekuakamIlnuatsh, les Innus de Mashteuiatsh le
peuple de Diane Robertson, dans le cercle tracé de grandes plaques de métal. Vingt et un an après, notre
manœuvre ramenait la « mémoire » de cette plantation initiale comme une des histoires amérindiennes
des drapeaux amérindiens ! Ici aussi sacré et politique se superposaient.
Dans le cas de la Société des Guerriers Mohawks (iroquois), et à la demande des femmes de clans, lesquelles jouent un rôle décisionnel politique chez nous, ceux-ci ne se manifestent que lorsqu’il y a conflits
et besoins de protection du territoire ou des acquis traditionnels. Lors de la très médiatisée crise de Kahnesatake-Oka de l’été 1990 au Québec -- c’était la quatrième fois dans l’histoire canadienne que l’armée
intervenait à l’interne, une première fois contre les Métis au milieu du XIX’ siècle, puis trois fois au Québec:
la première dans la ville de Québec en 1914 contre les opposants à la conscription, la deuxième en 1970
via la Loi des mesures de guerre contre le groupe de militants terroristes du Front de libération du Québec
(FLQ), puis en 1990 contre les Indiens Mohawks de Kahnesatake et de Kahnawake près de Montréal. Toutefois, depuis le drapeau de la Société des Guerriers est utilisé dans tous les conflits autochtones contemporains pas seulement au Canada mais, mondialisation oblige, partout.
Son image de marque de la résistance autochtone a même stimulé l’imagination créatrice donnant lieu à
des modification des drapeaux officiels comme celui du Canada – par exemples, dans les années 1990, le
centre d’artistes Saw Gallery d’Ottawa a parrainé un projet d’une journée du drapeau ce qui a incité des
artistes, comme le Mohawk Greg Hill à substituer à la feuille d’érable trois plumes comme emblème d’un
Kanata «Indian Land». Ce logo a servi de cartes de visites officielles de la Délégation des Conservateurs
Autochtones du Canada à la Biennale de Venise 2011 dont j’ai fait partie, tandis que Greg Hill est maintenant conservateur en chef de l’art autochtone au Musée des Beaux-Arts du Canada à Ottawa et a été un des
trois commissaires de la grande exposition Sakahan, art indigène international de 2012. Cette dimension
artistique autre qu’héraldique, je tenais à la mettre au diapason de ma venue à Calais en temps de paix et
non de guerre, une dimension sous-jacente au plus large événement «Monument». À noter d’ailleurs que
de manière exceptionnelle, on retrouvait une variante plantée du drapeau de la Société des Guerriers,
sorte de signal d’une créativité qui vient de perpétuer avec une variante féministe du drapeau lié au mouvement de revendications « Idle No More » (Plus Jamais l’Inaction) en cours en Kanata (Canada).
L’aura chamanique de Calais
La Mémoire guerrière était convoqué par le projet Monument à Calais. C’était sans compter son aura de
mémoire artistique. En effet, en 1984, l’artiste chaman et politiquement engagé du côté de la sculpture
sociale comme art dans la vie Joseph Beuys présentait de sa première exposition en sol français au musée
d’art de Calais, Trente ans après, voilà qu’un Wendat (Huron) du Kébec (Québec) en Kanata (Canada) venait en complice y faire brûler du tabac en hommage aux grands arbres du parc Richelieu en face du même
musée à Calais, avant de planter des drapeaux autochtones en territoire européen. Tout sauf le hasard.
