ACTUALITé - ÉCONOMIE Le projet d`hôtel de luxe fait débat France
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ACTUALITé - ÉCONOMIE Le projet d'hôtel de luxe fait débat France-Antilles Guadeloupe 03.12.2014 Harry MAPOLIN Le bâtonnier Gérard Plumasseau, Teddy Marie, premier adjoint, et Laurent Bernier, maire de Saint-François, l'air satisfait à l'issue du conseil. (H.M.) Le projet de création d'un complexe hôtelier haut de gamme à l'emplacement de l'ancien hôtel Meridien-Kalenda a retenu l'attention du conseil municipal lundi soir. Un avocat et le représentant syndical de l'UGTG se sont également déplacés pour ce point. Sarl Lafayette Patrimoine Finances d'Eddy Vingataramin a remporté l'appel à projets pour la création d'une offre touristique internationale à l'emplacement de l'hôtel Kalenda. Le foncier a coûté près de 11 millions d'euros à la Ville, pour l'achat et la démolition de l'ancien hôtel. L'opposition municipale ne souhaite pas que ce bien communal soit utilisé n'importe comment. Pour éclaircir la situation, Laurent Bernier a invité le bâtonnier Gérard Plumasseau, l'un des avocats de la Ville, à répondre aux questions juridiques sur ce dossier. « Il fallait au moins rassurer les investisseurs sur le fait que le terrain était constructible, d'où la délivrance du permis de construire », a-t-il d'emblée expliqué, en réponse à une question de l'opposition. Autre précaution prise par la Ville : classer le terrain en zone UTB ou zone touristique naturelle, pour éviter qu'il soit dévié de son usage initial. La municipalité a également exigé qu'une trentaine de villas touristiques soient construites autour d'un hôtel, toujours en haut de gamme. « Rien ne se fera en défiscalisation, afin d'éviter les dérives qu'on a connues avec les autres hôtels! », a martelé le maire. Ce dernier a également exigé que les villas touristiques soient louées durant les 40 années du bail. À terme, si les propriétaires décident de les vendre, la Ville sera prioritaire pour en faire l'acquisition. Un moyen de garantir le maintien du foncier pour lequel elle s'est endettée. COMMENT RENTRER DANS SES FONDS Le dossier stipule que : - la Ville cède au titulaire du projet 3 des 4,7 hectares achetés à l'anse Champagne, à l'emplacement de l'ex-Kalenda. Le titulaire s'engage à y réaliser des infrastructures touristiques haut de gamme. - La Ville octroie un terrain de 1,7 hectare au titulaire du projet qui devra y construire un hôtel haut de gamme et le conserver en bon état pendant toute la durée du bail, soit 40 ans. Le projet sera associé au golf, dont la clientèle est demandeuse d'hôtels 4 ou 5 étoiles. En contrepartie, la Ville recevra de Lafayette Patrimoine Finances : - 7 millions d'euros hors taxe pour la cession du terrain. - Au titre du bail à construire : un loyer annuel de 200 000 euros hors taxes et hors charges pour les six premières années du bail. - Un loyer annuel de 100 000 euros hors taxe et hors charges à partir de la septième année. De l'avis de la municipalité, toutes les mesures sont prises pour que la commune rentre dans ses fonds le plus rapidement possible et que ce projet donne une dimension nouvelle au tourisme en Guadeloupe. SON AVIS - Le grain de sel du syndicaliste Charly Lendo L'affaire a attiré l'attention du syndicat UTHR-UGTG, dont une délégation menée par Charly Lendo est venue suivre les débats. L'arrivée de cette délégation pratiquement à la fin des débats a attiré l'attention de tous. Resté dans le hall, faute de place assise, la délégation a échangé avec le bâtonnier et des cadres administratifs. Tous se sont entendus sur le fait qu'il fallait rehausser la qualité de l'offre hôtelière pour sauver ce secteur. D'après Charly Lendo, ce système de villas touristiques autour d'un hôtel serait une copie de ce que l'Auberge de la Vieille Tour et le Manganao faisaient déjà et qui a montré ses failles, quand les villas d'à côté ont été vendues. Les syndicalistes sont attentifs au sort qui sera réservé aux anciens employés de l'hôtel Kalenda, qui devraient être prioritaires. Mais déjà, la municipalité parle de personnel formé et compétent pour occuper les postes dans ce type d'hôtel à quatre ou cinq étoiles. Les syndicalistes s'accordent avec la Ville pour dire que la réussite d'un tel projet nécessite une clientèle de luxe qui peut être attirée par le golf situé à proximité. Mais ils ajoutent la nécessité de trouver un tour opérator approprié, ainsi qu'une desserte aérienne appropriée à partir d'une plateforme aéroportuaire adaptée. Et ils émettent des doutes sur ces deux derniers points. Contraste entre le bourg et le luxe hôtelier Face à ce projet luxueux, certains élus se demandent si la Ville sera à la hauteur de cette clientèle de luxe. Le maire, tout en reconnaissant l'existence de nombreuses dents creuses qui dégradent l'harmonie architecturale de sa ville, parle de réaliser des travaux dans certaines rues et d'améliorer l'éclairage public.