In memoriam... il y a 33 ans - Commission scolaire des Trois-Lacs

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In memoriam... il y a 33 ans - Commission scolaire des Trois-Lacs
ln memoriam
P
lus de 200 personnes
étaient
là,
silencieu-
ses, recueillies,
meurtries. Il faisait froid devant le hall
d'entrée de l'École secondaire
Vaudreuil, jeudi dernier, pour le
dévoilement de la plaque souvenir érigée à la mémoire des 21 victimes décédées le 7 octobre 1966
dans l'accident survenu à Dorian
entre un train et un autobus sco-
laire.
. Suzanne
Gagnan
L'émotion
selit surlesvisages
d'Andrée
Besner
quiaperdusasoeurjumelleRenée,
74ans,dans/'accident
etdeJean-Louis
André,survivantdela tragédiealorsqu'ils
à cause du vent glacial, annonce- viennentdedévoilerlaplaquecommémorative.
PhotoSuzanne
Gagnon
ra tout à l'heure Réjean Bayer,
maire et aussi professeur à cette école. Depuis quel- voile recouvrant la plaque apposée sur une pierre.
La cérémonie allait être brève,
ques minutes déjà, les gens discutent dans le hall ou
devant la porte de l'école. Certains se retrouvent
rémotion est à son comble. Claude Raiche prononcent à voix haute, les noms des 21 jeunes hommes et femmes âgés de 12 à 20 ans. Dans les mé-
après des années d'absence. ratmosphère semble
plutôt légère, celle des retrouvailles. Mais personne moires défilent les visages de tous ces jeunes et le
ne s'y trompe. Aussi lorsque le maire de Vaudreuil- souvenir de cette nuit tragique du 7 octobre 1966.
Dorian, Réjean Boyer sort d'un pas décidé pour en- ratmosphère est lourde de chagrin. On n'arrête pas
tamer le déroulement de la brève cérémonie offi- d'essuyer la larme au ~oin des yeux.
René Gonzalez, directeur de l'école en 1966 cite
cielle du dévoilement de la plaque commémorative,
les voix se taisent doucement.
Albert Camus: les grandes joies comme les grandes
Les gens se rapprochent et Claude Raiche, directeur-adjoint de l'école secondaire Vaudreuil en
1966, prend le micro. Déjà, la voix est cassée par
l'émotion.
peines ne se partagent pas. Il faut les avoir vécues.
Des prêtres bénissent la plaque. Enfin, Sophie
Proulx, directrice actuelle de l'École secondaire
Vaudreuil invite la foule pour un verre de partage
Quelques mots d'usage dits par le maire puis
par le vice-président de la Commission scolaire des
Trois-Lacs préparent l'assistance pour le moment
où Andrée Besner et Jean-Louis André soulèvent le
et d'amitié.
D'entrée de jeu, le maire Boyer avait prévenu
que la cérémonie serait brève. Ce n'est peut-être pas
seulement à cause du temps froid. .'
Autre texte et photos page 3
L'interrogation,mercredi
13 octobre 1999
-
lIra 33ans
«21 morts, 26 blessés et environ 1000 personnes touchées dans leur coeur»
G
hislaine Véronneau accompagnait à l'autobus, trois de ses amies dont Renée Bes-
ner, soeur jumelle d'Andrée. Elle est une
des dernières à avoir vu l'autobus avant l'accident.
Elle avoue qu'il ne se passe pas une journée sans
qu'elle pense à cette tragédie.
a-~illaissétombeL
on ne pouvait pas, on ne savait pas comment en
parler» raconte-t-elle dans les minutes qui ont suivi
la cérémonie.
c'est lors des funérailles de Nicole Bélanger l'an
dernier, que l'idée d'une plaque souvenir a germé
dans sa tête. D'ailleurs la soeur de Nicole avait ré-
Son amie Louise Constant est arrivée l'une des
uni à cette occasion, pour la première fois depuis
premières sur les lieux de l'accident puisqu'elle a
couru après l'autobus pour tenter de le rattraper.
Elle a assisté au carnage résultant de l'accident.
«Cet accident est comme un sac qu'on a charrié
toute notre vie, nous les amis et les survivants. Et ça
;SLl~~f"!e
pognon
(l'rop?s recueilUs par
.Sté, hanie puret)
continuera jusqu'à notre mort» nous a-t-elle dit.
«C'est un fantôme qui plane au-dessus de nos
vies» ajoute Ghislaine Véronneau.
«Trente-trois ans après, ça fait quelque chose de
voir cette plaque, tous ces noms, mais j'aurais inscrit: 21 morts, 26 blesssés et environ 1000 touchées
dans leur coeur en tant que parents, amis, profes-
seurs.»
Une foule recueillie assistait à la cérémonie
la plaque souvenir. Photo Suzanne
Gagnon
de dévoilement
de
-LouiseConstant,témoin
À l'époque du drame, un long silence a suivi.
«Personne n'en parlait, c'était là, en non-dit, mais
Pour Andrée Besner, initiatrice de l'événement,
32 ans, parents, amis et survivants de l'accident à
l'église Sainte-Trinité.
«Il fallait boucler la boucle. Laisser une marque
concrète de cette tragédie et je suis heureuse que
ce soit fait» a déclaré Mme Besner.
D'ailleurs,
c'est le sentiment
très généralisé
qu'une plaque souvenir était nécessaire. L'impact a
été si grand sur la communauté qu'il devait y avoir
un monument concret à la mémoire de ces victi-
mes.
Les plaies ont pris de longues années à cicatriser. Le temps était venu de conclure, selon Andrée
Besner.
Pour le dévoilement de la plaque, Andrée Bes-
À la suite de la cérémonie, les gens ont éprouvé
ner représentait les victimes décédées ( pour sa
soeur jumelle Renée), Jean-Louis André, les survivants. Très ému, il a difficilement réussi à exprimer
ce qu'il ressent. «C'est un moment très important»
beaucoup de plaisir à se retrouver. Les discussions
se sont poursuivies jusque tard en soirée. Pour
Claude Pilon, présent sur les lieux de l'accident,
tous resteront marqués à tout jamais. Mais jeudi
dernier, l'événement s'est
terminé dans une joie se. reine. M. Pilon était à
l'époque président du
\
Club actif des jeunes qui
Aumicro,Claude Raichedirecteuradjointderécoleen
7966,à l'arrière,lesreprésentants
dela Villeetdesinstitutionsscolaires.
PhotoSuzanne
Gagnon
organisait à chaque vendredi soir, une danse pour
les élèves de l'école. Ce 7 octobre exceptionnellement, il n'yen avait pas. C'est à Hudson que se dirigeait l'autobus lorsqu'il a été heurté par un train
en provenance de Montréal. La collision s'est produite sur la rue Saint-Charles à l'angle de la voie ferrée sud, tout près de l'actuel Hôtel Canada. Une défectuosité technique serait la cause de la tragédie.
Les journaux de l'époque sont très éloquents
quant à l'ampleur de la tragédie, de la vague de
sympathie et aussi de curiosité qui a déferlé sur Vaudreuil et Dorion, alors deux villes distinctes au moment du drame.
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