Sur place, Joseph Beuys réalisa au Musée une de se plus significatives entrevues. Elle fut filmée. Les premières images de la captation vidéo nous donne à voir Beuys qui regarde sur un petit écran une des mythiques performances, I like America and America like me: portant chapeau enrobé dans une couverture
en feutre et usant d’une canne, il cohabite avec un coyote. Elle avait eu lieu en Amérique, dix ans plus tôt,
en 1974. L’artiste chaman avait vécu trois jours avec un coyote dans la galerie René Block à New York. Le
coyote présent dans les Plaines centrales est, tout comme e corbeau sur la Côte Ouest) et le carcajou sur
la Côte Est, un animal sacré qui incarne le Trickster, personnage mythologique dans les contes chez nous
les Amérindiens. L’art action de Beuys visait à réconcilier à la fois la vision spirituelle amérindienne (le
coyote) à la vision eurasiatique (la canne) qu’à celle de la survie des humains (le feutre). Deux ans auparavant en 1982, Beuys avait complètement happé l’attraction de la Dokumenta à Kassel avec son immense
projet de plantation des 7000 chênes comme sculpture environnementale et, quelques mois plus tard, le
même Beuys, en compagnie d’artistes comme Robert Filliou, allait rencontrer le Dalaï Lama à Bonn. Le
chamanisme artistique de l’artiste politiquement engagé du XXe siècle, manifeste dans se matériaux de «
sculpture sociale », était lié autant à l’esprit amérindien des Animaux qu’à la lutte spirituelle et politique
des peuples opprimés comme les Tibétains et leur guide bouddhiste réincarné.
Des bombes à plumes aux pigeons drones
Dès mon arrivée à Calais j’ai visité l’exposition Monument au musée. L’incroyable ingéniosité critique
exposée m’a tout de suite plu. Toutes les œuvres y reconfiguraient en de multiples formes significatives
la conventionnelle monumentalité pour conscience historique figée. Faire œuvre imposait d’aborder le
temps -- le projet s’échelonnant sur plus de six mois --, comme un matériau. Il ne s’agissait guère d’agir
seulement au présent mais de convoquer les variables intemporelles. Elles sont d’ailleurs de l’ordre celles
des déterritorialisations appartenant à la mythologie comme à la technologie.
C’est ici que mon regard amérindien a repéré dans trois des oeuvres de Léa Le Bricomte (Guerres des
Tribus, Pigeons Drones, Sound Of War) incluses dans Monument les essentielles jonctions, à première
vue paradoxales, entre l’inclusion symbolique expressive de l’esprit des animaux et l’indissociabilité du
souffle spirituel qui noue ensemble les Chasseurs/Chamans/Guerriers que sont les artistes autochtones
actuels à la base de l’imaginaire et de l’art amérindiens. L’artiste avec son esprit, tout aussi dialectique,
de femme guerrière tanguant en prendre les armes pour désarmer et brandir afin de désamorcer, suggérait, comme le fait une horde de loups, trois pistes :
-celle du murmure féminisé de Guerres des Tribus, cette série de sculptures/projectiles (grenades, obus
et obus de mortier) plumés je reconnus instantanément la provenance de ces plumes perlées, l’artiste
étant venue les cueillir en ma compagnie chez les artisans de Wendake, ma réserve indienne ;
-Celle de la géniale animation vidéo du regard en vol des pigeons du territoire des humains (Pigeons Drones). La création a consisté à fixer des minuscules caméras à une armada de pigeons volant au-dessus
de Calais. La projection y condense en un montage serré « l’œil amérindien au regard de l’animal ». Cette
vue de l’esprit, cette perspective est issue de ces temps mythologiques où les OngweOngwe (Humains)
communiquaient d’égal à égal avec les Animaux. Catapultée à notre ère des nomadismes hyperliens,
cette « techno logos » continue d’avoir ses influences dans l’art de guérison et du respect de la MèreTerre. Sa toponymie en nos langages tout comme la dénomination de nos appartenances claniques et
même les Okis, ces esprits totémiques qui nous protègent, sourdent de l’esprit des animaux ;
-Celle de l’insondable élévation spirituelle des mandalas sonores, d’abord comme sculpture-installation
(Sound Of War) puis performés in situ en deux concerts par 13 musiciens, élargit le propos vers une
autochtonie universelle, œcuménique. Il faut écouter, méditer sur ce processus d’un renouvellement de
la sculpture sociale, déjà énoncée par Joseph Beuys ici même à Calais en 1984, débordant des aspects
contextuels et conceptuels en y arrimant la dimension spirituelle (le mot éthique étant inclus dans esthétique).
Voilà donc la complexité mnémonique, politique, poétique et épistémologique derrière la manœuvre de
plantation des drapeaux autochtones pour Monument. Si, derrière ces histoires amérindiennes de drapeaux, le champ de bataille allait de « Little Big Horne » (1876) aux bombardements de Calais (19401943), celui de la Paix est pourtant beaucoup plus élargi. Il est intemporel et universel. Si l’Histoire est
en effet plus que jamais un champ de batailles, il en appelle aussi à la guérison et à la Paix.
