Antigone – Jean Anouilh

ANTIGONE
DE
JEAN ANOUILH
Biographie
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Jean Anouilh est né en 1910 d'un père tailleur et d'une mère pianiste.
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Il consacre sa vie au théâtre que ce soit par l'écriture de pièces, par
ses mises en scène ou son jeu.
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Il côtoie Prévert, Jean Cocteau et Pierre Fersnay (comédien). Il
s'intéresse à la lecture de George Bernard Shaw.
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Il obtient rapidement un grand succès vers l'âge de 25 ans, mais il
reçoit aussi des critiques pas tendres soulignant par exemple la
superficialité de ses œuvres ou l'absence d'une ligne conductrice.
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Pourtant, il est très apprécié du public.
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Il est discret et vit isolé des mondanités et est entouré de ses proches.
Il se mariera deux fois à des comédiennes et aura 4 enfants.
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Il a élaboré une classification de ses œuvres par couleurs (œuvres rouges, vertes...). Il est connu pour
Antigone, le voyageur sans bagage et Becket entre autre. Il recevra plusieurs distinctions. À la fin de sa vie, il
écrira une autobiographie La vicomtesse d'Eristal n'a pas reçu son balai mécanique.
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Il meurt, malade, en 1987 à Lausanne alors âgé de 77ans.
Comparaison avec l'Antigone de Sophocle
Créée par Sophocle en -441
Créée par Anouilh en 1944
Dimension religieuse très importante :
- devin ( Tiresias)
- Créon–Antigone -> opposition loi humaine & loi de Dieu
(sépulture...)
- Antigone meurt pour ses valeurs religieuses
Pas de dimension religieuse :
- pas de devin
- Créon-Antigone -> opposition raison d’État et rébellion
- à la fin, Antigone ne sait même pas pourquoi elle meurt.
1 garde
Plus de gardes (finissent la pièce -> pire espèce humaine)
Nourrice (dimension humaine et maternelle)
Hémon (+ sentimental, supplie Créon de la sauver)
Solitude d'Antigone
Créon = dictateur
Créon = homme victime de sa souveraineté
Références antiques mélangées au moderne (cigares...)
Personnages porteurs d'un idéal
Dimension + humaine, cœur et sentiments
Langue très facile
Résumé d'Antigone
Antigone est la fille d'Oeudipe et de Jocaste, souverains de Thèbes. Après le suicide de Jocaste et
l'exil d'Œdipe, les deux frères d'Antigone, Etéocle et Polynice se sont entretués pour le trône de
Thèbes. Créon, frère de Jocaste est – à ce titre – le nouveau roi et a décidé de n'offrir de sépulture
qu'à Étéocle et non à Polynice, qualifié de voyou et de traître. Il avertit par un édit que quiconque
osera enterrer le corps du renégat sera puni de mort. Personne n'ose braver l'interdit et le cadavre
de Polynice est abandonné à la chaleur et aux charognards.
Seule Antigone refuse cette situation. Malgré l'interdiction de son oncle, elle se rend plusieurs fois
auprès du corps de son frère et tente de le recouvrir avec de la terre. Ismène, sa sœur, ne veut pas
l'accompagner car elle a peur de Créon et de la mort.
Antigone est prise sur le fait par les gardes du roi. Créon est obligé d'appliquer la sentence de mort
à Antigone. Après un long débat avec son oncle sur le but de l'existence, celle-ci est condamnée à
être enterrée vivante. Mais au moment où le tombeau va être scellé, Créon apprend que son fils,
Hémon, fiancé d'Antigone, s'est laissé enfermer auprès de celle qu'il aime. Lorsque l'on rouvre le
tombeau, Antigone s'est pendue avec sa ceinture et Hémon, crachant au visage de son père,
s'ouvre le ventre avec son épée. Désespérée par la disparition du fils qu'elle adorait, Eurydice, la
femme de Créon, se tranche la gorge.
