Télégramme 25 avril 2010

Transcription

Télégramme 25 avril 2010
Quimper
Dimanche 25 avril 2010
Jazz Festival. La musique en liberté
Une heure de prestation sous
chapiteau pour les « Repris de
justesse » et un final à l’extérieur
et toujours en public.
Sur les trottoirs, au marché ou
sous le chapiteau, certains ont
probablement pris « perpète »
hier matin en savourant la prestation de ces quatre évadés brestois aux notes qui fleurent bon la
Louisiane et le jazz des années
trente. Avec les « Repris de justesse », la dépendance n’est
jamais loin.
Créée il y a dix ans, cette fanfare
sans fanfaron aime à dire qu’elle
fait du « jazz piétons ». Rien de
péjoratif là-dessous. Essayez
donc de jouer les standards de
Photo : Christian Rose
Quimper avait,
hier matin, de
petits airs de
Nouvelle-Orléans
avec les « Repris
de justesse »,
quatre évadés
brestois
déambulant dans
les rues de la
ville. Que
personne ne
songerait à
arrêter.
l’âge d’or du jazz (Louis Armstrong, Duke Ellington, Sydney
Bechet…) tout en marchant.
Le nom du groupe vient d’ailleurs
du jeu de mot entre la justesse
de leur musique et leurs costumes inspirés d’anciens bagnards
brestois. « On joue du cuivre en
déambulant dans la rue, ce n’est
pas évident et quelques fausses
notes peuvent parfois se glisser,
mais on s’en sort toujours », sourit Philippe Abalain qui a
d’ailleurs apprécié de jouer dans
les rues quimpéroises.
Dans les cafés aussi
« Dans les rues, la
réverbération y est
bien meilleure ici
qu’à Brest ou
Lorient ».
Philippe Abalain, des
« Repris de justesse »
« La réverbération y est bien
meilleure ici qu’à Brest ou
Lorient, le son nous revient
mieux car les artères sont moins
importantes ».
Hier, avec ses trois compères
(Erwan Le Bousse, batterie, Philippe Champion, trompette, et Laurent Lannuzel, banjo), ils s’en
sont plus que bien sortis durant
leur prestation achevée sous le
chapiteau érigé derrière la médiathèque. Avec une quarantaine de
spectateurs présents pour l’apéro
concert.
En fermant les yeux, ils se
seraient crus sur Bourbon street,
la plus célèbre rue du quartier
chaud de la Nouvelle-Orléans.
Les « Repris de justesse » ont
peut-être signé un long bail avec
le Quimper Jazz festival, dont l’association Aprèm-Jazz organise
jusqu’à ce soir la première édition.
« D’habitude, quand on passe à
Quimper, c’est pour aller au festival de Vannes. Mais c’est mieux
qu’à Vannes ici, hein, il y a la fraîcheur du début », s’interrompt
Philippe Abalain avant d’enchaîner sur « west end blues ».
Et comme ils ne tiennent décidément pas en place, le quatuor a
achevé sa tournée comme il
l’avait débutée : à l’extérieur. Au
son d’un titre considéré comme
l’hymne du Gospel et l’un des
plus enregistrés dans l’histoire de
la musique : « Oh when the
saints go marching in ». Une
musique qui leur colle tellement
bien à la tenue.
Yves Madec
Rhoda Scott : un concert qui souffle le chaud et le froid
Le Quimper Jazz
festival tenait de
l’or en barre en la
personne de Rhoda
Scott. Un concert
plombé, hélas ! par
la présence de la
chorale Fa Dièse.
Le Quimper Jazz festival, c’est aussi les concerts dans les cafés. Dans la nuit
de samedi à dimanche, René Goaer a eu la très bonne idée de laisser traîner
son saxo alto entre les quatre murs du Ceili. Le musicien quimpérois était
flanqué pour l’occasion de Jeff Aluin à l’orgue et Marc Delouya à la batterie.
Les trois complices (habituellement accompagnateurs du trompettiste Éric
Le Lann) ont partagé avec un public enthousiaste leur goût pour une musique fruitée et habillé, pour la circonstance, de compos personnelles et de
standards tel « Caravan ».
Dernier jour pour en profiter
15 h. Esplanade FrançoisMitterrand : Big Band du
Conservatoire. L’histoire du jazz
revisitée par les jeunes du conservatoire, de Glen Miller à nos
jours. Entrée libre.
17 h. À l’Évêché : Orphéon
Celesta Compagnie, le plus petit
big band du monde, entre swing
et cartoon. En partenariat avec
Très Tôt Théâtre. Tarif unique :
8 ¤.
18 h 30.
Esplanade
François-Mitterrand : Jazz
Bigoud, soit le trompettiste
André Losquin et trois talentueux
olibrius. Entrée libre.
21 h. À l’Évêché : Sixun, groupe
réputé de la scène « jazz-fusion »
française. Entrée 20 ¤/24 ¤.
Rhoda Scott, vendredi sur scène : un show très réussi dans un premier temps puis « plombé » par une chorale
« envahissante » (photo : Christian Rose).
On pouvait légitimement s’attendre, vendredi soir, sous le chapiteau de l’évêché (plein comme
un œuf pour l’occasion), à un
show himalayesque. Rhoda
Scott appartient, en effet, à cette catégorie de musiciennes
racées qui ont porté comme nulle autre, l’orgue Hammond au
pinacle.
Et de surcroît, Rhoda est sympa,
drôle, généreuse, incroyablement communicative. Le premier
tiers de son show fut d’ailleurs à
son image : vif et piquant, dia-
blement accrocheur à en juger
tout particulièrement le splendide « Sweet sucker », sans doute
le plus beau morceau de son set.
Mieux encore : Rhoda s’était
adjointe les services d’un jeune
batteur, superbe de technique et
de précision, Thomas Derouineau.
On peut néanmoins se demander quelle mouche a piqué la
dame aux pieds nus quand elle
a décidé de confier les clefs de
son spectacle à la chorale Fa Dièse de Saint-Évarzec. Les deux ou
trois premiers morceaux de la
chorale auraient sans doute suffi. Mais non ! Progressivement,
les rênes du show ont été confisqué par Fa Dièse. Et la scène a
viré à la « fête de patronage ».
Lorsque le chef de chœur, Bernard Kalonn, s’est mis à entonner « We shall overcome », une
partie de l’assitance ne s’y est
plus retrouvée. Venus pour se
faire bercer par le jazz hypnotique de la grande Rhoda Scott, la
plupart des spectateurs hésitaient entre haussement d’épau-
les et franche colère.
Pis : le surdoué Thomas Derouineau s’est contenté, pendant
plus d’une heure, de jouer les utilités. Piégée par son altruisme,
Rhoda Scott a manifestement
oublié son public originel. Si les
aficionados de Fa Dièse y ont
sans doute trouvé leur compte,
celles et ceux qui comptaient
« planer » avec la grande Rhoda
sont malheureusement restés les
pieds plantés sur terre.
Gilles Carrière