Ce faisant, parce que Léa le Bricomte est intervenue sous la forme d’un travail évolutif (« work in progress ») Toute l’ampleur de la complicité à laquelle Léa Le Bricomte m’avait convié comme manœuvre
de plantation des drapeaux autochtones des Indiens d’Amérique en sol européen, s’y enracinait avec
pertinence comme « finissage » du plus long projet Monument. Le même art comme attitudes multidisciplinaires cohabitait avec luminosité dedans et dehors, dans le musée et dans le parc.
C’est en ce sens que, stratégiquement, ma vision autochtone des drapeaux ayant traversé l’Atlantique,
l’aura chamanique de Calais et l’esprit de l’ensemble des œuvres soudant paradoxalement les symboliques des armes et des apparats guerriers pour en appeler à la paix de Léa Le Bricomte, ont participé à
concrétiser artistiquement des passages communs. Ils furent mythologiques, spirituels et géopolitiques
entre les gens, les lieux, les temporalités et les imaginaires. Autrement dit des réseautages, des liaisons
entre les univers, amérindiens, européens, asiatiques s’y enracinent et invitent à, reprenant une expression énoncée par Beuys dans son entrevue à Calais, « redéfinir l’avenir de l’humanité ».
Re-conquérir ! création d’un monument éphémère à Calais, novembre 2014
j’ai invité Guy Sioui Durand comme artiste représentant du peuple Huron Wendat à venir
planter sur le sol français 6 drapeaux de nations autochones amérindiennes comme une reprise du geste colonisateur mais inversé. Cette première action est le point de départ d’ungrand projet de conquête sensible et poétique du vieux continent par des représentants des
différents peuples autochtones du monde.
diplomes, études
* NO GO ZONE, galerie Lara Vincy, septembre 2015, Paris.
* WAR ROOM 2, YIA ART FAIR, galerie Lara Vincy, Le carreau du temple, octobre 2014, Paris.
* War Kit Beach, galerie L’oeil Histrion, décembre 2012, Hermanville-sur-mer.
* War Room, galerie Lara Vincy, mai-juin 2012, Paris.
* FEU ! Galerie le Préau, juin-juillet 2011, Nancy.
* Exposition de l’atelier Michel François, commissaire Joël Benzakin, janvier 2011 ENSBA Paris.
* Le Grand Paris de L’art Contemporain, septembre 2010, Abbaye de Maubuisson.
* One + One : Art et Rock, commissaire Bertrand Kelle, galerie Barbatruc, mai 2010 Longvic
* Sexe et Convenances 2, galerie Pascal Von Hoecke, avril-mai 2010 Paris.
* ARTPARIS and guests galerie Pascal Von Hoecke, mars 2010 au Grand Palais, Paris.
* Pour une poignée d’éros, galerie Jean-François Meyer, janvierfévrier 2010 Marseille.
* Ça sent l’sapin, MAM galerie, décembre 2009 Rouen.
* Cure, commissaire Francine Flandrin, hôpital Paul Brousse, octobre-novembre 2009, Villlejuif.
* Smoke on the water, Aka Renga/ Redbrick Housse, juin 2009 Yokohama, Japon.
* Parade69, galerie Dock sud, avril 2009, Sète.
* Gaude Mihi #2, galerie du HAÏDOUC, mai-juin2008, Bourges.
* Le temps retrouvé, galerie du Grand Hôtel, juillet-août 2008, Cabourg.
* Watch your step, au WHARF octobre-décembre2007, Hérouville Saint-Clair.
* Gaude Mihi, galerie Pascal Von Hoecke, novembre 2007, Paris.
* Projection de la vidéo Dancefloor pour escargots lubrillants au palais de Tokyo dans le cadre de la FIAC cinéma, octobre 2007, Paris.
Expositions collectives
Actions, performances
* Sans tambour ni trompette, cent ans de guerre 2, commissaire Julie Crenn, artothèque juin-septembre 2015, Caen.
* Les moustaches radar, résonances daliniennes dans l’art contemporain, Le Radar, juin-septembre 2015, Bayeux.
