« L`accomplissement parfait de la Loi, c`est l`amour » Cette parole de
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« L`accomplissement parfait de la Loi, c`est l`amour » Cette parole de
« L’accomplissement parfait de la Loi, c’est l’amour » Cette parole de Paul rejoint la méditation de tous les auteurs du Nouveau Testament qui, chacun à leur manière, ont découvert que le cœur du cœur du message de Jésus, c’était le primat de l’amour, de la charité. Ils ont tiré, chacun avec sa sensibilité propre, les conclusions de l’enseignement mais aussi et peutêtre surtout de la vie de Jésus. Contemplant Jésus, en particulier dans sa passion et sa mort, ils ont vu que cet homme, le seul probablement de tous les hommes avait parfaitement, intégralement mis en pratique le commandement de l’amour qu’il avait proclamé. Jésus est probablement le seul homme en qui il n’y a pas l’ombre d’un hiatus entre le dire et le faire, les deux dimensions de son être étant comme assumés, consommés dans l’amour. A tel point que chez Jean le commandement de l’amour n’est plus le double précepte « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu puis tu aimeras ton prochain comme toi-même » mais « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés » Comme je vous ai aimés, la mention de l’amour de Dieu disparait même de la formulation du commandement, aimer comme Jésus a aimé est désormais la mesure de l’amour chrétien. A tel point que, beaucoup plus tard Bernard de Clairvaux, pétri d’Ecriture sainte et nourri de la contemplation de l’humanité de Jésus dira et redira à ses moines que la mesure de l’amour c’est d’aimer sans mesure. Mais revenons au Nouveau Testament : c’est en contemplant Jésus, dans le don de lui-même par amour que Jean, au terme de sa vie ira jusqu’à livrer une formule d’une concision telle que nous en avons peut-être perçu la profondeur et l’audace : Dieu est amour, c’est-à-dire que Dieu est en lui-même, au plus intime de lui-même circulation d’amour, qu’en Dieu il n’y a que de l’amour. Le propos de Paul est assez différent. En bon pharisien, Paul s’interroge sur le devenir de la Loi de Moïse dans l’économie de la Nouvelle Alliance. Il convient toujours de revenir à l’expérience personnelle de Paul pour comprendre sa pensée, et tout particulièrement celle qui s’exprime dans l’Epitre aux Romains. Paul a découvert, étourdi et ébloui, que tout ce en quoi il avait mis sa confiance, l’accomplissement scrupuleux des préceptes de la Loi, ne pouvait lui donner le salut. Il a découvert que le salut était un don absolument gratuit, toujours immérité de Dieu en Jésus, et que la seule chose que nous avions à faire c’était de l’accueillir humblement dans la foi. La seule chose ou presque, car la Loi étant ainsi rendue caduque, comment conduire sa vie, sans le soutien des multiples prescriptions de la Loi qui encadraient la quasi-totalité des actions de la vie du juif pieux ? C’est le propos de la dernière partie de la lettre aux Romains, qui traite de la vie en communauté, en société, de la vie de famille avec la formule que nous avons entendue : « l’accomplissement parfait de la Loi, c’est l’amour ». Une formule qu’Augustin, un grand lecteur de Paul, proposera dans une version plus compacte car dégagée de la problématique paulinienne du rapport à la loi juive : « Aime et fais ce que voudras. » « Aime et fais ce que voudras. » Pas simplement bien sûr « Fais ce que voudras » mais dès lors que ce que tu fais, tu le fais par amour, dans un véritable mouvement d’amour, ce que tu feras sera conforme à la Loi de Dieu. Cette réduction de la loi juive avec ses 613 commandements qui encadraient la quasi-totalité de la vie quotidienne à la Loi de l’amour est en fait une véritable dilatation de cette loi juive, infiniment plus exigeante que le respect tatillon de ses multiples prescriptions. Aime et fais ce que voudras. Nous savons bien que ce n’est pas simple d’aimer, d’aimer au quotidien, cela peut aller, c’est ce que nous disent à la fois le livre d’Ezéchiel et l’Evangile jusqu’à prendre le risque de la correction fraternelle, d’aller vers son frère, pas comme un redresseur de torts mais par charité et dans la charité, une charité qui n’exclut pas la vérité. « Aime et fais ce que voudras » voilà le programme de la vie du chrétien, tout faire par amour, jamais par intérêt, par volonté de domination, de reconnaissance mais, simplement allais-je dire, par amour. Certains l’ont tenté, certains ont pris cet appel au sérieux, cela s’appelle la sainteté, voilà le programme de vie de tout chrétien, rien de moins. Amen !