Les personnages
Les personnages principaux
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Antigone : fille d'Œdipe, sœur d'Étéocle, Polynice et Ismène,
cette jeune fille est l'héroïne de l'histoire. Elle est
décrite comme « pas assez coquette » par son
entourage. Mais cela ne l'empêche pas d'avoir une
volonté de fer (ce qui la poussera à affronter son oncle
Créon en essayant d'enterrer son frère). Elle a envie de l'absolu. Elle a un amour du sensible, une
grande réceptivité à la nature. Elle est prête à renoncer à tout ça pour « enterrer son frère ». Elle est
mystérieuse et capte l'attention. Elle a en plus une personnalité à part entière. Forme de naïveté
chez Antigone dans son dialogue avec le garde ; elle projette sur lui ce qu'elle voudrait voir. À la fin
du livre, elle exprime la peur, le doute, le pathétique, la souffrance et le tragique. Elle est dans la
solitude, elle ne trouve aucun réconfort chez le garde. Il faut relever l'inutilité de la mort d'Antigone
et le fait qu'elle en est consciente.
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Créon : frère de Jocaste, légitime roi de Thèbes après la mort des deux princes ennemis, Créon est un
souverain âgé, réfléchi et courageux. Il nous est décrit comme étant seul, se consacrant ainsi
entièrement à son règne dont il assume les sacrifices nécessaires comme la punition de Polynice ou
l'exécution d'Antigone.
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Ismène : sœur d'Antigone qu'elle aime beaucoup, mais qui n'est pas très courageuse avant la fin de
l'histoire. Néanmoins, elle reste une belle jeune fille coquette et raisonnable.
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Hémon : fils de Créon et d'Eurydice, fiancé d'Antigone à laquelle il est très fidèle; fidélité qui le conduira au
suicide lorsque cette dernière meurt sur ordres de Créon. Ce fait le poussera également à mépriser
son père, qu'il admirait beaucoup auparavant. (Hémon = Roméo = Tristan = amoureux romantique).
Les personnages secondaires
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La Nourrice : vieille dame également appelée « Nounou » par les filles dont elle s'occupe.
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Le Prologue/Chœur : issue des pièces de théâtre de la Grèce antique, cette « entité » intervient au début
du texte pour nous narrer le contexte de la pièce et nous présenter les personnages qui y évoluent. Il
réapparaît par la suite tout au long de la pièce pour faire avancer le récit ou amener un personnage à
la réflexion. Le chœur n'est pas vraiment un chœur a part entière, c'est l'âme de la pièce qui raconte
ce qui se déroule et les émotions des villageois. Créon, Antigone, le Messager font partie de ceux qui
savent tout. Créon, inconsciemment, sait très bien le risque qu'il prend en décrétant une telle
interdiction, et il se doute bien qu'elle sera transgressée. Il sait aussi que ses actes ne sont pas
justifiés, il le reconnaîtra même plus tard dans la pièce. Il l'a simplement fait pour donner une leçon,
un exemple à la population. Antigone, elle, sait très bien ce qu'elle a l'intention de faire, contre le gré
de tous, pour ensevelir Polynice malgré l'interdiction, et elle sait qu'elle va mourir, qu'elle doit
mourir. Le Messager le sait aussi. La nourrice d'Antigone, les gardes, le page, Eurydice, ne savent
rien. Ils sont complètement ignorants et se contentent de jouer bêtement leur rôle. La Nourrice est
seulement là pour apaiser, les gardes pour accomplir le destin d'Antigone, le page pour accompagner
Créon, et Eurydice quant à elle, n'a pas d'autre rôle que de mourir. Hémon et Ismène quant à eux,
sont assez ambigus, car aucun d'eux ne sait vraiment tout ce qui se trame, Ismène ne se doute pas
que sa sœur ira au bout, Hémon ne se doute pas que sa fiancée va se rebeller jusqu'à la mort, mais
ils comprennent la situation, et au fur et à mesure que l'histoire avance, ils comprennent, et savent
alors qu'Antigone va vraiment mourir. Le Chœur commentera alors ironiquement toute la pièce :
« C'est cela qui est commode dans la tragédie. On donne un petit coup de pouce pour que cela
démarre... C'est tout. Après on n'a plus qu'à laisser faire. On est tranquille. Cela roule tout seul ». Le
chœur permet le détachement entre le spectateur et ce qui est joué. Il donne aussi la dimension
tragique ; on sait que ça va se finir mal mal de toute façon.
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Eurydice : femme de Créon qui passe ses journées à tricoter des habits pour les pauvres de Thèbes. Elle se
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Les trois gardes : chargés de surveiller le cadavre de Polynice. Le garde qui discute avec Antigone à la fin,
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tranche la gorge en apprenant la mort de son fils à la fin de la pièce.
n'a aucune empathie pour elle. Il ramène tout à des anecdotes. Il est vulgaire et prosaïque. Il est une
représentation du bas peuple. Il représente le dernier visage humain qu'elle voit.