* Drawing Now, présenté par la galerie Lara Vincy, Carreau du Temple, mars 2015, Paris.
* Jeux de mémoires, EROA, mars 2015, Boulogne sur mer.
* Géographies Mouvantes, Faux mouvements hors les murs, novembre-décembre 2014, médiathèque de Forbach..
* Trucville 3, commissaire Bertrand Godot, École des Beaux-Arts, septembre-décembre 2014, Poitiers.
* Sans tambour ni trompette, cent ans de guerre, commissaire Julie Crenn, centre d’art la Graineterie, septembre-novembre 2014, Houilles.
* Aphrodisia, commissaire Sinziana Ravini, galerie Frédéric Castaing, septembre-novembre 2014, Paris.
* Works3, galerie L’oeil Histrion, le quatorze, septembre-octobre 2014, Caen.
* En réponse à la guerre, centre culturel de l’Entente Cordiale, août-octobre 2014, château d’Hardelot.
* Video forever : Birds, présentation du projet Drone par Paul Ardenne, musée de la Chasse et de la Nature, septembre 2014, Paris.
* 6 week-ends d’art contemporain, galerie My Monkey, août 2014, Nancy.
* 70 Combats pour la liberté, Le Radar, espace d’art actuel, juin-septembre 2014, Bayeux.
* Group Show, galerie Lara Vincy juin-septembre 2014, Paris.
* Légère inquiétude, commissaire Pascale Krief, galerie White Project, juin-juillet 2014, Paris.
* Monument, Musée des Beaux-Arts, mars-novembre 2014, Calais.
* Monument, Frac Basse Normandie, février-avril 2014, Caen.
* Plus jamais seul, galerie Standards Expositions, décembre 2013, Rennes.
* L’art des tranchées d’aujourd’hui, Syndicat Potentiel, décembre 2013, Strasbourg.
* Helter Skelter, galerie Nivet-Carzon, novembre-décembre 2013, Paris.
* Le cabinet de curiosités entomologiques, commissaire Lydie Jean-Dit-Pannel novembre-décembre 2013, Atelier des Vertus, Paris.
* YIA art fair, galerie Lara Vincy, octobre 2013, Loft sévigné et Bastille design center, Paris.
* Renard, Satellite Brindeau, la Manicle septembre 2013-février 2014, Havre.
* Dépaysement, exposition des Félicités des Beaux-Arts de Paris, septembre-novembre 2013, commissaire Gunnar B. Kravan au 104, Paris.
* Group Show, galerie Lara Vincy, juin-septembre 2013, Paris.
* Diary of a Thief, commissaire Stephen Sarrazin Juin 2013, Shibuya, Japon
* ONE+ONE 4: Art et Rock, la Ferronerie, juin 2013, Dijon.
* Slick Bruxelles, galerie Lara Vincy, avril 2013, Belgique.
* Poétique d’Objets, commissaire Marion Daniel, musée LAAC, avril 2013, Dunkerque.
* Ma Maison, MAM galerie mars-mai 2013, Rouen.
* Trucville 2, commissaire Bertrand Godot, galerie du Dourven, février 2013, Locquemeau.
* Il était une foi, centre d’art MAD, janvier-février 2013, Strasbourg.
* Anywhere multiples chez ALB galerie, décembre 2012, Paris.
* Roxy Rocky, commissaire Gwenael Billaud, ALB galerie, juin-juillet 2012, Paris.
* Je ne veux pas être consommé trop vite, Anywhere galerie à Immanence, mai 2012, Paris.
* Rêvons la ville, mai 2012- mars 2013 Musée de la ville, Saint-Quentin-en-Yvelines.
* Little Fukushima, Cité Internationale des Arts, mars 2012, Paris.
* Life Bloody Live, galerie Moretti et Moretti, février 2012, Paris.
* Exposition de l’atelier Michel François, commissaire Saâdane Afif, décembre 2011, ENSBA Paris.
* Goth MLF, commissaire Katia Feltrin, galerie des Vertus,novembre 2011, Paris.
* Warning, atelier Jean-Luc Vilmouth, novembre 2011 ENSBA, Paris.
* CHIC ART FAIR présentée par la Granville Gallery, Cité de la mode, octobre 2011, Paris.
