Le coup de foudre
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Le coup de foudre
technique Le coup de foudre : limiter les dégâts potentiels ? Connaître la foudre et les risques qu’elle emporte avec elle, c’est bien. Mettre en place quelques dispositions simples pour s’en protéger et éviter les accidents et les dégâts matériels, c’est mieux ! Que dit radio ponton ? Photo et illus © Pierre Lang Pour Thoè, j’avais demandé leur avis au chantier et au sous-traitant chargé de l’électricité et de l’électronique. J’ai écrit « leur » au singulier, m’estimant heureux si j’en recevais ne fut-ce qu’un avis en retour. Réponse : point d’interrogation ! À en croire le silence, si un problème est inconnu, incompris, non maîtrisé ou complexe, le mieux est de l’ignorer ! Alors, on se tourne vers radio ponton, qui sait tout sur tout. L’expérience montre qu’il est rarement de bon conseil, mais comme l’on n’a rien d’autre à se mettre sous la dent, c’est mieux que rien. 36 D’aucuns, s’inspirant du paratonnerre terrestre, laissent pendre une chaîne dans l’eau, qui est tournée autour du mât. D’autres, apparemment plus rigoureux, raccordent le mât à la quille ou mieux à une plaque de mise à la terre collée sous la coque. Si les connexions sont bien faites (ce n’est pas le cas pour la chaîne) de quoi cela protège-t-il ? Est-ce suffisant ? Le schéma ci-après (voir YS 913), montre la réponse. Le niveau de protection est donné par la couleur : vert = bon, coup direct coup distant rouge-noir = partiel. La protection des phénomènes surtensions dans électromagnétiques lignes de terre personnes nécessite des précautions effets effets effets supplémentaires. Un directs induits induits équipier qui se tient trop proche du pasdégâts aux morts surtensions surtensions sage du courant de structures accidents électriques électriques 10/350 µs 8/20 µs foudre prend un risque. Il en est de même pour la protection contre les effets induits. Rien n’empêche la foudre, tombant sur l’antenne VHF d’attaquer sans limites le tableau électrique et l’électronique. coup de foudre Consignes pour le skipper Suspendre les activités quand l’orage est à moins de 30 secondes. Attendre 30 minutes après la fin de l’orage avant de reprendre les activités extérieures. ➤ Mettre en place les dispositifs amovibles de protection temporaire du bateau. ➤ Imposer au bateau une allure prudente de sauvegarde, selon une route s’écartant du nuage (la force de Coriolis le fait dévier vers sa droite dans l’hémisphère nord). ➤ Limiter la présence d’équipiers sur le pont au minimum. Consignes pour tout l’équipage ➤ Les personnes doivent rester à l’intérieur de la cabine, par exemple assises, pieds joints, sans se toucher les unes les autres, ou couchées dans leur cabine. Ne pas toucher, mais rester éloigné des parois, technique ➤ ➤ ➤ ➤ des équipements, des grosses masses métalliques (réservoirs, etc.) et des lignes de mise à la terre, même s’ils sont cachés par une cloison ! Par prudence, se débarrasser des objets métalliques que l’on porte sur soi (montre, gourmette, chaîne, téléphone mobile, outils, décale-manilles, coupeorin, canif ou clefs dans les poches, etc.). Ne pas rester sur des éléments élevés (roof). Ne pas aller nager (si c’est indispensable, rester entièrement dans l’eau). Protéger ses oreilles pour éviter les chocs acoustiques et ses yeux en ne regardant pas l’orage approcher. Protection contre les effets induits Ici, il s’agit d’un niveau de protection qui se heurte à des difficultés technico-économiques dues à la (petite) taille de nos bateaux et au (grand) nombre de câbles passant (souvent en tous sens) dans un espace exigu. Comme souvent, nous allons devoir faire des compromis et des impasses. En pratique, la protection contre les effets induits par la foudre restera mal implémentée. Para-surtenseurs En principe, tout ce qui est électrique et électronique (y compris les antennes et les câblages informatiques) devrait être protégé contre les surtensions induites par les coups directs et indirects, par des para-surtenseurs. Ces dispositifs électrotechniques limitent