Le page du roi
Le messager : Il peint le tableau de la fin du livre et explique la scène finale avec la mort d'Antigone,
Hémon, Eurydice et la résignation de Créon.
Le schéma actanciel
Adjuvants (personnages pour)
Sujet
Objet (But)
∅
Antigone
Enterrer Polynice et mourir
∅
Créon
Faire régner l'ordre
∅
Hémon
Antigone
Bilan : solitude de tous les personnages dans cette pièce
Différence entre le Drame et la Tragédie
Drame
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Tragédie
Espoir d'un coup de théâtre.
Mort épouvantable.
Mélange des genres.
Pas de vraisemblance, un goût du
romanesque.
Genre récent (XIX ème siècle).
Personnages : de leur époque, ∅ Dieu,
espoir.
Refus des règles.
Importance du décor réaliste.
Importance de l'acteur (pantomime,
émotions).
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Tout est écrit (reposant, engrenage ;
l'homme subit, ∅ responsabilité par
rapport au choix, innocence, ça nous
dépasse).
Mort = aboutissement final.
« Pureté » du genre.
Genre antique.
La révolte est inutile (intégrité, on peut
être qui nous sommes réellement).
Personnages : impuissants, soumis à la
fatalité, sentiment d'injustice.
Règles.
Terreur et pitié.
Texte au centre ; l'acteur n'est qu'un
porte-parole.
Chez Anouilh on s'identifie aux personnages, un quotidien qui ressemble au notre. On a envie de
glisser de la tragédie au drame. Envie que le destin d'Antigone change.
Il y a des silences répétés (en lien avec la tragédie ; au bout d'un moment, on a plus rien à dire
[mort, trahison, victoire militaire]).
La révolte est inutile. Terreur et pitié, on reste tétanisé face à la tragédie.
Quel cas fait-on du réel ?
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Créon accepte le réel sans se lamenter.
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Antigone : si on nie la réalité, alors on nie quelque chose en soi. Donc alliénation car elle est
détachée d'elle-même et du monde qui l'entoure. Elle a perdu le lien avec elle-même. Elle
ne sait pas pourquoi elle meurt. Elle préfère mourir que d'être confronté au réel. Elle refuse
les concessions, elle veut vivre l'absolu. Elle essaye de se convaincre qu'elle pourra vaincre
son impuissance.
◦ Orgueil d’œdipe : il pensait pouvoir échapper à la malédiction en quittant Thèbes.
◦ Antigone : elle pensait peut-être échapper à la mort car elle n'est pas une servante.
Créon
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4 étapes qui montrent les moyens de Créon pour faire résigner Antigone
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Elle est trop jeune, elle n'a pas encore profité de la vie. Elle aime Hémon, elle pourrait avoir un fils.
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Sa mort serait vaine, Polynice sera pas enterré. -> inutilité du geste.
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Un enterrement dans les règles est inutile. C'est une comédie de la religion.
◦
Il a condamné Polynice pour en faire un exemple pour la ville. Et il dit qu'Antigone confond politique et
sentiment.
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Hétéocle et Polynice étaient tous les deux des traîtres, donc c'était obligé d'en punir un et de faire
semblant que l'autre est un héro.
Question du pessimisme chez Créon
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Il accepte la réalité, tout n'est pas rose, mais il aime la vie, il croit au bonheur et à la vie. Il est réel mais il
a l'espoir qu'Antigone puisse changer d'avis. Il est un peu optimiste. Il est entêté vainement, il refuse la
fatalité, il essaye plutôt d'être en lien avec le réel et de se battre. Il ne s’apitoie pas sur son sort, il a une
lucidité froide.
Antigone est une pièce tragique ?
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-> OUI !
Créon : héro tragique
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Homme de pouvoir (hm sur la femme / âge mûr sur jeunesse / chef d’État).
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Chef d'Etat sans illusion (agit par devoir / efficacité > morale / ordre pas = justice [mise en scène] /
renonce au bonheur, sacrifice -> tragique).
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Il n'assume pas sa liberté (pas refusé de monter sur trône, renonce à sa liberté).
Vision cynique de la pièce
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Vision du pouvoir (Créon sait que le pouvoir est une mise en scène).
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Vision du clergé (mise en scène du rite de l'enterrement).
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Vision du peuple (bœufs...).
Vanité
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Vacuité d'une existence dominé par le compromis (Créon).
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Obstination idéaliste et stérile (Antigone).