* What do you see ? Bangkok Art and Culture Center, septembre 2011, Bangkok, Thailande.
* Trucville, Centre d’art le Carré. septembre-octobre 2011, Château Gontier.
* Prix Science Po pour l’art contemporain présentée par Anaïd Demir, mai 2011, Paris. ARTPARIS présentée par la
* Granville Gallery, mars-avril 2011 au Grand Palais, Paris.
* Hold-Up, atelier Jean-Luc Vilmouth, mars 2011, ENSBA Paris.
* Tout Contre Nature au Wharf, février-mai 2011, Hérouville Saint-Clair.
* LEGS, performance en duo avec Guy Sioui Durand, Espase Carré, février 2015, Montréal. Canada.
* Comment expliquer l’art autochtone à une boxeur? commissaire Guy Sioui Durand, librairie Formats, janvier 2015 Montréal.Canada.
* Re-conquérir, musée des Beaux arts de Calais avec la participation de Guy Sioui Durand, novembre 2014, Calais.
* Sounds of War, musée des Beaux-Arts, avec la participation 13 musiciens du conservatoire, septembre 2014, Calais.
* La stratégie de l’escargot, Festival Ist da wer, juillet 2014, Wolfenbuttel, Allemagne.
* Mandala for birds, dans le cadre de l’anniversaire de l’art, janvier 2013. Calais.
* It’s nice to be underground, action-concert avec Laura Le Parc dans le cadre du festival Entre cour et jardin, août 2012, Barbirey.
* Green Back, Installationperformance réalisée dans le cadre du festival Escrita na paisagem et de la16e biennale d’art contemporain
de Cerveira, juillet 2011, Portugal.
* Escargot Show, Opéra Shunté, mises en scènes performatives, installations vidéos et sonores.
* Le Trident scène nationale de Théâtre, mai 2011, Cherbourg.
* Installation vive, exposition Get in Get out, mars 2011, ENSBA Paris.
* Festival FIMA, juillet 2010, Montréal, Canada.
* Festival Art et Rock, concert avec Fox Magal et Bertrand Kelle, mai 2010, Dijon.
* Festival LIVE, octobre 2009, Vancouver, Canada.
* Performance lors de la soirée Miniature scénique #2, Église Saint-Sauveur, mai 2009, Caen.
* Performances dans l’espace public, Festival Infr’action, septembre 2008, Sète.
* Micro-concert avec Thierry Weyd, Miniatures Scéniques, mars 2008, Caen.
* Performance luisante au WHARF, décembre 2007, Hérouville Saint-Clair.
* Performance luisante, soirée Playtime, Frac Franche comté, novembre 2007, Besançon.
* Bac littéraire, lycée Notre Dame, Dijon 2005.
* ENBA ( école nationale des Beaux arts), Dijon 2005-2007.
* DNAP avec félicitations du jury, ESAM (école supérieur d’art et médias), Caen 2008.
* DNSEP avec félicitations du jury, ESAM Caen 2010.
* ENSBA Paris ateliers Jean-Luc Vilmouth et Michel François 2010-2012.
* DNSAP avec félicitations du jury, ENSBA Paris 2012.
Expositions personnelles
Performances, actions avec Alias Black Market
Alias Black Market est une formation ouverte de jeunes femmes artistes qui ont décidé de faire cohabiter leurs univers singuliers dans un
même espace temps. Chaque rencontre est une nouvelle expérience ! ABM c’est ;cinq filles toutes indépendantes, en autodérision qui ont assimilé les acquis féministes de leurs aînées. Cinq artistes libérées sondant leur résistance en inventant des rôles absurdes pour jouer à la vie, à la
mort. ABM c’est Léa Le Bricomte, Lucie Mercadal, Marie-Laurence Hocrelle, Lei Yang et Marie Aerts.
* Festival Paersche juin 2013, Bonn et Cologne, Allemagne.
* Festival RIAP au Lieu et à la Fonderie Darling septembre 2012 Québec et Montréal, Canada.
* Festival Infr’action, Institut culturel suédois, mai 2011. Paris
* Performance aux Ateliers Claus, décembre 2010, Bruxelles.
* Performance au Château de la Roche Guyon, Le Grand Paris de l’Art Contemporain, juin 2010.
