Idée d`une histoire universelle au point de vue cosmopolite
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Idée d`une histoire universelle au point de vue cosmopolite
http://bit.ly/objectifbaces Idée d’une histoire universelle au point de vue cosmopolite Emmanuel Kant 1. Quelles sont les dispositions fondamentales de l’homme et de l’animal ? (première proposition) L’homme et l’animal sont des êtres finis et déterminés. Autrement dit, ils sont constitués d’une nature qui est faite pour être accomplie dans un but précis et donné. 2. En quel sens peut-on parler d’une « histoire de la raison » ? L’histoire de la raison est en fait pour Kant l’histoire de l’homme. Car la raison est le propre de l’homme et il explique ici que cette faculté de bon jugement qu’est la raison a permis à l’Homme tout au long de son histoire d’élever son espèce jusqu’au niveau qui est parfaitement conforme à son dessein. Cette histoire s’étend sur plusieurs générations et a permis à l’Homme d’évoluer et de s’adapter. 3. Expliquez la théorie de l’insociable sociabilité ? (quatrième proposition) La théorie de l’insociable sociabilité expose la dualité de la nature de l’Homme. C’est précisément son incontrôlable volonté d’être tout et son contraire. Ici, la théorie de Kant repose sur la tendance de l’homme à vouloir s’intégrer en société, à s’associer, afin d’accomplir ce qu’il considère être sa nature propre, dans la lignée directe et logique de son dessein, ou encore du « fil conducteur » qui dirige ses aspirations, ses ambitions et dont Kant parle dans la Première proposition, alors que ce même Homme décide de s’isoler, afin de rester avec lui-même, avec un caractère qu’il comprend et apprécie, pour reprendre les termes de Kant : pour rester avec sa propre singularité (d’où le fait qu’il se singularise). Cette dernière tendance relève à la fois du caractère égoïste et suffisant de l’homme avec lui-même, mais aussi d’une certain volonté d’être seul parmi les autres, autrement dit d’exister en particulier par rapport aux autres, de diriger, s’affirmer, résister à la société qui l’entoure. Cet oxymore, antagonisme de l’Homme est rapporté à un antagonisme inscrit dans la nature humaine. 4. Selon quels modèles l’insociabilité et la sociabilité sont-elles présentées ? (quatrième proposition) L’insociabilité et la sociabilité sont présentées selon des modèles sociaux. En effet, Kant pense l’insociabilité non pas une défaillance ou une incapacité de l’Homme mais bien au contraire comme une qualité qui lui permet de trouver l’équilibre que la nature veut pour son espèce. Ce modèle égoïste et vaniteux de l’insociabilité permet de raccrocher l’homme à sa nature, à son fil conducteur. La sociabilité renvoi aux désirs moraux de l’homme. La nature a fait de lui une espèce qui a aussi besoin de communiquer au lieu de s’isoler, d’échanger au lieu de s’écouter, d’aimer, d’avoir un rapport avec autrui. La société n’est pas pour l’homme qu’un lieu de satisfaction de ses intérêts personnels mais aussi une aspiration au désir de l’autre. C’est son humanité au sens social. 5. Quel est le philosophe auquel Kant se réfère pour penser l’insociable sociabilité ? (quatrième proposition) Kant fait référence dans la Quatrième proposition à Rousseau pour penser l’insociable sociabilité à travers l’étude rousseauiste de la perfectibilité. © Clément ROCHON • 2013 • Tous droits réservés http://bit.ly/objectifbaces http://bit.ly/objectifbaces 6. Définissez l’histoire au point de vue anthropologique, politique et cosmopolitique. Au point de vue anthropologique, l’histoire est une succession d‘événements universels et particuliers à la fois, et Kant s’intéresse précisément dans cette œuvre à déterminer si cette succession d’évènements est chaotique, incertaine ou alors si elle suit un fil conducteur, en d’autres termes si elle a un sens. Cette dualité entre l’universalité - c’est-àdire le fait que l’histoire humaine et sa succession sans fin d’événement puisse concerner toute une société à la fois - et la particularité - c’est-à-dire des évènements qui appartiennent à chaque individu, qui sont propres - rejoint la conception du cosmopolitisme, consistant à toucher l’universalité sans renier sa particularité. La définition de l’histoire ici au point de vue politique (Politikos, indique le cadre général d'une société organisée et développée) serait celle d’une succession de conditions et de règles que l’homme va créer et rattacher à sa société afin d’en faire une “organisation civile d’une équité parfaite”. Ces règles sont l’histoire au point de vue politique, où la force universelle, l’emporte sur les forces particulières : ma liberté est limitée par la liberté des autres. 7. Comment l’émergence d’une société est-elle possible ? L’émergence d’une société n’est que le résultat d’une construction sociale et politique humaine. En effet, Kant associe l’Histoire au théâtre d’une constitution politique parfaite. L’homme a pour but d’envisager une histoire (et une vie) meilleure dans l’avenir. Le problème est qu’instituer un Etat en faisant des lois garantissant la liberté de tous c’est en même temps les imposer à ceux dont la volonté égoïste est d’agir librement. Or l’Homme ne veut pas faire d’un Etat ou d’une société un tyran. Kant propose donc dans la Sixième proposition qu’il faut des hommes pour commander aux hommes. De la même façon que l’homme éduque l’enfant, il faut des lois pour qu’il y ait des hommes justes et il faut des hommes justes pour qu’il y ait des lois. Pour rendre possible l’émergence d’une société, Kant se rapproche d’un idéal : de l’idée de constitution parfaite. C’est un fil conducteur (un peu comme ce que l’on recherchait dans la question précédente) mais qui est plus ici une objectif que l’on sait inatteignable. Kant explique que pour que l’Etat réalisé soit le meilleur possible, il est nécessaire de posséder des concepts exacts, de l’expérience et une bonne volonté. 8. Que symbolise le progrès du droit et comment se produit-il ? Kant considère l’évolution morale des hommes et de leurs sociétés comme des espoirs exagérés de progrès, des sortes de rêveries. Le progrès du droit symbolise pour Kant une « idée régulative de la raison pratique juridique », c’est une nécessité qui s’inscrit dans la pratique et non dans la théorie. Le progrès du droit rejette l’idée du non-sens de l’histoire. Le progrès du droit n’est produit ni par un instinct, ni par une planification, mais par la nature humaine. 9. Comment le dépassement des intérêts égoïstes des Hommes est-il possible ? Kant établit dans la Neuvième proposition qu’il existe une solution pour envisager l’histoire de façon universelle et lui attribuer un but : il s’agit de l’unification politique totale. L’Homme peut dépasser ses intérêts en envisageant l’histoire philosophiquement : c’est dépasser les détails pour saisir un plan d’ensemble. On rejoins ici ce que l’on disait à la question 7 : il ne s’agit pas de modifier l’histoire passée, mais d’imaginer l’avenir de l’histoire, de faire de l’Homme un acteur de cette histoire, afin de le rendre sensible à ce que l’Histoire retiendra de lui. Et imaginer ce que l’Histoire retiendra de nous, c’est s’obliger à agir de façon respectable. © Clément ROCHON • 2013 • Tous droits réservés http://bit.ly/objectifbaces http://bit.ly/objectifbaces 10. La nature est-elle l’agent du progrès ou l’obstacle contre lequel le progrès doit s’accomplir ? Le concept de nature humaine souligne l'idée que les êtres humains ont en commun certaines caractéristiques essentielles, une nature limitée et des comportements spécifiques. C’est d’ailleurs ce qui les différencie des autres espèces animales. En ce sens, et comme défini dans la question 8), la nature est l’agent du progrès. Elle permet de faire vivre l’espoir et de considérer un espoir indéfini qui conceptualise une fin de l’Histoire en tant que but et non de terme. La nature humaine est ce fil conducteur (cf. question 6) qui permet à l’Homme d’accomplir le progrès. © Clément ROCHON • 2013 • Tous droits réservés http://bit.ly/objectifbaces