Sites et Patrimoine....en visite à l`Ermitage dit du St Eynard à Meylan

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Sites et Patrimoine....en visite à l`Ermitage dit du St Eynard à Meylan
Sites et Patrimoine....en visite à l'Ermitage dit du St Eynard à Meylan.
--------------Le danger ancestral de voir Grenoble pris et détruit par les envahisseurs venant de Savoie par le Massif de Chartreuse et le désastre militaire
de la guerre de 1870 passée, firent rapidement prendre aux autorités de cette fin de siècle la décision de construire un fort imprenable sur la
montagne du St Eynard, ce fut fait de 1876 à 1880.
Travail titanesque réalisé là, cette défense faite pour des attaques terrestres devient rapidement caduque dès l'arrivée de l'aviation: le fort du St
Eynard ne fut jamais utilisé hormis l'occupation italienne et allemande durant la dernière guerre mondiale et c'est tant mieux!
Pour réaliser cet ouvrage énorme sur cette montagne jugée inaccessible, il avait fallu construire une route d'accès pour les hommes, les mulets
et le matériel depuis le passage de la route du Sappey au lieu dit le Col de Vence... De pente régulière et d'emprise constante de + ou – 2,50m,
elle nécessita entaille ment dans la roche et soutènements divers. Située en sous-bois de futaies de hêtres principalement, parfois réduite
aujourd'hui dans sa largeur, cette voie militaire est devenue le sentier principal pour atteindre en + ou - 1 heure1/2, de marche le remarquable
édifice. Très utilisé par les randonneurs c'est bien leur passage régulier et le foulage de leurs chaussures qui maintiennent maintenant son
existence.
C'est par cet itinéraire, qu'en ce lundi tellement estival et chaud que Michel de Quaix, Bernard et Georges de Meylan partirent au petit matin
de ce 29 Mai 2011. Si cet ancien chemin militaire conduit l'essentiel des marcheurs au vénérable fort magnifiquement rénové, leur projet était
cette sortie de pèlerinage, sur le site de l'Ermitage bien mystérieux du St Eynard, situé à flanc d e montagne à mi-pente de la falaise,
pratiquement en dessous des fortifications et très étrangement placé sur la commune de Meylan, à + ou - 1200 mètres d'altitude sur cette
longue vire, il est accessible par la bifurcation du chemin militaire en le quittant par la droite en direction du célèbre « pas Guiguet ». Qu’il
faisait beau ce matin là aux premiers rayons du soleil. La marche est tellement agréable sous la frondaison des arbres qui estompe tout à fait
les abîmes rocheux où qu'ils soient, en regardant vers le haut on devine le fort ou vers le bas où s'étale Meylan. A plus ou moins un quart
d'heure de cette bifurcation, nous arrivons sur ce site étonnant de notre Ermitage meylanais. C'est là que, sous un encorbellement rocheux
monumental et protégé pour partie de la pluie, ont vécu pendant des siècles des moine désireux de se trouver là dans la contemplation et loin
du monde.
Il est dit qu'au Vème ou VIème siècle, Eynard, un ermite en quête d'isolement et de solitude, aurait découvert en cette montagne, ce lieu idéal
pour vivre et méditer. Sa réputation l'aurait rapidement fait considérer comme saint et c'est ce qui aurait pu être à l'origine du nom de St
Eynard pour cette montagne qui l'abritait et qui surplombe notre ville sachant qu'il n'existe réellement de Saint portant ce nom.
Il serait peut être plus plausible de penser que Saint Eynard serait une déformation de Saint Léonard, Saint véritable qui vivait en ermite en
Limousin et mort en 559. Rapport y aurait-il aussi avec Aynard, célèbre chartreux de la famille des Aynard né aux environs de 1064 et qui
aurait vécu 125 ans.
Ce qui est certain c'est que, après cette époque lointaine et quelque peu nébuleuse, les premiers textes que nous ayons sont une chartre du
Prieuré de Domène parlant d'un manse appelé Mont Aynard et daté de 1027.
L'ermitage du St-Eynard fut fondé au moyen âge et se nommait « Prioratius sancti Eynard de Faissia» sans doute au 13° siècle comme nous
l'indique une chartre du 15 mai 1244. Selon un document datant de 1307 l'ermitage était un prieuré d'Augustins. Il fut visité en 1494 par
l'Evêque de Grenoble: on y trouvait un cimetière et une chapelle où était célébrée la messe chaque jour. L'ermitage fut abandonné au 16°
siècle et tomba alors en ruine. Il est vendu en 1578, au moment des troubles religieux à Félicien Baffin qui voulu remettre en activité
l'ermitage et fit réparer les bâtiments et en construire d'autres pour un prêtre désireux de solitude: Jacques Magnin, mais les frères Recollet de
Grenoble, à la recherche d'un lieu de repos pour leurs prédicateurs, acquirent les bâtiments avec la chapelle, sa fontaine, et les bois alentours.
Une petite communauté vivait alors là comportant trois au quatre pères et un ou deux frères.. Une règle précise fut établie pour régir la vie de
celle-ci elles détails en sont des plus passionnants. On sait aussi que l'ermitage était interdit aux femmes et que celles-ci bénéficiaient d'un
chemin de contournement pour aller prier à une des deux chapelles construites là.
Le couvent fut à nouveau abandonné vers 1780. Il fut vendu comme bien national en 1792. La cloche de la chapelle aurait été récupérée pour
l'Eglise de Biviers. Le 13 Septembre 1802 un incendie dans la forêt, acheva la destruction des constructions.
Voilà, en quelques lignes ici, résumée la description et l'histoire de ce site et de ce patrimoine que nous venions redécouvrir pour deux d'entre
nous et découvrir pour notre troisième marcheur.
Excavations dans les rochers, restes de constructions diverses en pierre de taille, grande réserve d'eau en ce jour de sécheresse a sec, vasque
creusée dans le rocher pour abreuver les mules qui arrivaient jusque là ou peut-être les chèvres qui pouvaient faire partie de la vie
quotidienne, engravures dans le rocher pour dit-on atteindre une petite vire supérieure pour un moine en quête d'un peu plus d'isolement,
emmarchements remarquables taillés dans le roc pour atteindre une plate-forme inférieure incontestablement remblayée et soutenue par un
mur de pierre taillée (plate-forme et mur détruits pour partie par l'effondrement spectaculaire de rochers en 2001) et qui aurait pu servir de
potager sans doute, prairies boisées aujourd'hui, en forte pente mais d'accès possible pour la pâture auprès de ces abîmes rocheux
impressionnants: tous ces multiples éléments, rapidement observés, n'ont pu, qu'une fois encore, nous étonner et nous interroger sur
l'existence d'autres vestiges sans doute cachés qu'une observation plus minutieuse et un travail archéologique de qualité pourraient faire
revivre encore mieux en ce lointain et mystérieux ermitage où vécu, entre autre, ce frère Léonard et combien d'autres au cours des siècle qui
nous ont précédés
Et c'est ainsi que tout à nos pensées nous quittions ébahis ce haut lieu de l'histoire de Meylan, par ce passage hors des normes sécuritaires
d'aujourd'hui du « Pas Guiguet» qui nous conduit au fort du St Eynard pour un retour sur Meylan. Nous ne manquions pas alors, depuis la
plaine où nous habitons, d'observer cette auguste falaise où nous étions quelques instants auparavant. .. et Michel, Bernard et Georges de dire:
comment ne pas prévoir dans les temps qui nous viennent une conférence-projection peut être pour transmettre à d'autres la connaissance
écrite et visuelle de ce trésor meylanais.
Meylan, Juin 2011

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