* Festival Excentricités, École des Beaux-Arts, avril 2010. Besançon.
* Performance, MAM galerie, décembre 2009. Rouen
* Festival PO2ZIES, La Machinante, mai 2009, Montreuil.
* Manoeuvre sucré dans le cadre d’une carte blanche Esther Ferrer / Alias Black Market, Festival Bandits-mages,
mai 2009, Bourges.
* Performance à radio libertaire, mars 2009, Paris
* Festival L’été des arts, juillet 2008 à l’Olympic café, Paris.
* Performance dans le cadre de la nuit des musées, Galerie Interface, mai 2008, Dijon.
Résidences, interventions
* Résidence de création au Lac, juin 2015, île de la Réunion.
* Artiste intervenant auprès de la classe préparatoire, à l’école d’art de Calais, septembre 2014-avril 2015.
* Résidence de création et médiation, projet européen TAP, mars-septembre 2014, musée des Beaux arts, Calais.
* Résidence de création au LAC, avril 2013, Île de la Réunion.
Concerts, performances, exposition Stone et Charnel (en duo avec Joel Hubaut)
Joël Hubaut et Léa Le Bricomte, plasticiens aux univers bucoliques et étranges tentent d’expérimenter l’imprévisible
percolation entre poésie sonore et rock-métal par des processus flexibles et spontanés d’improvisation in situ et cela comme
un prolongement possible de leurs expériences plastiques. Entre cabaret et performance, leur attitude hybride expansée, (voix
amplifiée, guitare expérimentale, gestes incongrus), engendre un mix scénique aléatoire qui convoque autant le concert que la
sculpture. Aucune intention préméditée, c’est la situation et le contexte éprouvé en temps réel qui déclenche le pulse de la transe
dans le cadre traversé. Une proposition énergique, décalée, trouble, conceptuellement punko-zen et tragiquement parodique.
* Festival Millefeuilles, mai 2015, Nantes.
* Festival Periferias, commissaire Valentin Torrens, novembre 2014, Huesca, Espagne.
* 23 performances, commissaire Franck Ancel, Librairie Mona Lisait, octobre 2014, Paris.
* Concert dans un arbre, esplanade des beaux-arts FRAC Réunion, avril 2013, Île de la Réunion.
* Concert conceptuel, festival FRASQ, octobre 2012, le Générateur, Gentilly.
* Festival ZOA, théâtre de la Loge, octobre 2012, Paris.
* Concert fantôme avec Julien Tibéri, CEKC, École des Beaux-Arts de Cergy.
* Festival Live Action mai 2012 Goetborg, Suède
* Concert sur canapé, festival Place à l’art performance au Théâtre de verre, octobre 2011,Paris.
* Festival les Voix de la Méditerranée, juillet 2011, Lodève.
* Festival Toi cour, moi jardin; scène nationale du Trident Galerie Point du Jour, mai 2011, Cherbourg.
* Festival One + One 2, art et rock, Galerie Barnoud, avril 2011, Dijon.
* Exposition collective Musiques Plastiques, Galerie du jour Agnès B, janvier 2011, Paris.
* Performance au Gambetta, programmation de Charlotte Battifol, janvier 2011, Paris.
* Concert aux ateliers Claus, décembre 2010, Bruxelles.
* Festival Résurgences, La Plateforme novembre 2010, Paris
* 25e Festival Internationale de théâtre de rue d’Aurillac (programmation officielle) août 2010.
* Festival Imaginer Maintenant, Centre Pompidou, juillet 2010, Metz.
* Festival d’art numérique DATABAZ, novembre 2009, Angoulême.
* Festival Infr’action, Institut culturel suédois, mai 2009, Paris.
* Festival PO2ZIES, La Machinante, mai 2009, Montreuil.
* Performance pour l’inauguration de la Kunsthalle de Mulhouse, mars 2009.
* Performance Récession, FRACTAL MUSIC, Festival Poésie / nuit, CDN mars 2009, Caen.
* Performance Tatouage épidémik, Centre d’art l’Onde mai 2008, Vélizy Villacoublay.
* Festival d’arts numériques et sonores Transe Atlantique, octobre 2008, Pau.
* Festival Infr’action, musée Paul Valéry, septembre 2008, Sète.