les surtensions propagées en aval. Il y en trois types, selon le niveau des surtensions supportées, depuis les plus grandes (dues aux coups directs), jusqu’à la protection individuelle des appareils. Rares sont ceux qui investiront dans une panoplie complète de para-surtenseurs. Il est plus économique d’emporter un GPS et un PC de secours, pour le cas peu probable, où tout serait détruit malgré les précautions physiques simples que l’on peut mettre en oeuvre pour réduire le risque. Protection complémentaire contre les effets directs À ce stade, qui est celui des bateaux dont le propriétaire « a mis en place les dispositions de base de radio ponton » on peut dire que (1) la structure du bateau est relativement bien protégée, (2) les personnes courent un risque minimum, (3) il y a moyen de faire mieux et (4) rien n’a été fait pour protéger l’électronique et les circuits électriques. Il est pourtant possible d’augmenter la protection. Rappelez-vous la tension de pas : la foudre peut faire de sauts de 50 cm à travers l’air (YS 914). Voici, par exemple, les dispositions mises en place ou prévues sur Thoè (après coup, puisque rien n’a été prévu à sa conception). Pour éviter que la foudre n’attaque directement le tableau électrique : ➤ Les cadènes, les supports du portique, les balcons et les pieds de plusieurs chandeliers sont raccordés au système de mise à la terre. Cela améliore la protection en créant une cage de Faraday plus efficace. ➤ Les grosses masses métalliques sont raccordées à la terre. ➤ Tous les câbles (12 V, antennes, etc.) descendant du mât et du portique peuvent être rapidement déconnectés. Les câbles, côté équipement, peuvent être écartés à plus de 50 cm de ceux menant au tableau. ➤ Leurs connecteurs sont temporairement raccordés au système de mise à la terre. Les antennes et feux qui seraient de toute façon détruits par la foudre jouent le rôle de parafoudre sacrificiel. ➤ Le nombre d’antennes installées en hauteur devrait être limité. Elles peuvent être installées à une hauteur intermédiaire, protégées par le gréement. Système de raccordement à la terre 1 3 2 1. Déconnexion des câbles du mât 2. Mise à la terre des câbles du mât 3. Connexion du pied de mât à la quille Il ne faut pas confondre protection contre la foudre avec la mise à la terre des équipements du bateau. Les interconnexions éventuelles entre les deux ne doivent pas être conçues n’importe comment. Les équipements doivent être tenus à distance du réseau de mise à la terre. ➤ La boucle principale de mise à la terre et ses raccordements aux systèmes de capture doivent être largement dimensionnés (21 mm²). ➤ Les autres raccordements, par exemple gun balcon à une cadène, peuvent être moins largement dimensionnés (13mm2). ➤ Les lignes doivent emprunter le plus court chemin pour rejoindre la terre. Elles doivent toujours descendre, ne former ni boucles ni angles aigus et ne pas remonter vers le haut. Le rayon de courbure doit être de minimum 200 mm. ➤ Préférer du câble rigide à du câble souple, car son inductance est plus faible. ➤ L’électricité se propage sur la surface des conducteurs. Pour assurer un bon raccordement d’un >>> 37 technique Le coup de foudre : limiter les dégâts potentiels ? Photo et illus © Pierre Lang >>> élément de section importante, il est préférable de le ceinturer convenablement, plutôt que de prévoir une connexion ponctuelle. La protection à absolue n’existant pas plus que le risque zéro, il reste toujours à la foudre de l’espace pour causer des dégâts. Ces protections sont donc très utiles, mais pas du tout suffisantes. L’erreur typique de radio ponton est de se penser (pour autant que radio ponton soit en mesure de penser) que si ces dispositions ne résolvent pas tout, elles ne résolvent rien. La bonne stratégie consiste pourtant à compléter le dispositif par ces autres mesures à la fois simples et appropriées. • Pierre Lang Journal et eBook sur Internet : www.thoe.be Moorings offre un abonnement gratuit* à Yachting Sud pour toute nouvelle location de voilier. 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