* Festival l’été des arts au CRANE, juillet 2008, Chevigny et Drée.
* Performance pour les 5 ans de la galerie / librairie La Mauvaise
* Réputation au CAPC, Bordeaux. Festival d’arts numériques et sonores Accès(s), école des Beaux-Arts, décembre 2007, Pau.
* Festival Les Cris Poétiques, novembre 2007 au vélo-théâtre, APT.
* Festival de poésie sonore galerie Jean-François Meyer, novembre 2007, Marseille.
* Festival de musique improvisée Densités, octobre 2007, Metz.
* Nuit Blanche en hommage à Raoul Haussman, octobre 2007 les éditions Al Dante, Limoges.
* Festival Infr’Action, MIAM (Musée International des Arts Modestes), septembre 2007, Sète.
* Interview, Joze magazine, février 2012.
* Catalogue de la 16e biennale d’art contemporain de Cerveira, juillet 2011, Portugual.
* Monographie édité pour l’exposition FEU! Au Préau, Nancy, Juin 2011.
* Catalogue Prix science Po pour l’art contemporain, édition SciencesPo, Les Presses, avril 2011.
* Catalogue ARTPARIS 2011. Granville Gallery.
* Catalogue Musique Plastique,éditions Agnès b, février 2011.
* Catalogue Le Grand Pari(s) de l’Art Contemporain, Xérus éditions, septembre 2010.
* Catalogue One Shot, Art Performance Aurillac, édition éclat, août 2010.
* Parution revue Action poétique n° 200, juin 2010.
* Mensomadaire émission réalisé par Loic Connanski pour canal +, février 2010.
* Catalogue Carnet de Cure, édition et conception Francine Flandrin, octobre 2009.
* Participation au Cd audio (Fractal music) crunchy crunch, production Station Mir, mars 2009.
* Parution de 5 photographies (une par jour pendant une semaine) dans le quotidien gratuit Métro.
Commissaire Gilles Ouaki, novembre 2008.
Parutions
* Revue Oppossum, dirigé par Pierre Bongiovanni, avril 2015.
* WAR ROOM, monographie éditée par le musée des Beaux arts de Calais, projet européen TAP, décembre 2014.
* Roman d’exposition Aphrodisia de Sinziana Ravini, Mongolfier éditions, septembre 2014.
* Catalogue de l’exposition En réponse à la guerre, Smac éditions, juillet 2014.
* Catalogue de l’exposition 70 combats pour la liberté, le Radar éditions, juin 2014.
* Article de Clio Weickert sur l’exposition Monument, Télérama n° 3353, 19 avril 2014.
* Article de Maev Kennedy sur l’exposition Monument, The Guardian, 18 mars 2014.
* Participation à l’émission Ouvert la nuit du 17 octobre 2013, France Inter.
* Catalogue de l’exposition Dépaysements, ENSBA éditions, octobre 2013.
* Catalogue des diplômés 2012 des Beaux-Arts de Paris, ENSBA éditions, octobre 2013.
* Article sur l’exposition Poétique d’objet, musée LAAC, ARTS magazine n° 77, juin 2013.
* Catalogue Poétique d’objets, musée LAAC (lieu d’art et action contemporaine de Dunkerque) éditions Dilecta, avril 2013.
* Présentation du travail de Léa Le Bricomte par Anaïd Demir au Palais de Tokyo dans le cadre d’une Pecha Kucha de
la critique d’art, oragnisé par AICA France, mars 2013. Paris.
* Interview et couverture du magazine Grandbag open revue février 2013.
* Reportage sur l’action Mandala for Birds Calais FR3 Nord-Pas-de-Calais, janvier 2013.
* Catalogue RIAP 2012 (rencontre internationale d’art performance), éditions interventions, Québec. Canada.
* Reportage sur l’exposition War Kit Beach, Fr3 Basse Normandie décembre 2012
* Article de Philippe Dagen dans le Monde du 2 au 4 juin 2012.
* Monographie édité pour l’exposition War Room éditions Lara Vincy, mai 2012.
* Revue INTER, art actuel n°112, Sexes à bras le corps, avril 2012, éditions interventions, Québec, Canada.
Border line, photographie 2010.
Opération escargot, Sète.
E TEA TIME, photographie 2008.

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